Top 10 de l’actualité catholique 2017

Comme chaque année, la venue de la nouvelle année nous porte aux rétrospectives qui nous permettent de voir le bout de chemin parcouru durant l’année  pour ensuite nous projeter dans l’année qui vient. Ce qui nous permet d’être encouragés à continuer le travail accompli durant l’année ou encore de rectifier le tir afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Il est ambitieux de vouloir résumer l’activité de plus de 1 milliard 400 millions de catholiques en 10 points. J’estime néanmoins qu’à l’échelle du Québec, nous pouvons résumer l’actualité de l’Église sans trop laisser d’événements de côté.

  1. Voyage du pape François au Myanmar et au Bangladesh :

C’est en fin d’année que le Saint-Père s’est rendu dans une zone trouble de la planète afin de construire des ponts et se faire  messager de paix. On le sait, la situation sur le terrain n’est pas des plus réjouissantes. Après des décennies d’instabilité, des tensions ethniques et interreligieuses ont provoqué l’exil de milliers de Rohingyas, obligés, pour la plupart, de se réfugier au Bangladesh. Usant de diplomatie, le Pape a tenu à manifester sa proximité avec les déplacés sans vouloir aggraver la situation en faisant une déclaration incendiaire contre ses hôtes qui, après tout, l’accueillaient dans leur pays. Comme il l’a dit lui-même : « Le plus important est que le message se rende à destination […] je n’ai pas voulu leur fermer la porte au nez ». Il me semble que l’ensemble de ce voyage pourrait se résumer par ce message : la paix et possible et n’attend souvent que la bonne volonté des peuples et des dirigeants politiques.

  1. Voyage du pape en Égypte :

Les 28 et 29 avril 2017, le pape François s’est rendu en Égypte, pays récemment touché par une foule de bouleversements politiques et de sociétaux. Trois grandes priorités étaient à l’ordre du jour de ce voyage. D’abord, le Saint-Père a voulu encourager les rapprochements avec l’Islam sunnite par l’entremise des grands représentants de l’Université Al-Azhar où se tenait au même moment une conférence sur la paix. Outre le caractère interreligieux de cette visite en Égypte, le Pape a tenu à lui donner un fort caractère œcuménique en rencontrant le Patriarche de l’Église orthodoxe Copte Tawadros II avec qui il a signé une Déclaration commune dans laquelle les deux Églises s’engagent à continuer le chemin vers l’Unité et à reconnaître mutuellement la validité du baptême de part et d’autre, s’engageant ainsi à ne plus administrer un deuxième baptême. Enfin, comme c’est son habitude, le Pape a eu des rencontres avec les autorités politiques d’Égypte afin de leur assurer sa pleine coopération au processus de paix dans la région.

  1. Voyage du pape François en Colombie :

Comme c’est son habitude, le pape François a apporté son support à la communauté catholique du pays qu’il visitait. Constituant la majorité de la population de ce pays d’Amérique latine, les catholiques ont depuis longtemps été impliqués au processus de paix tout récemment conclu avec les FARC. L’un des éléments les plus remarqué fut certainement le discours très personnel du pape François au Comité de direction du CELAM (Conseil épiscopal pour l’Amérique latine). Dans cette allocution qui fera certainement l’objet de plusieurs colloques et conférences, le Saint-Père a invité l’Église de ce coin du monde à redécouvrir la passion caractéristique de la jeunesse en étant « une Église capable d’être sacrement d’unité et d’espérance. D’une espérance au visage jeune et féminin ».

  1. 150e du Canada et Consécration au cœur Immaculée de Marie

Plus près de chez nous maintenant, le Canada fut consacré, cette année, au Cœur immaculé de Marie par tous les évêques dans leur diocèse respectif ainsi que lors d’une cérémonie officielle dans la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa à l’occasion de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques du Canada au mois d’octobre dernier. Faisant référence au 50e anniversaire de l’organisation Développement et paix (CARITAS-Canada), le cardinal Gérald Cyprien Lacroix affirmait :

Développement et Paix a soutenu des milliers d’initiatives locales dans des domaines comme l’agriculture, l’éducation, l’action communautaire, la consolidation de la paix et la défense des droits humains dans soixante-dix pays. Il appuie les femmes dans leur recherche de justice sociale et économique. […]  Supplions notre Dieu par l’intercession de la Vierge Marie, des saints martyrs canadiens et de tous les saints et saintes de notre pays, d’envoyer sur nous un nouveau souffle de Pentecôte pour un renouveau en profondeur de notre foi et un accroissement de notre zèle apostolique et missionnaire.

