Catéchèse sur le zèle apostolique du croyant

Portrait en tapisserie de sainte Joséphine Bakhita, décédée en 1947 et canonisée en 2000.

Lors de son audience générale aujourd’hui, le pape François continue la série de catéchèses sur le zèle apostolique. Il nous laisse inspirer aujourd’hui par le témoignage de sainte Joséphine Bakhita, une sainte soudanise.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la série de catéchèses sur le zèle apostolique, – nous sommes en train de réfléchir sur le zèle apostolique – aujourd’hui nous nous laissons inspirer par le témoignage de Sainte Joséphine Bakhita, une sainte soudanaise. Malheureusement, depuis des mois, le Soudan est déchiré par un terrible conflit armé dont on parle peu aujourd’hui ; prions pour le peuple soudanais, afin qu’il vive en paix ! Mais la renommée de Sainte Bakhita a franchi toutes les frontières pour rejoindre tous ceux qui sont privés d’identité et de dignité.

Née au Darfour – le Darfour tourmenté ! – en 1869, elle est enlevée de sa famille à l’âge de sept ans et transformée en esclave. Ses ravisseurs l’appelèrent « Bakhita« , ce qui signifie « chanceuse ». Elle a connu huit maîtres – l’un la vendait à l’autre… Les souffrances physiques et morales qu’elle a subies pendant son enfance l’ont laissée sans identité. Elle a subi la malveillance et la violence : elle avait plus d’une centaine de cicatrices sur le corps. Mais elle-même témoigne : « Comme esclave, je n’ai jamais désespéré, car je sentais une force mystérieuse qui me soutenait ».

Face à cela je me demande : quel est le secret de Sainte Bakhita ? Nous savons que souvent la personne blessée blesse à son tour ; l’opprimé devient facilement un oppresseur. Par contre, la vocation des opprimés est de se libérer et de libérer les oppresseurs en devenant des restaurateurs d’humanité. Seulement dans la faiblesse de l’opprimé peut se révéler la puissance de l’amour de Dieu qui libère les deux. Sainte Bakhita exprime très bien cette vérité. Un jour, son tuteur lui fait cadeau d’un petit crucifix, et elle, qui n’avait jamais rien possédé, le garde comme un trésor jalousement. En le regardant, elle éprouve une libération intérieure parce qu’elle se sent comprise et aimée et donc capable de comprendre et d’aimer : ceci est le début. Elle se sent comprise, elle se sent aimée et par conséquent capable de comprendre et d’aimer les autres. En effet, elle dira : « L’amour de Dieu m’a toujours accompagnée d’une manière mystérieuse… Le Seigneur m’a tant aimée : il faut aimer tout le monde… Il faut compatir !  » Ainsi est l’âme de Bakhita. Réellement, compatir signifie à la fois souffrir avec les victimes de tant d’inhumanité dans le monde et avoir pitié de ceux qui commettent des erreurs et des injustices, non pas en les justifiant, mais en les humanisant. C’est la caresse qu’elle nous enseigne : humaniser. Lorsque nous entrons dans la logique de la lutte, de la division entre nous, des mauvais sentiments, l’un contre l’autre, nous perdons l’humanité. Et bien souvent, nous pensons que nous avons besoin d’humanité, d’être plus humains. Et c’est le travail que Sainte Bakhita nous enseigne : humaniser, nous humaniser nous-mêmes et humaniser les autres.

Sainte Bakhita, devenue chrétienne, est transformée par les paroles du Christ qu’elle méditait quotidiennement : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). C’est pourquoi elle a dit : « Si Judas avait demandé pardon à Jésus, lui aussi aurait trouvé miséricorde ». Nous pouvons dire que la vie de Sainte Bakhita est devenue une parabole existentielle du pardon. Que c’est beau de dire d’une personne « elle a été capable, elle a été capable de pardonner toujours ». Et elle a été capable de le faire toujours, bien plus : sa vie est une parabole existentielle du pardon. Pardonner parce qu’ensuite nous serons pardonnés. N’oublions pas ceci : le pardon, c’est la caresse de Dieu pour nous tous.

