Il devenu maintenant évident que l’Église en occident, spécialement depuis l’élection du Pape François, est en train de vivre une véritablement révolution. Non que la nature de l’Église catholique soit en train de changer : elle restera toujours l’Épouse bien aimée du Christ sauveur de l’humanité. C’est plutôt l’attitude de ses enfants qui subit un tournant : une conversion missionnaire. Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François parle de « transformation missionnaire de l’Église », un changement qui nous invite tous à « sortir de [notre] propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile »[1]. L’évangélisation a toujours été d’actualité puisque tous les cœurs ont le droit d’entendre la voix du Christ. Dans les sociétés fondées et développées sous l’influence du christianisme, ce mandat missionnaire a pu se dissoudre peu à peu devant des réflexions comme : « tout le monde est chrétien autour de moi, pourquoi devrais-je faire l’effort d’aller vers d’autres? Ils ne veulent pas entendre parler de Jésus, ils sont bien comme ils sont ! ». Pourquoi ce genre de réflexion n’a plus lieu d’être? Parce que nous ne sommes plus dans un monde chrétien et que nous voyons, puisque nous l’avons nous-mêmes expérimenté, combien le Christ pourrait faire une heureuse différence dans la vie des gens. Cette prise de conscience est le point de départ de notre appel à la mission. L’Église canadienne vit cette situation et elle prend l’interpellation du Pape François au sérieux. Voilà pourquoi la commission épiscopale pour la doctrine de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a publié récemment un document pour proposer plusieurs changements que nous devons apporter à notre attitude pour qu’elle soit plus conforme à l’ardeur de l’Amour du Christ pour les âmes canadiennes qui nous entourent. Je vous propose donc une série de blogues dans les prochaines semaines consacrés à une lecture commentée du document : Les composantes de l’Évangélisation aujourd’hui.
Dans leur introduction, les Évêques canadiens constatent : « nous vivons […] dans une société pluraliste où la foi chrétienne ne va pas de soi »[2]. Telle est aujourd’hui la réalité qui nous entoure. Ainsi, puisque l’Église n’est plus aujourd’hui l’unique référence morale mais demeure, néanmoins, orientée vers le salut de tous, elle se doit de mieux comprendre ce monde afin de mieux l’aimer. C’est donc cette volonté d’améliorer la qualité de son amour envers le monde que l’Église propose comme critère premier pour guider les diverses transformations à faire. Mieux connaître : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent »[3] nous aidera donc à accentuer, en un premier temps, ce qui dans notre Foi, correspond le mieux à ces besoins. Cette considération nous aide à comprendre pourquoi les évêques affirment que : « à bien des égards, notre situation est semblable à celle des premiers chrétiens qui devaient porter la Bonne Nouvelle dans un monde où s’affrontaient divers courants religieux et philosophiques »[4]. Tentons de voir qu’elles sont les similitudes entre notre époque et celle du premier siècle.
Tout d’abord, le document fait mention de l’aspect de nouveauté que revêt le christianisme de notre époque. En effet, l’ignorance religieuse est l’un des défis que doit relever le catholicisme au Canada et spécialement au Québec. Cette ignorance peut porter différents visages. D’abord, et cela se voit spécialement chez les générations plus âgées, l’ignorance se camoufle derrière une prétention de connaître. Cela représente un obstacle de plus puisqu’elle renferme la personne dans ses préjugés qui perçoit toute conversation remettant en question cette attitude comme un complot sournois. Généralement, cette forme d’ignorance génère des comportements et des attitudes hostiles à l’Église spécialement lorsqu’elle se présente comme une annonce. La prière et l’unité de vie (cohérence entre la parole et les actes) semblent, dans ces cas, la meilleure attitude. Un deuxième visage que peut prendre l’ignorance religieuse, et cela est plus commun chez les jeunes d’aujourd’hui (18-35 ans), est une ignorance assumée c’est-à-dire une conscience honnête de leur manque de connaissances sur le catholicisme. Ils perçoivent qu’il s’agit d’une partie de leur identité mais ils n’arrivent cependant pas à s’en faire une représentation organique et cohérente. Voilà qui est déjà une porte ouverte pour présenter l’Évangile. Pour eux, il revêt déjà le caractère d’une nouveauté. Ils ont donc déjà une connaissance juste de ce qu’est cette bonne nouvelle.
Ayant toujours en tête que l’agent principal de l’évangélisation est le Saint Esprit, comment pouvons-nous aider à ce que cette nouvelle soit perçue comme une authentique bonne nouvelle pour ces deux types d’interlocuteurs? Voilà une question pertinente à laquelle les évêques nous invitent à réfléchir.
[1] Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, no. 20.
[2] CECC, Les composantes de l’Évangélisation aujourd’hui, no 5.
[3] VATICAN II, Gaudium et Spes, no 1.
[4] CECC, op. cit., no 6.