Le 26 juillet 2016, la Messe fut dite à Saint-Étienne-du-Rouvray

(Crédit photo: CNS/L’Osservatore Romano) Le 26 juillet 2016, en la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray en France, le père Jacques Hamel était assassiné alors qu’il célébrait l’Eucharistie accompagné d’une poignée de fidèles. Ce sacrilège suprême n’a cessé depuis de nous rappeler jusqu’où la foi en Jésus-Christ peut nous mener. Trois ans plus tard, il importe de faire mémoire du sens profond que revêt cet acte barbare. De ce véritable drame qui a précipité cette Rencontre définitive à laquelle le père Hamel avait passé sa vie à se préparer.

Au-delà des apparences 

Doux et humble de cœur, le père Hamel représentait tout ce que notre société considère comme ringard ou inutile. Or, si son meurtre nous a démontré une chose, c’est bien que ces critères sont eux-mêmes insignifiants et bien peu aptes à orienter notre jugement. Ce ministère caché, silencieux et constant d’un curé de campagne sans apparat, voilà ce que les flammes de l’enfer redoutent le plus. Cette journée-là, ce n’était ni les tensions politiques, ni la construction d’armements militaires, ni les myriades d’instruments mis au service d’une « paix » trop humaine que le prince de ce monde appréhendait le plus, mais bien le sacrifice sans éclat d’une vie donnée au quotidien. Comment se surprendre que l’amour du père Hamel ait déclenché la même rage du père du mensonge telle qu’elle s’était manifestée 2000 ans plus tôt au Golgotha? Qu’on se le tienne pour dit, ce que « Satan » craint le plus, c’est l’intensité de l’union d’une âme au Christ sauveur.

La Messe fut dite

Cela nous semble contre intuitif et un non-sens total mais le martyre est en effet une grâce divine qui s’offre à certains d’entre nous. Le père Hamel fait partie de ces chrétiens choisis pour témoigner au monde de la valeur suprême de la vie surnaturelle et sacramentelle. Que ce meurtre ait eu lieu pendant la célébration de la Messe porte aussi son lot de signification. Alors que, du côté des assassins, leur acte incarnait la nature même du sacrilège, pour le père Hamel au contraire, leur acte lui a fait vivre concrètement le mystère qu’il était en train de célébrer. Contrairement à son plan, la haine de Satan a permis à ce prêtre d’agir (différemment mais véritablement) In persona Christi. Par la chair meurtrie du père Hamel, la mort du Christ s’est mystérieusement ré-actualisé pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Ce jour-là, malgré les apparences, en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray la Messe n’a jamais été interrompue … Ite Missa est.

La seule vraie efficacité

Faire mémoire de la vie et des circonstances dramatiques qui nous ont enlevé le père Hamel est une belle occasion pour remettre les mystères de la foi au centre de nos vies et de notre compréhension du monde. Une occasion aussi de nous stimuler à persévérer sur notre chemin du sacrifice de l’amour quotidien. Alors que notre société nous invite à chercher ce qui est flamboyant et grandiose et à dénigrer ce qui semble petit et humble, le père Hamel nous montre où loge l’efficacité véritable. C’est par l’union au Christ que l’Amour de Dieu rejoint notre monde. Ce n’est que de cette manière que ce dernier peut légitimement poursuivre sa route sur le chemin de l’histoire.

Plus vivant que jamais

Il y a trois ans, le père Hamel nous quittait brusquement. Cherchant à faire disparaître cette oasis de paix, les forces démoniaques ont déchaîné leur fureur contre ce curé d’Ars des temps modernes. Pensant supprimer les bienfaits d’une vie spirituelle intense, c’est plutôt une pluie de grâces émanant d’une intimité spirituelle consommée à laquelle elles doivent aujourd’hui se confronter. L’avancement de son procès en béatification en est une preuve. À la suite du Christ, Jacques Hamel est parmi nous, plus que jamais.

