Voyage du Pape en Irak: le courage du dialogue et de la paix

Du 5 au 8 mars prochain, le pape François se rendra en Irak pour un voyage apostolique. Qualifiée par plusieurs d’événement historique, cette présence du pape dans les circonstances actuelles de pandémie et d’instabilité politique ne devrait cependant pas nous surprendre. Depuis le début de son pontificat, le Saint-Père n’a jamais cessé de nous donner des exemples de fidélité au souffle audacieux de l’Esprit. Ainsi, que ce soit par le témoignage de sa proximité avec les catholiques de la région, par ce geste concret au service de l’urgence humanitaire à laquelle font face les catholiques irakiens ou par son dévouement au profit de la construction d’une culture du dialogue, cette première visite du Souverain pontife en 2021 aura un caractère hautement prophétique.

L’urgence de la proximité

La situation en Irak n’est certainement pas enviable. Depuis plusieurs décennies, de nombreux conflits ont meurtri ce pays considéré comme le berceau de l’humanité. Récemment, le conflit en Syrie et la naissance du groupe armé ISIS ont multiplié les souffrances, particulièrement chez les chrétiens. Dans ce contexte, les catholiques furent l’une des cibles privilégiées d’organisations terroristes et, par d’insoutenables persécutions, ont forcé une grande partie de la population à s’exiler.

Ce départ en masse des chrétiens d’Orient a évidemment occasionné lui aussi des drames et des blessures profondes. Les pasteurs sont les premiers à pouvoir témoigner de cette tragédie. Alors qu’ils ne peuvent s’empêcher de comprendre le choix douloureux de nombreux fidèles de partir, faute de pouvoir garantir la sécurité de leur famille, ceux qui restent en sont néanmoins affaiblis sinon encore plus marginalisés.

Tout cela sans compter le fait que la présence chrétienne dans l’ensemble du Moyen-Orient est originelle et précède de plusieurs siècles l’arrivée de la religion musulmane. Encourager le maintien d’une présence catholique forte en Irak sans jugement pour ceux qui sont partis n’est pas une mince affaire. Elle est néanmoins essentielle à la stabilité culturelle et politique de ce pays. Connaissant l’implication du pape François en faveur des migrants en Europe, cette tâche d’encourager les chrétiens à rester sur leur terre sera un exercice difficile. À la hauteur des aptitudes pastorales de l’évêque de Rome !

Une diplomatie de la paix

Bien que principalement « pastorale », c’est-à-dire destiné aux catholiques, à leur témoigner de sa proximité par une présence réconfortante et priante, le voyage du Pape en Irak a également pour but de s’assurer du respect de leurs droits humains fondamentaux. En ce sens, plusieurs rencontres sont organisées avec les dignitaires et responsables politiques de la République irakienne. Ce sera notamment le cas du Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi qui aura l’occasion de recevoir officiellement le pape François le vendredi 5 mars.

Lors de ces rencontres, outre les échanges protocolaires et les gestes diplomatiques, on peut s’attendre, tant en coulisse que dans les discours officiels, à ce que le Pape fasse sentir l’urgence de la paix. Pour ce dernier, l’établissement d’un véritable climat de paix est impossible sans l’apport d’une vision éclairée de la citoyenneté qui« se base sur l’égalité des droits et des devoirs à l’ombre de laquelle tous jouissent de la justice ». Par-delà les différences religieuses, l’ensemble des citoyens de la République d’Irak doivent, ensemble, se mettre au travail pour rebâtir leur pays. La présence du Pape pourrait être un événement pivot en ce sens.

L’impératif du dialogue

En se rendant sur place, le Pape fait de lui-même un exemple de cette culture de la rencontre qui, par « le dialogue, la compréhension, la diffusion de la culture de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la coexistence entre les êtres humains contribueraient notablement à réduire de nombreux problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui assaillent une grande partie du genre humain »[4]. Comme ce fut le cas lors de son voyage à Abu Dhabi, ce voyage en Irak sera l’occasion pour lui de poursuivre le dialogue avec des chefs de plusieurs dénominations musulmanes.

