Nouvel évêque auxiliaire à Québec

Capture d’écran sur ECDQ.TV de la présentation de Mgr Martin Laliberté, ici avec le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec.

Mgr Martin Laliberté a été nommé évêque auxiliaire de Québec par le pape François ce lundi 25 novembre. Le prélat de 55 ans était jusqu’à ce jour supérieur général de la société des Missions Étrangères du Québec. Il a notamment servi comme missionnaire au Brésil dans la région amazonienne.

Après l’annonce de sa nomination, Mgr Laliberté a été présenté ce lundi à l’archidiocèse de Québec, d’où il est originaire. Lors de cette présentation, retransmise sur ECDQ.TV, le missionnaire dit avoir accepté cette nouvelle mission avec joie. « Même si ça m’a laissé un peu nerveux, ça m’a fait chaud au cœur, parce que Québec c’est chez moi », a réagi le nouvel évêque. Il a expliqué vouloir travailler avec tous les baptisés dans cette Église de Québec, pour voir comment ensemble ils peuvent « être témoins du Christ, dans ce monde qui a tant besoin de la Bonne Nouvelle, d’une parole d’espérance ».

Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, se réjouit de cette nomination, lui qui avait demandé au Saint-Père un second assistant pour l’aider dans sa mission. Il remercie donc son nouveau collaborateur d’avoir dit « oui », soulignant qu’être évêque « est un grand défi, mais aussi une belle responsabilité ». Mgr Laliberté assistera ainsi l’archevêque de Québec aux cotés de Mgr Marc Pelchat, evêque auxiliaire.

L’évêque fraichement nommé est conscient des défis. Il accepte sa nouvelle mission « avec le cœur plein d’espérance et de confiance dans le Seigneur ».

Palmarès des 5 meilleurs livres québécois en 2019

Chaque année au mois de novembre a lieu le Salon du livre de Montréal. Pour l’occasion, des milliers de personnes se rendent à ce rendez-vous incontournable de la production littéraire au Québec. Cette grande foire du livre est donc le moment, tant pour les éditeurs que pour les lecteurs, de faire connaissance et découvrir les plus récentes nouveautés. C’est également une opportunité pour réfléchir sur la condition de la production littéraire francophone au Québec et dans le monde ainsi que de faire le point sur les différentes publications de la dernière année. Étant moi-même un passionné de lecture et ayant l’immense plaisir de rencontrer de nombreux auteurs chaque année dans le cadre de mon émission hebdomadaire Église en sortie, je vous propose mon palmarès 2019 des livres qui m’ont personnellement le plus marqué.

La Dévotion moderne de Pierre Hurtubise o.m.i. 

Sorti récemment, le livre de Pierre Hurtubise o.m.i., intitulé La dévotion moderne, nous présente un portrait historique et théologique du mouvement spirituel du 14siècle appelé « Dévotion moderne ». Relatant le contexte de crise dans lequel ce mouvement est apparu, l’auteur nous fait rencontrer des personnages très intéressants qui cherchaient à mettre Dieu au centre de leur vie dans un contexte où régnait l’hégémonie de la spiritualité des ordres religieux. Cherchant à mettre de l’avant la particularité de chaque personne, la Dévotion moderne semble plus que jamais correspondre aux caractéristiques de notre culture contemporaine. Pierre Hurtubise nous dresse ici un portrait tout en nuances de cette école de spiritualité, provenant de l’Europe du nord et dont l’influence s’est projetée notamment sur la vie et l’œuvre de saint Ignace de Loyola. À lire.

