Les intentions du Pape en mars 2021

Les intentions du Pape en mars 2021: le sacrement de réconciliation

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de mars, nous prions avec le Pape pour le sacrement de réconciliation:

Prions pour vivre le sacrement de la réconciliation avec une profondeur renouvelée, afin de goûter l’infinie miséricorde de Dieu. Et prions pour que Dieu donne à son Église des prêtres miséricordieux et non bourreaux.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de mars:

Lorsque je vais me confesser, c’est pour me guérir, guérir mon âme.

Pour en ressortir avec plus de santé spirituelle. Pour passer de la misère à la miséricorde.

Au cœur de la confession, il y a non pas les péchés que nous disons mais l’amour divin que nous recevons et dont nous avons toujours besoin.

Au cœur de la confession, il y a Jésus qui nous attend, nous écoute et nous pardonne.

Souvenez-vous de ceci : avant même nos erreurs, c’est nous qui sommes présents dans le cœur de Dieu. 

Prions pour vivre le sacrement de la réconciliation avec une profondeur renouvelée, afin de goûter l’infinie miséricorde de Dieu. Et prions pour que Dieu donne à son Église des prêtres miséricordieux et non bourreaux.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

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Un pèlerin au service de la paix, du dialogue et de la réconciliation

( Image: courtoisie Vatican News) Vous trouverez ci-dessous une contribution spéciale de Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à Orient (CNEWA- CANADA) en lien avec la visite historique du Pape François en Irak:

Bien des gens se posent des questions.  Pourquoi le pape François se rend-il en Irak du 5 au 8 mars, en ces temps difficiles de pandémie, d’instabilité politique et de rumeurs de menaces sur sa vie?

Une raison ressort : faire preuve de solidarité envers les chrétiens de ce pays. Il n’en a pas été beaucoup question dans les bulletins d’information du soir, mais les chrétiens d’Irak se sont retrouvés sans protection et maltraités — menaces, enlèvements, tortures, assassinats — au cours des 17 dernières années. Il n’est pas exagéré de dire que la plupart ont été contraints de fuir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1,5 million de chrétiens vivaient en Irak en 2003. Aujourd’hui, il en reste à peine 180 000. La montée de l’EIIS à l’été 2014 leur a porté un dernier coup, obligeant plus de 100 000 d’entre eux à fuir pour sauver leur vie en quittant Mossoul et les plaines de Ninive pour trouver refuge dans le nord du Kurdistan irakien.  Il n’est pas étonnant que le pape s’arrête à ces trois endroits. Les chrétiens locaux ont vécu un véritable cauchemar, et beaucoup d’évêques, de religieuses, de prêtres et de simples fidèles ont été martyrisés — en raison de leur foi.   

Connu pour sa capacité à établir des ponts, le pape François rencontrera un grand nombre de groupes chrétiens dans le pays, notamment des catholiques syriaques et des chrétiens orthodoxes, des catholiques chaldéens et des Assyriens de l’Est, ainsi que des chrétiens arméniens (tant de l’Église catholique que de l’Église apostolique). Une fois encore, le pape sait que leur survie dépend de cette importante unité entre les chrétiens.    

L’unité entre les chrétiens du monde entier est au cœur de la papauté du pape François, comme il l’a clairement indiqué lors de son premier voyage en Israël et en Palestine. Il a non seulement prié avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, mais il a également entamé une relation de travail durable avec lui, après 1000 ans de dissensions.    

Mais le pape sait aussi que cela ne suffit pas. Les chrétiens du Moyen-Orient ont dû apprendre à composer avec une majorité musulmane au cours des 1400 dernières années au moins. S’ils sont encore dans la région aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont pu prendre leur place et développer des liens solides avec les dirigeants musulmans malgré quelques moments sombres de l’histoire. Aujourd’hui, les chrétiens sont confrontés à une de leurs périodes les plus difficiles, comme le révèlent les chiffres : plus de 2,5 millions de personnes ont été forcées de quitter non seulement leur pays, mais aussi tout le Moyen-Orient en seulement 17 ans, beaucoup d’entre elles quittant l’Irak et la Syrie. C’est le pire déclin des chrétiens depuis le génocide arménien de 1915. Le développement de relations solides avec les dirigeants musulmans est donc, à l’évidence, une priorité centrale de toute visite papale. Ainsi, comme le pape l’a fait lors de ses voyages en Palestine, en Égypte, en Turquie et aux Émirats arabes unis, il rencontrera des dirigeants tels que le grand ayatollah Sistani à Najaf, principal chef spirituel des musulmans chiites irakiens.

De nombreux experts estiment cependant qu’il est trop tard pour les chrétiens irakiens. Il est vrai que ces derniers étaient autrefois reconnus pour entretenir d’excellentes relations avec les autres groupes ethniques et religieux de leur pays. Animés par l’esprit d’entreprise, ils ont largement contribué à son développement socio-économique, en créant des emplois ainsi que des services sociaux et des établissements de soins de santé pouvant apporter de l’aide aux plus défavorisés, quelle que soit leur religion.

Qu’ils aient raison ou tort, si nous regardons au sud-ouest de Bagdad, près de la mer Méditerranée, nous pouvons voir quelles contributions même un petit nombre de chrétiens peuvent encore apporter à une société en devenir. Malgré 73 ans de conflits et de guerre entre la Palestine et Israël, et maintenant, une occupation illégale de la Palestine par Israël, le rôle social des chrétiens reste important. Même s’ils ne représentent que 1% (51 000 habitants) de la population des Territoires palestiniens, les chrétiens assurent 45 % de tous les services sociaux locaux. Or eux aussi sont dans une situation difficile, et bien des gens se demandent combien de temps il faudra pour que la plupart quittent leur foyer et la Terre sainte.  

