Église en Sortie 12 octobre 2018

Cette semaine à Église en sortie : on s’entretient avec l’abbé Brice Petitjean, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel et curé de la paroisse Saint-Thomas d’Aquin de Québec. On vous présente la première chronique des actualités de la rue 2018 avec l’abbé Claude Paradis, directeur de l’apostolat « Notre-Dame de la rue ». Dans la troisième partie de l’émission, on parle du Colloque tenu au Vatican sur « La xénophobie, le racisme et le nationalisme populiste dans le contexte de la migration mondiale » avec Alessandra Santopadre, déléguée de l’archidiocèse de Montréal.

Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal

En EXCLUSIVITÉ sur les ondes de TV Sel + Lumière et en ligne sur le web, suivez EN DIRECT la diffusion de la Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal, le vendredi 26 octobre à 19 h 30 min. Cette Messe célébrée, à la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal, sera présidée par S. Exc. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal. L’animation est confiée aux communautés présentes sur le territoire de l’Archidiocèse ; ainsi qu’aux séminaristes étudiants au Grand Séminaire de Montréal. Veuillez noter que la Messe sera également disponible sur Facebook EN DIRECT de Sel et Lumière dès 19 h 30 min. Un rendez-vous à ne pas manquer !

Vous trouverez le feuillet de célébration en cliquant sur le lien suivant:

Feuillet Messe vocationnelle

Église en sortie 5 octobre 2018

Cette semaine à Église en sortie, on parle du livre La responsabilité cosmique de l’humanité : un examen critique de Laudato Sì avec Philippe J. Crabbé, auteur et professeur d’économie des ressources naturelles et de l’environnement à l’Université d’Ottawa. On vous présente un reportage sur la saison 2018 du Festival de l’Assomption au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap de Trois-Rivières. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit le théologien et auteur Jacques Gauthier sur son plus récent livre Georgette Faniel, le don total. Biographie spirituelle.

« Protection des personnes mineures» : une démarche de contrition

Jeudi dernier le 4 octobre 2018, la Conférence des évêques catholiques du Canada publiait le document intitulé « Protection des personnes mineures contre les abus sexuels ». D’environ 200 pages et composé d’une annexe et de ressources à la disposition des catholiques, ce document important divisé en trois parties se veut un « Appel aux fidèles catholiques du Canada pour la guérison, la réconciliation et la transformation ». Prenant acte du mal commis à la fois par les membres de l’Église ayant abusé de personnes vulnérables et à la fois par ceux qui ont fait obstacle au processus judiciaire auquel ces derniers auraient dû faire face, la hiérarchie de l’Église canadienne fait aujourd’hui son mea-culpa devant Dieu et l’ensemble de la société afin que plus jamais de tels actes ne se produisent. Cette prise de parole historique ne se complait cependant pas dans la repentance inactive mais tente plutôt d’offrir des directives claires pour que les réformes attendues se mettent en place tant dans les consciences du Peuple de Dieu que dans les structures institutionnelles. Nous examinerons aujourd’hui la première partie de ce document.

Une démarche de contrition

Cherchant à appliquer son propre patrimoine moral à la situation, nous pouvons dire que ce document de la CECC respecte les conditions de la contrition telle que l’exige la célébration valide du sacrement de pénitence. En effet, selon le Concile de Trente, la contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (CEC no 1451). En ce sens, les évêques sont pleinement conscients des erreurs commises dans le passé et prennent acte face aux récentes révélations en lien avec l’actualité (p.18). Sachant que les scandales des dernières semaines ont « profondément affectés » l’ensemble des fidèles catholiques, les évêques sont loin de s’apitoyer sur leur propre sort. Ils ont, au contraire, la ferme intention de mettre au premier plan la guérison des victimes, sans égards, comme ce fut le cas par le passé, malgré les risques que cela comporte.

Douleur de l’âme

Bien que l’institution hiérarchique canadienne ait la responsabilité des actes commis dans le passé, aucun évêque en place ne s’est rendu personnellement coupable d’actes ignobles ou de couvertures de cas. Ainsi, puisque ce document revient à prendre sur eux le fardeau laissé par certains de leurs prédécesseurs, nous ne pouvons qu’être admiratif devant l’humilité et la compassion de ces hommes qui, comme le Christ, se mettent réellement au service des plus petits. Cette profonde douleur devant les péchés de l’Institution à laquelle ils ont donné leur vie est donc bénéfique puisque orientée à prendre sur eux la plus souffrante partie du Peuple de Dieu qui leur est confiée c’est-à-dire les victimes elles-mêmes. Les leçons 1 et 2 vont en ce sens.

