Cette semaine à Église en sortie, on parle des communications dans l’Église à l’heure de la révolution médiatique avec Mme Érika Jacinto, directrice des communications de l’archidiocèse de Montréal. On vous présente un reportage sur le lancement de l’année pastorale de l’archidiocèse de Montréal à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec qui il s’entretient de sa vision pastorale ainsi que du tournant missionnaire voulu par le pape François.
La famille: une priorité pour l’Église

CNS/L’Osservatore Romano
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la vision ecclésiale de la famille comme « ciment de la société » manifeste, non seulement, son rôle irremplaçable pour toute société mais également les coûts humains et sociaux qu’entraîne sa détérioration. Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour aider les familles à réaliser pleinement ce qu’elles sont appelées à être ? C’est l’un des thèmes abordés par le pape François lors de son allocution au Stade Croke Park de Dublin pour la Rencontre Mondiale des familles. En effet, pour le Saint-Père, « L’Église est la famille des enfants de Dieu […] parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême ». Le baptême peut donc être considéré comme une nouvelle naissance et l’élargissement de notre propre cercle familial.
Naissance dans l’Esprit
Pour le pape François, il est important « d’encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible » puisqu’il « est nécessaire d’inviter chacun à la fête, même le petit enfant ! ». Le thème de la « fête » est récurrent dans la pensée du Saint-Père. Pour lui, il est nécessaire d’inviter la communauté entière à se réjouir des réussites et des joies des membres de l’Église. Cela fait même partie de sa définition d’une « Église en sortie » (no24). Une Église cohérente avec le Mystère qu’elle porte, n’attend donc pas avant d’accueillir ses enfants.
« de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle. »
Un autre argument convainc le pape François de « baptiser rapidement » les enfants. Il s’explique : « Faisons une comparaison : un enfant sans le Baptême, parce que les parents disent : « Non, quand il sera grand » ; et un enfant avec le Baptême, avec l’Esprit Saint en lui : celui-là est plus fort parce qu’il a en lui la force de Dieu ! ». Privé volontairement un enfant du don que Dieu désire ardemment lui transmettre équivaut à l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement. Ainsi, de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle.
La force d’une relation indestructible
Qu’elle est donc cette nouvelle force reçue au baptême et quels en sont les effets sur la vie concrète du baptisé ? Pour le pape François, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (No 49). Nous pourrions facilement écrire plusieurs traités tant la densité du contenu de cette expression est riche. Je ne m’attarderai qu’à en souligner deux grands traits.
D’abord, puisque le baptême fait de nous des enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, il imprime en nous un caractère nouveau et indélébile. De la même manière que la famille dans laquelle nous naissons a un impact sur notre vie, la relation vitale avec Dieu créée par l’action du baptême sur notre âme influence l’ensemble de notre existence. Cette amitié a la caractéristique d’être indestructible et indéfectible, à condition que nous ne coupions pas les ponts. Ainsi, comme nous pouvons être certains de l’appui et de la consolation de notre famille, nous pouvons être assurés de la Présence constante de Dieu dans notre vie.
« Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? »
Cette nouvelle relation ne fait pas que nous soutenir lorsque nous tombons, elle nous éclaire et ouvre un horizon indépassable pour notre vie. De fait, nous faisons constamment l’expérience de notre insatisfaction permanente des réalités de ce monde. Nourriture, divertissement, connaissances, succès, technologies, etc., ces réalités ne peuvent satisfaire ce qui apparaît comme un manque insatiable. Ce désir présent en toute personne provient de notre nature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? Ne leur demandons donc pas l’impossible et adressons-nous plutôt au seul Être capable de nous assouvir c’est-à-dire Dieu. C’est ce que le baptême nous offre quelques semaines après notre naissance.
