Le Fils de Dieu (analyse du film)

LeFilsDeDieu_FRLe film Le Fils de Dieu, actuellement présenté dans les cinémas, a été élaboré à partir de la série TV hollywoodienne La Bible. Il ne s’agit pas d’une nouvelle production mais un montage de séquences de la vie de Jésus issues de la série auxquelles ont été ajoutées de nouvelles séquences. La sortie en salles du film coïncide avec un temps liturgique propice, le Carême.

En termes de contenu, cela peut nous parler si on le visionne avec un regard chrétien. On peut le dire fidèle à l’Evangile malgré certaines omissions dans quelques scènes. Par exemple, la scène de l’Ascension peut prêter à confusion : dès que Jésus disparaît, Pierre invite les apôtres à se mettre en route pour annoncer la Bonne Nouvelle comme si la Pentecôte était arrivée au même moment. N’est pas présenté l’intervalle entre les deux événements, alors que les apôtres se sont retirés au Cénacle, habités par la peur. Aucune manifestation explicite de l’Esprit Saint.

Jésus a un look hollywoodien, dans le sens où l’acteur qui l’interprète est un « beau gosse », à l’image des films d’Hollywood. Sa prestation est inégale, on sent comme des hésitations, notamment dans des moments plus contemplatifs. L’ensemble des acteurs du film n’ont pas tous le même charisme, on s’attache davantage à certains personnages plus qu’à d’autres.

La présence de Marie est réduite par rapport à ce qui est rapporté dans les Écritures. Elle apparaît très peu, et ce qu’on en retient c’est sa souffrance, car sans exagérer, on la voit surtout pleurer dans le film. Il aurait été intéressant de montrer les passages bibliques où Marie parle comme les Noces de Cana par exemple. [Read more…]

Claude Ryan ou le visage politique de la Foi

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(Photo: Courtoisie Centre Newman McGill)

Les 13 et 14 février derniers se tenait un colloque sur la vie du journaliste et politicien Claude Ryan (1925–2004). Plusieurs collaborateurs, politiciens et journalistes, amis et membres de la famille se sont exprimés sur la personne qu’ils avaient eu la chance de côtoyer à un moment ou à un autre de leur vie. L’image qui s’en est dégagée est conforme à ce que l’on pourrait s’attendre d’un homme aussi diversifié dans ses activités que dans les thèmes sur lesquels il a dû s’exprimer ou même décider. J’utilise ici le verbe « devoir » puisque c’est un concept qui émerge de toutes les interventions qui se sont succédé durant ces deux journées de conférence.

Rigueur intellectuelle, civilité dans les débats, respect des autres, intégrité politique, engagement social ne sont que quelques-unes des qualités qui caractérisaient Claude Ryan selon John Parisella, ancien directeur général du Parti Libéral (1986-1988) et ancien chef de cabinet des premiers ministres Robert Bourassa et Daniel Johnson (1989-1994). Cet homme, parfois qualifié de bourreau de travail, a dû accompagner de sa plume, lorsqu’il était rédacteur en chef du journal Le Devoir, un Québec en pleine transformation; un peuple, pour ainsi dire, en pleine crise d’adolescence puisqu’en recherche de repères stables pour faire face à ce nouveau monde globalisé qui était en train de naître. En ce sens, nous pouvons nous demander ce qui a permis à cet homme de garder une telle crédibilité  « même de la part de ces opposants politiques » comme l’affirmait Guy Lachapelle, professeur de science politique à l’Université Concordia. Le secret derrière cette influence qui faisait dire à Bryan Mulroney qu’il était une « autorité morale et l’un des plus grands Québécois de l’histoire moderne » se trouve dans ce que Jean-Pierre Proulx, ancien président du Conseil supérieur de l’éducation, appelle « la théologie de Ryan ». [Read more…]