Dans un premier temps, l’expérience de rencontres « pastorales avec les victimes » (p.25) a manifesté que « rencontrer les victimes face à face qualifient ces rencontres de déchirantes » et que « « bien qu’il puisse être difficile, et même humiliant, pour un évêque de trouver le courage de rencontrer les victimes, le pape Benoît XVI a montré que ce n’est pas impossible » (p.26). Ainsi, parce qu’une contrition digne de ce nom passe nécessairement par cette douleur de l’âme, il est impératif que les évêques du Canada mettent sur pied de telles rencontres et qu’ainsi ils apprennent à « tendre la main aux victimes avec le désir de les accompagner sur le chemin de la guérison » (p.27).

La « leçon 2 » selon laquelle les évêques et fidèles catholiques doivent « mieux connaître les abus sexuels » va également dans l’approfondissement de la douleur nécessaire à une réelle contrition. Que ce soit par une meilleure connaissance des « effets des agressions sexuelles » (p.29) psychologiques et sociologiques ou par une formation accrue concernant le « profil psychologique des délinquants » (p.29) permettant un dépistage plus efficace, les évêques du Canada sont disposés, bien que ce soit douloureux à bien des égards, à inclure ce type de formations aux différents niveaux des structures des diocèses canadiens.

Sur le chemin de réconciliation

La semaine prochaine, nous poursuivrons notre parcours de ce document important de la Conférence des évêques catholiques du Canada en examinant comment y est manifestée la prise de conscience du mal commis par un respect des exigences propres d’une contrition sincère telle qu’enseignée par le Christ lors de l’institution du sacrement de pénitence.

Semaine chargée pour les évêques du Québec

Du 18 au 21 septembre derniers, se tenait au Sanctuaire Notre-Dame du Cap de Trois-Rivières, la plénière automnale de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec. C’est donc aujourd’hui que s’est terminée cette semaine de rencontres, de prières, de délibérations et de réflexion non seulement sur les enjeux auxquels font face les diocèses du Québec mais également sur ceux de la société en général. Lors de mon passage à Trois-Rivières cette semaine, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Mgr Noël Simard,  président de l’AECQ et évêque de Valleyfield, sur les différents sujets abordés durant la semaine.

Cours d’éducation sexuelle

La nouvelle mise en place par le gouvernement du Québec d’un cours d’éducation sexuelle dans les écoles dès la rentrée a fait couler beaucoup d’encre. Cela est d’autant plus problématique pour l’Église catholique qui, ayant elle-même une vision bien définie sur l’éthique de la sexualité, ne voit pas forcément son point de vue bien représenté par le cours actuel. Les évêques ont donc voulu aborder la question en invitant quatre spécialistes qui ont pu émettre leur avis. Selon Mgr Simard : « nous devons avoir un message positif sur les questions de sexualité et d’amour conjugal puisqu’il ne sert à rien d’être alarmiste ou de paniquer ».  « Au contraire, » poursuit-il, « comme évêques nous devons miser sur l’offre d’un soutien et d’un éclairage aux parents et aux catéchètes afin qu’ils aient les outils nécessaires pour proposer aux familles une vision intégrale de la sexualité telle que présentée dans la Théologie du corps de saint Jean-Paul II par exemple ». Tenant compte du climat actuel d’abus dans l’Église, les évêques sont conscients qu’ils doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils abordent ce sujet délicat.

Visite du Patriarche Copte-catholique d’Alexandrie

Un des moments forts de cette plénière fut sans contredit la présence de Sa Béatitude Ibrahim Isaac Sidrak. Lors de son intervention, le patriarche alexandrin a offert un témoignage sur la situation de la population copte-catholique durant et après les turbulences de ce qu’on a appelé le « printemps arabe ». Selon Mgr Simard, son discours fut « très encourageant » puisqu’il a montré comment « le court moment de la présence des frères musulmans au pouvoir a manifesté la radicalité de leur doctrine et a ainsi ouvert les yeux de la majorité des musulmans ». L’expression « Felix culpa » fut même utilisée par le Chef catholique égyptien pour montrer jusqu’à quel point la situation s’est améliorée, à la fois, avec le gouvernement du général Al Sisi mais aussi avec la population en général, aujourd’hui beaucoup plus tolérante envers les minorités chrétiennes d’Égypte. En signe de fraternité, Mgr Simard a accueilli positivement la possibilité d’échanges entre les deux communautés.