Message du pape François pour le Carême 2017

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral du message du pape François pour le Carême 2017:

La Parole est un don. L’autre est un don.

Chers Frères et Sœurs,
Le Carême est un nouveau commencement, un chemin qui conduit à une destination sûre : la

Pâques de la Résurrection, la victoire du Christ sur la mort. Et ce temps nous adresse toujours un appel pressant à la conversion : le chrétien est appelé à revenir à Dieu « de tout son cœur » (Jl 2,12) pour ne pas se contenter d’une vie médiocre, mais grandir dans l’amitié avec le Seigneur. Jésus est l’ami fidèle qui ne nous abandonne jamais, car même lorsque nous péchons, il attend patiemment notre retour à Lui et, par cette attente, il manifeste sa volonté de pardon (cf. Homélie du 8 janvier 2016).

Le Carême est le moment favorable pour intensifier la vie de l’esprit grâce aux moyens sacrés que l’Eglise nous offre: le jeûne, la prière et l’aumône. A la base de tout il y a la Parole de Dieu, que nous sommes invités à écouter et à méditer avec davantage d’assiduité en cette période. Je voudrais ici m’arrêter en particulier sur la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare (cf. Lc 16,19-31). Laissons-nous inspirer par ce récit si important qui, en nous exhortant à une conversion sincère, nous offre la clé pour comprendre comment agir afin d’atteindre le vrai bonheur et la vie éternelle.

1. L’autre est un don

La parabole commence avec la présentation des deux personnages principaux ; cependant le pauvre y est décrit de façon plus détaillée : il se trouve dans une situation désespérée et n’a pas la force de se relever, il gît devant la porte du riche et mange les miettes qui tombent de sa table, son corps est couvert de plaies que les chiens viennent lécher (cf. vv. 20-21). C’est donc un tableau sombre, et l’homme est avili et humilié.

La scène apparaît encore plus dramatique si l’on considère que le pauvre s’appelle Lazare : un nom chargé de promesses, qui signifie littéralement « Dieu vient en aide ». Ainsi ce personnage ne reste pas anonyme mais il possède des traits bien précis ; il se présente comme un individu avec son histoire personnelle. Bien qu’il soit comme invisible aux yeux du riche, il nous apparaît connu et presque familier, il devient un visage; et, comme tel, un don, une richesse inestimable, un être voulu, aimé, dont Dieu se souvient, même si sa condition concrète est celle d’un déchet humain (cf. Homélie du 8 janvier 2016).

Lazare nous apprend que l’autre est un don. La relation juste envers les personnes consiste à reconnaître avec gratitude leur valeur. Ainsi le pauvre devant la porte du riche ne représente pas un obstacle gênant mais un appel à nous convertir et à changer de vie. La première invitation que nous adresse cette parabole est celle d’ouvrir la porte de notre cœur à l’autre car toute personne est un don, autant notre voisin que le pauvre que nous ne connaissons pas. Le Carême est un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin et reconnaître en eux le visage du Christ. Chacun de nous en croise sur son propre chemin. Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour. La Parole de Dieu nous aide à ouvrir les yeux pour accueillir la vie et l’aimer, surtout lorsqu’elle est faible. Mais pour pouvoir le faire il est nécessaire de prendre au sérieux également ce que nous révèle l’Évangile au sujet de l’homme riche.

2. Le péché nous rend aveugles

La parabole met cruellement en évidence les contradictions où se trouve le riche (cf. v. 19). Ce personnage, contrairement au pauvre Lazare, ne possède pas de nom, il est seulement qualifié de “riche”. Son opulence se manifeste dans son habillement qui est exagérément luxueux. La pourpre en effet était très précieuse, plus que l’argent ou l’or, c’est pourquoi elle était réservée aux divinités (cf. Jr 10,9) et aux rois (cf. Jg 8,26). La toile de lin fin contribuait à donner à l’allure un caractère quasi sacré. Bref la richesse de cet homme est excessive d’autant plus qu’elle est exhibée tous les jours, de façon habituelle: « Il faisait chaque jour brillante chère » (v.19). On aperçoit en lui, de manière dramatique, la corruption du péché qui se manifeste en trois moments successifs: l’amour de l’argent, la vanité et l’orgueil (cf. Homélie du 20 septembre 2013).

