Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal

En EXCLUSIVITÉ sur les ondes de Sel et Lumière, voyez EN DIRECT la télé diffusion de la Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal le vendredi 7 février prochain à 19h30. Cette Messe célébrée à la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal sera présidée par S.Exc. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal. L’animation de cette Messe est confiée aux communautés présentent sur le territoire de l’Archidiocèse de Montréal ainsi qu’aux séminaristes étudiants au Grand Séminaire de Montréal.

Veuillez noter que cette Messe sera également disponible en direct sur la chaîne web de Sel et Lumière dès 19h30. Un rendez-vous à ne pas manquer!

Vous trouverez ci-dessous le feuillet de la célébration de la Messe:

Feuillet-Messe-vocationnelle-07-février-2020-Diocèse-de-Montréal

Les relations entre l’Église et l’État au Québec avec Alexandre Dumas

Cette semaine, dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute des relations entre l’Église et l’État au Québec avec l’historien Alexandre Dumas. Auteur de deux ouvrages importants sur l’abbé Pierre Gravel et du livre « L’Église et la politique québécoise de Taschereau à Duplessis », Alexandre Dumas propose un regard neuf sur l’histoire du Québec. Sont abordés des thèmes tels que l’évolution des différentes tendances politiques et ecclésiales au cours de l’histoire du Québec pouvant éclairer les grands débats actuels.

260 millions de chrétiens persécutés

 

Un chrétien sur huit est persécuté à cause de sa foi. C’est le constat de l’ONG protestante Portes Ouvertes qui publie chaque année l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens.

Dans la nouvelle édition, publiée le 15 janvier 2020, le document recense les pays où les chrétiens sont le plus persécutés.

C’est la Corée du Nord qui est en tête de classement. Dans ce pays, le régime persécute les chrétiens de manière sévère et systématique. Considérés comme de dangereux ennemis de l’État, des dizaines de milliers de chrétiens sont emprisonnés dans des camps de travaux forcés. Le simple fait de posséder une Bible peut être fatal.

L’Afghanistan est le deuxième pays où les chrétiens sont le plus en danger. Il n’existe officiellement dans ce pays aucun bâtiment d’Église. Lorsque quelqu’un quitte l’Islam pour se convertir, il est considéré comme un traître envers sa tribu, et il doit être éliminé.

Vient ensuite la Somalie, où les chrétiens sont dans la ligne de mire du groupe terroriste Al-Shabaab. Ce groupe islamiste veut faire appliquer la charia dans le pays. Il traque et tue tous ceux qui sont soupçonnés d’être chrétiens.

L’ONG Portes Ouvertes précise que la persécution peut se présenter sous différentes formes. Elle peut être physique et entraîner la mort, ou psychologique et discriminatoire.

Mais quel que soit le type de persécution dont ils sont victimes, les chrétiens sont de plus en plus persécutés, en raison notamment de l’extension des régions touchées par le djihadisme.

En revanche, pour la première fois depuis trois ans, le nombre de tués a baissé cette année.

En 2019, au moins 2983 chrétiens ont été assassinés en raison de leur croyance (soit 8 chrétiens éliminés chaque jour) ; alors qu’ils étaient 4305 l’année précédente.

Cette baisse de 31% s’explique par la diminution du nombre (connu) de chrétiens tués au Nigéria. En effet, les éleveurs peuls ont partiellement changé de tactique. Outre les assassinats, ils mettent aussi l’accent sur les kidnappings et les enlèvements pour obtenir des rançons.

Le Nigéria reste toutefois le pays dans le monde où l’on compte le plus de chrétiens tués pour leur foi, suivi de la République Centrafricaine. C’est donc en Afrique que le plus grand nombre de chrétiens sont executés.

Une autre donnée concerne les bâtiments religieux pris pour cibles. Au moins 9488 églises ont été attaquées au cours de l’année 2019. Cela signifie, en moyenne, 182 églises chaque semaine. Ce nombre est multiplié par 5 par rapport à l’année précédente (soit une augmentation de 414%), à cause de l’action du régime chinois contre les églises en Chine.

D’ailleurs, c’est justement en Chine que les prisonniers chrétiens sont les plus nombreux. Ils sont près de 1000, détenus de manière arbitraire, accusés de dissidence envers l’État.

