Le Synode des évêques : l’unité dans l’Esprit

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Hier, lundi 6 septembre 2014, s’est ouvert, au Vatican, la IIIe session du Synode extraordinaire des évêques sur le thème des défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation.[1] Institution consultative, le présent synode a été convoqué par le pape François pour prier et réfléchir sur la famille « en ce temps de crise » comme l’a affirmé S.E Bruno Forte en conférence de Presse. En ce sens, il est bien important de ne pas minimiser, ni séparer ces deux actions que sont la prière et la réflexion. En effet, le déploiement du Mystère du Salut opéré par l’Église dans l’histoire ne pourra être bien compris que par une analyse respectant sa logique interne. Ainsi, selon moi, la meilleure façon de comprendre le présent synode est de le regarder à la lumière  de la Vigile de prière du samedi 4 octobre place Saint-Pierre[2].

Ce n’est pas par hasard si le pape François a convoqué une vigile de prière pour débuter le synode. En effet, c’est parce qu’il est conscient que le Peuple de Dieu doit, s’il désire être fidèle à l’amour qui le soutient, vivre de la Grâce qu’est la présence de Jésus-Christ. Puisque cette même Grâce est un Don, le Don de Dieu par excellence, l’Église doit le demander sans cesse par la prière et ne jamais penser pouvoir la considérer comme un acquis. En ce sens, il est intéressant de noter que la vigile de prière, qui a eu lieu place Saint-Pierre, était destinée particulièrement à obtenir de Dieu qu’il envoie son Esprit Saint. Qu’est-ce que cela signifie? Est-ce un détail négligeable? Ne devrait-on pas plutôt s’attarder à analyser les différents débats qui animent l’Église aujourd’hui ? Cette interprétation, bien que monopolisant une grande partie de la presse écrite puisque participant de la grille d’analyse politique des médias séculiers (Card. Vingt-Trois), n’est toutefois pas appropriée, même du point de vue de l’analyse puisqu’elle exclut a priori l’intention explicite du Pape lui-même.

L’attention particulière portée à l’invocation de l’Esprit Saint pour le présent synode est très importante puisque « l’unité de l’Église, elle aussi, œuvre commune des trois personnes divines, est attribuée spécialement au Saint-Esprit »[3]. À première vue, nous pourrions penser que le pape demande le don de l’Esprit pour garder l’unité des cardinaux durant le Synode! Cependant, un examen plus approfondi nous manifeste la dimension profonde de cette unité qui doit se déployer dans toutes les sphères de la vie de l’Église y compris les familles qui vivent, dans de nombreux cas aujourd’hui, de grandes divisions. En effet, la famille, aussi appelée « l’Église domestique », peut être pour l’Église hiérarchique un véritable miroir. Ainsi, la crise de l’Église domestique reflète la crise de l’Église hiérarchique et vice-versa. Dans ce contexte, l’unité, don de l’Esprit Saint, est indispensable puisque, comme le disait Saint Augustin « ce que l’âme est au corps de l’homme, l’Esprit Saint l’est au corps du Christ qui est l’Église. L’Esprit Saint fait dans toute l’Église ce que fait l’âme dans tous les membres d’un corps »[4]. Ainsi, puisque l’âme est, en d’autres termes, le principe de vie, invoquer l’Esprit Saint revient à demander à ce que la vie soit renouvelée dans l’Église (hiérarchique et familiale). En ce sens, les discussions du Synode seront prioritairement orientées vers ce défi individuel et collectif constant qui est d’assumer la vie humaine ; ce défi se présentant aujourd’hui sur deux plans : accepter la vie comme un don et comme une responsabilité. [Read more…]

Saint Jean-Paul II: Pour une guérison de la mémoire

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Le 13 septembre dernier, l’Observatoire Justice et paix, en collaboration avec télévision Sel et Lumière, organisait, à Québec, le Colloque Jean-Paul II : Pour une guérison de la mémoire afin de souligner le 30e anniversaire de sa visite en 1984. Pour l’occasion, plusieurs invités de marque se sont exprimés sur l’impact de cette visite sur les relations entre foi et culture au Québec. Le thème du Colloque  « Pour une guérison de la mémoire » faisait référence à ce que certains ont retenu comme étant un élément central du message de Jean-Paul II dans son homélie faite à l’Université Laval, il y a 30 ans. En effet, l’homélie en question exhortait les Québécois à « ne pas accepter le divorce entre foi et culture » (no6). Les différents conférenciers ont donc pu s’exprimer sur ce sujet délicat en l’éclairant de leur vision selon leur domaine d’expertise.