Selon l’apôtre Paul, « la racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10). Il est la cause principale de la corruption et la source de jalousies, litiges et soupçons. L’argent peut réussir à nous dominer et devenir ainsi une idole tyrannique (cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 55). Au lieu d’être un instrument à notre service pour réaliser le bien et exercer la solidarité envers les autres, l’argent peut nous rendre esclaves, ainsi que le monde entier, d’une logique égoïste qui ne laisse aucune place à l’amour et fait obstacle à la paix.

La parabole nous montre ensuite que la cupidité rend le riche vaniteux. Sa personnalité se réalise dans les apparences, dans le fait de montrer aux autres ce que lui peut se permettre. Mais l’apparence masque le vide intérieur. Sa vie reste prisonnière de l’extériorité, de la dimension la plus superficielle et éphémère de l’existence (cf. ibid., n. 62).

Le niveau le plus bas de cette déchéance morale est l’orgueil. L’homme riche s’habille comme un roi, il singe l’allure d’un dieu, oubliant d’être simplement un mortel. Pour l’homme corrompu par l’amour des richesses, il n’existe que le propre moi et c’est la raison pour laquelle les personnes qui l’entourent ne sont pas l’objet de son regard. Le fruit de l’attachement à l’argent est donc une sorte de cécité : le riche ne voit pas le pauvre qui est affamé, couvert de plaies et prostré dans son humiliation.

En regardant ce personnage, on comprend pourquoi l’Évangile est aussi ferme dans sa condamnation de l’amour de l’argent : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » (Mt 6,24).

3. La Parole est un don

L’évangile du riche et du pauvre Lazare nous aide à bien nous préparer à Pâques qui s’approche. La liturgie du Mercredi des Cendres nous invite à vivre une expérience semblable à celle que fait le riche d’une façon extrêmement dramatique. Le prêtre, en imposant les cendres sur la tête, répète ces paroles : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Le riche et le pauvre, en effet, meurent tous les deux et la partie la plus longue du récit de la parabole se passe dans l’au-delà. Les deux personnages découvrent subitement que « nous n’avons rien apporté dans ce monde, et nous n’en pourrons rien emporter » (1 Tm 6,7).

Notre regard aussi se tourne vers l’au-delà, où le riche dialogue avec Abraham qu’il appelle « Père » (Lc 16, 24 ; 27) montrant
qu’il fait partie du peuple de Dieu. Ce détail rend sa vie encore plus contradictoire car, jusqu’à présent, rien n’avait été dit sur sa relation à Dieu. En effet dans sa vie, il n’y avait pas de place pour Dieu, puisqu’il était lui-même son propre dieu.

Ce n’est que dans les tourments de l’au-delà que le riche reconnaît Lazare et il voudrait bien que le pauvre allège ses souffrances avec un peu d’eau. Les gestes demandés à Lazare sont semblables à ceux que le riche aurait pu accomplir et qu’il n’a jamais réalisés. Abraham néanmoins lui explique que « tu as reçu tes biens pendant ta vie et Lazare pareillement ses maux; maintenant ici il est consolé et toi tu es tourmenté » (v.25). L’au-delà rétablit une certaine équité et les maux de la vie sont compensés par le bien.

La parabole acquiert une dimension plus large et délivre ainsi un message pour tous les chrétiens. En effet le riche, qui a des frères encore en vie, demande à Abraham d’envoyer Lazare les avertir ; mais Abraham répond : « ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent » (v. 29). Et devant l’objection formulée par le riche, il ajoute : « Du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus » (v.31).

