Homélie du pape François pour la Fête de la Présentation du Seigneur et pour la 22e Journée mondiale de la vie consacrée:

CNS/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François tel que prononcé lors de la Messe de la Fête de la Présentation du Seigneur et de la XXII journée mondiale de la vie consacrée:

Quarante jours après Noël, nous célébrons le Seigneur qui, en entrant dans le temple, va à la rencontre de son peuple. Dans l’Orient chrétien, cette fête est précisément désignée comme la ‘‘Fête de la rencontre’’: c’est la rencontre entre le Divin Enfant, qui apporte la nouveauté, et l’humanité en attente, représentée par les anciens du temple.

Dans le temple se produit également une autre rencontre, celle entre deux couples : d’une part les jeunes gens Marie et Joseph, d’autre part les anciens Siméon et Anne. Les anciens reçoivent des jeunes gens, les jeunes gens se ressourcent auprès des anciens. Marie et Joseph retrouvent en effet dans le temple les racines du peuple, et c’est important, car la promesse de Dieu ne se réalise pas individuellement et d’un seul coup, mais ensemble et tout au long de l’histoire. Et ils trouvent aussi les racines de la foi, car la foi n’est pas une notion à apprendre dans un livre, mais l’art de vivre avec Dieu, qui s’apprend par l’expérience de ceux qui nous ont précédés sur le chemin. Ainsi, les deux jeunes, en rencontrant les anciens, se retrouvent eux-mêmes. Et les deux anciens, vers la fin de leurs jours, reçoivent Jésus, le sens de leur vie. Cet épisode accomplit ainsi la prophétie de Joël : « Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1). Dans cette rencontre, les jeunes voient leur mission et les anciens réalisent leurs rêves. Tout cela parce qu’au centre de la rencontre se trouve Jésus.

Regardons-nous, chers frères et sœurs consacrés. Tout a commencé par la rencontre avec le Seigneur. D’une rencontre et d’un appel, est né le chemin de consécration. Il faut en faire mémoire. Et si nous faisons bien mémoire, nous verrons que dans cette rencontre nous n’étions pas seuls avec Jésus : il y avait également le peuple de Dieu, l’Église, les jeunes et les anciens, comme dans l’Évangile. Il y a là un détail intéressant : tandis que les jeunes gens Marie et Joseph observent fidèlement les prescriptions de la Loi – l’Évangile le dit quatre fois – ils ne parlent jamais ; les anciens Siméon et Anne arrivent et prophétisent. Ce devrait être le contraire : en général, ce sont les jeunes qui parlent avec enthousiasme de l’avenir, tandis que les anciens gardent le passé. Dans l’Evangile c’est l’inverse qui se passe, car quand on rencontre le Seigneur, les surprises de Dieu arrivent à point nommé. Pour leur permettre d’avoir lieu dans la vie consacrée, il convient de se rappeler qu’on ne peut pas renouveler la rencontre avec le Seigneur sans l’autre : ne jamais laisser quelqu’un derrière, ne jamais faire de mise à l’écart générationnelle, mais s’accompagner chaque jour, mettant le Seigneur au centre. Car si les jeunes sont appelés à ouvrir de nouvelles portes, les anciens ont les clefs. Et la jeunesse d’un institut se trouve dans le ressourcement aux racines, en écoutant les anciens. Il n’y a pas d’avenir sans cette rencontre entre les anciens et les jeunes; il n’y a pas de croissance sans racines et il n’y a pas de floraison sans de nouveaux bourgeons. Jamais de prophétie sans mémoire, jamais de mémoire sans prophétie ; et il faut toujours se rencontrer.

La vie frénétique d’aujourd’hui conduit à fermer de nombreuses portes à la rencontre, souvent par peur de l’autre. – Les portes des centres commerciaux et les connexions de réseau demeurent toujours ouvertes -. Mais que dans la vie consacrée ceci ne se produise pas : le frère et la sœur que Dieu me donne font partie de mon histoire, ils sont des dons à protéger. Qu’il n’arrive pas de regarder l’écran du cellulaire plus que les yeux du frère ou de s’attacher à nos programmes plus qu’au Seigneur. Car quand on place au centre les projets, les techniques et les structures, la vie consacrée cesse d’attirer et ne communique plus ; elle ne fleurit pas, parce qu’elle oublie ‘‘ce qu’elle a sous terre’’, c’est-à-dire les racines.

La vie consacrée naît et renaît de la rencontre avec Jésus tel qu’il est : pauvre, chaste et obéissant. Il y a une double voie qu’elle emprunte : d’une part l’initiative d’amour de Dieu, d’où tout part et à laquelle nous devons toujours retourner ; d’autre part, notre réponse, qui est la réponse d’un amour authentique quand il est sans si et sans mais, quand il imite Jésus pauvre, chaste et obéissant. Ainsi, tandis que la vie du monde cherche à accaparer, la vie consacrée renonce aux richesses qui passent pour embrasser Celui qui reste. La vie du monde poursuit les plaisirs et les aspirations personnelles, la vie consacrée libère l’affection de toute possession pour aimer pleinement Dieu et les autres. La vie du monde s’obstine à faire ce qu’elle veut, la vie consacrée choisit l’obéissance humble comme une liberté plus grande. Et tandis que la vie du monde laisse rapidement vides les mains et le cœur, la vie selon Jésus remplit de paix jusqu’à la fin, comme dans l’Évangile, où les anciens arrivent heureux au soir de leur vie, avec le Seigneur entre les mains et la joie dans le cœur.

