Réflexion du pape François lors de l’Angélus à Lima, Pérou

Le dimanche 21 janvier 2018, du balcon de la résidence de l’archevêque de Lima, sur la Place d’Armes, le Saint Père a célébré la prière de l’Angélus. Il a de plus livré une réflexion adressée, en particulier, aux jeunes. Voici le texte complet de son allocution :

Dieu notre Père, qui par Jésus-Christ a institué ton Église sur le roc des Apôtres, pour que, guidée par l’Esprit Saint, elle soit dans le monde signe et instrument de ton amour et de ta miséricorde, nous te rendons grâce pour les bienfaits que tu as accomplis dans notre Église à Lima.

Nous Te remercions en particulier pour la sainteté qui a fleuri sur notre terre. Notre Église archidiocésaine, fécondée par le travail apostolique de saint Turibio de Mogrovejo; renforcée par la prière, la pénitence et la charité de sainte Rose de Lima et de saint Martin de Porrès; embellie par le zèle missionnaire de saint François Solano et par l’humble service de saint Jean Macias; bénie par le témoignage de vie chrétienne d’autres frères fidèles à l’Évangile, Te remercie pour ton action dans notre histoire et Te demande la fidélité à l’héritage reçu.

Aide-nous à être une Église en sortie, en nous faisant proches de tous, en particulier des moins favorisés; apprends-nous à être des disciples-missionnaires de Jésus-Christ, le Seigneur des Prodiges, en vivant de l’amour, en recherchant l’unité, et en pratiquant la miséricorde, pour que, protégés par l’intercession de Notre-Dame de l’Évangélisation, nous vivions et annoncions au monde la joie de l’Évangile.

Chers jeunes, je suis heureux de pouvoir me retrouver avec vous. Ces rencontres sont pour moi très importantes, et plus encore cette année où nous nous préparons pour le Synode sur les jeunes. Vos visages, vos recherches, vos vies sont importantes pour l’Eglise et nous devons vous donner l’importance que vous méritez et avoir le courage qu’ont eu beaucoup de jeunes de cette terre qui n’ont pas eu peur d’aimer et de miser sur Jésus.

Chers amis, que d’exemples vous avez! Je pense à saint Martin de Porres. Rien n’a empêché ce jeune d’accomplir ses rêves, rien ne l’a empêché de dépenser sa vie pour les autres, rien ne l’a empêché d’aimer; et il l’a fait parce qu’il avait fait l’expérience que le Seigneur l’avait aimé en premier. Tel qu’il était: métis, et devant faire face à de nombreuses privations. Au regard des hommes, de ses amis, il semblait avoir tout à “perdre”, mais il a su faire une chose qui serait le secret de sa vie: faire confiance. Il a fait confiance au Seigneur qui l’aimait. Savez-vous pourquoi? Parce que le Seigneur lui avait d’abord fait confiance; comme il fait confiance à chacun d’entre vous et ne se lassera jamais de le faire.

Vous pourriez me dire: mais il y a des fois où cela devient très difficile. Je vous comprends. Dans ces moments-là des pensées négatives peuvent venir; sentir qu’il y a beaucoup de choses qui nous tombent dessus, que nous allons être ‘‘exclus du mondial’’. Il semblerait qu’on est en train de l’emporter sur nous. Mais ce n’est pas comme ça, pas vrai?

Il y a des moments où vous pouvez sentir que vous êtes sans possibilité de réaliser le désir de votre vie, vos rêves. Nous sommes tous passés par de telles situations. Chers amis, dans ces moments où il semble que la foi s’éteint, n’oubliez pas que Jésus est à vos côtés. Ne vous avouez pas vaincus, ne perdez pas espérance! N’oubliez pas les saints qui, du ciel, nos accompagnent ; allez à eux, priez et ne vous lassez pas de demander leur intercession. Ces saints d’hier, mais aussi d’aujourd’hui : cette terre en a beaucoup, parce que c’est une terre “sanctifiée”. Cherchez l’aide, le conseil de personnes dont vous savez qu’elles sont bonnes pour donner des conseils parce que leurs visages débordent de joie et de paix. Faites-vous accompagner par elles pour parcourir ainsi le chemin de la vie.

