Allocution du pape François aux jeunes de Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François telle que prononcée lors de la rencontre avec les jeunes de Lituanie sur la place de la cathédrale de Vilnius (CNS photo/Paul Haring): 

Merci Monique et Jonas, pour votre témoignage! Je l’ai accueilli comme un ami, comme si nous étions assis ensemble, dans un bar, à nous raconter les choses de la vie, en prenant une bière ou une ghira, après avoir été au ‘‘Jaunimo teatras”.

Votre vie, cependant, n’est pas une pièce de théâtre, elle est réelle, concrète, comme celle de chacun d’entre nous qui sommes ici, sur cette belle place située entre ces deux fleuves. Et peut-être que tout cela nous servira à relire vos histoires et à y découvrir le passage de Dieu… Car Dieu passe toujours dans notre vie. Il passe toujours. Et un grand philosophe a dit: “Moi, j’ai peur, quand Dieu passe! Peur de ne pas m’en apercevoir!”.

Comme cette église cathédrale, vous avez fait l’expérience de situations qui vous ont fait crouler, d’incendies dont il semblait que vous vous n’auriez pas pu vous relever. À maintes reprises, ce temple a été dévoré par les flammes, il a été démoli, et cependant il y a toujours eu des gens qui ont décidé de le reconstruire, qui ne se sont pas laissés vaincre par les difficultés, qui n’ont pas baissé les bras. Il y a un beau chant alpin qui dit ainsi: “ Dans l’art de monter, le secret n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester à terre ”. Recommencer toujours de nouveau, et ainsi monter. Comme cette cathédrale. Même la liberté de votre patrie est construite sur ceux qui ne se sont pas laissés abattre par la terreur et par le malheur. La vie, la condition et la mort de ton papa, Monique; ta maladie, Jonas, auraient pu vous abattre… Et cependant, vous êtes ici, pour partager votre expérience avec un regard de foi, en nous faisant découvrir que Dieu vous a donné la grâce de supporter, de vous relever, de continuer à marcher dans la vie.

Et je me demande: comment la grâce de Dieu s’est-elle répandue sur vous? Non à travers l’air, non d’une façon magique, il n’y a pas de baguette magique pour la vie. C’est arrivé par l’intermédiaire de personnes qui ont croisé votre vie, de bonnes gens qui vous ont nourris de leur expérience de foi. Il y a toujours des gens, dans la vie, qui nous donnent la main pour nous aider et nous relever. Monique, ta grand-mère et ta maman, la paroisse franciscaine, ont été pour toi comme la confluence de ces deux fleuves: tout comme le Vilnia s’unit au Neris, tu t’es jointe, tu t’es laissée conduire par ce courant de grâce. Car le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Il nous insère dans un peuple, et notre identité, à la fin, sera l’appartenance à un peuple. Personne ne peut dire: ‘‘Je me sauve tout seul’’, nous sommes tous reliés, nous sommes tous ‘‘en réseaux’’. Dieu a voulu entrer dans cette dynamique de relations et nous attire à lui en communauté, en donnant à notre vie un sens plénier d’identité et d’appartenance (cf. Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 6). Toi aussi, Jonas, tu as trouvé dans les autres, dans ton épouse et dans la promesse faite le jour du mariage, la raison d’aller de l’avant, de lutter, de vivre. Ne permettez pas que le monde vous fasse croire qu’il est mieux de marcher seuls. Seuls on n’arrive jamais. Oui, tu pourras avoir du succès dans la vie, mais sans amour, sans compagnie, sans faire partie d’un peuple, sans cette expérience si belle qui est de risquer ensemble. On ne peut marcher tout seuls. Ne cédez pas à la tentation de vous replier sur vous-mêmes, en vous regardant le nombril, à la tentation de devenir égoïstes ou superficiels devant la souffrance, devant les difficultés ou le succès passager. Affirmons encore une fois que ‘‘ce qui arrive à l’autre, m’arrive aussi’’, allons à contrecourant de cet individualisme qui isole, qui nous fait devenir égocentriques, qui nous fait devenir vaniteux, préoccupés uniquement par notre image et notre propre bien-être. Préoccupés de l’image, du paraître. Elle est triste la vie devant le miroir, elle est triste. Au contraire, elle est belle la vie avec les autres, en famille, avec les amis, avec la lutte de mon peuple… Ainsi la vie est belle!

Nous sommes chrétiens et nous voulons parier sur la sainteté. Pariez sur la sainteté à partir de la rencontre et de la communion avec les autres, attentifs à leurs besoins (cf. ibid, n. 146). Notre vraie identité présuppose l’appartenance à un peuple. Il n’y a pas d’identité ‘‘de laboratoire’’, il n’y en a pas, ni d’identité ‘‘distillée’’, d’identité “pur-sang”: elles n’existent pas. Il y a l’identité du marcher ensemble, du lutter ensemble, d’aimer ensemble. Il y a l’identité d’appartenir à une famille, à un peuple. Il y a l’identité qui te donne l’amour, la tendresse, qui te rend préoccupé des autres… Il y a l’identité qui te donne la force pour lutter et en même temps la tendresse pour caresser. Chacun de nous connaît la beauté et aussi la fatigue, – c’est beau que les jeunes se fatiguent, c’est le signe qu’ils travaillent – et souvent la souffrance d’appartenir à un peuple, vous connaissez cela. Ici s’enracine notre identité, nous ne sommes pas des personnes sans racines. Nous ne sommes pas des personnes sans racines!