  1. Forum des jeunes 2017

Un des éléments clefs du catholicisme au Canada fut certainement le Forum 2017 sur « Les jeunes, la foi et le discernement » qui, grâce à Sel et Lumière et tous ces généreux collaborateurs, a pu réunir des jeunes Canadiens d’un océan à l’autre pour discuter des enjeux qui les touchent. Voulant répondre aux nombreux appels du pape François pour une Église proche des gens, l’ensemble de l’Église canadienne s’est mis à l’écoute de cette jeunesse qui a soif d’engagements et qui trouve, malheureusement, difficilement sa place dans l’Église. L’élément le plus important de cette émission fut certainement le message vidéo du pape François aux jeunes Canadiens, dans lequel il leur a demandé :

« Ne vous laissez pas voler votre jeunesse. Ne permettez à personne de freiner ou obscurcir la lumière que le Christ met sur votre visage et dans votre cœur. Soyez les artisans de relations basées sur la confiance, le partage et l’ouverture et cela, jusqu’aux confins du monde. N’érigez pas des murs de division, n’érigez pas des mûrs de division! Construisez plutôt des ponts tels que vous le faites en ce moment par cet échange extraordinaire qui vous réunit d’un océan à l’autre. »

Se voulant une initiative d’abord canadienne, le Forum 2017 a eu un rayonnement international et peut être, selon moi, considéré comme l’élément déclencheur des activités de préparation au Synode des jeunes qui aura lieu à Rome en octobre 2018.

  1. Visite ad limina des évêques du Québec

L’année 2017 fut également l’année d’un pèlerinage important des évêques du Québec à Rome pour prier, réfléchir et rencontrer le successeur de Pierre ainsi que ses collaborateurs. Tous ayant eu la chance d’exprimer leur expérience de pasteur de leur église particulière, les évêques ont remis en main propre au pape François, un rapport sur la société québécoise dans lequel ils relatent, non seulement les défis actuels qui sont gigantesques mais également les signes d’espoir qu’ils discernent dans le Peuple de Dieu et la société en général. La réflexion portée par ce document peut être clairement résumée par l’un des paragraphes de l’introduction :

Tout en étant pasteurs pour le petit nombre — ce « petit troupeau » qui demeure attaché à l’Eglise d’une façon ou d’une autre — comment être à la fois apôtres et missionnaires dans ce Québec devenu sécularisé, diversifié, pluriel et pluraliste, qui a pour une bonne part rompu ses liens avec la tradition et l’héritage catholiques, qui cherche et choisit ses repères ailleurs que dans l’Évangile et pour qui la parole de l’Église est discréditée tant par les terribles scandales de nature sexuelle que par des enseignements qui lui paraissent dépassés, déconnectés et rétrogrades ? (p.i)

  1. Consécration de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal

L’un des moments forts de cette année de prière au Québec fut certainement la consécration de la Cathédrale de Montréal par Mgr Christian Lépine le vendredi 13 octobre 2017. Durant plus de trois heures, les fidèles de l’archidiocèse se sont réunis autour de leur pasteur pour la consécration de ce monument incontournable du centre-ville de Montréal.

Diffusée en direct sur les ondes de Sel et Lumière, cette célébration avait pour but de souligner la dimension spirituelle du 375e anniversaire de la ville de Montréal. Comme le mentionne la lettre d’invitation de l’archevêque de Montréal : « la fondation de Montréal est un moment privilégié pour souligner la dimension spirituelle de l’origine de la ville et de son histoire, l’aspiration à vivre ensemble qui a été présente dès le début, la riche tradition de solidarité avec les pauvres et les malades. »

  1. Retour du Crucifix à l’hôpital du Saint-Sacrement de Québec

La présence de la foi dans toute société peut créer des frictions et même faire scandale. C’est ce qui s’est passé dans un hôpital de Québec. En effet, le conseil d’administration de l’établissement de santé Saint-Sacrement de Québec a voulu retirer un Crucifix accroché sur un des mûrs du hall d’entrée, créant ainsi un tollé de protestation dans l’ensemble de la société. Se terminant heureusement par un recul de l’administration, cet événement a été un point tournant dans la logique de sécularisation sévissant au Québec depuis 50 ans. Les Québécois ressentent en leur for intérieur à la fois une soif du spirituel et une volonté de redécouvrir et d’affirmer leur identité. Cette fierté retrouvée se manifestera certainement dans les années à venir. C’est à suivre…

  1. Les chants de Noël des prêtres avec Mario Pelchat

L’événement culminant de cette année fut certainement la série de concerts catéchèses d’un groupe de prêtres avec Mario Pelchat. Pendant environ un mois, les prêtres- chanteurs ont parcouru le Québec en entier afin de chanter les classiques religieux de Noël en compagnie du chanteur très connu et apprécié au Québec. Mettant en scène une crèche vivante devant au-delà de 50 000 personnes, les prêtres ont certainement mis en pratique les enseignements du pape François d’aller « au-dehors, aux périphéries ». En ce sens, vous pouvez visionner un reportage sur la vie de ces prêtres à Noël au lien suivant.

Le Noël des prêtres

Ce court documentaire présente la vie de prêtres durant la période de Noël. Le temps des fêtes est, pour la majorité des chrétiens, un temps fort de leur vie spirituelle, un temps non seulement de réjouissances en famille mais également de vacances et de repos. Pour les prêtres, le temps de Noël représente un temps d’intense préparation spirituelle et organisationnelle. Messe de minuit, célébration du pardon, souper des pauvres, fêtes des bénévoles, présences auprès des malades : la vie de prêtres durant le temps de Noël est loin d’être une période tranquille. Cela est encore moins le cas pour ceux qui ont parallèlement une carrière de chanteur populaire !