L’Évangélisation au Canada, réfléchissons avec les évêques (2e partie)

blog_1391223981Un passage de la lettre des évêques canadiens sur l’évangélisation doit particulièrement attirer notre attention. De fait, comme nous en avons déjà fait mention, la nouvelle évangélisation doit se faire près de la réalité de ceux qui se sont éloignés du Christ ou qui n’ont parfois pas plus de connaissances religieuses que ce que les médias présentent. C’est pourquoi, il est très important de bien connaître les traits caractéristiques de la société dans laquelle le Seigneur nous envoie. En ce sens, le § 10 de la lettre est tout spécialement pertinent puisqu’il affirme que :

« S’il y a une chose que le monde d’aujourd’hui recherche, c’est l’authenticité. […] il a besoin de témoins, c’est-à-dire de personnes qui sont habitées par une rencontre, celle de Jésus, qui leur a ouvert des horizons nouveaux et qui a donné un sens à leur vie »[1].

Qu’est-ce donc que l’authenticité? Pourquoi notre société la recherche-t-elle à ce point? Comment notre prédication de l’Évangile pourra-t-elle être plus authentique? Voilà quelques questions qui peuvent susciter notre étonnement et stimuler nos efforts intellectuels.

Au niveau fondamental, et nous pourrions dire « métaphysique », l’authenticité signifie qu’un être est vrai. Que l’apparence extérieure manifeste exactement ce qui est à l’intérieur d’un être, ce qui ne se voit pas au premier coup d’oeil. Un être est authentique en tant qu’il correspond à sa propre définition. Par exemple, nous parlons d’un authentique tableau de Rubens lorsque la peinture à laquelle nous faisons référence est véritablement peinte par Rubens lui-même. S’il s’agissait d’une copie, la peinture perdrait de son authenticité. L’idée et le dessin peuvent être de Rubens et, en tant que tels, être authentiquement de Rubens. Cependant, nous ne pourrions parler de la sorte pour la peinture elle-même. Nous parlerions d’elle comme d’une « copie de l’originale ». De plus, la valeur de cette peinture dépend de son authenticité. Par exemple, une même copie peut avoir une valeur plus ou moins grande selon qu’elle s’approche ou s’éloigne de l’originale. C’est donc que la valeur que l’on accorde à une réalité dépend de son degré de véracité ou, en d’autres termes, de son authenticité. Peut-être cette soif d’authenticité vient-elle d’un transfert des mécanismes économiques aux relations sociales? Cependant là n’est pas l’objet de notre réflexion. [Read more…]

L’Évangélisation au Canada, réfléchissons avec les Évêques

blog_1390662189Il devenu maintenant évident que l’Église en occident, spécialement depuis l’élection du Pape François, est en train de vivre une véritablement révolution. Non que la nature de l’Église catholique soit en train de changer : elle restera toujours l’Épouse bien aimée du Christ sauveur de l’humanité. C’est plutôt l’attitude de ses enfants qui subit un tournant : une conversion missionnaire. Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François parle de « transformation missionnaire de l’Église », un changement qui nous invite tous à « sortir de [notre] propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile »[1]. L’évangélisation a toujours été d’actualité puisque tous les cœurs ont le droit d’entendre la voix du Christ. Dans les sociétés fondées et développées sous l’influence du christianisme, ce mandat missionnaire a pu se dissoudre peu à peu devant des réflexions comme : « tout le monde est chrétien autour de moi, pourquoi devrais-je faire l’effort d’aller vers d’autres? Ils ne veulent pas entendre parler de Jésus, ils sont bien comme ils sont ! ». Pourquoi ce genre de réflexion n’a plus lieu d’être? Parce que nous ne sommes plus dans un monde chrétien et que nous voyons, puisque nous l’avons nous-mêmes expérimenté, combien le Christ pourrait faire une heureuse différence dans la vie des gens. Cette prise de conscience est le point de départ de notre appel à la mission. L’Église canadienne vit cette situation et elle prend l’interpellation du Pape François au sérieux. Voilà pourquoi la commission épiscopale pour la doctrine de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a publié récemment un document pour proposer plusieurs changements que nous devons apporter à notre attitude pour qu’elle soit plus conforme à l’ardeur de l’Amour du Christ pour les âmes canadiennes qui nous entourent. Je vous propose donc une série de blogues dans les prochaines semaines consacrés à une lecture commentée du document : Les composantes de l’Évangélisation aujourd’hui.