À première vue, cette ouverture à la rencontre inter-religieuse n’a rien de nouveau. Les fruits du Concile Vatican II nous ont habituer à cette fraternité des Papes envers les leaders d’autres religions. Toutefois, elle revêt, cette fois-ci, un caractère particulier puisque nombre de violences subies par les chrétiens furent commises au nom d’une vision erronée de l’Islam. En effet, comme le dit la « Déclaration sur la Fraternité humaine » signée par d’éminents représentants musulmans : « De même nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ».

Nul peuple sur terre ne peut prétendre à une plus grande identification au Christ crucifié que les chrétiens d’Irak. En ce sens, qui peut juger de la rancœur de celui qui a subi les pires atrocités. Le Pape devra donc chercher à concilier cette soif de justice des chrétiens d’Irak avec l’exhortation au pardon du Fils de Dieu. Cet équilibre qui, à vue humaine, semble presque impossible à obtenir, peut néanmoins être assuré du soutien de la Providence. Le pape François manifeste donc au monde son profond enracinement dans la Parole de Dieu selon laquelle « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). Cette dimension du voyage sera certainement à surveiller.

À la rencontre des rêves de Dieu

On le comprend d’emblée, la présence du Pape en Irak ne sera certainement pas de tout repos. Dans une courte période de temps, il sera presque constamment en mouvement passant de rencontre en rencontre. N’y avait-il pas un meilleur moment pour se rendre sur place, un moment plus sécuritaire, plus « raisonnable »? Si on regarde de l’extérieur et selon les critères du monde, il semblerait que oui. Mais, comme le dit l’épitre de Jacques « la miséricorde triomphe du jugement » (Jc, 2, 13). Le Pape a donc considéré que la priorité revenait à ceux qui souffraient davantage, quoi qu’il en coûte.

Durant ces quelques jours, le monde entier sera témoin d’un pasteur prêt à tout pour ses brebis. Que ce soit par le témoignage de son affection pour ces catholiques identifiés à la Croix, par un travail diplomatique au service de l’urgence humanitaire ou par un désir de rapprochement avec nos frères musulmans, ce voyage du pape en Irak laissera la marque d’un homme entièrement dévoué à la cause de la paix. Prions pour que ce pèlerinage porte les fruits qui résident dans le cœur de Dieu et, que, par la collaboration de tous les Irakiens, ses rêves de «paix et de réconciliation »deviennent réalité.

La santé est un tout: réflexion sur la 29e Journée mondiale des malades

(Image par truthseeker08 de Pixabay)  Aujourd’hui 11 février, l’Église célèbre la fête de Notre-Dame de Lourdes ainsi que la 29eJournée mondiale du malade. Il est évident que les circonstances de pandémie ont donné une signification particulière au thème de cette année : Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). Comment donc mettre « La relation de confiance à la base du soin des malades »au centre des soins de santé ? Voilà une question à laquelle la prière peut apporter sagesse et discernement.

Une relation d’accueil

Dans son message pour l’édition 2021 de cette Journée, le pape François soulignait que « Pour qu’une thérapie soit bonne, l’aspect relationnel est décisif car il permet d’avoir une approche holistique de la personne malade » (no 4). Qu’est-ce que ce lien spécial qui unit un malade à son soignant ? Les circonstances nous en disent beaucoup sur celle-ci. D’abord, puisque personne ne désire être malade, personne ne désire a priori aller chez le médecin. Cela peut donc être difficile mais le soignant doit toujours pallier au malaise du patient par un excès d’accueil et de bonté proportionnel à la souffrance du malade. Faire la connaissance d’une personne lorsqu’on est en souffrance peut grandement affecter l’humeur de la rencontre !  Certes cela peut paraître ingrat, mais une fois la guérison obtenue, le patient trouvera certainement l’énergie pour remercier. Cette remarque préliminaire nous aide à comprendre que la relation soignant/soigné doit s’insérer dans une vision globale de la médecine qui, par un certain réalisme, témoigne tant des possibilités que des limites de la profession médicale.

