Allocution du pape François lors de la rencontre avec le Patriarche orthodoxe de Bulgarie

(Photo CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François tel que prononcé lors de la Visite au Patriarche orthodoxe Neofit et au Saint Synode:

Sainteté, vénérables Métropolites et Évêques, chers frères,

Christos vozkrese !

Dans la joie du Seigneur ressuscité, je vous adresse le salut pascal en ce dimanche, qui, dans l’Orient chrétien, est appelé “dimanche de Saint Thomas”. Contemplons l’Apôtre qui met la main dans le côté du Seigneur et, touchant ses plaies, confesse : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Les plaies, qui, tout au long de l’histoire, se sont ouvertes entre nous chrétiens, sont des déchirures douloureuses infligées au Corps du Christ qu’est l’Église. Aujourd’hui encore, nous en touchons avec la main les conséquences. Mais peut-être que si nous mettons ensemble la main dans ces plaies et confessons que Jésus est ressuscité, et si nous le proclamons notre Seigneur et notre Dieu, si en reconnaissant nos manques, nous nous immergeons dans ses plaies d’amour, nous pouvons retrouver la joie du pardon et avoir un avant-goût du jour où, avec l’aide de Dieu, nous pourrons célébrer sur le même autel le mystère pascal.

Dans ce cheminement, nous sommes soutenus par de nombreux frères et sœurs, à qui je voudrais avant tout rendre hommage : ce sont les témoins de la Pâque. Combien de chrétiens dans ce pays ont souffert pour le nom de Jésus, en particulier durant la persécution du siècle dernier ! L’œcuménisme du sang ! Ils ont répandu un doux parfum sur la “Terre des roses”. Ils sont passés à travers les épines de l’épreuve pour répandre la fragrance de l’Évangile. Ils ont germé dans un terrain fertile et bien travaillé, dans un peuple riche de foi et d’humanité authentique qui leur a donné des racines robustes et profondes : je pense, en particulier, au monachisme qui, de génération en génération, a nourri la foi du peuple. Je crois que ces témoins de la Pâque, frères et sœurs de diverses confessions unis dans le Ciel par la charité divine, nous regardent actuellement comme des semences plantées en terre pour donner du fruit. Et pendant que beaucoup de frères et sœurs dans le monde continuent de souffrir à cause de la foi, ils nous demandent de ne pas demeurer fermés, mais de nous ouvrir, parce c’est seulement de cette manière que les semences portent du fruit.

Sainteté, cette rencontre, que j’ai tant désirée, succède à celle de saint Jean-Paul II avec le Patriarche Maxime durant la première visite d’un Évêque de Rome en Bulgarie et suit les pas de saint Jean XXIII qui, dans les années passées ici, s’est attaché à ce peuple « simple et bon » (Giornale dell’anima, Bologna 1987, n. 325), en en appréciant l’honnêteté, les habitudes laborieuses et la dignité dans les épreuves. Je me trouve moi aussi, ici, hôte accueilli avec affection et j’éprouve dans le cœur la nostalgie du frère, cette nostalgie salutaire pour l’unité entre les fils du même Père que le Pape Jean a eu certainement l’occasion de mûrir dans cette ville. Justement, durant le Concile Vatican II convoqué par lui, l’Église orthodoxe bulgare envoya ses observateurs. Depuis lors les contacts se sont multipliés. Je pense aux visites des délégations bulgares qui, depuis cinquante ans, se rendent au Vatican et que j’ai la joie d’accueillir chaque année ; ainsi qu’à la présence à Rome d’une communauté orthodoxe bulgare qui prie dans une église de mon diocèse. Je me réjouis de l’accueil exquis réservé, ici, à mes envoyés, dont la présence s’est intensifiée dans les dernières années, et à la collaboration avec la communauté catholique locale, surtout dans le domaine culturel. Je suis confiant que, avec l’aide de Dieu et dans les temps que la Providence disposera, ces contacts pourront avoir des répercussions positives sur de nombreux autres aspects de notre dialogue. En même temps, nous sommes appelés à cheminer et à faire ensemble pour rendre témoignage au Seigneur, en particulier en servant les frères les plus pauvres et oubliés, dans lesquels Il est présent. L’œcuménisme du pauvre.

