Allocution du pape François aux jeunes de Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François telle que prononcée lors de la rencontre avec les jeunes de Lituanie sur la place de la cathédrale de Vilnius (CNS photo/Paul Haring): 

Merci Monique et Jonas, pour votre témoignage! Je l’ai accueilli comme un ami, comme si nous étions assis ensemble, dans un bar, à nous raconter les choses de la vie, en prenant une bière ou une ghira, après avoir été au ‘‘Jaunimo teatras”.

Votre vie, cependant, n’est pas une pièce de théâtre, elle est réelle, concrète, comme celle de chacun d’entre nous qui sommes ici, sur cette belle place située entre ces deux fleuves. Et peut-être que tout cela nous servira à relire vos histoires et à y découvrir le passage de Dieu… Car Dieu passe toujours dans notre vie. Il passe toujours. Et un grand philosophe a dit: “Moi, j’ai peur, quand Dieu passe! Peur de ne pas m’en apercevoir!”.

Comme cette église cathédrale, vous avez fait l’expérience de situations qui vous ont fait crouler, d’incendies dont il semblait que vous vous n’auriez pas pu vous relever. À maintes reprises, ce temple a été dévoré par les flammes, il a été démoli, et cependant il y a toujours eu des gens qui ont décidé de le reconstruire, qui ne se sont pas laissés vaincre par les difficultés, qui n’ont pas baissé les bras. Il y a un beau chant alpin qui dit ainsi: “ Dans l’art de monter, le secret n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester à terre ”. Recommencer toujours de nouveau, et ainsi monter. Comme cette cathédrale. Même la liberté de votre patrie est construite sur ceux qui ne se sont pas laissés abattre par la terreur et par le malheur. La vie, la condition et la mort de ton papa, Monique; ta maladie, Jonas, auraient pu vous abattre… Et cependant, vous êtes ici, pour partager votre expérience avec un regard de foi, en nous faisant découvrir que Dieu vous a donné la grâce de supporter, de vous relever, de continuer à marcher dans la vie.

Et je me demande: comment la grâce de Dieu s’est-elle répandue sur vous? Non à travers l’air, non d’une façon magique, il n’y a pas de baguette magique pour la vie. C’est arrivé par l’intermédiaire de personnes qui ont croisé votre vie, de bonnes gens qui vous ont nourris de leur expérience de foi. Il y a toujours des gens, dans la vie, qui nous donnent la main pour nous aider et nous relever. Monique, ta grand-mère et ta maman, la paroisse franciscaine, ont été pour toi comme la confluence de ces deux fleuves: tout comme le Vilnia s’unit au Neris, tu t’es jointe, tu t’es laissée conduire par ce courant de grâce. Car le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Il nous insère dans un peuple, et notre identité, à la fin, sera l’appartenance à un peuple. Personne ne peut dire: ‘‘Je me sauve tout seul’’, nous sommes tous reliés, nous sommes tous ‘‘en réseaux’’. Dieu a voulu entrer dans cette dynamique de relations et nous attire à lui en communauté, en donnant à notre vie un sens plénier d’identité et d’appartenance (cf. Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 6). Toi aussi, Jonas, tu as trouvé dans les autres, dans ton épouse et dans la promesse faite le jour du mariage, la raison d’aller de l’avant, de lutter, de vivre. Ne permettez pas que le monde vous fasse croire qu’il est mieux de marcher seuls. Seuls on n’arrive jamais. Oui, tu pourras avoir du succès dans la vie, mais sans amour, sans compagnie, sans faire partie d’un peuple, sans cette expérience si belle qui est de risquer ensemble. On ne peut marcher tout seuls. Ne cédez pas à la tentation de vous replier sur vous-mêmes, en vous regardant le nombril, à la tentation de devenir égoïstes ou superficiels devant la souffrance, devant les difficultés ou le succès passager. Affirmons encore une fois que ‘‘ce qui arrive à l’autre, m’arrive aussi’’, allons à contrecourant de cet individualisme qui isole, qui nous fait devenir égocentriques, qui nous fait devenir vaniteux, préoccupés uniquement par notre image et notre propre bien-être. Préoccupés de l’image, du paraître. Elle est triste la vie devant le miroir, elle est triste. Au contraire, elle est belle la vie avec les autres, en famille, avec les amis, avec la lutte de mon peuple… Ainsi la vie est belle!

Nous sommes chrétiens et nous voulons parier sur la sainteté. Pariez sur la sainteté à partir de la rencontre et de la communion avec les autres, attentifs à leurs besoins (cf. ibid, n. 146). Notre vraie identité présuppose l’appartenance à un peuple. Il n’y a pas d’identité ‘‘de laboratoire’’, il n’y en a pas, ni d’identité ‘‘distillée’’, d’identité “pur-sang”: elles n’existent pas. Il y a l’identité du marcher ensemble, du lutter ensemble, d’aimer ensemble. Il y a l’identité d’appartenir à une famille, à un peuple. Il y a l’identité qui te donne l’amour, la tendresse, qui te rend préoccupé des autres… Il y a l’identité qui te donne la force pour lutter et en même temps la tendresse pour caresser. Chacun de nous connaît la beauté et aussi la fatigue, – c’est beau que les jeunes se fatiguent, c’est le signe qu’ils travaillent – et souvent la souffrance d’appartenir à un peuple, vous connaissez cela. Ici s’enracine notre identité, nous ne sommes pas des personnes sans racines. Nous ne sommes pas des personnes sans racines!