 Prêtres venant d’ailleurs

Ce n’est un secret pour personne, plusieurs diocèses du Québec dépendent aujourd’hui de la présence de prêtres d’autres pays pour l’accomplissement de leur ministère épiscopal respectif. Un accroissement de cette tendance étant à prévoir, les évêques du Québec ont donc dédié plusieurs moments de la semaine pour réfléchir à la question. Pour l’occasion, plusieurs prêtres venant d’ailleurs avaient été invités ainsi que Mgr Aristide Gonsallo, évêque de Porto Novo au Bénin qui a pu partager son expérience du point de vue d’un évêque envoyant ses prêtres en mission. Comment mieux accompagner et accueillir ces prêtres qui arrivent ? Comment mieux les soutenir tout au long de leur ministère et dans le processus d’adaptation et d’inculturation ? Telles furent les questions abordées durant cette semaine de plénière de l’AECQ.

Prise de parole des évêques pour les élections québecoises de 2018

Les évêques ont également parlé de la campagne électorale actuelle. Faisant référence au message de l’AECQ intitulé « Élections provinciales 2018 : soyons responsables », Mgr Noël Simard a souligné l’importance de l’implication des catholiques dans le processus électoral. Encourager la participation au vote, soutenir les politiciens en ces temps de cynisme et rappeler l’importance du discernement à la lumière des enseignements évangéliques et de la Doctrine sociale de l’Église ne sont que quelques points soulignés par les évêques. En ce sens, selon Mgr Simard : « il est important que les catholiques discernent sérieusement le meilleur programme et la personne la plus apte à gouverner l’État du Québec. Et pour ce faire, nous invitons les gens à ne pas se focaliser sur un seul enjeu mais plutôt de peser le pour et le contre dans une perspective globale qui tienne compte de toutes les dimensions qu’elles soient économiques, sociales, humaines, etc.

La priorité des communications

À ma question des priorités de l’AECQ pour l’année à venir, Mgr Simard n’a pas hésité à me mentionner l’accroissement de la présente de l’Assemblée des évêques du Québec au niveau des communications. « Nous devons être là », dit-il, « où les gens sont et, en ce sens, nous devons faire rayonner notre message par une présence accrue sur les médias sociaux tels que Facebook, Twitter et notre page web ». Faisant référence avec fierté aux documents publiés par les différentes commissions de l’AECQ, Mgr Simard et le Secrétariat général s’engagent donc dans une nouvelle étape de développement d’une stratégie de communication à la hauteur non seulement des enjeux et besoins des catholiques du Québec mais également de la population en général.

Cette semaine très intense de rencontres fraternelles entre les évêques leur aura certainement permis d’approfondir leur connaissance et leur discernement sur les enjeux auxquels ils font face individuellement et comme collectivité. Alors que s’amorce une deuxième semaine avec la plénière de l’Assemblée des évêques du Canada à Cornwall la semaine prochaine, les évêques du Québec sortent une fois de plus de cette semaine au Sanctuaire Notre-Dame du Cap avec une expérience concrète, à leur niveau, de ce que signifie la synodalité de l’Église.

Et pour suivre cette semaine à venir de plénière de la CECC, consulter l’horaire de notre couverture exclusive S+L en cliquant sur le lien suivant. Un rendez-vous à ne pas manquer!

La famille: une priorité pour l’Église

CNS/L’Osservatore Romano

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la vision ecclésiale de la famille comme « ciment de la société » manifeste, non seulement, son rôle irremplaçable pour toute société mais également les coûts humains et sociaux qu’entraîne sa détérioration. Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour aider les familles à réaliser pleinement ce qu’elles sont appelées à être ? C’est l’un des thèmes abordés par le pape François lors de son allocution au Stade Croke Park de Dublin pour la Rencontre Mondiale des familles. En effet, pour le Saint-Père, « L’Église est la famille des enfants de Dieu […] parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême ». Le baptême peut donc être considéré comme une nouvelle naissance et l’élargissement de notre propre cercle familial.

Naissance dans l’Esprit

Pour le pape François, il est important « d’encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible » puisqu’il « est nécessaire d’inviter chacun à la fête, même le petit enfant ! ». Le thème de la « fête » est récurrent dans la pensée du Saint-Père. Pour lui, il est nécessaire d’inviter la communauté entière à se réjouir des réussites et des joies des membres de l’Église. Cela fait même partie de sa définition d’une « Église en sortie » (no24). Une Église cohérente avec le Mystère qu’elle porte, n’attend donc pas avant d’accueillir ses enfants.