Le baptême : expérience inépuisable
Nos sociétés sont de plus en plus fragmentées et les personnes de moins en moins capables de s’engager dans des relations durables. Or le remède adapté à la situation nous est confié. En nous laissant transformer par la grâce divine présente dans le baptême et les invitations à l’engagement charitable, nos communautés ont tout ce qu’il faut pour offrir à nos contemporains, la famille dont ils ont toujours rêvé. Cherchons donc à nous réjouir de ce cadeau comme une vraie famille et invitons toute personne à recevoir ce don gratuit. Notre société entière ne manquera pas de profiter de cet apport non négligeable.
La famille: une priorité pour la société

Nous sommes en pleine campagne électorale et, comme tous les quatre ans, nous sommes invités à réfléchir sur les différents enjeux culturels et sociaux et les propositions qu’offrent les partis politiques pour y répondre. Par exemple, lors du débat télévisé de jeudi dernier, on a pu constater à quel point l’État québécois est sollicité. Or, derrière la panoplie de requêtes d’une population de plus en plus laissée à elle-même, une tangente semble se dessinée. Pénurie de main-d’œuvre, besoins criants dans les centres hospitaliers et CHSLD, accroissement d’enfants en difficultés, manque de places en garderie, la pression sur l’appareil étatique ne semble pas vouloir cesser de s’accroître.
Bien que l’État ait évidemment quelque légitimité d’intervention en ces domaines, il semble que la fragilisation des familles y soit pour quelque chose et que les partis politiques auraient tout avantage à mettre en place des politiques familiales adaptées à la réalité d’aujourd’hui. En ce sens, les différents discours du pape François lors de la Rencontre Mondiale des familles de Dublin 2018 peuvent nous éclairer.
La famille, ciment de la société
Après la foi, notre famille est ce que nous avons de plus précieux. L’ayant devant les yeux tous les jours, on peut avoir tendance à la prendre pour acquise et à la négliger. Lorsque cette mauvaise habitude atteint les pouvoirs publics, de graves conséquences sont à prévoir. Comme le dit le pape François dans son discours aux autorités politiques irlandaises : « La famille est le ciment de la société ; son bien ne peut pas être tenu pour acquis, mais doit être promu et protégé par tous les moyens appropriés ». Qu’arrive-t-il lorsque le ciment est fragilisé ou même dilué lors de la construction d’un édifice ? Nul besoin d’entrer dans les détails mais l’image parle d’elle-même. Une société forte dépend de familles fortes, stables, solides et « tissées serrées ». Notre société a un besoin criant de familles capables d’entraide et de partage, de soutien lorsque les difficultés de la vie surgissent et qui, lorsque tout va bien, s’engagent auprès de leur communauté pour aider ceux pour qui la chance a mal tournée.
La famille, école du vivre ensemble
De plus, en cette ère de changements rapides et de rencontres entre les peuples et les cultures, on ne peut négliger l’importance d’une vie familiale de qualité où on apprend « à vivre ensemble de manière harmonieuse, à contrôler nos instincts égoïstes, à concilier les différences et surtout à discerner et à rechercher ces valeurs qui donnent un sens authentique et une plénitude à la vie ». En cette époque de communication et de relations multiculturelles, la société a plus que jamais besoin de retrouver « dans tous les milieux de la vie politique et sociale, le sens d’être une vraie famille de peuples ! ». Comment considérer l’autre comme un frère lorsqu’on a nous-mêmes souffert dans nos relations familiales ? La famille doit redevenir la priorité des priorités sociales et politiques. Comme le dit le Pape : « Ne se pourrait-il pas au contraire que la croissance d’une « culture du déchet » matérialiste, nous ait rendus de fait plus indifférents aux pauvres et aux membres plus vulnérables de la famille humaine, y compris les enfants non nés, privés du droit même à la vie ? » Dans ce contexte, quelle part l’Église peut-elle jouée ? Nous examinerons cette questions la semaine prochaine.
Église en sortie 14 septembre 2018
Cette semaine à Église en sortie, on s’entretient avec le père Thomas Rosica c.s.b. à propos des actualités de l’Église. On vous présente un reportage sur la Rencontre Mondiale des Familles 2018 à Dublin en Irlande. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit le Recteur Majeur (Supérieur général) de la Société salésienne avec qui il s’entretient de la relation entre l’Église et les jeunes, quelques semaines avant le début du Synode ordinaire des évêques portant sur « Les jeunes, la Foi et le discernement vocationnel ».