Ce divorce entre foi et culture au Québec est un phénomène récent qui remonte aux années 1960. C’est à ce moment que la forme que prenait alors le catholicisme au Québec a été rejetée en bloc par une grande partie de la population. Sans énumérer ici les causes de cet état de fait, nous pouvons toutefois examiner les différentes caractéristiques de l’image que les Québécois se font généralement de leur passé religieux. Dans son intervention, monsieur Gilles Routhier, doyen de la faculté de théologie de l’Université Laval, a bien montré comment l’imaginaire québécois actuel réduit souvent l’histoire catholique au Québec aux seules années 1940-1950. Durant cette période, l’institution ecclésiale a souvent dû suppléer au manque d’engagement de l’État. C’est ainsi que l’on reproche souvent à l’Église d’avoir été trop près du pouvoir politique. Cependant, l’histoire des relations entre foi et culture au Québec ne peut légitimement se réduire à cette période qui, comme le disait M. Routhier, porte avec elle son lot de misères mais également de grandeurs. Face à cela, deux questions se posent : 1) comment ouvrir de nouveau la mémoire québécoise à l’entièreté de l’histoire religieuse du Québec ? Et 2) comment transmettre ce riche patrimoine pour qu’il puisse faire sens aujourd’hui ? [Read more…]

« Toujours prier sans se décourager »

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Image: Courtoisie de CNS

« Toujours prier sans se décourager » (Luc 18, 1)

Depuis quelque temps, le monde vit des instabilités grandissantes dans plusieurs parties du monde. Que les conflits soient en Ukraine, en Syrie, au Liban, au Nigéria, en Irak et, plus récemment, dans la bande de Gaza, les moyens de communication font en sorte que nous nous sentons de plus en plus directement concernés par ces conflits. De plus, avec la globalisation, cette instabilité tend à s’accroître à l’extérieur des frontières des pays impliqués. Comment réagir chrétiennement à cette situation difficile?

Selon moi, la solution se trouve dans l’imitation de l’attitude du pape François. En effet, lors de son voyage en Terre sainte il y a quelques mois, le Saint-Père a appelé des représentants palestiniens et israéliens à venir prier avec lui au Vatican le 8 juin dernier. Cette rencontre fut riche d’émotion et de fraternité. Devant les événements des derniers jours, plusieurs se demandent ce qui s’est passé. N’étions-nous pas sur la bonne voie? La prière est-elle vraiment utile? La paix est-elle possible? C’est la tentation du découragement qui nous guette tous.

Pour ne pas perdre espoir, il est important de s’arrêter quelques instants sur la réalité de la prière. Dans un premier temps, et pour satisfaire notre envie moderne d’efficacité, nous pourrions nous consoler en nous disant que peut-être sans cette rencontre le conflit aurait été pire encore! Cette réponse ne nous satisfait cependant qu’à moitié. La prière est subtile et profonde. C’est pourquoi elle échappe au calcul géostratégique et politique. L’Église enseigne que la prière est tout d’abord un lieu de rencontre où tous les hommes de bonne volonté peuvent se réunir. En effet, « l’homme reste à l’image de son créateur. Il garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes »[1] . Ainsi, la prière peut réunir tous les hommes, même les plus grands ennemis, puisqu’elle est une réponse à l’appel universel à l’Amour de Dieu.