Ainsi se manifeste le vrai problème du riche : la racine de ses maux réside dans le fait de ne pas écouter la Parole de Dieu ; ceci l’a amené à ne plus aimer Dieu et donc à mépriser le prochain. La Parole de Dieu est une force vivante, capable de susciter la conversion dans le cœur des hommes et d’orienter à nouveau la personne vers Dieu. Fermer son cœur au don de Dieu qui nous parle a pour conséquence la fermeture de notre cœur au don du frère.

Chers frères et sœurs, le Carême est un temps favorable pour nous renouveler dans la rencontre avec le Christ vivant dans sa Parole, dans ses Sacrements et dans le prochain. Le Seigneur qui – au cours des quarante jours passés dans le désert a vaincu les pièges du Tentateur – nous montre le chemin à suivre. Que l’Esprit Saint nous aide à accomplir un vrai chemin de conversion pour redécouvrir le don de la Parole de Dieu, être purifiés du péché qui nous aveugle et servir le Christ présent dans nos frères dans le besoin. J’encourage tous les fidèles à manifester ce renouvellement spirituel en participant également aux campagnes de Carême promues par de nombreux organismes ecclésiaux visant à faire grandir la culture de la rencontre au sein de l’unique famille humaine. Prions les uns pour les autres afin que participant à la victoire du Christ nous sachions ouvrir nos portes aux faibles et aux pauvres. Ainsi nous pourrons vivre et témoigner en plénitude de la joie pascale.

Du Vatican, le 18 octobre 2016, Fête de Saint Luc, évangéliste

FRANÇOIS [00196-FR.01] [Texte original: Français]

Former des prêtres pour le XXIe siècle

CNS photo/L’Osservatore Romano

Le 8 décembre dernier, en la Solennité de l’Immaculée Conception, la Congrégation pour le Clergé publiait la nouvelle Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis (Guide fondamental pour la formation des prêtres). Intitulé « Le don de la vocation presbytérale », ce document d’environ 80 pages résulte en partie du transfert de la compétence des séminaires de la Congrégation pour l’éducation catholique à la Congrégation pour le clergé. Dans la lignée des grands textes modernes sur cette question tels que l’Exhortation apostolique Pastores Dabo Vobis ou le Décret conciliaire Optatam Totius, cette nouvelle Ratio fundamentalis vise, comme son nom l’indique, à manifester le caractère de don total de soi de la vocation à la prêtrise. Ainsi, puisque l’homme appelé au sacerdoce ministériel a vocation à se donner totalement, sa formation doit englober chacune des dimensions de sa personne qu’elle soit humaine, spirituelle, intellectuelle ou pastorale.

Invités à vivre pleinement leur humanité

La vocation à la prêtrise est un appel à configurer son être au « Christ Tête, Pasteur, Serviteur et Époux » (no2). Les séminaristes, comme tout chrétien d’ailleurs, « sont un mystère pour eux-mêmes » (no 28). Ils doivent donc se découvrir eux-mêmes dans leur humanité et leur personnalité propre. Cette connaissance, jointe à une maîtrise de soi qui rend libre et responsable se nomme « maturité » et c’est ce que la formation humaine cherche à donner et par toutes sortes de moyens, de faire croître les « capacités relationnelles avec les hommes et femmes de tous âges et conditions sociales » (no 95). À cette sensibilité aigüe à l’esprit de communauté qui fera de lui un « homme de communion » devra s’ajouter un saint savoir-vivre tant au niveau « physique […] psychologique […] moral […] esthétique et social » qui lui permettra d’acquérir une « autonomie équilibrée » (no 94).

Des hommes profondément unis au Christ

Les prêtres étant configurés d’une manière unique (no10) à la personne du Christ, ils ont une responsabilité accrue de le fréquenter et de garder une chaleureuse proximité avec Lui. Ainsi, les candidats à la prêtrise doivent apprendre à intégrer dans leur vie quotidienne les différents éléments qui leur permettront, tout au long de leur vie, d’être non pas « des fonctionnaires du sacré » (no 84) mais de véritables Alter Christus, ipse Christus (d’autres Christ, le Christ Lui-même).