De l’éducation libérale… sous la direction de Louis-André Richard

Le collectif publié sous le titre « De l’éducation libérale : Essai sur la transmission de la culture générale » est une de mes belles trouvailles cette année. Écrit sous la direction du philosophe Louis-André Richard, ce livre pose l’urgente question de la transmission de la culture générale. Composé de texte inédits de figures incontournables des débats portant sur le thème de l’éducation des dernières années, comme Thomas De Koninck, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté, ce livre nous propose de nombreuses réflexions sur la nécessité d’une éducation centrée sur le développement de l’ensemble des dimension de la personne humaine et son épanouissement global. La lecture de cet ouvrage nous invite à réfléchir sur la condition humaine, le rôle de la civilisation, l’université, l’autonomie en pédagogie, etc.  S’inscrivant dans la prise de conscience du philosophe américain Allan Bloom qui, dans son livre « L’âme désarmée » se désolait de l’absence de goût pour la recherche de la vérité chez les jeunes, ce livre saura redonner de l’espoir à tous les éducateurs qui refusent de laisser la culture sombrer dans l’ingratitude et la suffisance.

J’étais incapable d’aimer de Brigitte Bédard

Le grand succès du livre-témoignage J’étais incapable d’aimer de Brigitte Bédard et, même, son rayonnement international devrait suffire à nous convaincre de la pertinence de cet ouvrage. Nous sommes invités à suivre le parcours tumultueux d’une femme dont le dynamisme n’a d’égal que son franc-parler. Faisant une relecture de son histoire personnelle, Brigitte se rend compte comment ses multiples expériences passées étaient, en fait, une recherche de cet Amour absolu qu’est Dieu. Depuis ses études littéraires alors qu’elle s’affirmait féministe et athée convaincue, jusqu’au jour de sa conversion par l’entremise d’un moine de Saint-Benoît-du-Lac qui lui présente un visage crédible de la personne du Christ, ce livre manifeste la puissance de la Grâce de Dieu et la force d’accueil d’une vie assoiffée de vérité et d’authenticité. Beau cadeau à mettre sous le sapin !

L’empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté

Le plus récent essai de Mathieu Bock-Côté intitulé « L’empire du politiquement correct » nous fait un portrait très intéressant des différents intérêts derrière la logique qui orientent l’univers médiatique. Cherchant à décortiquer, à la fois, le langage et les idéologies que cet univers représente subrepticement, le sociologue québécois nous offre un instrument d’analyse capable de raffiner notre sens critique. Ainsi, nous pourrons être plus libres devant les intérêts médiatiques et politiques qui cherchent souvent à nous manipuler dans un sens ou dans l’autre. Pour nous catholiques, ce livre nous en apprend beaucoup sur les raisons derrière le traitement souvent négatif dont fait l’objet l’Église dans les médias. J’en recommande la lecture à tous ceux qui sont, à la fois, conscients de la centralité des médias dans nos sociétés et ayant à cœur l’honnêteté (la « parrêsia »)si chère au pape François. Un instrument incontournable pour tout ceux qui travaillent à la création d’une culture de la rencontre.

Les relations entre l’Église et l’État de Taschereau à Duplessis
par Alexandre Dumas

L’étude poussée sur les relations entre l’Église et l’État de Taschereau à Duplessis d’Alexandre Dumas, jeune historien québécois, constitue le dernier, et non le moindre, des livres qui m’ont particulièrement marqué cette année. Travaillant à manifester la complexité de l’évolution des relations entre l’Église et l’État, Alexandre Dumas pose une pierre importante à l’édifice d’une vision équilibrée de l’histoire du Québec. Ces pages nous invitent donc à côtoyer non seulement des figures importantes de notre histoire politique mais également des figures trop peu connues et peu étudiées du clergé de cette époque. On y découvre des jeux d’alliances et de coulisses qui mettent en perspectives de nombreux préjugés qui ont gardé dans l’ombre cette période fascinante de notre histoire. Je recommande cette lecture à tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans la « guérison de la mémoire » à laquelle nous ont invités les évêques du Québec.