Le pardon l’a rendue libre. Le pardon d’abord reçu à travers l’amour miséricordieux de Dieu, et ensuite le pardon donné a fait d’elle une femme libre, joyeuse, capable d’aimer.

Bakhita a pu vivre le service non pas comme un esclavage, mais comme l’expression du don gratuit de soi. Et ceci est très important : elle s’est faite servante volontairement – elle a été vendue comme esclave – elle a ensuite choisi librement de se faire servante, de porter sur ses épaules les fardeaux des autres.

Sainte Joséphine Bakhita, par son exemple, nous montre le chemin pour être finalement libérés de nos esclavages et de nos peurs. Elle nous aide à démasquer nos hypocrisies et nos égoïsmes, à surmonter rancœurs et conflictualités. Et elle nous encourage toujours.

Chers frères et sœurs, le pardon n’enlève rien mais ajoute – qu’est-ce que le pardon ajoute ? – de la dignité : le pardon ne t’enlève rien mais ajoute de la dignité à la personne, il fait porter le regard de soi-même vers les autres, pour les voir aussi fragiles que nous, mais toujours frères et sœurs dans le Seigneur. Frères et sœurs, le pardon est la source d’un zèle qui devient miséricorde et appelle à une sainteté humble et joyeuse, comme celle de Sainte Bakhita.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de différentes nations.

Frères et sœurs, par l’intercession de sainte Joséphine Bakhita, demandons au Seigneur le courage de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, et d’œuvrer pour la paix dans nos familles et nos communautés.

Que Dieu vous bénisse !


APPELS

Je continue à suivre avec douleur et appréhension ce qui se passe en Israël et en Palestine : tant de personnes tuées, d’autres blessées… Je prie pour les familles qui ont vu un jour de fête se transformer en jour de deuil, et je demande que les otages soient libérés immédiatement. C’est le droit de qui est attaqué de se défendre, mais je suis très préoccupé par le siège total dans lequel vivent les Palestiniens à Gaza, où il y a également eu de nombreuses victimes innocentes. Le terrorisme et les extrémismes ne contribuent pas à trouver une solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens, mais alimentent la haine, la violence et la vengeance, et font seulement souffrir les uns et les autres. Le  Moyen-Orient n’a pas besoin de guerre mais de paix, une paix fondée sur la justice, le dialogue et le courage de la fraternité.

J’adresse une pensée spéciale à la population de l’Afghanistan qui souffre des conséquences du tremblement de terre dévastateur qui l’a frappée, faisant des milliers de victimes (dont beaucoup de femmes et d’enfants) et de personnes déplacées. J’invite toutes les personnes de bonne volonté à aider ce peuple déjà si éprouvé, en contribuant dans un esprit de fraternité à alléger les souffrances des gens et à soutenir la reconstruction nécessaire.

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Catéchèse sur la passion de l’évangélisation : Saint Daniel Comboni

Monument de Saint Daniel Comboni (Source : Wikimedia Commons)

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François a présenté un apôtre plein de zèle pour l’Afrique : saint Daniel Comboni qui fut passionné de Dieu et des frères qu’il servait en mission. Il  nous invite à penser aux crucifiés de l’histoire d’aujourd’hui : hommes, femmes, enfants, vieillards qui sont crucifiés par des histoires d’injustice et de domination : « N’oubliez pas les pauvres, aimez-les, parce qu’en eux se trouve la présence de Jésus crucifié qui attend de ressusciter ».

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre parcours de la catéchèse sur la passion évangélisatrice, c’est-à-dire le zèle apostolique, aujourd’hui nous nous arrêtons sur le témoignage de Saint Daniel Comboni. Il fut un apôtre plein de zèle pour l’Afrique. De ces peuples, il écrivait : « ils ont pris possession de mon cœur qui ne vit que pour eux » C’est beau ! (Ecrits, 941), « je mourrai avec l’Afrique sur les lèvres » (Ecrits, 1441). Et c’est à eux qu’il s’adresse en ces termes : « le plus heureux de mes jours sera celui où je pourrai donner ma vie pour vous » (Ecrits, 3159). Ceci est l’expression pour une personne amoureuse de Dieu et de ses frères et sœurs qu’il servait en mission et au sujet desquels il ne se lassait pas de rappeler que « Jésus-Christ a souffert et est mort pour eux aussi » (Ecrits, 2499 ; 4801).