Ce sont surtout les saints Cyrille et Méthode qui nous orientent sur ce chemin. Ils nous ont liés depuis le premier millénaire et leur mémoire vivante dans nos Églises demeure comme une source d’inspiration parce que, malgré les adversités, ils privilégièrent l’annonce du Seigneur, l’appel à la mission. Comme disait saint Cyrille : « Je pars avec joie pour la foi chrétienne ; aussi fatigué et physiquement éprouvé que je suis, j’irai avec joie » (Vita Constantini VI, 7 ; XIV, 9). Et pendant que s’annonçaient les signes prémonitoires des douloureuses divisions qui allaient survenir dans les siècles suivants, ils choisirent la perspective de la communion. Mission et communion : deux paroles toujours déclinées dans la vie des deux Saints et qui peuvent illuminer notre chemin pour croître dans la fraternité. L’œcuménisme de la mission.

Cyrille et Méthode, byzantins de culture, eurent l’audace de traduire la Bible en une langue accessible aux peuples slaves pour que la Parole divine précédât les paroles humaines. Leur courageux apostolat demeure pour tous un modèle d’évangélisation. L’un des domaines qui nous interpelle dans l’annonce, c’est celui des jeunes générations. Combien il est important, dans le respect des traditions respectives et des particularités, que nous nous aidions et que nous trouvions les moyens pour transmettre la foi selon des langages et des formes qui permettent aux jeunes d’expérimenter la joie d’un Dieu qui les aiment et les appellent ! Autrement ils seront tentés de faire confiance aux nombreuses sirènes trompeuses de la société de consommation.

Communion et mission, proximité et annonce, les saints Cyrille et Méthode ont beaucoup à nous dire aussi en ce qui concerne l’avenir de la société européenne. En fait, « ils ont été, dans un sens, les promoteurs d’une Europe unie et d’une paix profonde entre tous les habitants du continent, montrant les fondements d’un nouvel art de vivre ensemble, dans le respect des différences qui ne sont pas absolument un obstacle à l’unité » (St Jean-Paul II, Salut à la Délégation officielle de la Bulgarie, 24 mai 1999 : Insegnamenti XXII, n. 1 (1999), 1080). Nous aussi, héritiers de la foi des saints, nous sommes appelés à être artisans de communion, instruments de paix au nom de Jésus. En Bulgarie, « carrefour spirituel, terre de rencontre et de compréhension réciproque » (Id., Discours durant la Cérémonie de bienvenue, Sofia, 23 mai 2002 : Insegnamenti XXV, n. 1 (2002), 864), diverses Confessions ont été accueillies, de la Confession arménienne à la Confession évangélique, et diverses expressions religieuses, de la religion juive à la religion musulmane. L’Église catholique trouve accueil et respect, aussi bien dans la tradition latine que dans la tradition byzantino-slave. Je suis reconnaissant à votre Sainteté et au Saint Synode pour cette bienveillance. Dans nos relations aussi, les saints Cyrille et Méthode nous rappellent qu’« une certaine diversité des us et coutumes ne s’oppose pas au minimum à l’unité de l’Église » et que, entre l’Orient et l’Occident, « plusieurs formules théologiques se complètent assez fréquemment, plutôt que de s’opposer » (Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, nn. 16-17). « Nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres ! » (Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 246).