Que de bien cela nous fait, comme à Siméon, de tenir le Seigneur « dans les bras » (Lc 2, 28) ! Non pas dans la tête et dans le cœur, mais dans les mains, en tout ce que nous faisons : dans la prière, au travail, à table, au téléphone, à l’école, auprès des pauvres, partout. Avoir le Seigneur dans les mains, c’est l’antidote contre le mysticisme isolé et l’activisme effréné, car la rencontre réelle avec Jésus redresse aussi bien les sentimentalistes dévots que les affairistes frénétiques. Vivre la rencontre avec Jésus, c’est aussi le remède à la paralysie de la normalité, c’est s’ouvrir au remue- ménage quotidien de la grâce. Se laisser rencontrer par Jésus, faire rencontrer Jésus : c’est le secret pour maintenir vivante la flamme de la vie spirituelle. C’est la manière de ne pas se faire absorber par une vie morne, où les plaintes, l’amertume et les inévitables déceptions prennent le dessus. Se rencontrer en Jésus comme frères et sœurs, comme jeunes et anciens, pour surmonter la rhétorique stérile des ‘‘beaux temps passés’’, pour faire taire le ‘‘ici plus rien ne va’’. Si on rencontre chaque jour Jésus et les frères, le cœur ne se polarise pas vers le passé ou vers l’avenir, mais il vit l’aujourd’hui de Dieu en paix avec tous.

À la fin des Évangiles, il y a une autre rencontre avec Jésus qui peut inspirer la vie consacrée : celle des femmes au tombeau. Elles étaient allées rencontrer un mort, leur chemin semblait inutile. Vous aussi, vous allez à contre-courant dans le monde : la vie du monde rejette facilement la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Mais, comme ces femmes, vous allez de l’avant, malgré les préoccupations concernant les lourdes pierres à enlever (cf. Mc 16, 3). Et comme ces femmes, les premiers, vous rencontrez le Seigneur ressuscité et vivant, vous l’étreignez (cf. Mt 28, 9) et vous l’annoncez immédiatement aux frères, les yeux pétillants d’une grande joie (cf. v. 8). Vous êtes aussi l’aube sans fin de l’Église. Je vous souhaite de raviver aujourd’hui même la rencontre avec Jésus, en marchant ensemble vers lui : cela donnera de la lumière à vos yeux et de la vigueur à vos pas.

[00191-FR.01] [Texte original: Italien]

Homélie du pape François lors de la Messe de la Journée mondiale du migrant et du réfugié

CNS/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie intégrale du Pape pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié telle que prononcée lors de la Messe du dimanche 14 janvier 2018 en la basilique Saint-Pierre de Rome. Étaient présent lors de la célébration en présence un bon nombre de migrants et de réfugiés originaires de 49 pays différents, ainsi qu’en présence d’environ 70 représentants diplomatiques accrédités auprès du Saint-Siège et de l’Italie.

Cette année, j’ai voulu célébrer la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié par une messe à laquelle vous avez été invités, vous en particulier, migrants, réfugiés et demandeurs d’asile. Certains d’entre vous sont arrivés depuis peu en Italie, d’autres y résident et y travaillent depuis de nombreuses années, et d’autres encore constituent ce qu’on appelle les «deuxièmes générations».

Tous ont entendu résonner dans cette assemblée la Parole de Dieu, qui nous invite aujourd’hui à approfondir l’appel spécial que le Seigneur adresse à chacun de nous. Comme il l’a fait avec Samuel (cf. 1 S 3, 3b-10.19), il nous appelle par notre nom -à chacun de nous- et nous demande d’honorer le fait que nous avons été créés comme des êtres absolument uniques, tous différents entre nous et avec un rôle singulier dans l’histoire du monde. Dans l’Évangile (cf. Jn 1, 35-42), les deux disciples de Jean demandant à Jésus: «Où demeures-tu ?» (v. 38), laissant entendre que, de la réponse à cette question, dépend leur jugement sur le maître de Nazareth. La réponse de Jésus est claire: «Venez et voyez !» (v. 39), et ouvre à une rencontre personnelle, qui comporte un temps approprié pour accueillir, connaître et reconnaître l’autre.

Dans le Message pour la Journée d’aujourd’hui, j’ai écrit: «Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté (cf. Mt 25, 35.43)». Et, pour l’étranger, le migrant, le réfugié, l’exilé et le demandeur d’asile, chaque porte de la nouvelle terre est aussi une occasion de rencontre avec Jésus. Son invitation «Venez et voyez !» nous est aujourd’hui adressée à tous, communautés locales et nouveaux arrivés. C’est une invitation à surmonter nos peurs pour pouvoir aller à la rencontre de l’autre, pour l’accueillir, le connaître et le reconnaître. C’est une invitation qui offre l’opportunité de se faire le prochain de l’autre pour voir où et comment il vit. Dans le monde d’aujourd’hui, pour les nouveaux arrivés, accueillir, connaître et reconnaître signifie connaître et respecter les lois, la culture et les traditions des pays où ils sont accueillis. Cela signifie également comprendre leurs peurs et leurs appréhensions vis-à- vis de l’avenir. Et pour les communautés locales, accueillir, connaître et reconnaître signifie s’ouvrir à la richesse de la diversité sans préjugés, comprendre les potentialités et les espérances des nouveaux arrivés, de même que leur vulnérabilité et leurs craintes.

La vraie rencontre avec l’autre ne s’arrête pas à l’accueil, mais elle nous invite tous à nous engager dans les trois autres actions que j’ai mis en évidence dans le Message pour cette Journée: protéger, promouvoir et intégrer. Et, dans la rencontre vraie avec le prochain, serons-nous capables de reconnaître Jésus-Christ, qui demande d’être accueilli, protégé, promu et intégré ? Comme nous l’enseigne la parabole évangélique du jugement dernier : le Seigneur avait faim, il avait soif, il était assoiffé, malade, étranger et en prison et il a été secouru par certains, mais pas par d’autres (cf. Mt 25, 31-46). Cette vraie rencontre avec le Christ est source de salut, un salut qui doit être annoncé et apporté à tous, comme nous l’enseigne l’apôtre André. Après avoir révélé à son frère Simon: «Nous avons trouvé le Messie» (Jn 1, 41), André le conduit à Jésus, afin qu’il fasse, lui aussi, cette même expérience de la rencontre.