L’Évangile de la famille pour une Église en crise

CNS/Paul Haring
Du 22 au 26 août avait lieu la 9e Rencontre des Familles à Dublin en Irlande. Durant trois jours, se sont succédés conférences, panels et prières centrés sur le thème « L’Évangile de la famille : joie pour le monde ». Le clou de cette rencontre internationale fut la visite du pape François en Irlande et où il a pu participer au Festival des Familles et célébrer une Messe à Phoenix Park comme l’avait fait avant lui le saint pape Jean-Paul II en 1979. Même si les circonstances n’étaient pas favorables à la diffusion médiatique de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, je crois que cette Rencontre mondiale des familles de Dublin a su tout de même montrer au monde la fierté des catholiques du monde entier envers le Pape et le trésor de la foi qu’ils portent en leur cœur. Cependant, j’aimerais commencer mon analyse de cette 9e édition de la RMF par une réflexion sur le choix d’angle de couverture que nous avons choisi en tant que média catholique.
Un contexte très complexe
L’environnement médiatique entourant cet événement d’envergure a bien entendu été gravement obscurci par les scandales d’abus sexuels survenus aux États-Unis, en Irlande ainsi qu’en de nombreux pays. En effet, les révélations entourant l’ancien cardinal McCarrick, celles du Pensilvania Grand Jury Report et la plaie ouverte que représente l’histoire récente en Irlande prédestinaient cette Rencontre Mondiale des Famille à un flop monumental. Ce ne fut cependant pas le cas puisque quelque 37 000 personnes ont participé au Congrès tandis que la visite du Pape a, elle, permis de franchir une nouvelle étape dans les relations entre le peuple irlandais et l’Église dans un horizon de réconciliation.
Combattre le cléricalisme
De notre côté à Sel et Lumière, nous avons choisi d’offrir une couverture en accord avec l’objectif de la Rencontre Mondiale des familles telle que la voulait son saint fondateur c’est-à-dire de « renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». Selon la Constitution dogmatique du Concile Vatican II Lumen Gentium, « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. » (No 10). En ce sens, concentrer le traitement médiatique de l’Église sur les abus sexuels d’une minorité du clergé revient à encourager le cléricalisme puisqu’elle met de côté la vaste majorité du peuple de Dieu. Au contraire, offrir une couverture médiatique centrée sur la beauté de la vie familiale aujourd’hui signifie aussi refuser le prisme réducteur hérité du cléricalisme.
Une couverture au service du Peuple de Dieu
Comme le disait le pape François dans une lettre adressée au Cardinal Marc Ouellet : « Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique ». En ce sens, bien que ce contexte de crise ait, sans contredit, éclipsé l’annonce de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, le père Thomas Rosica, Matteo Cioffi, moi-même et l’ensemble de l’équipe de Sel et Lumière avons travaillé intensément à vous transmettre et manifester la réalité telle qu’elle s’est vécue sur le terrain, au-delà du prisme réducteur de la crise institutionnelle de l’Église. Que ce soit par les dizaines d’entrevues avec des couples et des responsables de l’Église, nos blogues ou la diffusion des différentes étapes du voyage du pape François, nous avons tenté de vous présenter une perspective centrée sur les défis propres et le rôle de la foi dans des familles catholiques aujourd’hui. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de revisiter ensemble les différents gestes et discours du pape François en Irlande. D’ici-là, je vous invite à revoir et consulter l’ensemble de notre couverture de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 de Dublin.