Tous deux, vous avez aussi rappelé votre appartenance au chœur, la prière en famille, la Messe, la catéchèse et l’aide aux plus démunis; ce sont des armes que le Seigneur nous donne. La prière et le chant, pour ne pas s’enfermer dans l’immanence de cemonde: en désirant Dieu, vous êtes sortis de vous-mêmes et vous avez pu contempler avec les yeux de Dieu ce qui se passait dans votre cœur (cf. ibid, n. 147); en faisant de la musique, vous vous ouvrez à l’écoute et à l’intériorité, vous vous laissez ainsi toucher dans votre sensibilité et cela est toujours une bonne opportunité pour le discernement (cf. Synode consacré aux jeunes, Instrumentum laboris, n. 162). Certes, la prière peut être une expérience de ‘‘combat spirituel’’, mais c’est là que nous apprenons à écouter l’Esprit, à discerner les signes des temps et à retrouver des forces pour continuer à annoncer l’Evangile aujourd’hui. De quelle autre manière pourrions-nous combattre le découragement face aux difficultés personnelles et à celles des autres, face aux horreurs du monde? Que ferions-nous sans la prière pour ne pas croire que tout dépend de nous, que nous sommes seuls dans ce corps à corps avec les adversités? ‘‘Jésus et moi, majorité absolue’’. Ne l’oubliez pas, cela c’est un saint qui le disait, saint Alberto Hurtado. La rencontre avec lui, avec sa Parole, avec l’Eucharistie, nous rappelle que la force de l’adversaire n’importe pas ; il n’importe pas que le ‘‘Zalgiris Kaunas’’ soit premier ou que ce soit le ‘‘Vilius Rytas’’ [applaudissements, et rires]… A ce sujet, je vous demande: qui est le premier? [rires] Peu importe qui est le premier, le résultat n’importe pas, mais il importe que le Seigneur soit avec nous.

Vous aussi, l’expérience d’aider les autres a été pour vous dans la vie un soutien, découvrir qu’à côté de nous il y a des personnes qui vont mal, et même pire que nous. Monique, tu nous as raconté ton engagement auprès des enfants porteurs de handicap. Voir la fragilité des autres nous plonge dans la réalité, cela nous empêche de vivre en léchant nos blessures. Il est triste de vivre en nous lamentant, c’est triste, Il est triste de vivre en léchant nos blessures! Que de jeunes partent de leur pays par manque d’opportunités! Combien sont victimes de la dépression, de l’alcool et des drogues! Vous le savez bien. Que de personnes âgées sont seules, sans quelqu’un avec qui partager le présent et craignant que le passé ne revienne. Vous, les jeunes, vous pouvez répondre à ces défis par votre présence et par la rencontre entre vous et avec les autres. Jésus nous invite à sortir de nous-mêmes, à risquer le ‘‘face à face’’ avec les autres. Il est vrai que croire en Jésus implique bien des fois faire un saut de foi dans le vide, et cela fait peur. D’autres fois, cela nous conduit à nous remettre en cause, à sortir de nos schémas, et cela peut nous faire souffrir et nous soumettre à la tentation du découragement. Mais, soyez courageux! Suivre Jésus est une aventure passionnante qui remplit de sens notre vie, qui nous fait sentir que nous sommes membres d’une communauté qui nous encourage, d’une communauté qui nous accompagne, qui nous engage au service. Chers jeunes, cela vaut la peine de suivre le Christ, cela vaut la peine! N’ayons pas peur de participer à la révolution à laquelle il nous invite: la révolution de la tendresse (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 88).

Si la vie était une pièce de théâtre ou un jeu vidéo, elle serait limitée dans un temps précis, entre un début et une fin où tombe le rideau ou bien quelqu’un gagne la partie. Mais la vie se mesure avec d’autres temps, pas avec le temps du théâtre ou du jeu vidéo, la vie se joue dans des temps en relation avec le cœur de Dieu; parfois, on avance, d’autres fois on recule, on essaie et on cherche des routes, on les change. L’indécision semble naître de la peur que tombe le rideau, ou que le chronomètre nous laisse hors de la partie, dans l’impossibilité de monter d’un cran au jeu. Au contraire, la vie est toujours un parcours, la vie est un chemin, elle n’est pas arrêtée; la vie est toujours un parcours à la recherche de la direction juste, sans peur de retourner en arrière si je me suis trompé. La chose la plus dangereuse, c’est de confondre le chemin avec un labyrinthe: ce fait de tourner en rond dans la vie, sur soi-même, sans prendre la route qui conduit en avant. S’il vous plaît, ne soyez pas des jeunes du labyrinthe dont il est difficile de sortir, mais des jeunes en chemin. Aucun labyrinthe: en chemin!

N’ayez pas peur de vous décider pour Jésus, d’embrasser sa cause, celle de l’Évangile, de l’humanité, des êtres humains. En effet, il ne descendra jamais de la barque de votre vie, il sera toujours au carrefour de nos routes, il ne cessera jamais de nous reconstituer, même si parfois nous nous évertuons à nous démolir. Jésus nous fait don de temps longs et généreux, où il y a de la place pour les échecs, où personne n’a besoin d’émigrer, parce qu’il y a de la place pour tous. Beaucoup voudront occuper vos cœurs, infester les champs de vos aspirations par l’ivraie, mais à la fin, si nous offrons notre vie au Seigneur, le bon grain l’emporte toujours. Votre témoignage, Monique et Jonas, parlait de la grand-mère, de la maman… Je voudrais vous dire – et je finis par cela, soyez tranquilles! – je voudrais vous dire de ne pas oublier les racines de votre peuple. Pensez au passé, parlez avec les plus vieux: ce n’est pas ennuyeux de parler avec les personnes âgées. Allez chercher les personnes âgées et faites-vous raconter les racines de votre peuple, les joies, les souffrances, les valeurs. Ainsi, en puisant dans ses racines, vous ferez avancer votre peuple, l’histoire de votre peuple pour un fruit plus grand. Chers jeunes, si vous voulez un peuple grand, libre, prenez dans les racines sa mémoire et faites-le avancer. Merci beaucoup!

[01432-FR.02] [Texte original: Italien]

Église en sortie 21 septembre 2018

Cette semaine à Église en sortie, on parle des communications dans l’Église à l’heure de la révolution médiatique avec Mme Érika Jacinto, directrice des communications de l’archidiocèse de Montréal. On vous présente un reportage sur le lancement de l’année pastorale de l’archidiocèse de Montréal à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec qui il s’entretient de sa vision pastorale ainsi que du tournant missionnaire voulu par le pape François.

