Maria Katharina Kasper: Une vie au service de Jésus-Christ

Vierge et fondatrice de l’Institut des Pauvres Servantes de Jésus-Christ
Jour de fête : 2 février
26 mai 1820 – 2 février 1898

Née à Dernbach, en Allemagne, Katharina Kasper était une enfant maladive et manquait souvent l’école. Cependant, la lecture était son passe-temps favori et elle aimait particulièrement la Bible et L’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis. Une fille extravertie au fort caractère moral, elle se rendait souvent avec sa mère dans un sanctuaire marial voisin et y emmenait d’autres enfants, leur racontant des histoires sur Dieu et Marie. Cest durant ces premières années que sa vocation religieuse sest manifestée et qu’elle a ressenti un grand désir de se consacrer au Seigneur.

Encore enfant, Katharina était sensible aux besoins de ceux et celles qui lentouraient, une qualité qui la menée à une vie de service et à un travail ardu. Jeune femme, elle s’est consacréeà aider les pauvres, les malades et les délaissés. Puis, à la mort de son père, elle commença à travailler comme ouvrière agricole, vendant son tissage et fendant des pierres pour la construction de routes afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère dont la santé était fragile.

Son travail ardu et ses actes de charité ordinaires furent remarqués par dautres personnes dans le village et, sur les encouragements de son directeur spirituel, Katharina et quatre autres femmes formèrent une communauté religieuse : les Pauvres Servantes de Jésus-Christ. Elle aurait préféré entrer dans un ordre déjà établi, mais il ny avait pas de congrégations religieuses féminines dans sa région. Elle fonda donc sa propre communauté. Le 15 août 1851, ces « sœurs de Dernbach » prononcèrent les vœux publics de pauvreté, de chasteté et dobéissance devant lévêque Pierre Joseph Blum de Limburg et commencèrent à servir les plus démunis.

Katharina prit le nom de « Maria » et, pendant cinq mandats consécutifs comme supérieure de lordre, elle fut connue dans la vie religieuse comme « Mère Maria ». Le pape Pie IX accorda à lordre le Décret de louange le 9 mars 1860 et lordre reçut lapprobation officielle du pape Léon XIII le 21 mai 1890. Sous la direction de Mère Maria, les Pauvres Servantes de Jésus-Christ (ADJC) entreprirent leur travail auprès des pauvres, des malades et des enfants. Bien que tel fût leur ministère au début, elles sont souvent davantage reconnues par lamour et la simplicité de leur service que par un ministère particulier.

Maria Katharina subit une crise cardiaque le 27 janvier 1898 et mourut dans la maison mère de la congrégation à Dernbach à laube de la fête de la Présentation. Elle fut béatifiée le 16 avril 1978 par le pape Paul VI sur la place Saint-Pierre, louée par le Saint-Père comme une femme « de foi et de courage ».

Durant toute sa vie, Maria Katharina s’est efforcée de reconnaître la volonté de Dieu dans toutes les situations ; cet esprit a été transmis aux sœurs de sa congrégation. Par cette ouverture aux autres et à Dieu, lordre a étendu lamour et la vision de Mère Maria bien au-delà des frontières de lAllemagne, alors que leur ministère a continué à grandir et à se répandre dans des pays tels que lAngleterre, les États-Unis, les Pays-Bas, lInde, le Mexique, le Brésil, le Kenya et le Nigeria.

Francesco Spinelli: Champion des pauvres et des marginalisés

Prêtre diocésain du diocèse de Crémone
Fondateur de lInstitut des Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement
Jour de fête : 6 février
14 avril 1853 – 6 février 1913

Né à Milan le 14 avril 1853, Francesco Spinelli a déménagé à Crémone en Italie alors quil était encore enfant. Jeune garçon, il accompagnait sa mère qui visitait et aidait les pauvres et les malades de sa ville. Son appel à la prêtrise a été soutenu à la fois par sa mère et par un oncle qui était prêtre. Après avoir étudié à Bergame pendant plusieurs années, il fut ordonné prêtre de ce diocèse le 14 août 1875.

Plus tard cette année-là, étant à Rome pour célébrer le jubilé convoqué par le pape Pie IX, P. Francesco se rendit à la basilique Sainte-Marie-Majeure, et alors quil était là, il sest agenouillé devant la crèche de lEnfant Jésus. En prière, il reçut la vision dun groupe de jeunes femmes qui adoreraient Jésus dans le Saint-Sacrement. Ce moment lui inspira de commencer un nouvel ordreet, en 1882, il unit ses efforts avec ceux de sainte Gertrude Comensoli pour fonder les Sœurs Sacramentines de Bergame.

Après un début prometteur, il fut obligé de quitter le diocèse de Bergame en 1889 à cause dune opposition et de complots contre lui, abandonnant également la nouvelle congrégation. Il arrive à Rivolta dAdda, découragé et sans argent, mais lévêque diocésain de Crémone lui offre la possibilité dy exercer ses fonctions pastorales. En 1892, P. Francesco fonde les Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement, une congrégation qui obtiendra lapprobation officielle du diocèse en 1897.

À Crémone, les sœurs continuèrent à adorer le Christ dans leucharistie tout en se concentrant sur leur travail auprès des pauvres, un travail inspiré par Spinelli lui-même qui avait connu les difficultés de la marginalisation. Il s’était senti appelé par son amour de l’eucharistie à répondre aux besoins de ceux qui enduraient la même souffrance.

P. Francesco mourut de causes naturelles à Rivolta dAdda le 6 février 1913, mais les sœurs poursuivent toujours le travail quil avait aidé à mettre sur pied. Elles ont maintenant beaucoup de maisons à travers le monde, y compris en Argentine et au Sénégal. Bien quil ne l’ait pas vu de son vivant, Spinelli aurait éprouvé une grande joie devant l’approbation pontificale de sa congrégation par le pape Pie XI en 1932. En 1958, le cardinal Angelo Roncalli, qui deviendra le pape Jean XXIII, visita la tombe de Spinelli. Dans son journal intime, il a écrit : « Arrivé à Rivolta dAdda où jai admiré la maison générale des Sœurs Adoratrices que le vénérable Francesco Spinelli a fondées et sur la tombe duquel jai été heureux de prier. »

Cet émerveillement a été poursuivi par un autre Saint-Père lorsque P. Francesco a été béatifié le 21 juin 1992 par le pape Jean-Paul II.

Ayant toujours considéré Jésus comme source et modèle de sa vie sacerdotale, P. FrancescoSpinelli a laissé derrière lui une réputation de sainteté et a donné un exemple de vraie prière aux Sœurs Adoratrices du Saint-Sacrement et à tous ceux quil rencontrait. Comme le Christ, il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour servir les malheureux, les marginalisés et les rejetés partout où le besoin sen faisait sentir, et ce travail se poursuit jusquà ce jour.