Capsules quotidiennes: Rencontre Mondiale des Familles -Dublin 2018
Vous trouverez ci-dessous les 4 rapports quotidiens de notre journaliste Francis Denis en provenance de la Rencontre Mondiale des Familles Dublin 2018 avec la participation spéciale du pape François:
Pape François en Irlande: homélie lors de la Messe de clôture à Dublin
Le dimanche 26 août 2018, le Saint Père a célébré la Messe de clôture pour la Rencontre mondiale des familles à Dublin, en Irlande. Près de 500 000 personnes étaient rassemblées au Phoenix Park. Voici le texte complet de l’homélie qu’il a prononcé cet après-midi:
«Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68).
Au terme de cette Rencontre Mondiale des Familles, nous sommes rassemblés comme une famille autour de la table du Seigneur. Nous remercions le Seigneur pour toutes les bénédictions reçues dans nos familles. Nous voulons nous engager à vivre pleinement notre vocation pour être, selon les paroles touchantes de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « l’amour dans le cœur de l’Église ». Dans ce précieux moment de communion les uns avec les autres et avec le Seigneur, il est bon de faire une halte et de considérer la source de toutes les bonnes choses que nous avons reçues. Jésus révèle l’origine de ces bénédictions dans l’Évangile d’aujourd’hui, quand il parle à ses disciples. Beaucoup d’entre eux étaient bouleversés, désorientés et aussi en colère, discutant pour savoir s’il fallait accepter ses « paroles dures », tellement contraires à la sagesse de ce monde. En réponse, le Seigneur leur dit directement : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6,63).
Ces paroles, avec leur promesse du don de l’Esprit Saint, sont débordantes de vie pour nous qui les accueillons dans la foi. Elles montrent la source ultime de tout le bien que nous avons expérimenté et célébré ici en ces jours : l’Esprit de Dieu, qui souffle constamment une vie nouvelle sur le monde, dans les cœurs, dans les familles, dans les maisons et dans les paroisses. Chaque nouveau jour dans la vie de nos familles, et chaque nouvelle génération, porte avec soi la promesse d’une nouvelle Pentecôte, une Pentecôte domestique, une nouvelle effusion de l’Esprit, le Paraclet, que Jésus nous envoie comme notre Avocat, notre Consolateur et Celui qui vraiment nous donne du courage.
Combien le monde a besoin de cet encouragement qui est don et promesse de Dieu ! Comme un des fruits de cette célébration de la vie familiale, puissiez-vous revenir chez vous et devenir une source d’encouragement pour les autres, pour partager avec eux « les paroles de la vie éternelle » de Jésus. Vos familles en effet sont à la fois un lieu privilégié et un moyen important pour transmettre ces paroles comme de « bonnes nouvelles » pour chacun, et en particulier pour ceux qui désirent quitter le désert et la « maison d’esclavage » (Cf. Jos 24,17), pour aller vers la terre promise de l’espérance et de la liberté.
Dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul nous dit que le mariage est une participation au mystère de la fidélité permanente du Christ à son épouse, l’Église (Cf. Ep 5,32). Cependant cet enseignement, quoique magnifique, peut apparaître à certains comme une « parole dure ». Parce que vivre dans l’amour, comme le Christ nous a aimés (Cf. Ep 5,2), comporte l’imitation de son propre sacrifice, comporte de mourir à nous-mêmes pour renaître à un amour plus grand et plus durable. Cet amour qui seul peut sauver le monde de l’esclavage du péché, de l’égoïsme, de l’avidité et de l’indifférence envers les besoins de ceux qui ont moins de chance. C’est cet amour que nous avons connu en Jésus-Christ. Il s’est incarné dans notre monde grâce à une famille, et par le témoignage des familles chrétiennes à chaque génération, il a le pouvoir de briser toutes les barrières pour réconcilier le monde avec Dieu et pour faire de nous ce que depuis toujours nous sommes destinés à être : une unique famille humaine vivant ensemble dans la justice, dans la sainteté et la paix.