La famille: une priorité pour l’Église

CNS/L’Osservatore Romano

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la vision ecclésiale de la famille comme « ciment de la société » manifeste, non seulement, son rôle irremplaçable pour toute société mais également les coûts humains et sociaux qu’entraîne sa détérioration. Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour aider les familles à réaliser pleinement ce qu’elles sont appelées à être ? C’est l’un des thèmes abordés par le pape François lors de son allocution au Stade Croke Park de Dublin pour la Rencontre Mondiale des familles. En effet, pour le Saint-Père, « L’Église est la famille des enfants de Dieu […] parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême ». Le baptême peut donc être considéré comme une nouvelle naissance et l’élargissement de notre propre cercle familial.

Naissance dans l’Esprit

Pour le pape François, il est important « d’encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible » puisqu’il « est nécessaire d’inviter chacun à la fête, même le petit enfant ! ». Le thème de la « fête » est récurrent dans la pensée du Saint-Père. Pour lui, il est nécessaire d’inviter la communauté entière à se réjouir des réussites et des joies des membres de l’Église. Cela fait même partie de sa définition d’une « Église en sortie » (no24). Une Église cohérente avec le Mystère qu’elle porte, n’attend donc pas avant d’accueillir ses enfants.

« de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle. »

Un autre argument convainc le pape François de « baptiser rapidement » les enfants. Il s’explique : « Faisons une comparaison : un enfant sans le Baptême, parce que les parents disent : « Non, quand il sera grand » ; et un enfant avec le Baptême, avec l’Esprit Saint en lui : celui-là est plus fort parce qu’il a en lui la force de Dieu ! ». Privé volontairement un enfant du don que Dieu désire ardemment lui transmettre équivaut à l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement. Ainsi, de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle.

La force d’une relation indestructible

Qu’elle est donc cette nouvelle force reçue au baptême et quels en sont les effets sur la vie concrète du baptisé ? Pour le pape François, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (No 49). Nous pourrions facilement écrire plusieurs traités tant la densité du contenu de cette expression est riche. Je ne m’attarderai qu’à en souligner deux grands traits.

D’abord, puisque le baptême fait de nous des enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, il imprime en nous un caractère nouveau et indélébile. De la même manière que la famille dans laquelle nous naissons a un impact sur notre vie, la relation vitale avec Dieu créée par l’action du baptême sur notre âme influence l’ensemble de notre existence. Cette amitié a la caractéristique d’être indestructible et indéfectible, à condition que nous ne coupions pas les ponts. Ainsi, comme nous pouvons être certains de l’appui et de la consolation de notre famille, nous pouvons être assurés de la Présence constante de Dieu dans notre vie.

« Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? »

Cette nouvelle relation ne fait pas que nous soutenir lorsque nous tombons, elle nous éclaire et ouvre un horizon indépassable pour notre vie. De fait, nous faisons constamment l’expérience de notre insatisfaction permanente des réalités de ce monde. Nourriture, divertissement, connaissances, succès, technologies, etc., ces réalités ne peuvent satisfaire ce qui apparaît comme un manque insatiable. Ce désir présent en toute personne provient de notre nature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? Ne leur demandons donc pas l’impossible et adressons-nous plutôt au seul Être capable de nous assouvir c’est-à-dire Dieu. C’est ce que le baptême nous offre quelques semaines après notre naissance.

Le baptême : expérience inépuisable

Nos sociétés sont de plus en plus fragmentées et les personnes de moins en moins capables de s’engager dans des relations durables. Or le remède adapté à la situation nous est confié. En nous laissant transformer par la grâce divine présente dans le baptême et les invitations à l’engagement charitable, nos communautés ont tout ce qu’il faut pour offrir à nos contemporains, la famille dont ils ont toujours rêvé. Cherchons donc à nous réjouir de ce cadeau comme une vraie famille et invitons toute personne à recevoir ce don gratuit. Notre société entière ne manquera pas de profiter de cet apport non négligeable.

Vidéo des intentions du pape François pour le mois de septembre 2018: les jeunes d’Afrique

Septembre 2018. La Vidéo du Pape:

« L’Afrique est un continent avec un potentiel énorme. Ses jeunes représentent son avenir. Un avenir splendide s’il s‘accompagne de l’éducation et de possibilités de travail. “ L’Afrique est un continent riche, et la richesse la plus grande, la plus précieuse de l’Afrique, ce sont les jeunes. Ils doivent choisir entre ou se laisser vaincre par la difficulté ou transformer la difficulté en opportunité. Le chemin le plus efficace pour les aider dans ce choix c’est d’investir dans l’éducation. Si un jeune n’a pas accès à l’éducation, quel avenir aura-t-il? Prions pour que les jeunes du continent africain aient accès à l’éducation et au travail dans leur propre pays. “

Si vous souhaitez voir d’autres vidéos du Pape, connectez-vous au site http://www.lavideodupape.org et http://www.prieraucoeurdumonde.net/

Avec la collaboration de Vatican Media (http://www.vaticannews.va/fr.html)

Projet et réalisation http://www.lamachi.com.

L’Évangile de la famille pour une Église en crise

CNS/Paul Haring

Du 22 au 26 août avait lieu la 9e Rencontre des Familles à Dublin en Irlande. Durant trois jours, se sont succédés conférences, panels et prières centrés sur le thème « L’Évangile de la famille : joie pour le monde ». Le clou de cette rencontre internationale fut la visite du pape François en Irlande et où il a pu participer au Festival des Familles et célébrer une Messe à Phoenix Park comme l’avait fait avant lui le saint pape Jean-Paul II en 1979. Même si les circonstances n’étaient pas favorables à la diffusion médiatique de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, je crois que cette Rencontre mondiale des familles de Dublin a su tout de même montrer au monde la fierté des catholiques du monde entier envers le Pape et le trésor de la foi qu’ils portent en leur cœur. Cependant, j’aimerais commencer mon analyse de cette 9e édition de la RMF par une réflexion sur le choix d’angle de couverture que nous avons choisi en tant que média catholique.

