Liberté religieuse au Canada: réfléchissons avec les évêques (4e partie)

Depuis plusieurs semaines, nous réfléchissons sur les moyens d’améliorer l’état de la liberté religieuse dans notre pays. Comme le disait Mgr Smith dans sa lettre d’introduction au document de la CECC sur la liberté de conscience et de religion : « cette lettre appelle les catholiques, tous les croyants et même les non-croyants […] à préserver la qualité des relations entre l’Église et l’État.

Dans un premier temps, le document rappelle quelques principes fondamentaux. D’abord, la CECC énonce que « la juste autonomie de la sphère civile et politique par rapport à la sphère religieuse et ecclésiastique – mais pas par rapport à la sphère morale –, est une valeur acquise et reconnue par l’Église, et [qu’] elle appartient au patrimoine de civilisation déjà atteint » (Congrégation pour la Doctrine de la foi, Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, n° 6).  L’Église en tant qu’institution doit et, donc, peut coopérer à l’édification d’une société plus juste. Cet apport de l’Église à la société comportera une dimension de relation directe et indirecte avec les différents paliers de gouvernement (fédéral, provincial, municipal) selon les sujets traités. Ces relations auront surtout lieu dans les domaines où l’Église (ou tout autre institution à caractère religieux) et l’État sont tous les deux compétents. Par exemple, les soins de santé et l’éducation sont des champs sociaux où l’État et l’Église peuvent coopérer puisque leur implication dans ce domaine participe de leur nature propre. Le mode de coopération sera différent selon les cultures, les nations et l’histoire de chaque pays. Mais la liberté des institutions de foi d’enseigner ou de soigner doit être reconnue par l’État et, ce, dans les limites du Bien commun. L’application de ce principe doit, cependant, être régulée par un autre principe.

Ce deuxième principe mis de l’avant pour éclairer notre compréhension de la liberté religieuse est que : « L’État reconnaît et respecte – il n’accorde pas – le libre exercice de la foi religieuse » (no7). Cela a d’énormes répercussions dans les relations entre l’Église et l’État pour plusieurs raisons. D’abord, cette distinction positionne l’État dans son rôle de serviteur du Bien commun, rejetant par le fait même toute « idolâtrie » ou tout culte de la personnalité du chef de l’État. Ensuite,  le fait que l’État accepte qu’il n’a pas l’autorité d’accorder mais seulement de  reconnaître ce droit inhérent à l’Église, démontre  l’autonomie de cette dernière. Le système scolaire catholique est un bon  exemple de cette autonomie de l’Église. En effet, toute structure portant le nom de catholique a toujours pour autorité ultime un évêque en communion avec le Pape. L’État ne pourrait donc jamais, en justice, imposer un quelconque agenda allant en contradiction avec les décisions des autorités ecclésiastiques. C’est à l’Église et non à l’État de décider ce qui est catholique et, donc, ce qui peut être enseigné dans une institution portant son nom.

Ainsi, une bonne façon de faire en sorte que la qualité des relations entre l’Église et l’État soit préservée est tout simplement de s’assurer que les structures juridiques du Canada correspondent à ces deux principes fondamentaux de la loi naturelle. Pour rendre possible une telle tâche, je ferai une double suggestion. D’abord que chaque diocèse ait des canonistes capables de s’assurer que, localement, les droits fondamentaux de l’Église soient respectés.

Ensuite, que chaque évêque s’entoure d’une équipe de fidèles ayant la profession d’avocat, et les forme afin qu’ils puissent s’assurer en permanence que le système juridique soit conforme à la liberté religieuse telle qu’enseignée par l’Église. Il est important que tous soient conscients de la nécessité d’un ordre juridique juste pour que l’Église puisse agir en toute liberté. En effet, Annoncer le Christ aux hommes présuppose la liberté de pouvoir le faire.

La semaine prochaine nous terminerons notre analyse de cet important document de la CECC.

Liberté religieuse au Canada: réfléchissons avec les évêques (3e partie)

Comment affirmer notre droit d’intervenir sur la place publique en tant que chrétiens ?

