Vous trouverez ci-dessus la vidéo des intentions de prière du pape François pour le mois de janvier: Les minorités religieuses en Asie
Homélie du pape François pour la solennité de l’Épiphanie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François pour la Solennité de l’Épiphanie telle que célébrée le 6 janvier 2018:
Trois gestes des Mages orientent notre marche à la rencontre du Seigneur qui se manifeste aujourd’hui comme lumière et salut pour tous les peuples. Les Mages voient l’étoile, ils marchent et ils offrent des présents.
Voir l’étoile. C’est le point de départ. Mais pourquoi, pourrions-nous nous demander, seuls les Mages ont-ils vu l’étoile ? Peut-être parce que peu nombreux sont ceux qui avaient levé le regard vers le ciel. Souvent, en effet, dans la vie on se contente de regarder vers le sol : la santé, un peu d’argent et quelques divertissements suffisent. Et je me demande : nous, savons-nous encore lever le regard vers le ciel ? Savons-nous rêver, désirer Dieu, attendre sa nouveauté ; ou bien nous laissons-nous emporter par la vie comme un rameau sec au vent ? Les Mages ne se sont pas contentés de vivoter, de surnager. Ils ont eu l’intuition que, pour vivre vraiment, il faut un but élevé et pour cela il faut avoir le regard levé.
Mais nous pourrions nous demander encore, pourquoi, parmi ceux qui levaient le regard vers le ciel, beaucoup d’autres n’ont pas suivi cette étoile, « son étoile » (Mt 2,2) ? Peut-être parce que ce n’était pas une étoile voyante, qui brillait plus que les autres. C’était une étoile – dit l’Evangile – que les Mages avaient vu « se lever » (v 2.9). L’étoile de Jésus n’aveugle pas, elle n’étourdit pas, mais elle invite doucement. Nous pouvons nous demander quelle étoile nous choisissons dans la vie. Il y a les étoiles éblouissantes qui créent des émotions fortes mais qui n’orientent pas la marche. Il en est ainsi du succès, de l’argent, de la carrière, des honneurs, des plaisirs recherchés comme but de l’existence. Ce sont des météores : ils brillent un peu mais ils tombent vite et leur lueur disparaît. Ce sont des étoiles filantes qui désorientent au lieu d’orienter. L’étoile du Seigneur, au contraire, n’est pas toujours fulgurante, mais toujours
présente ; elle est douce : elle te prend par la main dans la vie, elle t’accompagne. Elle ne promet pas de récompenses matérielles, maiselle assure la paix et donne, comme aux Mages, « une très grande joie » (Mt 2, 10). Mais elle demande de marcher.
Marcher, la deuxième action des Mages, est essentielle pour trouver Jésus. Son étoile, en effet, demande la décision de se mettre en route, la fatigue quotidienne de la marche ; elle demande de se libérer des poids inutiles et des fastes encombrants qui entravent, et d’accepter les imprévus qui apparaissent sur la carte de la vie tranquille. Jésus se laisse trouver par qui le cherche, mais pour le chercher il faut bouger, sortir. Ne pas attendre ; risquer. Ne pas rester immobile ; avancer. Jésus est exigeant : il propose à celui qui le cherche de quitter le fauteuil du confort mondain et les tiédeurs rassurantes de nos cheminées. Suivre Jésus n’est pas un protocole poli à respecter mais un exode à vivre. Dieu qui a libéré son peuple à travers la route de l’exode, et qui a appelé de nouveaux peuples à suivre son étoile, donne la liberté et distribue la joie toujours et seulement en chemin. En d’autres termes, pour trouver Jésus il faut abandonner la peur de se mettre en jeu, la satisfaction de se sentir arrivé, la paresse de ne plus rien demander à la vie. Il faut risquer, simplement pour rencontrer un Enfant. Mais cela en vaut immensément la peine, car en trouvant cet Enfant, en découvrant sa tendresse et son amour, nous nous retrouvons nous-mêmes.
Se mettre en chemin n’est pas facile. L’Evangile nous le montre à travers divers personnages. Il y a Hérode, troublé par la peur que la naissance d’un roi menace son pouvoir. Par conséquent il organise des rencontres et envoie les autres recueillir des informations ; mais lui ne bouge pas, il reste enfermé dans son palais. « Tout Jérusalem » (v. 3) aussi a peur : peur de la nouveauté de Dieu. Elle préfère que tout reste comme avant – “ on a toujours fait ainsi ”-et personne n’a le courage d’aller. Plus subtile est la tentation des prêtres et des scribes. Ils connaissent le lieu exact et l’indiquent à Hérode, en citant l’ancienne prophétie. Ils savent mais ne font pas un pas vers Bethléem. Ce peut être la tentation de celui qui est croyant depuis longtemps : il disserte sur la foi, comme d’une chose qu’il sait déjà mais il ne se met pas en jeu personnellement pour le Seigneur. On parle mais on ne prie pas ; on se lamente mais on ne fait pas de bien. Les Mages, en revanche, parlent peu et marchent beaucoup. Bien qu’ignorants des vérités de foi, ils ont le désir et ils sont en chemin, comme le montrent les verbes de l’Evangile : « venus pour se prosterner » (v. 2), « ils partirent ; entrés ils se prosternèrent ; ils regagnèrent leurs pays » (v. 9.11.12) : toujours en mouvement.