En Érythrée aussi, les forces de sécurité gouvernementales mènent de nombreux raids contre des chrétiens et des églises de maison. Des centaines de chrétiens ont été arrêtés, et sont détenus par le gouvernement dans des conditions misérables.

Au total, l’Index Mondial de Persécution recense 3711 chrétiens emprisonnés arbitrairement à travers le monde. Ils étaient 3150 l’année précédente.

Pour finir sur une bonne nouvelle, l’ONG Portes Ouvertes rappelle la libération d’Asia Bibi, en 2019. Cette chrétienne pakistanaise avait été condamnée à mort pour blasphème, et emprisonnée dans son pays pendant 9 ans. Elle est désormais réfugiée au Canada, espérant que ne soient pas oubliés les autres chrétiens qui sont faussement accusés et continuellement discriminés.

Deux hommes, une seule Épouse

Jeudi dernier était publié le tout nouveau livre du cardinal Robert Sarah intitulé « Des profondeurs de nos cœurs » dans lequel se trouve un texte inédit du pape émérite Benoît XVI. Cet ouvrage, à la fois théologique et profondément spirituel, offre de nombreuses réflexions sur le sacerdoce ministériel ainsi que le fruit de leurs expériences du sacrement de l’Ordre vécu « de l’intérieur ». De par leurs différentes approches, ce livre est une double variation sur un même thème. L’apport de Benoît XVI est foncièrement théologique. Écrit dans le style personnel et exégétique auquel il nous avait habitué dans sa série « Jésus de Nazareth », le pape émérite s’efforce de montrer la continuité du sacerdoce de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance. Le ton et la structure du texte du Cardinal Sarah est plus apologétique, cherchant à répondre directement aux questions actuelles touchant le célibat sacerdotal. Bref, il y en a pour tous les goûts.

Une polémique qui en dit beaucoup

Inutile de revenir sur la polémique qui a entouré la parution de ce livre. L’analyse de la journaliste Philippine De Saint-Pierre sur la question me semble suffisante. Toutefois, l’immense imbroglio qu’a suscité l’annonce de la participation de Benoît XVI à ce livre qui, globalement, fait ouvertement la proposition du célibat sacerdotal, me questionne. Que des groupes d’intérêt fassent d’une cause quelconque leur cheval de bataille idéologique est, à tout le moins, acceptable dans le cadre de la politique. Il en va autrement lorsqu’il s’agit de traiter des mystères divins. Cette polémique a démontré que, de part et d’autre, certains étaient prêts à traiter le sacrement de l’Ordre comme l’instrument par lequel ils distingueraient les « purs » des « impurs ». Nous devons sortir de cette logique d’opposition qui, peu importe notre opinion, nous éloigne du sujet traité et obscurcit notre jugement. Se concentrer sur le contenu de ce livre me semble être une attitude beaucoup plus constructive et plus à même de considérer le pour et le contre de la question. C’est ce à quoi je vous invite maintenant.

Benoît XVI : penseur de la continuité

Le texte de Benoît XVI, d’une quarantaine de pages, nous présente les plus récentes réflexions du Pape émérite sur les causes de la « crise durable que traverse le sacerdoce » (p.29). Comme c’était le cas dans sa série « Jésus de Nazareth », son jugement se porte sur un « défaut méthodologique dans la réception de l’Écriture » (p.29). Sans la nommer, on entend ici le monopole de l’exégèse historico-critique très populaire au XXe siècle et qui a porté jusqu’à la marginalité la lecture « christologique ». Indispensable pour comprendre la cohérence et, donc, « la continuité » (p.58) du sens de l’Écriture entre l’Ancien et le Nouveau Testament, son abandon dans de nombreux cercles de l’Église a pu créer de la confusion, spécialement dans la compréhension du sacerdoce ministériel catholique; d’où la « crise du sacerdoce » (p.43-44) postconciliaire et les nombreuses défections dans les années 70.