Il le disait dans un contexte marqué par l’horreur de l’esclavage dont il était témoin. L’esclavage « chosifie » l’être humain, dont la valeur se réduit à être utile à quelqu’un ou à quelque chose. Mais Jésus, Dieu fait homme, a élevé la dignité de tout être humain et a mis en évidence la fausseté de tout esclavage. Comboni, à la lumière du Christ, a pris conscience du mal de l’esclavage ; il a aussi compris que l’esclavage social s’enracine dans un esclavage plus profond, celui du cœur, celui du péché, dont le Seigneur nous libère. En tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à lutter contre toutes les formes d’esclavage. Malheureusement, l’esclavage, comme le colonialisme, n’appartient pas au passé, malheureusement. Dans l’Afrique tant aimée par Comboni, aujourd’hui déchirée par de nombreux conflits, « après le colonialisme politique, un “colonialisme économique” tout aussi asservissant s’est déchainé. (…). C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. » Je renouvelle donc mon appel : « Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. » (Rencontre avec les Autorités, Kinshasa, 31 janvier 2023).

Et revenons à l’histoire de Saint Daniel. Après un premier séjour en Afrique, il dut quitter la mission pour des raisons de santé. Trop de missionnaires étaient morts après avoir contracté des maladies, par manque de connaissance de la réalité locale. Cependant, si d’autres abandonnaient l’Afrique, ce n’était pas le cas de Comboni. Après un temps de discernement, il sentit que le Seigneur lui inspirait une nouvelle manière d’évangéliser, qu’il résuma en ces mots : « Sauver l’Afrique avec l’Afrique » (Ecrits, 2741s). C’est une intuition puissante, rien du colonialisme là-dedans, il s’agit d’une intuition puissante qui contribua à renouveler l’engagement missionnaire qui a contribué à renouveler l’engagement missionnaire : les personnes évangélisées n’étaient pas seulement des « objets », mais des « sujets » de la mission. Et Saint Daniel Comboni désirait faire de tous les chrétiens les protagonistes de l’action évangélisatrice. Et dans cet esprit, il pensa et agit de manière intégrale, en impliquant le clergé local et en promouvant le service laïc des catéchistes. Les catéchistes sont un trésor de l’Église : les catéchistes sont ceux qui sont en avant dans l’évangélisation. C’est ainsi qu’il conçut également le développement humain, en s’occupant des arts et des professions, et en encourageant le rôle de la famille et de la femme dans la transformation de la culture et de la société. Et combien est-il important, encore aujourd’hui, de faire progresser la foi et le développement humain de l’intérieur des contextes de mission, au lieu de transplanter des modèles externes ou de se limiter à un stérile assistancialisme ! Ni modèle extérieur, ni assistancialisme. Prendre dans la culture des peuples le chemin de l’évangélisation. Evangéliser la culture et inculturer l’Evangile : cela va de pair.

La grande passion missionnaire de Comboni, cependant, n’était pas d’abord le résultat d’un effort humain : il n’était pas poussé par son courage ou motivé seulement par des valeurs importantes, comme la liberté, la justice et la paix ; son zèle naissait de la joie de l’Evangile, il puisait dans l’amour du Christ et conduisait à l’amour pour le Christ ! Saint Daniel écrivait : « Une mission aussi ardue et laborieuse que la nôtre ne peut vivre d’apparences ni avec des bigots remplis d’égoïsme et d’égocentrisme, qui ne se soucient pas comme ils le devraient du salut et de la conversion des âmes ». C’est le drame du cléricalisme, qui conduit les chrétiens, même les laïcs, à se cléricaliser et à se transformer – comme il est dit ici – en des bigots remplis d’égoïsme. C’est la peste du cléricalisme. Et il ajoutait : « Il faut les enflammer de charité, qui a sa source en Dieu et dans l’amour du Christ ; et quand on aime vraiment le Christ, alors les privations, les souffrances et le martyre sont des douceurs » (Ecrits, 6656). Son désir était de voir des missionnaires ardents, joyeux, engagés : des missionnaires – écrivait-il – « saints et capables ». […] D’abord saints, c’est-à-dire exempts de péchés et humbles. Mais cela ne suffit pas : il faut la charité qui rend les sujets capables » (Ecrits, 6655). La source de la capacité missionnaire, pour Comboni, est donc la charité, en particulier le zèle pour faire siennes les souffrances des autres.