Une production littéraire digne d’éloge

L’année 2019 fut sans contredit une année importante sur le plan de la production littéraire au Québec. À l’heure où l’on s’interroge de plus en plus sur la langue française ou l’intérêt des plus jeunes pour la lecture, les publications de 2019 nous offrent le contenu nécessaire pour susciter l’intérêt de toutes les générations. Bonne lecture à tous !

« L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue »

(CNS photo/Kamil Krzaczynski, Reuters)

« Le pauvre n’est pas oublié jusqu’à la fin, l’espérance des malheureux ne périt pas à jamais ». C’est avec ce psaume que le Saint-Père ouvre son message à l’occasion de la troisième journée mondiale des pauvres, célébrée par l’Église ce dimanche 17 novembre.

Dans sa lettre, le Pape tient à rappeler que ces paroles restent aujourd’hui d’actualité, regrettant que l’expérience de l’histoire ne nous ait rien enseignés : « les siècles passent mais la situation des riches et des pauvres reste inchangée. »

Et François d’énumérer de nombreuses formes d’esclavages qui touchent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants : des familles contraintes de quitter leurs terres, des orphelins exploités, des victimes de violences, de drogue et de prostitution, des sans-abris et des marginalisés.

Maltraité, humilié ou ignoré, le cœur de nombreuses personnes se ferme et le désir de devenir invisible prend le dessus. Ces pauvres, écrit le Pape, « deviennent transparents et leur voix n’a plus de force ni d’importance dans la société. Ces hommes et ces femmes sont de plus en plus étrangers de nos maisons et marginalisés dans nos quartiers. »

Et pourtant… le royaume de Dieu appartient précisément aux pauvres. C’est ce que rappelle le Saint-Père en nous renvoyant à la première des béatitudes : « Heureux, vous les pauvres ». Jésus place ainsi les plus pauvres au centre son royaume, et la responsabilité de la communauté chrétienne c’est de leur redonner l’espérance, perdue devant les injustices, les souffrances et la précarité.

En cette journée mondiale des pauvres, prenons le temps de nous arrêter, de sourire et d’échanger quelques mots avec notre prochain qui est dans le besoin. Cet échange est une opération gagnante, comme l’explique le Saint-Père : « les pauvres nous sauvent parce qu’ils nous permettent de rencontrer le visage du Christ ».

Journée mondiale des pauvres

POPE MEDICAL TENTS ST. PETER'S SQUARE

Pope Francis greets a man after making a surprise visit Nov. 16 to the medical tents set up just outside St. Peter’s Square at the Vatican. Volunteer doctors, nurses and technicians were offering medical exams, tests and treatment to the poor throughout the week leading up to the World Day of the Poor, Nov. 19. (CNS photo/L’Osservatore Romano)

« L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue ». Voilà le thème de la troisième journée mondiale des pauvres, célébrée par l’Église dimanche prochain, 17 novembre.

Instituée à l’issue du Jubilé extraordinaire de la miséricorde par le pape François, le Saint-Père assurait qu’il voulait offrir un signe concret de la charité du Christ pour ceux qui sont le plus dans le besoin. « Il est venu le temps de la miséricorde pour que les pauvres sentent se poser sur eux le regard respectueux mais attentif de ceux qui, ayant vaincu l’indifférence, découvrent l’essentiel de la vie. »

Cette initiative, lancée en 2016, veut aider à faire réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile. Selon le pape François cette journée constitue une « authentique forme de nouvelle évangélisation par laquelle se renouvellera le visage de l’Église dans son action continuelle de conversion pastorale pour être témoin de la miséricorde. »

En 2016 lors d’une rencontre au Vatican avec des personnes en grande précarité le souverain pontife insistait sur la dignité des plus pauvres, notamment parce qu’ils ont « la capacité à trouver la beauté jusque dans les choses les plus tristes et les plus douloureuses. »

Dans son intervention, après avoir rappelé que la pauvreté se trouve au cœur de l’Évangile, François invitait avec insistance les personnes pauvres à rêver : « Seul celui qui sent qu’il lui manque quelque chose, regarde vers le haut et rêve ; celui qui a tout ne peut pas rêver ! ». « Ne vous arrêtez pas de rêver » a insisté le Pape, leur demandant de rêver qu’on peut changer le monde.

