Les intentions du Pape en février 2023

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de février, nous prions avec le Pape pour les paroisses:

Prions pour que, en vivant une vraie communion, les paroisses soient de plus en plus des communautés de foi, de fraternité et d’accueil envers les plus démunis.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de février.

Parfois, je pense que nous devrions mettre un avis sur la porte des paroisses où il y aurait écrit « Entrée libre ».

Les paroisses doivent être des communautés proches, sans bureaucratie, centrées sur les personnes et où l’on peut trouver le don des sacrements.

Elles doivent redevenir des écoles de service et de générosité, avec leurs portes toujours ouvertes aussi bien à ceux qui sont exclus qu’à ceux qui sont inclus. À tous. 

Les paroisses ne sont pas des clubs qui donnent une certaine appartenance sociale à quelques privilégiés.

S’il vous plaît, soyons audacieux.

Repensons tous le style de nos communautés paroissiales.

Prions pour que, en mettant au centre de leur vie la communion des personnes, la communion ecclésiale, les paroisses soient de plus en plus des communautés de foi, de fraternité et d’accueil envers les plus démunis.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

Cliquez ici pour lire d’autres billets de blogues concernant les intentions du Pape.

Homélie du Saint-Père à l’Aéroport de Ndolo

L’homélie du pape François lors de la messe pour la paix et la justice célébrée à l’Aéroport de Ndolo, en République démocratique du Congo. Le Saint-Père quittera le 3 février pour le Soudan du Sud en Pèlerinage Œcuménique de Paix.

MESSE POUR LA PAIX ET LA JUSTICE 

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Aéroport de Ndolo
Mercredi 1er février 2023

 

Bandeko, Bobóto [Frères et sœurs, paix] R/ Bondeko [Fraternité]

Bondéko [Fraternité]  R/ Esengo [Joie]

Esengo, joie : ma joie de vous voir et de vous rencontrer est grande : j’ai beaucoup désiré ce moment – cela fait un an que nous attendons ! -, merci d’être là !

L’Évangile vient juste de nous dire que la joie des disciples aussi était grande le soir de Pâques, et que cette joie avait jailli « en voyant le Seigneur » (Jn 20, 20). Dans cette atmosphère de joie et de stupeur, le Ressuscité s’adresse aux siens. Et qu’est-ce qu’il leur dit? D’abord, trois mots : « La paix soit avec vous ! » (v. 19). C’est une salutation, mais c’est plus qu’une salutation : c’est un don. Parce que la paix, cette paix annoncée par les anges la nuit de Bethléem (cf. Lc 2, 14), cette paix que Jésus a promise aux siens (cf. Jn 14, 27), elle est maintenant, pour la première fois, solennellement donnée aux disciples. La paix de Jésus, qui nous est également donnée en chaque Messe, est pascale : elle vient avec la résurrection parce que le Seigneur devait d’abord vaincre nos ennemis, le péché et la mort, et réconcilier le monde avec le Père ; il devait éprouver notre solitude et notre abandon, nos enfers, embrasser et combler les distances qui nous séparaient de la vie et de l’espérance. Maintenant, les distances entre le Ciel et la terre, entre Dieu et l’homme étant annulées, la paix de Jésus est donnée aux disciples.

Mettons-nous de leur côté. Ils étaient ce jour-là complètement abasourdis par le scandale de la croix, blessés intérieurement d’avoir abandonné Jésus en fuyant, déçus de l’issue de son histoire, craignant de finir comme lui. Il y avait en eux de la culpabilité, de la frustration, de la tristesse, de la peur… Eh bien, alors que dans le cœur des disciples ce sont des ruines, Jésus proclame la paix ; alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie. En d’autres termes, la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y a aucune lueur de paix. Ainsi fait le Seigneur : il nous étonne, il nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond. Frères et sœurs, avec Jésus, le mal ne l’emporte jamais, il n’a jamais le dernier mot. « C’est lui, le Christ, qui est notre paix » (Ep 2, 14) et sa paix est toujours victorieuse. C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus. Il a répété, avec insistance, aux disciples : La paix, la paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) ; et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique du Seigneur, cette annonce de paix.

Mais, nous demandons nous, comment garder et cultiver la paix de Jésus ? Lui-même nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont le pardon, la communauté et la mission.

Voyons la première source : le pardon. Jésus dit aux siens : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (v. 23). Cependant, avant de donner aux apôtres le pouvoir de pardonner, il leur pardonne ; non pas avec des mots, mais avec un geste, le premier que le Ressuscité accomplit devant eux. L’Évangile dit : « Il leur montra ses mains et son côté » (v. 20). C’est-à-dire qu’il leur montre ses plaies, il les leur offre, parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Les fragilités deviennent alors des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix. Il ne s’agit pas de tout laisser derrière soi comme si de rien n’était, mais d’ouvrir son cœur aux autres avec amour. C’est ce que fait Jésus : face à la misère de ceux qui l’ont renié et abandonné, il montre ses plaies et ouvre la source de la miséricorde. Il n’utilise pas beaucoup de mots, mais il ouvre grand son cœur blessé pour nous dire qu’il est toujours blessé d’amour pour nous.

Frères et sœurs, lorsque la culpabilité et la tristesse nous oppressent, lorsque les choses ne vont pas bien, nous savons où regarder : vers les plaies de Jésus, prêt à nous pardonner avec son amour blessé et infini. Il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre ! Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver. Frère et sœur, Jésus souffre avec toi, il voit les blessures que tu portes en toi et désire te consoler et te guérir, en te présentant son Cœur blessé. Dieu répète à ton cœur les paroles qu’il a prononcées aujourd’hui par le prophète Isaïe : « Je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations » (Is 57, 18).

Ensemble, aujourd’hui, nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! C’est ce que le Christ veut : nous oindre de son pardon pour nous donner la paix et le courage de pardonner à notre tour, le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur. Comme il nous est bon de purifier nos cœurs de la colère, des remords, de tout ressentiment et de toute rancœur ! Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! Qu’il soit l’occasion pour toi, qui portes un lourd fardeau dans ton cœur dont tu as besoin de te débarrasser, de recommencer à respirer. Et qu’il soit un moment propice pour toi, qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences. À toi le Seigneur dit : « Dépose tes armes, embrasse la miséricorde ». Et à tous les blessés et opprimés de ce peuple, il dit : « N’ayez pas peur de mettre vos blessures dans les miennes, vos plaies dans mes plaies. Faisons-le, frères et sœurs; n’ayez pas peur de sortir le Crucifix de votre col et de vos poches, de le prendre dans les mains et de le porter sur le cœur pour partager vos blessures avec celles de Jésus. De retour à la maison, prenez le Crucifix que vous avez et embrassez-le. Donnons au Christ la possibilité de guérir nos cœurs, jetons en Lui le passé, toutes les peurs, toutes les angoisses. Comme c’est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! Et pourquoi ne pas écrire dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : Paix à vous ! Exhibez-la, elle sera une prophétie pour le pays, une bénédiction du Seigneur sur ceux que vous rencontrez. Paix à vous: laissons-nous pardonner par Dieu et pardonnons-nous les uns les autres!

Voyons maintenant la deuxième source de paix : la communauté. Jésus ressuscité ne s’adresse pas à des disciples individuellement, mais il les rencontre ensemble. Il leur parle au pluriel et il donne sa paix à la première communauté. Il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Mais en tant que communauté, où marcher, où aller pour trouver la paix ? Regardons à nouveau les disciples. Avant Pâques, ils suivaient Jésus mais ils raisonnaient encore de manière trop humaine. Ils espéraient un Messie conquérant qui aurait chassé les ennemis, qui aurait accompli des prodiges et des miracles, qui aurait augmenté leur prestige et leur succès. Mais ces désirs mondains les ont laissés les mains vides, pire, ils ont retiré à la communauté la paix en générant des discussions et des oppositions (cf. Lc 9, 46 ; 22, 24). Pour nous aussi, il y a ce risque : être ensemble mais avancer seul en cherchant dans la société – mais aussi dans l’Église – le pouvoir, la carrière, les ambitions… Or de cette manière, l’on suit son propre moi au lieu du vrai Dieu, et l’on finit comme les disciples : enfermé chez soi, vide d’espérance et rempli de peur et de désillusions. Mais voici qu’à Pâques ils retrouvent le chemin de la paix grâce à Jésus qui souffle sur eux et dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). Grâce à l’Esprit Saint ils ne considèreront plus ce qui les divise mais ce qui les unit ; ils iront dans le monde non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres ; non pas pour avoir de la visibilité mais pour donner de l’espérance; non pas pour gagner l’approbation mais pour dépenser leur vie avec joie pour le Seigneur et pour les autres.