Dans leur introduction, les Évêques canadiens  constatent : « nous vivons […] dans une société pluraliste où la foi chrétienne ne va pas de soi »[2]. Telle est aujourd’hui la réalité qui nous entoure. Ainsi, puisque l’Église n’est plus aujourd’hui l’unique référence morale mais demeure, néanmoins, orientée vers le salut de tous, elle se doit de mieux comprendre ce monde afin de mieux l’aimer. C’est donc cette volonté d’améliorer la qualité de son amour envers le monde que l’Église propose comme critère premier pour guider les diverses transformations à faire. Mieux connaître : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent »[3] nous aidera donc à accentuer, en un premier temps, ce qui dans notre Foi, correspond le mieux à ces besoins. Cette considération nous aide à comprendre pourquoi les évêques affirment que : « à bien des égards, notre situation est semblable à celle des premiers chrétiens qui devaient porter la Bonne Nouvelle dans un monde où s’affrontaient divers courants religieux et philosophiques »[4]. Tentons de voir qu’elles sont les similitudes entre notre époque et celle du premier siècle.

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Le Cardinal et la charte

Gerald

 

Dimanche matin, le cardinal désigné Gérald Cyprien Lacroix se réveillait, comme nous tous, en apprenant la bonne nouvelle de sa création comme Cardinal par le Pape François. Cette nomination n’était toutefois pas totalement imprévisible, compte tenu de la tradition du Diocèse de Québec d’être un « siège cardinalice ». Une chose est sûre, la nouvelle tombait à point puisque la belle province avait désespérément besoin d’une voix forte pour l’aider à faire face aux défis actuels. La forte présence de journalistes lors de la conférence de presse donnée à Québec, lundi dernier, manifeste un changement et même un tournant dans le traitement médiatique du désormais Cardinal Lacroix. En effet, les médias se sont d’emblée concentrés sur son attitude générale, son « style pastoral » et ses opinions sur les grands sujets d’actualité. À cette occasion, l’opinion de son Excellence (bientôt « Éminence ») sur la question de la Charte du Parti Québécois a pris une large place. De fait, l’Église joue toujours un rôle important dans la société québécoise. En ce sens, les journalistes ont perçu que le cardinalat de Mgr Lacroix sera une voix privilégiée pour connaître l’avis de l’Église sur les sujets de société. Le contenu même des questions posées manifeste cette prise de conscience. En effet, on pouvait sentir qu’ils s’interrogeaient sur le type d’interlocuteur auquel ils ont et auront affaire. Comme s’ils avaient conscience que cette nomination allait les obliger, dans un avenir rapproché, à côtoyer davantage l’homme d’Église. Ainsi, même s’ils n’osent peut-être pas se l’avouer, les journalistes ont conscience de ce que Michael Coren affirme lorsqu’il dit que « la foi importe » (« Faith Matters ») !

Le Cardinal Lacroix s’est adonné à cet exercice rhétorique en prenant bien soin d’éviter les tentatives de certains journalistes de transformer la nouvelle en une simple polémique. La manière dont il a répondu aux questions « pièges » manifeste plusieurs attitudes pastorales qui s’apparentent « étrangement » à celles du Pape François. Il ne s’en cache d’ailleurs pas du tout en ce qu’il a même procédé à la lecture de la lettre du Pape aux nouveaux cardinaux et en y revenant lorsque le besoin s’en fit sentir. Par exemple, lorsqu’une journaliste lui a posé la question de sa « rapide ascension » il a répondu en citant le Pape François qui faisait appel aux vertus de service et d’humilité auxquelles les cardinaux sont tenus. Cela nous révèle l’attitude pastorale du pape François et de Mgr Lacroix qui possèdent toutes les caractéristiques d’une bonne stratégie de communication. En cela, bien qu’il ne soit pas un « scholar » comme il le dit lui-même, Mgr Lacroix pourrait se voir décerner un doctorat honoris causa d’une faculté de communication!