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L’ouverture à la vie et la responsabilité éducative: réflexion sur l’Instrumentum Laboris (4e partie)

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Comme il est mentionné à plusieurs reprises, l’Instrumentum Laboris « a été agencé […] de façon à en confronter le contenu et à favoriser son approfondissement durant les travaux de la IIIème Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Évêques »[1]. C’est en restant fidèle à ce but que la troisième partie du document aborde la responsabilité de la transmission de la vie et de la foi. Pour ce faire, on représente la « signification prophétique » (no122) de l’encyclique Humanae vitae et du lien indissoluble qu’il définit entre la dimension procréative et unitive de l’acte sexuel humain qui ne peuvent être séparées sans causer un dommage à l’amour entre les époux. Tout en soulignant le « tourment de l’homme contemporain pour tout ce qui touche à l’affectivité, à l’engendrement de la vie, à la réciprocité entre l’homme et la femme, à la paternité et à la maternité »[2], le document explicite les diverses réponses obtenues sur les causes de « l’accueil difficile » (no 126) de cet enseignement d’amour de l’Église. Parmi ces dernières sont mentionnées « l’abîme qui existe entre la doctrine de l’Église et l’éducation civile » (no 126) manifestant une « différence de l’anthropologie de fond » (no 126) comme, par exemple, la mentalité contraceptive et la présence massive de l’idéologie du genre (no 127). Pour contrer un tel phénomène, le document souligne l’idée qu’on ne pourra bien répondre à ces défis par « une casuistique » puisque cela impliquerait un réductionnisme jetant un ombrage sur « l’ample vision de l’anthropologie chrétienne » (no 126). Ainsi on proposerait, par l’usage d’un « nouveau langage » (no 128) des « parcours d’éducation à l’amour » (no 128) permettant la diffusion de mœurs intellectuelles ainsi que la promotion sur la place publique de politiques sociales favorisant une plus grande « ouverture à la vie » (no 131). [Read more…]

La pastorale de la famille face à de nouveaux défis : réflexion sur l’Instrumentum Laboris (3e partie)

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Photo: courtoisie CatholicNewsService

Dans sa deuxième partie, l’Instrumentum Laboris, document préparatoire du Synode extraordinaire des évêques d’octobre 2014, fait le point sur les différents défis auxquels la famille est aujourd’hui confrontée dans sa mission évangélisatrice.

Dans un premier temps, le document se réfère aux différentes propositions en cours, que ce soit au niveau de la préparation au mariage que de l’accompagnement des familles de la part de l’Église. Ces deux moyens sont rapidement identifiés comme ayant leur légitimité bien que leur mode de réalisation doive être mis à jour. Par exemple, on mentionne que la préparation au mariage a subi à de nombreux endroits « un changement substantiel, passant d’un service orienté vers le seul Sacrement à une première annonce de la foi »[1]. Nous pourrions noter l’importance d’une telle approche dans les pays plus sécularisés où les adultes cheminant vers le mariage ne peuvent plus se contenter d’une catéchèse centrée sur ce seul sacrement compte tenu de leur manque de connaissances ou du refus d’adhérer à certains « enseignements fondamentaux de l’Église »[2]. Ainsi, on propose de réfléchir sur une préparation au mariage plus près de la réalité des jeunes qui désirent s’engager dans cette voie en les aidant, entre autres, « à sortir d’une vision romantique de l’amour [par une] éducation de l’affectivité » ainsi qu’en leur manifestant « qu’ils ne sont pas seuls à construire leur famille, car l’Église est à leurs côtés comme « famille des familles » »[3]. [Read more…]

Communiquer l’évangile de la famille aujourd’hui : réflexion sur L’Instrumentum Laboris (2e partie)

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Photo: courtoisie CatholicNewsService

La première partie de l’Instrumentum Laboris introduit la réalité de la famille dans le cadre de la révélation en la plaçant d’emblée comme une institution voulue et créée par Dieu avec une intention bien déterminée c’est-à-dire de permettre à l’homme et la femme « d’être les collaborateurs de Dieu dans l’accueil et la transmission de la vie »[1]. C’est cependant dans la plénitude de la Révélation qu’est Jésus que la famille trouve son sens le plus complet puisque c’est « en révélant pleinement la divine miséricorde, [qu’Il] permet à l’homme et à la femme de récupérer le « principe » selon lequel Dieu les a unis en une seule chair (cf. Mt 19, 4-6) par lequel –grâce du Christ – ils deviennent capables de s’aimer fidèlement pour toujours »[2]. C’est dans ce cadre salvifique que peuvent être compris tous les enseignements de l’Église sur la vie et la famille.