Offrir. Arrivés à Jésus, après un long voyage, les Mages font comme lui : ils donnent. Jésus est là pour offrir sa vie, eux offrent leurs biens précieux : or, encens et myrrhe. L’Evangile se réalise quand le chemin de la vie parvient au don. Donner gratuitement, pour le Seigneur, sans s’attendre à quelque chose en retour : voilà le signe certain d’avoir trouvé Jésus qui dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8). Faire le bien sans calcul, même si personne nous le demande, même si l’on n’y gagne rien, même si cela ne nous fait pas plaisir. Dieu désire cela. Lui, se faisant petit pour nous, nous demande d’offrir quelque chose pour ses frères les plus petits. Qui sont-ils ? Ils sont justement ceux qui n’ont rien à rendre, comme celui qui se trouve dans le besoin, l’affamé, l’étranger, le prisonnier, le pauvre (cf. Mt 25, 31-46). Offrir un don gratuit à Jésus c’est soigner un malade, donner du temps à une personne difficile, aider quelqu’un qui ne présente pas d’intérêt, offrir le pardon à qui nous a offensé. Ce sont des dons gratuits, ils ne peuvent pas manquer dans la vie chrétienne. Autrement, nous rappelle Jésus, si nous aimons ceux qui nous aiment, nous faisons comme les païens (cf. Mt 5, 46-47). Regardons nos mains, souvent vides d’amour, et essayons aujourd’hui de penser à un don gratuit, sans contrepartie, que nous pouvons offrir. Il sera apprécié du Seigneur. Et demandons-lui : “Seigneur, fais-moi redécouvrir la joie de donner”.
Chers frères et sœurs, faisons comme les Mages : lever la tête, marcher, et offrir des dons gratuits.
Homélie du Pape en la solennité de Marie mère de Dieu

CNS/Paul Haring
Voici l’homélie prononcée par le pape François en la basilique Sant-Pierre ce lundi 1er janvier 2018, solennité de Sainte Marie mère de Dieu, et journée mondiale de la paix.
L’année s’ouvre au nom de la Mère de Dieu. Mère de Dieu est le titre le plus important de la Vierge. Mais une question pourrait surgir : pourquoi disons-nous Mère de Dieu et non Mère de Jésus ? Certains, dans le passé, ont demandé de se limiter à cela, mais l’Eglise a affirmé : Marie est Mère de Dieu. Nous devons être reconnaissants parce que dans ces paroles est contenue une splendide vérité sur Dieu et sur nous. C’est-à-dire que, depuis que le Seigneur s’est incarné en Marie, dès lors et pour toujours, il porte notre humanité attachée à lui. Il n’y a plus Dieu sans homme : la chair que Jésus a prise de sa Mère est sienne aussi maintenant et le sera pour toujours. Dire Mère de Dieu nous rappelle ceci : Dieu est proche de l’humanité comme un enfant de sa mère qui le porte en son sein. Le mot mère (mater), renvoie aussi au mot matière. Dans sa Mère, le Dieu du ciel, le Dieu infini s’est fait petit, s’est fait matière, pour être non seulement avec nous, mais aussi comme nous.
Voilà le miracle, voilà la nouveauté : l’homme n’est plus seul ; plus jamais orphelin, il est pour toujours fils. L’année s’ouvre avec cette nouveauté. Et nous la proclamons ainsi, en disant : Mère de Dieu ! C’est la joie de savoir que notre solitude est vaincue. C’est la beauté de nous savoir fils aimés, de savoir que notre enfance ne pourra jamais nous être enlevée. C’est nous regarder dans le Dieu fragile et enfant entre les bras de sa Mère et voir que l’humanité est chère et sacrée au Seigneur. C’est pourquoi, servir la vie humaine c’est servir Dieu ; et toute vie, depuis celle qui est dans le sein de la mère jusqu’à celle qui est âgée, souffrante et malade, à celle qui est gênante et même répugnante, doit être accueillie, aimée et aidée.
Laissons-nous maintenant guider par l’Evangile d’aujourd’hui. De la Mère de Dieu il est dit une seule phrase : « Elle gardait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur » (Lc 2, 19). Elle gardait. Simplement elle gardait. Marie ne parle pas : l’Evangile ne rapporte pas même une seule de ses paroles dans tout le récit de Noël. Même en cela la Mère est unie à son Fils. Jésus est un bébé, c’est-à-dire « sans parole ». Lui, le Verbe, la Parole de Dieu qui « à bien des reprises et de bien des manières, dans le passé, a parlé » (He 1, 1), maintenant, à la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), il est muet. Le Dieu devant qui on se tait est un bébé qui ne parle pas. Sa majesté est sans paroles, son mystère d’amour se révèle dans la petitesse. Cette petitesse silencieuse est le langage de sa royauté.
La Mère s’associe à son Fils et elle garde dans le silence. Et le silence nous dit que nous aussi, si nous voulons nous garder, nous avons besoin de silence. Nous avons besoin de demeurer en silence en regardant la crèche. Parce que devant la crèche, nous nous redécouvrons aimés, nous savourons le sens authentique de la vie. Et en regardant en silence, nous laissons Jésus parler à notre coeur : que sa petitesse démonte notre orgueil, que sa pauvreté dérange notre faste, que sa tendresse remue notre coeur insensible. Ménager chaque jour un moment de silence avec Dieu, c’est garder notre âme ; c’est garder notre liberté des banalités corrosive de la consommation et des étourdissements de la publicité, du déferlement de paroles vides et des vagues irrésistibles des bavardages et du bruit.
Marie, poursuit l’Evangile, gardait toutes ces choses et les méditait. Qu’étaient ces choses ?C’étaient des joies et des souffrances : d’une part la naissance de Jésus, l’amour de Joseph, la visite des bergers, cette nuit de lumière. Mais de l’autre : un avenir incertain, l’absence de maison, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7) ; la désolation du refus ; la déception d’avoir dû faire naitre Jésus dans une étable . Espérance et angoisse, lumière et ténèbre : toutes ces choses peuplaient le coeur de Marie. Et elle, qu’a-t-elle fait ? Elle les a méditées, c’est-àdire elle les a passées en revue avec Dieu dans son coeur. Elle n’a rien gardé pour elle, elle n’a rien renfermé dans la solitude ou noyé dans l’amertume, elle a tout porté à Dieu. C’est ainsi qu’elle a gardé. En confiant on garde : non en laissant la vie en proie à la peur, au découragement ou à la superstition, non en se fermant ou en cherchant à oublier, mais en faisant de tout un dialogue avec Dieu. Et Dieu qui nous a à coeur, vient habiter nos vies.