Frères et sœurs, le danger pour nous est de suivre l’esprit du monde plutôt que celui du Christ. Et quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même ? Le Seigneur nous le suggère à nouveau par l’intermédiaire du prophète Isaïe, en disant : « Je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés » (Is 57, 15). Le moyen c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains. Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter car ils sont des membres de notre communauté, et non pas des étrangers à ôter de notre vue et de notre conscience. Ouvrir notre cœur aux autres, au lieu de le fermer sur nos problèmes ou sur nos vanités. Repartons des pauvres et nous découvrirons que nous partageons tous une pauvreté intérieure ; que nous avons tous besoin de l’Esprit de Dieu pour nous libérer de l’esprit du monde ; que l’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse. Croyons en la communauté et, avec l’aide de Dieu, édifions une Église vide d’esprit mondain mais remplie d’Esprit Saint, libre de toute richesse pour soi-même et pleine d’amour fraternel !

Enfin, nous en arrivons à la troisième source de la paix : la mission. Jésus dit aux disciples : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Il nous envoie comme le Père l’a envoyé. Et comment le Père l’a-t-il envoyé dans le monde ? Il l’a envoyé pour servir et donner sa vie pour l’humanité (cf. Mc 10, 45), pour manifester sa miséricorde pour chacun (cf. Lc 15), pour chercher ceux qui sont loin (cf. Mt 9, 13). En un mot, il l’a envoyé pour tous : pas seulement pour les justes, mais pour tous. En ce sens, les paroles d’Isaïe résonnent à nouveau : « Paix ! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche ! – dit le Seigneur » (Is 57, 19). À ceux qui sont loin d’abord, et aux proches : pas seulement aux « nôtres », mais à tous.

Frères et sœurs, nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix. C’est un choix : c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales, religieuses et culturelles viennent après et ne sont pas des obstacles ; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus. C’est croire que nous, chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec tous, à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine. Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, sont appelés par définition à être la conscience de paix du monde : non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ; non pas ceux qui revendiquent leurs droits mais à ceux de l’Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ; non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’amour fou que Dieu a pour chaque être humain.

 Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays : la Paix soit avec vous. La Paix soit avec vous : que ces paroles de notre Seigneur résonnent dans nos cœurs, en silence. Sentons qu’elles s’adressent à nous et choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde.

Moto azalí na matói ma koyóka [Celui qui a des oreilles pour entendre]

R/Ayoka  [Qu’il entende]

Moto azalí na motéma mwa kondima [Celui qui a le cœur pour consentir]

R/Andima [Qu’il consente]

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Discours du Saint-Père aux autorités, représentants de la société civile et aux corps diplomatiques à Kinshasa

Le pape François s’adressant aujourd’hui du jardin du Palais de la Nation à Kinshasa, aux autorités et les représentants de la société civile et le corps diplomatique de la République démocratique du Congo.

Le Saint-Père effectue son 40e voyage apostolique en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud (Pèlerinage Œcuménique de Paix au Soudan du Sud) du 31 janvier au 5 février.

 

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LES REPRÉSENTANTS DE
LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Jardin du Palais de la Nation (Kinshasa)
Mardi 31 janvier 2023

 

Monsieur le Président de la République,
Membres illustres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
distinguées Autorités, religieuses et civiles,
éminents Représentants de la société civile et du monde de la culture,
Mesdames et Messieurs !

Je vous salue cordialement et je remercie Monsieur le Président pour les paroles qu’il m’a adressées. Je suis heureux d’être ici, sur cette terre si belle, si vaste, si luxuriante, qui embrasse, au nord, la forêt équatoriale ; au centre et vers le sud, les hauts plateaux et les savanes arborées ; à l’est, les collines, les montagnes, les volcans et les lacs ; à l’ouest les grandes étendues d’eaux, avec le fleuve Congo qui rejoint l’océan. Dans votre pays, qui est comme un continent dans le grand continent africain, on a l’impression que la terre entière respire. Mais, si la géographie de ce poumon vert est riche et variée, l’histoire n’a pas été aussi généreuse. Tourmentée par la guerre, la République Démocratique du Congo continue de subir à l’intérieur de ses frontières des conflits et des migrations forcées, et à souffrir de terribles formes d’exploitation, indignes de l’homme et de la création. Ce pays immense et plein de vie, ce diaphragme de l’Afrique, frappé par la violence comme par un coup de poing dans l’estomac, semble depuis longtemps avoir perdu son souffle. Monsieur le Président, vous avez mentionné ce génocide oublié dont souffre la République du Congo.

Et tandis que vous, Congolais, vous luttez pour sauvegarder votre dignité et votre intégrité territoriale contre les méprisables tentatives de fragmentation du pays, je viens à vous, au nom de Jésus, comme un pèlerin de réconciliation et de paix. J’ai beaucoup désiré me trouver ici et je viens enfin vous apporter la proximité, l’affection et la consolation de toute l’Église et apprendre de votre exemple de patience, de courage et de lutte.

Je voudrais vous parler à travers une image qui symbolise bien la beauté lumineuse de cette terre : l’image du diamant. Chères femmes et chers hommes Congolais, votre pays est vraiment un diamant de la création ; mais vous, vous tous, êtes infiniment plus précieux que toutes les choses bonnes qui sortent de ce sol fertile ! Je suis ici pour vous étreindre et vous rappeler que vous avez une valeur inestimable, que l’Église et le Pape ont confiance en vous, qu’ils croient en votre avenir, un avenir qui soit entre vos mains et dans lequel vous méritiez de déverser vos dons d’intelligence, de sagacité et d’assiduité. Courage, frère et sœur congolais ! Relève-toi, reprends dans tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation à garder en harmonie et en paix la maison que tu habites. Revis l’esprit de ton hymne national, en rêvant et en mettant en pratique ses paroles : « Par le dur labeur, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix ».

Chers amis, les diamants, généralement rares, abondent ici. Si cela vaut pour les richesses matérielles cachées sous la terre, cela vaut à plus forte raison pour les richesses spirituelles enfermées dans vos cœurs. Et c’est précisément à partir des cœurs que la paix et le développement sont possibles car, avec l’aide de Dieu, les êtres humains sont capables de justice et de pardon, de concorde et de réconciliation, d’engagement et de persévérance pour mettre à profit les talents reçus. Dès le début de mon voyage, je souhaite donc lancer un appel : que chaque Congolais se sente appelé à jouer son rôle ! Que la violence et la haine n’aient plus de place dans le cœur et sur les lèvres de quiconque, car ce sont des sentiments inhumains et anti-chrétiens qui paralysent le développement et ramènent en arrière, vers un sombre passé.

En parlant de frein au développement et de retour au passé, il est tragique que ces lieux, et plus généralement le continent africain, souffrent encore de diverses formes d’exploitation. Il y a cette devise qui sort de l’inconscient de tant de cultures et de tant de personnes : “L’Afrique doit être exploitée”, cela est terrible ! Après le colonialisme politique, un “colonialisme économique” tout aussi asservissant s’est déchainé. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources : on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent “étranger” à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. Mais ce pays et ce continent méritent d’être respectés et écoutés, ils méritent espace et attention : Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! Que le monde se souvienne des désastres commis au cours des siècles au détriment des populations locales et qu’il n’oublie pas ce pays ni ce continent. Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations !

Une diplomatie de l’homme pour l’homme, des peuples pour les peuples, doit se déployer, selon laquelle les opportunités de croissance des personnes soient au centre, et non le contrôle des zones et des ressources, les visées d’expansion et l’augmentation des profits.

En regardant ce peuple, on a l’impression que la Communauté internationale s’est presque résignée à la violence qui le dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions de morts à l’insu de beaucoup. Il faut que l’on sache ce qui se passe ici, que les processus de paix en cours, – que j’encourage de toutes mes forces – soient soutenus dans les faits et que les engagements soient tenus. Grâce à Dieu, il y en a qui contribuent au bien de la population locale et à un réel développement à travers des projets efficaces: non pas des interventions de pure assistance, mais des plans visant à une croissance intégrale. J’exprime toute ma gratitude aux pays et aux organisations qui fournissent des aides substantielles en ce sens, en contribuant à la lutte contre la pauvreté et les maladies, soutenant l’État de droit et promouvant le respect des droits humains. Je forme le vœu qu’ils puissent continuer à jouer pleinement et courageusement ce noble rôle.

Revenons à l’image du diamant. Une fois travaillé, sa beauté provient également de sa forme, de ses nombreuses facettes harmonieusement disposées. Ce pays, riche de son pluralisme typique, a lui aussi un caractère polyédrique. C’est une richesse qui doit être conservée, en évitant de glisser dans le tribalisme et la confrontation. Prendre obstinément parti pour sa propre ethnie ou pour des intérêts particuliers, alimentant des spirales de haine et de violence, tourne au détriment de tous en bloquant la nécessaire “chimie de l’ensemble”. À propos de chimie, il est intéressant de noter que les diamants sont constitués des seuls atomes de carbone, lesquels, s’ils étaient reliés différemment, formeraient du graphite. La différence entre la luminosité d’un diamant et l’obscurité du graphite provient de la manière dont les atomes individuels sont disposés dans le réseau cristallin. Cette métaphore exprime le fait que le problème n’est pas la nature des hommes ou des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont on décide d’être ensemble. La volonté ou non de se rencontrer, de se réconcilier et de recommencer fait la différence entre l’obscurité du conflit et un avenir lumineux de paix et de prospérité.

Chers amis, le Père céleste veut que nous sachions nous accueillir comme les frères et sœurs d’une même famille, et travailler à un avenir qui soit avec les autres et non contre les autres. “Bintu bantu” : c’est ainsi que l’un de vos proverbes rappelle très bien que, la vraie richesse, ce sont les personnes et les bonnes relations entre elles. En particulier, les religions, avec leur patrimoine de sagesse, sont appelées à y contribuer, par un effort quotidien de renoncement à toute agressivité, prosélytisme et contrainte, qui sont des moyens indignes de la liberté humaine. Quand on en vient à imposer, en allant à la chasse aux fidèles, de manière aveugle par la ruse ou par la force, on ravage la conscience d’autrui et on tourne le dos au vrai Dieu, parce que – ne l’oublions pas – « là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17) e là où il n’y a pas de liberté, il n’y a pas l’Esprit du Seigneur. Les membres de la société civile, dont certains sont ici présents, jouent également un rôle essentiel dans la construction d’un avenir de paix et de fraternité. Ils ont souvent démontré qu’ils savaient s’opposer à l’injustice et au délabrement, au prix de grands sacrifices, pour défendre les droits humains, la nécessité d’une éducation solide pour tous et une vie plus digne pour chacun. Je remercie sincèrement les femmes et les hommes, en particulier les jeunes de ce pays, qui ont souffert à divers degrés pour cela, et je leur rends hommage.

Le diamant, dans sa transparence, réfracte admirablement la lumière qu’il reçoit. Beaucoup d’entre vous brillent par le rôle qu’ils jouent. Celui qui détient des responsabilités civiles et gouvernementales est appelé à agir avec une clarté cristalline, en vivant la fonction reçue comme un moyen de servir la société. Le pouvoir n’a de sens en effet que s’il devient service. Combien il est important d’agir dans cet esprit, en fuyant l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent que l’apôtre Paul désigne comme « la racine de tous les maux » (1 Tm 6, 10). Et en même temps, favoriser des élections libres, transparentes, crédibles ; étendre davantage aux femmes, aux jeunes et à différents groupes, aux groupes marginalisés, la participation aux processus de paix; rechercher le bien commun et la sécurité des personnes plutôt que les intérêts personnels ou de groupes ; renforcer la présence de l’État partout sur le territoire ; prendre soin des si nombreuses personnes déplacées et réfugiées. Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses : cela n’apporte que discrédit et honte, avec la mort et la misère. Au contraire, il est bon de se rapprocher des personnes pour se rendre compte de la manière dont ils vivent. Elles font confiance lorsqu’elles sentent que les gouvernants sont réellement proches, non pas par calcul ou par exhibition, mais par service.

Dans la société, ce sont souvent les ténèbres de l’injustice et de la corruption qui obscurcissent la lumière du bien. Il y a des siècles, saint Augustin, né sur ce continent, se demandait déjà : « Si la justice n’est pas respectée, que sont les États, sinon des bandes de voleurs ? » (De civ. Dei, IV, 4). Dieu est du côté de ceux qui ont faim et soif de justice (cf. Mt 5, 6). Il ne faut pas se lasser de promouvoir dans tous les domaines le droit et l’équité, en luttant contre l’impunité et la manipulation des lois et de l’information.

Un diamant sort de la terre authentique mais brut, nécessitant un travail. De même, les diamants les plus précieux de la terre congolaise que sont les enfants de cette nation doivent pouvoir bénéficier de véritables opportunités éducatives qui leur permettent de mettre pleinement à profit leurs brillants talents. L’éducation est fondamentale : elle est la voie de l’avenir, la route à emprunter pour atteindre la pleine liberté de ce pays comme du continent africain. Il est urgent d’y investir afin de préparer des sociétés qui seront fortes si elles sont bien instruites, autonomes si elles sont pleinement conscientes de leurs potentialités et capables de les développer avec responsabilité et persévérance. Mais beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école : combien, au lieu de recevoir une éducation digne de ce nom, sont exploités ! Trop d’entre eux meurent, soumis à des travaux asservissants dans les mines. Aucun effort ne doit être ménagé pour dénoncer le fléau du travail des enfants et y mettre fin. Combien de filles sont marginalisées et violées dans leur dignité ! Les enfants, les jeunes filles, les jeunes sont le présent de l’espérance, ils sont l’espérance : ne permettons pas que celle-ci soit effacée, cultivons-la avec passion !

Le diamant, don de la terre, appelle à la sauvegarde de la création, à la protection de l’environnement. Située au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo abrite l’un des plus grands poumons verts du monde, qui doit être préservé. Comme pour la paix et pour le développement, dans ce domaine également une collaboration large et fructueuse est importante, permettant d’intervenir efficacement, sans imposer des modèles extérieurs plus utiles à ceux qui aident qu’à ceux qui sont aidés. Nombreux sont ceux qui ont demandé à l’Afrique de s’engager et qui ont offert des aides afin de lutter contre le changement climatique et le coronavirus. Ce sont certainement des opportunités à saisir, mais il y a surtout besoin de modèles sanitaires et sociaux qui ne répondent pas seulement aux urgences du moment mais contribuent à une croissance sociale effective : des structures solides et du personnel honnête et compétent pour surmonter les graves problèmes comme la faim et les maladies qui entravent le développement à sa naissance.