Et le Pape de conclure son discours, en forme de prière : « Enseignez à nous tous, qui avons un toit, de la nourriture et des médicaments, enseignez-nous à ne pas être satisfaits. Avec vos rêves, enseignez-nous à rêver, enseignez-nous à rêver à partir de l’Évangile, là où vous êtes, au cœur de l’Évangile. »

Pour cette troisième édition de la journée mondiale des pauvres, le souverain pontife lance une invitation au rassemblement organisé à Lourdes, du 14 au 17 novembre.

Fête de la Toussaint, l’exemple de mère Teresa

(CNS photo/Nancy Wiechec)

Comme chaque année le 1er novembre, en la fête de la Toussaint, nos regards se tournent vers ceux et celles que l’Église nous offre en modèles : ces hommes et ces femmes qui sont passés de l’ordinaire à l’extraordinaire. Mère Teresa de Calcutta est l’une d’entre eux.

Née le 26 août 1910, la religieuse albanaise naturalisée indienne est largement connue pour son action personnelle auprès des plus démunis. La fondatrice des missionnaires de la Charité a consacré sa vie aux pauvres, aux malades et aux mourants à travers différentes missions en Inde, puis à travers le monde.

La vie de mère Teresa et son modèle de charité chrétienne sont devenus sources d’inspiration non seulement pour l’Église catholique, mais à travers le monde. Entre autres distinctions, elle reçoit en 1979 le prix Nobel de la Paix.

Mère Teresa meurt en 1997 à l’age de 87 ans, et est béatifiée six ans plus tard par Jean-Paul II. Elle est inscrite au catalogue des saints depuis sa canonisation par le pape François en 2016.

Voyez ci-dessous une liste, loin d’être exhaustive, de citations provenant de sainte mère Teresa.

La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter

Ce qui compte ce n’est pas ce que l’on donne, mais l’amour avec lequel on donne

Si tu juges les gens tu n’as pas le temps de les aimer

Sourire ne coûte rien mais pour celui qui le reçoit c’est un présent qui n’a pas de prix

La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous

Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux

Que faire pour promouvoir la paix dans le monde ? Rentrer chez vous et aimer votre famille

Ce qui est important c’est l’intensité d’amour que vous mettez dans le plus petit geste

Plus nous recevons dans le silence de la prière plus nous donnerons dans la vie active

Notre devoir consiste à mettre les pauvres et les riches en présence les uns des autres, à être leur point de rencontre

2/2 Sur la route du diocèse de Bathurst

Dans cet épisode de l’émission « Sur la route des diocèses », nous poursuivons notre visite du diocèse de Bathurst. Après avoir constaté la force du témoignage de milliers d’hommes et de femmes consacrés dans la vie religieuse, nous poursuivons notre parcours de l’Église envoyée sur la péninsule acadienne.  Que ce soit par sa présence lors des événements douloureux de l’histoire, sa sollicitude auprès des pêcheurs des petites communautés locales, l’Église de la péninsule acadienne a toujours su mettre l’accompagnement au centre de ses priorités pastorales. Que ce soit par l’ardeur de sa dévotion à Sainte-Anne, son zèle pastoral pour être proche des marins et de leur famille ou par sa volonté ferme capable de surmonter les tragédies de l’existence, le diocèse de Bathurst est un exemple de « courage (capable de) rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile » (EG no 20). Prions pour que fidèle à ses racines catholiques et françaises, le Peuple de Dieu puisse continuer sa mission particulière : celle de faire connaître le visage miséricordieux du Père. Partons donc à la rencontre du peuple de Dieu de cette région du Nouveau-Brunswick.

