L’Évangélisation au Canada, réfléchissons avec les évêques (2e partie)

blog_1391223981Un passage de la lettre des évêques canadiens sur l’évangélisation doit particulièrement attirer notre attention. De fait, comme nous en avons déjà fait mention, la nouvelle évangélisation doit se faire près de la réalité de ceux qui se sont éloignés du Christ ou qui n’ont parfois pas plus de connaissances religieuses que ce que les médias présentent. C’est pourquoi, il est très important de bien connaître les traits caractéristiques de la société dans laquelle le Seigneur nous envoie. En ce sens, le § 10 de la lettre est tout spécialement pertinent puisqu’il affirme que :

« S’il y a une chose que le monde d’aujourd’hui recherche, c’est l’authenticité. […] il a besoin de témoins, c’est-à-dire de personnes qui sont habitées par une rencontre, celle de Jésus, qui leur a ouvert des horizons nouveaux et qui a donné un sens à leur vie »[1].

Qu’est-ce donc que l’authenticité? Pourquoi notre société la recherche-t-elle à ce point? Comment notre prédication de l’Évangile pourra-t-elle être plus authentique? Voilà quelques questions qui peuvent susciter notre étonnement et stimuler nos efforts intellectuels.

Au niveau fondamental, et nous pourrions dire « métaphysique », l’authenticité signifie qu’un être est vrai. Que l’apparence extérieure manifeste exactement ce qui est à l’intérieur d’un être, ce qui ne se voit pas au premier coup d’oeil. Un être est authentique en tant qu’il correspond à sa propre définition. Par exemple, nous parlons d’un authentique tableau de Rubens lorsque la peinture à laquelle nous faisons référence est véritablement peinte par Rubens lui-même. S’il s’agissait d’une copie, la peinture perdrait de son authenticité. L’idée et le dessin peuvent être de Rubens et, en tant que tels, être authentiquement de Rubens. Cependant, nous ne pourrions parler de la sorte pour la peinture elle-même. Nous parlerions d’elle comme d’une « copie de l’originale ». De plus, la valeur de cette peinture dépend de son authenticité. Par exemple, une même copie peut avoir une valeur plus ou moins grande selon qu’elle s’approche ou s’éloigne de l’originale. C’est donc que la valeur que l’on accorde à une réalité dépend de son degré de véracité ou, en d’autres termes, de son authenticité. Peut-être cette soif d’authenticité vient-elle d’un transfert des mécanismes économiques aux relations sociales? Cependant là n’est pas l’objet de notre réflexion.

Nous devons simplement nous rendre compte que nos contemporains n’accordent de la valeur et de la crédibilité qu’à ce qui est authentique c’est-à-dire qu’à ce qui est vrai en apparence et en réalité. C’est en ce sens que doit être comprise la formule des évêques selon laquelle les chrétiens évangéliseront efficacement que lorsqu’ils seront de bons témoins. Le témoin n’enseigne pas d’abord comme quelqu’un qui sait mais comme quelqu’un qui a vu. Le Pape François affirme que : « pour celui qui, en ce monde, a été transformé, s’ouvre une nouvelle façon de voir, la foi devient lumière pour ses yeux »[2]. Que faisons nous lorsque nous voyons? Nous avons les yeux fixés sur quelque chose ou quelqu’un. Plus une personne attire notre attention, plus nous la regardons longtemps et plus notre désir de la connaître se fait grand. Ainsi, lorsqu’elle n’est plus présente devant nos yeux, nous gardons quand même notre conscience fixée sur elle en produisant une image mentale. C’est de cette manière que des amoureux pensent constamment l’un à l’autre pour combler leur manque lorsqu’ils sont séparés. Si nous voulons être d’efficaces évangélisateurs, notre relation au Christ doit avoir ces caractéristiques. Nous devons avoir le regard du témoin qui peut dire « mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples » (Luc, 2, 22-35). Nous devons toujours garder notre regard fixé sur le Christ pour qu’Il puisse nous transformer et nous faire toujours plus semblables à Lui. Plus nous serons semblables à « l’Original », plus notre témoignage lui-même prendra de la valeur. Ainsi, d’autres voudront se procurer cette Grâce que Dieu désire ardemment partager. Que nos actes correspondent à l’espérance qui est en nous! Voilà un premier pas vers la nouvelle évangélisation. La semaine prochaine, nous nous arrêterons sur quelques conséquences ecclésiales que cette recherche d’authenticité peut occasionner.


[1] CECC, Les composantes de l’Évangélisation aujourd’hui, no 10.
[2] Pape François, Lettre encyclique Lumen Fidei, no 22.

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