Jésus veut vous voir en mouvement ; il veut te voir poursuivre tes idéaux, et décidé à suivre ses instructions. Il vous conduira sur le chemin des béatitudes, un chemin en rien facile mais passionnant, un chemin qu’on ne peut parcourir seul, mais en équipe, où chacun peut collaborer avec le meilleur de lui-même. Jésus compte sur toi, comme il l’a fait il y a longtemps avec sainte Rose de Lima, saint Toribio, saint Juan Macias, saint Francisco Solano et tant d’autres. Aujourd’hui il te demande, comme à eux, si tu es-tu disposé à le suivre. Es-tu disposé à le suivre? À te laisser pousser par son Esprit pour rendre présent son Royaume de justice et d’amour?

Chers amis, le Seigneur vous regarde avec espérance, il ne désespère jamais de nous. Nous, peut-être, nous pouvons désespérer de nous-mêmes et des autres.

Je sais qu’il est très beau de regarder les photos retouchées numériquement, mais cela ne sert que pour les photos, nous ne pouvons pas faire le “photoshop” aux autres, à la réalité ni à nous- mêmes. Les filtres de couleurs et la haute définition ne marchent que pour les vidéos, mais nous ne pouvons jamais les appliquer aux amis. Il y a des photos qui sont très belles, mais elles sont complètement truquées; et laissez-moi vous dire que le cœur ne peut pas se “photoshoper”, parce que c’est là que se joue l’amour véritable, c’est là que se joue le bonheur.

Jésus ne veut pas que tu te “maquilles” le cœur ; il t’aime comme tu es et il a un rêve à réaliser avec chacun de vous. N’oubliez pas, il ne désespère pas de nous. Et si vous désespérez, je vous invite à prendre la Bible et à vous rappeler les amis que Dieu s’est choisis.

Moïse était bègue; Abraham, un vieillard; Jérémie, très jeune; Zachée, de petite taille; les disciples, quand Jésus leur demandait de prier, s’endormaient; Paul, un persécuteur des chrétiens; Pierre, il l’a renié… Et nous pourrions ainsi allonger la liste. Quelle excuse pourrions-nous avoir ?

Quand Jésus nous regarde, il ne considère pas combien nous sommes parfaits, mais à tout l’amour que nous avons dans le cœur à offrir et pour servir les autres. Pour lui, c’est cela qui est important, et il va toujours insister sur la même chose – il ne regarde pas ta taille, si tu parles bien ou mal, si tu dors en priant, si tu es trop jeune ou vieux. La seule question, c’est: Veux-tu me suivre et être mon disciple ? – Ne dépense pas pour maquiller ton cœur, remplis ta vie de l’Esprit!

Il attend sans se lasser pour nous donner son Esprit qui est l’Amour que Dieu veut répandre en nos cœurs afin de faire de nous ses disciples missionnaires.

En suivant Jésus, on ne peut jamais, mais jamais, être rejeté. Même si tu commets des erreurs; toujours le Seigneur nous offre une nouvelle chance pour marcher de nouveau avec lui.

Chers jeunes, dans ma prière, je vous mets dans les mains de la Vierge. Soyez certains qu’elle vous accompagnera à chaque instant de votre vie, à toutes les croisées de vos chemins, spécialement quand vous aurez à prendre des décisions importantes; elle sera là comme une bonne Mère, vous encourageant, vous soutenant afin que vous ne perdiez pas courage. Et si tu te décourages pour ces raisons, ne t’en fais pas, elle le dira à Jésus. Seulement, ne cesse pas de prier, ne cesse pas de demander, ne cesse pas de faire confiance à sa maternelle protection.

Église en sortie 5 mai 2017

Cette semaine à Église en sortie nous recevons Marie-Astrid Dubant, directrice d’ALPHA-Québec qui s’entretient avec Francis Denis sur la mission d’évangélisation au Québec et de la plus récente série de films Alpha. On vous présente également un reportage sur le lancement de la « nouvelle série de films Alpha » qui a eu lieu à l’église anglicane St. Jax de Montréal suivi de quelques extraits de cette série incontournable pour la nouvelle évangélisation au Québec et au Canada francophone.