Il n’est pas facile d’entrer dans la culture des autres, de se mettre à la place de personnes si différentes de nous, de comprendre leurs pensées et leurs expériences. Ainsi nous renonçons souvent à rencontrer l’autre et nous élevons des barrières pour nous défendre. Les communautés locales ont parfois peur que les nouveaux arrivés perturbent l’ordre établi, “volent” quelque chose de ce que l’on a construit péniblement. Les nouveaux arrivés aussi ont des peurs : ils craignent la confrontation, le jugement, la discrimination, l’échec. Ces peurs sont légitimes, elles se fondent sur des doutes parfaitement compréhensibles d’un point de vue humain. Ce n’est pas un péché d’avoir des doutes et des craintes. Le péché, c’est de laisser ces peurs déterminer nos réponses, conditionner nos choix, compromettre le respect et la générosité, alimenter la haine et le refus. Le péché, c’est de renoncer à la rencontre avec l’autre, à la rencontre avec celui qui est différent, à la rencontre avec le prochain, alors que cela constitue, de fait, une occasion privilégiée de rencontre avec le Seigneur.

C’est de cette rencontre avec Jésus présent dans le pauvre, dans celui qui est rejeté, dans le réfugié, dans le demandeur d’asile, que jaillit notre prière d’aujourd’hui. C’est une prière réciproque: migrants et réfugiés prient pour les communautés locales, et les communautés locales prient pour les nouveaux arrivés et pour les migrants de long séjour. Nous confions à l’intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie les espérances de tous les migrants et de tous les réfugiés du monde, ainsi que les aspirations des communautés qui les accueillent pour que, conformément au commandement divin le plus élevé de la charité et de l’amour du prochain, nous apprenions tous à aimer l’autre, l’étranger, comme nous nous aimons nous-mêmes.

Source: http://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2018-01/messe-

Homélie du pape François pour la solennité de l’Épiphanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François pour la Solennité de l’Épiphanie telle que célébrée le 6 janvier 2018:

Trois gestes des Mages orientent notre marche à la rencontre du Seigneur qui se manifeste aujourd’hui comme lumière et salut pour tous les peuples. Les Mages voient l’étoile, ils marchent et ils offrent des présents.

Voir l’étoile. C’est le point de départ. Mais pourquoi, pourrions-nous nous demander, seuls les Mages ont-ils vu l’étoile ? Peut-être parce que peu nombreux sont ceux qui avaient levé le regard vers le ciel. Souvent, en effet, dans la vie on se contente de regarder vers le sol : la santé, un peu d’argent et quelques divertissements suffisent. Et je me demande : nous, savons-nous encore lever le regard vers le ciel ? Savons-nous rêver, désirer Dieu, attendre sa nouveauté ; ou bien nous laissons-nous emporter par la vie comme un rameau sec au vent ? Les Mages ne se sont pas contentés de vivoter, de surnager. Ils ont eu l’intuition que, pour vivre vraiment, il faut un but élevé et pour cela il faut avoir le regard levé.

Mais nous pourrions nous demander encore, pourquoi, parmi ceux qui levaient le regard vers le ciel, beaucoup d’autres n’ont pas suivi cette étoile, « son étoile » (Mt 2,2) ? Peut-être parce que ce n’était pas une étoile voyante, qui brillait plus que les autres. C’était une étoile – dit l’Evangile – que les Mages avaient vu « se lever » (v 2.9). L’étoile de Jésus n’aveugle pas, elle n’étourdit pas, mais elle invite doucement. Nous pouvons nous demander quelle étoile nous choisissons dans la vie. Il y a les étoiles éblouissantes qui créent des émotions fortes mais qui n’orientent pas la marche. Il en est ainsi du succès, de l’argent, de la carrière, des honneurs, des plaisirs recherchés comme but de l’existence. Ce sont des météores : ils brillent un peu mais ils tombent vite et leur lueur disparaît. Ce sont des étoiles filantes qui désorientent au lieu d’orienter. L’étoile du Seigneur, au contraire, n’est pas toujours fulgurante, mais toujours
présente ; elle est douce : elle te prend par la main dans la vie, elle t’accompagne. Elle ne promet pas de récompenses matérielles, mais elle assure la paix et donne, comme aux Mages, « une très grande joie » (Mt 2, 10). Mais elle demande de marcher.

Marcher, la deuxième action des Mages, est essentielle pour trouver Jésus. Son étoile, en effet, demande la décision de se mettre en route, la fatigue quotidienne de la marche ; elle demande de se libérer des poids inutiles et des fastes encombrants qui entravent, et d’accepter les imprévus qui apparaissent sur la carte de la vie tranquille. Jésus se laisse trouver par qui le cherche, mais pour le chercher il faut bouger, sortir. Ne pas attendre ; risquer. Ne pas rester immobile ; avancer. Jésus est exigeant : il propose à celui qui le cherche de quitter le fauteuil du confort mondain et les tiédeurs rassurantes de nos cheminées. Suivre Jésus n’est pas un protocole poli à respecter mais un exode à vivre. Dieu qui a libéré son peuple à travers la route de l’exode, et qui a appelé de nouveaux peuples à suivre son étoile, donne la liberté et distribue la joie toujours et seulement en chemin. En d’autres termes, pour trouver Jésus il faut abandonner la peur de se mettre en jeu, la satisfaction de se sentir arrivé, la paresse de ne plus rien demander à la vie. Il faut risquer, simplement pour rencontrer un Enfant. Mais cela en vaut immensément la peine, car en trouvant cet Enfant, en découvrant sa tendresse et son amour, nous nous retrouvons nous-mêmes.

