La Victoire de l’Amour – Dimanche 8 novembre 2020

Ce dimanche un hommage à un grand homme: JEAN-MARC CHAPUT avec son épouse Céline et sa fille Geneviève.
– Collaborateurs : Sylvain Charron, Gauthier Elleme, Père Michel Marie, Joan Bluteau
– Invitées : Céline et Geneviève Chaput

Entre puissance et dépouillement avec le p. Michel Proulx o. praem.

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis réfléchit à l’évangile de Marc avec le prêtre et théologien Michel Proulx o. praem. et auteur du livre « Entre puissance et dépouillement: prier l’Évangile de Marc »(Éd. Médiaspaul). Dans ce balado, sont notamment abordés des thèmes comme la vie spirituelle, la liberté, la vérité, l’humilité, le rapport à la personne de Jésus en suivant la méthodologie traditionnelle de la Lectio divina.

La Victoire de l’Amour – Dimanche 1 novembre 2020

Ce dimanche, le Père Michel-Marie directement de Paris nous donne de l’Espérance malgré la pandémie.
– Collaborateurs : Sylvain Charron, Jean-Philippe Demers, Raphaëlle Gagné
– Invité : Père Michel Marie

Une spiritualité du don avec Anne Doran

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute du livre « Une spiritualité du don : Pensée innue, philosophie et christianisme en dialogue » (NOVALIS) avec son auteure, la professeure et théologienne Anne Doran. Dans ce balado, sont notamment abordés les thèmes des rapports à soi, à l’autre, au monde, à Dieu à travers la rencontre des regards de la pensée traditionnelle innue, de la phénoménologie ainsi que de la pensée chrétienne occidentale.

La liberté d’expression selon le pape François

(photo: courtoisie Pixabay) Nos sociétés sont traversées par des bouleversements : globalisation politique, révolution des communications, transformation du monde du travail et pandémie mondiale.  Les défis auxquels nous faisons face demandent plus que jamais l’engagement de tous au processus démocratique. Or, la condition sine qua non à toute démocratie est la liberté d’expression. En effet, ce n’est qu’en permettant le débat ouvert, l’affrontement et le choc des idées que nous pourrons trouver des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. L’encyclique « Fratelli tutti » du pape François est plus qu’éclairante à ce sujet.

Trop c’est comme pas assez

L’encyclique « Fratelli tutti » est d’abord très pertinente en ce qui a trait aux différents risques qui menacent aujourd’hui la liberté d’expression nécessaire à tout débat public fructueux. Le Pape manifeste un premier risque lorsqu’il écrit : « L’accumulation écrasante d’informations qui nous inondent n’est pas synonyme de plus de sagesse. La sagesse ne se forge pas avec des recherches anxieuses sur internet, ni avec une somme d’informations dont la véracité n’est pas assurée… » (no 50). Soyons clair : loin d’inciter à ne pas s’informer, le Pape invite plutôt à exercer un jugement critique face à notre propre appétit d’informations à la lumière d’une vision de la fraternité apte à distinguer le pertinent de ce qui ne l’est pas. C’est en gardant toujours à l’esprit, à la fois, le bien commun et ce qui relève de ma responsabilité que nous saurons consommer la juste quantité d’information.

Disqualifier n’est pas dialoguer

Lorsqu’on considère le climat politique de nos démocraties occidentales, il est difficile de ne pas voir que nous sommes face à plusieurs impasses. La crise de la covid-19 n’a pas manqué de révéler plusieurs lacunes dans nos délibérations démocratiques. Parmi celles-ci, on trouve une augmentation de la partisannerie. Loin d’être le lieu de mise en commun des idées au service de l’innovation et de la mise en marche de grands projets en faveur du bien commun, les débats se réduisent trop souvent à « Uniquement des recettes de marketing visant des résultats immédiats qui trouvent dans la destruction de l’autre le moyen le plus efficace. Dans ce jeu mesquin de disqualifications, le débat est détourné pour créer une situation permanente de controverse et d’opposition » (no 15).

Alors que nous aurions besoin de riches discussions puisées aux plus récentes découvertes de nos universités, au patrimoine local et aux apports et découvertes des autres pays, le dialogue social se perd trop souvent dans ce qui revient à la loi du plus fort. Pourtant, force politique n’équivaut que très rarement à sagesse sociale. Ainsi, l’appel du Pape à la fraternité pourrait nous inspirer une attitude d’ouverture au dialogue et, ainsi, renouveler notre démocratie.

