Mgr Christian Lépine, archevêque du diocèse de Montréal, nous souhaite ses vœux annuels pour l’Avent et Noël.
Église en sortie 8 décembre 2017
Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis s’entretient avec le philosophe et auteur Charles Taylor sur la modernité, la sécularisation et du rôle de l’Église dans nos sociétés aujourd’hui. Et on vous présente un reportage sur le Salon du livre de Montréal 2017.
Échos du Vatican
Retour dans cette émission sur le 21ème voyage apostolique du pape François en Birmanie et au Bangladesh.
Vidéo des intentions de prière du Pape pour le mois de décembre
« Un peuple qui ne prend pas soin des grands-parents et ne les traite pas bien est un peuple qui n’a pas d’avenir. Les anciens possèdent la sagesse. C’est à eux qu’est confiée la transmission de l’expérience de la vie, l’histoire d’une famille, d’une communauté, d’un peuple.
Soyons proches des personnes âgées afin que, grâce au soutien de leurs familles et des institutions, elles collaborent par leur sagesse et par leur expérience à l’éducation des nouvelles générations. »
Message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations
Vous trouverez ci-dessous le message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations:
Écouter, discerner, vivre l’appel du Seigneur
Chers frères et sœurs,
En octobre prochain, se déroulera la XVème Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui sera consacrée aux jeunes, en particulier au rapport entre jeunes, foi et vocation. A cette occasion, nous aurons la possibilité d’approfondir comment, au centre de notre vie, il y a l’appel à la joie que Dieu nous adresse et comment cela est «le projet de Dieu pour les hommes et les femmes de tout temps» (SYNODE DES ÉVÊQUES, XVEME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, Introduction).Il s’agit d’une bonne nouvelle qui nous est annoncée avec force par la 55ème Journée mondiale de Prière pour les Vocations : nous ne sommes pas plongés dans le hasard, ni entraînés par une série d’évènements désordonnés, mais, au contraire, notre vie et notre présence dans le monde sont fruits d’une vocation divine !
Même dans nos temps inquiets, le Mystère de l’Incarnation nous rappelle que Dieu vient toujours à notre rencontre et il est Dieu-avec-nous, qui passe le long des routes parfois poussiéreuses de notre vie et, accueillant notre poignante nostalgie d’amour et de bonheur, nous appelle à la joie. Dans la diversité et dans la spécificité de chaque vocation, personnelle et ecclésiale, il s’agit d’écouter, de discerner et de vivre cette Parole qui nous appelle d’en-haut et qui, tandis qu’elle nous permet de faire fructifier nos talents, nous rend aussi instruments de salut dans le monde et nous oriente vers la plénitude du bonheur.
Ces trois aspects – écoute, discernement et vie – servent aussi de cadre au début de la mission de Jésus, qui, après les jours de prière et de lutte dans le désert, visite sa synagogue de Nazareth, et là, se met à l’écoute de la Parole, discerne le contenu de la mission que le Père lui a confiée et annonce qu’il est venu pour la réaliser “aujourd’hui” (cf. Lc 4, 16-21).
Écouter
L’appel du Seigneur – il faut le dire tout de suite – n’a pas l’évidence de l’une des nombreuses choses que nous pouvons sentir, voir ou toucher dans notre expérience quotidienne. Dieu vient de manière silencieuse et discrète, sans s’imposer à notre liberté. Aussi, on peut comprendre que sa voix reste étouffée par les nombreuses préoccupations et sollicitations qui occupent notre esprit et notre cœur.
Il convient alors de se préparer à une écoute profonde de sa Parole et de la vie, à prêter aussi attention aux détails de notre quotidien, à apprendre à lire les évènements avec les yeux de la foi, et à se maintenir ouverts aux surprises de l’Esprit.
Nous ne pourrons pas découvrir l’appel spécial et personnel que Dieu a pensé pour nous, si nous restons fermés sur nous-mêmes, dans nos habitudes et dans l’apathie de celui qui passe sa propre vie dans le cercle restreint de son moi, perdant l’opportunité de rêver en grand et de devenir protagoniste de cette histoire unique et originale que Dieu veut écrire avec nous.
Jésus aussi a été appelé et envoyé ; pour cela, il a eu besoin de se recueillir dans le silence, il a écouté et lu la Parole dans la Synagogue et, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, il en a dévoilé la pleine signification, référée à sa personne-même et à l’histoire du peuple d’Israël.