Tous deux, vous avez aussi rappelé votre appartenance au chœur, la prière en famille, la Messe, la catéchèse et l’aide aux plus démunis; ce sont des armes que le Seigneur nous donne. La prière et le chant, pour ne pas s’enfermer dans l’immanence de cemonde: en désirant Dieu, vous êtes sortis de vous-mêmes et vous avez pu contempler avec les yeux de Dieu ce qui se passait dans votre cœur (cf. ibid, n. 147); en faisant de la musique, vous vous ouvrez à l’écoute et à l’intériorité, vous vous laissez ainsi toucher dans votre sensibilité et cela est toujours une bonne opportunité pour le discernement (cf. Synode consacré aux jeunes, Instrumentum laboris, n. 162). Certes, la prière peut être une expérience de ‘‘combat spirituel’’, mais c’est là que nous apprenons à écouter l’Esprit, à discerner les signes des temps et à retrouver des forces pour continuer à annoncer l’Evangile aujourd’hui. De quelle autre manière pourrions-nous combattre le découragement face aux difficultés personnelles et à celles des autres, face aux horreurs du monde? Que ferions-nous sans la prière pour ne pas croire que tout dépend de nous, que nous sommes seuls dans ce corps à corps avec les adversités? ‘‘Jésus et moi, majorité absolue’’. Ne l’oubliez pas, cela c’est un saint qui le disait, saint Alberto Hurtado. La rencontre avec lui, avec sa Parole, avec l’Eucharistie, nous rappelle que la force de l’adversaire n’importe pas ; il n’importe pas que le ‘‘Zalgiris Kaunas’’ soit premier ou que ce soit le ‘‘Vilius Rytas’’ [applaudissements, et rires]… A ce sujet, je vous demande: qui est le premier? [rires] Peu importe qui est le premier, le résultat n’importe pas, mais il importe que le Seigneur soit avec nous.

Vous aussi, l’expérience d’aider les autres a été pour vous dans la vie un soutien, découvrir qu’à côté de nous il y a des personnes qui vont mal, et même pire que nous. Monique, tu nous as raconté ton engagement auprès des enfants porteurs de handicap. Voir la fragilité des autres nous plonge dans la réalité, cela nous empêche de vivre en léchant nos blessures. Il est triste de vivre en nous lamentant, c’est triste, Il est triste de vivre en léchant nos blessures! Que de jeunes partent de leur pays par manque d’opportunités! Combien sont victimes de la dépression, de l’alcool et des drogues! Vous le savez bien. Que de personnes âgées sont seules, sans quelqu’un avec qui partager le présent et craignant que le passé ne revienne. Vous, les jeunes, vous pouvez répondre à ces défis par votre présence et par la rencontre entre vous et avec les autres. Jésus nous invite à sortir de nous-mêmes, à risquer le ‘‘face à face’’ avec les autres. Il est vrai que croire en Jésus implique bien des fois faire un saut de foi dans le vide, et cela fait peur. D’autres fois, cela nous conduit à nous remettre en cause, à sortir de nos schémas, et cela peut nous faire souffrir et nous soumettre à la tentation du découragement. Mais, soyez courageux! Suivre Jésus est une aventure passionnante qui remplit de sens notre vie, qui nous fait sentir que nous sommes membres d’une communauté qui nous encourage, d’une communauté qui nous accompagne, qui nous engage au service. Chers jeunes, cela vaut la peine de suivre le Christ, cela vaut la peine! N’ayons pas peur de participer à la révolution à laquelle il nous invite: la révolution de la tendresse (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 88).

Si la vie était une pièce de théâtre ou un jeu vidéo, elle serait limitée dans un temps précis, entre un début et une fin où tombe le rideau ou bien quelqu’un gagne la partie. Mais la vie se mesure avec d’autres temps, pas avec le temps du théâtre ou du jeu vidéo, la vie se joue dans des temps en relation avec le cœur de Dieu; parfois, on avance, d’autres fois on recule, on essaie et on cherche des routes, on les change. L’indécision semble naître de la peur que tombe le rideau, ou que le chronomètre nous laisse hors de la partie, dans l’impossibilité de monter d’un cran au jeu. Au contraire, la vie est toujours un parcours, la vie est un chemin, elle n’est pas arrêtée; la vie est toujours un parcours à la recherche de la direction juste, sans peur de retourner en arrière si je me suis trompé. La chose la plus dangereuse, c’est de confondre le chemin avec un labyrinthe: ce fait de tourner en rond dans la vie, sur soi-même, sans prendre la route qui conduit en avant. S’il vous plaît, ne soyez pas des jeunes du labyrinthe dont il est difficile de sortir, mais des jeunes en chemin. Aucun labyrinthe: en chemin!

N’ayez pas peur de vous décider pour Jésus, d’embrasser sa cause, celle de l’Évangile, de l’humanité, des êtres humains. En effet, il ne descendra jamais de la barque de votre vie, il sera toujours au carrefour de nos routes, il ne cessera jamais de nous reconstituer, même si parfois nous nous évertuons à nous démolir. Jésus nous fait don de temps longs et généreux, où il y a de la place pour les échecs, où personne n’a besoin d’émigrer, parce qu’il y a de la place pour tous. Beaucoup voudront occuper vos cœurs, infester les champs de vos aspirations par l’ivraie, mais à la fin, si nous offrons notre vie au Seigneur, le bon grain l’emporte toujours. Votre témoignage, Monique et Jonas, parlait de la grand-mère, de la maman… Je voudrais vous dire – et je finis par cela, soyez tranquilles! – je voudrais vous dire de ne pas oublier les racines de votre peuple. Pensez au passé, parlez avec les plus vieux: ce n’est pas ennuyeux de parler avec les personnes âgées. Allez chercher les personnes âgées et faites-vous raconter les racines de votre peuple, les joies, les souffrances, les valeurs. Ainsi, en puisant dans ses racines, vous ferez avancer votre peuple, l’histoire de votre peuple pour un fruit plus grand. Chers jeunes, si vous voulez un peuple grand, libre, prenez dans les racines sa mémoire et faites-le avancer. Merci beaucoup!

[01432-FR.02] [Texte original: Italien]

Église en sortie 21 septembre 2018

Cette semaine à Église en sortie, on parle des communications dans l’Église à l’heure de la révolution médiatique avec Mme Érika Jacinto, directrice des communications de l’archidiocèse de Montréal. On vous présente un reportage sur le lancement de l’année pastorale de l’archidiocèse de Montréal à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec qui il s’entretient de sa vision pastorale ainsi que du tournant missionnaire voulu par le pape François.