La santé dans l’humilité

Accueillir l’autre par dévouement et avec patience n’est pas tout. Il faut aussi de la part du soignant une certaine dose d’humilité. Parfois affectés par le « complexe de Dieu » certains médecins ont une estime trop grande de leur propre capacité et, par le fait même, exacerbe les attentes des patients. Cette dynamique n’est pas saine, ni pour le soignant, ni pour le malade. Dans ce cas de figure, le soignant, loin de travailler pour le bien du malade, cherche, par l’entremise de celui-ci, à atteindre ses objectifs personnels de performance. On risque alors l’acharnement thérapeutique. Devant une telle logique, la confiance du malade peut être affectée, entraînant ainsi des conséquences néfastes dans sa volonté de suivre le traitement prescrit. Pour pallier à cette logique qui mine l’institution même de la médecine, le Pape invite à

« Établir un pacte entre ceux qui ont besoin de soin et ceux qui les soignent ; un pacte fondé sur la confiance et le respect réciproques, sur la sincérité, sur la disponibilité, afin de surmonter toute barrière défensive, de mettre au centre la dignité du malade, de protéger la professionnalité des agents de santé et d’entretenir un bon rapport avec les familles des patients. » (No 4).

Pour ce faire, l’univers médical doit retrouver une vision de la santé en accord avec une vision globale de la personne humaine.

La santé est un tout

Dans nos sociétés, nous associons trop souvent la notion de « santé » à sa dimension purement biologique. Or, bien qu’essentielle au déploiement de beaucoup de potentialité humaine, la santé biologique ou sa privation dans la maladie n’est pas seule garante d’une vie accomplie. Bien qu’il soit parfois difficile de le concevoir, la réalisation de nos plus profondes aspirations ne dépend pas de notre santé physique. Combien de saints (je pense à saint Ignace ou sainte Thérèse de Lisieux) ont découvert leur vocation au cours d’une maladie qui les avait cloués au lit ? Les maux que sont la souffrance et la mort ne doivent pas nous empêcher de voir que notre destinée ultime se trouve au-delà du biologique. Bien sûr les maladies et virus sont des maux à combattre. Ce combat ne doit toutefois pas se faire au détriment de ce qui donne sens à l’existence humaine. Tout à la santé physique nous fait oublier que la santé est un tout.

Marie, Santé des malades

Alors que cette année 2021 s’ouvre dans l’espoir de vaincre la pandémie qui nous affecte tous, le recours à Marie, Santé des malades, peut nous être grandement profitable. Tant dans l’accueil des malades que dans l’expérience fructueuse de la maladie, du développement et de la pratique d’une médecine véritablement humaine que dans la diffusion d’une vision globale de la santé personnelle et collective, Marie nous apprend à « méditer » (Lc 2, 19) dans nos cœurs le cours des événements afin d’y trouver les principes de notre action. Par l’intercession de Marie nous retrouverons cette « confiance » à l’intérieur de laquelle nous pourrons « fleurir comme enfants de l’unique Père, appelés à vivre une fraternité universelle » (No 1)

Vous trouverez ci-dessous la Messe de Notre-Dame de Lourdes, présidée par Mgr Christian Lépine, en provenance de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal:

La Victoire de l’Amour – Dimanche 7 février 2021

Francis Bégin… de la vie de couple à la prêtrise. En chanson Guylaine Tanguay! – Collaborateurs : Sylvain Charron, Brigitte Bédard, Père Michel Marie, Guylaine Tanguay – Invité : Francis Bégin

Une journée pour une nouvelle fraternité humaine

(Image: Courtoisie VaticanNews) Aujourd’hui, jeudi 4 février 2021, se tient la première « Journée internationale de la fraternité humaine ». Pleinement impliqué dans cette initiative internationale votée « à l’unanimité par l’Assemblée des Nations Unies le 21 décembre 2020 », le Saint-Siège a mis de l’avant une participation centrée sur le rôle des grandes religions dans la construction d’une véritable culture de la paix. Deux événements récents manifestent cet engagement du Saint-Siège au service de la fraternité humaine. En lien avec la signature du document sur la « Fraternité humaine » co-signé avec Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb et sa plus récente encyclique « Fratelli Tutti », le pape François souhaite que l’implication de l’Église soit comprise comme une manifestation de ce « courage de l’altérité », courage permettant de comprendre que «celui qui est différent de moi, culturellement et religieusement, ne doit pas être vu et traité comme un ennemi, mais accueilli comme un compagnon de route, avec la ferme conviction que le bien de chacun réside dans le bien de tous ». Dans ce contexte, les religions ont non seulement une grande responsabilité mais aussi une capacité unique pour rendre notre monde plus fraternel.

