Photo: Courtoisie Catholic News Service
En 1964 le Professeur Marshall McLuhan affirmait « Le medium, c’est le message ». Par cette formule qui allait le rendre célèbre, ce professeur de l’université de Toronto signifiait que les instruments de communication ont une grande influence sur la transmission d’un message. Pour McLuhan, les moyens de communications sont loin d’être neutres. Par exemple, l’attention que nous avons envers un livre imprimé est beaucoup plus grande que celle que l’on accorde à un blogue. Dans le même sens, un reportage à la télévision nous semble, de prime abord, beaucoup plus crédible que celui d’une vidéo sur YouTube. Ainsi, cette influence qu’a le média sur le contenu du message transmis est une donnée importante que nous ne pouvons négliger.
Comment donc communiquer l’enseignement de l’Église dans notre monde ? Si, comme le dit McLuhan « le medium, c’est le message », quel niveau de langage sera le plus approprié pour évangéliser aujourd’hui ? La réponse du Pape est la suivante : la « parresia » ou « la liberté et le courage (parresia) du Saint Esprit » et l’institution qui lui correspond le mieux : le Synode des évêques. Dès le premier synode sur la famille, le Pape a demandé aux évêques de s’exprimer librement, sans peur ni gêne d’où les nombreux contrechocs qui ont nourri certains médias aguerris à faire une polémique du moindre désaccord. Toutefois, cette communication franche et ouverte possède plusieurs avantages pour la Nouvelle Évangélisation. J’en veux pour preuve l’attention sans précédent que tous manifestent pour ce procédé. La réalité et l’importance de la famille pour les personnes et la société ne sont-ils pas au centre de nombreux échanges actuellement et qui n’aurait jamais eu lieu sans cette nouvelle approche communicationnelle ? Ainsi, une Église «toute synodale » serait donc plus efficace pour transmettre son message.
La synodalité, ou mode de fonctionnement avec parresia, présente un visage plus humain de l’Église. Ce qui la rapproche grandement des gens, qui lui font ainsi davantage confiance. Beaucoup de personnes sentent que l’Église et les hommes et les femmes qui la composent sont des êtres humains normaux qui partagent les mêmes expériences. Par exemple, dans le cas de la famille, l’expérience du Cardinal Shönborn face au divorce de ses parents a touché beaucoup de gens qui voient ainsi que l’Église comprend leur réalité. Les enseignements ne sont donc plus vus comme des normes imposées de l’extérieur mais comme des propositions, bien que l’assentiment soit toujours nécessaire. Comme le disait le bienheureux Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (no 41).
Loin de voir le Synode comme « un parlement » nous voyons que ce dialogue franc prendra de plus en plus de place dans le mode de fonctionnement de l’Église. Comme le dit le Pape, nous ne sommes « qu’à la moitié du chemin ». Cette plus grande attention à la dimension synodale de l’Église semble déjà susciter l’attention de nombreux acteurs qui sentent l’Église plus ouverte au dialogue. En ce sens, les enseignements et préoccupations de l’Église pourront trouver davantage d’interlocuteurs. Ce qui aidera grandement à la transmission du message de l’Église.
Cette démarche synodale peut sembler s’éloigner de l’attitude traditionnelle de l’Église. D’une posture d’enseignante universelle, l’Église semble de plus en plus prendre l’aspect d’une Église croyante. Comme le disait le pape François : « le Pape n’est pas tout seul, au dessus de l’Église mais à l’intérieur d’Elle comme baptisé parmi les baptisés ». Il ne faut pas voir dans ce changement une infidélité à la mission de l’Église mais simplement une modification de posture langagière plus apte à convaincre les consciences des âmes de notre temps de la beauté de la Révélation chrétienne. L’Église, affirme l’évêque de Rome, est comme « une pyramide à l’envers, où le sommet se trouve en dessous de la base »[10].
« Il nous faut une sainte parrhesia ! Un christianisme qui ‘‘fait’’ peu concrètement, tout en ‘‘dispensant’’ son enseignement, est dangereusement déséquilibré »[11]. Cinquante ans après l’institution du Synode des évêques, cette nouvelle attitude de liberté et de courage dont le Pape se fait le promoteur saura-t-elle trouver un écho dans nos communautés ? Saurons-nous répondre à cette invitation à la transformation missionnaire de l’Église ? « Le médium, c’est le message » affirmait McLuhan il y a 51 ans déjà, souhaitons que de plus en plus de chrétiens comprennent que la fidélité à la doctrine de l’Évangile passe également par une recherche du meilleur moyen de la communiquer.