La grande partie du texte de Benoît XVI s’attarde à démontrer le lien de causalité entre la distorsion du cadre conceptuel de la réception de l’Écriture dans l’Église et cette crise aux visages multiples. Analysant plusieurs pans de la Bible, le pape émérite s’efforce de manifester, à la fois, l’absence de contradiction entre le sacerdoce vétérotestamentaire et celui de l’Église mais également la continuité de l’exigence du célibat sacerdotal (p.47). Ces réflexions profondes, parsemées de remarques personnelles faisant de lui un témoin à la première personne des vérités qu’il énonce, méritent d’être méditées et prises en compte aux plus hauts niveaux de l’appareil ecclésial. Je souligne au passage les lignes merveilleuses sur les liens de parenté entre la tribu de Lévi « qui ne possédait pas de terre en héritage » (p.52) et les exigences du sacerdoce catholique qui doit ne reposer que sur Dieu seul. Détaché des liens terrestres qui pourraient le détourner de Lui, le prêtre de la Nouvelle Alliance doit, accomplir ce lien entre « l’abstinence sexuelle et le culte divin » (p.47) d’Israël en faisant de toute sa vie le signe de cette dépendance totale à l’égard de Dieu. C’est « le chemin que j’ai parcouru tout au long de ma vie » (p.71)conclut-il.

Une défense assumée du célibat sacerdotal

La deuxième et la plus volumineuse partie du livre est intitulée « aimer jusqu’au bout : regard ecclésiologique et pastoral sur le célibat sacerdotal ». L’auteur, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour la liturgie et la discipline des sacrements, opère une défense en bonne et due forme du célibat sacerdotal. Le ton est grave et affirme sa légitimité de par le cœur d’un évêque qui « s’inquiète » (p.76), ayant lui-même « reçu de nombreux prêtres désorientés, perturbés et meurtris au plus profond de leur vie spirituelle par les remises en cause violentes de la doctrine de l’Église » (p.76). Dès le départ, on est plongé dans l’actualité la plus immédiate, celle du récent Synode des évêques sur l’Amazonie et sa requête d’ordination des viri probati (hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral). Le lecteur est d’emblée devant la ferme conviction du cardinal guinéen, lui qui a assisté à toutes les séances. Il écrit que les échanges qu’il a eus avec les acteurs sur le terrain :

« M’ont conforté dans l’idée que la possibilité d’ordonner des hommes mariés représenterait une catastrophe pastorale, une confusion ecclésiologique et un obscurcissement dans la compréhension du sacerdoce » (p.78).

Bien que clair dans son propos, le cardinal issu d’une terre africaine récemment évangélisée, souhaite susciter, à l’instar du récent livre du cardinal Ouellet (p.90), une attitude de prudence des autorités ecclésiales à ne pas aller « trop vite » (p.77). Il exhorte  à faire preuve de discernement face à des changements qui pourraient avoir d’énormes conséquences directes et indirectes sur la vie de l’Église et le salut du monde.

On ne saurait passer sous silence le nombre et la force des arguments pour le maintien de la règle, entre autres, « disciplinaire » (p.98) découlant « du lien ontologique entre le ministère sacerdotal et continence » (p.95). Cléricalisation du laïcat (p.115), approximations historiques d’un célibat considéré comme purement disciplinaire (p.91-94), instrumentalisation de la détresse des pauvres (p.90), projections romantiques du clergé oriental (p.95), obscurcissement du sens nuptial du sacerdoce (p.101), primauté de la raison fonctionnelle (p.116-118), pélagianisme institutionnel (p.119), création de deux classes de clergés (p.86), séparation de la tria munera (prêtre, prophète et roi) (p.128), néocolonialisme et infantilisme (p.136), illusion de l’église occidentale en faillite apostolique (p.140) ne sont que quelques exemples des effets négatifs soulignés par le préfet romain. En ce sens, ce livre est une véritable litanie des erreurs perçues comme implicites à la proposition du Synode sur l’Amazonie et dont le (photo: CNS/Paul Haring) document final mentionnait la possibilité « d’ordonner prêtres des hommes idoines[…]pouvant avoir une famille » (no 111). Une chose est certaine, aucune de ces critiques ne doivent être prises à la légère.

Outre cet objectif, disons, à court terme, j’ai vu dans ce texte aussi senti qu’engagé, le témoignage concret d’un pasteur qui cherche à éloigner tous les doutes qui peuvent planer contre le célibat sacerdotal. Les études sur ce thème nous ont malheureusement habitués au langage théologique qui pourrait sembler désincarné et loin de la réalité concrète des gens; ce qui a pu influencer l’actuelle incompréhension de certains catholiques eux-mêmes envers ce don du célibat (p.90). Or ce livre a justement le génie d’offrir à la présentation des nombreuses raisons théologiques, sociologiques et psychologiques en faveur du célibat la richesse et la profondeur de son expérience de pasteur. À travers les pages, on assiste au déploiement de l’irruption de la présence de Dieu dans l’histoire humaine par l’entremise de cette vie du prêtre totalement donnée dans le célibat.