Sa passion évangélisatrice ne l’a d’ailleurs jamais conduit à agir en soliste, mais toujours en communion, dans l’Église. « Je n’ai qu’une vie à consacrer au salut de ces âmes », écrit-il, « je voudrais en avoir mille à consumer pour cela » (Ecrits, 2271).

Frères et sœurs, saint Daniel témoigne de l’amour du Bon Pasteur, qui va à la recherche de ce qui est perdu et qui donne sa vie pour son troupeau. Son zèle a été énergique et prophétique en s’opposant à l’indifférence et à l’exclusion. Dans ses lettres, il se souvenait avec émotion de son Eglise bien-aimée, qui avait oublié l’Afrique pendant trop longtemps. Le rêve de Comboni est une Eglise qui fait cause commune avec les crucifiés de l’histoire, pour vivre avec eux l’expérience de la résurrection. En ce moment, je vous fais une suggestion. Pensez aux crucifiés de l’histoire d’aujourd’hui : hommes, femmes, enfants, vieillards qui sont crucifiés par des histoires d’injustice et de domination. Pensons à eux et prions. Son témoignage semble se répéter à nous tous, hommes et femmes d’Eglise : « N’oubliez pas les pauvres, aimez-les, parce qu’en eux se trouve la présence de Jésus crucifié qui attend de ressusciter ». N’oubliez pas les pauvres : avant de venir ici, j’ai eu une réunion avec des législateurs brésiliens qui travaillent pour les pauvres, qui essaient de promouvoir les pauvres avec l’aide et la justice sociale. Et eux ils n’oublient pas les pauvres : ils travaillent pour les pauvres. À vous, je dis : n’oubliez pas les pauvres, parce que ce sont eux qui ouvriront la porte du Ciel.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 26 avril 2023

Grégoire de Narek (Grigor Narekatsi), Hovhannavank. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur le « zèle évangélique » en réfléchissant à la prière des frères et sœurs de la vie consacrée. Il a déclaré qu’ils « sont le cœur battant de l’annonce. Leur prière est l’oxygène de tous les membres du Corps du Christ, leur prière est la force invisible qui soutient la mission ».

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur les témoins du zèle apostolique. Nous avons commencé avec saint Paul et la dernière fois nous avons considéré les martyrs, qui proclament Jésus par leur vie, jusqu’à donner leur vie pour Lui et pour l’Évangile. Mais il y a un autre grand témoignage qui traverse l’histoire de la foi : celui des moniales et des moines, des sœurs et des frères qui renoncent à eux-mêmes, ils renoncent au monde pour imiter Jésus sur le chemin de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance et pour intercéder en faveur de tous. Leurs vies parlent d’elles-mêmes, mais nous pouvons nous demander comment les personnes vivant dans des monastères peuvent-elles contribuer à l’annonce de l’Évangile ? Ne feraient-ils pas mieux de mettre leur énergie au service de la mission ? En sortant du monastère et en prêchant l’Évangile en dehors du monastère ? En réalité, les moines sont le cœur battant de l’annonce : leur prière est l’oxygène de tous les membres du Corps du Christ, leur prière est la force invisible qui soutient la mission. Ce n’est pas un hasard si la patronne des missions est une moniale, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Écoutons comment elle a découvert sa vocation, elle écrivait ainsi : « J’ai compris que l’Église a un cœur, un cœur brûlant d’amour. J’ai compris que seul l’amour pousse les membres de l’Église à l’action et que, si cet amour s’éteignait, les apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les martyrs ne verseraient plus leur sang. J’ai compris et su que l’amour embrasse en lui toutes les vocations […]. Alors, avec une joie immense et extase de l’âme, je me suis écriée : O Jésus, mon amour, j’ai enfin trouvé ma vocation. Ma vocation est l’amour. […] Dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l’amour » (Manuscrit autobiographique « B », 8 septembre 1896). Les contemplatifs, les moines, les moniales : des personnes qui prient, travaillent, prient en silence, pour toute l’Église. Et c’est l’amour : c’est l’amour qui s’exprime en priant pour l’Église, en travaillant pour l’Église, dans les monastères.