La mission de témoigner de cette Bonne Nouvelle n’est pas facile. Cependant les défis auxquels les chrétiens aujourd’hui sont confrontés, sont, à leur manière, non moins difficiles que ceux qu’ont dû affronter les premiers missionnaires irlandais. Je pense à saint Colomban, qui avec son petit groupe de compagnons a porté la lumière de l’Évangile sur les terres européennes à une époque d’obscurité et de décadence culturelle. Leur extraordinaire succès missionnaire n’était pas basé sur des méthodes tactiques ou sur des plans stratégiques, mais sur une docilité humble et libératrice aux suggestions de l’Esprit Saint. Ce fut leur témoignage quotidien de fidélité au Christ et entre eux qui a conquis les cœurs qui désiraient ardemment une parole de grâce et qui a contribué à faire naître la culture européenne. Ce témoignage reste une source permanente de renouvellement spirituel et missionnaire pour le peuple saint et fidèle de Dieu.
Naturellement, il y aura toujours des personnes qui s’opposeront à la Bonne Nouvelle, qui « murmureront » contre ses « paroles dures ». Cependant, comme saint Colomban et ses compagnons qui affrontèrent des eaux glacées et des flots déchaînés pour suivre Jésus, ne nous laissons jamais influencer ou décourager par le regard glacial de l’indifférence ou par les vents tempétueux de l’hostilité.
Toutefois, reconnaissons humblement que, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons nous aussi trouver durs les enseignements de Jésus. Combien il est toujours difficile de pardonner à ceux qui nous blessent ! Quel défi est toujours celui d’accueillir le migrant et l’étranger ! Comme il est douloureux de supporter la déception, le refus ou la trahison ! Combien il est gênant de protéger les droits des plus fragiles, de ceux qui ne sont pas encore nés ou des plus anciens, qui semblent déranger notre sens de la liberté.
Pourtant, c’est justement dans ces circonstances que le Seigneur nous demande : » Voulez- vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67). Avec la force de l’Esprit qui nous encourage et avec le Seigneur toujours à nos côtés, nous pouvons répondre : « Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu » ( v. 69). Avec le peuple d’Israël, nous pouvons redire : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu » (Jos 24,18).
Avec les sacrements du Baptême et de la Confirmation, tout chrétien est envoyé pour être missionnaire, un « disciple missionnaire » (Cf. Evangelii gaudium, n. 120). L’Église dans son ensemble est appelée à « sortir » pour porter les paroles de la vie éternelle aux périphéries du monde. Puisse notre célébration d’aujourd’hui confirmer chacun de vous, parents et grand- parents, enfants et jeunes, hommes et femmes, frères et sœurs, contemplatifs et missionnaires, diacres et prêtres, à partager la joie de l’Évangile ! Puissiez-vous partager l’Évangile de la famille comme une joie pour le monde !
En nous préparant à reprendre chacun notre propre route, renouvelons notre fidélité au Seigneur et à la vocation à laquelle il a appelé chacun de nous. En faisant nôtre la prière de Saint Patrick, redisons chacun avec joie : « Christ en moi, Christ derrière moi, Christ avec moi, Christ sous moi, Christ sur moi ». Avec la joie et la force données par l’Esprit Saint, disons-lui avec confiance : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68).
Pape François en Irlande: Angélus au sanctuaire de Knock
Après avoir quitté la nonciature apostolique ce matin, dimanche 26 août 2018, le pape François a pris l’avion de Dublin pour se rendre au sanctuaire de Knock, un lieu populaire pour les pèlerinages mariales en Irlande.
Une fois sa tournée en papa mobile terminée, le pape François a été accueilli par l’archevêque de Tuam, Mgr Michael Neary ainsi que les quatre évêques de la province ecclésiastique. Quelques enfants étaient aussi présents.
Le Pape s’est rendu à la Chapelle des apparitions où il a été accueilli par le recteur du sanctuaire, le père Richard Gibbons. Près de 200 personnes étaient rassemblées à l’intérieur. Après avoir prié en silence devant l’image de la Vierge, le Saint Père a offert en cadeau un chapelet en or. Il s’est ensuite rendu sur l’esplanade du sanctuaire pour la récitation de la prière de l’Angélus.