La paix, entre architecture et artisanat

Alors que notre monde vit une crise sanitaire, pour plusieurs, sans précédent, il est central de penser à l’état des lieux de notre monde pour tenter de modifier les mauvaises routes qui nous désorientaient jusqu’à présent. Guidée par des principes dirigés vers le développement global de la personne, la reprise pourrait être l’occasion de développer des relations humaines et politiques véritablement au service du bien commun. Comment donc être un acteur de cette culture de la paix dans notre vie quotidienne ? Pour le pape François :

Les processus efficaces d’une paix durable sont avant tout des transformations artisanales réalisées par les peuples, où chaque être humain peut être un ferment efficace par son mode de vie quotidien. Les grandes transformations ne sont pas produites dans des bureaux ou dans des cabinets. (No 231)

Bien que les grandes organisations internationales aient un rôle irremplaçable en facilitant l’amitié entre les États et les différentes institutions de la société civile, nous sommes tous appelés à prendre notre part de responsabilité. La fraternité n’est donc pas seulement une « architecture » mise de l’avant par des professionnels, elle est également un « artisanat » auquel toute personne peut participer. Cela est tout particulièrement vrai pour les croyants. Par la prière, la connaissance approfondie de sa propre foi (ce que le Pape nomme « le devoir d’identité »)ainsi que le dialogue, les hommes et les femmes de toutes les religions sont appelés à faire rayonner l’apport des grandes traditions religieuses en faveur de la fraternité universelle.

L’amitié dans la liberté

Cette pandémie a bien évidemment eu comme première conséquence, outre la maladie de ceux qui ont eu le malheur d’être infectés, la diminution sinon une perte considérable de notre liberté de mouvement. Cette expérience, vécue presque universellement, peut nous rendre sensibles à ce que signifie pour beaucoup de croyants du monde les restrictions en matière de liberté religieuse. Comment, en effet, faire la promotion d’une fraternité universelle sans permettre à nos frères et sœurs en humanité de prier et de vivre leur foi librement ? Comme le dit le Pape :

« Nous, chrétiens, nous demandons la liberté dans les pays où nous sommes minoritaires, comme nous la favorisons pour ceux qui ne sont pas chrétiens là où ils sont en minorité (No 279).

Si l’amitié ne se trouve que dans la liberté, et que celle-ci n’est véritablement possible que dans un cadre politique et légal respectant la liberté religieuse, nous devons, chacun à son niveau, mettre en pratique ce principe fondamental. L’invitation du Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb adressée au pape François à participer à une réunion en visioconférence en présence du Cheikh Mohammed Ben Zayed d’Abou Dhabi peut être comprise en ce sens. En soulignant l’engagement commun au service de cette fraternité humaine, cette invitation est en soit un exemple de cette esprit de liberté et, donc, de fraternité. Elle manifeste que l’amitié est possible non pas, en faisant fi des différences mais, bien au contraire, en les assumant pleinement.

Un prix pour l’engagement en faveur de la fraternité

Créé en 2019 dans la foulée de ce nouveau canal du dialogue islamo-chrétien ouvert sous le pontificat du pape François, le « Prix Zayed de la Fraternité humaine »sera remis aujourd’hui 4 février par visioconférence. Grâce à Vatican news[12], KTO TV et Sel + Lumière Média, vous serez en mesure d’écouter cette cérémonie exceptionnelle. Les lauréats de cette année sont Latifah Ibn Ziaten, fondatrice de l’Association Imad pour la jeunesse et la paix et António Guterres, 9e Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Laissons-nous inspirer par ces modèles d’un engagement au service de la fraternité universelle. Un rendez-vous à ne pas manquer !