Un ensemble cohérent

Une lecture attentive de ce livre fort intéressant suffit à en concevoir la profonde unité. Bien que le ton et l’approche des deux auteurs soient clairement différents, on y sent l’attachement profond de deux hommes envers leur Épouse commune. Que ce soit par la douceur de l’analyse scripturaire d’un Benoît XVI avancé en « âge » (p.29) ou la fougue d’un cardinal Sarah à la défense de l’unicité du sacrement qui l’a configuré au « Christ-Époux » (p.84), la lecture de cet ouvrage ne saurait faire autrement que nous émouvoir devant l’ardeur et la passion de ces hommes pétris par leur engagement sponsal envers cette Église qu’ils aiment de tout « leur cœur ». J’en recommande fortement la lecture.

Saint frère André

Comme chaque année le 7 janvier, nous célébrons la fête de saint frère André. Alfred Bessette est une figure historique au Canada et même au-delà des frontières. Fondateur du très célèbre Oratoire Saint-Joseph de Montréal, ce religieux toujours proches des malades a été canonisé en 2010 par Benoit XVI. Découvrez ici son portrait.

La Sainte famille

Ces derniers jours ont été l’occasion de se retrouver en famille pour célébrer les fêtes de fin d’année, et en particulier la Nativité du Seigneur. Un temps précieux avec nos proches qui nous permet de nous replonger dans le mystère de la Sainte Famille. Pour méditer, voici une vidéo/réflexion réalisée à Nazareth, là où Jésus a grandi avec ses parents.

Parrêsia – L’éducation en 2020 avec Thomas De Koninck

Parrêsia - L'éducation en 2020 avec Thomas De Koninck

Dans cet épisode, Francis Denis s’entretient des différentes dimensions de l’éducation en 2020 avec le philosophe et auteur Thomas De Koninck. Sont abordés des thèmes tels que la philosophie, la vie intérieure, la lecture, la maturité intellectuelle, la dignité humaine et les différents défis qui font souvent obstacle à l’ouverture de l’esprit humain aux valeurs transcendantes.

EN DIRECT: Messe d’inauguration du ministère épiscopal de Mgr Claude Hamelin

En direct sur les ondes de S+L, voyez la cérémonie d’inauguration du ministère épiscopal de Mgr Claude Hamelin comme évêque de Saint-Jean-Longueuil. Dès 18h30, vendredi 10 janvier 2020, joignez-vous à Francis Denis et ses invités pour une émission spéciale dédiée à l’événement et qui sera suivie de la transmission de la célébration en la cathédrale Saint-Jean-l ‘Évangéliste dès 19 heures.  La célébration se fera en présence de Son Excellence Monseigneur Luigi Bonazzi, nonce apostolique au Canada, de Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal ainsi que de plusieurs autres évêques et dignitaires. Cette cérémonie sera également l’occasion de rendre hommage à Mgr Lionel Gendron, p.s.s., qui, après neuf années d’épiscopat, passe le flambeau à Mgr Claude Hamelin.

Pour en apprendre davantage sur le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, vous pouvez consulter le site web du diocèse ou visionner l’épisode de l’émission « Sur la route des diocèses » qui lui fut consacré:

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Lettre apostolique sur la signification de la crèche de Noël

(CNS photo/Vatican Media) Voici la lettre apostolique du pape François, « Admirabile signum« , sur la signification et la valeur de la crèche de Noël. Document signé lors de sa visite au sanctuaire de la crèche, à Greccio, le dimanche 1er décembre 2019:

1. Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours stupeur et émerveillement. Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. Par cette lettre je voudrais soutenir la belle tradition de nos familles qui, dans les jours qui précèdent Noël, préparent la crèche. Tout comme la coutume de l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques… C’est vraiment un exercice d’imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d’oeuvre de beauté. On l’apprend dès notre enfance : quand papa et maman, ensemble avec les grands-parents, transmettent cette habitude joyeuse qui possède en soi une riche spiritualité populaire. Je souhaite que cette pratique ne se perde pas ; mais au contraire, j’espère que là où elle est tombée en désuétude, elle puisse être redécouverte et revitalisée.