Pour l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA), une agence papale ayant œuvré sans relâche dans la région depuis 1926, ces conflits sans fin détruisent nos chances d’un meilleur avenir. Pour les chrétiens qui restent, la visite du pape constitue un rappel concret du fait qu’ils ne sont pas seuls et un encouragement à poursuivre leur mission, laquelle consiste à offrir une variété de services aux jeunes, aux personnes âgées, aux victimes de violence et à d’autres personnes dans le besoin — indépendamment de leurs croyances religieuses. Nous continuerons à soutenir ces activités.

Par ses actions et ses paroles, le pape François démontre que la religion peut ouvrir la voie à la paix par le dialogue et la réconciliation. Il rappelle également aux observateurs ainsi qu’aux personnes d’influence de la région que la paix — à l’échelle locale, régionale et mondiale — ne pourra vraiment être instaurée que si toutes les personnes d’ethnies, de religions et de nationalités différentes prennent le temps de se rencontrer, surmontent leurs divergences, reconnaissent leurs objectifs communs, leur humanité, et développent des liens d’amitié et de confiance.

Saint Grégoire de Narek: mystique et docteur de l’Église

(Photo: combinaison de deux images de Wikimédia Commons)


Ce 27 février, saint Grégoire de Narek est fêté pour la première fois le dans le calendrier romain. La congrégation pour le Culte Divin a annoncé le 2 février dernier qu’en même temps que deux autres docteurs de l’Église, Hildegarde von Bingen et Jean d’Avila, le saint arménien aura une mémoire facultative au calendrier romain. Cela implique non seulement une modification des calendriers liturgiques, mais aussi une intégration encore plus forte de la figure et des enseignements de saint Grégoire de Narek dans la vie de l’Église universelle. 

L’Église arménienne

Ce saint fait a priori partie de l’église apostolique arménienne. Celle-ci est une église autocéphale, c’est-à-dire dont la théologie et l’ecclésiologie relève d’un nombre limité de conciles oecuméniques et qui est totalement indépendante de l’Église catholique. Elle est par ailleurs distincte de l’Église orthodoxe, en raison du statut plus particulier accordé au patriarche oecuménique de Constantinople et à la reconnaissance des sacrements de l’Église orthodoxe par l’Église catholique romaine. 

L’Église arménienne est souvent appelée pré-chalcédonienne au yeux de l’Église catholique, car c’est suite au Concile de Chalcédoine en 451 que l’Église arménienne tient pour la première fois un concile à part, le Concile de Dvin en 506, où les positions christologiques chalcédoniennes sont rejetées. Contrairement à l’Église catholique qui a défini dogmatiquement la double nature du Christ, à la fois tout à fait homme et tout à fait Dieu, l’Église arménienne a tendu à reconnaître davantage la nature humaine du Christ, quoique leur théologie connaisse des nuances à ce sujet depuis. 

Saint Grégoire de Narek: poète et mystique

Ce saint arménien a vécu entre environ 945 et 1010 dans la province de Vaspourakan en Arménie historique, aujourd’hui située en Turquie. Il est élevé par son père, un évêque et théologien. Il passe toute sa vie au monastère de Narek et devient prêtre, puis vardapet, c’est-à-dire un supérieur de monastère très instruit en théologie, et enfin enseignant. 

Il contribue énormément à la liturgie arménienne par ses poèmes mystiques, rassemblés dans plusieurs recueils dont les Élégies sacrées, connues aussi sous le nom de Livre des Lamentations ou des Prières. Il a écrit beaucoup sur Marie, et a ainsi préfiguré certains dogmes mariaux tels que l’Immaculée Conception, dont la croyance fut seulement affirmée au Concile de Trente, quelque 800 ans plus tard, et le dogme par Pie IX en 1854. 

Considéré comme la figure la plus influente de la source de la Renaissance littéraire arménienne à lui seul, il a écrit de la poésie mystique inspirante à la fois d’être innovante d’un point de vue stylistique. En voici un exemple:

Ce n’est pas selon l’étroitesse de l’esprit humain
que je demande pardon,
mais selon ta plénitude inépuisable,
ô Sauveur Jésus Christ,
que j’implore ta clémence.

Moi qui fus créé par toi,
moi qui fus sauvé par toi,
moi qui fus l’objet de tant de sollicitude,
Ah ! que la blessure du péché,
invention de l’Accusateur,
ne me perde pas pour toujours !
        –   Tiré du poème 18 du Livre des Lamentations

Plusieurs des textes de saint Grégoire de Narek sont intégrés à la liturgie arménienne, ce qui montre l’importance de sa contribution dans l’ensemble des communautés chrétiennes arméniennes.  

Les docteurs de l’Église mis à l’honneur

En avril 2015, le pape François le nomme 36e docteur de l’Église, le second à venir d’une Église orientale. Il est très significatif que le pape François ait nommé saint Grégoire de Narek docteur de l’Église. Ce rôle, attribué à un petit nombre de saints, marque la valeur théologique des enseignements du docteur en question. Parmi les autres docteurs, nous comptons autant de figures notables que saint Thomas d’Aquin, sainte Thérèse d’Avila, saint Augustin et bien d’autres. Leurs écrits et enseignements sont ainsi considérés particulièrement importants pour comprendre la foi et la vie de l’Église. 