Se mettre en chemin n’est pas facile. L’Evangile nous le montre à travers divers personnages. Il y a Hérode, troublé par la peur que la naissance d’un roi menace son pouvoir. Par conséquent il organise des rencontres et envoie les autres recueillir des informations ; mais lui ne bouge pas, il reste enfermé dans son palais. « Tout Jérusalem » (v. 3) aussi a peur : peur de la nouveauté de Dieu. Elle préfère que tout reste comme avant – “ on a toujours fait ainsi ”-et personne n’a le courage d’aller. Plus subtile est la tentation des prêtres et des scribes. Ils connaissent le lieu exact et l’indiquent à Hérode, en citant l’ancienne prophétie. Ils savent mais ne font pas un pas vers Bethléem. Ce peut être la tentation de celui qui est croyant depuis longtemps : il disserte sur la foi, comme d’une chose qu’il sait déjà mais il ne se met pas en jeu personnellement pour le Seigneur. On parle mais on ne prie pas ; on se lamente mais on ne fait pas de bien. Les Mages, en revanche, parlent peu et marchent beaucoup. Bien qu’ignorants des vérités de foi, ils ont le désir et ils sont en chemin, comme le montrent les verbes de l’Evangile : « venus pour se prosterner » (v. 2), « ils partirent ; entrés ils se prosternèrent ; ils regagnèrent leurs pays » (v. 9.11.12) : toujours en mouvement.

Offrir. Arrivés à Jésus, après un long voyage, les Mages font comme lui : ils donnent. Jésus est là pour offrir sa vie, eux offrent leurs biens précieux : or, encens et myrrhe. L’Evangile se réalise quand le chemin de la vie parvient au don. Donner gratuitement, pour le Seigneur, sans s’attendre à quelque chose en retour : voilà le signe certain d’avoir trouvé Jésus qui dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8). Faire le bien sans calcul, même si personne nous le demande, même si l’on n’y gagne rien, même si cela ne nous fait pas plaisir. Dieu désire cela. Lui, se faisant petit pour nous, nous demande d’offrir quelque chose pour ses frères les plus petits. Qui sont-ils ? Ils sont justement ceux qui n’ont rien à rendre, comme celui qui se trouve dans le besoin, l’affamé, l’étranger, le prisonnier, le pauvre (cf. Mt 25, 31-46). Offrir un don gratuit à Jésus c’est soigner un malade, donner du temps à une personne difficile, aider quelqu’un qui ne présente pas d’intérêt, offrir le pardon à qui nous a offensé. Ce sont des dons gratuits, ils ne peuvent pas manquer dans la vie chrétienne. Autrement, nous rappelle Jésus, si nous aimons ceux qui nous aiment, nous faisons comme les païens (cf. Mt 5, 46-47). Regardons nos mains, souvent vides d’amour, et essayons aujourd’hui de penser à un don gratuit, sans contrepartie, que nous pouvons offrir. Il sera apprécié du Seigneur. Et demandons-lui : “Seigneur, fais-moi redécouvrir la joie de donner”.

Chers frères et sœurs, faisons comme les Mages : lever la tête, marcher, et offrir des dons gratuits.

Homélie du Pape en la solennité de Marie mère de Dieu

CNS/Paul Haring

Voici l’homélie prononcée par le pape François en la basilique Sant-Pierre ce lundi 1er janvier 2018, solennité de Sainte Marie mère de Dieu, et journée mondiale de la paix.

L’année s’ouvre au nom de la Mère de Dieu. Mère de Dieu est le titre le plus important de la Vierge. Mais une question pourrait surgir : pourquoi disons-nous Mère de Dieu et non Mère de Jésus ? Certains, dans le passé, ont demandé de se limiter à cela, mais l’Eglise a affirmé : Marie est Mère de Dieu. Nous devons être reconnaissants parce que dans ces paroles est contenue une splendide vérité sur Dieu et sur nous. C’est-à-dire que, depuis que le Seigneur s’est incarné en Marie, dès lors et pour toujours, il porte notre humanité attachée à lui. Il n’y a plus Dieu sans homme : la chair que Jésus a prise de sa Mère est sienne aussi maintenant et le sera pour toujours. Dire Mère de Dieu nous rappelle ceci : Dieu est proche de l’humanité comme un enfant de sa mère qui le porte en son sein. Le mot mère (mater), renvoie aussi au mot matière. Dans sa Mère, le Dieu du ciel, le Dieu infini s’est fait petit, s’est fait matière, pour être non seulement avec nous, mais aussi comme nous.

Voilà le miracle, voilà la nouveauté : l’homme n’est plus seul ; plus jamais orphelin, il est pour toujours fils. L’année s’ouvre avec cette nouveauté. Et nous la proclamons ainsi, en disant : Mère de Dieu ! C’est la joie de savoir que notre solitude est vaincue. C’est la beauté de nous savoir fils aimés, de savoir que notre enfance ne pourra jamais nous être enlevée. C’est nous regarder dans le Dieu fragile et enfant entre les bras de sa Mère et voir que l’humanité est chère et sacrée au Seigneur. C’est pourquoi, servir la vie humaine c’est servir Dieu ; et toute vie, depuis celle qui est dans le sein de la mère jusqu’à celle qui est âgée, souffrante et malade, à celle qui est gênante et même répugnante, doit être accueillie, aimée et aidée.