Enfin, le diamant est le minéral d’origine naturelle qui présente la plus grande dureté. Sa résistance aux produits chimiques est très grande. La répétition continuelle des attaques violentes ainsi que les nombreuses situations de détresse pourraient affaiblir la résistance des Congolais, miner leur force d’âme, les conduire à se décourager et à s’enfermer dans la résignation. Mais, au nom du Christ qui est le Dieu de l’espérance, le Dieu de toute possibilité qui donne toujours la force de recommencer, au nom de la dignité et de la valeur des diamants les plus précieux de cette terre que sont ses habitants, je voudrais inviter chacun à un nouveau départ social courageux et inclusif. L’histoire lumineuse mais blessée du pays l’exige, les jeunes et les enfants en particulier l’implorent. Je suis avec vous et j’accompagne par la prière et la proximité tout effort pour un avenir pacifique, harmonieux et prospère de ce grand pays. Que Dieu bénisse la nation congolaise tout entière !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Visite du Pape au Congo

Ma sœur, mon père et moi (au milieu)

Marjorie Poliquin, animatrice de « béatitude » sur Sel + Lumière TV, nous laisse un témoignage du cœur sur ses origines: la République Démocratique du Congo, prochaine destination apostolique du Pape François du 31 janvier au 5 février 2023.

 

Je suis d’origine mixte et l’un de mes parents vient du Congo: mon père. Ensemble on parle de son enfance et des richesses du pays : sa verdure, ses forêts, son lac, ses fruits et légumes. Mon père avait dans sa  cour lorsqu’il était jeune, des manguiers, des avocatiers, des bananiers, des haricots etc. etc. Presque tout y pousse au Congo. Aussi mon grand-père était cultivateur et enseignant. 

On parle aussi des minerais, du cobalt, de ses minéraux qui sont indispensables à la nouvelle technologie. Le problème est  là. Depuis des décennies, cette richesse cause au pays, ces malheurs. Trop de corruption et de violence entourent l’exploitation des minerais. 

En plus d’être cultivateur et enseignant, mon grand-père était aussi très croyant. Il était pasteur. Jusqu’à ce jour, j’en connaissais très peu sur l’Église au Congo, à part le fait que c’est un pays où habitent plusieurs croyances. J’ai été surprise récemment, lors de mon entretien avec le président de la communauté catholique africaine de Toronto, M. Leke, un Congolais d’origine, d’apprendre qu’aujourd’hui 50 % des congolais sont catholiques et que la chrétienté dans son ensemble, représente plus de 80 % de la population. 

Il semblerait qu’en grande majorité, le peuple congolais ne croit plus aux politiciens, mais croit encore en l’Église.  C’est pourquoi le peuple attend la visite du Pape François le 31 janvier prochain, avec beaucoup d’enthousiasme. Cette visite  est symbole d’espoir et de renouveau. Beaucoup de préparation pour accueillir le Pape, en autres : une veillée de prières, de chants  (60 chorales) et de confessions est prévue afin de mieux accueillir la Parole de Dieu et le message de paix et de réconciliation prévu par le Pape François. Plus de 2 millions de congolais sont attendus. Ce sera même jours fériés pour les habitants du pays.

On sait que le Pape n’est pas Jésus, il n’est pas Dieu, mais il a beaucoup de crédibilité aux yeux du peuple congolais qui a perdu espoir en ces politiciens. « Le seul qu’y puisse encore se faire entendre et se faire prendre au sérieux, c’est le Pape », aux dires de M. Leke. « Ils ont espoir que son message portera fruit et que ce sera une étape vers le renouveau du pays. » 

Prions avec eux, unissons nos voix et nos cris ensemble vers Dieu.  Si nous croyons en la prière, ne manquons pas cette opportunité de s’unir en prière, et ce, avant, pendant et après la visite du Pape François. Afin que  cette visite devienne en effet, le commencement du renouveau dont le pays a tant besoin.

Audience Générale du Pape François – 25 janvier 2023

Dans son message de catéchèse d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa série sur l’évangélisation.

Il réfléchit sur Jésus en tant que « maître de l’annonce », qui nous guide pour proclamer « la joie, la délivrance, la lumière, la guérison et l’émerveillement » de l’Évangile.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce à son cœur de pasteur toujours porté vers les autres. Aujourd’hui, nous le regardons comme maître de l’annonce. Laissons-nous guider par l’épisode où Il prêche dans la synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61, 1-2) et surprend ensuite tout le monde avec une « prédication » très courte, d’une seule phrase. Il dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4, 21). Cela signifie que pour Jésus, ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut dire de lui-même. Donc, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devons retrouver cette première annonce de sa part. Voyons alors en quoi elle consiste. Cinq éléments essentiels peuvent être identifiés.

Le premier est la joie. Le premier élément est la joie. Jésus proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; […] il m’a envoyé porter la joyeuse nouvelle aux pauvres » (v. 18). La joyeuse nouvelle : on ne peut pas parler de Jésus sans joie, car la foi est une merveilleuse histoire d’amour à partager. Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est entrevoir entre les lignes de sa vie d’avoir reçu un don si beau que nulle parole ne peut l’exprimer. Au contraire, quand manque la joie, l’Évangile ne passe pas, parce qu’il est – la parole elle-même le dit – une bonne annonce, une annonce de joie. Un chrétien triste peut parler de belles choses mais tout cela est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas joyeuse.

Venons-en au deuxième aspect : la libération. Jésus dit qu’il a été envoyé  » pour proclamer aux prisonniers la libération  » (ibid.). Cela signifie que celui qui annonce Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, ne peut pas faire pression sur les autres, mais les soulager : ne pas imposer de fardeaux, mais les décharger ; apporter la paix, pas la culpabilité. Bien sûr, suivre Jésus implique une ascèse, des sacrifices ; après tout, si toute bonne chose l’exige, combien plus la réalité décisive de la vie ! En revanche, celui qui témoigne du Christ montre la beauté de l’objectif, plutôt que la fatigue du parcours. Nous est-il déjà arrivé de raconter à quelqu’un un beau voyage que nous avons fait : nous aurons parlé de la beauté des lieux, de ce que nous avons vu et vécu, pas du temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport ! Ainsi, toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération.

Troisième aspect : la lumière. Jésus dit qu’il est venu apporter  » la vue aux aveugles  » (ibid.). Il est frappant de constater que dans toute la Bible, avant le Christ, la guérison d’un aveugle n’apparaît jamais. Il s’agissait en effet d’un signe promis qui viendrait avec le Messie. Mais ici, il ne s’agit pas seulement de la vue physique, mais d’une lumière qui fait voir la vie d’une manière nouvelle. Il y a un « retour à la lumière », une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous : avec le baptême, qui dans l’Antiquité était appelé « illumination ». Et quelle lumière Jésus nous donne-t-il? La lumière de la filiation : Il est le Fils bien-aimé du Père, vivant pour toujours ; avec Lui, nous sommes aussi des enfants de Dieu, aimés pour toujours, malgré nos fautes et nos défauts. Alors la vie n’est plus une avancée aveugle vers le néant, elle n’est pas une question de chance ou de destin, elle n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des étoiles, ni même de la santé et des finances, mais de l’amour du Père, qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Comme c’est merveilleux de partager cette lumière avec les autres !

Quatrième aspect de l’annonce : la guérison. Jésus dit qu’il est venu « libérer les opprimés » (ibid.). Les opprimés sont ceux qui se sentent écrasés dans la vie par quelque chose : les maladies, les difficultés, les fardeaux du cœur, la culpabilité, les erreurs, les vices, les péchés… Ce qui nous opprime, par-dessus tout, c’est ce mal même qu’aucun médicament ou remède humain ne peut guérir : le péché. La bonne nouvelle est qu’avec Jésus, ce mal ancien, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Du péché, Jésus nous guérit toujours et gratuitement. Il invite tous ceux qui sont « fatigués et opprimés » à venir à Lui (cf. Mt 11,28). Ainsi, accompagner quelqu’un à la rencontre de Jésus, c’est l’amener au médecin du cœur, qui l’élève dans sa vie. C’est dire : « Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te connaît et t’aime, il peut te guérir et rasséréner ton cœur ». Celui qui porte des fardeaux a besoin d’une caresse sur son passé, a besoin de pardon. Et ceux qui croient en Jésus ont précisément cela à donner aux autres : la force du pardon de Dieu, qui libère l’âme de toute dette. La Bible parle d’une année au cours de laquelle on était libéré du fardeau des dettes : le Jubilé, l’année de grâce. C’est le dernier point de l’annonce.