Continuons notre réflexion en examinant certains éléments explicitement proposés par nos évêques pour intervenir publiquement en tant que chrétiens. Dans le document de la CECC sur la liberté religieuse, ils insistent sur le fait que : « Jamais il n’aura été plus nécessaire pour les chrétiens engagés d’agir et d’intervenir publiquement dans la sphère de leur vie professionnelle » (no 12). Il convient donc de nous interroger sur des façons de vivre pleinement notre foi catholique dans le milieu du travail. En voici deux : l’exemple et la prise de parole.

L’opinion d’une personne produit toujours un effet chez d’autres que dans la mesure où cette personne est crédible. C’est parce que Steeve Job a su se démarquer par son ingéniosité qu’il a pu être crédible qu’en aux valeurs qui l’habitaient. Voilà pourquoi, à la fin de sa vie, il avait une grande influence au-delà de son domaine propre. De même, c’est en travaillant fort, avec attention, dans la bonne humeur, avec efficacité et professionnalisme que le chrétien d’aujourd’hui rayonnera autour de lui.  Et ainsi, il  suscitera la curiosité de ses collègues sur les raisons motivant une telle application. Pour ce faire, ils n’ont pas à réinventer la roue mais simplement redécouvrir le riche patrimoine de la sagesse catholique et de la mettre en pratique. En effet, en vivant les vertus chrétiennes, les hommes et les femmes œuvrant dans le monde professionnel ne manqueront pas d’attirer l’attention de leurs pairs.

Deux vertus me semblent particulièrement importantes pour arriver à établir cette crédibilité au travail: l’humilité et la magnanimité.

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Première du documentaire « Across the divide » à Vancouver dimanche 3 juin

Ce documentaire de Kris Dmytrenko « Across the divide » porte sur la vie des étudiants et étudiantes de l’université de Bethléem, dirigée par les Frères des Ecoles Chrétiennes. Au coeur du conflit israélo-palestinien, cette université catholique, oasis de paix, forme des jeunes chrétiens et musulmans à mieux se comprendre pour construire la paix.

Dimanche 3 juin au Cinéma Djavad Mowafaghian au Centre des Arts SFU Goldcorp 19h15

Cette projection sera suivie par un panel avec Mgr Michael Miller évêque de Vancouver, Carl Hétu de CNEWA Canada, Fr. Jack Curran de l’Université de Bethléem,  et le père Thomas Rosica de S+L. Plus d’informations et réservations voir http://saltandlighttv.org/acrossthedivide/vancouver.php.
La version en français est prévue pour l’automne.

Liberté religieuse au Canada: réfléchissons avec les évêques (2e partie)

Comment affirmer le droit de la religion d’intervenir sur la place publique?

 Le document sur la liberté religieuse publié par la Conférence des Évêques catholiques du Canada nous donne plusieurs pistes de réponses à cette question. D’abord, la CECC énonce clairement les dangers qui menacent ce droit inaliénable dans notre société d’aujourd’hui.  En effet, la CECC critique ouvertement l’attitude des laïcistes radicaux, présents dans notre société, et qui tentent de limiter « toute expression de croyance religieuse » stipulant qu’elle  « doit être reléguée dans la sphère privée : ils cherchent donc à priver la religion de la moindre influence sur la société » (no12).

Il n’est pas rare d’entendre aujourd’hui certaines personnes demander aux chrétiens de ne pas interférer dans les affaires de l’État sous prétexte que les croyances ne doivent pas être imposées à tous. Cet argument serait valable si les institutions publiques étaient utilisées à des fins de prosélytisme. Ce qui est rarement le cas. Retrancher de la place publique toute référence à la transcendance, et a fortiori, à une tradition religieuse qui a forgé l’identité d’une nation, n’est pas l’équivalent d’une neutralité religieuse. C’est trop souvent plutôt l’affirmation d’un système de croyance bien défini : l’athéisme et l’agnosticisme. En effet, « contraindre les croyants à garder pour eux leurs convictions tandis que les athées et les agnostiques ne sont soumis à aucune restriction de cette nature, c’est en fait une forme d’intolérance religieuse » (no12). Pourquoi l’absence de symboles religieux dans les lieux publics ne fait-elle pas l’objet de critique comme étant une imposition du système religieux athée et agnostique ? Ne pas avoir de crucifix sur un mur ou dans un endroit qui en comportait un auparavant, n’est-il pas la victoire d’une religion sur une autre ? L’absence de référence à Dieu n’est-elle pas le dogme d’un système particulier de croyance, en l’occurrence l’athéisme ?