« de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle. »

Un autre argument convainc le pape François de « baptiser rapidement » les enfants. Il s’explique : « Faisons une comparaison : un enfant sans le Baptême, parce que les parents disent : « Non, quand il sera grand » ; et un enfant avec le Baptême, avec l’Esprit Saint en lui : celui-là est plus fort parce qu’il a en lui la force de Dieu ! ». Privé volontairement un enfant du don que Dieu désire ardemment lui transmettre équivaut à l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement. Ainsi, de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle.

La force d’une relation indestructible

Qu’elle est donc cette nouvelle force reçue au baptême et quels en sont les effets sur la vie concrète du baptisé ? Pour le pape François, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (No 49). Nous pourrions facilement écrire plusieurs traités tant la densité du contenu de cette expression est riche. Je ne m’attarderai qu’à en souligner deux grands traits.

D’abord, puisque le baptême fait de nous des enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, il imprime en nous un caractère nouveau et indélébile. De la même manière que la famille dans laquelle nous naissons a un impact sur notre vie, la relation vitale avec Dieu créée par l’action du baptême sur notre âme influence l’ensemble de notre existence. Cette amitié a la caractéristique d’être indestructible et indéfectible, à condition que nous ne coupions pas les ponts. Ainsi, comme nous pouvons être certains de l’appui et de la consolation de notre famille, nous pouvons être assurés de la Présence constante de Dieu dans notre vie.

« Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? »

Cette nouvelle relation ne fait pas que nous soutenir lorsque nous tombons, elle nous éclaire et ouvre un horizon indépassable pour notre vie. De fait, nous faisons constamment l’expérience de notre insatisfaction permanente des réalités de ce monde. Nourriture, divertissement, connaissances, succès, technologies, etc., ces réalités ne peuvent satisfaire ce qui apparaît comme un manque insatiable. Ce désir présent en toute personne provient de notre nature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? Ne leur demandons donc pas l’impossible et adressons-nous plutôt au seul Être capable de nous assouvir c’est-à-dire Dieu. C’est ce que le baptême nous offre quelques semaines après notre naissance.

Le baptême : expérience inépuisable

Nos sociétés sont de plus en plus fragmentées et les personnes de moins en moins capables de s’engager dans des relations durables. Or le remède adapté à la situation nous est confié. En nous laissant transformer par la grâce divine présente dans le baptême et les invitations à l’engagement charitable, nos communautés ont tout ce qu’il faut pour offrir à nos contemporains, la famille dont ils ont toujours rêvé. Cherchons donc à nous réjouir de ce cadeau comme une vraie famille et invitons toute personne à recevoir ce don gratuit. Notre société entière ne manquera pas de profiter de cet apport non négligeable.

Trois ordinations diaconales pour l’archidiocèse de Montréal au Grand Séminaire de Montréal

En EXCLUSIVITÉ sur les ondes de Sel et Lumière, voyez la télédiffusion en direct de l’ordination diaconale de trois séminaristes pour l’Archidiocèse de Montréal le vendredi 31 août à 19h30. Cette cérémonie sera célébrée à la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal et sera présidée par S.Exc. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal en présence du nouveau recteur M. Guy Guindon PSS et son équipe, des directeurs de vocations et de nombreux prêtres, diacres, fidèles du diocèse, parents et amis/es des ordonnés. L’animation de cette ordination est confiée aux communautés paroissiales qui ont accueilli les trois séminaristes durant leurs stages pastoraux aux quatre coins de l’Archidiocèse de Montréal et à des séminaristes étudiants au Grand Séminaire de Montréal. Durant la célébration, Bruno Cloutier, Pascal Cyr et Emanuel Zetino seront ordonnés diacres en vue de devenir prêtres. Tous trois ont effectué leurs études et leur formation au Grand Séminaire de Montréal.

Veuillez noter que cette Messe sera également disponible en direct sur la chaîne web (TV S+L En Direct) de Sel et Lumière dès 19h30. Un rendez-vous à ne pas manquer! Vous trouverez au lien suivant le rituel de la Messe.

 

 

Instrumentum Laboris: chemin de créativité pour l’action pastorale de l’Église

CNS photo/Vatican Media

Le 8 mai dernier, l’Église publiait l’Instrumentum Laboris du Synode à venir portant sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». D’une soixantaine de pages, ce document a pour but de guider les réflexions et les discussions des pères synodaux lors de la rencontre d’octobre prochain. Divisé en trois parties et s’inspirant d’une panoplie de sources (dont le pré-synode des jeunes), ce texte explore à la fois la réalité concrète des jeunes d’aujourd’hui, la foi, le discernement ainsi que les choix propres à cette étape de la vie. Nous parcourrons ces trois parties dans les prochaines semaines. Ce texte étant de par sa nature, universel, je m’attarderai surtout aux éléments concernant davantage la jeunesse occidentale.