Saint Jean-Paul II, un docteur pour notre temps ?

(CNS/L’Osservatore Romano) Cette semaine, la Conférence des évêques de Pologne présentait officiellement sa demande au pape François afin de déclarer saint Jean-Paul II docteur de l’Église et co-patron de l’Europe . En effet, pour les évêques polonais : « Le pontificat du Pape polonais était rempli de décisions révolutionnaires et d’événements importants qui ont changé le visage de la papauté et influencé le cours de l’histoire européenne et mondiale »[2], d’où la nécessité de reconnaître son importance en le faisant docteur de l’Église. Mais que signifie cette dénomination : « docteur de l’Église » ?

Des serviteurs de la Vérité

La Foi reçue du Christ, transmise par les apôtres et présentée d’une manière unique dans les Saintes Écritures fut l’objet d’études, de formulations intellectuelles, de traductions et de diverses interprétations au cours des siècles ; non pas à cause de contradictions internes au message du Christ mais plutôt à cause de la profondeur infinie de sa révélation d’une part et, d’autre part, à cause des limites de l’intelligence humaine. C’est pourquoi l’histoire de l’Église manifeste l’évolution graduelle de notre compréhension de ce que Dieu nous dit sur Lui-même et sur le monde. Ayant le charisme d’interprétation de la Révélation, le Magistère de l’Église se nourrit d’abord des décisions des Conciles œcuméniques, des enseignements des Papes et ensuite de la vie de saints spécialement dédiés à la méditation et à l’étude de la théologie. C’est pourquoi certains saints reçoivent parfois le titre de « docteur » c’est-à-dire un « théologien, philosophe ou écrivain ayant enrichi significativement le Magistère tant au niveau philosophique que spirituel ».

Tous les saints ne sont pas docteurs mais tous les docteurs sont saints.  Plusieurs critères précis sont essentiels pour recevoir ce titre exceptionnel. Il faut être un « saint (e) canonisé, avoir élaboré une pensée de la foi en accord avec les principes de base de l’Église tout en découvrant un pan inexploré de l’Écriture se vérifiant comme fondamental par son influence auprès des fidèles et par une renommée internationale ». Saint Jean-Paul II mérite-t-il d’être érigé au côté des saints Augustin, Thomas d’Aquin, Jérôme, Bonaventure, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila et Hildegarde de Bingen et Thérèse de Lisieux pour ne nommer que ceux-là ? Je crois que oui et voici pourquoi.

Des raisons pour une reconnaissance

La première raison est que saint Jean-Paul II a réussi une synthèse très difficile entre la pensée moderne et la pensée classique. Souvent séparées et réputées irréconciliables, la pensée moderne philosophique s’est souvent développée en porte à faux face à la pensée grecque et médiévale. Cherchant à dépasser ce qu’ils considéraient être un carcan intellectuel, certains penseurs contemporains de Carol Wojtyla, se sont enfermés dans un esprit de système qui rendait impossible le dialogue et, donc, une évolution saine de la pensée. Or, en réaction à ce rejet, les philosophes fidèles à la tradition de la philosophie grecque ont également eu tendance à évoluer en vase clos. Saint Jean-Paul II, tout philosophe catholique qu’il était, ne pouvait rejeter un camp ou l’autre. Travaillant toute sa vie à développer une pensée, à la fois fondamentalement moderne (très influencée par le courant de la phénoménologie) et assumant l’héritage de la scolastique, on peut considérer que son œuvre fut une volonté d’aller au-delà des écueils etdes « interprétations fausses ou partielles, qui contredisent d’autres enseignements de la même Écriture. » (EG, no 148).