 Face à ce danger qu’est  « la prédominance culturelle d’un laïcisme radical et d’un « relativisme subliminal qui pénètre tous les domaines de la vie -Benoît XVI- » (no8), les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté sont appelés à entreprendre des actions afin de réaffirmer le droit de tous les croyants, peu importe la religion, à intervenir dans l’espace public au nom même de leur croyance et, ce, dans les limites du bien commun.

 Une piste de solution en ce sens se trouve dans la capacité qu’ont les chrétiens d’émettre leur opinion dans les médias. En effet, les nouvelles technologies permettent à tous les citoyens de prendre la parole et d’avoir un certain auditoire. Facebook est un outil précieux que chaque citoyen peut utiliser pour échanger et partager son point de vue. Un autre moyen que peuvent utiliser les citoyens chrétiens afin de « jouer leur rôle dans la formulation des politiques publiques et apporter leur contribution à la société en mettant leur foi en pratique au quotidien » (no5) se trouve dans des initiatives de formation «d’apologétique médiatique ». Ces initiatives consistent en une formation, donnée par des professionnels, qui permet aux chrétiens d’apprendre comment bien défendre et proposer le message de l’Église dans les médias. Cette idée a été mise de l’avant déjà aux États-Unis ainsi que dans plusieurs pays d’Europe. Un exemple inspirant est celui du Royaume-Uni. En effet, l’organisme Catholic voices (www.catholicvoices.org.uk) s’est donné pour but, avant la visite du Pape en 2010, d’être des porte-parole éloquents de fidèles catholiques ayant leur foi à cœur et, surtout, voulant la partager de manière « claire, raisonnable, humaine, succincte et percutante » dans les débats publics, en entrevues, etc. Sans être des porte-parole officiels de l’Église, ces croyants engagés sont un véritable témoignage de la vérité et de la possibilité de vivre la vie chrétienne telle que proposée par l’Enseignement de l’Église.

 La semaine prochaine nous examinerons d’autres façons de réaffirmer cette liberté fondamentale que les évêques nous pressent de mettre en pratique.

Photo: courtoisie de Marsana.

Diffusion du discours du Pape au corps diplomatique à 16h15

Aujourd’hui le pape Benoit XVI prononce son discours annuel au corps diplomatique près le Saint-Siège à l’occasion de la présentation des voeux pour 2012.

Diffusion de ce discours cet après-midi 16h 15

Le dialogue interreligieux au quotidien

La dernière rencontre interreligieuse à Assise est l’occasion d’explorer les défis et les possibilités du dialogue avec les autres religions. Le père Bruno Demers, op, directeur-adjoint de l’Insitut de pastorale des Dominicains à Montréal, notre invité à Perspectives hebdo nous éclaire sur cette réalité.

 Samedi 3 décembre 19h30 HNE
 Lundi 5 décembre 19h05 HNE
 Mardi 6 décembre 12h05 HNE

L’engagement de l’Afrique

L’engagement de l’Afrique

La fin de semaine dernière,  le pape Benoît XVI s’est rendu au Bénin et a remis  l’exhortation apostolique Africae Munus à l’Église africaine.

Le père Luc Bonaventure Amoussou, sj, nous partage ses impressions ; quels défis et quel espoir animent les chrétiens de ce continent.

Chrétiens, Juifs, Musulmans du Moyen-Orient: Un meilleur avenir ensemble

Les Messages des représentants Musulmans

Le cri de S.O.S. de certaines communautés comme celle des Chrétiens d’Iraq chrétiens, de Palestine victimes d’atrocités fondamentalistes, et celles des chrétiens asiatiques émigrés au Golfe souvent victimes d’abus des droits humains, pose problème aussi bien chez les chrétiens que chez les Musulmans, ces derniers étant majoritairement modérés. Pourtant la violence et le terrorisme son un réalité vécue au quotidien surtout dans certaine régions conflictuelles comme l’Iraq actuel.