Laissons-nous maintenant guider par l’Evangile d’aujourd’hui. De la Mère de Dieu il est dit une seule phrase : « Elle gardait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur » (Lc 2, 19). Elle gardait. Simplement elle gardait. Marie ne parle pas : l’Evangile ne rapporte pas même une seule de ses paroles dans tout le récit de Noël. Même en cela la Mère est unie à son Fils. Jésus est un bébé, c’est-à-dire « sans parole ». Lui, le Verbe, la Parole de Dieu qui « à bien des reprises et de bien des manières, dans le passé, a parlé » (He 1, 1), maintenant, à la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), il est muet. Le Dieu devant qui on se tait est un bébé qui ne parle pas. Sa majesté est sans paroles, son mystère d’amour se révèle dans la petitesse. Cette petitesse silencieuse est le langage de sa royauté.

La Mère s’associe à son Fils et elle garde dans le silence. Et le silence nous dit que nous aussi, si nous voulons nous garder, nous avons besoin de silence. Nous avons besoin de demeurer en silence en regardant la crèche. Parce que devant la crèche, nous nous redécouvrons aimés, nous savourons le sens authentique de la vie. Et en regardant en silence, nous laissons Jésus parler à notre coeur : que sa petitesse démonte notre orgueil, que sa pauvreté dérange notre faste, que sa tendresse remue notre coeur insensible. Ménager chaque jour un moment de silence avec Dieu, c’est garder notre âme ; c’est garder notre liberté des banalités corrosive de la consommation et des étourdissements de la publicité, du déferlement de paroles vides et des vagues irrésistibles des bavardages et du bruit.

Marie, poursuit l’Evangile, gardait toutes ces choses et les méditait. Qu’étaient ces choses ?C’étaient des joies et des souffrances : d’une part la naissance de Jésus, l’amour de Joseph, la visite des bergers, cette nuit de lumière. Mais de l’autre : un avenir incertain, l’absence de maison, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7) ; la désolation du refus ; la déception d’avoir dû faire naitre Jésus dans une étable . Espérance et angoisse, lumière et ténèbre : toutes ces choses peuplaient le coeur de Marie. Et elle, qu’a-t-elle fait ? Elle les a méditées, c’est-àdire elle les a passées en revue avec Dieu dans son coeur. Elle n’a rien gardé pour elle, elle n’a rien renfermé dans la solitude ou noyé dans l’amertume, elle a tout porté à Dieu. C’est ainsi qu’elle a gardé. En confiant on garde : non en laissant la vie en proie à la peur, au découragement ou à la superstition, non en se fermant ou en cherchant à oublier, mais en faisant de tout un dialogue avec Dieu. Et Dieu qui nous a à coeur, vient habiter nos vies.

Voilà les secrets de la Mère de Dieu : garder dans le silence et porter à Dieu. Cela se passait, conclut l’Evangile, dans son coeur. Le coeur invite à regarder au centre de la personne, des affections, de la vie. Nous aussi, chrétiens en chemin, au commencement de l’année nous ressentons le besoin de repartir du centre, de laisser derrière nous les fardeaux du passé et de recommencer à partir de ce qui compte. Voici aujourd’hui devant nous le point de départ : la Mère de Dieu. Parce que Marie est comme Dieu nous veut, comme il veut son Eglise : Mère tendre, humble, pauvre de choses et riche d’amour, libre du péché, unie à Jésus, qui garde Dieu dans le coeur et le prochain dans la vie. Pour repartir, regardons vers la Mère. Dans son coeur bat le coeur de l’Eglise. Pour avancer, nous dit la fête d’aujourd’hui, il faut revenir en arrière : recommencer depuis la crèche, de la Mère qui tient Dieu dans ses bras.

La dévotion à Marie n’est pas une bonne manière spirituelle, elle est une exigence de la vie chrétienne. En regardant vers la Mère nous sommes encouragés à laisser tant de boulets inutiles et à retrouver ce qui compte. Le don de la Mère, le don de toute mère et de toute femme est très précieux pour l’Eglise, qui est mère et femme. Et alors que souvent l’homme fait des abstractions, affirme et impose des idées, la femme, la mère, sait garder, unir dans le coeur, vivifier. Parce que la foi ne se réduit pas seulement à une idée ou à une doctrine, nous avons besoin, tous, d’un coeur de mère, qui sache garder la tendresse de Dieu et écouter les palpitations de l’homme. Que la Mère, signature d’auteur de Dieu sur l’humanité, garde cette année et porte la paix de son Fils dans les coeurs, dans nos coeurs, et dans le monde. Et je vous invite à lui adresser aujourd’hui, en tant que ses enfants, simplement, la salutation des chrétiens d’Éphèse, en présence de leurs évêques : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’. Disons, trois fois, du fond du coeur, tous ensemble, en la regardant [se tournant vers la statue placée près de l’autel] : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’.

« Oui, Dieu aime ce Québec, notre Québec »

CNS/L’Osservatore Romano

Nous poursuivons aujourd’hui notre lecture du rapport des évêques du Québec remis au pape François lors de leur dernière visite ad limina à Rome. De ce rapport composé de trois chapitres, nous avions recensé le premier en manifestant le caractère sociologique, culturel et politique de l’analyse des évêques sur le Québec. Dans la deuxième partie, l’épiscopat québécois propose un portrait idéologique et même psychologique de la société québécoise.

De profondes contradictions

Il est toujours intéressant de s’interroger sur les idéaux d’une population en la comparant à la réalité vécue. On se rend compte que ces grands principes sont parfois très éloignés du réel. En ce sens, on assiste souvent au spectacle d’idéaux diamétralement opposés à la réalité. Comme si on se projetait une image de soi-même pour se réconforter d’une réalité trop décevante, pensant qu’affirmer un principe haut et fort pallie à une médiocre mise en pratique. Ainsi, par exemple, on déjà vue des sociétés très codifiées et hiérarchisées proclamer un égalitarisme acharné. Tout cela dans le but de nier la réalité. Comme dans toute société, le Québec ne fait pas exception.