Pour ce qui est de la mise au calendrier liturgique de trois nouvelles mémoires facultatives, la congrégation pour le Culte Divin souligne l’importance du lien entre connaissance et liturgie: 

«La sainteté s’allie à la connaissance, qui est l’expérience du mystère de Jésus-Christ, inextricablement liée au mystère de l’Église. Ce lien entre la sainteté et la compréhension des choses à la fois divines et humaines brille d’une manière toute particulière chez ceux qui ont été honorés du titre de « Docteur de l’Église« .»

Nous pouvons nous réjouir que les figures dont la raison a été particulièrement éclairée par leur foi en Dieu fassent davantage irruption dans notre vie de prière quotidienne. Saint Grégoire de Narek  montre en particulier un côté unique de l’Église. Ayant plongé son âme dans la poésie, il manifeste l’étendue de la beauté que Dieu, lui-même maître de la Parole, rend accessible à l’humanité. La présence de ce saint parmi nous montre bien comment le Seigneur choisit de partager avec nous ses dons, et nous invite à participer à la riche aventure de la sainteté.

 

Le Carême à l’ère numérique

(Photo: courtoisie de Pixabay)

Cette année, dans son homélie du Mercredi des cendres le Pape a prononcé une parole très évocatrice: Le voyage du Carême est un exode, un exode de l’esclavage à la liberté. Quelle formes d’esclavage pouvons-nous vivre aujourd’hui, alors que les droits et libertés de chacun sont reconnus et la communication est sans limites? La réponse se trouve à même certaines servitudes cachées, certaines tendances subtiles de notre époque qui nous affectent tous à certains degrés. Si l’ère du numérique nous a apporté un grand progrès, elle a aussi eu des conséquences sur notre contact avec Dieu et sa création. 

Les tentations numériques

Si nous pouvions mettre tout notre temps à nous rapprocher de Dieu, en évitant toute forme de distraction, nous pourrions goûter plus profondément à l’expérience de son Amour inconditionnel. Déjà, en étant marqués par le péché, nous avons toutes sortes de tentations qui nous éloignent naturellement de cette relation privilégiée. Nous tombons dans de nombreux excès d’orgueil, de gourmandise, d’avarice, etc. 

Il existe cependant des sources de distraction qui sont propres à notre époque, qui stimulent notre sens de la récompense instantanée: les téléphones intelligents, les jeux électroniques et les médias sociaux. Ayant émergé comme des outils permettant de faciliter la communication et le loisir, ces technologies se sont vite avérées être des sources de distraction sans fond qui absorbent chaque once d’attention que nous possédons. 

De plus, les médias sociaux affectent particulièrement l’image personnelle de nombreux adolescents et adolescentes. Au moment de la transformation physique la plus importante de leur vie, ceux-ci trouvent des millions de personnes auxquelles se comparer et qui sont susceptibles de juger leur apparence. Les réseaux sociaux offrent l’illusion d’une valeur quantifiée de son image corporelle et personnelle. Le nombre de ‘j’aime’ et le nombre d’abonnés ne sont en fait qu’un autre appel à s’enorgueillir. 

En d’autres termes, l’ère numérique semble être une ère du jugement et du divertissement. Où est la place pour la conversion, pour le retour vers le Christ?

Jeûne à la manière numérique

Le jeûne du Carême est bien connu. Depuis les débuts de l’Église, un ensemble de pratiques de jeûne sont maintenues par les fidèles. Aujourd’hui, elles se sont considérablement adoucies, le vrai jeûne n’étant demandé par l’Église qu’au Mercredi des cendres et au Vendredi Saint, et ce, en excluant les enfants, adolescents, les personnes âgées ainsi que les femmes enceintes. Pendant le Carême, une sorte de jeûne mineur est encouragé, en plus de l’aumône et de la prière. C’est pourquoi certains arrêtent de consommer du chocolat ou de l’alcool. 

Fondamentalement, le jeûne se rapporte à l’alimentation, mais par analogie, nous pouvons entamer toutes sortes de jeûnes. Le principe est celui de la conversion. Nous cherchons, en temps de Carême, à nous tourner vers Dieu, à améliorer notre relation avec lui. Nous pouvons difficilement faire cela si nous nous laissons toujours distraire par les réseaux sociaux, la télévision, et les jeux électroniques. 

Un jeûne numérique est peut-être le jeûne le plus profitable pour nombreux d’entre nous. Évidemment, la pandémie ne permet pas un jeûne numérique total, mais on peut tout de même tenter de diminuer notre temps d’écran pour se rapprocher de Dieu et lui offrir des  temps de silence.

Retour vers Dieu

L’origine latine de divertissement est diverto, se détourner de, qui exprime l’opposé de converto, se tourner vers, la racine du mot conversion. Ces deux mouvements très simples nous permettent de comprendre l’enseignement du Pape selon lequel le Carême est un voyage de retour vers Dieu, en même temps d’être un exode de l’esclavage à la liberté. 

Nous pouvons même voir que le passage de l’esclavage vers la liberté est un voyage vers Dieu, car Dieu est le seul à pouvoir nous rendre véritablement libre. En se rapprochant de lui, notre compréhension de la liberté s’aiguise et nous en donne une définition plus complète et précise. Non plus comme la « liberté » de faire n’importe quoi, mais plutôt notre capacité à rechercher et faire le bien.