Une deuxième raison découle de la richesse intellectuelle des enseignements présents sur l’ensemble de ses encycliques. En effet, durant ses 28 ans de pontificat, saint Jean-Paul II a pu véritablement accompagner le Peuple chrétien au travers des crises et courants de pensée parfois hostiles à la Révélation. Par ses enseignements tirés de son érudition sur la tradition intellectuelle de l’Église et de la pensée moderne, il a pu offrir un nouveau socle aux catholiques soucieux de « donner les raisons de l’espérance qui est en eux » (1 P 3,15). Par exemple, le déploiement et l’utilisation des concepts de « personne » et de « dignité » sont sans contredit un puissant héritage qui perdurera pour les siècles à venir.

La troisième raison qui me pousse à croire au bien-fondé de la reconnaissance de Jean-Paul II comme docteur de l’Église est la création de ce que l’on appelle désormais la « Théologie du Corps ». Cela est particulièrement évident pour nous qui vivons en Occident où l’enseignement de l’Église sur la sexualité humaine ne fait pas l’unanimité. Partant de cet état de fait, saint Jean-Paul II a voulu offrir au monde une présentation à la hauteur des exigences des sociétés devenues, pour le meilleur et pour le pire, individualistes. Par exemple, en liant des concepts tels que l’appel universel à l’amour authentiqueavec celui de dignité intégrale de la personne, il a réussi à exposer d’une manière moderne les raisons des exigences de la morale catholique sur la sexualité. Ainsi, par la richesse de ces enseignements exprimés lors des « audiences du mercredi », saint Jean-Paul II a enrichi l’enseignement de l’Église sur la sexualité humaine.

L’un des grands pas en avant et, sans contredit, l’un des héritages les plus significatifs de saint Jean-Paul II fut la rédaction du Catéchisme de l’Église catholique[7]. Suivant la célébration du Concile Vatican II, l’Église ne pouvait évidemment plus se contenter du Catéchisme du Concile de Trente. En effet, bien qu’en profonde continuité avec ce dernier, une nouvelle synthèse était nécessaire ; une nouvelle exposition intégrale de la Foi du Peuple de Dieu qui  incluerait les enseignements du Concile qui venait de se terminer. Quelques décennies plus-tard et après beaucoup de travail,  la Constitution apostolique Fidei depositum[8]instituant le Catéchisme de l’Église catholique était publiée dans le  but de « présenter fidèlement et organiquement l’enseignement de l’Écriture sainte, de laTradition vivante dans l’Église et du Magistère authentique, de même que l’héritage spirituel desPères, des saints et des saintes de l’Église, pour permettre de mieux connaître le mystère chrétien et de raviver la foi du peuple de Dieu ». Pour cette synthèse, malheureusement encore trop peu connue, saint Jean-Paul II mérite le titre de docteur de l’Église.

Enfin, une dernière raison justifiant le titre de docteur de l’Église : la publication du Code de Droit Canonique (CDC) en 1983[10]. En effet, l’Église, étant une société d’hommes et de femmes en marche vers le Royaume des cieux, elle se doit de garder l’unité et, donc, d’établir des règles afin que les principes de justice soient respectés. Voyant les profondes évolutions positives de l’Église telles que son expansion sur tous les continents, son contact avec toutes les cultures, langues, traditions, systèmes politiques et juridiques, etc, il était nécessaire d’opérer une modernisation du CDC. Ce travail, à la fois, minutieux et volumineux ne laissait aucune place à l’improvisation. Cette contribution fondamentale qui affecte la vie concrète de tous les catholiques du monde est un héritage intellectuel extrêmement important. Nous le devons aussi à ce grand et saint Pape.

Un docteur pour notre temps

Évidemment, il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive des réalisations intellectuelles du saint Pape polonais. Toutefois, tant ses riches encycliques, sa synthèse philosophique, l’innovation de la théologie du corps, la publication du Catéchisme de l’Église catholique et du Code de Droit Canonique représentent, selon moi, des arguments de poids en faveur de la reconnaissance de saint Jean-Paul II comme docteur de l’Église. Que la décision finale aille ou non en ce sens, nous pouvons tous rendre grâce à Dieu pour la vie de cet homme d’exception qui, du haut du ciel, continue d’accompagner l’Église de par sa puissante intercession.