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus​

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus

Fondatrice de la congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise
Jour de fête : 6 juillet
10 janvier 1889 – 6 juillet 1943

« Toi, Nazaria, suis-moi. » À 9 ans seulement, Nazaria Ignacia March Mesa a entendu ces mots, ressentant son premier appel du Seigneur. « Je vais suivre Jésus, a-t-elle répondu, daussi près que le peut une créature humaine. »

Née à Madrid en 1889 dans une grande famille espagnole, Nazaria acquit rapidement une foi solide. Sa famille s’opposa souvent à sa foi et, si lasse de ses dévotions, elle lempêcha même une fois daller à la messe. Cependant, Nazaria persista dans sa conviction, et après que sa famille eut déménagée au Mexique en 1904, elle continua sa dévotion et décida de se joindre à linstitut des Petites sœurs des personnes âgées abandonnées (Instituto de Hermanitas de Ancianos Desamparados) en 1908, prenant le nom de Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus et prononça ses vœux perpétuels en 1915. L’institut l’envoya travailler à Oruro, en Bolivie, où elle aida les personnes âgées, pauvres et abandonnées.

Après quelques années en Bolivie, sœur Nazaria, inspirée par les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, commença à se sentir appelée à établir un nouvel ordre consacré à la mission, à lévangélisation et à léducation religieuse. Le 16 juin 1925, elle fonda les Missionnaires de la Croisade pontificale (renommée plus tard congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise). Cétait la première communauté religieuse bolivienne pour femmes. Leur mission était de soutenir la catéchisation des enfants et des adultes, tout en soutenant les prêtres, en menant des missions et en imprimant des tracts religieux. Comme supérieure de la congrégation, Mère Nazaria travailla avec diligence pour surmonter lopposition et les difficultés, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour que cette nouvelle congrégation grandisse. Elle eut même une audience privée avec le pape Pie XI en 1934 dans laquelle elle lui dit quelle était prête à mourir pour lÉglise, mais le pape lui répondit : « Ne meurs pas, mais vis et travaille pour lÉglise. »

Dans cet esprit, la congrégation a poursuivi ses travaux en Bolivie tout en fondant des maisons et des œuvres dans plusieurs pays. Dirigées par Mère Nazaria, les sœurs ont travaillé pour aider de nombreuses personnes dans le besoin. Elles se sont occupées des femmes, des orphelins et des soldats, ont créé un magazine pour les femmes dans la vie religieuse et ont même aidé à former le premier syndicat de travail pour les femmes. En commençant en Bolivie, leur travail sest étendu à l’Amérique du Sud et au Portugal, à l’Espagne, la France, l’Italie et au Cameroun.

De retour à Buenos Aires, Mère Nazaria commença à souffrir d’une pneumonie au début de 1943 et mourut le 6 juillet de la même année. Sa renommée et celle de sa congrégation continuèrent à se répandre après sa mort. La congrégation des Croisées missionnaires de lÉglise reçut la reconnaissance officielle du Vatican le 9 juin 1947 et Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésusfut béatifiée par Jean-Paul II le 27 septembre 1992.

Mère Nazaria a laissé derrière elle une grande réputation de sainteté et de bonté. Elle est reconnue pour avoir toujours recommandé aux supérieures des maisons de sa congrégation une approche maternelle envers les sœurs sous leur responsabilité, n’oubliant pas leur rôle de mère de la maison. Un grand nombre la considère comme une visionnaire pour son époque par sa proposition que lÉglise catholique soit ouverte à vraiment rencontrer les gens, et ce, des décennies avant les débats et les documents du Concile Vatican II.

Discours du pape François pour l’ouverture du Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernements vocationnel »

(3 octobre 2018) Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François pour l’ouverture de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel »:

Chères Béatitudes, Éminences, Excellences, Chers frères et sœurs, très chers jeunes!

En entrant dans cette salle pour parler des jeunes, on sent déjà la force de leur présence qui émet positivité et enthousiasme, capables d’envahir et de réjouir non seulement cette salle, mais toute l’Église et le monde entier.

C’est pourquoi je ne peux pas commencer sans vous dire merci ! Merci à vous qui êtes présents, merci à toutes les personnes qui, au long d’un chemin de préparation de deux années, – ici dans l’Église de Rome et dans toutes les Églises du monde – ont travaillé avec dévouement et passion pour nous permettre de parvenir à ce moment. Merci infiniment au Cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du Synode, aux Présidents délégués, au Cardinal Sergio da Rocha, Rapporteur général, à Mgr Fabio Fabene, Sous-Secrétaire, aux officials du Secrétariat général et aux assistants; merci à vous tous, Pères synodaux, auditeurs, auditrices, experts et consulteurs ; aux Délégués fraternels ; aux traducteurs, aux choristes, aux journalistes. Merci infiniment à tous pour votre participation active et féconde.

Méritent un cordial merci les deux Secrétaires spéciaux, le Père Giacomo Costa, jésuite, et Don Rossano Sala, salésien, qui ont travaillé généreusement avec engagement et abnégation.

Je désire aussi remercier vivement les jeunes reliés à nous, en ce moment, et tous les jeunes qui de bien des façons ont fait entendre leurs voix. Je les remercie pour avoir voulu parier que cela vaut la peine de se sentir membres de l’Église ou d’entrer en dialogue avec elle, que cela vaut la peine d’avoir l’Église comme mère, comme éducatrice, comme maison, comme famille, capable, malgré les faiblesses humaines et les difficultés, de faire briller et de transmettre le message indémodable du Christ ; que cela vaut la peine de s’agripper à la barque de l’Eglise qui, même à travers les tempêtes impitoyables du monde, continue à offrir à tous refuge et hospitalité ; que cela vaut la peine de nous mettre à l’écoute les uns des autres ; que cela vaut la peine de nager à contrecourant et de s’attacher à des valeurs supérieures : la famille, la fidélité, l’amour, la foi, le sacrifice, le service, la vie éternelle.

Notre responsabilité ici au Synode est de ne pas les démentir, au contraire, de démontrer qu’ils ont eu raison de parier: vraiment cela vaut la peine, vraiment ce n’est pas du temps perdu!

Et je vous remercie en particulier, chers jeunes présents! Le chemin préparatoire au Synode nous a enseigné que l’univers des jeunes est tellement diversifié qu’il ne peut pas être totalement représenté, mais vous en êtes certainement un signe important. Votre participation nous remplit de joie et d’espérance.

Le Synode que nous allons vivre est un moment de partage. Je désire donc, au début du parcours de l’Assemblée synodale, vous inviter tous à parler avec courage et franchise, c’est-à-dire en intégrant liberté, vérité et charité. Seul le dialogue peut nous faire grandir. Une critique honnête et transparente est constructive et cela aide, au contraire des bavardages inutiles, des rumeurs, des conjectures et des préjugés.

Au courage de parler doit correspondre l’humilité de l’écoute. J’ai dit aux jeunes à l’occasion de la Réunion pré-synodale : « S’il dit quelque chose qui ne me plaît pas, je dois l’écouter encore plus, parce que chacun a le droit d’être écouté, comme chacun a le droit de parler ». Cette écoute ouverte requiert le courage de prendre la parole et de se faire la voix de tant de jeunes du monde qui ne sont pas présents. C’est cette écoute qui ouvre l’espace au dialogue. Le Synode doit être un exercice de dialogue, d’abord entre ceux qui y participent. Et le premier fruit de ce dialogue est que chacun s’ouvre à la nouveauté, à la modification de sa propre opinion grâce à ce qu’il a entendu des autres. C’est important pour le Synode. Beaucoup d’entre vous ont déjà préparé leur intervention avant de venir – et je vous remercie pour ce travail – mais je vous invite à vous sentir libres de considérer tout ce que vous avez préparé comme une ébauche provisoire ouverte aux éventuelles intégrations et modifications que le chemin synodal pourrait suggérer à chacun. Sentons-nous libres d’accueillir et de comprendre les autres et donc, de changer nos convictions et nos positions : c’est un signe de grande maturité humaine et spirituelle.