Jésus dit en effet qu’il est venu  » proclamer l’année de grâce du Seigneur  » (Lc 4, 19). Ce n’était pas un jubilé planifié, mais avec le Christ, la grâce qui rend la vie nouvelle arrive toujours et émerveille toujours. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce. Car ce n’est pas nous qui faisons de grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, même à travers nous, accomplit des choses imprévisibles. Les surprises de Dieu. L’Évangile s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement et de nouveauté qui a un nom : Jésus.

Qu’il nous aide à la proclamer comme il le souhaite, en communiquant joie, libération, lumière, guérison et émerveillement.

Une dernière chose : cette joyeuse annonce, dit l’Évangile, est adressée  » aux pauvres  » (v. 18). Nous les oublions souvent, pourtant ce sont les destinataires explicitement mentionnés par Jésus, car ils sont les bien-aimés de Dieu. Souvenons-nous d’eux, et souvenons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire « pauvre intérieurement » : c’est-à-dire vaincre toute prétention à l’autosuffisance pour se reconnaitre comme ayant besoin de la grâce, ayant toujours besoin de Lui.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège.

Audience Générale du Pape François – 18 janvier 2023

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Dans la catéchèse d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa série sur l’évangélisation. Il réfléchit sur le Christ Bon Pasteur, qui « souffre et prend des risques » pour ceux qui ont quitté le troupeau. Le Saint Père conclut en disant que l’évangélisation consiste « à les aimer pour qu’ils soient des enfants heureux de Dieu. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenu à tous !

Mercredi dernier, nous avons ouvert un cycle de catéchèse sur la passion d’évangéliser, c’est-à-dire sur le zèle apostolique qui doit animer l’Église et tout chrétien. Aujourd’hui, nous nous penchons sur le modèle suprême de l’annonce : Jésus. L’Évangile du jour de Noël l’a défini comme le  » Verbe de Dieu  » (cf. Jn 1, 1). Le fait qu’il soit le Verbe, la parole, nous indique un aspect essentiel de Jésus : il est toujours en relation, toujours en sortie, jamais isolé, toujours en relation, en sortie ; la parole, en effet, existe pour être transmise, communiquée. Il en est de même pour Jésus, Parole éternelle du Père adressée à nous, communiquée à nous. Christ n’a pas seulement les paroles de vie, mais fait de sa vie une Parole, un message : il vit, pour ainsi dire, toujours tourné vers le Père et vers nous. Toujours en regardant le Père qui l’a envoyé et en nous regardant, nous vers qui il a été envoyé.

En effet, si nous regardons ses journées, décrites dans les Évangiles, nous voyons qu’en premier lieu il y a l’intimité avec le Père, la prière, pour laquelle Jésus se lève tôt, quand il fait encore nuit, et va dans des zones désertes pour prier (cf. Mc 1,35 ; Lc 4,42)pour parler avec le Père. Toutes les décisions et tous les choix plus importants il les prend après avoir prié (cf. Lc 6,12 ; 9,18). C’est précisément dans cette relation, dans la prière qui le lie au Père dans l’Esprit, que Jésus découvre le sens de son être d’homme, de son existence dans le monde parce que Lui est en mission pour nous, envoyé par le Père à nous.

À cet égard, le premier geste public qu’Il pose, après les années de vie cachée à Nazareth, est intéressant. Jésus ne fait pas un grand prodige, il ne lance pas un message sensationnel, mais se mêle aux gens qui allaient se faire baptiser par Jean. Il nous offre ainsi la clé de son agir dans le monde : se dépenser pour les pécheurs, en étant solidaire de nous sans distance, dans le partage total de la vie. En effet, en parlant de sa mission, il dira qu’il n’est pas venu « pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie » (Mc 10,45). Chaque jour, après la prière, Jésus consacre toute sa journée à l’annonce du Royaume de Dieu et la consacre aux personnes, en particulier les plus pauvres et les plus faibles, les pécheurs et les malades (cf. Mc 1,32-39). C’est-à-dire que Jésus est en contact avec le Père dans la prière et ensuite il est en contact avec tous les gens pour la mission, pour la catéchèse, pour enseigner le chemin du Royaume de Dieu.

Or, si nous voulons représenter son style de vie par une image, nous n’avons aucune difficulté à la trouver : Jésus lui-même nous l’offre, Jésus lui-même nous l’offre, nous l’avons bien entendu, en se présentant comme le Bon Pasteur, celui qui – dit-il – « donne sa vie pour les brebis » (Jn 10,11), c’est Jésus. En effet, être pasteur n’était pas seulement un travail, qui demandait du temps et beaucoup d’engagement, c’était un véritable mode de vie : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, vivre avec le troupeau, l’accompagner au pâturage, dormant parmi les brebis, prenant soin des plus faibles. Jésus, en d’autres termes, ne fait pas quelque chose pour nous, mais donne tout, donne sa vie pour nous. Son cœur est un cœur pastoral (cf. Ez 34,15). Il fait le pasteur avec nous tous.

En effet, pour résumer l’action de l’Église en un mot, le terme « pastoral » est souvent utilisé. Et pour évaluer notre travail pastoral, nous devons nous confronter au modèle, nous confronter avec Jésus, Jésus le bon pasteur. Avant tout, nous pouvons nous demander : l’imitons-nous en nous abreuvant aux sources de la prière, afin que nos cœurs soient en syntonie avec le sien ? L’intimité avec Lui est, comme le suggère le beau volume de l’abbé Chautard, «  l’âme de tout apostolat ». Jésus lui-même a dit clairement à ses disciples : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Si l’on est avec Jésus, on découvre que son cœur pastoral bat toujours pour qui est perdu, égaré, lointain. Et le nôtre ? Combien de fois notre attitude avec les personnes un peu difficiles ou qui sont un peu difficiles s’exprime par ces mots :  » Mais c’est son problème, qu’il se débrouille… « . Mais Jésus n’a jamais dit cela, jamais, mais il est toujours allé à la rencontre des marginaux, des pécheurs. On l’a accusé de cela, d’être avec les pécheurs, parce qu’il leur apportait le salut de Dieu.

Nous avons entendu la parabole de la brebis perdue au chapitre 15 de l’Évangile de Luc (cf. vv. 4-7). Jésus parle aussi de la pièce de monnaie perdue et du fils prodigue. Si nous voulons former notre zèle apostolique, le chapitre 15 de Luc devrait toujours être sous nos yeux. Lisez-le souvent, là nous pourrons comprendre ce qu’est le zèle apostolique. Là, nous découvrons que Dieu ne reste pas à contempler l’enclos de ses brebis, ni ne les menace pour qu’elles ne s’en aillent pas. Au contraire, si quelqu’un sort et se perd, il ne l’abandonne pas, mais la cherche. Il ne dit pas : « Elle est partie, c’est sa faute, c’est son affaire ! ». Le cœur pastoral réagit d’une autre manière : le cœur pastoral souffre et le cœur pastoral risque. Il souffre : oui, Dieu souffre pour qui s’en va, et en le pleurant, il l’aime d’autant plus. Le Seigneur souffre lorsque nous nous éloignons de son cœur. Il souffre pour ceux qui ne connaissent pas la beauté de son amour et la chaleur de son étreinte. Mais, en réponse à cette souffrance, il ne se renferme pas, mais au contraire prend des risques : il laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont en sécurité et s’aventure à la recherche de celle qui manque, faisant ainsi quelque chose d’hasardeux et même d’irrationnel, mais en consonnance avec son cœur pastoral, qui éprouve de la nostalgie pour qui s’en est allé. La nostalgie pour ceux qui sont partis est constante en Jésus. Et lorsque nous apprenons que quelqu’un a quitté l’Église, que disons-nous ? « Qu’il se débrouille ». Non, Jésus nous enseigne la nostalgie de ceux qui sont partis ; Jésus n’a ni colère ni ressentiment, mais une nostalgie irréductible de nous. Jésus se languit de nous, et c’est le zèle de Dieu.