Sainteté, bientôt j’aurai la possibilité d’entrer dans la Cathédrale Patriarcale de Saint Alexandre Nevski pour me recueillir dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode. Saint Alexandre Nevski de la tradition russe et les Saints frères provenant de la tradition grecque et apôtres des peuples slaves révèlent combien la Bulgarie est un pays-pont. Sainteté, chers Frères, je vous vous assure de ma prière pour vous, pour les fidèles de ce peuple bien-aimé, pour la haute vocation de ce pays, pour notre cheminement dans un œcuménisme du sang, du pauvre et de la mission. A mon tour, je demande une place dans vos prières, dans la certitude que la prière est la porte qui ouvre tout chemin de bien. Je désire renouveler ma gratitude pour l’accueil reçu et vous assurer que je porterai dans mon cœur le souvenir de cette rencontre fraternelle.

Christos vozkrese !

[00741-FR.02] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François à la rencontre oecuménique dans l’église luthérienne Kaarli, Estonie

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’allocution du pape François lors de la rencontre oecuménique dans l’église luthérienne Kaarli à Tallinn (photo CNS/ Paul Haring):

Chers jeunes, merci pour votre accueil chaleureux, pour vos chants et les témoignages de Lisbel, Tauri et Mirko. Je suis reconnaissant pour les aimables paroles de l’Archevêque de l’Eglise Évangélique Luthérienne d’Estonie, Urmas Viilma, comme aussi pour la présence du Président du Conseil des Eglises d’Estonie, l’Archevêque Andres Põder, celle de l’évêque Philippe Jourdan, administrateur apostolique en Estonie, et des autres représentants des différentes confessions chrétiennes présentes dans le pays.

Il est toujours beau de se réunir, de partager des témoignages de vie, d’exprimer ce que nous pensons et voulons; et il est très beau de nous retrouver ensemble, nous qui croyons en Jésus Christ. Ces rencontres réalisent le rêve de Jésus dans la dernière Cène: «Que tous soient un, […] pour que le monde croie» (Jn 17, 21). Si nous nous efforçons de nous considérer comme des pèlerins qui font le chemin ensemble, nous apprendrons à ouvrir notre cœur avec confiance au compagnon de route, sans suspicions, sans méfiances, en regardant seulement ce que nous cherchons réellement: la paix devant le visage de l’unique Dieu. Et puisque la paix est artisanale, avoir confiance dans les autres est aussi quelque chose d’artisanal, et c’est une source de bonheur: «Heureux les artisans de paix» (Mt 5, 9).

La grande fresque qui se trouve dans l’abside de cette église contient une phrase de l’Evangile selon saint Matthieu: «Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Vous, jeunes chrétiens, vous pouvez vous identifier avec certains éléments de ce verset de l’Evangile.

Dans les récits précédents, Matthieu nous dit que Jésus accumule des déceptions. D’abord, il se plaint parce qu’il semble que rien ne va plus pour ceux auxquels il s’adresse (cf. Mt 11, 16-19). A vous les jeunes, il arrive souvent que les adultes autour de vous ne savent pas ce qu’ils veulent ou attendent de vous; ou parfois, quand ils vous voient très heureux, ils se méfient; et s’ils vous voient inquiets, ils relativisent ce qui vous arrive. Dans la consultation précédant le Synode que nous célébrerons bientôt et durant lequel nous réfléchirons sur les jeunes, beaucoup parmi vous demandent que quelqu’un vous accompagne et vous comprenne sans juger et qu’il sache vous écouter, comme aussi répondre à vos interrogations (cf. Synode dédié aux Jeunes Instrumentum laboris, n. 132). Nos Eglises chrétiennes – et j’oserai dire chaque processus religieux structuré institutionnellement – reviennent parfois à des attitudes dans lesquelles il a été plus facile pour nous de parler, de conseiller, de proposer à partir de notre expérience, plutôt que d’écouter, de se laisser interroger et éclairer par ce que vous, vous vivez. Nous savons ce que vous voulez et attendez: «d’être accompagnés non par un juge inflexible ni par un parent craintif et hyper-protecteur qui maintiennent dans la dépendance, mais par quelqu’un qui n’a pas peur de sa propre faiblesse et sait mettre en valeur le trésor que, tel un vase d’argile, il conserve en son sein (cf. 2Co 4, 7)» (ibid. n. 142). Aujourd’hui, ici, je veux vous dire que nous voulons pleurer avec vous si vous pleurez, accompagner vos joies de nos applaudissements et de nos éclats de rire, vous aider à vivre à la suite du Seigneur.