Au cours de cette production originale de Sel et Lumière, Francis Denis nous fait rencontrer deux prêtres et un évêque dans leur vie quotidienne durant le temps de Noël. Quotidien quelque peu transformé depuis qu’ils chantent avec Mario Pelchat et qu’ils l’accompagnent dans une série de spectacles partout au Québec.

Église en sortie 15 décembre 2017

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis s’entretient avec Claire Lesegrétain, auteur et journaliste à La Croix sur la place des célibataires dans l’Église. On vous présente un reportage sur le 4e congrès de la Société Canadienne de Mariologie à Montréal. Dans la troisième partie d’émission, Francis Denis reçoit en entrevue le père Olivier De Roulac o.s.b. sur la vie du père rédemptoriste Marcel Van.

Église en sortie 8 décembre 2017

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis s’entretient avec le philosophe et auteur Charles Taylor sur la modernité, la sécularisation et du rôle de l’Église dans nos sociétés aujourd’hui. Et on vous présente un reportage sur le Salon du livre de Montréal 2017.

Vidéo des intentions de prière du Pape pour le mois de décembre

« Un peuple qui ne prend pas soin des grands-parents et ne les traite pas bien est un peuple qui n’a pas d’avenir. Les anciens possèdent la sagesse. C’est à eux qu’est confiée la transmission de l’expérience de la vie, l’histoire d’une famille, d’une communauté, d’un peuple.
Soyons proches des personnes âgées afin que, grâce au soutien de leurs familles et des institutions, elles collaborent par leur sagesse et par leur expérience à l’éducation des nouvelles générations. »

Message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations

CNS photo/Tyler Orsburn

Vous trouverez ci-dessous le message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations:

Écouter, discerner, vivre l’appel du Seigneur

Chers frères et sœurs,
En octobre prochain, se déroulera la XVème Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui sera consacrée aux jeunes, en particulier au rapport entre jeunes, foi et vocation. A cette occasion, nous aurons la possibilité d’approfondir comment, au centre de notre vie, il y a l’appel à la joie que Dieu nous adresse et comment cela est «le projet de Dieu pour les hommes et les femmes de tout temps» (SYNODE DES ÉVÊQUES, XVEME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, Introduction).

Il s’agit d’une bonne nouvelle qui nous est annoncée avec force par la 55ème Journée mondiale de Prière pour les Vocations : nous ne sommes pas plongés dans le hasard, ni entraînés par une série d’évènements désordonnés, mais, au contraire, notre vie et notre présence dans le monde sont fruits d’une vocation divine !

Même dans nos temps inquiets, le Mystère de l’Incarnation nous rappelle que Dieu vient toujours à notre rencontre et il est Dieu-avec-nous, qui passe le long des routes parfois poussiéreuses de notre vie et, accueillant notre poignante nostalgie d’amour et de bonheur, nous appelle à la joie. Dans la diversité et dans la spécificité de chaque vocation, personnelle et ecclésiale, il s’agit d’écouter, de discerner et de vivre cette Parole qui nous appelle d’en-haut et qui, tandis qu’elle nous permet de faire fructifier nos talents, nous rend aussi instruments de salut dans le monde et nous oriente vers la plénitude du bonheur.

Ces trois aspects – écoute, discernement et vie – servent aussi de cadre au début de la mission de Jésus, qui, après les jours de prière et de lutte dans le désert, visite sa synagogue de Nazareth, et là, se met à l’écoute de la Parole, discerne le contenu de la mission que le Père lui a confiée et annonce qu’il est venu pour la réaliser “aujourd’hui” (cf. Lc 4, 16-21).

Écouter

L’appel du Seigneur – il faut le dire tout de suite – n’a pas l’évidence de l’une des nombreuses choses que nous pouvons sentir, voir ou toucher dans notre expérience quotidienne. Dieu vient de manière silencieuse et discrète, sans s’imposer à notre liberté. Aussi, on peut comprendre que sa voix reste étouffée par les nombreuses préoccupations et sollicitations qui occupent notre esprit et notre cœur.

Il convient alors de se préparer à une écoute profonde de sa Parole et de la vie, à prêter aussi attention aux détails de notre quotidien, à apprendre à lire les évènements avec les yeux de la foi, et à se maintenir ouverts aux surprises de l’Esprit.

Nous ne pourrons pas découvrir l’appel spécial et personnel que Dieu a pensé pour nous, si nous restons fermés sur nous-mêmes, dans nos habitudes et dans l’apathie de celui qui passe sa propre vie dans le cercle restreint de son moi, perdant l’opportunité de rêver en grand et de devenir protagoniste de cette histoire unique et originale que Dieu veut écrire avec nous.

Jésus aussi a été appelé et envoyé ; pour cela, il a eu besoin de se recueillir dans le silence, il a écouté et lu la Parole dans la Synagogue et, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, il en a dévoilé la pleine signification, référée à sa personne-même et à l’histoire du peuple d’Israël.