Et je me demande : nous, avons-nous des sentiments similaires ? Peut-être considérons-nous ceux qui ont quitté le troupeau comme des adversaires ou des ennemis. « Et celui-là ? – Non, il est parti ailleurs, il a perdu la foi, l’enfer l’attend…’, et nous sommes tranquilles. En les rencontrant à l’école, au travail, dans les rues de la ville, pourquoi ne pas penser plutôt que nous avons une bonne occasion de leur témoigner la joie d’un Père qui les aime et ne les a jamais oubliés ? Non pas pour faire du prosélytisme, non ! Mais pour que là arrive la Parole du Père, pour marcher ensemble. Évangéliser n’est pas faire du prosélytisme : faire du prosélytisme est une chose païenne, ce n’est ni religieux ni évangélique. Il y a une bonne parole pour ceux qui ont quitté le troupeau, et nous avons l’honneur et la responsabilité d’être ceux qui expriment cette parole. Parce que la Parole, Jésus, nous demande cela, de nous approcher toujours, avec un cœur ouvert, de tous, parce que Lui est comme cela. Peut-être suivons-nous et aimons-nous Jésus depuis si longtemps et ne nous sommes-nous jamais demandé si nous partageons ses sentiments, si nous souffrons et risquons en syntonie avec le cœur de Jésus, avec ce cœur pastoral, proche du cœur pastoral de Jésus ! Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, je l’ai dit, pour que les autres soient « des nôtres”, non, cela n’est pas chrétien : il s’agit d’aimer pour qu’ils soient des enfants heureux de Dieu. Demandons dans la prière la grâce d’un cœur pastoral, ouvert, qui se tienne proche de tous, pour apporter le message du Seigneur et aussi pour sentir pour chacun la nostalgie du Christ. Parce que, sans cet amour qui souffre et qui risque, notre vie ne va pas bien : si nous, chrétiens, n’avons pas cet amour qui souffre et qui risque, nous risquons de ne paître que nous-mêmes. Les pasteurs qui sont pasteurs d’eux-mêmes, au lieu d’être pasteurs du troupeau, sont des coiffeurs de brebis « exquises ». Nous ne devons pas être les pasteurs que de nous-mêmes, mais les pasteurs de tous.

 

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents aujourd’hui, en particulier le groupe de fidèles, venu de la République Démocratique du Congo, un pays que j’irai visiter à la fin du mois et que je recommande à votre prière !

Prions Dieu de nous faire un cœur pastoral qui souffre et qui risque pour témoigner. Non seulement c’est un honneur, mais c’est aussi un devoir d’apporter la Parole de Dieu à ceux qui nous sont confiés comme à ceux que nous rencontrons dans la vie de tous les jours.

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana


Homélie du pape François pour les funérailles du pape émérite Benoît XVI

Le 5 janvier, le pape François a présidé la messe des funérailles du pape émérite Benoît XVI sur la place Saint-Pierre. Lisez ci-dessous le texte intégral de l’homélie qu’il a prononcée à cette occasion solennelle :

Homélie du pape François

Place Saint-Pierre

Jeudi 5 janvier 2023

« Père, entre tes mains je remets mon esprit » ( Lc 23, 46). Ce sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir – pourrait-on dire -, qui confirme ce qui a caractérisé toute sa vie : une permanente remise de soi entre les mains de son Père. Des mains de pardon et de compassion, de guérison et de miséricorde, des mains d’onction et de bénédiction qui le poussèrent à se livrer aussi aux mains de ses frères. Le Seigneur, ouvert aux histoires qu’il rencontrait sur son chemin, s’est laissé ciseler par la volonté de Dieu en prenant sur ses épaules toutes les conséquences et les difficultés de l’Évangile, jusqu’à voir ses mains meurtries par amour : « Vois mes mains », dit-il à Thomas ( Jn 20, 27), et il le dit à chacun de nous, « Vois mes mains ». Des mains meurtries qui vont à la rencontre et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous croyions en lui (cf. 1 Jn 4, 16) [1].

« Père, entre tes mains je remets mon esprit » est l’invitation et le programme de vie qui inspire et veut modeler comme un potier (cf. Is 29, 16) le cœur du pasteur, jusqu’à ce que palpitent en lui les mêmes sentiments que ceux du Christ Jésus (cf. Ph 2, 5). Dévouement reconnaissant de service au Seigneur et à son Peuple qui naît du fait d’avoir accueilli un don totalement gratuit : : “Tu m’appartiens… Tu leur appartiens”, susurre le Seigneur ; “Tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon coeur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes” [2]. C’est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, mon corps qui s’offre pour vous (cf. Lc 22, 19). La synkatabasis totale de Dieu .

Un dévouement priant, qui se façonne et s’affine silencieusement entre les carrefours et les contradictions que le pasteur doit affronter (cf. 1 P 1, 6-7) et l’invitation confiante à paître le troupeau (cf. Jn 21, 17). Comme le Maître, il porte sur ses épaules la fatigue de l’intercession et l’usure de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères voient leur dignité menacée (cf. He 5, 7-9). Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut susciter. Une fécondité invisible et insaisissable, qui naît du fait de savoir dans quelles la confiance a été placée (cf. 2 Tm 1, 12). Une confiance priante et adoratrice, capable d’interpréter les actions du pasteur et d’adapter son cœur et ses décisions aux temps de Dieu (cf. Jn 21, 18) : « Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie: donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence » [3].

Et aussi un dévouement soutenu par la consolation de l’Esprit, qui le précède toujours dans la mission : dans la quête passionnée de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, n. 57), dans le témoignage fécond de ceux qui, comme Marie, restent de bien des manières au pied de la croix, dans cette paix douloureuse mais solide qui n’agresse ni ne soumet ; et dans l’espérance obstinée mais patiente que le Seigneur accomplira sa promesse, comme il l’avait promis à nos pères et à sa descendance à jamais (cf. Lc 1, 54-55).

Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile qu’il a répandue et dont il a témoigné durant sa vie (cf. Mt 25, 6-7).

Saint Grégoire le Grand, à la fin de la Règle pastorale, invite et exhorte un ami à lui offrir cette compagnie spirituelle : « Au milieu des tempêtes de ma vie, je me console par la confiance que tu me tiendras à flot sur la table de tes prières, et que, si le poids de mes fautes m’abat et m’humilie, tu me prêteras le secours de tes mérites pour me relever ». C’est la conscience du pasteur qu’il ne peut pas porter tout seul ce que, en réalité, il ne pourrait jamais supporter tout seul et, par conséquent, il sait s’abandonner à la prière et au soin du peuple qui lui est confié [4]. C’est le peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé, accompagne et confie la vie de celui qui a été son pasteur. Comme les femmes de l’Évangile au sépulcre, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui démontrer, encore une fois, l’amour qui ne se perd pas. Nous voulons le faire avec la même onction, sagesse, délicatesse et dévouement qu’il a su prodiguer au cours des années. Nous voulons dire ensemble: “Père, entre tes mains nous remettons son esprit”.

Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours !

Texte courtoisie de la Libreria Editrice Vaticana

Pour guérir les blessures du Canada : le Pape François et les peuples autochtones

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Sur place à Maskwacis, en Alberta, pour assister à l’arrivée du pape François qui allait présenter ses excuses tant attendues aux peuples autochtones du Canada sur leurs propre terres, j’ai été profondément ému. Deux choses m’ont frappé simultanément. Premièrement, la souffrance, la douleur et le traumatisme intergénérationnel qui ont ravagé les communautés et les familles autochtones. Deuxièmement, l’humilité, le courage et la compassion du pape, qui a parcouru une telle distance pour démontrer sa proximité.