Sans nier les vérités et les vertus aujourd’hui mal comprises de la morale catholique, le Cardinal Lacroix a bien mis en pratique l’affirmation suivante du Pape François : « quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire »[1]. Comme le Cardinal Lacroix le disait dans sa conférence de presse du 17 janvier : « le Pape est fidèle aux enseignements de l’Église, n’attendez jamais une annonce disant que l’Église est pour l’euthanasie ou l’avortement, mais il préfère commencer par essayer d’ouvrir leurs cœurs, d’être inclusif envers tous et de faire sentir au monde qu’il est aimé de Dieu »[2]. Le Québec et certaines élites ordinairement hostiles à l’Église et son enseignement sont-elles prêtes à s’engager d’une manière respectueuse dans un dialogue avec l’Église ? Espérons que le ton et l’ouverture de notre nouveau Cardinal aident à briser les remparts qui bloquent l’accès du Christ au cœur des québécois.


[1] Pape François, Evangelii gaudium, no 35.

Encyclique Lumen Fidei

Ne manquez pas ce soir cette émission spéciale de KTO sur la nouvelle encyclique du pape François
Editions spéciales: Lumen Fidei – La première encyclique du pape François
Premières réactions quelques heures après la publication de l’encyclique Lumen Fidei

Vendredi 5 juillet 19h30 et 23h30

Discours d’ouverture de Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France

Les évêques de France sont rassemblés à Lourdes pour leur assemblée plénière annuelle durant toute cette semaine. Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France a prononcé le discours d’ouverture. Le voici dans son intégralité

« Chers Frères et Amis,

L’assemblée plénière que nous ouvrons aujourd’hui ne manquera pas de sujets d’actualité pour nourrir nos débats et nos conversations privées. Vous comprendrez sans doute que, revenant juste de la session ordinaire du synode des évêques, les sept évêques français qui y ont participé soient encore sous l’impression très vive de ce grand moment de la vie de notre Église et que nous tentions de vous en rendre compte. Non seulement le thème choisi : « La nouvelle évangélisation et la transmission de la foi chrétienne », en vaut la peine, mais aussi la conjoncture du calendrier qui correspond au cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. [Read more…]

Liberté religieuse au Canada: réfléchissons avec les évêques (5e partie)

Dans sa présentation de la Lettre pastorale sur la liberté de conscience et de religion, Mgr Smith, président de la CECC, a souligné comment les Évêques du Canada désirent que tous les canadiens apprennent « à former [leurs] consciences selon la vérité objective ». Ce désir nous apparaît tout particulièrement significatif puisque la Lettre comme telle affirme explicitement que « La liberté religieuse se rattache directement à la liberté de conscience » (no 3). Cela signifie que c’est dans cette possibilité de faire le bien volontairement que réside cette liberté de conscience et de religion. Comment serait-il possible de choisir volontairement le bien si nous y étions forcés malgré nous? De même, comment serait-il possible de réaliser le bien si nous ne le connaissions pas?

Un choix, pour être libre, doit se fonder sur une connaissance objective de la réalité, c’est ce que l’on appelle la vérité. Cependant, l’ouverture à la vérité objective, comme le veulent les évêques, nécessite que la conscience soit d’abord formée. Cette formation sera dirigée vers une connaissance organique et structurée du monde et des raisons profondes de son existence. Cela comporte également une juste anthropologie orientée vers l’intégralité de la personne humaine. C’est ainsi que j’aimerais attirer votre attention sur un aspect de la personne humaine qui doit être compris par les chrétiens d’abord, et les autres ensuite. Qu’est-ce que la conscience? En effet, bien former sa conscience présuppose que l’on connaisse l’identité de cette dernière. Sur ce point, le document de la CECC est très clair puisqu’il affirme que la conscience « n’est pas […] un absolu qui serait au-dessus de la vérité » (no 4). [Read more…]

« On s’était dit rendez-vous dans 10 ans »


Article du père Serge Comeau, curé du diocèse de Bathurst, à paraître dans le journal « Acadie Nouvelle » le 28 juillet 2012. Le père Comeau fut directeur des Catéchèses pour les JMJ 2002 à Toronto.