Cette attitude devient aujourd’hui toujours plus difficile, plongés comme nous le sommes dans une société bruyante, dans la frénésie de l’abondance de stimulations et d’informations qui remplissent nos journées. Au vacarme extérieur, qui parfois domine nos villes et nos quartiers, correspond souvent une dispersion et une confusion intérieure, qui ne nous permettent pas de nous arrêter, de savourer le goût de la contemplation, de réfléchir avec sérénité sur les évènements de notre vie et d’opérer, confiants dans le dessein bienveillant de Dieu pour nous, un discernement fécond.
Mais, comme nous le savons, le Royaume de Dieu vient sans faire de bruit et sans attirer l’attention (cf. Lc 17, 21), et il est possible d’en accueillir les germes seulement lorsque, comme le prophète Elie, nous savons entrer dans les profondeurs de notre esprit, le laissant s’ouvrir à l’imperceptible souffle de la brise divine (cf. 1 R 19, 11-13).
Discerner
En lisant, dans la synagogue de Nazareth, le passage du prophète Isaïe, Jésus discerne le contenu de la mission pour laquelle il a été envoyé et il le présente à ceux qui attendaient le Messie : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19).
De la même manière, chacun de nous peut découvrir sa propre vocation seulement à travers le discernement spirituel, un «processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie (Synode des Évêques, XVème Assemblée Générale Ordinaire, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, II, 2).
Nous découvrons en particulier, que la vocation chrétienne a toujours une dimension prophétique. Comme nous témoigne l’Ecriture, les prophètes sont envoyés au peuple dans des situations de grande précarité matérielle et de crise spirituelle et morale, pour adresser au nom de Dieu des paroles de conversion, d’espérance et de consolation. Comme un vent qui soulève la poussière, le prophète dérange la fausse tranquillité de la conscience qui a oublié la Parole du Seigneur, discerne les évènements à la lumière de la promesse de Dieu et aide le peuple à apercevoir des signes d’aurore dans les ténèbres de l’histoire.
Aujourd’hui aussi, nous avons grand besoin du discernement et de la prophétie ; de dépasser les tentations de l’idéologie et du fatalisme et de découvrir, dans la relation avec le Seigneur, les lieux, les instruments et les situations à travers lesquels il nous appelle. Chaque chrétien devrait pouvoir développer la capacité à “lire à l’intérieur” de sa vie et à saisir où et à quoi le Seigneur l’appelle pour continuer sa mission.
Vivre
Enfin, Jésus annonce la nouveauté de l’heure présente, qui enthousiasmera beaucoup et durcira d’autres : les temps sont accomplis et c’est Lui le Messie annoncé par Isaïe, oint pour libérer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles et proclamer l’amour miséricordieux de Dieu à toute créature. Vraiment « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 20), affirme Jésus.
La joie de l’Evangile, qui nous ouvre à la rencontre avec Dieu et avec les frères, ne peut attendre nos lenteurs et nos paresses ; elle ne nous touche pas si nous restons accoudés à la fenêtre, avec l’excuse de toujours attendre un temps propice ; elle ne s’accomplit pas non plus pour nous si nous n’assumons pas aujourd’hui-même le risque d’un choix. La vocation est aujourd’hui ! La mission chrétienne est pour le présent ! Et chacun de nous est appelé – à la vie laïque dans le mariage, à la vie sacerdotale dans le ministère ordonné, ou à la vie de consécration spéciale – pour devenir témoin du Seigneur, ici et maintenant.
Cet “aujourd’hui” proclamé par Jésus, en effet, nous assure que Dieu continue à “descendre” pour sauver notre humanité et nous rendre participants de sa mission. Le Seigneur appelle encore à vivre avec lui et à marcher derrière lui dans une relation de proximité particulière, à son service direct. Et s’il nous fait comprendre qu’il nous appelle à nous consacrer totalement à son Royaume, nous ne devons pas avoir peur ! C’est beau – et c’est une grande grâce – d’être entièrement et pour toujours consacrés à Dieu et au service des frères.
Le Seigneur continue aujourd’hui à appeler à le suivre. Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”, ni nous effrayer de nos limites et de nos péchés, mais accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur. L’écouter, discerner notre mission personnelle dans l’Église et dans le monde, et enfin la vivre dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne.