Le Synode est un exercice ecclésial de discernement. Franchise dans la parole et ouverture dans l’écoute sont fondamentales afin que le Synode soit un processus de discernement. Le discernement n’est pas un slogan publicitaire, ni une technique d’organisation, ni même une mode de ce pontificat, mais une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte de foi. Le discernement est la méthode et en même temps l’objectif que nous nous proposons : il se fonde sur la conviction que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire du monde, dans les évènements de la vie, dans les personnes que je rencontre et qui me parlent. Pour cela, nous sommes appelés à nous mettre à l’écoute de ce que l’Esprit nous suggère, avec des modalités et dans des directions souvent imprévisibles. Le discernement a besoin d’espace et de temps. Pour cette raison, je demande que pendant les travaux, en assemblée plénière et dans les groupes, toutes les cinq interventions, on observe un moment de silence – d’environ trois minutes – pour permettre à chacun de prêter attention aux résonances que les choses entendues suscitent dans son cœur, pour aller en profondeur et saisir ce qui touche le plus. Cette attention à l’intériorité est la clef pour réaliser le chemin de la reconnaissance, de l’interprétation et du choix.

Nous sommes signe d’une Église à l’écoute et en chemin. L’attitude de l’écoute ne peut pas se limiter aux paroles que nous échangerons pendant les travaux synodaux. Le chemin préparatoire à ce moment a mis en évidence une Église « en déficit d’écoute » aussi vis-à-vis des jeunes, qui souvent ne se sentent pas compris par l’Église dans leur originalité et donc pas accueillis pour ce qu’ils sont vraiment, et parfois même rejetés. Ce Synode a l’opportunité, la tâche et le devoir d’être signe de l’Église qui se met vraiment à l’écoute, qui se laisse interpeller par les requêtes de ceux qu’elle rencontre, qui n’a pas toujours une réponse préemballée déjà prête. Une Église qui n’écoute pas se montre fermée à la nouveauté, fermée aux surprises de Dieu, et ne pourra pas s’avérer crédible, en particulier pour les jeunes, qui inévitablement s’en éloigneront plutôt que de s’en approcher.

Sortons des préjugés et des stéréotypes. Un premier pas en direction de l’écoute est de libérer nos esprits et nos cœurs des préjugés et des stéréotypes : quand nous pensons savoir déjà qui est l’autre et ce qu’il veut, alors nous avons vraiment du mal à l’écouter sérieusement. Les rapports entre générations sont un terrain où les préjugés et les stéréotypes s’enracinent avec une facilité proverbiale, si bien que souvent nous ne nous en rendons même pas compte. Les jeunes sont tentés de considérer les adultes comme dépassés ; les adultes sont tentés de prendre les jeunes pour inexpérimentés, de savoir comment ils sont et surtout comment ils devraient être et se comporter. Tout cela peut constituer un obstacle important au dialogue et à la rencontre entre générations. La plus grande partie des personnes ici présentes n’appartient pas à la génération des jeunes, il est donc clair que nous devons surtout faire attention au risque de parler des jeunes à partir de catégories et de schémas mentaux désormais dépassés. Si nous savons éviter ce risque, alors nous contribuerons à rendre possible une alliance entre générations. Les adultes devront vaincre la tentation de sous évaluer les capacités des jeunes et de les juger négativement. J’ai lu autrefois que la première mention de ce fait remonte à 3000 ans avant JC, et a été découverte sur un vase d’argile de la Babylone antique, où il est écrit que la jeunesse est immorale et que les jeunes ne sont pas capables de sauvegarder la culture du peuple. Les jeunes, au contraire, doivent vaincre la tentation de ne pas écouter les adultes et de considérer les personnes âgées comme “des affaires anciennes, passées et ennuyeuses”, en oubliant qu’il est stupide de vouloir toujours partir de zéro comme si la vie commençait seulement avec chacun d’eux. En réalité, les personnes âgées, malgré leur fragilité physique, restent toujours la mémoire de notre humanité, les racines de notre société, le “pouls” de notre civilisation. Les mépriser, les rejeter, les enfermer dans des réserves isolées ou bien les envoyer promener est l’indice d’une concession à la mentalité du monde qui est en train de détruire nos maisons de l’intérieur. Négliger le trésor d’expérience dont toute génération hérite et transmet à l’autre est un acte d’autodestruction.

Il faut donc, d’une part, vaincre résolument la plaie du cléricalisme. En effet, l’écoute et la sortie des stéréotypes sont aussi un puissant antidote contre le risque du cléricalisme, auquel une assemblée comme celle-ci est inévitablement exposée, au-delà des intentions de chacun de nous. Il naît d’une vision élitiste et exclusive de la vocation qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire appartenir à un groupe qui possède toute les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’apprendre quoique ce soit. Le cléricalisme est une perversion et est la racine de nombreux maux dans l’Eglise : nous devons en demander humblement pardon et surtout créer les conditions pour qu’ils ne se répètent pas.

Mais il faut, d’autre part, soigner le virus de l’autosuffisance et des conclusions hâtives de nombreux jeunes. Un proverbe égyptien dit : “Si dans ta maison il n’y a pas de personne âgée, achète-la car elle te servira”. Répudier et rejeter tout ce qui a été transmis au cours des siècles conduit uniquement à un dangereux égarement qui, malheureusement, est en train de menacer notre humanité ; cela conduit à un état de désenchantement qui a envahi les cœurs de générations entières. L’accumulation des expériences humaines au cours de l’histoire est le trésor le plus précieux et crédible dont les générations héritent l’une de l’autre. Sans oublier jamais la révélation divine, qui illumine et donne sens à l’histoire et à notre existence.

Que le Synode réveille nos cœurs ! Le présent, y compris celui de l’Eglise, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. Mais la foi nous dit qu’il est aussi le kairos où le Seigneur vient à notre rencontre pour nous aimer et nous appeler à la plénitude de la vie. L’avenir n’est pas une menace qu’il faut craindre, mais il est le temps que le Seigneur nous promet pour que nous puissions faire l’expérience de la communion avec lui, avec les frères et avec toute la création. Nous avons besoin de retrouver les raisons de notre espérance et surtout de les transmettre aux jeunes qui sont assoiffés d’espérance : comme l’affirmait le Concile Vatican II : « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer » (Const. past. Gaudium et spes, n. 31).

La rencontre entre générations peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance. Le prophète Joël nous l’enseigne – je le rappelais aussi aux jeunes de la Rencontre pré- synodale – en ce que je pense être la prophétie de notre époque : « Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1).

Il n’y a pas besoin d’argumentations théologiques sophistiquées pour montrer notre devoir d’aider le monde contemporain à marcher vers le Royaume de Dieu, sans fausses espérance et sans voir seulement ruines et malheurs. En effet, saint Jean XXIII, en parlant des personnes qui analysent les faits sans objectivité suffisante, ni prudence dans le jugement, affirmait : « Dans les conditions actuelles de la société humaine, elles ne sont pas capables de voir autre chose que ruines et malheurs ; elles disent que notre époque, si nous la comparons aux siècles passés, semble pire ; et elles en arrivent à se comporter comme si elles n’avaient rien apprendre de l’histoire qui est maîtresse de vie » (Discours pour l’ouverture solennelle du Concile Vatican II, 11 octobre 1962).