Voilà les secrets de la Mère de Dieu : garder dans le silence et porter à Dieu. Cela se passait, conclut l’Evangile, dans son coeur. Le coeur invite à regarder au centre de la personne, des affections, de la vie. Nous aussi, chrétiens en chemin, au commencement de l’année nous ressentons le besoin de repartir du centre, de laisser derrière nous les fardeaux du passé et de recommencer à partir de ce qui compte. Voici aujourd’hui devant nous le point de départ : la Mère de Dieu. Parce que Marie est comme Dieu nous veut, comme il veut son Eglise : Mère tendre, humble, pauvre de choses et riche d’amour, libre du péché, unie à Jésus, qui garde Dieu dans le coeur et le prochain dans la vie. Pour repartir, regardons vers la Mère. Dans son coeur bat le coeur de l’Eglise. Pour avancer, nous dit la fête d’aujourd’hui, il faut revenir en arrière : recommencer depuis la crèche, de la Mère qui tient Dieu dans ses bras.
La dévotion à Marie n’est pas une bonne manière spirituelle, elle est une exigence de la vie chrétienne. En regardant vers la Mère nous sommes encouragés à laisser tant de boulets inutiles et à retrouver ce qui compte. Le don de la Mère, le don de toute mère et de toute femme est très précieux pour l’Eglise, qui est mère et femme. Et alors que souvent l’homme fait des abstractions, affirme et impose des idées, la femme, la mère, sait garder, unir dans le coeur, vivifier. Parce que la foi ne se réduit pas seulement à une idée ou à une doctrine, nous avons besoin, tous, d’un coeur de mère, qui sache garder la tendresse de Dieu et écouter les palpitations de l’homme. Que la Mère, signature d’auteur de Dieu sur l’humanité, garde cette année et porte la paix de son Fils dans les coeurs, dans nos coeurs, et dans le monde. Et je vous invite à lui adresser aujourd’hui, en tant que ses enfants, simplement, la salutation des chrétiens d’Éphèse, en présence de leurs évêques : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’. Disons, trois fois, du fond du coeur, tous ensemble, en la regardant [se tournant vers la statue placée près de l’autel] : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’.
Message de Noël du pape François et bénédiction Urbi et Orbi
À midi, ce lundi 25 décembre 2017, le pape François a prononcé sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi depuis la loggia de la basilique vaticane. Voici le texte complet de son message de Noël, traduit par ZENIT l’agence d’information internationale:
Chers frères et sœurs, bon Noël !
À Bethléem, Jésus est né de la Vierge Marie. Il n’est pas né d’une volonté humaine, mais du don d’amour de Dieu le Père, qui « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).
Cet évènement se renouvelle aujourd’hui dans l’Église, en pèlerinage dans le temps : la foi du peuple chrétien revit dans la liturgie de Noël le mystère de Dieu qui vient, qui prend notre chair mortelle, qui se fait petit et pauvre pour nous sauver. Et cela nous nous remplit d’émotion, parce que la tendresse de notre Père est très grande.
Les premiers à voir l’humble gloire du Sauveur, après Marie et Joseph, ont été les bergers de Bethléem. Ils ont reconnu le signe que les anges leur avait annoncé et ils ont adoré l’Enfant. Ces hommes humbles mais vigilants sont un exemple pour les croyants de tous les temps qui, en présence du mystère de Jésus, ne se scandalisent pas de sa pauvreté, mais, comme Marie, se fient à la parole de Dieu et contemplent sa gloire avec un regard simple. Devant le mystère du Verbe fait chair, les chrétiens de tous lieux confessent, avec les paroles de l’évangéliste Jean : « Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).
Aujourd’hui, alors que soufflent sur le monde des vents de guerre et qu’un modèle de développement déjà dépassé continue à engendrer de la dégradation humaine, sociale et environnementale, Noël nous renvoie au signe de l’Enfant, et nous appelle à le reconnaître sur les visages des enfants, spécialement de ceux pour qui, comme pour Jésus, « il n’y a plus de place dans la salle commune » (Lc 2,7).
Nous voyons Jésus dans les enfants du Moyen Orient, qui continuent à souffrir à cause de l’aggravation des tensions entre Israéliens et Palestiniens. En ce jour de fête, demandons au Seigneur la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre Sainte ; prions pour qu’entre les partis la volonté de reprendre le dialogue l’emporte et que l’on puisse finalement parvenir à une solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux États à l’intérieur de frontières définies entre eux et reconnues internationalement. Que le Seigneur soutienne aussi l’effort de ceux qui, au sein de la Communauté internationale, sont animés par la bonne volonté d’aider cette terre meurtrie à trouver, malgré les graves obstacles, la concorde, la justice et la sécurité qu’elle attend depuis longtemps.
Nous voyons Jésus sur les visages des enfants syriens, encore marqués par la guerre qui a ensanglanté le pays en ces années. Que la bien-aimée Syrie puisse retrouver finalement le respect de la dignité de chaque personne, à travers un engagement commun à reconstituer le tissu social indépendamment de l’appartenance ethnique et religieuse.
Nous voyons Jésus dans les enfants de l’Irak, encore blessé et divisé par les hostilités qui l’ont affecté au cours de ces quinze dernières années, et dans les enfants du Yémen, où se déroule un conflit en grande partie oublié, avec de profondes implications humanitaires sur la population qui subit la faim et la propagation de maladies. Nous voyons Jésus dans les enfants de l’Afrique, en particulier en ceux qui souffrent au Sud Soudan, en Somalie, au Burundi, dans la République Démocratique du Congo, dans la République Centrafricaine et au Nigéria.
Nous voyons Jésus dans les enfants du monde entier là où la paix et la sécurité sont menacées par le risque de tensions et de nouveaux conflits. Prions pour que dans la péninsule coréenne les oppositions puissent être dépassées et que la confiance réciproque puisse se développer dans l’intérêt du monde entier. A l’Enfant Jésus nous confions le Venezuela pour qu’une relation sereine puisse reprendre entre les différentes composantes sociales au bénéfice de l’ensemble du bien-aimé peuple vénézuélien. Nous voyons Jésus dans les enfants qui, avec leurs familles, souffrent de la violence du conflit en Ukraine et de ses graves répercussions humanitaires et nous prions pour que le Seigneur accorde la paix au plus vite à ce cher pays.