La première partie de ce document se propose ensuite d’explorer la réception de cette même révélation de Dieu sur la famille par le Peuple de Dieu. C’est dans cette perspective que l’on prend en considération les grandeurs et les misères de la connaissance et de l’appropriation des enseignements présents dans la Bible et dans les documents du Magistère. En effet, on montre bien comment l’accueil de ces enseignements est diversifié et présente souvent des difficultés pour les fidèles. Ainsi, on identifie plusieurs causes à ce phénomène comme « l’absence d’une expérience chrétienne authentique […] les nouvelles technologies diffusives et invasives; l’influence des médias; la culture hédoniste; le relativisme; le matérialisme; l’individualisme; le sécularisme croissant, etc. »[3]. Pour remédier à ce constat des plus navrant, l’Instrumentum Laboris propose la diffusion chez les catholiques d’une culture de l’étude de la Bible et des documents du Magistère en proposant quelques exemples d’initiatives comme « des centres académiques appropriés et préparés aux thématiques familiales, au niveau doctrinal, spirituel et pastoral »[4]. De cette manière, l’Église pourra répondre aux aspirations présentes « surtout chez les nouvelles générations d’un désir renouvelé de [la] famille »[5] puisque « les jeunes ont besoin d’être aidés pour connaître ce que l’Église enseigne et pourquoi elle l’enseigne »[6] [Read more…]

La famille dans le contexte de l’évangélisation : réflexions sur l’Instrumentum Laboris du Synode extraordinaire des Évêques 2014

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Photo: courtoisie CatholicNewsService

Depuis son élection le 13 mars 2013, la conversion missionnaire de l’Église a clairement été identifiée par le pape François comme étant une priorité de son pontificat. La convocation du Synode extraordinaire d’octobre prochain peut être lue à la lumière de cette orientation. Dans un premier temps, il est nécessaire de mettre l’Instrumentum laboris dans le contexte de sa publication et des différents rôles qu’il est sensé jouer durant les travaux synodaux. D’abord, le présent Instrumentum Laboris, comme son nom l’indique, se veut un instrument de travail ou, plutôt, un guide orientant la réflexion des Pères Synodaux. La particularité de ce texte de base, que l’on retrouve avant tout synode, se trouve dans le fait qu’il est le fruit d’une consultation mondiale sur le thème de la famille. En effet, il y a maintenant plusieurs mois, un questionnaire attaché au Document préparatoire a été envoyé dans tous les pays du monde pour connaître la perception des fidèles en général sur les thèmes liés à la réalité de la famille non seulement dans un contexte chrétien catholique mais également dans la société en général. Les résultats ont été compilés et présentés dans ce document « pour réfléchir sur le chemin à suivre pour communiquer à tous les hommes la vérité de l’amour conjugal et de la famille en répondant à ses multiples défis »[1] puisque c’est dans la contemplation du « visage réel que l’Église présente aujourd’hui [que] naît un désir généreux et comme impatient de renouvellement »[2]. Enfin, il est important de noter que la démarche de réflexion de l’Église universelle se déroulera en deux étapes étalées sur deux années comprenant un synode extraordinaire en octobre 2014 plus spécifiquement dédié à l’analyse des résultats de l’enquête et qui mènera à un Synode ordinaire en 2015 duquel émanera, sous la responsabilité de l’évêque de Rome, des orientations fondamentales pour la mission évangélisatrice de la famille au niveau de l’Église universelle. [Read more…]

Présentation du déroulement de l’initiative « Invocation pour la paix » (Dimanche 8 juin 2014 dans les Jardins du Vatican)

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Aujourd’hui 13 heures, s’est déroulé dans la Salle Jean-Paul II de la salle de presse du Saint-Siège une rencontre pour rendre public le déroulement de l’initiative « Invocation pour la paix » pour laquelle le Saint-Père François a invité les Présidents Peres et Mahmoud Abbas. Cette rencontre aura lieu au Vatican vers la fin de l’après-midi du dimanche 8 juin.

Participaient au briefing le Gardien de Terre Sainte, P. Pierbattista Pizzaballa, O.F.M., et le Directeur de la salle de presse du Vatican, Père Frederico Lombardi, s.j..

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Échos du Vatican

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