Cette attitude devient aujourd’hui toujours plus difficile, plongés comme nous le sommes dans une société bruyante, dans la frénésie de l’abondance de stimulations et d’informations qui remplissent nos journées. Au vacarme extérieur, qui parfois domine nos villes et nos quartiers, correspond souvent une dispersion et une confusion intérieure, qui ne nous permettent pas de nous arrêter, de savourer le goût de la contemplation, de réfléchir avec sérénité sur les évènements de notre vie et d’opérer, confiants dans le dessein bienveillant de Dieu pour nous, un discernement fécond.

Mais, comme nous le savons, le Royaume de Dieu vient sans faire de bruit et sans attirer l’attention (cf. Lc 17, 21), et il est possible d’en accueillir les germes seulement lorsque, comme le prophète Elie, nous savons entrer dans les profondeurs de notre esprit, le laissant s’ouvrir à l’imperceptible souffle de la brise divine (cf. 1 R 19, 11-13).

Discerner

En lisant, dans la synagogue de Nazareth, le passage du prophète Isaïe, Jésus discerne le contenu de la mission pour laquelle il a été envoyé et il le présente à ceux qui attendaient le Messie : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19).

De la même manière, chacun de nous peut découvrir sa propre vocation seulement à travers le discernement spirituel, un «processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie (Synode des Évêques, XVème Assemblée Générale Ordinaire, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, II, 2).

Nous découvrons en particulier, que la vocation chrétienne a toujours une dimension prophétique. Comme nous témoigne l’Ecriture, les prophètes sont envoyés au peuple dans des situations de grande précarité matérielle et de crise spirituelle et morale, pour adresser au nom de Dieu des paroles de conversion, d’espérance et de consolation. Comme un vent qui soulève la poussière, le prophète dérange la fausse tranquillité de la conscience qui a oublié la Parole du Seigneur, discerne les évènements à la lumière de la promesse de Dieu et aide le peuple à apercevoir des signes d’aurore dans les ténèbres de l’histoire.

Aujourd’hui aussi, nous avons grand besoin du discernement et de la prophétie ; de dépasser les tentations de l’idéologie et du fatalisme et de découvrir, dans la relation avec le Seigneur, les lieux, les instruments et les situations à travers lesquels il nous appelle. Chaque chrétien devrait pouvoir développer la capacité à “lire à l’intérieur” de sa vie et à saisir où et à quoi le Seigneur l’appelle pour continuer sa mission.

Vivre

Enfin, Jésus annonce la nouveauté de l’heure présente, qui enthousiasmera beaucoup et durcira d’autres : les temps sont accomplis et c’est Lui le Messie annoncé par Isaïe, oint pour libérer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles et proclamer l’amour miséricordieux de Dieu à toute créature. Vraiment « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 20), affirme Jésus.

La joie de l’Evangile, qui nous ouvre à la rencontre avec Dieu et avec les frères, ne peut attendre nos lenteurs et nos paresses ; elle ne nous touche pas si nous restons accoudés à la fenêtre, avec l’excuse de toujours attendre un temps propice ; elle ne s’accomplit pas non plus pour nous si nous n’assumons pas aujourd’hui-même le risque d’un choix. La vocation est aujourd’hui ! La mission chrétienne est pour le présent ! Et chacun de nous est appelé – à la vie laïque dans le mariage, à la vie sacerdotale dans le ministère ordonné, ou à la vie de consécration spéciale – pour devenir témoin du Seigneur, ici et maintenant.

Cet “aujourd’hui” proclamé par Jésus, en effet, nous assure que Dieu continue à “descendre” pour sauver notre humanité et nous rendre participants de sa mission. Le Seigneur appelle encore à vivre avec lui et à marcher derrière lui dans une relation de proximité particulière, à son service direct. Et s’il nous fait comprendre qu’il nous appelle à nous consacrer totalement à son Royaume, nous ne devons pas avoir peur ! C’est beau – et c’est une grande grâce – d’être entièrement et pour toujours consacrés à Dieu et au service des frères.

Le Seigneur continue aujourd’hui à appeler à le suivre. Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”, ni nous effrayer de nos limites et de nos péchés, mais accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur. L’écouter, discerner notre mission personnelle dans l’Église et dans le monde, et enfin la vivre dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne.

Que Marie la très Sainte, la jeune fille de périphérie, qui a écouté, accueilli et vécu la Parole de Dieu faite chair, nous garde et nous accompagne toujours sur notre chemin.

Du Vatican, 3 décembre 2017 Premier Dimanche de l’Avent

[01850-FR.01] [Texte original: Italien]

FRANÇOIS

Sur la route du diocèse de Baie-Comeau (1ère partie)

À première vue, l’Église du Québec souffre d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux.

Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour ».

Au cours de cette émission, Francis Denis nous invite Sur la route du diocèse de Baie-Comeau, à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Production originale de S+L, Sur la route des diocèses est diffusée les derniers vendredis du mois à 19h30 et en rediffusion les lundis suivants à 20h30.

Discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles du Bangladesh

Vous trouverez ci-dessous le discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles du Bangladesh tel que prononcé au palais présidentiel de Dhaka:

Monsieur le Président,
Honorables Autorités de l’État et Autorités Civiles, Éminence, chers frères dans l’Épiscopat, Distingués Membres du Corps Diplomatique, Mesdames et Messieurs,

Au début de ma présence au Bangladesh, je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, de votre aimable invitation à visiter cette Nation et de vos courtoises paroles de bienvenue. Je me trouve ici sur les pas de deux de mes Prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II, à prier avec mes frères et sœurs catholiques et à leur offrir un message d’affection et d’encouragement. Le Bangladesh est un jeune État, pourtant il a toujours eu une place spéciale dans le cœur des Papes, qui dès le début ont exprimé leur solidarité avec son peuple, afin de l’aider à dépasser les difficultés initiales, et qui l’ont soutenu dans la tâche exigeante de construction de la Nation et de son développement. Je suis reconnaissant de l’opportunité de m’adresser à cette assemblée qui réunit des hommes et des femmes avec des responsabilités particulières dans l’élaboration de l’avenir de la société du Bangladesh.

Durant mon vol pour arriver ici, je me suis rappelé que le Bangladesh – “Golden Bengal”- est une nation unie par un vaste réseau fluvial et par des voies d’eau, grandes et petites. Cette beauté naturelle est, je crois, emblématique de votre identité particulière comme peuple. Le Bangladesh est une nation qui s’efforce d’atteindre une unité de langage et de culture avec le respect des différentes traditions et communautés, qui coulent comme tant de ruisseaux et viennent enrichir le grand cours de la vie politique et sociale du pays.

Dans le monde d’aujourd’hui, aucune communauté particulière, nation ou État, ne peut survivre et progresser dans l’isolement. En tant que membres de l’unique famille humaine, nous avons besoin les uns des autres et nous sommes dépendants les uns des autres. Le Président, Sheikh Mujibur Rahman, a compris et cherché à incorporer ce principe dans la Constitution nationale. Il a imaginé une société moderne, pluraliste et inclusive, dans laquelle chaque personne et chaque communauté pourrait vivre dans la liberté, la paix et la sécurité, avec le respect de la dignité innée et de l’égalité des droits de tous. L’avenir de cette jeune démocratie et la santé de sa vie politique sont essentiellement liés à la fidélité à cette vision fondatrice. En effet, c’est seulement à travers un dialogue sincère et le respect de la légitime diversité, qu’un peuple peut réconcilier les divisions, dépasser les perspectives unilatérales et reconnaître la valeur des points de vue divergents. Parce que le vrai dialogue est tourné vers l’avenir, celui-ci construit l’unité dans le service du bien commun et il est attentif aux besoins de tous les citoyens, en particulier des pauvres, des défavorisés et de ceux qui n’ont pas de voix.

Au cours des derniers mois, l’esprit de générosité et de solidarité, signes caractéristiques de la société du Bangladesh, a été observé de manière très vive dans son élan humanitaire en faveur des réfugiés arrivés en masse de l’État de Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre. Ce résultat a été obtenu avec beaucoup de sacrifices. Cela a aussi été fait sous les yeux du monde entier. Aucun d’entre nous ne peut manquer d’être conscient de la gravité de la situation, de l’immense coût imposé par les souffrances humaines et les conditions de vie précaires de si nombreux de nos frères et sœurs, dont la majorité sont des femmes et des enfants, rassemblés dans des camps de réfugiés. Il est nécessaire que la communauté internationale mette en œuvre des mesures décisives face à cette grave crise, non seulement en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh dans son effort pour répondre efficacement aux besoins humains urgents.

Bien que ma visite soit principalement destinée à la Communauté catholique du Bangladesh, ma rencontre, demain, à Ramma avec les Responsables œcuméniques et interreligieux sera un moment privilégié. Ensemble nous prierons pour la paix et nous réaffirmerons notre engagement à travailler pour la paix. Le Bangladesh est connu pour l’harmonie qui a traditionnellement existé entre les adeptes de diverses religions. Cette atmosphère de respect mutuel et un climat grandissant de dialogue interreligieux permettent aux croyants d’exprimer librement leurs plus profondes convictions sur la signification et sur le but de la vie. Ainsi ils peuvent contribuer à promouvoir les valeurs spirituelles qui sont la base solide pour une société juste et pacifique. Dans un monde où la religion est souvent –scandaleusement – mal utilisée pour fomenter des divisions, ce genre de témoignage, de son pouvoir de réconciliation et d’union est plus que jamais nécessaire. Celui-ci s’est manifesté d’une manière particulièrement éloquente dans la réaction commune d’indignation qui a suivi la violente attaque terroriste de l’année dernière ici à Dhaka, et dans le message clair envoyé par les autorités religieuses de la nation pour qui le saint nom de Dieu ne peut jamais être invoqué pour justifier la haine et la violence contre les autres êtres humains, nos semblables.