Quel est alors notre esclavage? L’esclavage est celui du péché certes, mais ce dernier prend des formes diverses pour chacun. De mon côté, la vie numérique, les réseaux sociaux plus généralement, m’éloignent souvent de Dieu. C’est pourquoi c’est un jeûne numérique que j’entame. Quoique le Christ ou les Pères de l’Église n’aient pas présagé l’arrivée de notre monde virtuel, ils nous avaient déjà donné les principes pour en détecter le vice inhérent.

Rester en contact

Il existe une autre forme de communication qui, elle, est grandement utile à notre foi: la prière. Elle implique des choses que l’on a tendance à fuir: le silence et l’arrêt. Occuper chaque seconde avec un bruit ou une image est dangereux, car on passe ainsi à côté de chaque opportunité d’écouter l’Esprit Saint et de rendre grâce à Dieu. Le Carême est ainsi une chance inouïe d’affronter le silence, laisser de côté les tablettes et offrir notre temps “d’ennui” à Dieu pour que, transfigurés avec Lui, nous vivions chaque instant dans toute sa beauté et sa force.

Voyage du Pape en Irak: le courage du dialogue et de la paix

Du 5 au 8 mars prochain, le pape François se rendra en Irak pour un voyage apostolique. Qualifiée par plusieurs d’événement historique, cette présence du pape dans les circonstances actuelles de pandémie et d’instabilité politique ne devrait cependant pas nous surprendre. Depuis le début de son pontificat, le Saint-Père n’a jamais cessé de nous donner des exemples de fidélité au souffle audacieux de l’Esprit. Ainsi, que ce soit par le témoignage de sa proximité avec les catholiques de la région, par ce geste concret au service de l’urgence humanitaire à laquelle font face les catholiques irakiens ou par son dévouement au profit de la construction d’une culture du dialogue, cette première visite du Souverain pontife en 2021 aura un caractère hautement prophétique.

L’urgence de la proximité

La situation en Irak n’est certainement pas enviable. Depuis plusieurs décennies, de nombreux conflits ont meurtri ce pays considéré comme le berceau de l’humanité. Récemment, le conflit en Syrie et la naissance du groupe armé ISIS ont multiplié les souffrances, particulièrement chez les chrétiens. Dans ce contexte, les catholiques furent l’une des cibles privilégiées d’organisations terroristes et, par d’insoutenables persécutions, ont forcé une grande partie de la population à s’exiler.

Ce départ en masse des chrétiens d’Orient a évidemment occasionné lui aussi des drames et des blessures profondes. Les pasteurs sont les premiers à pouvoir témoigner de cette tragédie. Alors qu’ils ne peuvent s’empêcher de comprendre le choix douloureux de nombreux fidèles de partir, faute de pouvoir garantir la sécurité de leur famille, ceux qui restent en sont néanmoins affaiblis sinon encore plus marginalisés.

Tout cela sans compter le fait que la présence chrétienne dans l’ensemble du Moyen-Orient est originelle et précède de plusieurs siècles l’arrivée de la religion musulmane. Encourager le maintien d’une présence catholique forte en Irak sans jugement pour ceux qui sont partis n’est pas une mince affaire. Elle est néanmoins essentielle à la stabilité culturelle et politique de ce pays. Connaissant l’implication du pape François en faveur des migrants en Europe, cette tâche d’encourager les chrétiens à rester sur leur terre sera un exercice difficile. À la hauteur des aptitudes pastorales de l’évêque de Rome !

Une diplomatie de la paix

Bien que principalement « pastorale », c’est-à-dire destiné aux catholiques, à leur témoigner de sa proximité par une présence réconfortante et priante, le voyage du Pape en Irak a également pour but de s’assurer du respect de leurs droits humains fondamentaux. En ce sens, plusieurs rencontres sont organisées avec les dignitaires et responsables politiques de la République irakienne. Ce sera notamment le cas du Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi qui aura l’occasion de recevoir officiellement le pape François le vendredi 5 mars.

Lors de ces rencontres, outre les échanges protocolaires et les gestes diplomatiques, on peut s’attendre, tant en coulisse que dans les discours officiels, à ce que le Pape fasse sentir l’urgence de la paix. Pour ce dernier, l’établissement d’un véritable climat de paix est impossible sans l’apport d’une vision éclairée de la citoyenneté qui« se base sur l’égalité des droits et des devoirs à l’ombre de laquelle tous jouissent de la justice ». Par-delà les différences religieuses, l’ensemble des citoyens de la République d’Irak doivent, ensemble, se mettre au travail pour rebâtir leur pays. La présence du Pape pourrait être un événement pivot en ce sens.

L’impératif du dialogue

En se rendant sur place, le Pape fait de lui-même un exemple de cette culture de la rencontre qui, par « le dialogue, la compréhension, la diffusion de la culture de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la coexistence entre les êtres humains contribueraient notablement à réduire de nombreux problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui assaillent une grande partie du genre humain »[4]. Comme ce fut le cas lors de son voyage à Abu Dhabi, ce voyage en Irak sera l’occasion pour lui de poursuivre le dialogue avec des chefs de plusieurs dénominations musulmanes.

À première vue, cette ouverture à la rencontre inter-religieuse n’a rien de nouveau. Les fruits du Concile Vatican II nous ont habituer à cette fraternité des Papes envers les leaders d’autres religions. Toutefois, elle revêt, cette fois-ci, un caractère particulier puisque nombre de violences subies par les chrétiens furent commises au nom d’une vision erronée de l’Islam. En effet, comme le dit la « Déclaration sur la Fraternité humaine » signée par d’éminents représentants musulmans : « De même nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ».