Un combat pour la paix

Ce nouveau documentaire vous embarque au beau milieu de l’Afrique, à la rencontre d’un homme prêt à mourir pour que la paix revienne dans son pays. Cet homme c’est le cardinal Dieudonné Nzapalainga, et son pays c’est la République Centrafricaine.

Depuis 2013 la Centrafrique est embourbée dans une spirale de violence dont les civils sont les premières victimes. « On les tue, on les brûle, on incendie leurs maisons » témoigne le cardinal, archevêque de Bangui, qui déplore l’impuissance de l’État.

Proche des gens et témoin des exactions, l’homme d’Église refuse d’assister à la décente aux enfers de son peuple. Là où le gouvernement n’ose pas mettre les pieds, lui vient témoigner de sa proximité. Il rencontre les habitants dans des quartiers marqués par la violence, pour prêcher la paix, le pardon et la réconciliation. Pour le cardinal, la culture de la rencontre est nécessaire pour bâtir la paix, car « si chacun reste avec sa peur nous ne pourrons pas briser les barrières, faire le pas et créer des ponts », dit-il en saluant ici et là des habitants du PK5, le quartier musulman de Bangui, tristement connue pour sa violence.

En dehors de la capitale, les ¾ du pays sont occupés par des rebelles. L’autorité de l’État étant inexistante, les groupes armés font la loi sur le territoire ; la population se sent abandonnée. Le cardinal part donc au volant de sa voiture aux 4 coins du pays, pour consoler les populations meurtries. Il le fait car il se sent « le père de tous ».

Cette visite pastorale nous mène dans le diocèse de Mbaiki, aux abords de la forêt équatoriale, où nous rencontrons une femme à bout de nerfs. La colère se lit sur son visage : « nous en avons marre de vivre confiné, de pleurer nos morts. Le centrafricain en a marre d’avoir des difficultés pour se soigner, pour manger, pour se loger. »

Une autre à ses côtés semble être abattue. Mais elle se bat pour entretenir une lueur d’espoir que lui procure sa foi catholique, et sa dévotion à la Vierge Marie : « je me dis que si je lui parle avec tout mon cœur, elle fera quelque chose pour le pays, pour cicatriser les cœurs blessés ».

La violence dans le pays est souvent liée aux représailles dont sont victimes les populations, à cause de leur appartenance ethnique et religieuse. Mais le cardinal refuse de parler d’une guerre de religion. Il exhorte au pardon, sans tolérer l’impunité, pour vaincre le mal par le bien : « il nous apprend à aimer nos ennemis, et à prier pour eux, pour qu’ils changent, eux » témoigne une femme rencontrée lors d’un pèlerinage, qui n’aspire qu’à une seule chose : la paix en Centrafrique.

Ce documentaire sera diffusé lundi 21 octobre à 20h00 sur Sel + Lumière TV

Notre-Dame d’Aparecida

Comme chaque année, nous célébrerons le 12 octobre la fête de Notre-Dame d’Aparecida. Cette Vierge noire, très célèbre en Amérique latine, est la sainte patronne du Brésil. Lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, à Rio de Janeiro en juillet 2013, le pape François s’était rendu en pèlerinage au sancturaire d’Aparecida où il avait notamment confié son pontificat au pied de la Vierge.

Aujourd’hui nous profitons de sa fête pour partager un vidéo réalisée sur place, au sanctuaire d’Aparecida, lors de JMJ de 2013, apportant ainsi un éclairage sur cette célèbre Madonne. Voyez ci-dessous le texte de la vidéo.