Cet amour pour tous anime la vie des moines et se traduit dans leur prière d’intercession. À cet égard, je voudrais vous citer en exemple saint Grégoire de Narek, Docteur de l’Église. C’est un moine arménien, qui a vécu vers l’an mille, et qui nous a laissé un livre de prières dans lequel s’exprime la foi du peuple arménien, le premier à avoir embrassé le christianisme, un peuple qui, en restant fidèle à la croix du Christ, a tant souffert tout au long de l’histoire. Et Saint Grégoire passa presque toute sa vie au monastère de Narek. C’est là qu’il apprit à scruter les profondeurs de l’âme humaine et, en fusionnant ensemble la poésie et la prière, il marqua l’apogée de la littérature et de la spiritualité arméniennes. Ce qui frappe le plus chez lui, c’est la solidarité universelle dont il est l’interprète. Et parmi les moines et les moniales, il existe une solidarité universelle : tout ce qui se passe dans le monde trouve une place dans leur cœur et ils prient. Le cœur des moines et des moniales est un cœur qui capte, comme une antenne, ce qui se passe dans le monde et qui prie et intercède pour cela. Ils vivent ainsi en union avec le Seigneur et avec tout le monde. Et saint Grégoire de Narek écrit : « J’ai pris volontairement sur moi toutes les fautes, depuis celles du premier père jusqu’à celles du dernier de ses descendants ». (Livre des Lamentations, 72). Et comme Jésus l’a fait, les moines prennent sur eux les problèmes du monde, les difficultés, les maladies, tant de choses, et prient pour les autres. Et ce sont eux les grands évangélisateurs. Comment se fait-il que les monastères vivent fermés et évangélisent ? Parce que par la parole, l’exemple, l’intercession et le travail quotidien, les moines sont un pont d’intercession pour tous les hommes et pour les péchés.  Ils pleurent aussi avec des larmes, ils pleurent pour leurs propres péchés – nous sommes tous pécheurs – et ils pleurent aussi pour les péchés du monde, et ils prient et intercèdent avec leurs mains et leurs cœurs vers le ciel. Pensons un peu à cette « réserve » – si je puis dire – que nous avons dans l’Église : ils sont la vraie force, la vraie force qui fait avancer le peuple de Dieu, et c’est de là que vient l’habitude qu’ont les gens – le peuple de Dieu – quand ils rencontrent une personne consacrée, une personne consacrée, de dire : « Priez pour moi, priez pour moi », parce que vous savez qu’il y a une prière d’intercession. Cela nous fera du bien – dans la mesure du possible – de visiter un monastère, parce qu’on y prie et qu’on y travaille. Chacun a sa propre règle, mais les mains y sont toujours occupées : occupées par le travail, occupées par la prière. Que le Seigneur nous donne de nouveaux monastères, qu’il nous donne des moines et des moniales qui fassent avancer l’Église par leur intercession. Je vous remercie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience Générale du Pape François – 18 janvier 2023

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Dans la catéchèse d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa série sur l’évangélisation. Il réfléchit sur le Christ Bon Pasteur, qui « souffre et prend des risques » pour ceux qui ont quitté le troupeau. Le Saint Père conclut en disant que l’évangélisation consiste « à les aimer pour qu’ils soient des enfants heureux de Dieu. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenu à tous !

Mercredi dernier, nous avons ouvert un cycle de catéchèse sur la passion d’évangéliser, c’est-à-dire sur le zèle apostolique qui doit animer l’Église et tout chrétien. Aujourd’hui, nous nous penchons sur le modèle suprême de l’annonce : Jésus. L’Évangile du jour de Noël l’a défini comme le  » Verbe de Dieu  » (cf. Jn 1, 1). Le fait qu’il soit le Verbe, la parole, nous indique un aspect essentiel de Jésus : il est toujours en relation, toujours en sortie, jamais isolé, toujours en relation, en sortie ; la parole, en effet, existe pour être transmise, communiquée. Il en est de même pour Jésus, Parole éternelle du Père adressée à nous, communiquée à nous. Christ n’a pas seulement les paroles de vie, mais fait de sa vie une Parole, un message : il vit, pour ainsi dire, toujours tourné vers le Père et vers nous. Toujours en regardant le Père qui l’a envoyé et en nous regardant, nous vers qui il a été envoyé.