Se préparant à recevoir la grâce du sacrement de l’Ordre et ainsi le pouvoir d’agir In persona Christi Capitis (no 1548) les séminaristes devront « avoir une foi vivante en l’Eucharistie (no 104) par la célébration quotidienne de la Messe et d’une pratique régulière de l’adoration (no 66-68). La prière silencieuse (no 102), la liturgie des heures (no 105), la fréquentation des Écritures Saintes (no 103) et des Pères de l’Église (no 113), la confession (no 106), la retraite annuelle (no 108) et la dévotion aux saints et saintes de la tradition bimillénaire de l’Église sont les éléments centraux à incorporer dans la vie du futur prêtre.

De savants chercheurs de Dieu

On entend souvent l’expression « chercheur de Dieu » dans le sens d’une recherche de spiritualité floue et confuse, comme si Dieu ne s’était pas exprimé clairement et d’une manière définitive en Jésus-Christ. Loin d’être un agnostique, le prêtre est appelé à adopter le « regard du bon Pasteur » (no120) c’est-à-dire celui du Fils éternel cherchant la subtile Présence de Dieu en tout être et voyant l’œuvre de la Providence en tout évènement aussi mauvais qu’il puisse paraître. Pour ce faire, de longues années d’études sont requises.

Les deux années complètes de philosophie auront pour but d’approfondir les découvertes de la raison humaine sur les différentes réalités humaines. Elles auront également pour but de purifier les différentes formes d’idéologie ou superstitions présentes en toute culture et qui risqueraient de tordre le sens de la Révélation. Enfin, cette étape des études de la philosophie a pour but de façonner des « disciples » (no 61) du Christ, désireux « de rechercher rigoureusement la vérité, de la pénétrer et de la démontrer, tout en étant conscients des limites de la connaissance humaine (no 164).

Quelques années d’étude en théologie auront, quant à elles, pour but de « configurer au Christ par une contemplation profonde de la Personne de Jésus-Christ » (no 68) par l’étude des différentes matières que sont : l’Écriture Sainte, la liturgie, la dogmatique, la théologie fondamentale, morale, pastorale, spirituelle, la Doctrine sociale de l’Église, l’histoire de l’Église sans oublier le Droit canonique.

Des hommes de service

Si on devait choisir parmi les priorités pastorales du pape François, on pourrait certainement affirmer que la purification dans le clergé de tout « cléricalisme ou tentation d’orienter sa vie sur la recherche du consensus populaire » arriverait en pôle position. Ce document ne fait pas exception à cette démarche.

En effet, on note un souci à développer un « forma mentis » (no 118) se mettant à la disposition de tous sans distinction afin de pouvoir aider à cheminer sur la voie de la sainteté. Ayant le souci de façonner des hommes ayant fait de leur propre vie « un lieu d’accueil et d’écoute de Dieu et du prochain » (no 120), la formation pastorale mettra les séminaristes en contact avec toutes sortes de réalités et de situations afin qu’ils développent « la même compassion, générosité, amour pour tous, spécialement pour les plus pauvres ainsi qu’un élan pour la cause du Royaume qui a caractérisé le ministère public du Fils de Dieu » (no 119).

Bien que ce document ne soit pas encore disponible en français, la lecture du « Don de la vocation presbytérale » peut aider tout chrétien à s’approprier plusieurs des éléments qu’il contient. Toute personne, étant appelée à la réalisation du sacerdoce commun reçu au baptême, peut connaître les éléments fondamentaux de la formation des futurs prêtres, à des degrés divers, afin de l’aider dans son propre cheminement.

Nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un ».

blog_1452869798(Photo: Courtoisie Catholic News Service)

Du 18 au 25 janvier 2016 aura lieu la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Pour l’occasion, toutes sortes d’activités de ressourcement et de prière œcuménique seront organisées partout dans le monde. Le thème de cette année, « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est selon moi très pertinent puisqu’il est facile de faire le lien avec, à la fois, l’année de la miséricorde décrétée par le pape François mais aussi avec la dimension missionnaire de la foi chrétienne. Pour bien vous préparer à cette semaine importante, je vous conseille de consulter ce que nous propose le document du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens fait conjointement avec 
la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Avant de s’y attarder plus longuement je voulais vous partager une expérience que j’ai vécu.