Ne nous laissons donc pas tenter par les “prophéties de malheur”, ne dépensons pas nos énergies à « compter les échecs et ressasser les amertumes », ayons le regard fixé sur le bien qui « souvent ne fait pas de bruit, n’est pas le thème des blogs et ne fait pas la une des journaux», et ne soyons pas effrayés «devant les blessures de la chair du Christ, toujours infligées par le péché et souvent par les enfants de l’Eglise » (cf. Discours aux Evêques de nomination récente participant au cours organisé par les Congrégations pour les Evêques et pour les Eglises Orientales, 13 septembre 2018).

Engageons-nous donc à chercher à “fréquenter l’avenir”, et à faire sortir de ce synode non seulement un document – qui est en général lu par un petit nombre et critiqué par beaucoup –, mais surtout des propositions pastorales concrètes en mesure de réaliser la tâche du Synode lui-même, c’est-à-dire celle de faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains, et inspire aux jeunes – à tous les jeunes, personne n’est exclu – la vision d’un avenir rempli de la joie de l’Evangile.

[01531-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François au Sanctuaire Mater Misericordiae de Vilnius, Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François lors de sa visite au Sanctuaire Mater Misericordiae de Vilnius, Lituanie (Photo CNS \Paul Haring):

Chers frères et sœurs!

Nous sommes devant la “Porte de l’Aurore”, ce qui reste des murs de cette ville qui défendaient de n’importe quel péril et provocation, et que l’armée des envahisseurs, en 1799, a détruits totalement, laissant seulement cette porte: alors, était déjà placée là l’image de la “Vierge de la Miséricorde”, la Sainte Mère de Dieu qui est toujours disposée à nous secourir, à venir à notre aide.

En ces jours-là déjà, elle voulait nous enseigner que l’on peut protéger sans attaquer, qu’il est possible d’être prudents sans avoir le besoin malsain de se méfier de tout le monde. Cette Mère, sans l’Enfant, entièrement dorée, est la Mère de tous; en chacun de ceux qui viennent jusqu’ici, elle voit ce que tant de fois pas même nous, nous n’arrivons à percevoir: le visage de son Fils Jésus imprimé dans notre cœur.

Et du moment que l’image de Jésus est posée comme un sceau en chaque cœur humain, chaque homme et chaque femme nous offre la possibilité de rencontrer Dieu. Lorsque nous nous fermons en nous-mêmes par peur des autres, lorsque nous construisons des murs et des barricades, nous finissons par nous priver de la Bonne Nouvelle de Jésus qui conduit l’histoire et la vie des autres. Nous avons construit trop de forteresses dans notre passé, mais aujourd’hui, nous sentons le besoin de nous regarder en face et de nous reconnaître comme frères, de marcher ensemble en découvrant et en expérimentant avec joie et paix la valeur de la fraternité (cf. Exhort.ap. Evangelii gaudium, n. 87). Chaque jour en ce lieu, une multitude de personnes provenant de nombreux pays viennent visiter la Mère de la Miséricorde: lithuaniens, polonais, biélorusses et russes; catholiques et orthodoxes. Aujourd’hui, la facilité des communications, la liberté de circulation entre nos pays rendent cela possible. Comme il serait beau si à cette facilité de se déplacer d’un lieu à un autre on ajoutait aussi la facilité d’établir des lieux de rencontre et de solidarité entre tous, de faire circuler les dons que gratuitement nous avons reçus, de sortir de nous-mêmes et de nous donner aux autres, en accueillant à notre tour la présence et la diversité des autres comme un don et une richesse dans notre vie.

Parfois, il semble que nous ouvrir au monde nous projette dans des espaces de compétition, où “l’homme est un loup pour l’homme” et où il y a place seulement pour le conflit qui nous divise, pour les tensions qui nous minent, pour la haine et l’inimitié qui nous conduisent nulle part (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium n. 71-72).

La Mère de la Miséricorde, comme toute bonne mère, tente de réunir la famille et nous dit à l’oreille: “cherche ton frère”. Ainsi elle nous ouvre la porte à une aube nouvelle, à une nouvelle aurore. Elle nous porte jusqu’au seuil, comme à la porte du riche Epulone de l’Evangile (cf. Lc 16, 19-31). Aujourd’hui, des enfants et des familles aux plaies sanguinolentes nous attendent. Ce ne sont pas celles de Lazare dans la parabole, ce sont celles de Jésus; elles sont réelles, concrètes et, de leur souffrance et de leur obscurité elles crient afin que nous leur portions la lumière salutaire de la charité qui guérit. Parce que la charité est la clé qui nous ouvre la porte du ciel.

Chers frères et sœurs! En franchissant ce seuil, puissions-nous faire l’expérience de la force qui purifie notre manière d’être en relation avec les autres et que la Mère nous accorde de regarder leurs limites et leurs défauts avec miséricorde et humilité, sans nous croire supérieurs à personne (cf. Ph 2, 3). En contemplant les mystères du Rosaire, demandons-lui d’être une communauté qui sache annoncer Jésus Christ, notre espérance, dans le but de construire une patrie capable d’accueillir chacun, de recevoir de la Vierge Mère les dons du dialogue et de la patience, de la proximité et de l’accueil qui aime, pardonne et ne condamne pas (cf. Exhort.ap. Evangelii gaudium n. 165); une patrie qui choisisse de construire des ponts et non des murs, qui préfère la miséricorde et non le jugement. Que Marie soit toujours la Porte de l’Aurore pour toute cette terre bénie!

Nous laissant guider par elle, prions maintenant une dizaine du Rosaire, contemplant le troisième mystère de la joie.

[01431-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François aux jeunes de Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François telle que prononcée lors de la rencontre avec les jeunes de Lituanie sur la place de la cathédrale de Vilnius (CNS photo/Paul Haring): 

Merci Monique et Jonas, pour votre témoignage! Je l’ai accueilli comme un ami, comme si nous étions assis ensemble, dans un bar, à nous raconter les choses de la vie, en prenant une bière ou une ghira, après avoir été au ‘‘Jaunimo teatras”.

Votre vie, cependant, n’est pas une pièce de théâtre, elle est réelle, concrète, comme celle de chacun d’entre nous qui sommes ici, sur cette belle place située entre ces deux fleuves. Et peut-être que tout cela nous servira à relire vos histoires et à y découvrir le passage de Dieu… Car Dieu passe toujours dans notre vie. Il passe toujours. Et un grand philosophe a dit: “Moi, j’ai peur, quand Dieu passe! Peur de ne pas m’en apercevoir!”.