Un contexte très complexe

L’environnement médiatique entourant cet événement d’envergure a bien entendu été gravement obscurci par les scandales d’abus sexuels survenus aux États-Unis, en Irlande ainsi qu’en de nombreux pays. En effet, les révélations entourant l’ancien cardinal McCarrick, celles du Pensilvania Grand Jury Report et la plaie ouverte que représente l’histoire récente en Irlande prédestinaient cette Rencontre Mondiale des Famille à un flop monumental. Ce ne fut cependant pas le cas puisque quelque 37 000 personnes ont participé au Congrès tandis que la visite du Pape a, elle, permis de franchir une nouvelle étape dans les relations entre le peuple irlandais et l’Église dans un horizon de réconciliation.

Combattre le cléricalisme

De notre côté à Sel et Lumière, nous avons choisi d’offrir une couverture en accord avec l’objectif de la Rencontre Mondiale des familles telle que la voulait son saint fondateur c’est-à-dire de « renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». Selon la Constitution dogmatique du Concile Vatican II Lumen Gentium, « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. » (No 10). En ce sens, concentrer le traitement médiatique de l’Église sur les abus sexuels d’une minorité du clergé revient à encourager le cléricalisme puisqu’elle met de côté la vaste majorité du peuple de Dieu. Au contraire, offrir une couverture médiatique centrée sur la beauté de la vie familiale aujourd’hui signifie aussi refuser le prisme réducteur hérité du cléricalisme.

Une couverture au service du Peuple de Dieu

Comme le disait le pape François dans une lettre adressée au Cardinal Marc Ouellet : « Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique ». En ce sens, bien que ce contexte de crise ait, sans contredit, éclipsé l’annonce de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, le père Thomas Rosica, Matteo Cioffi, moi-même et l’ensemble de l’équipe de Sel et Lumière avons travaillé intensément à vous transmettre et manifester la réalité telle qu’elle s’est vécue sur le terrain, au-delà du prisme réducteur de la crise institutionnelle de l’Église. Que ce soit par les dizaines d’entrevues avec des couples et des responsables de l’Église, nos blogues ou la diffusion des différentes étapes du voyage du pape François, nous avons tenté de vous présenter une perspective centrée sur les défis propres et le rôle de la foi dans des familles catholiques aujourd’hui. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de revisiter ensemble les différents gestes et discours du pape François en Irlande. D’ici-là, je vous invite à revoir et consulter l’ensemble de notre couverture de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 de Dublin.

Couverture spéciale S+L: Rencontre Mondiale des Familles -Dublin 2018-

CNS photo/Paul Haring

Du 21 au 26 août prochains, se tiendra à Dublin la 9e édition de la Rencontre Mondiale des familles. Mise sur pied par le saint pape Jean-Paul II en 1994, l’événement a pour but de « contribuer à renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». C’est donc par la prière, des catéchèses et des célébrations que les participants provenant des quatre coins de la planète pourront se rassembler auprès du saint Père pour, à la fois remercier Dieu du don de la famille et  réfléchir sur les différents défis auxquels font face les familles constituant le Peuple de Dieu de ce début de XXIe siècle. Le thème de la rencontre de cette année, « L’Évangile de la famille : joie pour le monde », se déploiera en deux grandes parties. Dans un premier temps, se tiendra un congrès de trois jours où se succéderont catéchèses, conférences et tables rondes de spécialiste et hauts responsables de l’Église sur différents sujets liés à la famille et la foi catholique. Le point d’orgue de la semaine sera certainement la visite du pape François en Irlande.

Un congrès aux couleurs d’Amoris Laetitia

La théologie de la famille du pape François telle qu’exprimée dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia est d’une extraordinaire richesse. Long d’environ 120 pages,  ce document a évidemment besoin d’être approfondi et discuté. C’est pourquoi des spécialistes des questions reliées à la famille s’exprimeront sur les différentes dimensions de cette entité que l’on appelle « l’église domestique ».  Par exemple, le cardinal Christoph Schönborn offrira une catéchèse sur la question du comment « célébrer la famille dans la tradition judéo-chrétienne ». Des personnalités de chez-nous seront également présentes. C’est le cas de l’archevêque de Québec, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix qui présentera une conférence intitulée « Regard sur Jésus : présenter l’engagement du mariage comme chemin de joie pour notre temps ».

Sur trois jours, j’ose croire que l’ensemble des participants auront donc tous les éléments nécessaires pour faire la promotion de la famille et de la joie de porter ces profonds enseignements dans la vie quotidienne, une fois de retour à la maison. Toutefois, les personnes qui, pour une raison ou pour un autre, ne peuvent se rendre à Dublin, pourront suivre l’événement de l’intérieur puisque Sel et Lumière sera sur place afin de vous faire vivre la RMF 2018 dans le confort de votre foyer. Vous pourrez, par l’entremise de mes reportages quotidiens, approfondir votre connaissance de la réalité des familles catholiques aujourd’hui. Ainsi, les 22, 23 et 24 août prochains, restez l’écoute de S+L pour tout savoir sur cet événement incontournable de la vie de l’Église universelle.

Une visite très attendue

Il est clair que l’annonce de la venue du pape François à la Rencontre Mondiale des Familles fut accueillie avec grand enthousiasme par les organisateurs et le peuple catholique d’Irlande. Pour bien comprendre l’importance de cette visite apostolique nous devons tenir compte du contexte actuel en Irlande.