Dans son ensemble, la première partie offre une description de ce en quoi consiste être jeune aujourd’hui. Partant des caractéristiques objectives qui constituent de tout temps cette étape de la vie que l’on nomme « jeunesse », il contient de nombreux éléments pour réfléchir aux beautés et aux défis que représente le fait d’être jeune au XXIe siècle.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous sommes invités, dans un premier temps, à considérer plusieurs caractéristiques objectives de cette étape de la vie et, dans un deuxième temps, à voir ses conditions de réalisation à l’heure actuelle. Ainsi, l’Instrumentum Laboris montre les chemins de créativité pour l’action pastorale de l’Église.

La liberté au service du développement

On souligne d’abord le fait que la jeunesse est une étape du développement de la personne humaine; une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte où se construisent tout particulièrement des éléments comme l’identité (no 16), les compétences professionnelles (no 154), les talents, la créativité (no 27), la capacité d’aimer (no 79), le sens critique (no 75), etc. Toutefois, la jeunesse de notre époque semble traiter cette étape d’une manière très particulière. En effet, on note d’abord que « la transition à l’âge adulte est devenue un chemin long, complexe et non linéaire, où alternent des pas en avant et des pas en arrière » (no 16) tout en soulignant la « demande d’espaces croissants de liberté, d’autonomie et d’expression (no 8).

Faire le pont entre la volonté de développement personnel inhérente à la jeunesse sans que soient perçus les choix nécessaires à cette évolution comme étant des atteintes à la liberté de chaque personne, voilà un nœud où l’Église peut manifester toute sa pertinence. En effet, « la joie de l’Évangile fait grandir le désir ; non seulement cultiver ses rêves, mais aussi franchir des pas concrets en intégrant les contraintes de la vie » (no 125).

Des chercheurs de sens

Une deuxième caractéristique des jeunes de tout temps est leur ardeur à chercher la vérité. De fait « les jeunes sont de grands chercheurs de sens et tout ce qui rejoint leur quête de sens pour donner de la valeur à leur vie suscite leur attention et motive leurs efforts (no 7). De cet élément fondamental découle, par exemple, l’importance qu’ils accordent à toutes les formes d’art (no 38) ainsi qu’une insatisfaction croissante « par rapport à une vision du monde purement immanente, véhiculée par le consumérisme et par le réductionnisme scientiste » (no 63). Devant l’immensité des possibilités qu’offre notre monde ultra connecté, on peut comprendre l’émergence de « la déprime et l’ennui » (no 35) croissant chez les jeunes pour qui disponibilité rime avec indifférence et apathie. Comme on dit « trop de choix c’est comme pas assez ».

Dans ce contexte, l’Église est en mesure d’offrir une verticalité de laquelle émerge une hiérarchie de priorités. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent donc être très sensibles aux propositions de l’Évangile. Le besoin que l’on ressent fortement chez les jeunes religieux d’une « exigence de radicalité́ est forte » (no 72) en est un exemple. Comment l’Église peut-elle offrir ce sain encadrement qui, respectant les exigences de la liberté, offre le repère essentiel pour faire des choix éclairés ? Voilà une question à laquelle le Synode pourra offrir des éléments de réponse.

Des modèles pour une vie réussie

Une troisième caractéristique de la jeunesse est celle d’être « le moment d’un saut qualitatif, au niveau de l’implication personnelle, dans les relations et les engagements, et de la capacité d’intériorité et de solitude » (no 18). Or, cette évolution représente souvent un saut vers l’inconnu, une période mouvementée où semble indispensable la présence de « modèles » (no 21) permettant au jeune de concevoir positivement pour lui-même ce qu’il n’est pas encore. Or, notre société faillit trop souvent à fournir ces mêmes modèles si essentiels à la formation de la personnalité. Par exemple, on peut concevoir les conséquences dramatiques du fait de « l’absence de leadership fiable, à différents niveaux et dans le domaine civil aussi bien qu’ecclésial » (no 59) ainsi que « la figure paternelle dont l’absence ou l’évanescence dans certains contextes, en particulier occidentaux, produit ambiguïtés et vides ». Comme l’affirme le document, « le point problématique est alors la liquidation de l’âge adulte, qui est la vraie marque de l’univers culturel occidental. Il ne nous manque pas seulement des adultes dans la foi, il nous manque des adultes “tout court” » (no 14).