Nul peuple sur terre ne peut prétendre à une plus grande identification au Christ crucifié que les chrétiens d’Irak. En ce sens, qui peut juger de la rancœur de celui qui a subi les pires atrocités. Le Pape devra donc chercher à concilier cette soif de justice des chrétiens d’Irak avec l’exhortation au pardon du Fils de Dieu. Cet équilibre qui, à vue humaine, semble presque impossible à obtenir, peut néanmoins être assuré du soutien de la Providence. Le pape François manifeste donc au monde son profond enracinement dans la Parole de Dieu selon laquelle « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). Cette dimension du voyage sera certainement à surveiller.

À la rencontre des rêves de Dieu

On le comprend d’emblée, la présence du Pape en Irak ne sera certainement pas de tout repos. Dans une courte période de temps, il sera presque constamment en mouvement passant de rencontre en rencontre. N’y avait-il pas un meilleur moment pour se rendre sur place, un moment plus sécuritaire, plus « raisonnable »? Si on regarde de l’extérieur et selon les critères du monde, il semblerait que oui. Mais, comme le dit l’épitre de Jacques « la miséricorde triomphe du jugement » (Jc, 2, 13). Le Pape a donc considéré que la priorité revenait à ceux qui souffraient davantage, quoi qu’il en coûte.

Durant ces quelques jours, le monde entier sera témoin d’un pasteur prêt à tout pour ses brebis. Que ce soit par le témoignage de son affection pour ces catholiques identifiés à la Croix, par un travail diplomatique au service de l’urgence humanitaire ou par un désir de rapprochement avec nos frères musulmans, ce voyage du pape en Irak laissera la marque d’un homme entièrement dévoué à la cause de la paix. Prions pour que ce pèlerinage porte les fruits qui résident dans le cœur de Dieu et, que, par la collaboration de tous les Irakiens, ses rêves de «paix et de réconciliation »deviennent réalité.

La santé est un tout: réflexion sur la 29e Journée mondiale des malades

(Image par truthseeker08 de Pixabay)  Aujourd’hui 11 février, l’Église célèbre la fête de Notre-Dame de Lourdes ainsi que la 29eJournée mondiale du malade. Il est évident que les circonstances de pandémie ont donné une signification particulière au thème de cette année : Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). Comment donc mettre « La relation de confiance à la base du soin des malades »au centre des soins de santé ? Voilà une question à laquelle la prière peut apporter sagesse et discernement.

Une relation d’accueil

Dans son message pour l’édition 2021 de cette Journée, le pape François soulignait que « Pour qu’une thérapie soit bonne, l’aspect relationnel est décisif car il permet d’avoir une approche holistique de la personne malade » (no 4). Qu’est-ce que ce lien spécial qui unit un malade à son soignant ? Les circonstances nous en disent beaucoup sur celle-ci. D’abord, puisque personne ne désire être malade, personne ne désire a priori aller chez le médecin. Cela peut donc être difficile mais le soignant doit toujours pallier au malaise du patient par un excès d’accueil et de bonté proportionnel à la souffrance du malade. Faire la connaissance d’une personne lorsqu’on est en souffrance peut grandement affecter l’humeur de la rencontre !  Certes cela peut paraître ingrat, mais une fois la guérison obtenue, le patient trouvera certainement l’énergie pour remercier. Cette remarque préliminaire nous aide à comprendre que la relation soignant/soigné doit s’insérer dans une vision globale de la médecine qui, par un certain réalisme, témoigne tant des possibilités que des limites de la profession médicale.

La santé dans l’humilité

Accueillir l’autre par dévouement et avec patience n’est pas tout. Il faut aussi de la part du soignant une certaine dose d’humilité. Parfois affectés par le « complexe de Dieu » certains médecins ont une estime trop grande de leur propre capacité et, par le fait même, exacerbe les attentes des patients. Cette dynamique n’est pas saine, ni pour le soignant, ni pour le malade. Dans ce cas de figure, le soignant, loin de travailler pour le bien du malade, cherche, par l’entremise de celui-ci, à atteindre ses objectifs personnels de performance. On risque alors l’acharnement thérapeutique. Devant une telle logique, la confiance du malade peut être affectée, entraînant ainsi des conséquences néfastes dans sa volonté de suivre le traitement prescrit. Pour pallier à cette logique qui mine l’institution même de la médecine, le Pape invite à

« Établir un pacte entre ceux qui ont besoin de soin et ceux qui les soignent ; un pacte fondé sur la confiance et le respect réciproques, sur la sincérité, sur la disponibilité, afin de surmonter toute barrière défensive, de mettre au centre la dignité du malade, de protéger la professionnalité des agents de santé et d’entretenir un bon rapport avec les familles des patients. » (No 4).

Pour ce faire, l’univers médical doit retrouver une vision de la santé en accord avec une vision globale de la personne humaine.

La santé est un tout

Dans nos sociétés, nous associons trop souvent la notion de « santé » à sa dimension purement biologique. Or, bien qu’essentielle au déploiement de beaucoup de potentialité humaine, la santé biologique ou sa privation dans la maladie n’est pas seule garante d’une vie accomplie. Bien qu’il soit parfois difficile de le concevoir, la réalisation de nos plus profondes aspirations ne dépend pas de notre santé physique. Combien de saints (je pense à saint Ignace ou sainte Thérèse de Lisieux) ont découvert leur vocation au cours d’une maladie qui les avait cloués au lit ? Les maux que sont la souffrance et la mort ne doivent pas nous empêcher de voir que notre destinée ultime se trouve au-delà du biologique. Bien sûr les maladies et virus sont des maux à combattre. Ce combat ne doit toutefois pas se faire au détriment de ce qui donne sens à l’existence humaine. Tout à la santé physique nous fait oublier que la santé est un tout.