Nous voyons Jésus dans les enfants dont les parents n’ont pas de travail et ont du mal à leur offrir un avenir sûr et serein. Et dans ceux dont l’enfance a été volée, obligés de travailler depuis tout-petits ou enrôlés comme soldats par des mercenaires sans scrupule.
Nous voyons Jésus dans les nombreux enfants contraints de quitter leurs propres pays, de voyager seuls dans des conditions inhumaines, proies faciles des trafiquants d’êtres humains. Dans leurs yeux, voyons le drame de tant de migrants forcés qui mettent en danger même leur vie pour affronter des voyages exténuants qui tant de fois finissent en tragédie.
Je revois Jésus dans les enfants que j’ai rencontré durant mon dernier voyage au Myanmar et au Bengladesh, et je souhaite que la Communauté internationale ne cesse pas d’agir pour que la dignité des minorités présentes dans la région soit adéquatement protégée. Jésus connait bien la souffrance de ne pas être accueilli et la fatigue de ne pas avoir un lieu où pouvoir reposer la tête. Que notre cœur ne soit pas fermé comme le furent les maisons de Bethléem.
Chers frères et sœurs,
A nous aussi est montré le signe de Noël : « un nouveau-né emmailloté… » (Lc 2,12). Comme la Vierge Marie et saint Joseph, comme les bergers de Bethléem, accueillons dans l’Enfant Jésus l’amour de Dieu fait homme pour nous, et engageons-nous, avec sa grâce, à rendre notre monde plus humain, plus digne des enfants d’aujourd’hui et de demain.
Homélie du pape François pour la Messe de minuit
Aujourd’hui, le Saint Père a présidé la Messe de la veille de Noël dans la basilique vaticane. Voici le texte complet de l’homélie qu’il a prononcée:
Marie «mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune» (Lc 2, 7). Par cette expression simple mais claire, Luc nous conduit au cœur de cette nuit sainte: Marie mit au monde, Marie nous donna la Lumière. Un récit simple pour nous immerger dans l’événement qui change pour toujours notre histoire. Tout, dans cette nuit, devenait source d’espérance.
Retournons en arrière de quelques versets. Par décret de l’empereur, Marie et Joseph se sont vus obligés de partir. Ils ont dû quitter leurs proches, leur maison, leur terre et se mettre en route pour être recensés. Un trajet pas du tout commode ni facile pour un jeune couple qui était sur le point d’avoir un enfant: ils étaient contraints de quitter leur terre. Dans leur cœur, ils étaient pleins d’espérance et d’avenir à cause de l’enfant qui était sur le point de naître; leurs pas, au contraire, étaient chargés d’incertitude et des dangers propres à qui doit quitter sa maison.
Et ensuite, ils se trouvaient à affronter la chose peut-être la plus difficile : arriver à Bethléem et faire l’expérience que c’était une terre qui ne les attendait pas, une terre où il n’y avait pas de place pour eux.
Et justement là, dans cette situation qui était un défi, Marie nous a offert l’Emmanuel. Le Fils de Dieu a dû naître dans une étable parce que les siens n’avaient pas de place pour lui. «Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu» (Jn 1, 11). Et là… dans l’obscurité d’une ville qui n’a ni espace ni place pour l’étranger qui vient de loin, dans l’obscurité d’une ville en plein mouvement et qui, dans ce cas, semblerait vouloir se construire en tournant le dos aux autres, précisément là, s’allume l’étincelle révolutionnaire de la tendresse de Dieu. À Bethléem, s’est ouverte une petite brèche pour ceux qui ont perdu leur terre, leur patrie, leurs rêves; même pour ceux qui ont cédé à l’asphyxie causée par une vie renfermée.
Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas. Nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd’hui, se voient obligées de partir. Nous voyons les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de s’en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre. Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d’espérance, chargé d’avenir; dans beaucoup d’autres, ce départ a un seul nom: la survie. Survivre aux Hérode de l’heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n’ont aucun problème à verser du sang innocent.
Marie et Joseph, pour qui il n’y avait pas de place, sont les premiers à embrasser Celui qui vient nous donner à tous le document de citoyenneté. Celui qui, dans sa pauvreté et dans sa petitesse, dénonce et manifeste que le vrai pouvoir et la liberté authentique sont ceux qui honorent et secourent la fragilité du plus faible.
En cette nuit, Celui qui n’avait pas de place pour naître est annoncé à ceux qui n’avaient pas de place aux tables et dans les rues de la ville. Les bergers sont les premiers destinataires de cette Bonne Nouvelle. Par leur travail, c’étaient des hommes et des femmes qui devaient vivre en marge de la société. Leurs conditions de vie, les endroits où ils étaient contraints à se trouver, les empêchaient d’observer toutes les prescriptions rituelles de purification religieuse et, par conséquent, ils étaient considérés comme impurs. Leurs peaux, leurs vêtements, leur odeur, leur façon de parler, leur origine les trahissaient. Tout en eux suscitait de la méfiance. C’étaient des hommes et femmes dont il fallait se tenir éloigné, avoir peur; on les considérait comme des païens parmi les croyants, des pécheurs parmi les justes, des étrangers parmi les citoyens. À eux – païens, pécheurs et étrangers –, l’ange dit: «Ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple: aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur» (Lc 2, 10-11).
Voilà la joie qu’en cette nuit nous sommes invités à partager, à célébrer et à annoncer. La joie par laquelle Dieu, dans son infinie miséricorde, nous a embrassés, nous païens, pécheurs et étrangers, et nous incite à faire de même.
La foi de cette nuit nous porte à reconnaître Dieu présent dans toutes les situations où nous le croyons absent. Il se trouve dans l’hôte indiscret, bien des fois méconnaissable, qui marche par nos villes, dans nos quartiers, voyageant dans nos autobus, frappant à nos portes.
Et cette même foi nous incite à faire de la place à une nouvelle créativité sociale, à ne pas avoir peur de faire l’expérience de nouvelles formes de relation dans lesquelles personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre. Noël, c’est le temps pour transformer la force de la peur en force de la charité, en force pour une nouvelle créativité de la charité. La charité qui ne s’habitue pas à l’injustice comme si celle-ci était naturelle, mais qui a le courage, au milieu des tensions et des conflits, de se faire ‘‘maison du pain’’, terre d’hospitalité. Saint Jean-Paul II nous le rappelait. «N’ayez pas peur! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ: «(Homélie de la Messe d’inauguration du Pontificat, 22 octobre 1978).