Nul doit être surpris de la culture de l’isolement et de « l’entre-soi » qui fait que « malgré le fait de vivre dans un monde hyper-connecté, la communication entre les jeunes se limite aux personnes qui leur ressemblent » (no 56-58). Faute de modèles à la hauteur de leurs attentes, les jeunes se regroupent souvent entre eux, empêchant ainsi tout « saut qualitatif » par effet de stagnation. Dans ce contexte, l’Église doit offrir à la jeunesse les modèles dont elle a plus que jamais besoin. Les saints passés, présents et à venir doivent et l’appel universel à la sainteté fera donc assurément l’objet de discussions lors du Synode.

Changement d’époque, changement de paradigme

Le monde vit actuellement de profondes transformations. Étrangement, la société actuelle ressemble, en de nombreux points, à la jeunesse elle-même. Tout comme la jeunesse, notre culture n’est, par elle-même, ni en mesure de réconcilier la liberté avec les choix essentiels au plein épanouissement humain, ni en mesure de donner du sens à la vie, à la souffrance en lui donnant son horizon vertical, ni en mesure d’offrir les modèles nécessaires au déploiement du potentiel présent en chaque jeune.

L’Église doit donc prendre ses responsabilités en devenant elle-même le lieu de tous les épanouissements. Alors que l’époque même dans laquelle nous vivons peut être qualifiée « d’ère de la jeunesse », ces jeunes peuvent s’engager avec l’Institution ecclésiale dans une relation de collaboration réciproque. Pendant que l’une recevra les instruments pour gagner en maturité, l’autre pourra, grâce aux talents et à la fougue de la jeunesse, passer au travers de notre époque de transition sans y avoir perdu trop de plume.

La semaine prochaine, nous poursuivrons notre analyse de l’Instrumentum Laboris en explorant la réalité de la foi et du discernement vocationnel.

Le désert fleurira

En canot, après avoir navigué une partie de la Rivière Rouge, les trois archevêques du Manitoba débarquent sur le quai Taché le 15 juillet 2018. Mgr Albert LeGatt, archevêque de Saint Boniface, Mgr Richard Gagnon, archevêque de Winnipeg, et Mgr Murray Chatlain, archevêque de Keewatin-Le Pas, arrivent vêtus de leur soutane noire et ceints d’une ceinture fléchée. Des hommes et des femmes en costume d’époque les accueillent sur le quai. Dans les escaliers, séparant le quai et l’avenue Taché, des centaines de membres de la communauté catholique de Saint Boniface et des environs, sont rassemblés. Au son du tambour, les évêques prennent part à une cérémonie traditionnelle autochtone de purification, signe d’une relation qui continue de grandir entre l’Église et les Premières Nations dans cette partie du pays.

La scène nous renvoie 200 ans plus tôt, lorsque le père Joseph-Norbert Provencher, le père Sévère-Joseph-Nicolas Dumoulin et un jeune séminariste débarquent, eux aussi, le 16 juillet 1818, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Ces trois missionnaires sont accueillis par Alexander MacDonell, gouverneur de la colonie de la Rivière Rouge. Ils sont là pour établir la première mission catholique, qui deviendrait le berceau de l’Église dans le nord et l’ouest du Canada avec, au début, un territoire qui s’étendrait du nord-ouest de l’Ontario jusqu’aux rocheuses canadiennes.

La reconstitution historique qui a eu lieu 200 ans plus tard, un dimanche matin ensoleillé sur le bord de la rivière Rouge, était donc l’un des moments forts des célébrations qui ont marqué le bicentenaire de l’Église catholique dans le nord-ouest canadien. Du 13 au 15 juillet, l’archidiocèse a organisé, en plus de cette reconstitution, un service de prière oecuménique, une conférence sur l’héritage spirituelle des pionniers de la mission dans l’ouest, une Messe solennelle devant les ruines de l’ancienne cathédrale de Saint-Boniface, un festival familial multiculturel et un concert avec des artistes de renommée. Le pape François a même nommé le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, comme son représentant officiel au jubilé.