En effet, si nous regardons ses journées, décrites dans les Évangiles, nous voyons qu’en premier lieu il y a l’intimité avec le Père, la prière, pour laquelle Jésus se lève tôt, quand il fait encore nuit, et va dans des zones désertes pour prier (cf. Mc 1,35 ; Lc 4,42)pour parler avec le Père. Toutes les décisions et tous les choix plus importants il les prend après avoir prié (cf. Lc 6,12 ; 9,18). C’est précisément dans cette relation, dans la prière qui le lie au Père dans l’Esprit, que Jésus découvre le sens de son être d’homme, de son existence dans le monde parce que Lui est en mission pour nous, envoyé par le Père à nous.

À cet égard, le premier geste public qu’Il pose, après les années de vie cachée à Nazareth, est intéressant. Jésus ne fait pas un grand prodige, il ne lance pas un message sensationnel, mais se mêle aux gens qui allaient se faire baptiser par Jean. Il nous offre ainsi la clé de son agir dans le monde : se dépenser pour les pécheurs, en étant solidaire de nous sans distance, dans le partage total de la vie. En effet, en parlant de sa mission, il dira qu’il n’est pas venu « pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie » (Mc 10,45). Chaque jour, après la prière, Jésus consacre toute sa journée à l’annonce du Royaume de Dieu et la consacre aux personnes, en particulier les plus pauvres et les plus faibles, les pécheurs et les malades (cf. Mc 1,32-39). C’est-à-dire que Jésus est en contact avec le Père dans la prière et ensuite il est en contact avec tous les gens pour la mission, pour la catéchèse, pour enseigner le chemin du Royaume de Dieu.

Or, si nous voulons représenter son style de vie par une image, nous n’avons aucune difficulté à la trouver : Jésus lui-même nous l’offre, Jésus lui-même nous l’offre, nous l’avons bien entendu, en se présentant comme le Bon Pasteur, celui qui – dit-il – « donne sa vie pour les brebis » (Jn 10,11), c’est Jésus. En effet, être pasteur n’était pas seulement un travail, qui demandait du temps et beaucoup d’engagement, c’était un véritable mode de vie : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, vivre avec le troupeau, l’accompagner au pâturage, dormant parmi les brebis, prenant soin des plus faibles. Jésus, en d’autres termes, ne fait pas quelque chose pour nous, mais donne tout, donne sa vie pour nous. Son cœur est un cœur pastoral (cf. Ez 34,15). Il fait le pasteur avec nous tous.

En effet, pour résumer l’action de l’Église en un mot, le terme « pastoral » est souvent utilisé. Et pour évaluer notre travail pastoral, nous devons nous confronter au modèle, nous confronter avec Jésus, Jésus le bon pasteur. Avant tout, nous pouvons nous demander : l’imitons-nous en nous abreuvant aux sources de la prière, afin que nos cœurs soient en syntonie avec le sien ? L’intimité avec Lui est, comme le suggère le beau volume de l’abbé Chautard, «  l’âme de tout apostolat ». Jésus lui-même a dit clairement à ses disciples : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Si l’on est avec Jésus, on découvre que son cœur pastoral bat toujours pour qui est perdu, égaré, lointain. Et le nôtre ? Combien de fois notre attitude avec les personnes un peu difficiles ou qui sont un peu difficiles s’exprime par ces mots :  » Mais c’est son problème, qu’il se débrouille… « . Mais Jésus n’a jamais dit cela, jamais, mais il est toujours allé à la rencontre des marginaux, des pécheurs. On l’a accusé de cela, d’être avec les pécheurs, parce qu’il leur apportait le salut de Dieu.