Le sanctuaire que vous apercevez juste derrière moi est le principal sanctuaire marial du Brésil. Ici se dresse la célèbre basilique Notre-Dame d’Aparecida, en hommage à la sainte patronne du pays. Construite en 1955 elle est inaugurée par le pape Jean-Paul II lors de son voyage au Brésil en 1980. Désormais devenu sanctuaire national il accueille chaque année près de huit millions de pèlerins et peut abriter jusqu’à 45.000 personnes. Après la basilique Saint-Pierre de Rome il représente le deuxième plus grand édifice cultuel catholique au monde.

A l’intérieur de l’édifice se trouve une statue désormais très célèbre de la Vierge Marie. Sa découverte remonte au XVIIIème siècle. En 1717 trois pêcheurs de la ville jettent leur filet dans le fleuve et remontent cette statue, une vierge noire, haute de 40 cm en terre cuite ; elle est aujourd’hui décorée d’une couronne d’or et vêtue d’un manteau bleu offert par la princesse Isabelle en 1888. Après sa découverte la statue demeure une quinzaine d’années dans une maison où se retrouvent les pêcheurs et le voisinage pour prier. Mais la dévotion pour cette statue devient de plus en plus importante et beaucoup de choses sont obtenus pour ceux qui la prient ; si bien que sa renommée se répand dans toutes les régions du Brésil. Un oratoire est alors construit puis une chapelle ; mais devant l’augmentation du nombre de fidèles une église est alors construite en 1834 : c’est aujourd’hui la vieille basilique.

Outre ces bijoux architecturaux, Aparecida est également connu pour avoir reçu en mai 2007 la 5ème Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes. Une rencontre dont on parle encore aujourd’hui car elle ouvre dit-on de nombreuses perspectives pour l’Église en Amérique latine. Option pour les pauvres, pastorale sociale, lutte pour la justice et les changements structurels, inspiration de la théologie de la libération, méthodes pastorales consistant à voir, juger et agir… En fait c’est le choix même du sanctuaire d’Aparecida qui a marqué l’ambiance et l’esprit de cette rencontre Un lieu symbolique pour ce pays très catholique.

Notre-Dame d’Aparecida est proclamée reine du Brésil et sainte patronne du pays par le pape Pie XI en 1929. Elle est célébrée chaque année le 12 octobre.

Synode sur l’Amazonie

L’Assemblée spéciale du synode des évêques sur l’Amazonie se tiendra au Vatican du 6 au 27 octobre 2019. Au total, 185 membres participeront aux travaux sur le thème : Nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale.

L’Assemblée sera composée de 114 évêques de la région Pan-amazonienne, c’est-à-dire de Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Pérou et Venezuela. Les 13 chefs de dicastères de la Curie romaine seront également présents, ainsi que des experts, des auditeurs, et autres membres nommés par le Pape, originaires essentiellement d’Amérique Latine, mais aussi d’Europe, du Canada et d’Afrique.

Ce synode sur l’Amazonie avait été annoncé en octobre 2017 par le pape François, afin « de trouver de nouvelles voies pour l’évangélisation de cette portion du Peuple de Dieu, en particulier les indigènes, souvent oubliés et privés de la perspective d’un avenir serein, notamment à cause de la crise touchant la forêt amazonienne, poumon d’une importance capitale pour notre planète

L’Amazonie est peuplée par 3 millions d’autochtones sur une superficie de 6 millions de km² à travers neuf pays : le Brésil, la Guyane française, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, le Surinam, la Bolivie, l’Équateur et le Guyana. Pas moins de 86 langues et 650 dialectes sont parlés sur ce territoire.

Cette région est couverte en grande partie par la forêt amazonienne. C’est la plus grande forêt tropicale du monde, avec une biodiversité unique : 30 000 espèces de plantes, 500 espèces de mammifères.

Alors que cet environnement naturel est menacé, l’Eglise, tout au long de ce synode, tentera d’apporter des réponses appropriées pour la défense de la vie, de la terre, et des cultures de cette région, « poumon de notre planète ».

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