Dans l’Enfant de Bethléem, Dieu vient à notre rencontre pour faire de nous des protagonistes de la vie qui nous entoure. Il s’offre afin que nous le prenions dans les bras, afin que nous le soulevions et l’embrassions. Afin qu’en Lui, nous n’ayons pas peur de prendre dans les bras, de soulever et d’embrasser celui qui a soif, l’étranger, celui qui est nu, celui qui est malade, le détenu (cf. Mt 25, 35-36). «N’ayez pas peur! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ». En cet Enfant, Dieu nous invite à prendre en charge l’espérance. Il nous invite à être des sentinelles pour beaucoup de personnes qui ont cédé sous le poids du désespoir qui naît du fait de trouver fermées de nombreuses portes. En cet Enfant, Dieu fait de nous des protagonistes de son hospitalité. Émus par la joie du don, petit Enfant de Bethléem, nous te demandons que tes pleurs nous réveillent de notre indifférence, ouvrent nos yeux devant celui qui souffre. Que ta tendresse réveille notre sensibilité et fasse que nous nous sentions invités à te reconnaître dans tous ceux qui arrivent dans nos villes, dans nos histoires, dans nos vies. Que ta tendresse révolutionnaire nous amène à nous sentir invités à prendre en charge l’espérance et la tendresse de nos gens.
Vidéo des intentions de prière du Pape pour le mois de décembre
« Un peuple qui ne prend pas soin des grands-parents et ne les traite pas bien est un peuple qui n’a pas d’avenir. Les anciens possèdent la sagesse. C’est à eux qu’est confiée la transmission de l’expérience de la vie, l’histoire d’une famille, d’une communauté, d’un peuple.
Soyons proches des personnes âgées afin que, grâce au soutien de leurs familles et des institutions, elles collaborent par leur sagesse et par leur expérience à l’éducation des nouvelles générations. »
Message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations

CNS photo/Tyler Orsburn
Vous trouverez ci-dessous le message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations:
Écouter, discerner, vivre l’appel du Seigneur
Chers frères et sœurs,
En octobre prochain, se déroulera la XVème Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui sera consacrée aux jeunes, en particulier au rapport entre jeunes, foi et vocation. A cette occasion, nous aurons la possibilité d’approfondir comment, au centre de notre vie, il y a l’appel à la joie que Dieu nous adresse et comment cela est «le projet de Dieu pour les hommes et les femmes de tout temps» (SYNODE DES ÉVÊQUES, XVEME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, Introduction).Il s’agit d’une bonne nouvelle qui nous est annoncée avec force par la 55ème Journée mondiale de Prière pour les Vocations : nous ne sommes pas plongés dans le hasard, ni entraînés par une série d’évènements désordonnés, mais, au contraire, notre vie et notre présence dans le monde sont fruits d’une vocation divine !
Même dans nos temps inquiets, le Mystère de l’Incarnation nous rappelle que Dieu vient toujours à notre rencontre et il est Dieu-avec-nous, qui passe le long des routes parfois poussiéreuses de notre vie et, accueillant notre poignante nostalgie d’amour et de bonheur, nous appelle à la joie. Dans la diversité et dans la spécificité de chaque vocation, personnelle et ecclésiale, il s’agit d’écouter, de discerner et de vivre cette Parole qui nous appelle d’en-haut et qui, tandis qu’elle nous permet de faire fructifier nos talents, nous rend aussi instruments de salut dans le monde et nous oriente vers la plénitude du bonheur.
Ces trois aspects – écoute, discernement et vie – servent aussi de cadre au début de la mission de Jésus, qui, après les jours de prière et de lutte dans le désert, visite sa synagogue de Nazareth, et là, se met à l’écoute de la Parole, discerne le contenu de la mission que le Père lui a confiée et annonce qu’il est venu pour la réaliser “aujourd’hui” (cf. Lc 4, 16-21).
Écouter
L’appel du Seigneur – il faut le dire tout de suite – n’a pas l’évidence de l’une des nombreuses choses que nous pouvons sentir, voir ou toucher dans notre expérience quotidienne. Dieu vient de manière silencieuse et discrète, sans s’imposer à notre liberté. Aussi, on peut comprendre que sa voix reste étouffée par les nombreuses préoccupations et sollicitations qui occupent notre esprit et notre cœur.
Il convient alors de se préparer à une écoute profonde de sa Parole et de la vie, à prêter aussi attention aux détails de notre quotidien, à apprendre à lire les évènements avec les yeux de la foi, et à se maintenir ouverts aux surprises de l’Esprit.
Nous ne pourrons pas découvrir l’appel spécial et personnel que Dieu a pensé pour nous, si nous restons fermés sur nous-mêmes, dans nos habitudes et dans l’apathie de celui qui passe sa propre vie dans le cercle restreint de son moi, perdant l’opportunité de rêver en grand et de devenir protagoniste de cette histoire unique et originale que Dieu veut écrire avec nous.
Jésus aussi a été appelé et envoyé ; pour cela, il a eu besoin de se recueillir dans le silence, il a écouté et lu la Parole dans la Synagogue et, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, il en a dévoilé la pleine signification, référée à sa personne-même et à l’histoire du peuple d’Israël.
Cette attitude devient aujourd’hui toujours plus difficile, plongés comme nous le sommes dans une société bruyante, dans la frénésie de l’abondance de stimulations et d’informations qui remplissent nos journées. Au vacarme extérieur, qui parfois domine nos villes et nos quartiers, correspond souvent une dispersion et une confusion intérieure, qui ne nous permettent pas de nous arrêter, de savourer le goût de la contemplation, de réfléchir avec sérénité sur les évènements de notre vie et d’opérer, confiants dans le dessein bienveillant de Dieu pour nous, un discernement fécond.