2. L’origine de la crèche se trouve surtout dans certains détails évangéliques de la naissance de Jésus à Bethléem. L’évangéliste Luc dit simplement que Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (2, 7). Jésus est couché dans une mangeoire, appelée en latin praesepium, d’où la crèche. En entrant dans ce monde, le Fils de Dieu est déposé à l’endroit où les animaux vont manger. La paille devient le premier berceau pour Celui qui se révèle comme « le pain descendu du ciel » (Jn 6, 41). C’est une symbolique, que déjà saint Augustin, avec d’autres Pères, avait saisie lorsqu’il écrivait : « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture » (Serm. 189, 4). En réalité, la crèche contient plusieurs mystères de la vie de Jésus de telle sorte qu’elle nous les rend plus proches de notre vie quotidienne.

Mais venons-en à l’origine de la crèche telle que nous la comprenons. Retrouvons-nous en pensée à Greccio, dans la vallée de Rieti, où saint François s’arrêta, revenant probablement de Rome, le 29 novembre 1223, lorsqu’il avait reçu du Pape Honorius III la confirmation de sa Règle. Après son voyage en Terre Sainte, ces grottes lui rappelaient d’une manière particulière le paysage de Bethléem. Et il est possible que le Poverello ait été influencé à Rome, par les mosaïques de la Basilique de Sainte Marie Majeure, représentant la naissance de Jésus, juste à côté de l’endroit où étaient conservés, selon une tradition ancienne, les fragments de la mangeoire. Les Sources franciscaines racontent en détail ce qui s’est passé à Greccio. Quinze jours avant Noël, François appela un homme du lieu, nommé Jean, et le supplia de l’aider à réaliser un voeu : « Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le boeuf et l’âne »[1]. Dès qu’il l’eut écouté, l’ami fidèle alla immédiatement préparer, à l’endroit indiqué, tout le nécessaire selon la volonté du Saint. Le 25 décembre, de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le boeuf et l’âne. Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Puis le prêtre, sur la mangeoire, célébra solennellement l’Eucharistie, montrant le lien entre l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie. À cette occasion, à Greccio, il n’y a pas eu de santons : la crèche a été réalisée et vécue par les personnes présentes.

C’est ainsi qu’est née notre tradition : tous autour de la grotte et pleins de joie, sans aucune distance entre l’événement qui se déroule et ceux qui participent au mystère. Le premier biographe de saint François, Thomas de Celano, rappelle que s’ajouta, cette nuit-là, le don d’une vision merveilleuse à la scène touchante et simple : une des personnes présentes vit, couché dans la mangeoire, l’Enfant Jésus lui-même. De cette crèche de Noël 1223, « chacun s’en retourna chez lui plein d’une joie ineffable ».

3. Saint François, par la simplicité de ce signe, a réalisé une grande oeuvre d’évangélisation. Son enseignement a pénétré le coeur des chrétiens et reste jusqu’à nos jours une manière authentique de proposer de nouveau la beauté de notre foi avec simplicité. Par ailleurs, l’endroit même où la première crèche a été réalisée exprime et suscite ces sentiments. Greccio est donc devenu un refuge pour l’âme qui se cache sur le rocher pour se laisser envelopper dans le silence.
Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce qu’elle manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. Le don de la vie, déjà mystérieux à chaque fois pour nous, fascine encore plus quand nous voyons que Celui qui est né de Marie est la source et le soutien de toute vie. En Jésus, le Père nous a donné un frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ; un ami fidèle qui est toujours près de nous. Il nous a donné son Fils qui nous pardonne et nous relève du péché.

Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés.

D’une manière particulière, depuis ses origines franciscaines, la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et soeurs les plus nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46).

4. J’aimerais maintenant passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux. En premier lieu, représentons-nous le contexte du ciel étoilé dans l’obscurité et dans le silence de la nuit. Ce n’est pas seulement par fidélité au récit évangélique que nous faisons ainsi, mais aussi pour la signification qu’il possède. Pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moments-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent pour répondre aux questions décisives concernant le sens de notre existence : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance (cf. Lc 1, 79).