La famille: une priorité pour l’Église

CNS/L’Osservatore Romano

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la vision ecclésiale de la famille comme « ciment de la société » manifeste, non seulement, son rôle irremplaçable pour toute société mais également les coûts humains et sociaux qu’entraîne sa détérioration. Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour aider les familles à réaliser pleinement ce qu’elles sont appelées à être ? C’est l’un des thèmes abordés par le pape François lors de son allocution au Stade Croke Park de Dublin pour la Rencontre Mondiale des familles. En effet, pour le Saint-Père, « L’Église est la famille des enfants de Dieu […] parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême ». Le baptême peut donc être considéré comme une nouvelle naissance et l’élargissement de notre propre cercle familial.

Naissance dans l’Esprit

Pour le pape François, il est important « d’encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible » puisqu’il « est nécessaire d’inviter chacun à la fête, même le petit enfant ! ». Le thème de la « fête » est récurrent dans la pensée du Saint-Père. Pour lui, il est nécessaire d’inviter la communauté entière à se réjouir des réussites et des joies des membres de l’Église. Cela fait même partie de sa définition d’une « Église en sortie » (no24). Une Église cohérente avec le Mystère qu’elle porte, n’attend donc pas avant d’accueillir ses enfants.

« de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle. »

Un autre argument convainc le pape François de « baptiser rapidement » les enfants. Il s’explique : « Faisons une comparaison : un enfant sans le Baptême, parce que les parents disent : « Non, quand il sera grand » ; et un enfant avec le Baptême, avec l’Esprit Saint en lui : celui-là est plus fort parce qu’il a en lui la force de Dieu ! ». Privé volontairement un enfant du don que Dieu désire ardemment lui transmettre équivaut à l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement. Ainsi, de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle.

La force d’une relation indestructible

Qu’elle est donc cette nouvelle force reçue au baptême et quels en sont les effets sur la vie concrète du baptisé ? Pour le pape François, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (No 49). Nous pourrions facilement écrire plusieurs traités tant la densité du contenu de cette expression est riche. Je ne m’attarderai qu’à en souligner deux grands traits.

D’abord, puisque le baptême fait de nous des enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, il imprime en nous un caractère nouveau et indélébile. De la même manière que la famille dans laquelle nous naissons a un impact sur notre vie, la relation vitale avec Dieu créée par l’action du baptême sur notre âme influence l’ensemble de notre existence. Cette amitié a la caractéristique d’être indestructible et indéfectible, à condition que nous ne coupions pas les ponts. Ainsi, comme nous pouvons être certains de l’appui et de la consolation de notre famille, nous pouvons être assurés de la Présence constante de Dieu dans notre vie.

« Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? »

Cette nouvelle relation ne fait pas que nous soutenir lorsque nous tombons, elle nous éclaire et ouvre un horizon indépassable pour notre vie. De fait, nous faisons constamment l’expérience de notre insatisfaction permanente des réalités de ce monde. Nourriture, divertissement, connaissances, succès, technologies, etc., ces réalités ne peuvent satisfaire ce qui apparaît comme un manque insatiable. Ce désir présent en toute personne provient de notre nature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? Ne leur demandons donc pas l’impossible et adressons-nous plutôt au seul Être capable de nous assouvir c’est-à-dire Dieu. C’est ce que le baptême nous offre quelques semaines après notre naissance.

Le baptême : expérience inépuisable

Nos sociétés sont de plus en plus fragmentées et les personnes de moins en moins capables de s’engager dans des relations durables. Or le remède adapté à la situation nous est confié. En nous laissant transformer par la grâce divine présente dans le baptême et les invitations à l’engagement charitable, nos communautés ont tout ce qu’il faut pour offrir à nos contemporains, la famille dont ils ont toujours rêvé. Cherchons donc à nous réjouir de ce cadeau comme une vraie famille et invitons toute personne à recevoir ce don gratuit. Notre société entière ne manquera pas de profiter de cet apport non négligeable.

Vidéo des intentions du pape François pour le mois de septembre 2018: les jeunes d’Afrique

Septembre 2018. La Vidéo du Pape:

« L’Afrique est un continent avec un potentiel énorme. Ses jeunes représentent son avenir. Un avenir splendide s’il s‘accompagne de l’éducation et de possibilités de travail. “ L’Afrique est un continent riche, et la richesse la plus grande, la plus précieuse de l’Afrique, ce sont les jeunes. Ils doivent choisir entre ou se laisser vaincre par la difficulté ou transformer la difficulté en opportunité. Le chemin le plus efficace pour les aider dans ce choix c’est d’investir dans l’éducation. Si un jeune n’a pas accès à l’éducation, quel avenir aura-t-il? Prions pour que les jeunes du continent africain aient accès à l’éducation et au travail dans leur propre pays. “

Si vous souhaitez voir d’autres vidéos du Pape, connectez-vous au site http://www.lavideodupape.org et http://www.prieraucoeurdumonde.net/

Avec la collaboration de Vatican Media (http://www.vaticannews.va/fr.html)

Projet et réalisation http://www.lamachi.com.

L’Évangile de la famille pour une Église en crise

CNS/Paul Haring

Du 22 au 26 août avait lieu la 9e Rencontre des Familles à Dublin en Irlande. Durant trois jours, se sont succédés conférences, panels et prières centrés sur le thème « L’Évangile de la famille : joie pour le monde ». Le clou de cette rencontre internationale fut la visite du pape François en Irlande et où il a pu participer au Festival des Familles et célébrer une Messe à Phoenix Park comme l’avait fait avant lui le saint pape Jean-Paul II en 1979. Même si les circonstances n’étaient pas favorables à la diffusion médiatique de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, je crois que cette Rencontre mondiale des familles de Dublin a su tout de même montrer au monde la fierté des catholiques du monde entier envers le Pape et le trésor de la foi qu’ils portent en leur cœur. Cependant, j’aimerais commencer mon analyse de cette 9e édition de la RMF par une réflexion sur le choix d’angle de couverture que nous avons choisi en tant que média catholique.