Un Québec pas si heureux que ça…

D’abord, les évêques constatent que notre société est centrée sur le bonheur et sur la joie de vivre. Citant un article du magazine l’Actualité, ils rendent compte du fait que « si, dans ce rapport mondial (World Happiness Report), le Canada figure au cinquième rang des pays dont les citoyens se disent heureux, le Québec pris isolément figurerait au deuxième rang […] Plus qu’ailleurs au monde, les Québécois et Québécoises se disent donc heureux » (p.2.2). Comment se fait-il que du même coup, le Québec soit un des champions du suicide ? Comment une société si heureuse peut-elle accepter que « 1100 Québécois s’enlèvent la vie chaque année, et que la situation stagne malgré les campagnes de prévention »[4] ce qui représente, en moyenne, trois suicides par jour » (p.2.1) ? Il est évident que l’idéal ne correspond pas tout à fait à la vie réelle des Québécois.  Peut-être « confondent-ils le bonheur et « le confort d’un divan » »[7] se demandent les évêque en reprenant l’expression du pape François ?

Un Québec pas si solidaire que ça…

Une autre contradiction entre l’image véhiculée et la réalité vécue se trouve dans la distance entre l’affirmation d’une conscience solidaire et la réalité d’un « individualisme exacerbé » (p.7). En effet, « Ce serait certes une généralisation excessive que d’affirmer que les Québécois sont toujours généreux, solidaires et dévoués. » (p.2.3), alors que « le mal et la corruption sont à l’œuvre ici aussi » (p.2.4) nous dit l’AECQ. Cela est maintenant une évidence pour la grande majorité des citoyens qui, comme en France, ressentent « un sentiment de déception vis-à-vis de l’État providence qui n’arrive pas à satisfaire les attentes » (no 4)[10]. Comment un Québec si solidaire en paroles peut-il être si corrompu en pratique se demande-t-on parfois en regardant l’actualité?

Une mission empreinte de miséricorde

Devant un tel constat, on peut se demander avec les évêques : comment l’annonce de l’Évangile est-elle possible ? À vue simplement humaine, il est peu probable qu’une population si ancrée dans le déni de réalité puisse accepter la vérité. Au contraire, nous avons toutes les raisons du monde de tomber dans le cynisme et de croire que rien ne peut être fait. « Quelle bonne nouvelle, quelle « grande joie » peut-on envisager à annoncer à un peuple qui, malgré les tragédies et malheurs des uns et des autres, croit qu’il vit là où on est plus heureux que n’importe où ailleurs dans le monde ? » (p.2.6) se demandent les évêques. En d’autres termes, comment peut-on s’attendre à ce que les Québécois accueillent la libération du Christ sans la conscience éclairée de l’état réel de leur situation ?

Force est de constater que la réponse à cette question n’est pas facile à donner. Toutefois, un constat nous frappe d’emblée : la persistance des évêques. Cette force de volonté qui les pousse à rester fidèles à leur mission, malgré tout, sans se décourager. Témoins de la Miséricorde inépuisable de Dieu, une conviction transparaît ; celle qui, fut prononcés par Mgr Pierre-André Fournier : « Oui, Dieu aime ce Québec, notre Québec, avec ses talents et ses projets, ses musiques et ses danses, son exubérance, parfois, et ses silences, aussi » (p.3.3).

Dans les prochaines semaines, nous poursuivrons notre réflexion sur ce rapport important de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec au pape François tel que remis lors de la dernière visite ad limina.

Justin Trudeau invite le Pape à s’excuser

 

Le Premier Ministre Canadien, Justin Trudeau, et sa femme Sophie ont été reçus par le pape François ce lundi au Vatican. Pour cette première rencontre les deux hommes se sont entretenus pendant une trentaine de minutes. Les échanges ont été « cordiaux », mais les questions délicates n’ont pas été éludées.

Justin Trudeau avait à cœur d’aborder avec le Pape l’épineuse question de la responsabilité de l’Église catholique dans les pensionnats autochtones du Canada dans les années 1800-1900. Pendant près d’un siècle, plus de 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont subi des politiques d’assimilation dans ces maisons résidentielles tenus par des communautés religieuses, au nom du gouvernement canadien. Nombre d’entre eux ont par ailleurs été victimes de mauvais traitements ou d’abus sexuels.

Face à ce qui représente « un des plus sombres chapitres de l’histoire canadienne », le premier ministre, en 2015, avait lui-même présenté ses excuses aux autochtones au nom du gouvernement canadien. Il s’était en outre engagé à donner suite aux « appels à l’action » de la Commission de vérité et réconciliation du Canada qui, entre autre, demande au Pape des excuses publiques. Pour répondre à cette recommandation, Justin Trudeau a donc invité le Saint-Père à venir au pays, et l’a exhorté à présenter ses excuses, au nom de l’Église catholique, aux survivants, à leurs familles et aux communautés touchées par les mauvais traitements dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique.

« Je lui ai parlé du désir profond des canadiens d’avancer vers une véritable réconciliation avec les peuples autochtones, et j’ai souligné comment il pouvait y contribuer en présentant des excuses », a précisé le premier ministre à l’issue de sa rencontre avec le souverain pontife.  « Il m’a rappelé que toute sa vie a été consacrée à aider les personnes marginalisées à travers la planète, à se battre pour elles. Et il m’a dit qu’il compte travailler très bientôt avec moi et avec les évêques canadiens pour tracer le chemin que nous allons prendre afin d’y arriver », a poursuivi le chef d’État.