Il y a 10 ans, jour pour jour, c’était la Journée Mondiale de la Jeunesse à Toronto. En y pensant, je sens encore le vent violent de ce matin du 28 juillet 2002. Avec une pluie torrentielle. Et je revois encore, du haut dupodium papal où la messe était célébrée, cette foule innombrable de pèlerins venus de partout pour se faire dire par un vieillard venu de l’Est : « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde! »

Des centaines de milliers de jeunes s’étaient donnés rendez-vous chez-nous. Ils défiaient la peur au lendemain des attentats terroristes du World Trade Center. Cette rencontre des jeunes avec le pape s’inscrivait dans un mouvement historique non négligeable dans l’Église. Un mouvement qui dure depuis plus de 25 ans.

Fruits de la JMJ

Les JMJ permettent de donner un visage rafraîchissant de l’Église. Les reportages qui parlent des JMJ nous montrent des jeunes heureux, des jeunes qui font la fête, des jeunes épanouis! Cela est rafraîchissant alors que l’image de l’Église catholique dans l’imaginaire collectif est celle d’une vieille institution en agonie. Les JMJ montrent un autre côté de l’Église, tout aussi valable que celui qui crève l’écran.

Dans plusieurs pays, nous pouvons dire que les JMJ ont façonné le visage d’une nouvelle génération de catholiques. Lorsque les JMJ ont été créées, la toile ne reliait pas encore les jeunes entre eux. De telles rencontres ont permis aux jeunes de sortir de leur isolement et de prendre leur place dans la vie paroissiale et diocésaine.

En entendant le témoignage de jeunes engagés dans leur paroisse, il n’est pas rare de les entendre parler de telle ou telle JMJ qui a marqué un tournant dans leur vie spirituelle. La vie pastorale dans ces paroisses où les jeunes sont présents est articulée autour des piliers de toute JMJ : catéchèse, adoration eucharistique, fraternité et vie sacramentelle. [Read more…]

Batman : Un super héros de plus?

Image: Courtoisie de CNS

La sortie du dernier chapitre de la trilogie Batman The Dark Knight rises fut ternie par une tragédie indescriptible soulevant toutes sortes de questions de société. Mais le film comme tel pose lui aussi beaucoup de questions à la pensée contemporaine. Comment en effet, ce genre de film où l’on se projette dans un monde chaotique  où la violence semble la seule solution pour résoudre les conflits peut-il rapporter 160 millions au box office en une fin de semaine ?

Je dois dire que je suis de la génération qui a grandi aux côtés des super héros. J’ai vu tous les films de Batman à leur sortie au cinéma. Plusieurs personnes que je connais ont de la difficulté à comprendre pourquoi je suis attiré par ce genre de film. Il est certain que ces films d’action nous font vivre des sensations fortes et nous font sortir de notre vie quotidienne. Cependant, dans le cas du film The Dark Knight rises, je peux affirmer que cela va beaucoup plus loin. Cette trilogie nous met en face de l’une des angoisses les plus profondes de notre temps : tout homme est capable du pire. On a affaire à beaucoup plus qu’un simple film de super héros où les bons et les méchants s’affrontent dans un combat sans merci.

En effet, depuis des décennies déjà, les sciences humaines nous ont appris à ne plus diaboliser les êtres humains. La psychologie, la sociologie, l’économie, les sciences politiques, etc. n’ont cessé de nous rappeler que nos comportements sont fortement influencés par des agents extérieurs. Ce qui a pu porter beaucoup d’entre nous à douter de leur capacité même de choisir le bien c’est-à-dire d’être véritablement libre. Cela signifie que nous avons même parfois de la peine à identifier une personne méchante comme responsable de ses actes.  Ce qui m’a marqué dans ce film, c’est que les vilains semblent totalement libres et conscients de la gravité de leurs actes. Les bons comme les méchants sont à la recherche du même but : rétablir la justice, la loi et l’ordre. [Read more…]

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