Un contexte très complexe

L’environnement médiatique entourant cet événement d’envergure a bien entendu été gravement obscurci par les scandales d’abus sexuels survenus aux États-Unis, en Irlande ainsi qu’en de nombreux pays. En effet, les révélations entourant l’ancien cardinal McCarrick, celles du Pensilvania Grand Jury Report et la plaie ouverte que représente l’histoire récente en Irlande prédestinaient cette Rencontre Mondiale des Famille à un flop monumental. Ce ne fut cependant pas le cas puisque quelque 37 000 personnes ont participé au Congrès tandis que la visite du Pape a, elle, permis de franchir une nouvelle étape dans les relations entre le peuple irlandais et l’Église dans un horizon de réconciliation.

Combattre le cléricalisme

De notre côté à Sel et Lumière, nous avons choisi d’offrir une couverture en accord avec l’objectif de la Rencontre Mondiale des familles telle que la voulait son saint fondateur c’est-à-dire de « renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». Selon la Constitution dogmatique du Concile Vatican II Lumen Gentium, « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. » (No 10). En ce sens, concentrer le traitement médiatique de l’Église sur les abus sexuels d’une minorité du clergé revient à encourager le cléricalisme puisqu’elle met de côté la vaste majorité du peuple de Dieu. Au contraire, offrir une couverture médiatique centrée sur la beauté de la vie familiale aujourd’hui signifie aussi refuser le prisme réducteur hérité du cléricalisme.

Une couverture au service du Peuple de Dieu

Comme le disait le pape François dans une lettre adressée au Cardinal Marc Ouellet : « Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique ». En ce sens, bien que ce contexte de crise ait, sans contredit, éclipsé l’annonce de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, le père Thomas Rosica, Matteo Cioffi, moi-même et l’ensemble de l’équipe de Sel et Lumière avons travaillé intensément à vous transmettre et manifester la réalité telle qu’elle s’est vécue sur le terrain, au-delà du prisme réducteur de la crise institutionnelle de l’Église. Que ce soit par les dizaines d’entrevues avec des couples et des responsables de l’Église, nos blogues ou la diffusion des différentes étapes du voyage du pape François, nous avons tenté de vous présenter une perspective centrée sur les défis propres et le rôle de la foi dans des familles catholiques aujourd’hui. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de revisiter ensemble les différents gestes et discours du pape François en Irlande. D’ici-là, je vous invite à revoir et consulter l’ensemble de notre couverture de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 de Dublin.

Trois ordinations diaconales pour l’archidiocèse de Montréal au Grand Séminaire de Montréal

En EXCLUSIVITÉ sur les ondes de Sel et Lumière, voyez la télédiffusion en direct de l’ordination diaconale de trois séminaristes pour l’Archidiocèse de Montréal le vendredi 31 août à 19h30. Cette cérémonie sera célébrée à la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal et sera présidée par S.Exc. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal en présence du nouveau recteur M. Guy Guindon PSS et son équipe, des directeurs de vocations et de nombreux prêtres, diacres, fidèles du diocèse, parents et amis/es des ordonnés. L’animation de cette ordination est confiée aux communautés paroissiales qui ont accueilli les trois séminaristes durant leurs stages pastoraux aux quatre coins de l’Archidiocèse de Montréal et à des séminaristes étudiants au Grand Séminaire de Montréal. Durant la célébration, Bruno Cloutier, Pascal Cyr et Emanuel Zetino seront ordonnés diacres en vue de devenir prêtres. Tous trois ont effectué leurs études et leur formation au Grand Séminaire de Montréal.

Veuillez noter que cette Messe sera également disponible en direct sur la chaîne web (TV S+L En Direct) de Sel et Lumière dès 19h30. Un rendez-vous à ne pas manquer! Vous trouverez au lien suivant le rituel de la Messe.

 

 

Vidéo du Pape août 2018: La famille, un trésor

Vous trouverez ci-dessus la vidéo des intentions de prières du pape François pour le mois d’août 2018: La famille, un trésor:

La Vidéo du Pape: aucune famille n’est parfaite. L’amour est exigeant, bien qu’il n’y ait pas de plus grande joie. Il y a beaucoup de façons de se rapprocher de l’idéal de la famille chrétienne (cf. “Amoris laetitia” 32-57). Mais elles ont toutes en commun le respect de l’autre et l’amour durable, des valeurs qui les transforment en un trésor à protéger.

« L’image d’un trésor me vient très souvent à l’esprit pour parler des familles. Le rythme actuel de la vie, le stress, la pression du travail mais aussi le manque d’attention des institutions peut les mettre en danger. C’est pourquoi elles ont besoin de l’aide des institutions publiques et des entreprises. Parler de leur importance ne suffit plus : il faut promouvoir des mesures concrètes et favoriser leur rôle dans la société par une bonne politique familiale.

Demandons ensemble à Jésus que les décisions économiques et politiques protègent les familles comme trésor de l’humanité. » Si vous souhaitez voir d’autres vidéos du Pape, connectez-vous au site http://www.lavideodupape.org et http://www.prieraucoeurdumonde.net/ Avec la collaboration de Vatican Media (http://www.vaticannews.va/fr.html) Projet et réalisation http://www.lamachi.com.

Pour une Église sur le terrain de jeu

CNS photo/Christian Hartmann, Reuters

Le 1er juin dernier, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie publiait un document sur le phénomène du sport. Intitulé « Donner le meilleur de soi-même », ce texte (malheureusement pas disponible en français) se veut une réflexion sur l’histoire, la pertinence, les enjeux et la place de l’Église au sein de cette réalité multiforme et multi-dimensionnelle qu’est le sport. À l’heure où la frénésie de la Coupe du monde de soccer tire à sa fin, il me semble opportun de réfléchir avec l’Église sur l’état du sport en 2018.