Lors de cette entrevue, les deux hommes ont par ailleurs évoqué les questions éthiques, et notamment l’euthanasie, désormais légale au Canada depuis l’adoption, en juin 2016, de la loi sur «l’aide médicale à mourir», qui du reste avait rencontré la ferme opposition des évêques du pays.

« Ça a été un moment très touchant pour moi de pouvoir avoir une conversation réfléchie sur bien des enjeux avec la personne qui est à la tête de ma propre Église » a commenté Justin Trudeau en sortant de cette audience.

La dernière visite d’un Pape au Canada remonte à 2002. C’était à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse de Toronto, avec Jean-Paul II.

Les évêques du Québec participent à une nouvelle initiative du pape François

Vous trouverez ci-dessous le texte complet du communiqué de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec suivant la rencontre avec le pape François lors de la visite ad limina:

Les évêques du Québec participent à une nouvelle initiative du pape François

Rome, 5 mai 201 – Le jeudi 4 mai, les évêques du Québec en visite « ad limina apostolorum »1 à Rome ont participé à une rencontre d’une durée de trois heures avec le Pape François et des collaborateurs de la Curie romaine. Cette rencontre s’inscrit dans une série d’initiatives entreprises par le Pape pour enrichir les liens de communion, de partage et d’écoute mutuelle entre les évêques diocésains, le Pape et la Curie romaine.

La rencontre s’est déroulée en trois temps. Après un moment de prière, Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l’AÉCQ, Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal et le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, ont brièvement partagé la réalité de l’Église au Québec ainsi que les défis pastoraux de la mission aujourd’hui.

Dans un deuxième temps, les évêques du Québec ont partagé leur expérience personnelle en nommant leurs défis, leurs attentes et leurs espoirs. Parmi les sujets abordés, les évêques ont mentionné ceux-ci : la transmission de la foi dans notre Québec moderne, les défis dans les communautés chrétiennes au plan des ressources humaines et économiques, l’importance du rôle des laïcs hommes et femmes dans l’Église et dans le monde, et la participation de l’Église dans les débats de société. Les collaborateurs du Pape, membres de divers secteurs de la vie de l’Église, étaient invités à tour de rôle à présenter leurs propres observations, en fonction de leur champ de compétence.

Enfin, en conclusion, le Pape François a exprimé des paroles d’encouragement aux évêques du Québec, en les invitant au courage et à l’audace dans leurs propres diocèses. Il a utilisé des expressions comme : « Église au Québec, lève-toi ! Va et écoute ! N’oublie pas que le Seigneur ressuscité est toujours avec nous ! »

Les évêques du Québec se sont réjouis de l’opportunité de pouvoir participer à une telle rencontre. Ils ont beaucoup apprécié la sollicitude du Pape François et l’espérance qui l’habite. Le président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Mgr Paul Lortie a partagé cette réaction à la sortie de la rencontre : « Un nouveau souffle pour notre Assemblée dans un climat d’écoute, de partage et de simplicité dans la vérité. »

Source : Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ)

Homélie du pape François pour le dimanche des Rameaux

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de la Messe du dimanche des Rameaux (9 avril 2017) en la Place Saint-Pierre au Vatican:

Cette célébration a comme une double saveur, douce et amère ; elle est joyeuse et douloureuse, car nous y célébrons le Seigneur qui entre dans Jérusalem et qui est acclamé par ses disciples en tant que roi. Et en même temps, le récit évangélique de sa passion est solennellement proclamé. C’est pourquoi notre cœur sent le contraste poignant et éprouve dans une moindre mesure ce qu’a dû sentir Jésus dans son cœur en ce jour, jour où il s’est réjoui avec ses amis et a pleuré sur Jérusalem.

Depuis 32 ans, la dimension joyeuse de ce dimanche a été enrichie par la fête des jeunes : les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui sont célébrées cette année au niveau diocésain, mais qui sur cette Place connaîtront sous peu un moment toujours émouvant, d’horizons ouverts, avec le remise de la Croix par les jeunes de Cracovie à ceux du Panama.

L’Évangile proclamé avant la procession (cf. Mt 21, 1-11) décrit Jésus qui descend du mont des Oliviers monté sur un ânon, sur lequel personne n’est jamais monté. Cet Évangile met en exergue l’enthousiasme des disciples, qui accompagnent le Maître par de joyeuses acclamations et on peut vraisemblablement imaginer comment cet enthousiasme a gagné les enfants et les jeunes de la ville, qui se sont unis au cortège par leurs cris.  Jésus lui-même reconnaît dans cet accueil joyeux une force imparable voulue par Dieu, et il répond aux pharisiens scandalisés : « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40).

Mais ce Jésus, qui selon les Écritures, entre justement ainsi dans la ville sainte, n’est pas un naïf qui sème des illusions, un prophète ‘‘new age’’, un vendeur d’illusions, loin de là : il est un Messie bien déterminé, avec la physionomie concrète du serviteur, le serviteur de Dieu et de l’homme qui va vers la passion ; c’est le grand Patient de la douleur humaine.

Donc, tandis que nous aussi, nous fêtons notre Roi, pensons aux souffrances qu’il devra subir au cours de cette Semaine. Pensons aux calomnies, aux outrages, aux pièges, aux trahisons, à l’abandon, à la justice inique, aux parcours, aux flagellations, à la couronne d’épines…, et enfin à la via crucis jusqu’à la crucifixion.