J’ai vu devant moi un berger et un pèlerin qui est venu de Rome jusqu’aux prairies de l’Alberta rurale pour aider à guérir les blessures les plus profondes du Canada. Ces blessures ont si souvent été tragiquement ignorées, cachées et rejetées. On était là, au milieu de l’Alberta rurale, par un lundi matin pluvieux, dans un endroit dont la plupart des Canadiens n’avaient jamais entendu parler, et le chef de file des 1,3 milliard de catholiques du monde était arrivé afin d’oeuvrer pour la vérité, à la justice, à la réconciliation et à la guérison dans notre pays. Le successeur de saint Pierre est venu jusqu’ici pour nous faire avancer sur le chemin que nous devons prendre ensemble. Ce fut une expérience qui a fait couler des larmes à beaucoup d’entre nous.

La route à double sens du bon Samaritain

En vivant tout cela directement, je n’ai pu m’empêcher de penser à la parabole du bon Samaritain de Jésus (Luc 10,25-37). Comme l’homme de la parabole de Jésus, le pape François a écouté le cri des autochtones, des abus et des blessés sur le bord de la route de la société canadienne. Il a refusé de faire comme les autres qui ont fait la sourde oreille et ont fermé les yeux. Il a insisté pour aller de l’avant avec nos frères et sœurs autochtones, en prenant au sérieux leur besoin de guérison et en agissant en conséquence.

Mais le pape François n’est pas le seul à avoir suivi les traces du bon Samaritain l’été dernier. De nombreux autochtones m’ont confié qu’ils ne voulaient pas que le pape présente des excuses comme une simple formalité politique ou une obligation légale. Ils voulaient plutôt des excuses venant du cœur, qui les toucheraient dans leur cœur. Ils disent que pour guérir, ils doivent pardonner. C’est une leçon d’humilité et une source d’inspiration pour nous tous. Nos frères et sœurs autochtones ont le désir de pardonner. Pour beaucoup d’entre eux, ils voulaient que le pape s’excuse afin de pouvoir pardonner à l’Église. Ainsi, les autochtones eux-mêmes sont comme le bon Samaritain, qui sort l’Église du caniveau pour qu’ensemble nous puissions avancer sur le chemin de la guérison.

Le chemin de la guérison pour nos frères et sœurs autochtones

J’étais bouleversé en écoutant les hommes et les femmes autochtones au cours de la visite du pape. Leurs histoires et leurs visages témoignent de décennies de souffrance, mais aussi d’un espoir indéfectible pour l’avenir. Comme l’a dit une femme le jour des excuses du pape à Maskwacis : « Je suis reconnaissante d’être ici aujourd’hui, parce que tant de membres de ma famille, d’amis et de camarades de classe n’ont pas pu voir le pape venir au Canada et entendre ses excuses ». Une autre femme a partagé que dans sa communauté isolée des Territoires du Nord-Ouest, rien que dans le mois précédant la visite du pape, quatre jeunes s’étaient suicidés. Il s’agissait de jeunes pères et mères de famille, laissant leurs enfants derrière eux.

Le traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats et les abus subis par les autochtones a des répercussions durables sur la vie quotidienne de leurs communautés, encore aujourd’hui. Un très grand nombre d’entre eux ont été arrachés à leur foyer. Cela signifie que leurs parents n’ont pas appris à être parents, et qu’ils ne l’ont pas été non plus. Le cercle de la vie familiale a été brisé. Pourtant, malgré cette obscurité, au milieu du fléau de la toxicomanie et du suicide, beaucoup d’entre eux ont pu persévérer, obtenir de l’aide, surmonter les ombres de leur vie et regarder vers la lumière. Ces survivants sont des héros canadiens, avec des noms, des visages, des amis et des familles. En tant que pays, nous leur devons le même respect, le même engagement et le même amour que le pape François est venu leur témoigner.

Avancer ensemble

En tant qu’habitants du Canada, nous avons encore tant à apprendre sur les premiers peuples qui ont accueilli sur leurs terres les générations de migrants qui ont suivi. Tant d’étapes doivent encore être franchies dans notre cheminement ensemble. L’été 2022 a été une route à double sens du bon Samaritain, mais la route ne s’arrête pas là. En tant que catholique et canadien, je suis plus convaincu que jamais que nous devons prendre au sérieux le chemin de la guérison et de la réconciliation si nous voulons que notre pays soit une société juste, humaine et fraternelle. Nous ne pouvons continuer à avancer sans entendre les cris des blessés. Le pape a tendu les bras et les autochtones lui ont répondu. Il est temps que nous fassions tous de même. Suivons les paroles de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10,37).

 

Itinéraire du voyage apostolique du Pape François au Canada

Le 23 juin, le Vatican a publié l’itinéraire de la prochaine visite du pape François au Canada. Vous pouvez trouver tous les détails ci-dessous.

N’oubliez pas de consulter régulièrement Sel + Lumière Média pour obtenir plus de détails sur la visite papale et la couverture de l’événement. Restez à l’affût en nous suivant sur nos médias sociaux ou en s’inscrivant à notre infolettre.

 

VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETÉ FRANÇOIS au CANADA

24 – 30 juillet 2022

Dimanche 24 juillet 2022

ROME – EDMONTON

09h00

Départ en avion de l’Aéroport International de Rome/Fiumicino pour Edmonton  

11h20

Arrivée à l’Aéroport International d’Edmonton 

11h20

ACCUEIL OFFICIEL à l’Aéroport International d’Edmonton 

Lundi 25 juillet 2022

EDMONTON – MASKWACIS – EDMONTON

10h00

RENCONTRE AVEC LES PEUPLES AUTOCHTONES PREMIÈRES NATIONS, MÉTIS ET INUIT à Maskwacis 

Discours du Saint-Père

16h45

RENCONTRE AVEC LES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ PAROISSIALE à l’Église Sacré-Cœur d’Edmonton

Discours du Saint-Père

Mardi 26 juillet 2022 

EDMONTON – LAC STE. ANNE – EDMONTON

10h15

SAINTE MESSE au "Commonwealth Stadium" d’Edmonton

Homélie du Saint-Père

17h00

PARTICIPATION AU "LAC STE. ANNE PILGRIMAGE" ET LITURGIE DE LA PAROLE au Lac Ste. Anne

Homélie du Saint-Père

Mercredi 27 juillet 2022 

EDMONTON – QUÉBEC

09h00

Départ en avion de l’Aéroport International d’Edmonton pour Québec

15h05

Arrivée à l’Aéroport International de Québec

15h40

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE à la Résidence de la Gouverneure Générale, "Citadelle de Québec" 

16h00

VISITE DE COURTOISIE À LA GOUVERNEURE GÉNÉRALE dans le "Salon des Anges" de la "Citadelle de Québec"

16h20

RENCONTRE AVEC LE PREMIER MINISTRE dans le "Salon des Anges" de la "Citadelle de Québec"

16h45

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS CIVILES, LES REPRÉSENTANTS DES PEUPLES AUTOCHTONES ET LE CORPS DIPLOMATIQUE dans la "Ballroom" de la "Citadelle de Québec" 

Discours du Saint-Père

Jeudi 28 juillet 2022

QUÉBEC

10h00

SAINTE MESSE au Sanctuaire National de Sainte-Anne-de-Beaupré

Homélie du Saint-Père

17h15

VÊPRES AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES DIACRES, LES CONSACRÉS, LES SÉMINARISTES ET LES AGENTS PASTORAUX à la Cathédrale Notre-Dame de Québec

Homélie du Saint-Père

Vendredi 29 juillet 2022 

QUÉBEC – IQALUIT – ROME

09h00

RENCONTRE PRIVÉE AVEC LES MEMBRES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS à l’Archevêché de Québec

10h45

RENCONTRE AVEC UNE DÉLÉGATION D’AUTOCHTONES PRÉSENTS AU QUÉBEC à l’Archevêché de Québec

