Comment affirmer le droit de la religion d’intervenir sur la place publique?
Le document sur la liberté religieuse publié par la Conférence des Évêques catholiques du Canada nous donne plusieurs pistes de réponses à cette question. D’abord, la CECC énonce clairement les dangers qui menacent ce droit inaliénable dans notre société d’aujourd’hui. En effet, la CECC critique ouvertement l’attitude des laïcistes radicaux, présents dans notre société, et qui tentent de limiter « toute expression de croyance religieuse » stipulant qu’elle « doit être reléguée dans la sphère privée : ils cherchent donc à priver la religion de la moindre influence sur la société » (no12).
Il n’est pas rare d’entendre aujourd’hui certaines personnes demander aux chrétiens de ne pas interférer dans les affaires de l’État sous prétexte que les croyances ne doivent pas être imposées à tous. Cet argument serait valable si les institutions publiques étaient utilisées à des fins de prosélytisme. Ce qui est rarement le cas. Retrancher de la place publique toute référence à la transcendance, et a fortiori, à une tradition religieuse qui a forgé l’identité d’une nation, n’est pas l’équivalent d’une neutralité religieuse. C’est trop souvent plutôt l’affirmation d’un système de croyance bien défini : l’athéisme et l’agnosticisme. En effet, « contraindre les croyants à garder pour eux leurs convictions tandis que les athées et les agnostiques ne sont soumis à aucune restriction de cette nature, c’est en fait une forme d’intolérance religieuse » (no12). Pourquoi l’absence de symboles religieux dans les lieux publics ne fait-elle pas l’objet de critique comme étant une imposition du système religieux athée et agnostique ? Ne pas avoir de crucifix sur un mur ou dans un endroit qui en comportait un auparavant, n’est-il pas la victoire d’une religion sur une autre ? L’absence de référence à Dieu n’est-elle pas le dogme d’un système particulier de croyance, en l’occurrence l’athéisme ?
Face à ce danger qu’est « la prédominance culturelle d’un laïcisme radical et d’un « relativisme subliminal qui pénètre tous les domaines de la vie -Benoît XVI- » (no8), les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté sont appelés à entreprendre des actions afin de réaffirmer le droit de tous les croyants, peu importe la religion, à intervenir dans l’espace public au nom même de leur croyance et, ce, dans les limites du bien commun.
Une piste de solution en ce sens se trouve dans la capacité qu’ont les chrétiens d’émettre leur opinion dans les médias. En effet, les nouvelles technologies permettent à tous les citoyens de prendre la parole et d’avoir un certain auditoire. Facebook est un outil précieux que chaque citoyen peut utiliser pour échanger et partager son point de vue. Un autre moyen que peuvent utiliser les citoyens chrétiens afin de « jouer leur rôle dans la formulation des politiques publiques et apporter leur contribution à la société en mettant leur foi en pratique au quotidien » (no5) se trouve dans des initiatives de formation «d’apologétique médiatique ». Ces initiatives consistent en une formation, donnée par des professionnels, qui permet aux chrétiens d’apprendre comment bien défendre et proposer le message de l’Église dans les médias. Cette idée a été mise de l’avant déjà aux États-Unis ainsi que dans plusieurs pays d’Europe. Un exemple inspirant est celui du Royaume-Uni. En effet, l’organisme Catholic voices (www.catholicvoices.org.uk) s’est donné pour but, avant la visite du Pape en 2010, d’être des porte-parole éloquents de fidèles catholiques ayant leur foi à cœur et, surtout, voulant la partager de manière « claire, raisonnable, humaine, succincte et percutante » dans les débats publics, en entrevues, etc. Sans être des porte-parole officiels de l’Église, ces croyants engagés sont un véritable témoignage de la vérité et de la possibilité de vivre la vie chrétienne telle que proposée par l’Enseignement de l’Église.
La semaine prochaine nous examinerons d’autres façons de réaffirmer cette liberté fondamentale que les évêques nous pressent de mettre en pratique.
Photo: courtoisie de Marsana.