Le sport au-delà de lui-même

Avant même de parler de la nature du sport, on est frappé par l’importance qu’une telle activité peut avoir sur la vie des gens. En effet, au moment même où toutes les convictions, institutions et appartenances sont remises en question, l’attachement au sport et la valeur qu’on y attache semble gagner de la vigueur. De plus, le sport semble être l’arène d’enjeux dépassant de loin la sphère stricte du jeu. Par exemple, la plus récente controverse lancée par l’animateur américain Trevor Noah sur l’identité africaine des joueurs de l’équipe de France et la réponse de l’ambassadeur français aux États-Unis manifeste, qu’aujourd’hui, le sport représente beaucoup plus qu’un simple jeu. Enfin, sa portée universelle et sa dimension commerciale font du sport, et plus que jamais, un objet digne de la réflexion de l’Église.

De l’importance du sport dans les sociétés contemporaines, découle une plus grande responsabilité de la part des différents acteurs du milieu. En effet, l’essence même du sport ainsi que sa croissante popularité font qu’il « est souvent instrumentalisé à des fins politiques, commerciales ou idéologiques » (no2.1). En ce temps d’instabilité et de transition globale, la dimension éthique du sport est d’autant plus importante que sa survie elle-même semble dépendre d’une redécouverte des bienfaits et vertus nécessaires à sa réalisation.

Qu’est-ce donc que le sport ?

Offrant une définition non exhaustive, ce document présente le sport comme étant « une activité physique en mouvement, individuelle ou en groupe, à caractère ludique et compétitif, codifié à travers un système de règles et générant une prestation de confrontation d’égale opportunité entre pairs » (no 2.2).  Corps en mouvement, jeu, règles, compétition et justice semblent être les cinq composantes fondamentales du sport. Fondé sur le présupposé de « la collaboration et l’accord sur les règles constitutives » (no 3.2), la dimension éthique du sport apparaît ainsi dans toute sa nécessité.

Une école de maturité

La moralité de toute action sportive authentique n’est pas seulement importante au niveau philosophique, elle se manifeste comme un outil non seulement de croissance des différents acteurs mais également d’amélioration de la performance et de la qualité du jeu lui-même. En effet, du fait que « les règles aident à comprendre que la justice n’est pas quelque chose de purement subjectif, mais qu’elle a également une dimension objective » (no 3.2), on peut comprendre que le jeu est une véritable école de vertu où l’on expérimente à la première personne le lien intrinsèque entre liberté et responsabilité;  où l’on apprend que loin d’être une prison, le respect des règles nous rend au contraire « plus libre et créatif » (no 3.2).

Enfin, le sport aide chacune des personnes impliquées à « surmonter l’égoïsme » (3.3) et à se mettre au service de l’intérêt commun de l’équipe. En effet, plus grande est la syntonie des personnes à la quête de la victoire dans une équipe, plus grandes sont ses chances de gagner. De plus, grande est la déception des supporteurs lorsqu’un équipier joue pour lui-même, cherchant sa gloire personnelle avant celle de l’équipe. Comme le dit le pape François : « Non à l’individualisme ! Ne jouez pas pour vous-mêmes. Dans mon pays, lorsqu’un joueur fait cela on dit : « mais celui-là est en train de manger le ballon! ». Non à cet individualisme : ne mangez pas le ballon … » (no 3.3). Ainsi, l’exercice des vertus de loyauté, de tempérance, de sacrifice (no 3.4), d’audace, de vaillance, de courage (no 3.7) d’honnêteté (no3.7) et de solidarité (no 3.9) semble être non seulement les conditions sine qua pour exceller dans un sport mais également pour la qualité du « spectacle » offert.

Une joute : une vie en miniature

Un dernier élément de ce riche document que j’aimerais souligner est le fait que le sport illustre dans un ordre ludique, les différentes étapes importantes d’une vie humaine. Du fait qu’elle comporte un début et une fin, un effort pour atteindre un objectif, des relations de collaboration, des règles et des opposants, une partie de sport nous permet de concevoir d’un simple coup d’œil l’ensemble des réalités qui composent chacune de nos vies. En ce sens, nous comprenons pourquoi est erronée l’opinion selon laquelle la dimension spirituelle ne devrait pas pénétrer la réalité du sport. En effet, citant le théologien Hans Urs von Balthasar, le document souligne que « la capacité esthétique de l’être humain est également une caractéristique décisive qui stimule la recherche du sens ultime de l’existence » (no 3.10) . Ainsi, de par sa participation à l’expérience esthétique, le sport est un lieu privilégié où peut apparaître la dimension religieuse d’une personne. D’où l’importance pour l’Église d’être et d’avoir une présence effective et concrète dans tous les milieux sportifs.

Que ce soit par la place grandissante du phénomène sportif dans la vie sociale, sa capacité à faire appel aux forces positives présentes en chaque être humain ou par son ouverture connaturelle à la vie spirituelle, le sport doit être au centre des préoccupations des chrétiens et des autorités ecclésiales. Je vous invite à découvrir ce texte parsemé de profondes réflexions historiques, anthropologiques, spirituelles et pastorales pouvant nous encourager à, nous-même, faire davantage de sport. Comme on dit, un esprit sain dans un corps sain!

Déclaration de la CECC à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ

photo:CNS

Vous trouverez ci-dessous le texte de la Déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ:

« JE SUIS VENU POUR QU’ILS AIENT LA VIE, LA VIE EN ABONDANCE. » (Jean 10,10)

Nous célébrons cette année le 50e anniversaire d’Humanæ Vitæ, l’encyclique du bienheureux pape Paul VI sur le don de la vie humaine. Bien que plusieurs personnes aient mal interprété le message de ce document, en le réduisant à un « non » à la contraception, nous réa irmons que le message d’Humanæ Vitæ est un « oui » retentissant à la vie en plénitude que promet Jésus Christ (Jean 10,10).