Que Marie la très Sainte, la jeune fille de périphérie, qui a écouté, accueilli et vécu la Parole de Dieu faite chair, nous garde et nous accompagne toujours sur notre chemin.
Du Vatican, 3 décembre 2017 Premier Dimanche de l’Avent
[01850-FR.01] [Texte original: Italien]
FRANÇOIS
Sur la route du diocèse de Baie-Comeau (1ère partie)
À première vue, l’Église du Québec souffre d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux.
Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour ».
Au cours de cette émission, Francis Denis nous invite Sur la route du diocèse de Baie-Comeau, à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Production originale de S+L, Sur la route des diocèses est diffusée les derniers vendredis du mois à 19h30 et en rediffusion les lundis suivants à 20h30.
Discours du Pape lors de la rencontre interreligieuse pour la paix au Bangladesh
Ci-dessous le discours du pape François lors de la rencontre œcuménique et interreligieuse pour la paix, ce vendredi 1er décembre, dans le jardin de l’archevêché de Dacca
Illustres Hôtes, Chers amis,
Notre rencontre qui rassemble les représentants des diverses communautés religieuses de ce pays représente un moment très significatif de ma visite au Bangladesh. Nous sommes réunis pour approfondir notre amitié et pour exprimer notre désir commun du don d’une paix authentique et durable. Ma reconnaissance va au Cardinal D’Rozario pour ses aimables paroles de bienvenue et à ceux qui m’ont accueilli chaleureusement au nom des communautés musulmanes, hindoues et bouddhistes, et aussi des autorités civiles. Je suis reconnaissant à l’Évêque anglican de Dhaka pour sa présence, aux diverses communautés chrétiennes et à ceux qui ont contribué à rendre possible cette réunion.
Les paroles que nous avons écoutées, mais aussi les chants et les danses qui ont animé notre assemblée, nous ont parlé de manière éloquente du désir d’harmonie, de fraternité et de paix incarnés dans les enseignements des religions du monde. Puisse notre rencontre de cet après-midi être un signe clair des efforts des leaders et des adeptes des religions présentes dans ce pays pour vivre ensemble dans le respect réciproque et la bonne volonté. Au Bangladesh, où le droit à la liberté religieuse est un principe fondamental, que cet engagement soit un appel respectueux mais ferme à qui cherchera à fomenter des divisions, de la haine et de la violence au nom de la religion. C’est un signe particulièrement réconfortant de notre temps que les croyants et les personnes de bonne volonté se sentent toujours plus appelés à coopérer à la formation d’une culture de la rencontre, du dialogue et de la collaboration au service de la famille humaine. Cela requiert plus qu’une simple tolérance. Cela nous stimule à tendre la main à l’autre dans une attitude de confiance réciproque et de compréhension, pour construire une unité qui intègre la diversité non comme une menace, mais comme une source potentielle d’enrichissement et de croissance. Cela nous incite à nous exercer à l’ouverture du cœur, de manière à voir les autres comme un chemin, non pas comme un obstacle.
Permettez-moi d’explorer brièvement quelques caractéristiques essentielles de cette “ouverture du cœur” qui est la condition pour une culture de la rencontre. En premier lieu, celle-ci est une porte. Ce n’est pas une théorie abstraite, mais une expérience vécue. Cela nous permet d’entreprendre un dialogue de vie, non pas un simple échange d’idées. Cela demande de la bonne volonté et de l’accueil, mais ne doit pas être confondu avec l’indifférence ou la réticence à exprimer nos convictions les plus profondes. S’engager fructueusement avec l’autre signifie partager nos identités religieuses et culturelles distinctes, mais toujours avec humilité, honnêteté et respect. L’ouverture du cœur est aussi semblable à une échelle qui rejoint l’Absolu. En rappelant cette dimension transcendante de notre activité, nous nous rendons compte de la nécessité de purifier nos cœurs, de manière à pouvoir voir toutes choses dans leur perspective la plus vraie. À chaque pas, notre vue deviendra plus claire et nous recevrons la force de persévérer dans l’engagement à comprendre et à valoriser les autres et leur point de vue. De cette façon, nous trouverons la sagesse et la force nécessaires pour tendre à tous la main de l’amitié. L’ouverture du cœur est aussi un chemin qui conduit à la recherche de la bonté, de la justice et de la solidarité.