En effet, depuis la crise des abus sexuels du clergé qui ont gravement touché l’île gaélique, l’Église ne tient plus le rôle central qu’elle a pu jouer à travers son histoire. Son attractivité et sa crédibilité étant grandement affaiblies, il sera intéressant de voir à quel point la visite du pape François aura un impact positif de réconciliation entre l’Église et la société irlandaise dans son ensemble. Un deuxième élément à surveiller est lié à la récente légalisation de l’avortement suite à un référendum. Ayant mis sur pied ce référendum et étant ouvertement en faveur de cette légalisation, le gouvernement actuel d’Irlande a donc, à l’heure actuelle, sur la famille et les questions dites « sociétales » des points de vue en opposition directe avec l’Église. Il sera donc intéressant de suivre les échanges du pape avec les autorités civiles et politiques irlandaises.

La visite du pape François ne sera toutefois pas que diplomatique. De fait, la raison principale de sa présence est sa participation à la Rencontre Mondiale des Familles 2018. Comme ce fut le cas à Philadelphie, lors de la précédente édition de l’événement, le pape participera au « Festival des familles » le samedi soir. On se souvient encore de la magnifique prise de parole qu’il avait eu devant des milliers de personnes réunies pour entendre une allocution presque humoristique ! Suivant une visite au Sanctuaire de Knock le dimanche matin, le Saint-Père présidera la Messe de clôture de la Rencontre Mondiale des Familles « qui regroupera des personnes et des familles venues du monde entier, en action de grâce et en communion. La Messe marquera la conclusion de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 à Dublin, et le prochain diocèse hôte de l’événement, en collaboration avec le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, sera alors annoncé ». Vous pourrez évidemment visionner l’intégralité des moments forts de cette visite du pape François en Irlande sur nos ondes.

La famille un enjeu pour l’Église et pour le monde

Que ce soit par la qualité des intervenants du congrès, la richesse des témoignages ou la profondeur spirituelle qui s’en dégagera pour le monde entier, cette édition de la Rencontre Mondiale des familles s’inscrira très certainement comme une édition incontournable de l’histoire de cet événement mondial. Comme c’est notre habitude depuis notre création, il y a maintenant quinze ans, Sel et Lumière sera de la partie. Pour tout savoir sur notre couverture consultez notre site web ou notre page Facebook et Twitter. À très bientôt !

Instrumentum Laboris: chemin de créativité pour l’action pastorale de l’Église

CNS photo/Vatican Media

Le 8 mai dernier, l’Église publiait l’Instrumentum Laboris du Synode à venir portant sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». D’une soixantaine de pages, ce document a pour but de guider les réflexions et les discussions des pères synodaux lors de la rencontre d’octobre prochain. Divisé en trois parties et s’inspirant d’une panoplie de sources (dont le pré-synode des jeunes), ce texte explore à la fois la réalité concrète des jeunes d’aujourd’hui, la foi, le discernement ainsi que les choix propres à cette étape de la vie. Nous parcourrons ces trois parties dans les prochaines semaines. Ce texte étant de par sa nature, universel, je m’attarderai surtout aux éléments concernant davantage la jeunesse occidentale.

Dans son ensemble, la première partie offre une description de ce en quoi consiste être jeune aujourd’hui. Partant des caractéristiques objectives qui constituent de tout temps cette étape de la vie que l’on nomme « jeunesse », il contient de nombreux éléments pour réfléchir aux beautés et aux défis que représente le fait d’être jeune au XXIe siècle.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous sommes invités, dans un premier temps, à considérer plusieurs caractéristiques objectives de cette étape de la vie et, dans un deuxième temps, à voir ses conditions de réalisation à l’heure actuelle. Ainsi, l’Instrumentum Laboris montre les chemins de créativité pour l’action pastorale de l’Église.

La liberté au service du développement

On souligne d’abord le fait que la jeunesse est une étape du développement de la personne humaine; une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte où se construisent tout particulièrement des éléments comme l’identité (no 16), les compétences professionnelles (no 154), les talents, la créativité (no 27), la capacité d’aimer (no 79), le sens critique (no 75), etc. Toutefois, la jeunesse de notre époque semble traiter cette étape d’une manière très particulière. En effet, on note d’abord que « la transition à l’âge adulte est devenue un chemin long, complexe et non linéaire, où alternent des pas en avant et des pas en arrière » (no 16) tout en soulignant la « demande d’espaces croissants de liberté, d’autonomie et d’expression (no 8).

Faire le pont entre la volonté de développement personnel inhérente à la jeunesse sans que soient perçus les choix nécessaires à cette évolution comme étant des atteintes à la liberté de chaque personne, voilà un nœud où l’Église peut manifester toute sa pertinence. En effet, « la joie de l’Évangile fait grandir le désir ; non seulement cultiver ses rêves, mais aussi franchir des pas concrets en intégrant les contraintes de la vie » (no 125).

Des chercheurs de sens

Une deuxième caractéristique des jeunes de tout temps est leur ardeur à chercher la vérité. De fait « les jeunes sont de grands chercheurs de sens et tout ce qui rejoint leur quête de sens pour donner de la valeur à leur vie suscite leur attention et motive leurs efforts (no 7). De cet élément fondamental découle, par exemple, l’importance qu’ils accordent à toutes les formes d’art (no 38) ainsi qu’une insatisfaction croissante « par rapport à une vision du monde purement immanente, véhiculée par le consumérisme et par le réductionnisme scientiste » (no 63). Devant l’immensité des possibilités qu’offre notre monde ultra connecté, on peut comprendre l’émergence de « la déprime et l’ennui » (no 35) croissant chez les jeunes pour qui disponibilité rime avec indifférence et apathie. Comme on dit « trop de choix c’est comme pas assez ».

Dans ce contexte, l’Église est en mesure d’offrir une verticalité de laquelle émerge une hiérarchie de priorités. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent donc être très sensibles aux propositions de l’Évangile. Le besoin que l’on ressent fortement chez les jeunes religieux d’une « exigence de radicalité́ est forte » (no 72) en est un exemple. Comment l’Église peut-elle offrir ce sain encadrement qui, respectant les exigences de la liberté, offre le repère essentiel pour faire des choix éclairés ? Voilà une question à laquelle le Synode pourra offrir des éléments de réponse.