Des interlocuteurs bien enracinés

Un autre risque menaçant le dialogue public est l’uniformisation constante des cultures, laissant de moins en moins de place à la diversité des histoires, des langues, des cultures, etc. On a souvent parlé de l’impérialisme culturel américain. Or aujourd’hui, et cela a aussi des effets positifs, la globalisation a multiplié les pays qui s’affrontent sur ce terrain. Dans ce contexte, les plus petits peuples et cultures qui ne disposent pas de grands moyens sont grandement menacés. Or, comme le dit le Pape :

« Tout comme il n’est pas de dialogue avec l’autre sans une identité personnelle, de même il n’y a d’ouverture entre les peuples qu’à partir de l’amour de sa terre, de son peuple, de ses traits culturels. Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné (no 143).

Développer une meilleure connaissance et cultiver l’amour que nous avons pour notre propre identité est donc une priorité démocratique dont l’urgence ne devrait pas être sous-estimée.

Un Pape bien informé

Dans cette encyclique, le pape François fait preuve d’une très grande lucidité devant les enjeux qui nous concernent. À travers son diagnostic des logiques malsaines et néfastes qui éloignent nos démocraties de leurs fondements, nous sommes tous invités à redécouvrir les attitudes essentielles pour faire face aux défis qui sont les nôtres. Ainsi, par l’amitié sociale, nous pourrons continuer sur ce « chemin de fraternité, local et universel, [qui]ne peut être parcouru que par des esprits libres et prêts pour de vraies rencontres (no 50).

Les abus sexuels dans l’Église avec Jean-Guy Nadeau

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute de la crise des abus sexuels dans l’Église avec le théologien Jean-Guy Nadeau, auteur du livre « Une profonde blessure: Les abus sexuels dans l’Église catholique » (Éd.Médiaspaul). Dans ce balado, sont notamment abordés les thèmes des conséquences humaines et spirituelles des abus, les différents chemins de guérison, les différentes causes personnelles et structurelles ainsi que des pistes de solutions pour y mettre un terme.

Jean- Guy Nadeau est professeur honoraire de la Faculté de théologie de l’université de Montréal. Un des premiers experts dans le domaine des abus sexuels du clergé. En 2017, il a collaboré au Centre for Child Protection de l’Université Grégorienne de Rome. Il a été président de la Société internationale de théologie pratique. Parmi ces nombreux engagements, il fut marguillier, membre de divers comités en paroisse et membre du comité de rédaction de la revue de pastorale Prêtres et Pasteurs durant plus de 30 ans, revue qui a publié les premiers textes au Québec sur les abus sexuels dans l’Église, Co-fondateur, président et membre du C.A. durant presque 20 ans du Projet d’intervention auprès des mineurEs prostituéEs (PIaMP), un des tout premiers organismes de travail de rue à Montréal et toujours actif en 2020. Co-fondateur de la revue Théologiques et membre de son comité de rédaction durant plus de 10 ans. Directeur des programmes d’Études pastorales à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal, Président de la Société internationale de théologie pratique, Vice-président de l’International Academy of Practical Theology, Co-fondateur et directeur durant 10 ans de la collection Cahiers d’études pastorales (éditions
Fides).

Parmi ses nombreuses publications, notons ces trois ouvrages majeurs:

Une profonde blessure. Les abus sexuels dans l’Église catholique, Médiaspaul, 2020, 402 p.

-Avec Carole Golding et Claude Rochon, Autrement que victimes. Dieu, enfer et résistance
chez les victimes d’abus sexuels, Novalis, 2012, 336 p.

-La prostitution, une affaire de sens. Études de pratiques sociales et pastorales, Fides, 1987,
480 p.

L’encyclique « Fratelli tutti » avec Jean-Marc Barreau PhD.