Cela incite à rechercher le bien de nos proches. Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Saint Paul les a exhortés ainsi : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais combats le mal par le bien» (Rm 12,21). C’est un sentiment que tous nous pouvons imiter. La sollicitude religieuse pour le bien de notre prochain, qui provient d’un cœur ouvert, coule comme un vaste fleuve, en irriguant les terres arides et désertes de la haine, de la corruption, de la pauvreté et de la violence qui dégrade tellement les vies humaines, divise les familles et défigure le don de la création. Les diverses communautés religieuses du Bangladesh ont embrassé cette route d’une manière particulière dans l’engagement à prendre soin de la terre, notre maison commune, et dans la réponse aux catastrophes naturelles qui ont affligé la nation au cours de ces dernières années. Je pense aussi à la manifestation commune de douleur, de prière et de solidarité qui a accompagné le tragique écroulement du Rana Plaza, qui demeure imprimé dans l’esprit de tous. Dans ces diverses expressions, nous voyons combien le chemin de la bonté conduit à la coopération au service des autres.
Un esprit d’ouverture, d’acceptation et de coopération entre les croyants ne contribue pas simplement à une culture d’harmonie et de paix ; celui-ci est son cœur battant. Comme notre monde a besoin de ce cœur qui bat avec force, pour contrer le virus de la corruption politique, les idéologies religieuses destructrices, la tentation de fermer les yeux face aux besoins des pauvres, des réfugiés, des minorités persécutées et des plus vulnérables ! Cette ouverture est nécessaire pour accueillir les personnes de notre monde, spécialement les jeunes, qui parfois se sentent seuls et déconcertés dans la recherche du sens de la vie !
Chers amis, je vous remercie pour vos efforts à promouvoir la culture de la rencontre, et je prie pour qu’avec la démonstration de l’engagement commun des adeptes des religions à discerner le bien et à le mettre en pratique, nous aidions tous les croyants à grandir dans la sagesse et dans la sainteté, et à coopérer pour construire un monde toujours plus humain, uni et pacifique. J’ouvre mon cœur à vous tous et je vous remercie encore une fois de votre accueil. Souvenons-nous les uns des autres dans nos prières.
Discours du Pape aux évêques du Bangladesh
Ci-dessous le discours du pape François lors de sa rencontre avec les seize évêques du Bangladesh, ce vendredi 1er décembre, dans la maison pour les prêtres agés de la capitale, à Dacca.
Éminence, Chers frères dans l’Épiscopat,
Comme il est bon pour nous d’être ensemble ! Je remercie le Cardinal Patrick [D’Rozario] pour ses paroles d’introduction par lesquelles il a présenté les diverses activités spirituelles et pastorales de l’Église au Bangladesh. J’ai particulièrement apprécié sa référence au clairvoyant Plan Pastoral de 1985 qui a mis en lumière les principes évangéliques et les priorités qui ont guidé la vie et la mission de la communauté ecclésiale dans cette jeune nation. Mon expérience personnelle d’Aparecida, qui a lancé la mission continentale en Amérique du Sud, m’a convaincu de la fécondité de tels plans qui impliquent le peuple de Dieu tout entier dans un processus continuel de discernement et d’action. La réalité de la communion a été au cœur du Plan Pastoral et continue d’inspirer le zèle missionnaire qui caractérise l’Église au Bangladesh.
Votre conduite épiscopale elle-même a traditionnellement été marquée par l’esprit de collégialité et de soutien mutuel. Cet esprit d’affection collégiale est partagé par vos prêtres et, à travers eux, s’est propagé aux paroisses, aux communautés et aux formes multiples d’apostolat de vos Églises locales. Il trouve son expression dans le sérieux avec lequel, dans vos diocèses, vous vous dévouez aux visites pastorales et montrez un intérêt concret pour le bien de vos gens. Je vous demande de persévérer dans ce ministère de présence, qui seul peut nouer des liens de communion en vous unissant à vos prêtres, qui sont vos frères, fils et collaborateurs dans la vigne du Seigneur, et aux religieux et religieuses qui apportent une contribution si fondamentale à la vie catholique dans ce pays. En même temps, je vous demanderai de montrer une proximité même plus grande envers les fidèles laïcs.