Des modèles pour une vie réussie

Une troisième caractéristique de la jeunesse est celle d’être « le moment d’un saut qualitatif, au niveau de l’implication personnelle, dans les relations et les engagements, et de la capacité d’intériorité et de solitude » (no 18). Or, cette évolution représente souvent un saut vers l’inconnu, une période mouvementée où semble indispensable la présence de « modèles » (no 21) permettant au jeune de concevoir positivement pour lui-même ce qu’il n’est pas encore. Or, notre société faillit trop souvent à fournir ces mêmes modèles si essentiels à la formation de la personnalité. Par exemple, on peut concevoir les conséquences dramatiques du fait de « l’absence de leadership fiable, à différents niveaux et dans le domaine civil aussi bien qu’ecclésial » (no 59) ainsi que « la figure paternelle dont l’absence ou l’évanescence dans certains contextes, en particulier occidentaux, produit ambiguïtés et vides ». Comme l’affirme le document, « le point problématique est alors la liquidation de l’âge adulte, qui est la vraie marque de l’univers culturel occidental. Il ne nous manque pas seulement des adultes dans la foi, il nous manque des adultes “tout court” » (no 14).

Nul doit être surpris de la culture de l’isolement et de « l’entre-soi » qui fait que « malgré le fait de vivre dans un monde hyper-connecté, la communication entre les jeunes se limite aux personnes qui leur ressemblent » (no 56-58). Faute de modèles à la hauteur de leurs attentes, les jeunes se regroupent souvent entre eux, empêchant ainsi tout « saut qualitatif » par effet de stagnation. Dans ce contexte, l’Église doit offrir à la jeunesse les modèles dont elle a plus que jamais besoin. Les saints passés, présents et à venir doivent et l’appel universel à la sainteté fera donc assurément l’objet de discussions lors du Synode.

Changement d’époque, changement de paradigme

Le monde vit actuellement de profondes transformations. Étrangement, la société actuelle ressemble, en de nombreux points, à la jeunesse elle-même. Tout comme la jeunesse, notre culture n’est, par elle-même, ni en mesure de réconcilier la liberté avec les choix essentiels au plein épanouissement humain, ni en mesure de donner du sens à la vie, à la souffrance en lui donnant son horizon vertical, ni en mesure d’offrir les modèles nécessaires au déploiement du potentiel présent en chaque jeune.

L’Église doit donc prendre ses responsabilités en devenant elle-même le lieu de tous les épanouissements. Alors que l’époque même dans laquelle nous vivons peut être qualifiée « d’ère de la jeunesse », ces jeunes peuvent s’engager avec l’Institution ecclésiale dans une relation de collaboration réciproque. Pendant que l’une recevra les instruments pour gagner en maturité, l’autre pourra, grâce aux talents et à la fougue de la jeunesse, passer au travers de notre époque de transition sans y avoir perdu trop de plume.

La semaine prochaine, nous poursuivrons notre analyse de l’Instrumentum Laboris en explorant la réalité de la foi et du discernement vocationnel.

Le désert fleurira

En canot, après avoir navigué une partie de la Rivière Rouge, les trois archevêques du Manitoba débarquent sur le quai Taché le 15 juillet 2018. Mgr Albert LeGatt, archevêque de Saint Boniface, Mgr Richard Gagnon, archevêque de Winnipeg, et Mgr Murray Chatlain, archevêque de Keewatin-Le Pas, arrivent vêtus de leur soutane noire et ceints d’une ceinture fléchée. Des hommes et des femmes en costume d’époque les accueillent sur le quai. Dans les escaliers, séparant le quai et l’avenue Taché, des centaines de membres de la communauté catholique de Saint Boniface et des environs, sont rassemblés. Au son du tambour, les évêques prennent part à une cérémonie traditionnelle autochtone de purification, signe d’une relation qui continue de grandir entre l’Église et les Premières Nations dans cette partie du pays.

La scène nous renvoie 200 ans plus tôt, lorsque le père Joseph-Norbert Provencher, le père Sévère-Joseph-Nicolas Dumoulin et un jeune séminariste débarquent, eux aussi, le 16 juillet 1818, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Ces trois missionnaires sont accueillis par Alexander MacDonell, gouverneur de la colonie de la Rivière Rouge. Ils sont là pour établir la première mission catholique, qui deviendrait le berceau de l’Église dans le nord et l’ouest du Canada avec, au début, un territoire qui s’étendrait du nord-ouest de l’Ontario jusqu’aux rocheuses canadiennes.

La reconstitution historique qui a eu lieu 200 ans plus tard, un dimanche matin ensoleillé sur le bord de la rivière Rouge, était donc l’un des moments forts des célébrations qui ont marqué le bicentenaire de l’Église catholique dans le nord-ouest canadien. Du 13 au 15 juillet, l’archidiocèse a organisé, en plus de cette reconstitution, un service de prière oecuménique, une conférence sur l’héritage spirituelle des pionniers de la mission dans l’ouest, une Messe solennelle devant les ruines de l’ancienne cathédrale de Saint-Boniface, un festival familial multiculturel et un concert avec des artistes de renommée. Le pape François a même nommé le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, comme son représentant officiel au jubilé.

C’était l’occasion de se rappeler les deux siècles d’histoire partagée des diverses communautés qui font partie du tissu catholique du nord-ouest canadien aujourd’hui, une histoire évidemment marquée par des périodes de lumière mais aussi par des périodes de noirceur. Dans son homélie, lors de la Messe du dimanche, le cardinal Lacroix a souligné que les célébrations pointent vers « 200 ans de présence de disciples du Christ et de leurs réalisations ». En effet, les réalisations sont nombreuses. Après l’arrivée des missionnaires Provencher, Dumoulin et compagnons, d’autres prêtres et des religieuses débarquent à Saint-Boniface pour ouvrir des églises, des couvents et des pensionnats, des écoles et des hôpitaux. Ces religieux et religieuses ont permis à la foi catholique de s’enraciner à travers tout le territoire.