Créés pour l’amour

Humanæ Vitæ enseigne que nous sommes créés à l’image de Dieu, que nous sommes appelés à refléter l’amour de Dieu dans le monde, en aimant comme lui, d’une manière libre, totale, fidèle et féconde, avec notre corps. C’est là une immense responsabilité. L’amour que nous porte Jésus nous permet de mieux comprendre comment l’amour conjugal, dans ce que saint Jean-Paul II appelait le langage du corps, est appelé à être l’image de l’amour de Dieu : un amour pour toute la vie, exclusif et prêt à s’étendre au-delà du couple, jusqu’à donner la vie. Voilà pourquoi le Christ s’engage avec les époux dans le sacrement du mariage. Il sera toujours présent pour leur donner la force de son amour infini. Dans la prière, l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation, les époux trouveront jour après jour la grâce de grandir dans l’amour à travers les défis du quotidien.

Le mariage, image de l’amour du christ pour nous

Le mariage chrétien reflète l’amour de Jésus qui donne sa vie pour nous. Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul écrit : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » (Ép 5,31-32). Par son incarnation, sa mort et sa résurrection, Jésus s’est uni à son Épouse, l’Église, et les deux sont devenus « une seule chair ». Dans l’Eucharistie, le don qu’il a fait de lui-même sur la croix devient présence réelle afin que nous puissions faire, dans nos corps, l’expérience du don qu’il a fait de lui-même. Le Christ est l’Époux et nous sommes son Épouse. Lorsque nous recevons la communion, nous accueillons ce don et nous y participons intimement. C’est seulement unis au Christ que nous sommes rendus capables de faire le don total de nous-mêmes auquel nous sommes appelés.

Tout mariage chrétien est donc appelé à être l’image de ce don du Christ à son peuple. Puisque la sexualité est incluse dans ce qui fait que nous sommes à l’image de Dieu, elle doit contribuer, elle aussi, à refléter l’amour de Dieu. En fait, chaque expression d’amour au cœur du mariage est censée être une image de l’amour de Dieu, y compris l’expression suprême du mariage – la relation sexuelle.

Dans Amoris Lætitia (no 68), le pape François fait l’éloge de l’enseignement d’Humanæ Vitæ sur le mariage et la famille, qui met en lumière « le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie ». C’est dire que, dans le mariage, chaque relation sexuelle est appelée à traduire un amour libre (sans contraintes), total (le don entier de soi), fidèle (loyal à l’époux ou à l’épouse) et fécond (prêt à donner la vie et propice à l’enrichissement spirituel du couple). Toute autre attitude défigure la beauté du langage que Dieu a inscrit dans nos corps. A aiblir ou fausser ce langage modifie la manière dont chacun des conjoints fait l’expérience de l’amour; en pareil cas, la relation sexuelle n’incarne pas pleinement l’amour véritable. Même s’ils sont bien intentionnés, les actes sexuels qui ne traduisent pas un tel amour nuisent à notre quête d’amour. Il devient alors plus di icile de bâtir un amour vrai et durable (voir Humanæ Vitæ, nos 12, 14).

En deçà de l’image

L’enseignement de l’Église sur la sexualité nous rappelle que nous sommes tous et toutes faits pour l’amour, mais pas pour n’importe quelle conception de l’amour. Nous sommes faits pour un amour infini, exactement le même amour qui a mené Jésus à o rir librement sa vie sur la croix pour nous. Il n’y a que son amour infini pour combler les aspirations les plus profondes de nos cœurs. Aussi l’enseignement de l’Église ne cherche pas à réprimer nos désirs sexuels ou à s’assurer que chacun de nous soit frustré et connaisse une vie ennuyeuse. Bien au contraire. L’Église nous montre que le mariage est le lieu qui permet à la sexualité de s’exprimer et de s’actualiser pleinement.

Pour reprendre les mots du bienheureux Paul VI, « un acte d’amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l’Auteur de la vie. Par conséquent, utiliser ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté » (Humanæ Vitæ, no 13).

Fidélité et ouverture à la vie

Puisque l’amour conjugal est appelé à refléter la fécondité de l’amour de Dieu, lorsque les époux se donnent totalement l’un à l’autre, ils grandissent dans la communion, ils s’ouvrent à la bénédiction de la fertilité et leur amour reflète l’amour de Dieu pour nous. Ainsi voient-ils leur relation renforcée et approfondie dans une véritable communion – « commune union » – l’un avec l’autre. À l’opposé, la décision de modifier à dessein la relation sexuelle de manière à la rendre stérile (en recourant, par exemple, à des contraceptifs ou à la stérilisation) revient à falsifier le langage de la sexualité. De la sorte, nous imposons manifestement des limites au don de nous-mêmes, tout en nous donnant l’illusion d’un don complet.

De nombreux couples mariés adoptent des méthodes fondées sur la connaissance de leur fécondité, soit pour surmonter leur infertilité, soit pour une planification familiale responsable. Parce que ces méthodes ne changent en rien le langage des rapports sexuels, elles aident les couples à grandir dans l’amour l’un pour l’autre et pour Dieu. Fondées sur les connaissances scientifiques actuelles de la fertilité, elles sont appelées « méthodes naturelles de planification des naissances ». Elles permettent aux parents de planifier leur famille tout en respectant pleinement leur amour et leur dignité (voir Humanæ Vitæ, no 16). la joie de l’amour conjugal

En tant qu’évêques catholiques, nous avons la responsabilité d’enseigner la vérité sur Dieu et sur le projet qu’il a pour nous, dont la sexualité et le mariage font partie. Nous invitons tous les catholiques à relire, étudier et méditer l’encyclique importante qu’est Humanæ Vitæ, et à redécouvrir les vérités admirables qu’elle contient. La vérité de l’amour conjugal – telle que proposée dans Humanæ Vitæ et, par la suite, élaborée dans la théologie du corps de saint Jean-Paul II, et dans Amoris Lætitia du pape François – n’est pas toujours facile à vivre en pratique.