(Vidéo: Courtoisie PC Interreligious Dialogue Journée Internationale de la Fraternité Humaine)

Renouveler la famille pour changer le monde

(Image: courtoisie PixAbay) Quelques semaines avant Noël, le pape publiait un livre d’entretien avec le journaliste Austen Ivereigh intitulé « Un temps pour changer » dans lequel il nous invite à saisir l’opportunité que pourrait constituer cette pandémie mondiale. Comment donc opérer ce changement des dynamiques toxiques qui affectent trop souvent nos sociétés ? Et pour cela, comment distinguer « le bon grain de l’ivraie » (Mt, 13, 24) ? Une chose est certaine, si la société a besoin d’être réformée, cela ne pourra se faire qu’avec l’apport de sa cellule fondamentale : la famille. Comme le dit le Concile Vatican II : « Le Créateur a fait de la communauté conjugale l’origine et le fondement de la société humaine » (AA, no 11). Renouveler la société passe donc par une redécouverte du don de la famille. Rien d’étonnant à ce que le même Souverain Pontife ait décrété une année spéciale dédiée à celle-ci.

Des familles au service de la société

Il est clair que le renouvellement de nos cellules familiales ne pourra s’opérer que par la prière et la méditation des Mystères divins. Sans l’action transformatrice de la Grâce de Dieu offerte à tous gratuitement, aucune transformation en profondeur ne sera possible. Or, une des conditions essentielles à ce changement intérieur des familles est le temps. Comme le dit le pape François dans l’exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia :

L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation. Parfois le problème, c’est le rythme frénétique de la société, ou les horaires qu’imposent les engagements du travail. D’autres fois le problème est que le temps passé ensemble n’est pas de qualité. (no 224)

Le confinement actuel n’est-il pas le moment opportun nous permettant de nous retrouver et contempler ce qui, en nous, s’opère à chaque instant. Cette frénésie, tel un anesthésiant, ne nous avait-elle pas habitués à orienter nos vies sur ce qui est accessoire sinon futile ? Ainsi, parce qu’elle nous a donné l’opportunité de nous retrouver simplement en famille, la pandémie pourrait être cet élément déclencheur qui « met en évidence l’importance de l’amour comme principe de vie dans la société (cf. n. 44), lieu où s’apprend l’expérience du bien commun » (Caritas in Veritate, no 44).

Une société au service des familles

Il est clair que le constat du pape François n’est pas reluisant. Comme il le dit dans l’encyclique « Fratelli tutti » : « De nombreuses formes d’injustice persistent aujourd’hui dans le monde, alimentées par des visions anthropologiques réductrices et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, à exclure et même à tuer l’homme » (no 22). Ce manque de scrupules de certains à abuser de leur position pour dominer l’autre est, nous dit le Pape, une conséquence d’une dilution du sentiment de fraternité universel. Or, comment comprendre et vivre selon cette vérité que cet « autre » est un frère ou une sœur sans en avoir d’abord fait l’expérience en famille ? Nous sommes en plein cercle vicieux. Moins il y aura de familles où se vivent l’amour, la patience, le don et la gratuité, moins nos sociétés pourront être qualifiées de ces adjectifs. Comment s’en sortir ?

Puisqu’il est primordial de retrouver collectivement le sens de la famille, nous devons également surmonter « l’affaiblissement de la foi et de la pratique religieuse [qui] dans certaines sociétés affecte les familles et les laisse davantage seules avec leurs difficultés ». (No 43). En d’autres termes, une des premières mesures en faveur de la promotion de la famille et, donc, d’une société solidaire serait de reconnaître la place qui revient de droit à la religion. Comprenant que le religieux est d’abord et avant tout, une donnée constituante de la nature humaine, la société aurait tout avantage à renouer avec cette dimension religieuse de notre être. Mettre fin au climat de suspicion à l’égard des personnes de foi par une attitude franche et ouverte serait déjà un pas dans la bonne direction et un bon moyen de favoriser la vie familiale authentique à moyen et long terme.

Pour une fructueuse réciprocité

La pandémie de COVID a manifesté l’ensemble de nos fragilités. Ce qui était faible et vulnérable a été fragilisé sinon emporté tandis que ce qui était fort et bien portant a pu supporter sinon profiter de la crise. Même avec les meilleurs systèmes de protection sociale, il est désormais évident qu’il est impossible de prendre soin de toutes les personnes vulnérables. Avec l’appui professionnel des services d’État, seule la famille peut remplir cette tâche immense. Redécouvrir la réciprocité qui doit exister entre la société et la famille et établir des mécanismes imprégnés de cette mutuelle dépendance pourrait être un premier pas vers un avenir meilleur.