Il faut promouvoir leur participation effective à la vie de vos Églises particulières, également à travers les structures canoniques qui prévoient que leurs voix soient entendues et leurs expériences prises en considération. Reconnaissez et valorisez les charismes des laïcs, hommes et femmes, et encouragez-les à mettre leurs dons au service de l’Église et de la société dans son ensemble. Je pense ici aux nombreux catéchistes zélés de ce pays dont l’apostolat est essentiel à la croissance de la foi et à la formation chrétienne des nouvelles générations. Ils sont de vrais missionnaires et des guides de prière, surtout dans les endroits les plus reculés. Soyez attentif à leurs besoins spirituels et à leur constante éducation dans la foi. Durant ces mois de préparation à la prochaine assemblée du Synode des Évêques, nous sommes tous invités à réfléchir sur la façon de rendre mieux participants nos jeunes de la joie, de la vérité et de la beauté de notre foi. Le Bangladesh a été béni par des vocations au sacerdoce et à la vie religieuse. Il est important de s’assurer que les candidats soient bien préparés à communiquer les richesses de la foi aux autres, en particulier à leurs contemporains.
Dans un esprit de communion qui unit les générations, aidez-les à prendre en main, avec joie et enthousiasme, le travail que d’autres ont commencé, sachant qu’eux-mêmes, un jour, seront appelés à le transmettre à leur tour. Une remarquable activité sociale de l’Église au Bangladesh vise l’assistance des familles et, spécifiquement, l’engagement pour la promotion des femmes. Le peuple de cette nation est connu pour son amour de la famille, pour son sens de l’hospitalité, pour le respect qu’il montre envers les parents et les grands-parents, et pour le soin envers les personnes âgées, les malades et ceux qui sont le plus sans défense. Ces valeurs sont confirmées et élevées par l’Évangile de Jésus Christ. Une expression spéciale de gratitude doit être rendue à tous ceux qui travaillent silencieusement pour soutenir les familles chrétiennes dans leur mission de rendre tous les jours témoignage à l’amour du Seigneur qui réconcilie et de faire connaître son pouvoir de rédemption. Comme Ecclesia in Asia l’a recommandé: «La famille n’est pas seulement l’objet du souci pastoral de l’Église; elle est aussi pour l’Église l’un des agents d’évangélisation les plus efficaces» (n. 46).
Un objectif significatif mentionné dans le Plan Pastoral – qui s’est vraiment révélé prophétique – est l’option pour les pauvres. La communauté catholique au Bangladesh peut être fière de son histoire de service des pauvres, surtout dans les endroits les plus reculés et dans les communautés tribales. Elle poursuit tous les jours ce service à travers ses apostolats éducatifs, ses hôpitaux, cliniques et centres de soins, et la variété de ses œuvres caritatives. Et pourtant, surtout à la lumière de la crise actuelle des réfugiés, nous voyons combien sont encore plus grands les besoins auxquels il faut faire face ! L’inspiration de vos œuvres d’assistance aux personnes dans le besoin doit toujours être la charité pastorale qui est prompte à reconnaître les blessures humaines et à répondre, avec générosité, à chacun personnellement. En travaillant à créer une “culture de la miséricorde” (cf. Misericordia et Misera, n. 20), vos Églises locales montrent leur option pour les pauvres, elles renforcent leur proclamation de l’infinie miséricorde du Père et contribuent largement au développement intégral de leur patrie. Un moment important de ma visite pastorale au Bangladesh sera la réunion interreligieuse et œcuménique qui aura lieu immédiatement après notre rencontre. Votre nation est une nation où la diversité ethnique reflète la diversité des traditions religieuses.
L’engagement de l’Église à promouvoir la compréhension interreligieuse par des séminaires et des programmes didactiques, comme aussi à travers des contacts et des invitations personnelles, contribue à répandre de la bonne volonté et de l’harmonie. Prodiguez-vous sans cesse à construire des ponts et à promouvoir le dialogue, car ces efforts non seulement facilitent la communication entre les divers groupes religieux, mais aussi parce qu’ils réveillent les énergies spirituelles nécessaires à l’œuvre de construction de la nation dans l’unité, dans la justice et dans la paix. Quand les chefs religieux se prononcent publiquement, d’une seule voix, contre la violence vêtue de religiosité et cherchent à remplacer la culture du conflit par la culture de la rencontre, ils puisent aux racines spirituelles les plus profondes de leurs diverses traditions. Ils rendent aussi un inestimable service pour l’avenir de leur pays et de notre monde en enseignant aux jeunes la voie de la justice : « il faut accompagner et faire mûrir des générations qui répondent à la logique incendiaire du mal par la patiente recherche du bien» (Discours aux participants de la Conférence internationale pour la paix, Al-Azhar, Le Caire, 28 avril 2017).
