Jeudi dernier le 4 octobre 2018, la Conférence des évêques catholiques du Canada publiait
le document intitulé « Protection des personnes mineures contre les abus sexuels
». D’environ 200 pages et composé d’une annexe et de ressources à la disposition des catholiques, ce document important divisé en trois parties se veut un «
Appel aux fidèles catholiques du Canada pour la guérison, la réconciliation et la transformation ». Prenant acte du mal commis à la fois par les membres de l’Église ayant abusé de personnes vulnérables et à la fois par ceux qui ont fait obstacle au processus judiciaire auquel ces derniers auraient dû faire face, la hiérarchie de l’Église canadienne fait aujourd’hui son
mea-culpa devant Dieu et l’ensemble de la société afin que plus jamais de tels actes ne se produisent. Cette prise de parole historique ne se complait cependant pas dans la repentance inactive mais tente plutôt d’offrir des directives claires pour que les réformes attendues se mettent en place tant dans les consciences du Peuple de Dieu que dans les structures institutionnelles. Nous examinerons aujourd’hui la première partie de ce document.
Une démarche de contrition
Cherchant à appliquer son propre patrimoine moral à la situation, nous pouvons dire que
ce document de la CECC respecte les conditions de la contrition telle que l’exige la célébration valide du sacrement de pénitence. En effet, selon le Concile de Trente, la contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (
CEC no 1451). En ce sens, les évêques sont pleinement conscients des erreurs commises dans le passé et prennent acte face aux récentes révélations en lien avec l’actualité (
p.18). Sachant que les scandales des dernières semaines ont « profondément affectés » l’ensemble des fidèles catholiques, les évêques sont loin de s’apitoyer sur leur propre sort. Ils ont, au contraire, la ferme intention de mettre au premier plan la guérison des victimes, sans égards, comme ce fut le cas par le passé, malgré les risques que cela comporte.
Douleur de l’âme
Bien que l’institution hiérarchique canadienne ait la responsabilité des actes commis dans le passé, aucun évêque en place ne s’est rendu personnellement coupable d’actes ignobles ou de couvertures de cas. Ainsi, puisque ce document revient à prendre sur eux le fardeau laissé par certains de leurs prédécesseurs, nous ne pouvons qu’être admiratif devant l’humilité et la compassion de ces hommes qui, comme le Christ, se mettent réellement au service des plus petits. Cette profonde douleur devant les péchés de l’Institution à laquelle ils ont donné leur vie est donc bénéfique puisque orientée à prendre sur eux la plus souffrante partie du Peuple de Dieu qui leur est confiée c’est-à-dire les victimes elles-mêmes. Les leçons 1 et 2 vont en ce sens.
Dans un premier temps, l’expérience de rencontres « pastorales avec les victimes » (
p.25) a manifesté que « rencontrer les victimes face à face qualifient ces rencontres de déchirantes » et que « « bien qu’il puisse être difficile, et même humiliant, pour un évêque de trouver le courage de rencontrer les victimes, le pape Benoît XVI a montré que ce n’est pas impossible » (
p.26). Ainsi, parce qu’une contrition digne de ce nom passe nécessairement par cette douleur de l’âme, il est impératif que les évêques du Canada mettent sur pied de telles rencontres et qu’ainsi ils apprennent à « tendre la main aux victimes avec le désir de les accompagner sur le chemin de la guérison » (
p.27).
La « leçon 2 » selon laquelle les évêques et fidèles catholiques doivent « mieux connaître les abus sexuels » va également dans l’approfondissement de la douleur nécessaire à une réelle contrition. Que ce soit par une meilleure connaissance des « effets des agressions sexuelles » (
p.29) psychologiques et sociologiques ou par une formation accrue concernant le « profil psychologique des délinquants » (
p.29) permettant un dépistage plus efficace, les évêques du Canada sont disposés, bien que ce soit douloureux à bien des égards, à inclure ce type de formations aux différents niveaux des structures des diocèses canadiens.
Sur le chemin de réconciliation
La semaine prochaine, nous poursuivrons notre parcours de ce document important de la Conférence des évêques catholiques du Canada en examinant comment y est manifestée la prise de conscience du mal commis par un respect des exigences propres d’une contrition sincère telle qu’enseignée par le Christ lors de l’institution du sacrement de pénitence.