Pour approfondir le sujet et aller plus loin, ne manquez pas sur nos ondes lundi 1erfévrier à 20 h 30 l’émission Église en Sortie dédiée à cette question de la famille dans l’Église et la société.

Dire « oui » à la Grâce de l’unité

(Image: courtoisie Pixabay) Du 18 au 25 janvier 2021 se tient la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Ayant des racines remontant au début du XXe siècle, l’histoire de l’œcuménisme moderne a connu une effervescence sans équivalent durant et après le Concile Vatican II. Depuis, chaque année, les différentes dénominations chrétiennes célèbrent une semaine de prière afin de demander au Seigneur ce don de l’Unité. Don que Jésus avait lui-même formulé dans son exhortation « Ut Unum Sint »(Jn 17, 21). Alors que notre monde a un besoin criant de collaboration et d’unité, il est clair que les chrétiens doivent se disposer à donner l’exemple.  Dans ce contexte, l’Unité des chrétiens apparaît dans toute son urgence. Le thème de cette année est particulièrement évocateur des prérequis de l’Unité. Tiré de l’évangile de Jean (Jn 15, 5-9) dans lequel Jésus nous demande « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance », le thème officiel de cette année nous éclaire sur ce que signifie la vocation œcuménique du chrétien.

Dire « oui » à la Grâce de l’Unité

L’Unité des chrétiens est à la fois une exhortation de Jésus et une Grâce à recevoir de Lui. En effet, lorsqu’Il nous demande de demeurer  dans son Amour, il est clair qu’Il nous invite à agir de telle manière que nous y restions. Mais cela est-il possible si l’Amour de Dieu est une Grâce que Lui seul peut donner ? Il y a donc une double dimension à cette exhortation. D’abord, nous devons reconnaître que la possibilité d’être dans l’Amour de Dieu est un don. Puisqu’il ne s’agit pas d’un droit mais plutôt d’un privilège « acheté à grand prix » (1 Co 6, 17-20), notre accueil dans l’Amour de Dieu devrait nous inspirer gratitude et humilité. Si donc notre capacité d’être dans l’Amour vient de Dieu, Jésus nous exhorte tout de même à y demeurer. Cela signifie que notre libre arbitre a son rôle à jouer. Une fois gratuitement inséré dans l’Amour de Dieu, nous devons nous disposer et travailler à y demeurer. Par nos attitudes intérieures et nos actions extérieures, nous sommes invités à nous établir dans l’Amour de Dieu.

Le manque d’unité des chrétiens est donc la preuve que beaucoup non pas respecter cette demande à demeurer dans son Amour. Aujourd’hui et par le passé, malgré un certain attachement à Jésus et aux communautés qui se réunissent en son nom, c’est un fait que le péché a pu prendre le dessus sur la charité authentique. L’Unité des chrétiens dépend donc, d’abord et avant tout, de la bonne volonté de tous les baptisés, individuellement et collectivement, à demeurer dans l’Amour de Dieu. Comment nous disposer à cette unité de foi, d’espérance et de charité tant recherchée alors que, cette année, nous ne pouvons nous réunir pour prier ensemble ?

Retrouver l’unité intérieure

La nouvelle année 2021, les mesures sanitaires et le confinement complet ou partiel que plusieurs vivent, peuvent être l’occasion de renouer avec notre identité profonde de chrétien. Notre identité fondamentale, celle de Fils et Filles de Dieu, plongés sacramentellement dans la mort et la résurrection du Christ, nous appelle à redécouvrir le sens de notre vocation baptismale et à en faire le cœur de notre existence. En mettant le Christ au centre de notre vie intérieure, un nouvel ordre s’établira. En effet, la vie intérieure est le lieu où se trouve les motivations à l’ensemble de nos actions. Avoir une vie intérieure nourrie et fortifiée par le Christ nous donne un nouveau regard sur notre vie, l’histoire et l’état du monde. Ainsi, nous sommes en mesure de voir quelles sont les véritables priorités.