À 11 h15 (12 h15 à Rome), le Saint Père a quitté Knock en avion pour retourner à Dublin pour le dîner avec la suite papale à la nonciature. Vous trouverez, ci-dessous, la réflexion du Pape lors de la prière mariale avec les mots qu’il a improvisé.
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux d’être ici avec vous. Je suis heureux d’être ici dans la maison de Marie. Je rends grâce à Dieu pour l’opportunité de visiter, dans le contexte de la Rencontre mondiale des Familles, ce Sanctuaire si cher au peuple irlandais. Je remercie l’Archevêque Neary et le Recteur, Père Gibbons, pour leur cordial accueil. Dans la Chapelle de l’Apparition j’ai confié à l’intercession très aimante de la Vierge toutes les familles du monde et, spécialement, vos familles, les familles irlandaises. Marie notre Mère connaît les joies et les difficultés que l’on éprouve dans chaque maison. Les tenant dans son Cœur immaculé, elle les présente avec amour au trône de son Fils.
En souvenir de ma visite, j’ai apporté en cadeau un Rosaire d’or. Je sais combien est importante dans ce pays la tradition du Rosaire familial. Que de cœurs de pères, de mères et d’enfants ont puisé consolation et force au cours des années en méditant sur la participation de la Vierge aux mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie du Christ !
Marie notre Mère est aussi la Mère de l’Eglise, et c’est à elle que nous confions aujourd’hui le cheminement du peuple fidèle de Dieu en cette « Île d’émeraude ». Nous demandons que les familles soient soutenues dans leur engagement à répandre le Règne du Christ et à prendre soin des derniers de nos frères et de nos sœurs. Au milieu des vents et des tempêtes qui sévissent sur notre temps, qu’elles soient des remparts de foi et de bonté qui, selon les meilleures traditions de la nation, résistent à tout ce qui voudrait amoindrir la dignité de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu et appelés au sublime destin de la vie éternelle.
Que la Vierge regarde avec miséricorde tous les membres souffrants de la famille de son Fils. Priant devant sa statue, je les ai présentés, en particulier, toutes les victimes d’abus de la part de membres de l’Eglise en Irlande. Aucun de nous ne peut se dispenser de se sentir ému par les histoires de mineurs qui ont souffert d’abus, à qui on a volé l’innocence et qui ont été abandonnés à la blessure de douloureux souvenirs. Cette plaie ouverte nous défie d’être fermes et décidés dans la recherche de la vérité et de la justice. J’implore le pardon du Seigneur pour ces péchés, pour le scandale et la trahison ressentis par tant de personnes dans la famille de Dieu. Je demande à notre Bienheureuse Mère d’intercéder pour la guérison de toutes les personnes qui ont subi des abus de n’importe quel type et de confirmer chaque membre de la famille chrétienne dans la ferme intention de ne plus jamais permettre que ces situations arrivent, et d’intercéder pour nous tous, pour que nous puissions avancer dans la justice et réparer, le plus possible, tant de violence.
Mon pèlerinage à Knock me permet aussi d’adresser un cordial salut aux habitants bien-aimés d’Irlande du Nord. Bien que mon voyage pour la Rencontre mondiale des Familles n’inclut pas une visite du Nord, je vous assure de mon affection et de ma proximité dans la prière. Je demande à la Vierge de soutenir tous les membres de la famille irlandaise pour qu’ils persévèrent, comme des frères et des sœurs, dans l’œuvre de réconciliation. Avec gratitude pour les progrès œcuméniques et pour la croissance significative d’amitié et de collaboration entre les communautés chrétiennes, musulmanes, juives et autres confessions: les fils (et les filles) d’Irlande. je prie pour que tous les disciples du Christ poursuivent avec constance les efforts pour faire progresser le processus de paix et construire une société harmonieuse et juste pour les enfants d’aujourd’hui.
Et maintenant, avec ces intentions et avec toutes celles que nous portons dans le cœur, adressons-nous à la Bienheureuse Vierge Marie par la prière de l’Angelus.