C’est à la même époque de cet essor missionnaire qu’on ouvre aussi les portes des écoles résidentielles. La réalité de ces écoles est encore fraîche et fait partie de l’histoire plus sombre du catholicisme dans le pays. Les évêques du nord-ouest canadien s’en rendent compte et reconnaissent que pour continuer à évangéliser dans la vérité, il faut non seulement se réconcilier avec ce passé, mais aussi « parfaire les relations communautaires dans l’harmonie, le respect et la justice », a indiqué le primat du Canada pendant la Messe à Saint-Boniface. « Il suffit de mesurer le chemin à parcourir pour que la réconciliation guérisse les blessures du passé et rassemble tous les croyants ». En tant qu’envoyé spécial du Saint Père, le cardinal Lacroix a de plus réaffirmé la proximité du Pape François « alors que se déroule le processus de guérison, de réconciliation et de recherche d’harmonie » au Canada.

Mgr LeGatt, l’hôte des célébrations à Saint-Boniface, rappelle que la réconciliation est nécessaire pour le salut du monde car, Dieu le Père, dans son amour, a voulu réconcilier toute l’humanité en Lui, à travers son Fils Jésus. L’histoire de l’humanité a toujours été pénétrée par des périodes de grandes divisions et de grandes douleurs. Elles ont été surmontées grâce au dialogue entrepris par des hommes et des femmes audacieux.

Le cardinal Lacroix a insisté sur l’« urgence » d’un nouvel élan missionnaire aujourd’hui. Il a énuméré les énormes défis encore à relever: le « déficit d’espérance chez un grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes », le scandale des familles qui souffrent « parce qu’elles ne trouvent pas leur place au sein d’une communauté », les enfants qui ont « faim et soif de pain et d’affection », ceux et celles qui peinent « pour échapper un tant soit peu à la misère », ou les « victimes de ségrégation et d’ostracisme ». Pour y arriver, il a invité tous les fidèles à cette même audace des premiers missionnaires.

C’est avec ce coup d’envoi que se sont terminées les grandes célébrations du bicentenaire en juillet. Le désert fleurira, le renouveau spirituel dans le nord-ouest du Canada arrivera, grâce à ceux et celles qui, poussés par l’Esprit Saint, oseront sortir de leur zone de confort pour faire connaître l’amour du Christ Jésus. « Va, tu seras prophète pour mon peuple du Manitoba, de la Saskatchewan, d’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ».

L’équipe Sel + Lumière était sur place pendant les célébrations. Tous les événements ont été diffusé EN DIRECT sur nos ondes et en ligne. Vous pouvez revoir l’horaire de rediffusion ici. Jetez aussi un coup d’oeil aux capsules vidéos qui retracent d’autres moments clés de la semaine.

Vidéo du Pape août 2018: La famille, un trésor

Vous trouverez ci-dessus la vidéo des intentions de prières du pape François pour le mois d’août 2018: La famille, un trésor:

La Vidéo du Pape: aucune famille n’est parfaite. L’amour est exigeant, bien qu’il n’y ait pas de plus grande joie. Il y a beaucoup de façons de se rapprocher de l’idéal de la famille chrétienne (cf. “Amoris laetitia” 32-57). Mais elles ont toutes en commun le respect de l’autre et l’amour durable, des valeurs qui les transforment en un trésor à protéger.

« L’image d’un trésor me vient très souvent à l’esprit pour parler des familles. Le rythme actuel de la vie, le stress, la pression du travail mais aussi le manque d’attention des institutions peut les mettre en danger. C’est pourquoi elles ont besoin de l’aide des institutions publiques et des entreprises. Parler de leur importance ne suffit plus : il faut promouvoir des mesures concrètes et favoriser leur rôle dans la société par une bonne politique familiale.

Demandons ensemble à Jésus que les décisions économiques et politiques protègent les familles comme trésor de l’humanité. » Si vous souhaitez voir d’autres vidéos du Pape, connectez-vous au site http://www.lavideodupape.org et http://www.prieraucoeurdumonde.net/ Avec la collaboration de Vatican Media (http://www.vaticannews.va/fr.html) Projet et réalisation http://www.lamachi.com.

Déclaration de la CECC à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ

photo:CNS

Vous trouverez ci-dessous le texte de la Déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ:

« JE SUIS VENU POUR QU’ILS AIENT LA VIE, LA VIE EN ABONDANCE. » (Jean 10,10)

Nous célébrons cette année le 50e anniversaire d’Humanæ Vitæ, l’encyclique du bienheureux pape Paul VI sur le don de la vie humaine. Bien que plusieurs personnes aient mal interprété le message de ce document, en le réduisant à un « non » à la contraception, nous réa irmons que le message d’Humanæ Vitæ est un « oui » retentissant à la vie en plénitude que promet Jésus Christ (Jean 10,10).

Créés pour l’amour

Humanæ Vitæ enseigne que nous sommes créés à l’image de Dieu, que nous sommes appelés à refléter l’amour de Dieu dans le monde, en aimant comme lui, d’une manière libre, totale, fidèle et féconde, avec notre corps. C’est là une immense responsabilité. L’amour que nous porte Jésus nous permet de mieux comprendre comment l’amour conjugal, dans ce que saint Jean-Paul II appelait le langage du corps, est appelé à être l’image de l’amour de Dieu : un amour pour toute la vie, exclusif et prêt à s’étendre au-delà du couple, jusqu’à donner la vie. Voilà pourquoi le Christ s’engage avec les époux dans le sacrement du mariage. Il sera toujours présent pour leur donner la force de son amour infini. Dans la prière, l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation, les époux trouveront jour après jour la grâce de grandir dans l’amour à travers les défis du quotidien.