« [L]e bienheureux Paul VI, dans le sillage du Concile Vatican II, a approfondi la doctrine sur le mariage et sur la famille. En particulier, par l’Encyclique Humanæ Vitæ, il a mis en lumière le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie : “L’amour conjugal exige donc des époux une conscience de leur mission de « paternité responsable », sur laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd’hui, et qui doit, elle aussi, être exactement comprise. […]. Un exercice responsable de la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs”… » (Amoris Lætitia, no 68, citant Humanæ Vitæ, 10).

Les couples mariés ne peuvent vivre cette vérité que renferme Humanæ Vitæ qu’avec la grâce de Dieu, notre Père aimant, qui, avec son Fils Jésus, nous en donne la force par la puissance de l’Esprit Saint. Oui, le mariage est une noble vocation. Puissent tous les couples mariés, fidèles à la grâce du baptême et aux vœux de leur mariage, vivre et goûter la joie de l’amour conjugal tel qu’il est enseigné dans Humanæ Vitæ et être ainsi des signes de la présence aimante de Dieu dans le monde.

Homélie du Cardinal Gérald Cyprien Lacroix lors de la Messe du 200e anniversaire de l’évangélisation dans l’Ouest et le nord du Canada

Vous trouverez ci-dessous le texte officiel de l’homélie de Monsieur le cardinal Gérald Cyprien Lacroix Archevêque de Québec et Primat du Canada telle que prononcée lors de la Messe du 15e Dimanche du Temps Ordinaire « B »  et du 200e anniversaire de l’évangélisation dans l’Ouest et le nord du Canada sur le Parvis de la Cathédrale St-Boniface, Saint-Boniface, Manitoba, 15 juillet 2018. (Am 7, 12-15  •  Ps 84 (85)  •  Ep 1, 3-14  •  Mc 6, 7-13):

« Allez ! En avant la mission ! »

Très chers frères et sœurs,

Si nous conjuguions le verbe aller à l’indicatif présent, nous remarquerions qu’il change d’aspect, passant de je vais, tu vas, il/elle va, à nous allons, vous allez et revenir à la forme initiale ils vont. Le même phénomène se produit à l’impératif : Va, allons, allez. Pourtant, il s’agit toujours de ce même verbe qui exprime si bien l’action et le mouvement. Cette petite allusion aux caprices de la grammaire française n’est pas tout à fait anodine si vous avez remarqué que l’aspect du verbe ressemble le plus au concept du verbe aller lorsqu’il se décline au pluriel, allez. Peut-être sommes-nous plus actifs, plus entreprenants lorsque nous agissons collectivement ? C’est en tous cas cet élan missionnaire vécu audacieusement ensemble par des pionniers d’abord, ensuite par vous tous, qui se résume dans ce verbe aller. C’est le mot-clef pour comprendre la Parole de Dieu en ce dimanche festif, en ce jubilé pour les 200 ans de l’évangélisation de l’Ouest et du Nord du Canada.

C’est parce que des hommes et des femmes ont répondu en grand nombre à l’appel du Christ, qu’ils ont franchi les frontières de leurs foyers et de leur confortpour aller porter la Bonne Nouvelle de l’Évangile jusque dans les lointaines périphéries de cet immense territoire, que nous sommes réunis en ce lieu, aujourd’hui.

Vous avez sans doute remarqué qu’il y a beaucoup de mouvement dans les textes bibliques de ce dimanche. Le Seigneur appelle des personnes à Le joindre. Il séduit leur âme et répond à leurs attentes les plus fondamentales, puis il les envoie en mission. C’est ainsi qu’a pris naissance et que s’est déroulée l’histoire du salut depuis que l’Évangile a embrasé le cœur et la vie d’hommes et de femmes qui ont fait la rencontre personnelle avec Celui qui a changé leur vie. Cette rencontre a poussé ces disciples à partager leur foi, leur espérance et leur amour. Ils sont ainsi devenus des missionnaires. En fait, disciples et missionnaires sont deux mots, deux réalités qui participent tellement du même élan du cœur que le pape François en a fait un concept nouveau en reliant les deux mots par un trait d’union : disciples-missionnaires.

Comment rencontrer le Christ, goûter à la vie nouvelle qu’Il nous apporte sans être épris par un désir irrésistible de partager cette Bonne Nouvelle ? C’est ici, à Saint-Boniface, que l’Église-mère de tout l’Ouest et du Nord du Canada est née, s’est épanouie et qu’elle poursuit son élan missionnaire grâce à des femmes et des hommes habités par cette rencontre, cette amitié avec le Christ. Pas surprenant que cette semence d’Évangile ait porté tant de fruits et que vous puissiez aujourd’hui en apprécier la valeur et célébrer ce magnifique parcours.

Lorsque l’Évangile, porté par des témoins du Christ ressuscité, arrive dans une région, lorsque des disciples-missionnaires s’enracinent dans un coin de pays, c’est un nouveau chapitre de l’histoire humaine qui s’écrit car l’Évangile ne se résume pas à des paroles. Il est un projet de vie, de famille, de communauté. Le message évangélique propose un éventail de valeurs et d’attitudes qui rayonnent dans la société et la transforment tel un levain dans la pâte. Les célébrations de votre bicentenaire vous donnent l’occasion de mesurer avec encore plus de justesse tous les bienfaits de l’action de l’Église chez-vous.