C’était l’occasion de se rappeler les deux siècles d’histoire partagée des diverses communautés qui font partie du tissu catholique du nord-ouest canadien aujourd’hui, une histoire évidemment marquée par des périodes de lumière mais aussi par des périodes de noirceur. Dans son homélie, lors de la Messe du dimanche, le cardinal Lacroix a souligné que les célébrations pointent vers « 200 ans de présence de disciples du Christ et de leurs réalisations ». En effet, les réalisations sont nombreuses. Après l’arrivée des missionnaires Provencher, Dumoulin et compagnons, d’autres prêtres et des religieuses débarquent à Saint-Boniface pour ouvrir des églises, des couvents et des pensionnats, des écoles et des hôpitaux. Ces religieux et religieuses ont permis à la foi catholique de s’enraciner à travers tout le territoire.

C’est à la même époque de cet essor missionnaire qu’on ouvre aussi les portes des écoles résidentielles. La réalité de ces écoles est encore fraîche et fait partie de l’histoire plus sombre du catholicisme dans le pays. Les évêques du nord-ouest canadien s’en rendent compte et reconnaissent que pour continuer à évangéliser dans la vérité, il faut non seulement se réconcilier avec ce passé, mais aussi « parfaire les relations communautaires dans l’harmonie, le respect et la justice », a indiqué le primat du Canada pendant la Messe à Saint-Boniface. « Il suffit de mesurer le chemin à parcourir pour que la réconciliation guérisse les blessures du passé et rassemble tous les croyants ». En tant qu’envoyé spécial du Saint Père, le cardinal Lacroix a de plus réaffirmé la proximité du Pape François « alors que se déroule le processus de guérison, de réconciliation et de recherche d’harmonie » au Canada.

Mgr LeGatt, l’hôte des célébrations à Saint-Boniface, rappelle que la réconciliation est nécessaire pour le salut du monde car, Dieu le Père, dans son amour, a voulu réconcilier toute l’humanité en Lui, à travers son Fils Jésus. L’histoire de l’humanité a toujours été pénétrée par des périodes de grandes divisions et de grandes douleurs. Elles ont été surmontées grâce au dialogue entrepris par des hommes et des femmes audacieux.

Le cardinal Lacroix a insisté sur l’« urgence » d’un nouvel élan missionnaire aujourd’hui. Il a énuméré les énormes défis encore à relever: le « déficit d’espérance chez un grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes », le scandale des familles qui souffrent « parce qu’elles ne trouvent pas leur place au sein d’une communauté », les enfants qui ont « faim et soif de pain et d’affection », ceux et celles qui peinent « pour échapper un tant soit peu à la misère », ou les « victimes de ségrégation et d’ostracisme ». Pour y arriver, il a invité tous les fidèles à cette même audace des premiers missionnaires.

C’est avec ce coup d’envoi que se sont terminées les grandes célébrations du bicentenaire en juillet. Le désert fleurira, le renouveau spirituel dans le nord-ouest du Canada arrivera, grâce à ceux et celles qui, poussés par l’Esprit Saint, oseront sortir de leur zone de confort pour faire connaître l’amour du Christ Jésus. « Va, tu seras prophète pour mon peuple du Manitoba, de la Saskatchewan, d’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ».

L’équipe Sel + Lumière était sur place pendant les célébrations. Tous les événements ont été diffusé EN DIRECT sur nos ondes et en ligne. Vous pouvez revoir l’horaire de rediffusion ici. Jetez aussi un coup d’oeil aux capsules vidéos qui retracent d’autres moments clés de la semaine.

Pour une Église sur le terrain de jeu

CNS photo/Christian Hartmann, Reuters

Le 1er juin dernier, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie publiait un document sur le phénomène du sport. Intitulé « Donner le meilleur de soi-même », ce texte (malheureusement pas disponible en français) se veut une réflexion sur l’histoire, la pertinence, les enjeux et la place de l’Église au sein de cette réalité multiforme et multi-dimensionnelle qu’est le sport. À l’heure où la frénésie de la Coupe du monde de soccer tire à sa fin, il me semble opportun de réfléchir avec l’Église sur l’état du sport en 2018.

Le sport au-delà de lui-même

Avant même de parler de la nature du sport, on est frappé par l’importance qu’une telle activité peut avoir sur la vie des gens. En effet, au moment même où toutes les convictions, institutions et appartenances sont remises en question, l’attachement au sport et la valeur qu’on y attache semble gagner de la vigueur. De plus, le sport semble être l’arène d’enjeux dépassant de loin la sphère stricte du jeu. Par exemple, la plus récente controverse lancée par l’animateur américain Trevor Noah sur l’identité africaine des joueurs de l’équipe de France et la réponse de l’ambassadeur français aux États-Unis manifeste, qu’aujourd’hui, le sport représente beaucoup plus qu’un simple jeu. Enfin, sa portée universelle et sa dimension commerciale font du sport, et plus que jamais, un objet digne de la réflexion de l’Église.