Marie, Santé des malades

Alors que cette année 2021 s’ouvre dans l’espoir de vaincre la pandémie qui nous affecte tous, le recours à Marie, Santé des malades, peut nous être grandement profitable. Tant dans l’accueil des malades que dans l’expérience fructueuse de la maladie, du développement et de la pratique d’une médecine véritablement humaine que dans la diffusion d’une vision globale de la santé personnelle et collective, Marie nous apprend à « méditer » (Lc 2, 19) dans nos cœurs le cours des événements afin d’y trouver les principes de notre action. Par l’intercession de Marie nous retrouverons cette « confiance » à l’intérieur de laquelle nous pourrons « fleurir comme enfants de l’unique Père, appelés à vivre une fraternité universelle » (No 1)

Vous trouverez ci-dessous la Messe de Notre-Dame de Lourdes, présidée par Mgr Christian Lépine, en provenance de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal:

Les intentions du Pape pour les femmes victimes de violence

(Photo: courtoisie de Pixabay)

La tradition de transmettre au monde entier les intentions du pape existe depuis plus de 150 ans, mais depuis deux ans, une nouvelle initiative a été mise en place pour les promouvoir et les faire circuler: le Réseau Mondial de Prière du Pape. Par l’entremise d’une immersion dans le monde de l’internet et du vidéo, le Pape peut maintenant partager ses intentions sur des sujets qui nous concernent de près. Durant le mois de février, les intentions sont centrées sur les femmes victimes de violence. Le pape nous invite à prier ainsi: 

Prions pour les  femmes victimes de violence, afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées. 

L’objectif de ces intentions est de nous faire reconnaître la présence et le soutien de Dieu en toutes circonstances ainsi que la force de la prière pour renforcer notre foi, notre capacité à faire le bien ainsi que notre unité en tant qu’Église du Christ.

Les femmes victimes de violence: qui sont-elles?

Le plus souvent, les femmes victimes de violence le sont aux mains des membres de leurs familles. L’ONU rapporte qu’environ 137 femmes par jour sont tuées par un membre de leur famille dans le monde. En 2017, 87 000 femmes ont été tuées intentionnellement, dont plus de la moitié par un conjoint ou un membre de leur famille. Ces femmes qui subissent de la violence sont donc prises au piège dans leur propre cercle intime. Ce ne sont pas des actes de violence au hasard ou liés au crime organisé ; ces mêmes gens censés vivre l’amour et la confiance avec ces femmes les trahissent et leur enlèvent la vie. 

Au Québec, on rapporte que 78% des cas de violence conjugale sont subis par des femmes. La violence que peuvent subir les hommes est généralement d’une nature tout à fait différente. Les femmes souffrent le plus en termes non seulement de violence conjugale, mais aussi de violence sexuelle, les deux formes de violence qui affectent l’intimité, la confiance, le sens de soi et de sa propre sécurité le plus profondément. 

L’ONU rapporte que 35% des femmes dans le monde ont déjà subi de la violence sexuelle. Au Canada, la proportion de femmes victimes de violence en général n’est qu’un peu plus élevée que celle d’hommes victimes de violence. Toutefois, quand on observe le taux de violence sexuelle, 29% de ce type de violence est subie par les femmes, contre 6% pour les hommes. Il faut ajouter que ces chiffres ne représentent que les cas déclarés c’est-à-dire, les femmes qui ont affronté le système de justice. Bien des femmes restent dans l’ombre par peur de représailles, de jugement ou tout simplement de voir leur cause abandonnée par faute de preuves matérielles. 

Justice et prière: des alliées insoupçonnées

Les systèmes de justice sont certes imparfaits. Il faut une force surnaturelle, qui touche le cœur des gens au plus profond d’eux-mêmes pour espérer changer les choses. Voilà où Dieu s’invite. La prière n’est pas un système alternatif dépourvu de tout impact sur nos sociétés. La prière est un outil puissant, car il nous permet d’actualiser le lien entre ciel et terre, entre Dieu et nous. Chaque fois que nous prions, nous nous tournons vers Dieu, nous lui faisons confiance pour soutenir l’œuvre du bien en ce monde. 

Le fait que le pape présente ces intentions à l’Église universelle n’est pas anodin non plus. Elles nous demandent de reconnaître que nous sommes pécheurs. Il y en parmi nous qui ont été victimes de violence, et d’autres qui ont été violents envers leur épouse. Le Pape nous invite ainsi à nous regarder nous-mêmes, à prier pour notre Église, pour tous ceux qui ont lancé des pierres à Marie Madeleine sans se demander si eux-mêmes n’avaient pas quelque chose à se reprocher d’abord. 

Le Christ a défendu une femme mal vue par la société et l’a sauvée in extremis de la violence qui allait s’abattre sur elle. Même si elle avait effectivement péché, il a préféré la pardonner et l’aimer, n’est-ce pas magnifique? Il savait qu’aucune femme, si pécheresse soit-elle, mérite ainsi la souffrance et le mal. Il nous enseigne aussi que le jugement n’est pas de notre ressort, mais du Sien. Nous sommes l’Église du Christ, et nous devons, comme lui, faire attention aux filles et femmes qui nous entourent, et, surtout, prendre soin de transmettre ce respect à nos fils.