Il y a quelques semaines déjà, je suis allé à Québec par l’entremise de l’agence Amigo Express. Pour ceux qui ont déjà utilisé ce service, vous savez que la plupart du temps le voyage commence par la question : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Après avoir répondu être journaliste catholique à Sel + Lumière, le conducteur et la passagère ont tous les deux répliqué qu’ils étaient chrétiens eux-aussi, spécifiant qu’ils étaient de dénomination protestante. Nous étions donc trois personnes réunies complètement « par hasard » mais le simple fait de nous savoir chrétiens nous a permis d’échanger sur notre foi et toutes sortes de sujets de société. Je me suis alors rendu compte à quel point les circonstances du monde actuel sont favorables à l’œcuménisme et à l’unité des chrétiens. Notre société n’étant plus chrétienne, le dialogue peut se faire de manière beaucoup plus libre puisque nous n’avons plus vraiment d’intérêt humain à protéger. Selon moi, cela montre que nous avons comme personne et institution atteint une qualité de liberté qui s’approche de plus en plus de la véritable liberté évangélique nécessaire à l’acceptation de la plénitude de la Révélation. C’est ainsi qu’à la fin du voyage, au lieu de leur dire « au revoir » je leur ai dit « Dieu vous bénisse ». Mes interlocuteurs étaient très surpris de m’entendre parler un langage chrétien aussi ouvertement, surtout venant d’un catholique ! Toutefois, ils étaient heureux de la chose et m’ont souhaité la même bénédiction.

Comme je le disais au début, le thème de la semaine de cette année « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est fort adéquat puisqu’il manifeste le lien entre l’unité des chrétiens et la transformation missionnaire de l’Église. En effet, ce thème met l’emphase sur « l’appel » de tous les chrétiens. Cette dimension « vocationnelle » de l’unité des chrétiens manifeste bien que cette même unité est d’abord et avant tout un profond désir de Dieu. Cela nous aide donc à prendre conscience des racines humaines des divisions mais également de la priorité de la Grâce dans la construction de cette unité. Nous ne parviendrons à l’unité que si tous ensemble nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu d’une manière plus authentique. En ce sens, l’Église catholique ne parviendra à répondre adéquatement aux motions de Dieu que si elle oriente davantage sa pratique pastorale vers la mission. Par le fait même, elle aura mis l’accent sur le dialogue, la prière et l’action commune de tous les chrétiens.

La deuxième partie du thème de cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens souligne que notre appel consiste d’abord à « proclamer les hauts faits du Seigneur ». D’abord, cela signifie que nous devons prendre conscience que notre appel n’est pas de nous proclamer nous-mêmes comme personnes ou communauté mais d’attirer l’attention vers Dieu, vers Jésus. Loin des attitudes « autoréférentielles » (no 94-95) tant décriées par le pape François. Deuxièmement, cette décentralisation de nous-mêmes ne doit pas devenir culpabilisation ou honte de nous-mêmes mais bien manifestation des beautés que Dieu a faites pour nous et en nous. Nous avons tous raison de nous réjouir lorsque nous sommes heureux mais ce bonheur ne peut être authentique qu’en relation avec Celui qui nous donne l’existence et nous appelle à une communion avec Lui. Enfin, de ce témoignage des merveilles de la vie éternelle présentes dans notre vie et reçues par notre baptême, les chrétiens pourront être l’étincelle qui « mettra le feu » au monde. Un feu qui réchauffe et qui donne de l’énergie ! À Cela, de par leur baptême, tous les chrétiens peuvent y participer et, peut-être qu’un jour, alors que nous serons en chemin sans s’en rendre compte, nous nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un » (Jean 17, 11).

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