De l’importance du sport dans les sociétés contemporaines, découle une plus grande responsabilité de la part des différents acteurs du milieu. En effet, l’essence même du sport ainsi que sa croissante popularité font qu’il « est souvent instrumentalisé à des fins politiques, commerciales ou idéologiques » (no2.1). En ce temps d’instabilité et de transition globale, la dimension éthique du sport est d’autant plus importante que sa survie elle-même semble dépendre d’une redécouverte des bienfaits et vertus nécessaires à sa réalisation.

Qu’est-ce donc que le sport ?

Offrant une définition non exhaustive, ce document présente le sport comme étant « une activité physique en mouvement, individuelle ou en groupe, à caractère ludique et compétitif, codifié à travers un système de règles et générant une prestation de confrontation d’égale opportunité entre pairs » (no 2.2).  Corps en mouvement, jeu, règles, compétition et justice semblent être les cinq composantes fondamentales du sport. Fondé sur le présupposé de « la collaboration et l’accord sur les règles constitutives » (no 3.2), la dimension éthique du sport apparaît ainsi dans toute sa nécessité.

Une école de maturité

La moralité de toute action sportive authentique n’est pas seulement importante au niveau philosophique, elle se manifeste comme un outil non seulement de croissance des différents acteurs mais également d’amélioration de la performance et de la qualité du jeu lui-même. En effet, du fait que « les règles aident à comprendre que la justice n’est pas quelque chose de purement subjectif, mais qu’elle a également une dimension objective » (no 3.2), on peut comprendre que le jeu est une véritable école de vertu où l’on expérimente à la première personne le lien intrinsèque entre liberté et responsabilité;  où l’on apprend que loin d’être une prison, le respect des règles nous rend au contraire « plus libre et créatif » (no 3.2).

Enfin, le sport aide chacune des personnes impliquées à « surmonter l’égoïsme » (3.3) et à se mettre au service de l’intérêt commun de l’équipe. En effet, plus grande est la syntonie des personnes à la quête de la victoire dans une équipe, plus grandes sont ses chances de gagner. De plus, grande est la déception des supporteurs lorsqu’un équipier joue pour lui-même, cherchant sa gloire personnelle avant celle de l’équipe. Comme le dit le pape François : « Non à l’individualisme ! Ne jouez pas pour vous-mêmes. Dans mon pays, lorsqu’un joueur fait cela on dit : « mais celui-là est en train de manger le ballon! ». Non à cet individualisme : ne mangez pas le ballon … » (no 3.3). Ainsi, l’exercice des vertus de loyauté, de tempérance, de sacrifice (no 3.4), d’audace, de vaillance, de courage (no 3.7) d’honnêteté (no3.7) et de solidarité (no 3.9) semble être non seulement les conditions sine qua pour exceller dans un sport mais également pour la qualité du « spectacle » offert.

Une joute : une vie en miniature

Un dernier élément de ce riche document que j’aimerais souligner est le fait que le sport illustre dans un ordre ludique, les différentes étapes importantes d’une vie humaine. Du fait qu’elle comporte un début et une fin, un effort pour atteindre un objectif, des relations de collaboration, des règles et des opposants, une partie de sport nous permet de concevoir d’un simple coup d’œil l’ensemble des réalités qui composent chacune de nos vies. En ce sens, nous comprenons pourquoi est erronée l’opinion selon laquelle la dimension spirituelle ne devrait pas pénétrer la réalité du sport. En effet, citant le théologien Hans Urs von Balthasar, le document souligne que « la capacité esthétique de l’être humain est également une caractéristique décisive qui stimule la recherche du sens ultime de l’existence » (no 3.10) . Ainsi, de par sa participation à l’expérience esthétique, le sport est un lieu privilégié où peut apparaître la dimension religieuse d’une personne. D’où l’importance pour l’Église d’être et d’avoir une présence effective et concrète dans tous les milieux sportifs.

Que ce soit par la place grandissante du phénomène sportif dans la vie sociale, sa capacité à faire appel aux forces positives présentes en chaque être humain ou par son ouverture connaturelle à la vie spirituelle, le sport doit être au centre des préoccupations des chrétiens et des autorités ecclésiales. Je vous invite à découvrir ce texte parsemé de profondes réflexions historiques, anthropologiques, spirituelles et pastorales pouvant nous encourager à, nous-même, faire davantage de sport. Comme on dit, un esprit sain dans un corps sain!

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