Jésus se lamente aussi sur les villes qu’il a visitées, accomplissant en elles davantage de miracles et leur réservant les plus grands gestes de tendresse et de proximité; il déplore leur manque de perspicacité pour percevoir que le changement qu’il était venu leur proposer était urgent, qu’il ne pouvait pas attendre. Il va même jusqu’à dire qu’elles sont plus têtues et aveuglées que Sodome (cf. Mt 11, 10-24). Et lorsque nous, les adultes, nous nous fermons à une réalité incontestable, vous nous dites avec franchise: “Vous ne voyez pas?”. Et certains plus audacieux ont le courage de dire: “Vous ne vous apercevez pas que personne ne vous écoute plus, ni ne vous croit? ”. Nous avons vraiment besoin de nous convertir, de découvrir que pour être à vos côtés, nous devons renverser tant de situations qui sont, en définitive, celles qui vous éloignent; nous savons – comme vous nous avez dit – que beaucoup de jeunes ne nous demandent rien par ce qu’ils ne nous considèrent pas comme un interlocuteur valable pour leur existence. Certains demandent même expressément qu’on les laisse tranquilles, car ils trouvent la présence de l’Eglise pénible voire irritante. Ils sont indignés par les scandales sexuels et économiques, face auxquels ils ne voient pas une nette condamnation; le fait de ne pas savoir comprendre correctement la vie et la sensibilité des jeunes par manque de préparation ou bien simplement le rôle passif attribué aux jeunes au sein de la communauté chrétienne (cf. Synode dédié aux Jeunes Instrumentum laboris, n. 66). Ce ne sont que quelques-unes de vos demandes. Nous voulons leur répondre, nous voulons, comme vous le dites vous-mêmes, être une «communauté transparente, accueillante, honnête, attirante, accessible, joyeuse, une communauté qui communique et où chacun peut participer » (ibid. n. 67).

Avant d’arriver au texte évangélique qui domine ce temple, Jésus commence en élevant une louange au Père. Il le fait parce qu’il se rend compte que ceux qui ont compris, ceux qui comprennent le centre de son message et de sa personne, ce sont les petits. En vous voyant ainsi, réunis, et chantant, je m’unis à la voix de Jésus et je reste admiratif, parce que, malgré notre manque de témoignage, vous continuez à découvrir Jésus au sein de nos communautés. Parce que nous savons que là où il y a Jésus, il y a toujours le renouveau, il y a toujours l’opportunité de la conversion, de laisser derrière soi tout ce qui nous sépare de lui et de nos frères. Là où il y a Jésus, la vie a toujours la saveur de l’Esprit Saint. Vous, ici aujourd’hui, vous êtes l’actualisation de cette merveille de Jésus.

Alors oui, nous disons de nouveau: «Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Mais nous le disons en étant convaincus que, au-delà de nos limites, de nos divisions, Jésus continue à être le motif pour être ici. Nous savons qu’il n’y a pas de réconfort plus grand que de laisser Jésus porter nos oppressions. Nous savons aussi qu’il y en a encore beaucoup qui ne le connaissent pas et vivent dans la tristesse et l’égarement. Une de vos célèbres chanteuses, il y a environ dix ans, disait dans une de ses chansons: “L’amour est mort, l’amour s’en est allé, l’amour ne vit plus ici” (Kerli Koiv, L’amour est mort). Et ils sont nombreux ceux qui font cette expérience: ils voient que l’amour de leurs parents s’est épuisé, que l’amour des couples à peine mariés se dissout; ils expérimentent une douleur intime quand ils voient que cela n’importe à personne qu’ils doivent émigrer pour chercher du travail ou quand, là, on les regarde avec soupçon parce qu’ils sont des étrangers. Il semblerait que l’amour soit mort, mais nous savons qu’il n’en est pas ainsi, et nous avons une parole à dire, quelque chose à annoncer, avec peu de discours et beaucoup de gestes. Parce que vous êtes la génération de l’image et de l’action plus que de la spéculation, de la théorie.