Être dans le monde avec Dieu

Il est facile d’oublier que chaque relation, chaque interaction de nos vies est empreinte de la présence de Dieu. Bien sûr, nous sommes appelés à chercher le salut et à espérer entrer dans le Royaume des Cieux, mais nous sommes aussi dans le monde. Le mal existe, et personne en cette vie n’est épargné par sa présence, qui prend des formes parfois terribles. Prier Dieu pour le bien de toute l’humanité, mais tout particulièrement pour toutes celles qui souffrent de la main de ceux-là même qui devraient les chérir, voilà ce à quoi nous invite le pape François en ce mois de février. Ainsi, comme Dieu est avec nous dans cette prière, il sera aussi avec elles et avec ceux qui ont le pouvoir de changer les choses. 

Vous pouvez visionner le vidéo des intentions de prières du pape François du mois de février réalisé par le Réseau Mondial de Prière du Pape (Apostolat de la prière)
https://thepopevideo.org/?lang=fr

Une journée pour une nouvelle fraternité humaine

(Image: Courtoisie VaticanNews) Aujourd’hui, jeudi 4 février 2021, se tient la première « Journée internationale de la fraternité humaine ». Pleinement impliqué dans cette initiative internationale votée « à l’unanimité par l’Assemblée des Nations Unies le 21 décembre 2020 », le Saint-Siège a mis de l’avant une participation centrée sur le rôle des grandes religions dans la construction d’une véritable culture de la paix. Deux événements récents manifestent cet engagement du Saint-Siège au service de la fraternité humaine. En lien avec la signature du document sur la « Fraternité humaine » co-signé avec Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb et sa plus récente encyclique « Fratelli Tutti », le pape François souhaite que l’implication de l’Église soit comprise comme une manifestation de ce « courage de l’altérité », courage permettant de comprendre que «celui qui est différent de moi, culturellement et religieusement, ne doit pas être vu et traité comme un ennemi, mais accueilli comme un compagnon de route, avec la ferme conviction que le bien de chacun réside dans le bien de tous ». Dans ce contexte, les religions ont non seulement une grande responsabilité mais aussi une capacité unique pour rendre notre monde plus fraternel.

La paix, entre architecture et artisanat

Alors que notre monde vit une crise sanitaire, pour plusieurs, sans précédent, il est central de penser à l’état des lieux de notre monde pour tenter de modifier les mauvaises routes qui nous désorientaient jusqu’à présent. Guidée par des principes dirigés vers le développement global de la personne, la reprise pourrait être l’occasion de développer des relations humaines et politiques véritablement au service du bien commun. Comment donc être un acteur de cette culture de la paix dans notre vie quotidienne ? Pour le pape François :

Les processus efficaces d’une paix durable sont avant tout des transformations artisanales réalisées par les peuples, où chaque être humain peut être un ferment efficace par son mode de vie quotidien. Les grandes transformations ne sont pas produites dans des bureaux ou dans des cabinets. (No 231)

Bien que les grandes organisations internationales aient un rôle irremplaçable en facilitant l’amitié entre les États et les différentes institutions de la société civile, nous sommes tous appelés à prendre notre part de responsabilité. La fraternité n’est donc pas seulement une « architecture » mise de l’avant par des professionnels, elle est également un « artisanat » auquel toute personne peut participer. Cela est tout particulièrement vrai pour les croyants. Par la prière, la connaissance approfondie de sa propre foi (ce que le Pape nomme « le devoir d’identité »)ainsi que le dialogue, les hommes et les femmes de toutes les religions sont appelés à faire rayonner l’apport des grandes traditions religieuses en faveur de la fraternité universelle.

L’amitié dans la liberté

Cette pandémie a bien évidemment eu comme première conséquence, outre la maladie de ceux qui ont eu le malheur d’être infectés, la diminution sinon une perte considérable de notre liberté de mouvement. Cette expérience, vécue presque universellement, peut nous rendre sensibles à ce que signifie pour beaucoup de croyants du monde les restrictions en matière de liberté religieuse. Comment, en effet, faire la promotion d’une fraternité universelle sans permettre à nos frères et sœurs en humanité de prier et de vivre leur foi librement ? Comme le dit le Pape :

« Nous, chrétiens, nous demandons la liberté dans les pays où nous sommes minoritaires, comme nous la favorisons pour ceux qui ne sont pas chrétiens là où ils sont en minorité (No 279).

Si l’amitié ne se trouve que dans la liberté, et que celle-ci n’est véritablement possible que dans un cadre politique et légal respectant la liberté religieuse, nous devons, chacun à son niveau, mettre en pratique ce principe fondamental. L’invitation du Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb adressée au pape François à participer à une réunion en visioconférence en présence du Cheikh Mohammed Ben Zayed d’Abou Dhabi peut être comprise en ce sens. En soulignant l’engagement commun au service de cette fraternité humaine, cette invitation est en soit un exemple de cette esprit de liberté et, donc, de fraternité. Elle manifeste que l’amitié est possible non pas, en faisant fi des différences mais, bien au contraire, en les assumant pleinement.

Un prix pour l’engagement en faveur de la fraternité

Créé en 2019 dans la foulée de ce nouveau canal du dialogue islamo-chrétien ouvert sous le pontificat du pape François, le « Prix Zayed de la Fraternité humaine »sera remis aujourd’hui 4 février par visioconférence. Grâce à Vatican news[12], KTO TV et Sel + Lumière Média, vous serez en mesure d’écouter cette cérémonie exceptionnelle. Les lauréats de cette année sont Latifah Ibn Ziaten, fondatrice de l’Association Imad pour la jeunesse et la paix et António Guterres, 9e Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Laissons-nous inspirer par ces modèles d’un engagement au service de la fraternité universelle. Un rendez-vous à ne pas manquer !