Chers confrères Évêques, je rends grâce au Seigneur pour ces moments de conversation et de partage fraternel. Je suis aussi content que ce Voyage apostolique qui m’a conduit au Bangladesh m’ait permis de témoigner de la vitalité et de la ferveur missionnaire de l’Église dans cette nation. En présentant au Seigneur les joies et les difficultés de vos communautés locales, demandons ensemble une effusion renouvelée de l’Esprit Saint pour qu’il nous accorde « la force pour annoncer la nouveauté de l’Évangile avec audace – parresia – à voix haute, en tout temps et en tout lieu, même à contre-courant» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 259).
Puissent les prêtres, les religieux, les personnes consacrées ainsi que les fidèles laïcs confiés à votre soin pastoral, trouver une force toujours renouvelée dans leurs efforts pour être «des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu » (ibid.). À vous tous, avec grande affection, je vous donne ma Bénédiction apostolique. Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi.
Homélie du Pape lors de la messe d’ordination au Bangladesh
Ci-dessous l’homélie prononcée par le pape François ce vendredi 1er décembre lors de la messe d’ordination de 16 nouveaux prêtres, dans le parc Suhrawardy Udyan, à Dacca, devant environ cent mille fidèles.
Frères très chers,
Nos fils ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons attentivement à quel ministère ils seront élevés dans l’Église. Comme vous le savez bien, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul grand-prêtre du Nouveau Testament; mais en lui tout le peuple saint de Dieu a également été constitué peuple sacerdotal. Néanmoins, parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus a voulu en choisir certains en particulier, pour que, en exerçant publiquement dans l’Église en son nom la charge sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle de maître, prêtre et pasteur.
En effet, de même qu’il avait été envoyé par le Père pour cela, ainsi il envoya à son tour dans le monde d’abord les Apôtres, puis les évêques, leurs successeurs, auxquels enfin ont été donnés comme collaborateurs les prêtres qui, unis à eux dans le ministère sacerdotal, sont appelés au service du peuple de Dieu. Après une mûre réflexion, nous allons maintenant élever à l’ordre des prêtres nos frères, afin qu’au service du Christ maître, prêtre et pasteur, ils coopèrent en vue d’édifier le corps du Christ, qui est l’Église, en peuple de Dieu et temple saint de l’Esprit. Ils seront en effet configurés au Christ grand-prêtre éternel, c’est-à-dire qu’ils seront consacrés comme véritables prêtres du Nouveau Testament, et à ce titre, qui les unit dans le sacerdoce à leur évêque, ils seront prédicateurs de l’Évangile, pasteurs du peuple de Dieu, et présideront les actes du culte, en particulier dans la célébration du sacrifice du Seigneur.
Quant à vous, très chers fils, qui allez être promus à l’ordre du presbytérat, considérez qu’en exerçant le ministère de la doctrine sacrée, vous participerez à la mission du Christ, unique maître. Dispensez à tous la Parole de Dieu, que vous avez vous-mêmes reçue avec joie. Lisez et méditez assidûment la parole du Seigneur pour croire ce que vous avez lu, enseigner ce que vous avez appris dans la foi, vivre ce que vous avez enseigné. Que votre doctrine soit donc une nourriture pour le peuple de Dieu, une joie et un soutien pour les fidèles du Christ, le parfum de votre vie, pour que par la parole et l’exemple vous édifiez la maison de Dieu, qui est l’Église. Vous continuerez l’œuvre sanctificatrice du Christ. Par votre ministère, le sacrifice spirituel des fidèles est rendu parfait, parce que uni au sacrifice du Christ, qui à travers vos mains, au nom de toute l’Église, est offert sans effusion de sang sur l’autel au cours de la célébration des saints mystères. Reconnaissez donc ce que vous faites, imitez ce que vous célébrez, afin que, en participant au mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, vous portiez la mort du Christ dans vos membres et que vous marchiez avec lui dans une vie renouvelée.