Mais, comme nous le savons, le Royaume de Dieu vient sans faire de bruit et sans attirer l’attention (cf. Lc 17, 21), et il est possible d’en accueillir les germes seulement lorsque, comme le prophète Elie, nous savons entrer dans les profondeurs de notre esprit, le laissant s’ouvrir à l’imperceptible souffle de la brise divine (cf. 1 R 19, 11-13).
Discerner
En lisant, dans la synagogue de Nazareth, le passage du prophète Isaïe, Jésus discerne le contenu de la mission pour laquelle il a été envoyé et il le présente à ceux qui attendaient le Messie : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19).
De la même manière, chacun de nous peut découvrir sa propre vocation seulement à travers le discernement spirituel, un «processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie (Synode des Évêques, XVème Assemblée Générale Ordinaire, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, II, 2).
Nous découvrons en particulier, que la vocation chrétienne a toujours une dimension prophétique. Comme nous témoigne l’Ecriture, les prophètes sont envoyés au peuple dans des situations de grande précarité matérielle et de crise spirituelle et morale, pour adresser au nom de Dieu des paroles de conversion, d’espérance et de consolation. Comme un vent qui soulève la poussière, le prophète dérange la fausse tranquillité de la conscience qui a oublié la Parole du Seigneur, discerne les évènements à la lumière de la promesse de Dieu et aide le peuple à apercevoir des signes d’aurore dans les ténèbres de l’histoire.
Aujourd’hui aussi, nous avons grand besoin du discernement et de la prophétie ; de dépasser les tentations de l’idéologie et du fatalisme et de découvrir, dans la relation avec le Seigneur, les lieux, les instruments et les situations à travers lesquels il nous appelle. Chaque chrétien devrait pouvoir développer la capacité à “lire à l’intérieur” de sa vie et à saisir où et à quoi le Seigneur l’appelle pour continuer sa mission.
Vivre
Enfin, Jésus annonce la nouveauté de l’heure présente, qui enthousiasmera beaucoup et durcira d’autres : les temps sont accomplis et c’est Lui le Messie annoncé par Isaïe, oint pour libérer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles et proclamer l’amour miséricordieux de Dieu à toute créature. Vraiment « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 20), affirme Jésus.
La joie de l’Evangile, qui nous ouvre à la rencontre avec Dieu et avec les frères, ne peut attendre nos lenteurs et nos paresses ; elle ne nous touche pas si nous restons accoudés à la fenêtre, avec l’excuse de toujours attendre un temps propice ; elle ne s’accomplit pas non plus pour nous si nous n’assumons pas aujourd’hui-même le risque d’un choix. La vocation est aujourd’hui ! La mission chrétienne est pour le présent ! Et chacun de nous est appelé – à la vie laïque dans le mariage, à la vie sacerdotale dans le ministère ordonné, ou à la vie de consécration spéciale – pour devenir témoin du Seigneur, ici et maintenant.
Cet “aujourd’hui” proclamé par Jésus, en effet, nous assure que Dieu continue à “descendre” pour sauver notre humanité et nous rendre participants de sa mission. Le Seigneur appelle encore à vivre avec lui et à marcher derrière lui dans une relation de proximité particulière, à son service direct. Et s’il nous fait comprendre qu’il nous appelle à nous consacrer totalement à son Royaume, nous ne devons pas avoir peur ! C’est beau – et c’est une grande grâce – d’être entièrement et pour toujours consacrés à Dieu et au service des frères.
Le Seigneur continue aujourd’hui à appeler à le suivre. Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”, ni nous effrayer de nos limites et de nos péchés, mais accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur. L’écouter, discerner notre mission personnelle dans l’Église et dans le monde, et enfin la vivre dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne.
Que Marie la très Sainte, la jeune fille de périphérie, qui a écouté, accueilli et vécu la Parole de Dieu faite chair, nous garde et nous accompagne toujours sur notre chemin.
Du Vatican, 3 décembre 2017 Premier Dimanche de l’Avent
[01850-FR.01] [Texte original: Italien]
FRANÇOIS
Homélie du pape François lors de la Messe avec les jeunes à la cathédrale Sainte-Marie de Yangon

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe avec les jeunes à la cathédrale Sainte-Marie de Yangon:
Alors que ma visite à votre belle terre approche de sa conclusion, je m’unis à vous afin de remercier Dieu pour les nombreuses grâces que nous avons reçues en ces jours. En vous regardant, vous, jeunes du Myanmar, et tous ceux qui nous suivent au dehors de cette cathédrale, je désire partager une phrase de la première lecture d’aujourd’hui, qui résonne en moi. Il s’agit du prophète Isaïe, que Saint Paul a repris dans sa lettre à la jeune communauté chrétienne de Rome. Écoutons encore une fois ces paroles: «comme ils sont beaux les pas des messagers qui annoncent une bonne nouvelle!» (cf. Rm 10, 15; Is 52, 7).
Chers jeunes du Myanmar, après avoir entendu vos voix et vous avoir écouté chanter aujourd’hui, je voudrais vous appliquer ces paroles à vous. Oui, vos pas sont beaux, et il est beau et encourageant de vous voir, parce que vous nous portez «une bonne nouvelle », la bonne nouvelle de votre jeunesse, de votre foi et de votre enthousiasme. Bien sûr, vous êtes une bonne nouvelle parce que vous êtes des signes concrets de la foi de l’Église en Jésus Christ, qui nous apporte une joie et une espérance qui n’auront jamais de fin.
Certains se demandent comment est-il possible de parler de bonnes nouvelles quand beaucoup souffrent autour de nous. Où sont les bonnes nouvelles quand tant d’injustice, de pauvreté et de misère jettent une ombre sur nous et sur notre monde ? Mais je voudrais que de ce lieu parte un message très clair. Je voudrais que les gens sachent que vous, jeunes hommes et jeunes femmes du Myanmar, vous n’avez pas peur de croire en la bonne nouvelle de la miséricorde de Dieu, parce qu’elle a un nom et un visage: Jésus Christ. Comme messagers de cette bonne nouvelle, vous êtes prêts à porter une parole d’espérance à l’Église, à votre pays, au monde. Vous êtes prêts à porter la bonne nouvelle aux frères et aux sœurs qui souffrent et qui ont besoin de vos prières et de votre solidarité, mais aussi de votre passion pour les droits humains, pour la justice et pour la croissance de ce que Jésus donne: l’amour et la paix.