Le mariage, image de l’amour du christ pour nous

Le mariage chrétien reflète l’amour de Jésus qui donne sa vie pour nous. Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul écrit : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » (Ép 5,31-32). Par son incarnation, sa mort et sa résurrection, Jésus s’est uni à son Épouse, l’Église, et les deux sont devenus « une seule chair ». Dans l’Eucharistie, le don qu’il a fait de lui-même sur la croix devient présence réelle afin que nous puissions faire, dans nos corps, l’expérience du don qu’il a fait de lui-même. Le Christ est l’Époux et nous sommes son Épouse. Lorsque nous recevons la communion, nous accueillons ce don et nous y participons intimement. C’est seulement unis au Christ que nous sommes rendus capables de faire le don total de nous-mêmes auquel nous sommes appelés.

Tout mariage chrétien est donc appelé à être l’image de ce don du Christ à son peuple. Puisque la sexualité est incluse dans ce qui fait que nous sommes à l’image de Dieu, elle doit contribuer, elle aussi, à refléter l’amour de Dieu. En fait, chaque expression d’amour au cœur du mariage est censée être une image de l’amour de Dieu, y compris l’expression suprême du mariage – la relation sexuelle.

Dans Amoris Lætitia (no 68), le pape François fait l’éloge de l’enseignement d’Humanæ Vitæ sur le mariage et la famille, qui met en lumière « le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie ». C’est dire que, dans le mariage, chaque relation sexuelle est appelée à traduire un amour libre (sans contraintes), total (le don entier de soi), fidèle (loyal à l’époux ou à l’épouse) et fécond (prêt à donner la vie et propice à l’enrichissement spirituel du couple). Toute autre attitude défigure la beauté du langage que Dieu a inscrit dans nos corps. A aiblir ou fausser ce langage modifie la manière dont chacun des conjoints fait l’expérience de l’amour; en pareil cas, la relation sexuelle n’incarne pas pleinement l’amour véritable. Même s’ils sont bien intentionnés, les actes sexuels qui ne traduisent pas un tel amour nuisent à notre quête d’amour. Il devient alors plus di icile de bâtir un amour vrai et durable (voir Humanæ Vitæ, nos 12, 14).

En deçà de l’image

L’enseignement de l’Église sur la sexualité nous rappelle que nous sommes tous et toutes faits pour l’amour, mais pas pour n’importe quelle conception de l’amour. Nous sommes faits pour un amour infini, exactement le même amour qui a mené Jésus à o rir librement sa vie sur la croix pour nous. Il n’y a que son amour infini pour combler les aspirations les plus profondes de nos cœurs. Aussi l’enseignement de l’Église ne cherche pas à réprimer nos désirs sexuels ou à s’assurer que chacun de nous soit frustré et connaisse une vie ennuyeuse. Bien au contraire. L’Église nous montre que le mariage est le lieu qui permet à la sexualité de s’exprimer et de s’actualiser pleinement.

Pour reprendre les mots du bienheureux Paul VI, « un acte d’amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l’Auteur de la vie. Par conséquent, utiliser ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté » (Humanæ Vitæ, no 13).

Fidélité et ouverture à la vie

Puisque l’amour conjugal est appelé à refléter la fécondité de l’amour de Dieu, lorsque les époux se donnent totalement l’un à l’autre, ils grandissent dans la communion, ils s’ouvrent à la bénédiction de la fertilité et leur amour reflète l’amour de Dieu pour nous. Ainsi voient-ils leur relation renforcée et approfondie dans une véritable communion – « commune union » – l’un avec l’autre. À l’opposé, la décision de modifier à dessein la relation sexuelle de manière à la rendre stérile (en recourant, par exemple, à des contraceptifs ou à la stérilisation) revient à falsifier le langage de la sexualité. De la sorte, nous imposons manifestement des limites au don de nous-mêmes, tout en nous donnant l’illusion d’un don complet.

De nombreux couples mariés adoptent des méthodes fondées sur la connaissance de leur fécondité, soit pour surmonter leur infertilité, soit pour une planification familiale responsable. Parce que ces méthodes ne changent en rien le langage des rapports sexuels, elles aident les couples à grandir dans l’amour l’un pour l’autre et pour Dieu. Fondées sur les connaissances scientifiques actuelles de la fertilité, elles sont appelées « méthodes naturelles de planification des naissances ». Elles permettent aux parents de planifier leur famille tout en respectant pleinement leur amour et leur dignité (voir Humanæ Vitæ, no 16). la joie de l’amour conjugal

En tant qu’évêques catholiques, nous avons la responsabilité d’enseigner la vérité sur Dieu et sur le projet qu’il a pour nous, dont la sexualité et le mariage font partie. Nous invitons tous les catholiques à relire, étudier et méditer l’encyclique importante qu’est Humanæ Vitæ, et à redécouvrir les vérités admirables qu’elle contient. La vérité de l’amour conjugal – telle que proposée dans Humanæ Vitæ et, par la suite, élaborée dans la théologie du corps de saint Jean-Paul II, et dans Amoris Lætitia du pape François – n’est pas toujours facile à vivre en pratique.

« [L]e bienheureux Paul VI, dans le sillage du Concile Vatican II, a approfondi la doctrine sur le mariage et sur la famille. En particulier, par l’Encyclique Humanæ Vitæ, il a mis en lumière le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie : “L’amour conjugal exige donc des époux une conscience de leur mission de « paternité responsable », sur laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd’hui, et qui doit, elle aussi, être exactement comprise. […]. Un exercice responsable de la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs”… » (Amoris Lætitia, no 68, citant Humanæ Vitæ, 10).

Les couples mariés ne peuvent vivre cette vérité que renferme Humanæ Vitæ qu’avec la grâce de Dieu, notre Père aimant, qui, avec son Fils Jésus, nous en donne la force par la puissance de l’Esprit Saint. Oui, le mariage est une noble vocation. Puissent tous les couples mariés, fidèles à la grâce du baptême et aux vœux de leur mariage, vivre et goûter la joie de l’amour conjugal tel qu’il est enseigné dans Humanæ Vitæ et être ainsi des signes de la présence aimante de Dieu dans le monde.

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