Une Église au service de la jeunesse

CNS/Reuters

Depuis quelques semaines déjà, nous avons amorcé une lecture approfondie du document préparatoire au Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel». Je vous propose de parcourir, aujourd’hui, l’aspect vocationnel du document en soulignant, non seulement, les raisons du souci de l’Église pour la cause des jeunes mais également les intuitions qui la portent à aller à leur rencontre et à les accompagner dans leur cheminement.

Une préoccupation humaine et divine

Il est évident que la première préoccupation de l’Église soit celle de Dieu Lui-même désirant une communion nouvelle avec l’humanité ! En effet, en nous donnant son Fils unique, « pierre angulaire » et « Époux de l’Église », Dieu a voulu que l’humanité renoue avec sa vocation originelle à l’Amour et au don de soi. L’Église ne peut donc pas seulement « attendre que jeunesse se passe ». Elle doit y être plongée et se faire jeune avec les jeunes.

Cette préoccupation de la jeunesse, l’Église la vit également du point de vue humain. Comment ne pas être à l’écoute des difficultés que traversent les jeunes d’aujourd’hui ? Comment rester insensible à leur réalité c’est-à-dire à « leurs joies et leurs espoirs, leurs tristesses et leurs angoisses » ! À l’image du cœur de Jésus, l’Église cherche les différentes voies qui l’aideront à être solidaire de la jeunesse.

Un potentiel surprenant à découvrir

Pour aller à la rencontre des jeunes, le Peuple de Dieu dans son ensemble, doit avoir la conviction de l’action invisible de l’Esprit qui prépare les cœurs. Nous ne devons pas trop nous conforter dans nos propres plans et stratégies qui mettent souvent des obstacles à ce Dieu « qui surprend ». Enfin, nous devons prendre garde à ni sous-estimer la force des vérités révélées ni sous-estimer l’intelligence des jeunes qui nous sont confiés. ; ce que nous faisons souvent lorsque nous essayons, par souci d’adaptation immodéré, de diluer le message pour le rendre accessible.

Au contraire, suivant une pédagogie similaire à celle de Dieu dans l’Ancien Testament, l’Église doit aider les jeunes à découvrir les dons mais également la flamme qui demeure en eux qu’ils doivent allumer et alimenter tout au long de leur vie. Cette flamme, c’est la vie divine qui ne demande qu’à grandir et, ce, à une vitesse souvent encore plus rapide que la croissance physique !

Accompagner pour mieux aimer

Pour ce faire, tous les membres de l’Église doivent se mettre à la tâche en acceptant que cet accompagnement qui est dû aux jeunes soit un apprentissage d’une « liberté humaine authentique ». Nous devons donc manifester l’urgence des choix qui doivent être faits durant cette étape de la vie, sans toutefois choisir à leur place. Cette logique de l’accompagnement, le document nous la présente dans une perspective magnifique :

« L’Esprit parle et agit à travers les événements de la vie de chacun, mais les événements par eux-mêmes sont muets ou ambigus, dans la mesure où on peut leur donner des interprétations diverses. Éclairer leur signification en vue d’une décision requiert un itinéraire de discernement. Les trois verbes qui le décrivent dans Evangelii gaudium, 51 – reconnaître, interpréter et choisir – peuvent nous aider à définir un itinéraire adapté tant aux individus qu’aux groupes et communautés, en sachant que, dans la pratique, les frontières entre les diverses phases ne sont jamais aussi nettes. »

Ce chemin vers le synode d’octobre prochain ne fera qu’intensifier les discussions sur ce thème de la jeunesse et du discernement vocationnel. Cette réflexion préparatoire peut être perçue comme un chemin personnel de conversion aux besoins de plus en plus urgents d’une jeunesse qui parfois souffre de la pauvreté la plus grave qui soit, le vide existentiel. Ainsi, parce qu’aimer implique le désir que chaque personne accomplisse son plein potentiel et sa vocation au don total d’elle-même, nous devons, avec le pape François, nous mettre à l’écoute de cette jeunesse qui, bien qu’elle refuse souvent de l’admettre, désire ardemment que l’on s’occupe d’elle.