Salutation du Saint-Père

12h45

Départ en avion de l’Aéroport International de Québec pour Iqaluit

15h50

Arrivée à l’Aéroport d’Iqaluit 

16h15

RENCONTRE PRIVÉE AVEC QUELQUES ÉLÈVES DES ANCIENNES ÉCOLES RÉSIDENTIELLES à l’école primaire d’Iqaluit

17h00

RENCONTRE AVEC LES JEUNES ET LES PERSONNES ÂGÉES sur la place de l’école primaire d’Iqaluit

Discours du Saint-Père

18h15

CÉRÉMONIE DE DÉPART À l’Aéroport d’Iqaluit

18h45

Départ en avion de l’Aéroport d’Iqaluit pour Rome  

Samedi 30 juillet 2022 

ROME

07h50

Arrivée à l’Aéroport International de Rome/Fiumicino

Les évêques catholiques du Canada accueillent le dévoilement de la programmation de la visite papale au Canada

Voici la déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) annonçant un peu plus de détails sur la prochaine visite du pape François au Canada, qui aura lieu du 24 au 29 juillet 2022 à Edmonton, Québec et Iqaluit.

 

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates
et des villes retenues pour la visite papale au Canada

Le 23 juin 2022 – Les évêques catholiques du Canada accueillent favorablement l’annonce faite aujourd’hui par le Saint-Siège, qui présente plus en détail l’itinéraire de la visite historique du pape François au Canada, du 24 au 29 juillet 2022. Il s’agira de la quatrième visite papale au Canada et de la première depuis le voyage de saint Jean-Paul II en 2002.

Le pèlerinage du Saint-Père sera axé sur la guérison et la réconciliation avec les peuples autochtones, tout en offrant au pasteur des 1,2 milliard de catholiques dans le monde l’occasion de rencontrer les fidèles au Canada. En raison de son âge avancé et de ses limitations, on s’attend à ce que la participation du pape François aux événements publics soit limitée à environ une heure.

Le coordonnateur général de la visite papale au Canada, Mgr Richard Smith, a commenté la publication de la programmation : « Nous savons que le Saint-Père a été profondément touché par sa rencontre avec les peuples autochtones à Rome plus tôt cette année, et qu’il espère poursuivre l’important dialogue qui a eu lieu. Nous prions pour que ce pèlerinage soit une nouvelle étape significative dans le long processus de guérison, de réconciliation et d’espoir. »

La visite, qui a pour thème « Marcher ensemble », comprendra plusieurs événements publics et privés, l’accent étant mis sur la participation des Autochtones tout au long de la visite. Les billets (gratuits) pour participer aux événements publics seront disponibles dans les prochains jours. Un portail pour s’inscrire comme bénévole est déjà accessible sur visitepapale.ca ou papalvisit.ca, pour ceux et celles qui souhaitent partager leur temps et leurs talents dans le cadre de cette visite historique.

L’équipe qui organise la visite papale travaillera en étroite collaboration avec les partenaires autochtones ainsi qu’avec les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux afin de dialoguer et de coordonner les importants défis logistiques associés à une visite de cette envergure. Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Raymond Poisson, a commenté ces efforts : « Tant de gens travaillent avec diligence pour organiser ce programme très rempli pour le Saint-Père et les participants. Nous prions pour la santé du pape François et aussi pour que sa visite pastorale au Canada apporte réconciliation et espoir à tous ceux et celles qui accompagneront notre pasteur dans ce voyage historique. »

Les personnes intéressées à en savoir plus sur la visite papale au Canada peuvent trouver les dernières informations aux adresses suivantes : www.visitepapale.ca (français) et www.papalvisit.ca (anglais).

Voici les grandes lignes du programme annoncé par le Vatican :

24 juillet 2022
Le Saint-Père arrivera à Edmonton, en Alberta, le 24 juillet. Après une brève cérémonie à l’aéroport, le pontife de 85 ans prendra le reste de la journée pour se reposer.

25 juillet 2022
Le 25 juillet, le pape François visitera Maskwacis, où se trouve l’ancien pensionnat Ermineskin, l’un des plus grands sites de pensionnat au Canada. Le Saint-Père se joindra à des anciens pensionnaires autochtones de tout le pays dans le cadre d’une activité qui leur sera consacrée. L’Alberta compte le plus grand nombre d’anciens pensionnats au Canada.

Plus tard dans la journée, le pontife se rendra à l’église Sacred Heart Church of the First Peoples, une église autochtone nationale située au centre-ville d’Edmonton. Après plusieurs années de restauration à la suite d’un incendie dévastateur, la paroisse rouvrira ses portes après avoir utilisé une école voisine ces dernières années pour offrir l’hébergement, des soins spirituels et des programmes de soutien à une communauté autochtone urbaine diversifiée. Il s’agit d’un événement sur invitation seulement.

26 juillet 2022
Le 26 juillet est la fête de sainte Anne, grand-mère de Jésus, un jour de recueillement particulier pour les catholiques autochtones et souvent l’occasion de pèlerinages dans diverses régions du pays. Lors d’un événement ouvert au grand public, le Saint-Père célébrera une messe en plein air au Commonwealth Stadium d’Edmonton. Ce site peut accueillir jusqu’à 65 000 personnes pour ce rassemblement qui intégrera des traditions autochtones.

En début de soirée, le Saint-Père se rendra au lac Sainte-Anne, site d’un pèlerinage annuel qui accueille chaque année des dizaines de milliers de participants autochtones venus de tout le Canada et des États-Unis. Des activités seront proposées tout au long de la journée, jusqu’à la participation du Saint-Père à un temps de prière.

27 juillet 2022
Le Saint-Père quittera Edmonton pour se rendre à Québec. À son arrivée, le Pontife visitera la Citadelle, où il prendra part à des rencontres privées. Le pape François, à la fois chef spirituel et chef d’État, prononcera également une allocution publique. Les 27 et 28 juillet, le grand public pourra se rassembler sur les plaines d’Abraham. Ce site deviendra pour l’occasion un carrefour axé sur la rencontre, qui mettra notamment à l’honneur des manifestations culturelles autochtones. Des écrans géants permettront aussi de regarder en direct les événements auxquels participera le Pape. Le programme détaillé des activités sur les Plaines est en cours d’élaboration avec des partenaires autochtones et locaux.

28 juillet 2022
Le pape François se rendra à Sainte-Anne-de-Beaupré, où il célébrera la messe sur l’un des sites de pèlerinage les plus anciens et les plus populaires d’Amérique du Nord, qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs (y compris des pèlerinages autochtones annuels). Les organisateurs prévoient qu’entre 10 000 et 15 000 personnes pourront assister à la messe et qu’il y aura de l’espace pour les invités à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique.

Plus tard dans la journée, le Saint-Père rencontrera des évêques, des prêtres, des séminaristes, des hommes et femmes consacrés, de même que même que des collaborateurs et collaboratrices laïques à la mission de l’Église, comme il le fait lors de la plupart des visites papales. Le Pape disposera du reste de la soirée pour se reposer tandis qu’un souper axé sur l’amitié et le dialogue en cours réunira des leaders autochtones de l’Est du Canada et des représentants des évêques catholiques du Canada.

29 juillet 2022
Après une rencontre privée avec des membres de sa propre congrégation religieuse (la Compagnie de Jésus), le pape François rencontrera des leaders autochtones de l’Est du pays, avant de quitter pour Iqaluit, où il passera l’après-midi. Celui-ci sera dédié à une rencontre privée avec des survivants et survivantes des pensionnats et à un événement communautaire public organisé par la communauté inuit.

Le Saint-Père quittera Iqaluit pour Rome en début de soirée.

 

À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et a été officiellement reconnue par le Saint-Siège en 1948.

Pour toute demande de la part des médias sur la visite papale au Canada :

communications@visitepapale.ca (en français)

media@papalvisit.ca (en anglais)

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