Les catholiques du Bangladesh, bien que relativement peu nombreux, cherchent néanmoins à exercer un rôle constructif dans le développement de la nation, spécialement à travers leurs écoles, leurs cliniques et leurs dispensaires. L’Église apprécie la liberté, dont bénéficie toute la nation, de pratiquer sa propre foi et d’accomplir ses propres œuvres caritatives, dont celle d’offrir aux jeunes, qui représentent l’avenir de la société, une éducation de qualité et un exercice de saines valeurs éthiques et humaines. Dans ses écoles, l’Église cherche à promouvoir une culture de la rencontre qui rendra les élèves capables d’assumer leurs propres responsabilités dans la vie de la société. En effet, la grande majorité des étudiants et bon nombre des enseignants dans ces écoles ne sont pas chrétiens, mais proviennent d’autres traditions religieuses. Je suis sûr que, conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution nationale, la Communauté catholique continuera à jouir de la liberté de poursuivre ces bonnes œuvres comme l’expression de son engagement pour le bien commun.

Monsieur le Président, chers amis,
Je vous remercie de votre attention et je vous assure de ma prière, afin que dans vos nobles

responsabilités vous soyez toujours inspirés par les grands idéaux de justice et de service envers vos concitoyens. J’invoque volontiers sur vous et sur tout le peuple du Bangladesh les bénédictions divines d’harmonie et de paix.

[01796-FR.01] [Texte original: Italien]

Discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles du Myanmar

CNS photo/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le discours du pape François avec les autorités civiles tel que prononcé le mardi 28 novembre 2017:

Monsieur le Président,
Honorables Autorités de l’État et Autorités Civiles, Éminence, chers frères dans l’Épiscopat, Distingués Membres du Corps Diplomatique, Mesdames et Messieurs,

Au début de ma présence au Bangladesh, je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, de votre aimable invitation à visiter cette Nation et de vos courtoises paroles de bienvenue. Je me trouve ici sur les pas de deux de mes Prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II, à prier avec mes frères et sœurs catholiques et à leur offrir un message d’affection et d’encouragement. Le Bangladesh est un jeune État, pourtant il a toujours eu une place spéciale dans le cœur des Papes, qui dès le début ont exprimé leur solidarité avec son peuple, afin de l’aider à dépasser les difficultés initiales, et qui l’ont soutenu dans la tâche exigeante de construction de la Nation et de son développement. Je suis reconnaissant de l’opportunité de m’adresser à cette assemblée qui réunit des hommes et des femmes avec des responsabilités particulières dans l’élaboration de l’avenir de la société du Bangladesh.

Durant mon vol pour arriver ici, je me suis rappelé que le Bangladesh – “Golden Bengal”- est une nation unie par un vaste réseau fluvial et par des voies d’eau, grandes et petites. Cette beauté naturelle est, je crois, emblématique de votre identité particulière comme peuple. Le Bangladesh est une nation qui s’efforce d’atteindre une unité de langage et de culture avec le respect des différentes traditions et communautés, qui coulent comme tant de ruisseaux et viennent enrichir le grand cours de la vie politique et sociale du pays.

Dans le monde d’aujourd’hui, aucune communauté particulière, nation ou État, ne peut survivre et progresser dans l’isolement. En tant que membres de l’unique famille humaine, nous avons besoin les uns des autres et nous sommes dépendants les uns des autres. Le Président, Sheikh Mujibur Rahman, a compris et cherché à incorporer ce principe dans la Constitution nationale. Il a imaginé une société moderne, pluraliste et inclusive, dans laquelle chaque personne et chaque communauté pourrait vivre dans la liberté, la paix et la sécurité, avec le respect de la dignité innée et de l’égalité des droits de tous. L’avenir de cette jeune démocratie et la santé de sa vie politique sont essentiellement liés à la fidélité à cette vision fondatrice. En effet, c’est seulement à travers un dialogue sincère et le respect de la légitime diversité, qu’un peuple peut réconcilier les divisions, dépasser les perspectives unilatérales et reconnaître la valeur des points de vue divergents. Parce que le vrai dialogue est tourné vers l’avenir, celui-ci construit l’unité dans le service du bien commun et il est attentif aux besoins de tous les citoyens, en particulier des pauvres, des défavorisés et de ceux qui n’ont pas de voix.

Au cours des derniers mois, l’esprit de générosité et de solidarité, signes caractéristiques de la société du Bangladesh, a été observé de manière très vive dans son élan humanitaire en faveur des réfugiés arrivés en masse de l’État de Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre. Ce résultat a été obtenu avec beaucoup de sacrifices. Cela a aussi été fait sous les yeux du monde entier. Aucun d’entre nous ne peut manquer d’être conscient de la gravité de la situation, de l’immense coût imposé par les souffrances humaines et les conditions de vie précaires de si nombreux de nos frères et sœurs, dont la majorité sont des femmes et des enfants, rassemblés dans des camps de réfugiés. Il est nécessaire que la communauté internationale mette en œuvre des mesures décisives face à cette grave crise, non seulement en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh dans son effort pour répondre efficacement aux besoins humains urgents.