(Vidéo: Courtoisie PC Interreligious Dialogue Journée Internationale de la Fraternité Humaine)

Église en sortie 1er février 2021

Cette semaine à Église en Sortie, on parle du livre « Faire nôtre l’exhortation Amoris Laetitia avec le théologien et auteur Gilles Routhier. On vous présente un reportage sur l’église Saint-Thomas d’Aquin à Saint-Lambert. Et on s’entretient de l’année de la Famille décrétée par le pape François avec Isabelle Gagnon.

Renouveler la famille pour changer le monde

(Image: courtoisie PixAbay) Quelques semaines avant Noël, le pape publiait un livre d’entretien avec le journaliste Austen Ivereigh intitulé « Un temps pour changer » dans lequel il nous invite à saisir l’opportunité que pourrait constituer cette pandémie mondiale. Comment donc opérer ce changement des dynamiques toxiques qui affectent trop souvent nos sociétés ? Et pour cela, comment distinguer « le bon grain de l’ivraie » (Mt, 13, 24) ? Une chose est certaine, si la société a besoin d’être réformée, cela ne pourra se faire qu’avec l’apport de sa cellule fondamentale : la famille. Comme le dit le Concile Vatican II : « Le Créateur a fait de la communauté conjugale l’origine et le fondement de la société humaine » (AA, no 11). Renouveler la société passe donc par une redécouverte du don de la famille. Rien d’étonnant à ce que le même Souverain Pontife ait décrété une année spéciale dédiée à celle-ci.

Des familles au service de la société

Il est clair que le renouvellement de nos cellules familiales ne pourra s’opérer que par la prière et la méditation des Mystères divins. Sans l’action transformatrice de la Grâce de Dieu offerte à tous gratuitement, aucune transformation en profondeur ne sera possible. Or, une des conditions essentielles à ce changement intérieur des familles est le temps. Comme le dit le pape François dans l’exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia :

L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation. Parfois le problème, c’est le rythme frénétique de la société, ou les horaires qu’imposent les engagements du travail. D’autres fois le problème est que le temps passé ensemble n’est pas de qualité. (no 224)

Le confinement actuel n’est-il pas le moment opportun nous permettant de nous retrouver et contempler ce qui, en nous, s’opère à chaque instant. Cette frénésie, tel un anesthésiant, ne nous avait-elle pas habitués à orienter nos vies sur ce qui est accessoire sinon futile ? Ainsi, parce qu’elle nous a donné l’opportunité de nous retrouver simplement en famille, la pandémie pourrait être cet élément déclencheur qui « met en évidence l’importance de l’amour comme principe de vie dans la société (cf. n. 44), lieu où s’apprend l’expérience du bien commun » (Caritas in Veritate, no 44).

Une société au service des familles

Il est clair que le constat du pape François n’est pas reluisant. Comme il le dit dans l’encyclique « Fratelli tutti » : « De nombreuses formes d’injustice persistent aujourd’hui dans le monde, alimentées par des visions anthropologiques réductrices et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, à exclure et même à tuer l’homme » (no 22). Ce manque de scrupules de certains à abuser de leur position pour dominer l’autre est, nous dit le Pape, une conséquence d’une dilution du sentiment de fraternité universel. Or, comment comprendre et vivre selon cette vérité que cet « autre » est un frère ou une sœur sans en avoir d’abord fait l’expérience en famille ? Nous sommes en plein cercle vicieux. Moins il y aura de familles où se vivent l’amour, la patience, le don et la gratuité, moins nos sociétés pourront être qualifiées de ces adjectifs. Comment s’en sortir ?

Puisqu’il est primordial de retrouver collectivement le sens de la famille, nous devons également surmonter « l’affaiblissement de la foi et de la pratique religieuse [qui] dans certaines sociétés affecte les familles et les laisse davantage seules avec leurs difficultés ». (No 43). En d’autres termes, une des premières mesures en faveur de la promotion de la famille et, donc, d’une société solidaire serait de reconnaître la place qui revient de droit à la religion. Comprenant que le religieux est d’abord et avant tout, une donnée constituante de la nature humaine, la société aurait tout avantage à renouer avec cette dimension religieuse de notre être. Mettre fin au climat de suspicion à l’égard des personnes de foi par une attitude franche et ouverte serait déjà un pas dans la bonne direction et un bon moyen de favoriser la vie familiale authentique à moyen et long terme.

Pour une fructueuse réciprocité

La pandémie de COVID a manifesté l’ensemble de nos fragilités. Ce qui était faible et vulnérable a été fragilisé sinon emporté tandis que ce qui était fort et bien portant a pu supporter sinon profiter de la crise. Même avec les meilleurs systèmes de protection sociale, il est désormais évident qu’il est impossible de prendre soin de toutes les personnes vulnérables. Avec l’appui professionnel des services d’État, seule la famille peut remplir cette tâche immense. Redécouvrir la réciprocité qui doit exister entre la société et la famille et établir des mécanismes imprégnés de cette mutuelle dépendance pourrait être un premier pas vers un avenir meilleur.

Pour approfondir le sujet et aller plus loin, ne manquez pas sur nos ondes lundi 1erfévrier à 20 h 30 l’émission Église en Sortie dédiée à cette question de la famille dans l’Église et la société.

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