Par le Baptême, vous ajouterez de nouveaux fidèles au peuple de Dieu; par le sacrement de la Pénitence, vous remettrez les péchés au nom du Christ et de l’Église; avec l’Huile sainte, vous soulagerez les malades ; en célébrant les rites sacrés et en élevant aux différentes heures du jour la prière de louange et de supplication, vous deviendrez la voix du peuple de Dieu et de l’humanité tout entière. Conscients d’avoir été choisis parmi les hommes et constitués en leur faveur pour vous occuper des choses de Dieu, exercez dans la joie et la charité sincère l’œuvre sacerdotale du Christ, dans l’unique intention de plaire à Dieu et non à vous-mêmes. Enfin, en participant à la mission du Christ, tête et pasteur, en communion filiale avec votre évêque, engagez-vous à unir les fidèles dans une unique famille, pour les conduire à Dieu le Père par le Christ dans l’Esprit Saint. Ayez toujours devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur, qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir, et pour chercher et sauver ce qui était perdu.
Homélie du pape François lors de la Messe avec les jeunes à la cathédrale Sainte-Marie de Yangon
Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe avec les jeunes à la cathédrale Sainte-Marie de Yangon:
Alors que ma visite à votre belle terre approche de sa conclusion, je m’unis à vous afin de remercier Dieu pour les nombreuses grâces que nous avons reçues en ces jours. En vous regardant, vous, jeunes du Myanmar, et tous ceux qui nous suivent au dehors de cette cathédrale, je désire partager une phrase de la première lecture d’aujourd’hui, qui résonne en moi. Il s’agit du prophète Isaïe, que Saint Paul a repris dans sa lettre à la jeune communauté chrétienne de Rome. Écoutons encore une fois ces paroles: «comme ils sont beaux les pas des messagers qui annoncent une bonne nouvelle!» (cf. Rm 10, 15; Is 52, 7).
Chers jeunes du Myanmar, après avoir entendu vos voix et vous avoir écouté chanter aujourd’hui, je voudrais vous appliquer ces paroles à vous. Oui, vos pas sont beaux, et il est beau et encourageant de vous voir, parce que vous nous portez «une bonne nouvelle », la bonne nouvelle de votre jeunesse, de votre foi et de votre enthousiasme. Bien sûr, vous êtes une bonne nouvelle parce que vous êtes des signes concrets de la foi de l’Église en Jésus Christ, qui nous apporte une joie et une espérance qui n’auront jamais de fin.
Certains se demandent comment est-il possible de parler de bonnes nouvelles quand beaucoup souffrent autour de nous. Où sont les bonnes nouvelles quand tant d’injustice, de pauvreté et de misère jettent une ombre sur nous et sur notre monde ? Mais je voudrais que de ce lieu parte un message très clair. Je voudrais que les gens sachent que vous, jeunes hommes et jeunes femmes du Myanmar, vous n’avez pas peur de croire en la bonne nouvelle de la miséricorde de Dieu, parce qu’elle a un nom et un visage: Jésus Christ. Comme messagers de cette bonne nouvelle, vous êtes prêts à porter une parole d’espérance à l’Église, à votre pays, au monde. Vous êtes prêts à porter la bonne nouvelle aux frères et aux sœurs qui souffrent et qui ont besoin de vos prières et de votre solidarité, mais aussi de votre passion pour les droits humains, pour la justice et pour la croissance de ce que Jésus donne: l’amour et la paix.
Mais je voudrais aussi mettre devant vous un défi. Avez-vous écouté attentivement la première lecture ? Là saint Paul répète par trois fois la parole sans. C’est une petite parole, qui cependant nous pousse à penser à notre place dans le projet de Dieu. En effet, Paul pose trois questions, que je voudrais adresser à chacun de vous personnellement. La première: «Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu?» La deuxième: «Comment entendre si personne ne proclame?» La troisième: «Comment proclamer sans être envoyé?» (cf. Rm 10, 14-15).
J’aimerais que tous, vous pensiez à fond à ces trois questions. Mais n’ayez pas peur ! Comme un père (peut-être serait-il mieux de dire un grand-père !) bienveillant, je ne veux pas que vous soyez seuls à affronter ces questions. Permettez-moi de vous offrir quelques pensées qui puissent vous conduire sur le chemin de la foi et vous aider à discerner ce que le Seigneur vous demande.