Bien que ma visite soit principalement destinée à la Communauté catholique du Bangladesh, ma rencontre, demain, à Ramma avec les Responsables œcuméniques et interreligieux sera un moment privilégié. Ensemble nous prierons pour la paix et nous réaffirmerons notre engagement à travailler pour la paix. Le Bangladesh est connu pour l’harmonie qui a traditionnellement existé entre les adeptes de diverses religions. Cette atmosphère de respect mutuel et un climat grandissant de dialogue interreligieux permettent aux croyants d’exprimer librement leurs plus profondes convictions sur la signification et sur le but de la vie. Ainsi ils peuvent contribuer à promouvoir les valeurs spirituelles qui sont la base solide pour une société juste et pacifique. Dans un monde où la religion est souvent –scandaleusement – mal utilisée pour fomenter des divisions, ce genre de témoignage, de son pouvoir de réconciliation et d’union est plus que jamais nécessaire. Celui-ci s’est manifesté d’une manière particulièrement éloquente dans la réaction commune d’indignation qui a suivi la violente attaque terroriste de l’année dernière ici à Dhaka, et dans le message clair envoyé par les autorités religieuses de la nation pour qui le saint nom de Dieu ne peut jamais être invoqué pour justifier la haine et la violence contre les autres êtres humains, nos semblables.

Les catholiques du Bangladesh, bien que relativement peu nombreux, cherchent néanmoins à exercer un rôle constructif dans le développement de la nation, spécialement à travers leurs écoles, leurs cliniques et leurs dispensaires. L’Église apprécie la liberté, dont bénéficie toute la nation, de pratiquer sa propre foi et d’accomplir ses propres œuvres caritatives, dont celle d’offrir aux jeunes, qui représentent l’avenir de la société, une éducation de qualité et un exercice de saines valeurs éthiques et humaines. Dans ses écoles, l’Église cherche à promouvoir une culture de la rencontre qui rendra les élèves capables d’assumer leurs propres responsabilités dans la vie de la société. En effet, la grande majorité des étudiants et bon nombre des enseignants dans ces écoles ne sont pas chrétiens, mais proviennent d’autres traditions religieuses. Je suis sûr que, conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution nationale, la Communauté catholique continuera à jouir de la liberté de poursuivre ces bonnes œuvres comme l’expression de son engagement pour le bien commun.

Monsieur le Président, chers amis,
Je vous remercie de votre attention et je vous assure de ma prière, afin que dans vos nobles

responsabilités vous soyez toujours inspirés par les grands idéaux de justice et de service envers vos concitoyens. J’invoque volontiers sur vous et sur tout le peuple du Bangladesh les bénédictions divines d’harmonie et de paix.

[01796-FR.01] [Texte original: Italien]

Discours du pape François lors de la rencontre avec les évêques du Myanmar

Vous trouverez ci-dessous le texte du discours du pape François lors de la rencontre avec les évêques du Myanmar:

Eminence,
chers frères Evêques,

Cette journée a été, pour nous tous, bien remplie, mais de grande joie! Ce matin nous avons célébré l’Eucharistie avec les fidèles venant de toutes les parties du pays, et dans l’après-midi nous avons rencontré les leaders de la communauté bouddhiste majoritaire. J’aimerais que notre rencontre ce soir soit un moment de sereine gratitude pour ces bénédictions, et de tranquille réflexion sur les joies et sur les défis de votre ministère de Pasteurs du troupeau du Christ dans ce pays. Je remercie Monseigneur Felix [Lian Khen Thang] pour les paroles de salutation qu’il m’a adressées en votre nom; je vous embrasse tous dans le Seigneur avec grande affection.

Je voudrais rassembler mes pensées autour de trois paroles: guérison, accompagnement et prophétie.

La première, guérison. L’Évangile que nous prêchons est surtout un message de guérison, de réconciliation et de paix. Par le sang du Christ sur la croix, Dieu a réconcilié le monde avec lui et il nous a envoyés pour être des messagers de cette grâce qui guérit. Ici, au Myanmar, ce message a une résonnance particulière, étant donné que le pays travaille à vaincre des divisions profondément enracinées et à construire l’unité nationale. Vos troupeaux portent les traces de ce conflit, et ils ont produit de valeureux témoins de la foi et des antiques traditions. Pour vous, la prédication de l’Évangile ne doit donc pas être seulement une source de consolation et de force, mais aussi un appel à favoriser l’unité, la charité et la guérison dans la vie du peuple. L’unité que nous partageons et célébrons naît de la diversité. Elle valorise les différences entre les personnes en tant que source d’enrichissement mutuel et de croissance: elle les invite à se retrouver ensemble, dans une culture de la rencontre et de la solidarité.

Dans votre ministère épiscopal, puissiez-vous faire constamment l’expérience de la conduite et de l’aide du Seigneur dans l’engagement à favoriser la guérison et la communion à tout niveau de la vie de l’Église, de sorte que le saint Peuple de Dieu, par son exemple de pardon et d’amour qui réconcilie, puisse être sel et lumière pour les cœurs qui aspirent à cette paix que le monde ne peut donner. La communauté catholique au Myanmar peut être fière de son témoignage prophétique d’amour pour Dieu et le prochain qui s’exprime dans l’engagement pour les pauvres, pour ceux qui sont privés de droits et surtout, ces temps-ci, pour tant de déplacés qui, pour ainsi dire, gisent blessés au bord de la route. Je vous demande de transmettre mes remerciements à tous ceux qui, comme le bon Samaritain, se dévouent avec générosité pour leur porter, ainsi qu’au prochain dans le besoin, le baume de la guérison, sans tenir compte de la religion ou de l’ethnie.