Nous avons entendu la parabole de la brebis perdue au chapitre 15 de l’Évangile de Luc (cf. vv. 4-7). Jésus parle aussi de la pièce de monnaie perdue et du fils prodigue. Si nous voulons former notre zèle apostolique, le chapitre 15 de Luc devrait toujours être sous nos yeux. Lisez-le souvent, là nous pourrons comprendre ce qu’est le zèle apostolique. Là, nous découvrons que Dieu ne reste pas à contempler l’enclos de ses brebis, ni ne les menace pour qu’elles ne s’en aillent pas. Au contraire, si quelqu’un sort et se perd, il ne l’abandonne pas, mais la cherche. Il ne dit pas : « Elle est partie, c’est sa faute, c’est son affaire ! ». Le cœur pastoral réagit d’une autre manière : le cœur pastoral souffre et le cœur pastoral risque. Il souffre : oui, Dieu souffre pour qui s’en va, et en le pleurant, il l’aime d’autant plus. Le Seigneur souffre lorsque nous nous éloignons de son cœur. Il souffre pour ceux qui ne connaissent pas la beauté de son amour et la chaleur de son étreinte. Mais, en réponse à cette souffrance, il ne se renferme pas, mais au contraire prend des risques : il laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont en sécurité et s’aventure à la recherche de celle qui manque, faisant ainsi quelque chose d’hasardeux et même d’irrationnel, mais en consonnance avec son cœur pastoral, qui éprouve de la nostalgie pour qui s’en est allé. La nostalgie pour ceux qui sont partis est constante en Jésus. Et lorsque nous apprenons que quelqu’un a quitté l’Église, que disons-nous ? « Qu’il se débrouille ». Non, Jésus nous enseigne la nostalgie de ceux qui sont partis ; Jésus n’a ni colère ni ressentiment, mais une nostalgie irréductible de nous. Jésus se languit de nous, et c’est le zèle de Dieu.

Et je me demande : nous, avons-nous des sentiments similaires ? Peut-être considérons-nous ceux qui ont quitté le troupeau comme des adversaires ou des ennemis. « Et celui-là ? – Non, il est parti ailleurs, il a perdu la foi, l’enfer l’attend…’, et nous sommes tranquilles. En les rencontrant à l’école, au travail, dans les rues de la ville, pourquoi ne pas penser plutôt que nous avons une bonne occasion de leur témoigner la joie d’un Père qui les aime et ne les a jamais oubliés ? Non pas pour faire du prosélytisme, non ! Mais pour que là arrive la Parole du Père, pour marcher ensemble. Évangéliser n’est pas faire du prosélytisme : faire du prosélytisme est une chose païenne, ce n’est ni religieux ni évangélique. Il y a une bonne parole pour ceux qui ont quitté le troupeau, et nous avons l’honneur et la responsabilité d’être ceux qui expriment cette parole. Parce que la Parole, Jésus, nous demande cela, de nous approcher toujours, avec un cœur ouvert, de tous, parce que Lui est comme cela. Peut-être suivons-nous et aimons-nous Jésus depuis si longtemps et ne nous sommes-nous jamais demandé si nous partageons ses sentiments, si nous souffrons et risquons en syntonie avec le cœur de Jésus, avec ce cœur pastoral, proche du cœur pastoral de Jésus ! Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, je l’ai dit, pour que les autres soient « des nôtres”, non, cela n’est pas chrétien : il s’agit d’aimer pour qu’ils soient des enfants heureux de Dieu. Demandons dans la prière la grâce d’un cœur pastoral, ouvert, qui se tienne proche de tous, pour apporter le message du Seigneur et aussi pour sentir pour chacun la nostalgie du Christ. Parce que, sans cet amour qui souffre et qui risque, notre vie ne va pas bien : si nous, chrétiens, n’avons pas cet amour qui souffre et qui risque, nous risquons de ne paître que nous-mêmes. Les pasteurs qui sont pasteurs d’eux-mêmes, au lieu d’être pasteurs du troupeau, sont des coiffeurs de brebis « exquises ». Nous ne devons pas être les pasteurs que de nous-mêmes, mais les pasteurs de tous.