Comme cette église cathédrale, vous avez fait l’expérience de situations qui vous ont fait crouler, d’incendies dont il semblait que vous vous n’auriez pas pu vous relever. À maintes reprises, ce temple a été dévoré par les flammes, il a été démoli, et cependant il y a toujours eu des gens qui ont décidé de le reconstruire, qui ne se sont pas laissés vaincre par les difficultés, qui n’ont pas baissé les bras. Il y a un beau chant alpin qui dit ainsi: “ Dans l’art de monter, le secret n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester à terre ”. Recommencer toujours de nouveau, et ainsi monter. Comme cette cathédrale. Même la liberté de votre patrie est construite sur ceux qui ne se sont pas laissés abattre par la terreur et par le malheur. La vie, la condition et la mort de ton papa, Monique; ta maladie, Jonas, auraient pu vous abattre… Et cependant, vous êtes ici, pour partager votre expérience avec un regard de foi, en nous faisant découvrir que Dieu vous a donné la grâce de supporter, de vous relever, de continuer à marcher dans la vie.

Et je me demande: comment la grâce de Dieu s’est-elle répandue sur vous? Non à travers l’air, non d’une façon magique, il n’y a pas de baguette magique pour la vie. C’est arrivé par l’intermédiaire de personnes qui ont croisé votre vie, de bonnes gens qui vous ont nourris de leur expérience de foi. Il y a toujours des gens, dans la vie, qui nous donnent la main pour nous aider et nous relever. Monique, ta grand-mère et ta maman, la paroisse franciscaine, ont été pour toi comme la confluence de ces deux fleuves: tout comme le Vilnia s’unit au Neris, tu t’es jointe, tu t’es laissée conduire par ce courant de grâce. Car le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Le Seigneur nous sauve en nous faisant membre d’un peuple. Il nous insère dans un peuple, et notre identité, à la fin, sera l’appartenance à un peuple. Personne ne peut dire: ‘‘Je me sauve tout seul’’, nous sommes tous reliés, nous sommes tous ‘‘en réseaux’’. Dieu a voulu entrer dans cette dynamique de relations et nous attire à lui en communauté, en donnant à notre vie un sens plénier d’identité et d’appartenance (cf. Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 6). Toi aussi, Jonas, tu as trouvé dans les autres, dans ton épouse et dans la promesse faite le jour du mariage, la raison d’aller de l’avant, de lutter, de vivre. Ne permettez pas que le monde vous fasse croire qu’il est mieux de marcher seuls. Seuls on n’arrive jamais. Oui, tu pourras avoir du succès dans la vie, mais sans amour, sans compagnie, sans faire partie d’un peuple, sans cette expérience si belle qui est de risquer ensemble. On ne peut marcher tout seuls. Ne cédez pas à la tentation de vous replier sur vous-mêmes, en vous regardant le nombril, à la tentation de devenir égoïstes ou superficiels devant la souffrance, devant les difficultés ou le succès passager. Affirmons encore une fois que ‘‘ce qui arrive à l’autre, m’arrive aussi’’, allons à contrecourant de cet individualisme qui isole, qui nous fait devenir égocentriques, qui nous fait devenir vaniteux, préoccupés uniquement par notre image et notre propre bien-être. Préoccupés de l’image, du paraître. Elle est triste la vie devant le miroir, elle est triste. Au contraire, elle est belle la vie avec les autres, en famille, avec les amis, avec la lutte de mon peuple… Ainsi la vie est belle!

Nous sommes chrétiens et nous voulons parier sur la sainteté. Pariez sur la sainteté à partir de la rencontre et de la communion avec les autres, attentifs à leurs besoins (cf. ibid, n. 146). Notre vraie identité présuppose l’appartenance à un peuple. Il n’y a pas d’identité ‘‘de laboratoire’’, il n’y en a pas, ni d’identité ‘‘distillée’’, d’identité “pur-sang”: elles n’existent pas. Il y a l’identité du marcher ensemble, du lutter ensemble, d’aimer ensemble. Il y a l’identité d’appartenir à une famille, à un peuple. Il y a l’identité qui te donne l’amour, la tendresse, qui te rend préoccupé des autres… Il y a l’identité qui te donne la force pour lutter et en même temps la tendresse pour caresser. Chacun de nous connaît la beauté et aussi la fatigue, – c’est beau que les jeunes se fatiguent, c’est le signe qu’ils travaillent – et souvent la souffrance d’appartenir à un peuple, vous connaissez cela. Ici s’enracine notre identité, nous ne sommes pas des personnes sans racines. Nous ne sommes pas des personnes sans racines!

Tous deux, vous avez aussi rappelé votre appartenance au chœur, la prière en famille, la Messe, la catéchèse et l’aide aux plus démunis; ce sont des armes que le Seigneur nous donne. La prière et le chant, pour ne pas s’enfermer dans l’immanence de cemonde: en désirant Dieu, vous êtes sortis de vous-mêmes et vous avez pu contempler avec les yeux de Dieu ce qui se passait dans votre cœur (cf. ibid, n. 147); en faisant de la musique, vous vous ouvrez à l’écoute et à l’intériorité, vous vous laissez ainsi toucher dans votre sensibilité et cela est toujours une bonne opportunité pour le discernement (cf. Synode consacré aux jeunes, Instrumentum laboris, n. 162). Certes, la prière peut être une expérience de ‘‘combat spirituel’’, mais c’est là que nous apprenons à écouter l’Esprit, à discerner les signes des temps et à retrouver des forces pour continuer à annoncer l’Evangile aujourd’hui. De quelle autre manière pourrions-nous combattre le découragement face aux difficultés personnelles et à celles des autres, face aux horreurs du monde? Que ferions-nous sans la prière pour ne pas croire que tout dépend de nous, que nous sommes seuls dans ce corps à corps avec les adversités? ‘‘Jésus et moi, majorité absolue’’. Ne l’oubliez pas, cela c’est un saint qui le disait, saint Alberto Hurtado. La rencontre avec lui, avec sa Parole, avec l’Eucharistie, nous rappelle que la force de l’adversaire n’importe pas ; il n’importe pas que le ‘‘Zalgiris Kaunas’’ soit premier ou que ce soit le ‘‘Vilius Rytas’’ [applaudissements, et rires]… A ce sujet, je vous demande: qui est le premier? [rires] Peu importe qui est le premier, le résultat n’importe pas, mais il importe que le Seigneur soit avec nous.

Vous aussi, l’expérience d’aider les autres a été pour vous dans la vie un soutien, découvrir qu’à côté de nous il y a des personnes qui vont mal, et même pire que nous. Monique, tu nous as raconté ton engagement auprès des enfants porteurs de handicap. Voir la fragilité des autres nous plonge dans la réalité, cela nous empêche de vivre en léchant nos blessures. Il est triste de vivre en nous lamentant, c’est triste, Il est triste de vivre en léchant nos blessures! Que de jeunes partent de leur pays par manque d’opportunités! Combien sont victimes de la dépression, de l’alcool et des drogues! Vous le savez bien. Que de personnes âgées sont seules, sans quelqu’un avec qui partager le présent et craignant que le passé ne revienne. Vous, les jeunes, vous pouvez répondre à ces défis par votre présence et par la rencontre entre vous et avec les autres. Jésus nous invite à sortir de nous-mêmes, à risquer le ‘‘face à face’’ avec les autres. Il est vrai que croire en Jésus implique bien des fois faire un saut de foi dans le vide, et cela fait peur. D’autres fois, cela nous conduit à nous remettre en cause, à sortir de nos schémas, et cela peut nous faire souffrir et nous soumettre à la tentation du découragement. Mais, soyez courageux! Suivre Jésus est une aventure passionnante qui remplit de sens notre vie, qui nous fait sentir que nous sommes membres d’une communauté qui nous encourage, d’une communauté qui nous accompagne, qui nous engage au service. Chers jeunes, cela vaut la peine de suivre le Christ, cela vaut la peine! N’ayons pas peur de participer à la révolution à laquelle il nous invite: la révolution de la tendresse (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 88).

