Liberté religieuse au Canada: réfléchissons avec les évêques (5e partie)

Dans sa présentation de la Lettre pastorale sur la liberté de conscience et de religion, Mgr Smith, président de la CECC, a souligné comment les Évêques du Canada désirent que tous les canadiens apprennent « à former [leurs] consciences selon la vérité objective ». Ce désir nous apparaît tout particulièrement significatif puisque la Lettre comme telle affirme explicitement que « La liberté religieuse se rattache directement à la liberté de conscience » (no 3). Cela signifie que c’est dans cette possibilité de faire le bien volontairement que réside cette liberté de conscience et de religion. Comment serait-il possible de choisir volontairement le bien si nous y étions forcés malgré nous? De même, comment serait-il possible de réaliser le bien si nous ne le connaissions pas?

Un choix, pour être libre, doit se fonder sur une connaissance objective de la réalité, c’est ce que l’on appelle la vérité. Cependant, l’ouverture à la vérité objective, comme le veulent les évêques, nécessite que la conscience soit d’abord formée. Cette formation sera dirigée vers une connaissance organique et structurée du monde et des raisons profondes de son existence. Cela comporte également une juste anthropologie orientée vers l’intégralité de la personne humaine. C’est ainsi que j’aimerais attirer votre attention sur un aspect de la personne humaine qui doit être compris par les chrétiens d’abord, et les autres ensuite. Qu’est-ce que la conscience? En effet, bien former sa conscience présuppose que l’on connaisse l’identité de cette dernière. Sur ce point, le document de la CECC est très clair puisqu’il affirme que la conscience « n’est pas […] un absolu qui serait au-dessus de la vérité » (no 4).

Cela signifie que le rôle de la conscience n’est pas de décider ce qui est bon ou mauvais mais de s’accorder à la bonté ou à la malice intrinsèque d’un acte, d’une situation ou d’une intention. Par exemple, ce n’est pas le rôle de ma conscience de décider que la vie est un bien absolu et que tout, dans la société, doit y être orienté. Le rôle de ma conscience, une fois formée, est de me le rappeler afin que j’agisse en conséquence. Cela montre également pourquoi la conscience n’est pas un sentiment vague. Plusieurs aujourd’hui s’imaginent qu’ils ont une conscience bien formée du seul fait qu’ils ont de la peine lors d’une scène triste au cinéma…  À partir de ce que nous venons d’affirmer, nous pouvons comprendre que la conscience, au sens moral du terme, n’est rien d’autre que l’intelligence lorsqu’elle s’occupe des choses morales. Or l’intelligence, bien que présente dès le début de la vie, est, à la naissance, pure potentialité.

C’est pour remédier à cette ignorance que nous éduquons les enfants. Ainsi, de la même manière que nous devons apprendre à lire et à compter, nous devons apprendre ce qui est bien et mal et les raisons de cet état de fait. Cela s’effectue en deux étapes. D’abord, théoriquement, par l’étude et la réflexion et ensuite, pratiquement, en exerçant les différentes vertus. L’éducation de la conscience nécessite ces deux dimensions qui sont comme les deux côtés d’une même médaille. Cette liberté de conscience, qui nous donne la possibilité de connaître la vérité est donc essentiellement liée à la liberté de religion, qui nous permet de l’exercer.

Exercer sa liberté de religion ne se limite toutefois pas à vivre cette possibilité d’exercer sa religion mais à l’exercice même de cette dernière. Ainsi, un moyen fantastique à la disposition de tous les catholiques pour, comme le veulent les évêques, défendre ce droit fondamental sera donc, tout simplement, de former sa conscience en approfondissant et assujettissant son intelligence à la Splendeur de la Vérité. L’année prochaine nous donnera à tous l’opportunité de mettre en pratique ce devoir fondamental. En effet, le Saint Père Benoît XVI a annoncé une année complète dédiée à la Foi. Comme il le dit lui-même dans le Motu Proprio Porta Fidei : « l’Année de la foi devra exprimer un engagement général pour la redécouverte et l’étude des contenus fondamentaux de la foi qui trouvent dans le Catéchisme de l’Église catholique leur synthèse systématique et organique » (no11). Quel beau défi que celui lancé par le saint Père. Ne ratons pas une telle occasion !

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