Leçon d’humilité pour les disciples de Jésus

Visitors walk into the Cenacle, the upper room believed to be the site of Jesus’ Last Supper, on Mount Zion in Jerusalem March 28. Pope Francis will celebrate Mass with the ordinaries of the Holy Land and the papal delegation in the Cenacle during his pilgrimage to the Holy Land in May. (CNS photo/Debbie Hill) (March 31, 2014) See HOLYLAND-SCHEDULE (UPDATED) March 27, 2014.

Pendant son pèlerinage en Terre Sainte, Sel et Lumière a visité le lieu qui commémore la Dernière Cène, où les disciples ont partagé leur dernier repas ensemble avant la Passion du Chirst. Ce lieu, nous l’appelons aussi Coenaculum ou « Cénacle ».

Les disciples avaient sûrement l’habitude de prendre le repas ensemble et de se retrouver pour les grandes fêtes juives. Ils se sont retrouvés encore une fois pour celle de la Pâques. Pâques, veut dire, « passage »; dans la tradition juive, elle commémore le passage des juifs en Égypte, celui qui les ont amenés à leur délivrance en sécurité. La Dernière Cène anticipe, elle aussi, un passage. Celui de Jésus. Par son sacrifice sur la croix, Jésus nous assure un passage sécuritaire. De la mort à la vie. Comme un pont entre nous, l’humanité, et le Ciel, auprès de Dieu.

Ce dernier repas est donc différent des autres. Dans quelques heures Jésus serait livré, jugé, tué. Marqué par l’attente de sa Passion, Jésus accompli des gestes que ses disciples pourront revivre encore et encore: le lavement des pieds, le partage du pain, la récitation de psaumes et d’hymnes. Mais chaque geste prend une toute autre dimension. Ce mémorial s’accomplit complètement en Jésus. Il leur donne leur forme définitive, non pas pour lui-même ni seulement pour un petit groupe d’amis. Mais pour le salut de toute l’humanité, le salut des pécheurs. Et c’est en devenant le serviteur des serviteurs que cela s’accomplira.

En commençant par le lavement des pieds, un rite bien connu dans la tradition juive. Mais c’est une pratique qui revient normalement au serviteur de la maison et non à l’invité d’honneur, dont Jésus. Il s’identifie alors au serviteur. Laver les pieds était la plus grande humiliation. Les pieds étaient soumis et exposés aux conditions les plus dures, la poussière, les roches, la boue… Pourtant Jésus, le Messie, Fils de Dieu, lave les pieds de chacun de ses disciples. Ces derniers sont scandalisés devant cette humilité. Pierre lui dit: « Tu ne me laveras jamais les pieds! ». Jésus lui répond: « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ». Refuser de se faire laver par Jésus, c’est refuser son amitié. Tout comme refuser son pardon est un obstacle à sa grâce. Puis il leur dit que celui qui veut être son disciple doit l’imiter.

Au moment de se mettre à table, Jésus leur dit « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous ». Il a désiré depuis longtemps manger ce repas avec ses amis. Pour leur montrer la profondeur de son amour. En partageant le pain et le vin, il dit « Ceci est mon corps donné pour vous », « Ceci est mon sang versé pour vous ». Ainsi il exprime son désir de se donner lui-même en partage. De se donner totalement à ceux qu’il aime. Le don de lui-même qui permettra à chaque homme et femme d’entrer en communion avec lui pour les siècles à venir. Car il dit « Faites ceci en mémoire de moi » et confère son sacerdoce à ses apôtres.

Eucharistie veut dire rendre grâce. Et l’action de grâce implique une participation, un engagement, au don reçu. C’est pourquoi quand nous participons à l’Eucharistie, nous acceptons en même temps de faire de notre vie un don pour les autres, une Eucharistie. Cela devrait se transmettre dans des gestes concrets d’humilité et de service à l’exemple de Jésus. Il nous a montré que c’est la seule façon de l’imiter parfaitement. Comment notre vie est-elle Eucharistie? Jusqu’où irions-nous pour ceux que nous aimons? ou encore pour ceux que nous aimons moins?

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