Si la vie était une pièce de théâtre ou un jeu vidéo, elle serait limitée dans un temps précis, entre un début et une fin où tombe le rideau ou bien quelqu’un gagne la partie. Mais la vie se mesure avec d’autres temps, pas avec le temps du théâtre ou du jeu vidéo, la vie se joue dans des temps en relation avec le cœur de Dieu; parfois, on avance, d’autres fois on recule, on essaie et on cherche des routes, on les change. L’indécision semble naître de la peur que tombe le rideau, ou que le chronomètre nous laisse hors de la partie, dans l’impossibilité de monter d’un cran au jeu. Au contraire, la vie est toujours un parcours, la vie est un chemin, elle n’est pas arrêtée; la vie est toujours un parcours à la recherche de la direction juste, sans peur de retourner en arrière si je me suis trompé. La chose la plus dangereuse, c’est de confondre le chemin avec un labyrinthe: ce fait de tourner en rond dans la vie, sur soi-même, sans prendre la route qui conduit en avant. S’il vous plaît, ne soyez pas des jeunes du labyrinthe dont il est difficile de sortir, mais des jeunes en chemin. Aucun labyrinthe: en chemin!

N’ayez pas peur de vous décider pour Jésus, d’embrasser sa cause, celle de l’Évangile, de l’humanité, des êtres humains. En effet, il ne descendra jamais de la barque de votre vie, il sera toujours au carrefour de nos routes, il ne cessera jamais de nous reconstituer, même si parfois nous nous évertuons à nous démolir. Jésus nous fait don de temps longs et généreux, où il y a de la place pour les échecs, où personne n’a besoin d’émigrer, parce qu’il y a de la place pour tous. Beaucoup voudront occuper vos cœurs, infester les champs de vos aspirations par l’ivraie, mais à la fin, si nous offrons notre vie au Seigneur, le bon grain l’emporte toujours. Votre témoignage, Monique et Jonas, parlait de la grand-mère, de la maman… Je voudrais vous dire – et je finis par cela, soyez tranquilles! – je voudrais vous dire de ne pas oublier les racines de votre peuple. Pensez au passé, parlez avec les plus vieux: ce n’est pas ennuyeux de parler avec les personnes âgées. Allez chercher les personnes âgées et faites-vous raconter les racines de votre peuple, les joies, les souffrances, les valeurs. Ainsi, en puisant dans ses racines, vous ferez avancer votre peuple, l’histoire de votre peuple pour un fruit plus grand. Chers jeunes, si vous voulez un peuple grand, libre, prenez dans les racines sa mémoire et faites-le avancer. Merci beaucoup!

[01432-FR.02] [Texte original: Italien]

La famille: une priorité pour l’Église

CNS/L’Osservatore Romano

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la vision ecclésiale de la famille comme « ciment de la société » manifeste, non seulement, son rôle irremplaçable pour toute société mais également les coûts humains et sociaux qu’entraîne sa détérioration. Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour aider les familles à réaliser pleinement ce qu’elles sont appelées à être ? C’est l’un des thèmes abordés par le pape François lors de son allocution au Stade Croke Park de Dublin pour la Rencontre Mondiale des familles. En effet, pour le Saint-Père, « L’Église est la famille des enfants de Dieu […] parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême ». Le baptême peut donc être considéré comme une nouvelle naissance et l’élargissement de notre propre cercle familial.

Naissance dans l’Esprit

Pour le pape François, il est important « d’encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible » puisqu’il « est nécessaire d’inviter chacun à la fête, même le petit enfant ! ». Le thème de la « fête » est récurrent dans la pensée du Saint-Père. Pour lui, il est nécessaire d’inviter la communauté entière à se réjouir des réussites et des joies des membres de l’Église. Cela fait même partie de sa définition d’une « Église en sortie » (no24). Une Église cohérente avec le Mystère qu’elle porte, n’attend donc pas avant d’accueillir ses enfants.

« de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle. »

Un autre argument convainc le pape François de « baptiser rapidement » les enfants. Il s’explique : « Faisons une comparaison : un enfant sans le Baptême, parce que les parents disent : « Non, quand il sera grand » ; et un enfant avec le Baptême, avec l’Esprit Saint en lui : celui-là est plus fort parce qu’il a en lui la force de Dieu ! ». Privé volontairement un enfant du don que Dieu désire ardemment lui transmettre équivaut à l’empêcher d’atteindre son plein épanouissement. Ainsi, de même que nous laissons la nature dicter le moment de la naissance naturelle, laissons le cycle de la vie sacramentelle rythmer l’éclosion de la vie surnaturelle.

La force d’une relation indestructible

Qu’elle est donc cette nouvelle force reçue au baptême et quels en sont les effets sur la vie concrète du baptisé ? Pour le pape François, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. » (No 49). Nous pourrions facilement écrire plusieurs traités tant la densité du contenu de cette expression est riche. Je ne m’attarderai qu’à en souligner deux grands traits.

D’abord, puisque le baptême fait de nous des enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, il imprime en nous un caractère nouveau et indélébile. De la même manière que la famille dans laquelle nous naissons a un impact sur notre vie, la relation vitale avec Dieu créée par l’action du baptême sur notre âme influence l’ensemble de notre existence. Cette amitié a la caractéristique d’être indestructible et indéfectible, à condition que nous ne coupions pas les ponts. Ainsi, comme nous pouvons être certains de l’appui et de la consolation de notre famille, nous pouvons être assurés de la Présence constante de Dieu dans notre vie.

« Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? »

Cette nouvelle relation ne fait pas que nous soutenir lorsque nous tombons, elle nous éclaire et ouvre un horizon indépassable pour notre vie. De fait, nous faisons constamment l’expérience de notre insatisfaction permanente des réalités de ce monde. Nourriture, divertissement, connaissances, succès, technologies, etc., ces réalités ne peuvent satisfaire ce qui apparaît comme un manque insatiable. Ce désir présent en toute personne provient de notre nature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Créée pour l’Infini, comment des êtres finis, aussi nobles soient-ils, peuvent-ils nous satisfaire ? Ne leur demandons donc pas l’impossible et adressons-nous plutôt au seul Être capable de nous assouvir c’est-à-dire Dieu. C’est ce que le baptême nous offre quelques semaines après notre naissance.

Le baptême : expérience inépuisable

Nos sociétés sont de plus en plus fragmentées et les personnes de moins en moins capables de s’engager dans des relations durables. Or le remède adapté à la situation nous est confié. En nous laissant transformer par la grâce divine présente dans le baptême et les invitations à l’engagement charitable, nos communautés ont tout ce qu’il faut pour offrir à nos contemporains, la famille dont ils ont toujours rêvé. Cherchons donc à nous réjouir de ce cadeau comme une vraie famille et invitons toute personne à recevoir ce don gratuit. Notre société entière ne manquera pas de profiter de cet apport non négligeable.