« Je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe du Moyen-Orient. » attesta Muhammad Al-Sammak, Conseiller du Mufti sunnite du Liban, qui fit part lors de son intervention de sa préoccupation quant a la disparition des chrétiens, partie intégrante originelle du tissu culturel oriental. « Conserver la présence chrétienne est un devoir islamique commun autant qu’un devoir chrétien commun », de conclure Mr. Al-Sammak aux applaudissements de l’assemblée. Ayatollah Mohaghegh Ahmadabadi qui lui succéda a la tribune décrivit le statut des chrétiens en Iran comme étant très privilégiés : « Les chrétiens vivent côte à côte et en paix avec leurs frères musulmans, ils jouissent de tous les droits juridiques des autres citoyens et exercent librement leurs pratiques religieuses.» conclut-il a une assemblée refroidie.

Nul ne peut nier les persécutions et massacres des Chrétiens – comme l’atroce massacre des fideles de l’Eglise syriaque catholique en Iraq hier dimanche, les inégalités de droits qui sont privilégient les musulmans dans certains pays. Les lois doivent être reformées pour assurer aux chrétiens une citoyenneté égale, comme par exemple le droit d’accès a la propriété qui est réservé aux musulmans dans plusieurs pays comme ceux du Golfe par exemple. D’autre part, le changement de mesures prises officieusement qui empêchent les chrétiens d’avancer dans la société, comme par exemple en Egypte ou un grand nombre de chrétiens compétents sont discrètement écartés des postes élevés de la fonction publique. [Read more…]

Les Chrétiens d’Iraq: Confrontation ou Fuite versus Charité et Convivialité

Confrontation ou Fuite?

Au Moyen Orient l’émigration forcée est devenue la norme. Il est désormais impossible pour un nombre croissant de Chrétiens – devenus désormais minoritaires dans un Moyen Orient plus déstabilisé et tourmenté que jamais – de vivre sainement, ou de vivre tout court dans leur pays d’origine. Dans plusieurs pays du Levant la définition du terme « Chrétien » se rapproche plus que jamais du martyrisme, de la survie et de l’émigration.

Dans cette région du monde les Chrétiens sont continuellement soumis de maintes manières a de diverses pressions et violences de toutes sortes qui les obligent a quitter leurs patrie pour pouvoir survivre et sauvegarder le restant de d’une dignité qu’ils sont souvent forcés à subjuguer à des idéologies politico-religieuses futiles imposées pour éviter d’être expatriés. Ceux qui choisissent de rester le font à leurs risques et périls. C’est ce qui arrive en Iraq. Que faire? Confronter contre les principes de la foi chrétienne ou fuir? Y-a-t-il d’autres alternatives?

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Un Synode convoqué pour restaurer l’ordre dans la Tour de Babel

La Tour de Babel d’aujourd’hui Brueghel-tower-of-babel

L’histoire de la Tour de Babel, la ruine actuelle initialement construite de brique cuite et d’asphalte (utilisé comme mortier), sert don bon exemple pour ce qui a lieu encore aujourd’hui, même si elle n’est mentionnée qu’une seule fois dans les Écritures [Genèse 11, 1-9].

Lorsque les gens avaient commis l’erreur regrettable d’utiliser le « même langage et les mêmes mots » [Gn 11: 1] pour tenter de devenir Dieu, ils érigèrent un temple monumental croyant qu’il effleurerait les cieux et leur donnerait donc accès à la divinité absolue. À leur irrespect délibéré de l’invitation de Dieu à accepter ses grâces et de l’utilisation de leur communion à vivre pleinement leur partenariat avec Lui dans la Création, Dieu a semé la confusion entre eux et les a fait parler dans des langues différentes, sans se comprendre mutuellement. Cela a conduit à une dispersion de l’humanité à travers la Terre.

Si l’histoire se répète, il est certainement dans la reconstruction de nouvelles formes de la même Tour de Babel de confusion. Dès lors, l’humanité a maintes fois fait la même erreur. Ce n’est donc pas surprenant de voir le chaos que causent aujourd’hui le fondamentalisme, l’extrémisme et l’utilisation erronée de la religion aussi bien au Moyen-Orient qu’à travers le monde. C’est pourquoi l’ancien concept de dispersion babylonienne dans sa connotation négative est encore en vie. [Read more…]

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