Mais je voudrais aussi mettre devant vous un défi. Avez-vous écouté attentivement la première lecture ? Là saint Paul répète par trois fois la parole sans. C’est une petite parole, qui cependant nous pousse à penser à notre place dans le projet de Dieu. En effet, Paul pose trois questions, que je voudrais adresser à chacun de vous personnellement. La première: «Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu?» La deuxième: «Comment entendre si personne ne proclame?» La troisième: «Comment proclamer sans être envoyé?» (cf. Rm 10, 14-15).
J’aimerais que tous, vous pensiez à fond à ces trois questions. Mais n’ayez pas peur ! Comme un père (peut-être serait-il mieux de dire un grand-père !) bienveillant, je ne veux pas que vous soyez seuls à affronter ces questions. Permettez-moi de vous offrir quelques pensées qui puissent vous conduire sur le chemin de la foi et vous aider à discerner ce que le Seigneur vous demande.
La première question de saint Paul est: «Comment croire en lui, si on ne l’a pas entendu?». Notre monde est plein de beaucoup de bruits et de distractions qui peuvent étouffer la voix de Dieu. Pour que d’autres soient appelés à en entendre parler et à croire en Lui, ils ont besoin de le trouver dans des personnes qui soient authentiques, des personnes qui sachent comment écouter. C’est certainement ce que vous voulez être. Mais seul le Seigneur peut vous aider à être authentiques. Pour cela, parlez-lui dans la prière. Apprenez à écouter sa voix, en lui parlant tranquillement du plus profond de votre cœur.
Mais parlez aussi aux saints, à nos amis du ciel qui peuvent nous inspirer. Comme saint André, que nous fêtons aujourd’hui. Il était un simple pécheur et il est devenu un grand martyr, un témoin de l’amour de Jésus. Mais avant de devenir un martyr, il a fait ses erreurs et il a eu besoin d’être patient, d’apprendre graduellement comment être un vrai disciple du Christ. Vous aussi, n’ayez pas peur d’apprendre de vos erreurs ! Que les saints puissent vous guider vers Jésus, en vous enseignant à mettre vos vies entre ses mains. Vous savez que Jésus est plein de miséricorde. Donc partagez avec Lui tout ce que vous avez dans le cœur : les peurs et les préoccupations, les rêves et les espérances. Cultivez la vie intérieure, comme vous feriez dans un jardin ou dans un champ. Cela demande du temps, demande de la patience. Mais comme un cultivateur sait attendre la croissance de la moisson, ainsi, si vous savez avoir de la patience, le Seigneur vous donnera de porter beaucoup de fruit, un fruit que vous pourrez ensuite partager avec les autres.
La seconde question de Paul est: «Comment entendre si personne ne proclame ? » Voilà une grande tâche confiée de manière spéciale aux jeunes : être “disciples-missionnaires”, messagers de la bonne nouvelle de Jésus, surtout pour vos contemporains et vos amis. N’ayez pas peur de mettre de la pagaille, de poser des questions qui fassent réfléchir les gens ! Et n’ayez pas peur si parfois vous vous verrez être peu nombreux et éparpillés ici et là. L’Évangile croît toujours à partir de petites racines. Pour cela, faites-vous entendre! Je voudrais vous demander de crier, mais non, non pas avec la voix, je voudrais que vous criiez par votre vie, par votre cœur, pour être ainsi des signes d’espérance pour celui qui est découragé, une main tendue pour celui qui est malade, un sourire accueillant pour celui qui est étranger, un soutien attentif pour celui qui est seul.
La dernière question de Paul est: «Comment proclamer sans être envoyé?» Au terme de la messe, nous serons tous envoyés prendre les dons que nous avons reçus et les partager avec les autres. Cela pourrait être un peu décourageant, du moment que nous ne savons pas toujours où Jésus peut nous envoyer. Mais il ne nous envoie jamais sans marcher en même temps à nos côtés, et toujours un petit peu devant nous, pour nous introduire dans de nouvelles et magnifiques parties de son Royaume.
Comment le Seigneur envoie-il saint André et son frère Simon Pierre dans l’Évangile d’aujourd’hui? «Suivez-moi» leur dit-il (cf. Mt 4, 19). Voilà ce que signifie être envoyés: suivre le Christ, ne pas se précipiter en avant avec ses propres forces! Le Seigneur invitera certains d’entre vous à le suivre comme prêtres et à devenir de cette façon “pécheurs d’hommes”. Il en appellera d’autres à devenir des personnes consacrées. Et d’autres encore il les appellera au mariage, à être des pères et des mères affectueux. Quelle que soit votre vocation, je vous exhorte: soyez courageux, soyez généreux et, surtout, soyez joyeux!
Ici dans cette belle Cathédrale dédiée à l’Immaculé Conception, je vous encourage à regarder Marie. Quand elle a dit oui au message de l’ange, elle était jeune comme vous ; mais elle a eu le courage de faire confiance à la bonne nouvelle qu’elle avait entendue et de la traduire dans une vie de fidèle dévouement à sa vocation, de total don de soi et de confiance complète à la tendre prévenance de Dieu. Comme Marie, puissiez-vous être tous humbles mais courageux pour porter Jésus et son amour aux autres !