Votre ministère de guérison trouve une expression particulière dans l’engagement pour le dialogue œcuménique et pour la collaboration interreligieuse. Je prie afin que vos continuels efforts pour construire des ponts de dialogue et pour vous unir aux adeptes d’autres religions en tissant des relations de paix produisent des fruits abondants pour la réconciliation dans la vie du pays. La conférence de paix interreligieuse qui s’est tenue à Yangon le printemps dernier a été un témoignage important, devant le monde, de la détermination des religions à vivre en paix et à rejeter tout acte de violence et de haine perpétré au nom de la religion.

Ma deuxième parole pour vous ce soir est accompagnement. Un bon pasteur est constamment présent à son troupeau, il marche à ses côtés en le conduisant. Comme j’aime le dire, le Pasteur devrait porter l’odeur des brebis. De nos jours, nous sommes appelés à être une “Eglise en sortie” pour porter la lumière du Christ à toute périphérie (cf. Evangelii gaudium, n. 20). En tant qu’Évêques, vos vies et votre ministère sont appelés à se configurer à cet esprit d’engagement missionnaire, surtout par des visites pastorales régulières aux paroisses et aux communautés qui forment vos Églises locales. Ceci est un moyen privilégié pour accompagner, comme des pères aimants, vos prêtres dans leur engagement quotidien à faire grandir le troupeau en sainteté, fidélité et esprit de service.

Par la grâce de Dieu, l’Église au Myanmar a hérité d’une foi solide et d’un fervent souffle missionnaire, grâce à l’œuvre de ceux qui ont porté l’Évangile en cette terre. Sur ces fondements stables, et en communion avec les prêtres et les religieux, continuez à imprégner les laïcs d’un authentique esprit de disciple missionnaire, et à rechercher une sage inculturation du message évangélique dans la vie quotidienne et dans les traditions de vos communautés locales. La contribution des catéchistes est, à cet égard, essentielle. Leur enrichissement par la formation doit rester pour vous une priorité.

Par-dessus tout, je voudrais vous demander un engagement spécial dans l’accompagnement des jeunes. Occupez-vous de leur formation aux sains principes moraux qui les guideront pour affronter les défis d’un monde en changement rapide. Le prochain Synode des Évêques regardera non seulement ces aspects, mais il interpellera directement les jeunes, en écoutant leurs histoires et en les impliquant dans le discernement commun pour une meilleure proclamation de l’Évangile dans les années à venir. Une des grandes bénédictions de l’Église au Myanmar est sa jeunesse et, en particulier, le nombre de séminaristes et de jeunes religieux. Dans l’esprit du Synode, s’il vous plaît, impliquez-les et soutenez-les dans leur parcours de foi, parce qu’ils sont appelés, à travers leur idéalisme et leur enthousiasme, à être des évangélisateurs joyeux et convaincants des jeunes de leur âge.

Ma troisième parole pour vous est prophétie. L’Église au Myanmar témoigne tous les jours de l’Évangile par ses œuvres éducatives et caritatives, sa défense des droits humains, son soutien aux principes démocratiques. Puissiez-vous mettre la communauté catholique dans les conditions de continuer à avoir un rôle constructif dans la vie de la société, en faisant entendre votre voix sur les questions d’intérêt national, particulièrement en insistant sur le respect de la dignité et des droits de tous, et de manière spéciale des plus pauvres et des plus vulnérables. J’ai confiance que la stratégie pastorale quinquennale, que l’Église a mise en œuvre, dans le contexte plus vaste de la construction de l’État, portera des fruits abondants, non seulement pour l’avenir des communautés locales, mais aussi du pays tout entier. Je fais référence spécialement à la nécessité de protéger l’environnement et d’assurer une correcte utilisation des riches ressources naturelles du pays au bénéfice des générations à venir. La garde du don divin de la création ne peut pas être séparée d’une saine écologie humaine et sociale. En effet «La protection authentique de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres» (Laudato si’, n.70).

Chers frères Évêques, je remercie Dieu pour ce moment de communion et je prie pour que le fait d’être ensemble nous renforce dans notre engagement à être des pasteurs fidèles et des serviteurs du troupeau que le Christ nous a confié. Je sais que votre ministère est prenant et que, avec vos prêtres, vous peinez souvent sous «le poids du jour et de la chaleur» (Mt 20, 12). Je vous exhorte à maintenir un équilibre pour votre santé, tant physique que spirituelle, et à penser, paternellement, à la santé de vos prêtres. Surtout, je vous encourage à grandir chaque jour dans la prière et dans l’expérience de l’amour réconciliant de Dieu, car c’est la base de votre identité sacerdotale, la garantie de la solidité de votre prédication et la source de la charité pastorale avec laquelle vous conduisez le Peuple de Dieu sur les sentiers de la sainteté et de la vérité. Avec grande affection j’invoque la grâce du Seigneur sur vous, sur les prêtres, les religieux et sur tous les laïcs de vos Églises locales. Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi.

[01794-FR.01] [Texte original: Italien]

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