La première question de saint Paul est: «Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu?». Notre monde est plein de beaucoup de bruits et de distractions qui peuvent étouffer la voix de Dieu. Pour que d’autres soient appelés à en entendre parler et à croire en Lui, ils ont besoin de le trouver dans des personnes qui soient authentiques, des personnes qui sachent comment écouter. C’est certainement ce que vous voulez être. Mais seul le Seigneur peut vous aider à être authentiques. Pour cela, parlez-lui dans la prière. Apprenez à écouter sa voix, en lui parlant tranquillement du plus profond de votre cœur.
Mais parlez aussi aux saints, à nos amis du ciel qui peuvent nous inspirer. Comme saint André, que nous fêtons aujourd’hui. Il était un simple pécheur et il est devenu un grand martyr, un témoin de l’amour de Jésus. Mais avant de devenir un martyr, il a fait ses erreurs et il a eu besoin d’être patient, d’apprendre graduellement comment être un vrai disciple du Christ. Vous aussi, n’ayez pas peur d’apprendre de vos erreurs ! Que les saints puissent vous guider vers Jésus, en vous enseignant à mettre vos vies entre ses mains. Vous savez que Jésus est plein de miséricorde. Donc partagez avec Lui tout ce que vous avez dans le cœur : les peurs et les préoccupations, les rêves et les espérances. Cultivez la vie intérieure, comme vous feriez dans un jardin ou dans un champ. Cela demande du temps, demande de la patience. Mais comme un cultivateur sait attendre la croissance de la moisson, ainsi, si vous savez avoir de la patience, le Seigneur vous donnera de porter beaucoup de fruit, un fruit que vous pourrez ensuite partager avec les autres.
La seconde question de Paul est: «Comment entendre si personne ne proclame ? » Voilà une grande tâche confiée de manière spéciale aux jeunes : être “disciples-missionnaires”, messagers de la bonne nouvelle de Jésus, surtout pour vos contemporains et vos amis. N’ayez pas peur de mettre de la pagaille, de poser des questions qui fassent réfléchir les gens ! Et n’ayez pas peur si parfois vous vous verrez être peu nombreux et éparpillés ici et là. L’Évangile croît toujours à partir de petites racines. Pour cela, faites-vous entendre! Je voudrais vous demander de crier, mais non, non pas avec la voix, je voudrais que vous criiez par votre vie, par votre cœur, pour être ainsi des signes d’espérance pour celui qui est découragé, une main tendue pour celui qui est malade, un sourire accueillant pour celui qui est étranger, un soutien attentif pour celui qui est seul.
La dernière question de Paul est: «Comment proclamer sans être envoyé?» Au terme de la messe, nous serons tous envoyés prendre les dons que nous avons reçus et les partager avec les autres. Cela pourrait être un peu décourageant, du moment que nous ne savons pas toujours où Jésus peut nous envoyer. Mais il ne nous envoie jamais sans marcher en même temps à nos côtés, et toujours un petit peu devant nous, pour nous introduire dans de nouvelles et magnifiques parties de son Royaume.
Comment le Seigneur envoie-il saint André et son frère Simon Pierre dans l’Évangile d’aujourd’hui? «Suivez-moi» leur dit-il (cf. Mt 4, 19). Voilà ce que signifie être envoyés: suivre le Christ, ne pas se précipiter en avant avec ses propres forces! Le Seigneur invitera certains d’entre vous à le suivre comme prêtres et à devenir de cette façon “pécheurs d’hommes”. Il en appellera d’autres à devenir des personnes consacrées. Et d’autres encore il les appellera au mariage, à être des pères et des mères affectueux. Quelle que soit votre vocation, je vous exhorte: soyez courageux, soyez généreux et, surtout, soyez joyeux!
Ici dans cette belle Cathédrale dédiée à l’Immaculé Conception, je vous encourage à regarder Marie. Quand elle a dit oui au message de l’ange, elle était jeune comme vous ; mais elle a eu le courage de faire confiance à la bonne nouvelle qu’elle avait entendue et de la traduire dans une vie de fidèle dévouement à sa vocation, de total don de soi et de confiance complète à la tendre prévenance de Dieu. Comme Marie, puissiez-vous être tous humbles mais courageux pour porter Jésus et son amour aux autres !
Chers jeunes, avec une grande affection, je vous confie tous ainsi que vos familles à sa maternelle intercession. Et je vous demande, s’il vous plaît, de vous rappeler de prier pour moi. Que Dieu bénisse le Myanmar! [Myanmar pyi ko Payathakin Kaung gi pei pa sei]
[01795-FR.01] [Texte original: Italien]