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis s’entretient de la plus récente encyclique du Pape François « Fratelli tutti » avec le prêtre, théologien et professeur adjoint à temps plein à l’Université de Montréal Jean-Marc Barreau PhD. Dans ce dialogue 1h23 min, seront notamment abordés les questions de la politique, l’économie, la spiritualité et des principes centraux à la réalisation de sociétés justes et inclusives. Jean-Marc Barreau est notamment l’auteur d’un livre sur le présent pontificat : François et la miséricorde publié chez Médiaspaul 

Fratelli tutti: une encyclique sociale pour le XXIe siècle

(photo: courtoisie Pixabay) Dimanche dernier 4 octobre 2020, le pape François publiait sa troisième encyclique. Intitulé « Fratelli tutti », ce document se veut un appel à l’engagement de tous en faveur d’un monde plus fraternel afin qu’« en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité » (no 8).D’une centaine de pages, cette lettre touche une variété de thèmes allant de la politique internationale aux enjeux locaux, de l’environnement à la justice sociale, de l’éthique à la religion en passant par les nombreux défis actuels empêchant la réalisation d’un monde plus ouvert où tous ont leur place. Bref, cette encyclique, que plusieurs ont qualifiée de « politique », donne aux catholiques et à toute personne des moyens pour surmonter les différentes impasses auxquelles notre monde se trouve actuellement confronté.

Une pensée propre et originale

Ce n’est pas nouveau, la sortie d’une encyclique génère toujours de vives réactions. Fort heureusement, pourrions-nous dire, puisque personne ne devrait être indifférent aux thèmes abordés par le Pape. Fait marquant de ce document : l’abondance des références à ses discours antérieurs. Parmi ces nombreuses citations se trouvent notamment des allusions aux discours prononcées lors de ses voyages apostoliques ; comme si le pape avait senti le besoin d’offrir un résumé ou un « compendium » de ses enseignements ; comme s’il avait voulu offrir à l’Église universelle les fruits de ses réflexions issus de ses discours adressées d’abord à aux églises particulières. Cette méthode, ce passage du particulier vers l’universel n’est-il pas la démarche même à laquelle l’évêque de Rome nous convie. Comme catholiques, ne sommes-nous pas appelés à incarner et à faire fructifier cette tension inhérente à notre condition de croyants ? À mettre en lumière la complémentarité entre notre attachement pour nos racines et la reconnaissance de la valeur de ce qui est cher à nos frères et sœurs en humanité ?

C’est ainsi que l’encyclique nous invite à une prise de conscience fondamentale. En tant que pèlerin universel, le Pape nous manifeste l’esprit qui doit animer l’ensemble de nos engagements actuels à tous les niveaux : « L’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement ce que nous appelons « l’amitié sociale » » (no 99). Ainsi, cherchant à comprendre la complexité des enjeux et des différentes peurs qui animent toute société, on retrouve dans ce texte toute la hauteur requise au déploiement de cet esprit. Évitant soigneusement cette « habitude de disqualifier instantanément l’adversaire en lui appliquant des termes humiliants prévaut, en lieu et place d’un dialogue ouvert et respectueux visant une synthèse supérieure. » (no 201), le pape nous invite à une double rencontre. Rencontre avec soi et l’héritage de nos cultures propres et rencontre avec l’autre par la reconnaissance de la beauté et de la grandeur de ce qui lui est cher ; de ce qui peut être pour moi aussi le témoignage d’un patrimoine humain commun. Ainsi, puisque « Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné, car c’est de là que je peux accueillir le don de l’autre et lui offrir quelque chose d’authentique » (no 143), le Pape exhorte à redécouvrir les deux dimensions de nos identités : locale et universelle.

Par exemple, devant une « histoire [qui]est en train de donner des signes de recul » (no 11), le Pape insiste sur l’importance de ne pas abandonner certains concepts qui, parce qu’utilisés à mauvais escient, risquent de faire disparaître du langage de précieuses réalités telles que la « démocratie » (no 157). En effet, « Un moyen efficace de liquéfier la conscience historique, la pensée critique, la lutte pour la justice ainsi que les voies d’intégration consiste à vider de leur sens ou à instrumentaliser les mots importants (no14). Ainsi, bien que s’insérant dans un débat qui anime l’ensemble de nos sociétés, le Pape ne laisse que peu de place, comme certains le prétendent, à la récupération idéologique.