La famille: une priorité pour la société

Nous sommes en pleine campagne électorale et, comme tous les quatre ans, nous sommes invités à réfléchir sur les différents enjeux culturels et sociaux et les propositions qu’offrent les partis politiques pour y répondre. Par exemple, lors du débat télévisé de jeudi dernier, on a pu constater à quel point l’État québécois est sollicité. Or, derrière la panoplie de requêtes d’une population de plus en plus laissée à elle-même, une tangente semble se dessinée. Pénurie de main-d’œuvre, besoins criants dans les centres hospitaliers et CHSLD, accroissement d’enfants en difficultés, manque de places en garderie, la pression sur l’appareil étatique ne semble pas vouloir cesser de s’accroître.

Bien que l’État ait évidemment quelque légitimité d’intervention en ces domaines, il semble que la fragilisation des familles y soit pour quelque chose et que les partis politiques auraient tout avantage à mettre en place des politiques familiales adaptées à la réalité d’aujourd’hui. En ce sens, les différents discours du pape François lors de la Rencontre Mondiale des familles de Dublin 2018 peuvent nous éclairer.

La famille, ciment de la société

Après la foi, notre famille est ce que nous avons de plus précieux. L’ayant devant les yeux tous les jours, on peut avoir tendance à la prendre pour acquise et à la négliger. Lorsque cette mauvaise habitude atteint les pouvoirs publics, de graves conséquences sont à prévoir. Comme le dit le pape François dans son discours aux autorités politiques irlandaises : « La famille est le ciment de la société ; son bien ne peut pas être tenu pour acquismais doit être promu et protégé par tous les moyens appropriés ». Qu’arrive-t-il lorsque le ciment est fragilisé ou même dilué lors de la construction d’un édifice ? Nul besoin d’entrer dans les détails mais l’image parle d’elle-même. Une société forte dépend de familles fortes, stables, solides et « tissées serrées ». Notre société a un besoin criant de familles capables d’entraide et de partage, de soutien lorsque les difficultés de la vie surgissent et qui, lorsque tout va bien, s’engagent auprès de leur communauté pour aider ceux pour qui la chance a mal tournée.

La famille, école du vivre ensemble

De plus, en cette ère de changements rapides et de rencontres entre les peuples et les cultures, on ne peut négliger l’importance d’une vie familiale de qualité où on apprend « à vivre ensemble de manière harmonieuse, à contrôler nos instincts égoïstes, à concilier les différences et surtout à discerner et à rechercher ces valeurs qui donnent un sens authentique et une plénitude à la vie ». En cette époque de communication et de relations multiculturelles, la société a plus que jamais besoin de retrouver « dans tous les milieux de la vie politique et sociale, le sens d’être une vraie famille de peuples ! ». Comment considérer l’autre comme un frère lorsqu’on a nous-mêmes souffert dans nos relations familiales ? La famille doit redevenir la priorité des priorités sociales et politiques. Comme le dit le Pape : « Ne se pourrait-il pas au contraire que la croissance d’une « culture du déchet » matérialiste, nous ait rendus de fait plus indifférents aux pauvres et aux membres plus vulnérables de la famille humaine, y compris les enfants non nés, privés du droit même à la vie ? » Dans ce contexte, quelle part l’Église peut-elle jouée ? Nous examinerons cette questions la semaine prochaine.

Message du pape François pour la 4e Journée mondiale de prière pour la création

CNS photo/Alessandro Bianchi, Reuters

Olivier Bonnel VM -Dans son message à l’occasion de la quatrième journée mondiale de prière pour la Création, le Pape François revient sur ce don précieux qu’est l’eau, et invite à des changements concrets pour en garantir l’accès à tous. Vous trouverez ci-dessous le Message du pape François pour la 4e Journée mondiale de prière pour la création:

Chers frères et sœurs!

En cette Journée de Prière, je souhaite avant tout remercier le Seigneur pour le don de la maison commune et pour tous les hommes de bonne volonté qui œuvrent à la protéger. Je suis aussi reconnaissant pour les nombreux projets visant à promouvoir l’étude et la protection des écosystèmes, pour les efforts en vue du développement d’une agriculture plus durable et d’une alimentation plus responsable, pour les diverses initiatives éducatives, spirituelles et liturgiques qui, dans le monde entier, engagent de nombreux chrétiens pour la sauvegarde de la création.

Nous devons le reconnaître: nous n’avons pas su prendre soin de la création de manière responsable. La situation de l’environnement, au niveau global ainsi qu’en de nombreux endroits spécifiques, ne peut être jugée satisfaisante. Avec raison, se fait sentir la nécessité d’une relation renouvelée et saine entre l’humanité et la création, la conviction que seule une vision de l’homme, authentique et intégrale, nous permettra de prendre mieux soin de notre planète au bénéfice de la génération présente et de celles à venir, car «il n’y a pas d’écologie sans anthropologie adéquate » (Lett. Enc. Laudato si’, n. 118).

En cette Journée Mondiale de Prière pour la sauvegarde de la création que l’Église catholique célèbre, depuis quelques années, en union avec les frères et les sœurs orthodoxes, et avec l’adhésion d’autres Églises et Communautés chrétiennes, je souhaite attirer l’attention sur la question de l’eau, élément si simple et si précieux, dont malheureusement l’accès est difficile sinon impossible pour beaucoup de personnes. Pourtant, «l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains. Ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable» (ibid, n. 30).

L’eau nous invite à réfléchir sur nos origines. Le corps humain est composé en majeure partie d’eau; et beaucoup de civilisations, dans l’histoire, sont nées près de grands cours d’eau qui en ont marqué l’identité. L’image utilisée au début du Livre de la Genèse, où il est dit qu’au commencement l’esprit du Créateur «planait sur les eaux» (1, 2), est significative.

En pensant à son rôle fondamental dans la création et dans le développement de l’homme, je sens le besoin de rendre grâce à Dieu pour ‘‘sœur eau’’, simple et utile comme rien d’autre pour la vie sur la planète. Précisément pour cela, prendre soin des sources et des bassins hydriques est un impératif urgent. Aujourd’hui plus que jamais, il faut un regard qui aille au-delà de l’immédiat (cf. Laudato si’, n. 36), au-delà d’un «critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel» (ibid, n. 159). Il faut de toute urgence des projets communs et des gestes concrets, prenant en compte le fait que toute privatisation du bien naturel de l’eau au détriment du droit humain de pouvoir y avoir accès est inacceptable.

Pour nous chrétiens, l’eau représente un élément essentiel de purification et de vie. La pensée se dirige immédiatement vers le Baptême, sacrement de notre renaissance. L’eau sanctifiée par l’Esprit est la matière par laquelle Dieu nous a vivifiés et renouvelés; c’est la source bénie d’une vie qui ne meurt plus. Le Baptême représente aussi, pour les chrétiens de diverses confessions, le point de départ réel et inaliénable pour vivre une fraternité toujours plus authentique tout au long du chemin vers la pleine unité. Jésus, au cours de sa mission, a promis une eau à même d’étancher pour toujours la soif de l’homme (cf Jn 4, 14) et a promis: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » (Jn 7, 37). Aller à Jésus, s’abreuver de lui signifie le rencontrer personnellement comme Seigneur, en puisant dans sa Parole le sens de la vie. Que vibrent en nous avec force ces paroles qu’il a prononcées sur la croix: « J’ai soif» (Jn 19, 28)! Le Seigneur demande encore à étancher sa soif, il a soif d’amour. Il nous demande de lui donner à boire dans les nombreuses personnes qui ont soif aujourd’hui, pour nous dire ensuite: «J’avais soif, et vous m’avez donné à boire» (Mt 25, 35). Donner à boire, dans le village global, ne comporte pas uniquement des gestes personnels de charité, mais des choix concrets et un engagement constant pour garantir à tous le bien fondamental de l’eau.