Les paysages qui font partie de la crèche méritent, eux aussi, quelques mots, car ils représentent souvent les ruines d’anciennes maisons et de palais qui, dans certains cas, remplacent la grotte de Bethléem et deviennent la demeure de la Sainte Famille. Ces ruines semblent s’inspirer de la Légende dorée du dominicain Jacopo da Varazze (XIIIème siècle), où nous pouvons lire une croyance païenne selon laquelle le temple de la Paix à Rome se serait effondré quand une Vierge aurait donné naissance. Ces ruines sont avant tout le signe visible de l’humanité déchue, de tout ce qui va en ruine, de ce qui est corrompu et triste. Ce scénario montre que Jésus est la nouveauté au milieu de ce vieux monde, et qu’il est venu guérir et reconstruire pour ramener nos vies et le monde à leur splendeur originelle.

5. Quelle émotion devrions-nous ressentir lorsque nous ajoutons dans la crèche des montagnes, des ruisseaux, des moutons et des bergers ! Nous nous souvenons ainsi, comme les prophètes l’avaient annoncé, que toute la création participe à la fête de la venue du Messie. Les anges et l’étoile de Bethléem sont le signe que nous sommes, nous aussi, appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur.

« Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître » (Lc 2, 15) : voilà ce que disent les bergers après l’annonce faite par les anges. C’est un très bel enseignement qui nous est donné dans la simplicité de sa description. Contrairement à tant de personnes occupées à faire mille choses, les bergers deviennent les premiers témoins de l’essentiel, c’est-à-dire du salut qui est donné. Ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation. À Dieu qui vient à notre rencontre dans l’Enfant Jésus, les bergers répondent en se mettant en route vers Lui, pour une rencontre d’amour et d’étonnement reconnaissant. C’est précisément cette rencontre entre Dieu et ses enfants, grâce à Jésus, qui donne vie à notre religion, qui constitue sa beauté unique et qui transparaît de manière particulière à la crèche.

6. Dans nos crèches, nous avons l’habitude de mettre de nombreuses santons symboliques. Tout d’abord, ceux des mendiants et des personnes qui ne connaissent pas d’autre abondance que celle du coeur. Eux aussi sont proches de l’Enfant Jésus à part entière, sans que personne ne puisse les expulser ou les éloigner du berceau improvisé, car ces pauvres qui l’entourent ne détonnent pas au décor. Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous. Les pauvres et les simples dans la crèche rappellent que Dieu se fait homme pour ceux qui ressentent le plus le besoin de son amour et demandent sa proximité. Jésus, « doux et humble de coeur » (Mt 11, 29), est né pauvre, il a mené une vie simple pour nous apprendre à saisir l’essentiel et à en vivre. De la crèche, émerge clairement le message que nous ne pouvons pas nous laisser tromper par la richesse et par tant de propositions éphémères de bonheur. Le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie. En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé. Souvent les enfants – mais aussi les adultes ! – adorent ajouter à la crèche d’autres figurines qui semblent n’avoir aucun rapport avec les récits évangéliques. Cette imagination entend exprimer que, dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature. Du berger au forgeron, du boulanger au musicien, de la femme qui porte une cruche d’eau aux enfants qui jouent… : tout cela représente la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d’une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous.

7. Peu à peu, la crèche nous conduit à la grotte, où nous trouvons les santons de Marie et de Joseph. Marie est une mère qui contemple son enfant et le montre à ceux qui viennent le voir. Ce santon nous fait penser au grand mystère qui a impliqué cette jeune fille quand Dieu a frappé à la porte de son coeur immaculé. À l’annonce de l’ange qui lui demandait de devenir la mère de Dieu, Marie répondit avec une obéissance pleine et entière. Ses paroles : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), sont pour nous tous le témoignage de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu. Avec ce « oui » Marie est devenue la mère du Fils de Dieu, sans perdre mais consacrant, grâce à lui, sa virginité. Nous voyons en elle la Mère de Dieu qui ne garde pas son Fils seulement pour elle-même, mais demande à chacun d’obéir à sa parole et de la mettre en pratique (cf. Jn 2, 5).

À côté de Marie, dans une attitude de protection de l’Enfant et de sa mère, se trouve saint Joseph. Il est généralement représenté avec un bâton à la main, et parfois même tenant une lampe. Saint Joseph joue un rôle très important dans la vie de Jésus et de Marie. Il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille. Quand Dieu l’avertira de la menace d’Hérode, il n’hésitera pas à voyager pour émigrer en Égypte (cf. Mt 2, 13-15). Et ce n’est qu’une fois le danger passé, qu’il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait dans son coeur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique.