 

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents aujourd’hui, en particulier le groupe de fidèles, venu de la République Démocratique du Congo, un pays que j’irai visiter à la fin du mois et que je recommande à votre prière !

Prions Dieu de nous faire un cœur pastoral qui souffre et qui risque pour témoigner. Non seulement c’est un honneur, mais c’est aussi un devoir d’apporter la Parole de Dieu à ceux qui nous sont confiés comme à ceux que nous rencontrons dans la vie de tous les jours.

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana


Jeune, mère, philosophe et catholique avec Laurence Godin-Tremblay

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient avec la jeune philosophe catholique Laurence Godin-Tremblay pour parler de son cheminement de foi. Sont notamment abordés les thèmes de la jeunesse, catéchèse catéchuménale, de la pastorale jeunesse, de la vie intellectuelle catholique sans oublier son expérience de jeune mère en 2021. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

L’initiation chrétienne aujourd’hui avec François Jacques ptre

Cette semaine, dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute de l’initiation chrétienne avec le prêtre et auteur François Jacques. Auteur de « Viens et vois : l’initiation chrétienne aujourd’hui », l’abbé François Jacques est prêtre de l’archidiocèse de Québec. Dans cet entretien, sont abordés des thèmes tels que les médias sociaux, le catéchuménat, l’annonce kérygmatique et l’intégration communautaire en 2020.

Sur la route du diocèse de Nicolet (2e partie)

Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous poursuivons notre visite de l’Église envoyée à Nicolet. En effet, le diocèse de Nicolet, exemple d’une communauté en marche, est dédié corps et âme au bien-être spirituel et temporel de la portion du peuple de Dieu qui lui est confié. Que ce soit par sa présence constante auprès de la communauté autochtone, par l’originalité des nouvelles formes de célébration de la foi, son audace en faveur de la formation du peuple de Dieu ou par son souci d’incarner son espérance dans l’aujourd’hui de son action caritative, le diocèse de Nicolet s’inscrit pleinement dans le tournant missionnaire voulu par le pape François. Accompagné par Mgr André Gazaille, notre parcours nous emmènera auprès de la communauté autochtone d’Odanak où nous découvrirons les initiatives des maisonnées d’Évangile, de la maison diocésaine de formation et des parcours catéchétiques « GPS ». Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous partons donc à la rencontre des différents visages qui forment le peuple de Dieu dans cette région du Centre-du-Québec.

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2/2 Sur la route du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière

Dans cette émission de « Sur la route des diocèses » nous poursuivons notre parcours de l’Église catholique à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Après avoir constaté la ferveur et la vitalité de la communauté chrétienne envoyée dans ce coin de pays, nous continuons notre visite à la rencontre des différents visages qui forment le peuple de Dieu dans cette région du Québec. Nous serons témoins de la centralité de la liturgie, des efforts consacrés à l’enseignement de la vie chrétienne, de la diversité des initiatives à caractère social et du défi de transmettre un riche patrimoine aux générations futures. Partons donc à la découverte de cette portion du peuple de Dieu qui, suivant l’invitation du pape François, cherche « à exprimer la vérité toujours dans un langage qui permette de reconnaître sa permanente nouveauté »

Église en sortie 21 juin 2019

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit Suzanne Desrochers de l’Office de catéchèse du Québec pour parler du document « Oser ! : outils d’animation pour une conversion missionnaire en formation à la vie chrétienne ». On vous présente un reportage sur l’Institut de formation théologique du Diocèse de Saint-Hyacinthe. Dans la troisième partie de l’émission, on s’entretient de la béatification de Guadalupe Ortiz de Landàzuri avec la collaboratrice au Bureau d’information de l’Opus Dei au Canada, Monique David.

Église en sortie 5 mai 2017

Cette semaine à Église en sortie nous recevons Marie-Astrid Dubant, directrice d’ALPHA-Québec qui s’entretient avec Francis Denis sur la mission d’évangélisation au Québec et de la plus récente série de films Alpha. On vous présente également un reportage sur le lancement de la « nouvelle série de films Alpha » qui a eu lieu à l’église anglicane St. Jax de Montréal suivi de quelques extraits de cette série incontournable pour la nouvelle évangélisation au Québec et au Canada francophone.

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