Il l’avait clairement dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive «  (Mt 16, 24). Il n’a jamais promis honneurs et succès. Les Évangiles sont clairs. Il a toujours prévenu ses amis que sa route était celle-là, et que la victoire finale passerait par la passion et la croix. Et cela vaut pour nous également. Pour suivre fidèlement Jésus, demandons la grâce de le faire non pas par les paroles mais dans les faits, et d’avoir la patience de supporter notre croix : de ne pas la rejeter, de ne pas la jeter, mais en regardant Jésus, de l’accepter et de la porter, jour après jour.

Et ce Jésus, qui accepte d’être ovationné tout en sachant bien que le ‘‘crucifie-[le]’’ l’attend, ne nous demande pas de le contempler uniquement dans les tableaux ou sur les photographies, ou bien dans les vidéos qui circulent sur le réseau. Non ! Il est présent dans beaucoup de nos frères et sœurs qui aujourd’hui, aujourd’hui connaissent les souffrances comme lui : ils souffrent du travail d’esclaves, ils souffrent de drames familiaux, de maladies… Ils souffrent à cause des guerres et du terrorisme, à cause des intérêts qui font mouvoir les armes et qui les font frapper. Hommes et femmes trompés, violés dans leur dignité, rejetés… Jésus est en eux, en chacun d’eux, et avec ce visage défiguré, avec cette voix cassée, il demande à être regardé, à être reconnu, à être aimé.

Ce n’est pas un autre Jésus : c’est le même qui est entré à Jérusalem au milieu des rameaux de palmiers et d’oliviers agités. C’est le même qui a été cloué à la croix et est mort entre deux malfaiteurs. Nous n’avons pas un autre Seigneur en dehors de lui : Jésus, humble Roi de justice, de miséricorde et de paix.

Vous pouvez également visionner la vidéo complète de cette célébration au lien suivant:

Un marathon de 4 ans pour le développement intégral

CNS/Paul Haring

Cette semaine, l’Église entière célébrait le quatrième anniversaire du pontificat de notre bien-aimé pape François. Son élection et son style original auront très certainement attiré l’attention du monde entier. Du côté de celui qui était à l’époque le Cardinal Bergoglio, nous pouvons imaginer l’aspect colossal de la charge de travail qui lui incombait à lui qui avait atteint l’âge où la majorité des évêques prennent leur retraite ! Parmi les caractéristiques de ce pontificat argentin, on a souvent souligné, et à juste titre, sa capacité à faire des gestes qui touchent, sa proximité avec les plus démunis, sa volonté de rejoindre les périphéries de l’existence, son horreur de la corruption et de l’hypocrisie et sa volonté de réforme sans compter son esprit de prière et sa grande dévotion à la Sainte Vierge. Par contre, on tend parfois à négliger la richesse intellectuelle de ces quatre années du pontificat de François.

Une première encyclique sur la foi

Malheureusement restée inexplorée par beaucoup de commentateurs, la première encyclique Lumen Fidei du pape François recèle une myriade d’enseignements précieux sur la foi et ses incidences sur la vie spirituelle et communautaire.

Pour le pape François, l’image la plus à même d’exprimer la foi est celle de la lumière, une lumière qui éclaire, illumine et clarifie notre compréhension de nous-même et des réalités qui nous entourent. Pour ne rappeler que quelques idées de cette encyclique qui vaut le détour, rappelons que pour le Pape, parce qu’éclairant l’intelligence humaine, la foi est ce qui nous permet d’entrer en relation avec Jésus. Comment être en relation avec une personne que je ne connais pas ? Par la foi que nous offre gratuitement Dieu, par l’entremise de l’Église, le chrétien est en mesure de cheminer avec confiance sur ce chemin du don total qu’est la vie chrétienne. Parce qu’animés par l’Amour en personne, nous sommes en mesure de connaître et d’accepter dans notre vie la Vérité qui se révèle au quotidien. Comme il le dit si bien :

« Amour et vérité ne peuvent pas se séparer. Sans amour, la vérité se refroidit, devient impersonnelle et opprime la vie concrète de la personne » [Par contre] « Celui qui aime comprend que l’amour est une expérience de vérité, qu’il ouvre lui-même nos yeux pour voir toute la réalité de manière nouvelle, en union avec la personne aimée » (no.27).

Je crois que cette complémentarité entre amour et vérité est l’une des clés pour interpréter ces quatre années de pontificat.

Héritier de Dieu, héritier d’une maison commune

Publié le 24 mai 2015, l’encyclique Laudato Sì a, si l’on peut dire, élevé le concept « d’écologie intégrale » au titre d’enseignement magistériel. Adaptant la célèbre formule « d’humanisme intégral » du philosophe Jacques Maritain, cette expression assume le sens ordinaire de l’expression tout en soulignant la centralité de l’être humain dans l’environnement. Cette volonté d’inclusion, souvent à contre-courant de l’écologisme « officiel », cherche à manifester que les désordres environnementaux ont des liens directs avec les désordres humains et sociaux. Une écologie sans œillères idéologiques, c’est ce que nous propose ce Pape révolutionnaire à plusieurs égards.

Célébrer le quatrième anniversaire de l’élection de Jorge Bergoglio implique que l’on redouble d’efforts pour assimiler ses enseignements aussi profonds que dérangeants. En effet, puisque se mettre à l’école du pape François demande de prendre part de manière efficace à cette révolution de la tendresse contre la mondialisation de l’indifférence, engageons-nous pleinement sur ce chemin qu’il nous propose du haut de son humilité!

 

Vidéo des intentions de prière du Pape (janvier 2017)

Vous trouverez ci-dessous la vidéo des intentions de prière du pape François pour le mois de janvier : Les chrétiens au service des défis de l’humanité. Comme chrétiens, nous avons l’opportunité de commence l’année en aidant le Pape à faire face aux défis de l’humanité grâce à notre prière et notre charité.

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