Une pensée politique mais transpartisanne

Une des grandes originalités de cette encyclique se trouve dans la posture que le Pape discerne quant à au rôle socio-politique que l’Église universelle est appelé à jouer. Plus qu’une simple « observatrice », l’Église cherche à s’engager en participant par le dialogue aux grandes décisions sociales et éthiques de notre temps. De plus, les principes contenus dans cette encyclique pourraient susciter l’émergence d’initiatives aussi importantes que créatrices de ponts entre les pays et, ainsi, donner un nouveau souffre au rôle diplomatique du Saint-Siège. Comme le dit François :

« L’Église n’entend pas revendiquer des pouvoirs temporels mais s’offrir comme « une famille parmi les familles, – c’est cela, l’Église – ouverte pour témoigner au monde d’aujourd’hui de la foi, de l’espérance et de l’amour envers le Seigneur et envers ceux qu’il aime avec prédilection » (no.276) »

Comme institution universelle, le Pape et le Saint-Siège, sans « faire de la politique partisane, qui revient aux laïcs » (no 276), se présente comme un lieu où, par la neutralité que lui offre la liberté évangélique, où ces dernières pourraient être librement discutées. Par son identité forte qui rend possible « le difficile effort de dépasser ce qui nous divise sans perdre l’identité personnelle » (no 230) l’Église a toutes les conditions pour jouer un rôle qui, prochainement, pourrait s’incarner dans une sorte de « Davos politico-religieux ». Le Vatican pourrait être un lieu où chaque nation, ONG et traditions religieuses pourraient s’exprimer sur les grandes questions dans un cadre où les références à la transcendance seraient audibles. Ainsi, « S’il n’existe pas de vérité transcendante, par l’obéissance à laquelle l’homme acquiert sa pleine identité, dans ces conditions, il n’existe aucun principe sûr pour garantir des rapports justes entre les hommes » (no 273), un lieu de dialogue international dépassant le cadre strictement politique tout en étant ouvert aux traditions religieuses et cultures éthiques est plus que jamais nécessaire. Cette encyclique ouvre la voie à ce type d’initiative.

Plaidoyer pour un nouveau dynamisme

Alors que les prochaines semaines seront le lieu de conversations et de débats sur les enseignements présents dans l’encyclique « Fratelli tutti » du pape François, il est important que l’ensemble des catholiques lisent et s’imprègnent des principes explicités dans ce document. Bien que s’adressant à toute personne, la responsabilité de la mise en application revient d’abord à ceux qui, par la grâce et la lumière de la Foi, sont en mesure de reconnaître l’origine et la fin de ces principes.

J’en profite également pour vous inviter à syntoniser Sel + Lumière dimanche prochain 11 octobre à 19 h 30 pour l’émission spéciale « Appelés à la fraternité : discussion sur l’encyclique « Fratelli tutti » ainsi qu’au Balado « Parrêsia » où j’aurai un entretien avec le père Jean-Marc Barreau, théologien et spécialiste du pontificat du pape François.

La dévotion à Marie dans la vie spirituelle avec l’abbé Francis Gadoury f.m.j.

Au cours de son histoire, l’Église a su reconnaître la centralisé de Marie en lui laissant une place non négligeable dans la célébration des mystères de la foi. Mère de Dieu, Vierge des vierges, Mère de l’Église, Médiatrice de toute grâces ne sont que quelques exemples des titres que portent la mère de Jésus dans la vie de prière du Peuple de Dieu et de sa Tradition. Pour parler de cette figure et, plus spécifiquement, de la mariologie chez saint Jean-Paul II, l’abbé Francis Gadoury f.m.j., prêtre de l’archidiocèse de Sherbrooke et vice-président de la Société canadienne de mariologie se joint au micro de Francis Denis pour un entretient aussi passionnant que nourrissant pour la vie spirituelle.

Vers une création nouvelle

En marge de l’année « Laudato Sì » décrétée par le pape François, nous poursuivons aujourd’hui nos réflexions sur le thème de la création. C’est un fait établi, la planète montre, depuis un moment déjà, les signes d’un épuisement systématique qui met en péril l’ensemble des écosystèmes. Cette invitation du Saint-Père nous porte donc à reconsidérer notre foi à la lumière du dogme de la Création. Enrichis de nos réflexions, nous serons plus en mesure de faire preuve de discernement lorsque viendra le temps de passer à l’action. 