Avant la pandémie, trop souvent nous étions tiraillés intérieurement par l’immensité des distractions de la société de consommation. Trop souvent nos vies étaient vouées à la recherche de bonheurs artificiels aussitôt achetés, aussitôt consommés. Cette mauvaise habitude à toujours plus a pu créer en nous une vie intérieure désordonnée et même atrophiée ; ne trouvant jamais le temps pour s’y replonger. Le confinement actuel peut être cette opportunité de nous redécouvrir intérieurement mais également de discerner ce qui dans notre vie « normale » empêchait notre épanouissement intérieur comme personne et comme Église. Ainsi, de notre unité intérieure retrouvée découlera une plus grande conscience de l’urgence d’une Unité des chrétiens dans un monde de plus en plus désorienté.

Le monde a soif de la Gloire de Dieu

Vous l’aurez bien compris, l’Unité des chrétiens, avant d’être un travail à accomplir, est d’abord une Grâce à recevoir dans de meilleures dispositions. C’est sans contredit la raison pour laquelle on l’appelle « Semaine de prièrepour l’Unité des chrétiens ». Profiter de la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons pour retrouver, dans la prière, notre unité intérieure est un premier mais non moins essentiel pas qui nous amènera éventuellement dans des communautés renouvelées par la Grâce de l

Vivre en présence des anges avec Jacques Gauthier

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la place et du rôle des anges dans la vie spirituelle chrétienne avec le théologien et auteur Jacques Gauthier. Sont notamment abordés les thèmes de la nature des anges, de leur présence dans l’Ancien et le Nouveau Testament, de Dieu, de la place de Satan dans l’enseignement du pape François et des moyens pratiques pour entretenir notre relation avec notre ange gardien. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Sur sa chaîne youtube, Jacques Gauthier partage l’essentiel de la foi et la prière chrétienne. Marié et père de famille, il a été professeur à l’Université Saint-Paul d’Ottawa pendant une vingtaine d’années. Auteur de plus de 75 livres, il anime des retraites spirituelles. Ses vidéos portent surtout sur Dieu, le Christ, la foi, la prière, la sainteté. Il y témoigne de la joie de vivre l’Évangile, de sa présence au monde comme poète et théologien. Voici des liens vers d’autres productions de Jacques Gauthier tels que mentionnés dans l’épisode:

www.jacquesgauthier.com
www.jacquesgauthier.com/blog.html
https://twitter.com/jacgauthier
www.facebook.com/jacques.gauthier.921

L’archidiocèse de Montréal au front contre les abus

(Image: Image by kisistvan77 from Pixabay)

Mercredi, le 25 novembre 2020, lors d’une conférence de presse virtuelle, l’archidiocèse de Montréal rendait public le « Rapport de l’enquête relative à la carrière de Brian Boucher au sein de l’Église catholique ». Long de quelque 270 pages (incluant les annexes), ce rapport rédigé par l’honorable Pepita G. Capriolo est le fruit d’un travail indépendant d’investigation et d’évaluation générales des pratiques de l’archidiocèse en se basant sur le traitement du cas de l’ancien prêtre Brian Boucher. Par son travail rigoureux, l’ancienne juge à la Cour supérieure du Québec Pepita G. Caprioloa décelé plusieurs lacunes dans les processus archidiocésains tant à l’accueil qu’au traitement des plaintes qui, dans ce cas particulier, ont mené à de graves injustices.

Une Église à la hauteur des exigences de transparence

Cette enquête était d’abord un devoir de justice envers les victimes et l’ensemble du corps ecclésial, profondément choqués et humiliés par les actes odieux perpétrés par l’ancien clerc. Ne pouvant ici entrer dans les détails, ce rapport manifeste plusieurs déficiences des processus archidiocésains.  Échec à reconnaître le danger (p.176); culture du secret et disparition de documents (p.177-180); dépendance au modèle thérapeutique (p.181); cléricalisme (p. 183); problème d’imputabilité (p.184); et autres problèmes structurel (p.188) sont les principaux aspects relevés par la juge Capriolo qui ont amené les personnes impliquées à ne pas traiter convenablement le cas de Brian Boucher. Cet exercice, bien que pénible, devait être fait par souci de transparence intra-ecclésiale. La transmission du rapport aux plus hautes autorités de la Congrégation de la doctrine de la Foi et de la congrégation pour les évêques est un signe qui va en ce sens.