Chers jeunes, avec une grande affection, je vous confie tous ainsi que vos familles à sa maternelle intercession. Et je vous demande, s’il vous plaît, de vous rappeler de prier pour moi. Que Dieu bénisse le Myanmar! [Myanmar pyi ko Payathakin Kaung gi pei pa sei]
[01795-FR.01] [Texte original: Italien]
Discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles du Bangladesh

Vous trouverez ci-dessous le discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles du Bangladesh tel que prononcé au palais présidentiel de Dhaka:
Monsieur le Président,
Honorables Autorités de l’État et Autorités Civiles, Éminence, chers frères dans l’Épiscopat, Distingués Membres du Corps Diplomatique, Mesdames et Messieurs,Au début de ma présence au Bangladesh, je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, de votre aimable invitation à visiter cette Nation et de vos courtoises paroles de bienvenue. Je me trouve ici sur les pas de deux de mes Prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II, à prier avec mes frères et sœurs catholiques et à leur offrir un message d’affection et d’encouragement. Le Bangladesh est un jeune État, pourtant il a toujours eu une place spéciale dans le cœur des Papes, qui dès le début ont exprimé leur solidarité avec son peuple, afin de l’aider à dépasser les difficultés initiales, et qui l’ont soutenu dans la tâche exigeante de construction de la Nation et de son développement. Je suis reconnaissant de l’opportunité de m’adresser à cette assemblée qui réunit des hommes et des femmes avec des responsabilités particulières dans l’élaboration de l’avenir de la société du Bangladesh.
Durant mon vol pour arriver ici, je me suis rappelé que le Bangladesh – “Golden Bengal”- est une nation unie par un vaste réseau fluvial et par des voies d’eau, grandes et petites. Cette beauté naturelle est, je crois, emblématique de votre identité particulière comme peuple. Le Bangladesh est une nation qui s’efforce d’atteindre une unité de langage et de culture avec le respect des différentes traditions et communautés, qui coulent comme tant de ruisseaux et viennent enrichir le grand cours de la vie politique et sociale du pays.
Dans le monde d’aujourd’hui, aucune communauté particulière, nation ou État, ne peut survivre et progresser dans l’isolement. En tant que membres de l’unique famille humaine, nous avons besoin les uns des autres et nous sommes dépendants les uns des autres. Le Président, Sheikh Mujibur Rahman, a compris et cherché à incorporer ce principe dans la Constitution nationale. Il a imaginé une société moderne, pluraliste et inclusive, dans laquelle chaque personne et chaque communauté pourrait vivre dans la liberté, la paix et la sécurité, avec le respect de la dignité innée et de l’égalité des droits de tous. L’avenir de cette jeune démocratie et la santé de sa vie politique sont essentiellement liés à la fidélité à cette vision fondatrice. En effet, c’est seulement à travers un dialogue sincère et le respect de la légitime diversité, qu’un peuple peut réconcilier les divisions, dépasser les perspectives unilatérales et reconnaître la valeur des points de vue divergents. Parce que le vrai dialogue est tourné vers l’avenir, celui-ci construit l’unité dans le service du bien commun et il est attentif aux besoins de tous les citoyens, en particulier des pauvres, des défavorisés et de ceux qui n’ont pas de voix.
Au cours des derniers mois, l’esprit de générosité et de solidarité, signes caractéristiques de la société du Bangladesh, a été observé de manière très vive dans son élan humanitaire en faveur des réfugiés arrivés en masse de l’État de Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre. Ce résultat a été obtenu avec beaucoup de sacrifices. Cela a aussi été fait sous les yeux du monde entier. Aucun d’entre nous ne peut manquer d’être conscient de la gravité de la situation, de l’immense coût imposé par les souffrances humaines et les conditions de vie précaires de si nombreux de nos frères et sœurs, dont la majorité sont des femmes et des enfants, rassemblés dans des camps de réfugiés. Il est nécessaire que la communauté internationale mette en œuvre des mesures décisives face à cette grave crise, non seulement en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh dans son effort pour répondre efficacement aux besoins humains urgents.
Bien que ma visite soit principalement destinée à la Communauté catholique du Bangladesh, ma rencontre, demain, à Ramma avec les Responsables œcuméniques et interreligieux sera un moment privilégié. Ensemble nous prierons pour la paix et nous réaffirmerons notre engagement à travailler pour la paix. Le Bangladesh est connu pour l’harmonie qui a traditionnellement existé entre les adeptes de diverses religions. Cette atmosphère de respect mutuel et un climat grandissant de dialogue interreligieux permettent aux croyants d’exprimer librement leurs plus profondes convictions sur la signification et sur le but de la vie. Ainsi ils peuvent contribuer à promouvoir les valeurs spirituelles qui sont la base solide pour une société juste et pacifique. Dans un monde où la religion est souvent –scandaleusement – mal utilisée pour fomenter des divisions, ce genre de témoignage, de son pouvoir de réconciliation et d’union est plus que jamais nécessaire. Celui-ci s’est manifesté d’une manière particulièrement éloquente dans la réaction commune d’indignation qui a suivi la violente attaque terroriste de l’année dernière ici à Dhaka, et dans le message clair envoyé par les autorités religieuses de la nation pour qui le saint nom de Dieu ne peut jamais être invoqué pour justifier la haine et la violence contre les autres êtres humains, nos semblables.
Les catholiques du Bangladesh, bien que relativement peu nombreux, cherchent néanmoins à exercer un rôle constructif dans le développement de la nation, spécialement à travers leurs écoles, leurs cliniques et leurs dispensaires. L’Église apprécie la liberté, dont bénéficie toute la nation, de pratiquer sa propre foi et d’accomplir ses propres œuvres caritatives, dont celle d’offrir aux jeunes, qui représentent l’avenir de la société, une éducation de qualité et un exercice de saines valeurs éthiques et humaines. Dans ses écoles, l’Église cherche à promouvoir une culture de la rencontre qui rendra les élèves capables d’assumer leurs propres responsabilités dans la vie de la société. En effet, la grande majorité des étudiants et bon nombre des enseignants dans ces écoles ne sont pas chrétiens, mais proviennent d’autres traditions religieuses. Je suis sûr que, conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution nationale, la Communauté catholique continuera à jouir de la liberté de poursuivre ces bonnes œuvres comme l’expression de son engagement pour le bien commun.
Monsieur le Président, chers amis,
Je vous remercie de votre attention et je vous assure de ma prière, afin que dans vos noblesresponsabilités vous soyez toujours inspirés par les grands idéaux de justice et de service envers vos concitoyens. J’invoque volontiers sur vous et sur tout le peuple du Bangladesh les bénédictions divines d’harmonie et de paix.
[01796-FR.01] [Texte original: Italien]

elle assure la paix et donne, comme aux Mages, « une très grande joie » (Mt 2, 10). Mais elle demande de marcher.