La Foi en un Dieu Créateur 

La doctrine de la création fait partie du cœur même de notre Foi. Chaque dimanche, lors de la récitation du CREDO, nous affirmons croire en un Dieu « Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible ». Or, tant dans la liturgie de la Parole que dans l’Eucharistie, ne mettons-nous pas davantage l’accent sur l’action salvatrice de Dieu ? Ne portons-nous pas notre attention sur le Christ venu « pour nous sauver » ? Pourquoi est-il important de garder en tête qu’Il est, à la fois, notre Sauveur et notre Créateur ?

Dans son célèbre prologue, saint Jean nous enseigne qu’ « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence » (Jn 1, 1-3). L’évangéliste met donc clairement l’emphase sur l’égalité, l’unité mais introduit une certaine distinction entre le Verbe (le Fils) et Dieu (le Père). Cela manifeste donc que l’acte créateur est l’œuvre de toute la Trinité. Or, ces versets mettent également l’accent sur l’action du Verbe dans l’acte créateur. Cela est certainement dû au fait qu’à l’époque de Jean, certaines doctrines « néo-platoniciennes » enseignaient l’existence d’un « démiurge » : d’un créateur du monde mais inégal au premier principe. Pour éviter tout quiproquo, saint Jean, sous l’inspiration du Saint Esprit, souligne que, bien qu’au commencement « Le Verbe était Dieu », « Rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 3). La seconde Personne de la Trinité était et est toujours pleinement présente dans l’acte créateur. Mais, pour revenir à la question initiale : qu’est-ce que cela apporte de plus de savoir que Celui qui nous sauve est, en même temps, Celui qui nous a créé ?

Croire en la bonté de la création

Dans un premier temps, cela nous évite d’imputer à Dieu l’existence du mal. Si Dieu s’est incarné en Jésus-Christ en vue de nous sauver par l’entremise de sa passion et de sa mort sur la Croix, il devient évident que l’existence du mal ne peut lui être créditée. Comme le dit le pape François, le Christ n’était pas « sado-masochiste ». De plus, saint Paul écrit : « Tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » (Col, 16-17), cela montre bien que la création en tant que telle n’est pas mauvaise mais bonne. Le péché ne peut donc pas s’identifier aux êtres mais au non-respect de leur nature. Par exemple, ce n’est pas la nourriture qui est mauvaise mais son abus, ce n’est pas la sexualité qui est mauvaise mais son exercice en dehors de l’amour véritable, etc. 

S’agenouiller à la Messe devant le crucifix signifie donc, non seulement un acte d’adoration devant l’œuvre rédemptrice de Dieu, mais également une profession de foi en la bonté et en la valeur inestimable de toute la création. Par son sacrifice, notre Sauveur manifeste aussi l’accomplissement de son œuvre créatrice. Il accomplit ce qui était « prévu avant tous les siècles ». Or, cette prise de conscience est primordiale si nous voulons que les choses s’améliorent.

En effet, il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre certaines personnes qui, par un souci légitime de l’environnement, dénigrent l’être humain. Selon eux, pour le bien de la création, il vaudrait mieux que l’humanité n’existe pas. Or, comme nous l’avons vu, la vision chrétienne est aux antipodes de cette conception. Sous prétexte de défendre la nature, certains sont prêts à en exclure une bonne partie. Dénigrer l’humanité c’est aussi dénigrer son environnement. Au contraire, le christianisme nous invite à, non seulement considérer l’humanité comme partie prenante de la création, mais aussi à croire en sa capacité de faire le bien. Ainsi puisque, la croix est le lieu et le symbole de la création nouvelle, les chrétiens sont invités à faire de leur vie un témoignage de l’efficacité transformatrice de Dieu sur la création toute entière. Sur l’autel, ce n’est pas seulement l’humanité qui est sauvée mais aussi, et à travers elle, c’est la création entière qui est transfigurée. Dans ce contexte, prendre sa croix signifiera aussi prendre sur soi la responsabilité d’agir en protecteur du monde créé.

Le discernement pour éviter le pire

Nous le voyons de plus en plus clairement, avoir de beaux sentiments ne suffira pas à inverser la tendance qui va dans le sens de la dégradation de la création. Tant par sa Révélation d’un Dieu créateur et sauveur, Jésus-Christ nous invite non seulement à retrouver une juste conception de la création  mais aussi à redécouvrir cette confiance en l’humanité, celle-là même dont Il a fait preuve lors de son ultime Sacrifice. De cela surgiront une attitude de contemplation devant l’univers et de nouvelles pistes de solution pour faire face à l’avenir. 

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