La divulgation publique des conclusions du Rapport Capriolo est également un geste courageux dont l’ensemble de notre société pourra bénéficier. En effet, cela est toujours plus manifeste, aucune institution n’est à l’abri de toutes les formes d’abus. Religion, club sportif, entreprise, agence médiatique, école, etc. tout regroupement est susceptible d’attirer des personnes aux comportements déviants. En ce sens, il est un devoir pour chaque institution d’établir un état de sa propre situation devant ce phénomène et bâtir un protocole d’accueil et de traitement des cas rapportés. Or, nous le savons désormais depuis la crise des abus sexuels, l’Église n’a malheureusement pas été épargnée. C’est la raison pour laquelle il est primordiale qu’elle fasse d’elle-même un exemple de lutte interne à toute forme d’abus. En identifiant ses erreurs, l’Église pourra apprendre de ces celles-ci, fixer de nouvelles normes, raffermir la sécurité des personnes qui font appel à ses services, rétablir sa crédibilité et ainsi, montrer que toute institution ne peut que bénéficier des efforts de vérité et de transparence. En autant qu’il y ait véritablement volonté de changer les choses.

Un rapport qui ne risque pas d’être tabletté

On le sait, trop souvent les rapports, tant gouvernementaux que juridiques, voient leurs diagnostics et recommandations ignorés par les personnes en position de responsabilité. Cela ne risque pas d’arriver dans ce cas-ci. D’abord, l’affirmation de Mgr Lépine selon laquelle  « Pour guérir, il faut prendre la mesure de la maladie qui nous frappe » manifeste l’aspect prioritaire que revêt, pour lui, l’accueil des victimes et la lutte contre les abus au sein de l’archidiocèse de Montréal. Prenant les devants par la conduite, puis la publication de ce rapport par une juge aussi compétente qu’indépendante, ne peut qu’être le signe d’un souci véritable de mise en application imminente.

Au-delà de cette intention louable de la part de l’archevêque, nous pouvons aussi compter sur la juge elle-même puisque, lors de la conférence de presse, fut également annoncée la création d’un nouveau Comité archidiocésain responsable de la mise en application des recommandations de ce rapport, comité co-présidé par Mgr Christian Lépine et la juge Pepita Capriolo elle-même. Aucun doute que celle qui a émis ces recommandations n’aura aucun scrupule à les appliquer et, ce, afin de les rendre le plus efficace possible.

Une Église à la hauteur de ses prétentions

L’Église catholique, dépositaire du dépôt de la foi, des instruments de salut et surtout, témoin de la Présence indéfectible du Christ parmi les hommes, a le devoir d’avoir des standards et des pratiques internes à la fine pointe des recherches en science de l’administration et de gestion des ressources humaines. Plus que toute autre, elle doit montrer l’exemple par des pratiques efficaces d’accueil des victimes mais également de prévention, détection, traitement des cas en collaboration avec les autorités policière et judiciaire et, finalement, de sanctions canoniques proportionnelles à la gravité des crimes commis en son sein et en son nom. En ce sens, la publication du rapport Capriolo est plus qu’un pas dans la bonne direction. Nous assistons à un changement de cap, un tournant vient d’être pris. Sous leur leadership commun, nous pouvons vraiment affirmer que l’Église catholique à Montréal est pleinement orientée dans l’esprit réformateur du pape François.

La Victoire de l’Amour – Dimanche 15 novembre 2020

Ce dimanche je reçois ÉTIENNE DRAPEAU.
– Collaborateurs : Sylvain Charron, Stéphane Roy, Père Michel Marie
– Invité : Étienne Drapeau

La première révolution tranquille avec Céline Saint-Pierre

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis s’entretient avec la sociologue et professeur émérite de l’UQAM Céline Saint-Pierre sur son livre intitulé « La première révolution tranquille: syndicalisme catholique et unions internationales dans le Québec de l’entre-deux-guerres » (Éd. DelBusso). Dans ce balado, sont notamment abordés les thèmes du syndicalisme et du corporatisme catholique ainsi que l’évolution de la présence de l’Église catholique au sein de la société québécoise dans la première moitié du XXe siècle.

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