Je voudrais aborder également la question des mers et des océans. Il faut remercier le Créateur pour l’imposant et merveilleux don des grandes eaux et de tout ce qu’elles contiennent (cf. Gn 1, 20- 21; Ps 145, 6), et le louer pour avoir revêtu la terre d’océans (cf. Ps 103, 6). Orienter nos pensées vers les immenses étendues des mers, en mouvement continuel, est aussi, dans un certain sens, une occasion pour penser à Dieu qui accompagne constamment sa création en la faisant aller de l’avant, en la maintenant dans l’existence (cf. S. Jean-Paul II, Catéchèse, 7 mai 1986).

Prendre soin chaque jour de ce bien inestimable constitue aujourd’hui une responsabilité inéluctable, un vrai et propre défi : il faut une coopération réelle entre les hommes de bonne volonté pour collaborer à l’œuvre continue du Créateur. Tant d’efforts, malheureusement, sont réduits à rien par manque de règlementation et de contrôles effectifs, surtout en ce qui concerne la protection des zones marines au-delà des territoires nationaux (cf. Laudato si’, n. 174). Nous ne pouvons pas permettre que les mers et les océans se couvrent d’étendues inertes de plastique flottantes. En raison de cette même urgence, nous sommes appelés à nous engager, de manière active, en priant comme si tout dépendait de la Providence divine et en œuvrant comme si tout dépendait de nous.

Prions pour que les eaux ne soient pas un signe de séparation entre les peuples, mais de rencontre pour la communauté humaine. Prions pour que soient sauvés ceux qui risquent leur vie sur les flots à la recherche d’un avenir meilleur. Demandons au Seigneur et à ceux qui exercent le haut service de la politique de faire en sorte que les questions les plus délicates de notre époque, telles que celles liés aux migrations, aux changements climatiques, au droit pour tous de jouir des biens fondamentaux, soient affrontées de manière responsable, clairvoyante en regardant l’avenir, avec générosité et dans un esprit de collaboration, surtout entre les pays qui ont plus de moyens. Prions pour ceux qui se consacrent à l’apostolat de la mer, pour ceux qui aident à réfléchir sur les problèmes touchant les écosystèmes marins, pour ceux qui contribuent à l’élaboration et à l’application des normes internationales concernant les mers susceptibles de protéger les personnes, les pays, les biens, les ressources naturelles – je pense par exemple à la faune et à la flore piscicoles, ainsi qu’aux barrières de corail (cf. ibid., n. 41) ou aux fonds marins – et garantir un développement intégral dans la perspective du bien commun de la famille humaine tout entière et non d’intérêts particuliers. Souvenons-nous aussi de ceux qui œuvrent pour la sauvegarde des zones marines, pour la protection des océans et de leurs biodiversités, afin qu’ils accomplissent cette tâche de manière responsable et honnête.

Enfin, ayons présent à l’esprit les jeunes générations et prions pour elles afin qu’elles grandissent dans la connaissance et dans le respect de la maison commune et avec le désir de prendre soin du bien essentiel de l’eau en faveur de tous. Mon souhait est que les communautés chrétiennes contribuent toujours davantage et toujours plus concrètement afin que tout le monde puisse jouir de cette ressource indispensable, dans la sauvegarde respectueuse des dons reçus du Créateur, en particulier des cours d’eau, des mers et des océans.

Du Vatican, le 1er septembre 2018

[01294-FR.01] [Texte original: Italien]

FRANÇOIS

L’Évangile de la famille pour une Église en crise

CNS/Paul Haring

Du 22 au 26 août avait lieu la 9e Rencontre des Familles à Dublin en Irlande. Durant trois jours, se sont succédés conférences, panels et prières centrés sur le thème « L’Évangile de la famille : joie pour le monde ». Le clou de cette rencontre internationale fut la visite du pape François en Irlande et où il a pu participer au Festival des Familles et célébrer une Messe à Phoenix Park comme l’avait fait avant lui le saint pape Jean-Paul II en 1979. Même si les circonstances n’étaient pas favorables à la diffusion médiatique de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, je crois que cette Rencontre mondiale des familles de Dublin a su tout de même montrer au monde la fierté des catholiques du monde entier envers le Pape et le trésor de la foi qu’ils portent en leur cœur. Cependant, j’aimerais commencer mon analyse de cette 9e édition de la RMF par une réflexion sur le choix d’angle de couverture que nous avons choisi en tant que média catholique.

Un contexte très complexe

L’environnement médiatique entourant cet événement d’envergure a bien entendu été gravement obscurci par les scandales d’abus sexuels survenus aux États-Unis, en Irlande ainsi qu’en de nombreux pays. En effet, les révélations entourant l’ancien cardinal McCarrick, celles du Pensilvania Grand Jury Report et la plaie ouverte que représente l’histoire récente en Irlande prédestinaient cette Rencontre Mondiale des Famille à un flop monumental. Ce ne fut cependant pas le cas puisque quelque 37 000 personnes ont participé au Congrès tandis que la visite du Pape a, elle, permis de franchir une nouvelle étape dans les relations entre le peuple irlandais et l’Église dans un horizon de réconciliation.

Combattre le cléricalisme

De notre côté à Sel et Lumière, nous avons choisi d’offrir une couverture en accord avec l’objectif de la Rencontre Mondiale des familles telle que la voulait son saint fondateur c’est-à-dire de « renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». Selon la Constitution dogmatique du Concile Vatican II Lumen Gentium, « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. » (No 10). En ce sens, concentrer le traitement médiatique de l’Église sur les abus sexuels d’une minorité du clergé revient à encourager le cléricalisme puisqu’elle met de côté la vaste majorité du peuple de Dieu. Au contraire, offrir une couverture médiatique centrée sur la beauté de la vie familiale aujourd’hui signifie aussi refuser le prisme réducteur hérité du cléricalisme.

Une couverture au service du Peuple de Dieu

Comme le disait le pape François dans une lettre adressée au Cardinal Marc Ouellet : « Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique ». En ce sens, bien que ce contexte de crise ait, sans contredit, éclipsé l’annonce de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, le père Thomas Rosica, Matteo Cioffi, moi-même et l’ensemble de l’équipe de Sel et Lumière avons travaillé intensément à vous transmettre et manifester la réalité telle qu’elle s’est vécue sur le terrain, au-delà du prisme réducteur de la crise institutionnelle de l’Église. Que ce soit par les dizaines d’entrevues avec des couples et des responsables de l’Église, nos blogues ou la diffusion des différentes étapes du voyage du pape François, nous avons tenté de vous présenter une perspective centrée sur les défis propres et le rôle de la foi dans des familles catholiques aujourd’hui. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de revisiter ensemble les différents gestes et discours du pape François en Irlande. D’ici-là, je vous invite à revoir et consulter l’ensemble de notre couverture de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 de Dublin.

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