Célébrer 200 ans de présence de disciples du Christ et de leurs réalisations, si brillantes soient-elles, ne se résume pas à contempler le passé. C’est aussi une excellente occasion de se sentir interpellés à poursuivre l’œuvre commencée car il reste tant à faire. Il suffit d’observer l’urgence de parfaire les relations communautaires dans l’harmonie, le respect et la justice. Il suffit de mesurer lechemin à parcourir pour que la réconciliation guérisse les blessures du passé et rassemble tous les croyants, peu importent la couleur de leur peau ou leur originesocioéconomique, dans une communauté chrétienne unie et solidaire « afin que le monde croie. »

Les textes bibliques qui ont été proclamés aujourd’hui sont une invitation à nous engager sur les routes de la mission. Comme au temps d’Amos, le Seigneur choisit son élu et lui dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. » À toi, peuple fidèle de l’Église de l’Ouest et du Nord du Canada, le Seigneur te dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple du Manitoba, de la Saskatchewan, d’Alberta, de la Colombie Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. »

Quelle heure est-il dans votre immense territoire ? C’est l’heure d’évangéliser ! Nous sommes bien conscients des énormes défis qui doivent être relevés dans notre pays. Nous observons un énorme déficit d’espérance chez un grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes et dans nos communautés, toutes provenances confondues. Dans un pays aussi prospère que le Canada, aussi riche en ressources humaines et matérielles, n’est-il pas scandaleux d’observer le grand nombre de personnes et de familles souffrir parce qu’elles ne trouvent pas leur place au sein d’une communauté ; d’autres particulièrement des enfants, avoirfaim et soif de pain et d’affection ; d’autres peiner pour échapper un tant soit peu à la misère ou pâtir d’êtres d’éternelles victimes de ségrégation et d’ostracisme ?Comment répondre chrétiennement de tant d’injustices et d’inégalités lorsque leSeigneur affirme : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait au moindre de miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » ?

C’est l’heure d’évangéliser ! C’est l’heure de sortir de notre confort pour aller à la rencontre des frères et des sœurs qui sont en quête de sens, d’espérance, d’une vie juste, de sécurité et de paix. Nous avons rencontré Celui qui répond aux besoins de l’être humain : le Christ Jésus. Son Évangile est un chemin de vie car c’est Lui « le Chemin, la Vérité et la Vie. » Allons le porter !

Frères et sœurs, osez partir en mission ! Il ne s’agit pas de parcourir mers et mondes mais bien d’ouvrir son esprit et son cœur aux besoins de ceux et celles avec qui nous vivons, nous travaillons, nos frères et sœurs en humanité qui attendent des signes de réconciliation, de bonté, de justice et d’amour. Ce que Jésus fait avec les douze Apôtres dans l’évangile de ce dimanche, c’est ce qu’Il attend denous. Il nous appelle à aimer le monde pour lequel Il est venu et qu’il a sauvé. Il nous invite à tendre la main, à servir notre prochain comme Il l’a fait, à nouer le tablier et peut-être même à se salir les mains.

Cette grande mission, Jésus la confie à toute l’Église, pas seulement au pape, aux évêques et aux prêtres. Nous sommes tous responsables de la mise en œuvre du mandat missionnaire car c’est à nous tous que Jésus s’adresse lorsqu’il dit à ses Apôtres : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ; baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. »

Imaginez l’ardeur, le zèle apostolique qui habitaient le père Joseph-Norbert Provencher et ses compagnons lorsqu’ils se sont embarqués pour le long voyage qui les a conduits de Québec jusqu’ici, à la Rivière Rouge. Imaginez l’audace et le courage des premières religieuses Sœurs de la Charité qui ont choisi librement devenir œuvrer à la mission dans un pays à bâtir.

Chers amis, c’est de personnes jeunes et moins jeunes de cette trempe dontl’Église a besoin aujourd’hui pour poursuivre sa mission d’évangélisation. Le Seigneur a besoin d’ouvriers dans ses champs parce que la moisson est abondante.Vous en savez quelque chose en matière de moissons en observant les vastes étendues de vos prairies. Ayons le courage et l’audace de ces Éphésiens auxquels saint Paul dit : « Vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. » L’Esprit Saint nous pousse à partir évangéliser, principalement par la cohérence de notre témoignage de vie et les principes évangéliques auxquels nous sommes liés par notre baptême.

Chers frères et sœurs de l’Ouest et du Nord du Canada, que « L’amour du Christ nous presse ». L’heure est venue de chausser nos bottes de marche et des’engager sur les terrains de la mission. Un vaste chantier nous y invite et nous attend. Vos origines témoignent d’une riche diversité culturelle. Dès l’arrivée des premiers missionnaires, il y avait ici des peuples autochtones, des Métis, des Anglais et rapidement se sont ajoutés des peuples venus de partout sur la planète. Tout ceci représente des défis de taille pour vivre ensemble dans l’harmonie et la paix, mais cette richesse culturelle et spirituelle offre aussi une belle opportunité de témoigner que l’Évangile ouvre à une qualité de vie et permet le dépassement car l’Église se construit sur les fondations de l’amour et de la vérité.

À l’invitation de Jésus, partons avec l’essentiel, l’amour de Dieu que nous goûtons grâce à notre rencontre avec le Christ ressuscité et témoignons de sa présence vivante et agissante dans notre vie. En route, le Seigneur nous apprendra à vivre ensemble comme de véritables frères et sœurs. Ne dites surtout pas que c’est une mission impossible. Le Seigneur a appelé Amos alors qu’il était derrière un troupeau de bétail et en a fait un prophète. Il a appelé des humbles pêcheurs de Galilée pour qu’ils deviennent ses apôtres, ses envoyés. Le Seigneur ne choisit pas des gens capables. Il rend capables ceux qu’il choisit.

Tout cela est possible si nous répondons au commandement du Seigneur Jésus qui nous dit : « Allez ! » Cette mission devient possible lorsque notre réponses’abreuve aux sources de l’Esprit et dans l’audace de notre foi en sa présence. Chacun d’entre nous peut dire : je vais, tu vas, il va. Ensemble nous comptons les uns sur les autres pour affirmer : nous allons, vous allez, ils vont. Et l’esprit missionnaire qui nourrit notre zèle pour que toute personne soit figure du Christ et toute communauté le foyer de son Église.

Frères et sœurs de l’Ouest et du Nord du Canada, « Allez ! » En avant la mission !

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