8. Le coeur de la crèche commence à battre quand, à Noël, nous y déposons le santon de l’Enfant Jésus. Dieu se présente ainsi, dans un enfant, pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité, se cache son pouvoir qui crée et transforme tout. Cela semble impossible, mais c’est pourtant ainsi : en Jésus, Dieu a été un enfant et c’est dans cette condition qu’il a voulu révéler la grandeur de son amour qui se manifeste dans un sourire et dans l’extension de ses mains tendues vers tous. La naissance d’un enfant suscite joie et émerveillement, car elle nous place devant le grand mystère de la vie. En voyant briller les yeux des jeunes mariés devant leur enfant nouveau-né, nous comprenons les sentiments de Marie et de Joseph qui, regardant l’Enfant Jésus, ont perçu la présence de Dieu dans leur vie. « La vie s’est manifestée » (1Jn 1, 2) : c’est ainsi que l’Apôtre Jean résume le mystère de l’Incarnation. La crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire et à partir duquel la numérotation des années, avant et après la naissance du Christ, en est également ordonnée. La manière d’agir de Dieu est presque une question de transmission, car il semble impossible qu’il renonce à sa gloire pour devenir un homme comme nous. Quelle surprise de voir Dieu adopter nos propres comportements : il dort, il tète le lait de sa mère, il pleure et joue comme tous les enfants! Comme toujours, Dieu déconcerte, il est imprévisible et continuellement hors de nos plans. Ainsi la crèche, tout en nous montrant comment Dieu est entré dans le monde, nous pousse à réfléchir sur notre vie insérée dans celle de Dieu ; elle nous invite à devenir ses disciples si nous voulons atteindre le sens ultime de la vie.

9. Lorsque s’approche la fête de l’Épiphanie, nous ajoutons dans la crèche les trois santons des Rois Mages. Observant l’étoile, ces sages et riches seigneurs de l’Orient, s’étaient mis en route vers Bethléem pour connaître Jésus et lui offrir comme présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ces dons ont aussi une signification allégorique : l’or veut honorer la royauté de Jésus ; l’encens sa divinité; la myrrhe sa sainte humanité qui connaîtra la mort et la sépulture.

En regardant la scène de la crèche, nous sommes appelés à réfléchir sur la responsabilité de tout chrétien à être évangélisateur. Chacun de nous devient porteur de la Bonne Nouvelle pour ceux qu’il rencontre, témoignant, par des actions concrètes de miséricorde, de la joie d’avoir rencontré Jésus et son amour.

Les Mages nous enseignent qu’on peut partir de très loin pour rejoindre le Christ. Ce sont des hommes riches, des étrangers sages, assoiffés d’infinis, qui entreprennent un long et dangereux voyage qui les a conduits jusqu’à Bethléem (cf. Mt 2, 1-12). Une grande joie les envahit devant l’Enfant Roi. Ils ne se laissent pas scandaliser par la pauvreté de l’environnement ; ils n’hésitent pas à se mettre à genoux et à l’adorer. Devant lui, ils comprennent que, tout comme Dieu règle avec une souveraine sagesse le mouvement des astres, ainsi guide-t-il le cours de l’histoire, abaissant les puissants et élevant les humbles. Et certainement que, de retour dans leur pays, ils auront partagé cette rencontre surprenante avec le Messie, inaugurant le voyage de l’Évangile parmi les nations.

10. Devant la crèche, notre esprit se rappelle volontiers notre enfance, quand nous attendions avec impatience le moment de pouvoir commencer à la mettre en place. Ces souvenirs nous poussent à prendre de plus en plus conscience du grand don qui nous a été fait par la transmission de la foi ; et en même temps, ils nous font sentir le devoir et la joie de faire participer nos enfants et nos petits-enfants à cette même expérience. La façon d’installer la mangeoire n’est pas importante, elle peut toujours être la même ou être différente chaque année ; ce qui compte c’est que cela soit signifiant pour notre vie. Partout, et sous différentes formes, la crèche parle de l’amour de Dieu, le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition.

Chers frères et soeurs, la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur. À l’école de saint François, ouvrons notre coeur à cette grâce simple et laissons surgir de l’émerveillement une humble prière : notre « merci » à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls.

FRANÇOIS

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