Et cela plaît à Jésus ainsi ; parce qu’il est passé en faisant le bien, et lorsqu’il est mort, il a préféré aux paroles le geste fort de la croix. Nous sommes unis par la foi en Jésus, et c’est Lui qui attend que nous le portions à tous les jeunes qui ont perdu le sens de leur vie. Accueillons ensemble cette nouveauté que porte Dieu dans notre vie; cette nouveauté qui nous pousse à partir toujours de nouveau pour aller là où se trouve l’humanité la plus blessée; là où les hommes, au-delà des apparences de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher une réponse à la question du sens de leur vie. Mais nous n’irons jamais seuls: Dieu vient avec nous; il n’a pas peur des périphéries, et même, Lui-même s’est fait périphérie (cf. Ph 2, 6-8 ; Jn 1, 14). Si nous avons le courage de sortir de nous-mêmes et d’aller aux périphéries, nous le trouverons là, parce que Jésus nous précède dans la vie du frère qui souffre et qui est rejeté. Il est déjà là (cf. Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 135).

L’amour n’est pas mort, il nous appelle et nous envoie. Demandons la force apostolique de porter l’Evangile aux autres et de renoncer à faire de notre vie chrétienne un musée de souvenirs. Permettons à l’Esprit Saint de nous faire contempler l’histoire dans la perspective de Jésus ressuscité, ainsi l’Eglise sera en mesure d’aller de l’avant en accueillant en elle les surprises du Seigneur (cf. ibid. n. 139), retrouvant sa jeunesse, la joie et la beauté de l’épouse qui va à la rencontre du Seigneur.

[01444-FR.01] [Texte original: Italien]

Discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles de Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François tel que prononcé lors de la rencontre avec les autorités civiles, politiques et diplomatique de Lituanie. Sur la photo, le pape François rencontre la présidente de Lituanie Dalia Grybauskaite lors de la rencontre avec les autorité civile de Lituanie au palais Vilnius (CNS photo/Paul Haring):

Madame la Présidente,
Membres du Gouvernement et du Corps Diplomatique,
Représentants de la société civile,
Distinguées Autorités,
Mesdames et Messieurs,

C’est un motif de joie et d’espérance de commencer en terre lituanienne ce pèlerinage dans les pays baltes qui, comme aimait le dire saint Jean-Paul II, est le «témoin silencieux d’un amour passionné de la liberté religieuse» (Discours lors de la cérémonie de bienvenue, Vilnius, 4 septembre 1993).

Je vous remercie, Madame la Présidente, pour les cordiales paroles de bienvenue que vous m’avez adressées en votre nom personnel et au nom de votre peuple. A travers vous, je voudrais saluer tout le peuple lituanien qui m’ouvre aujourd’hui les portes de sa maison et de sa patrie. A vous tous, j’exprime mon affection et mes sincères remerciements.

Cette visite a lieu à un moment particulièrement important de la vie de votre nation qui célèbre les 100 ans de la déclaration d’indépendance.

Un siècle marqué par de multiples épreuves et souffrances que vous avez dû supporter (détentions, déportations, voire le martyre). Célébrer les cent ans de l’indépendance signifie s’arrêter un peu dans le temps, recouvrer la mémoire de ce qui a été vécu pour entrer en contact avec tout ce qui vous a forgés en tant que nation, et y trouver les clefs qui vous permettront de regarder les défis présents et de vous projeter vers l’avenir dans un climat de dialogue et d’unité entre tous les habitants, de manière à ce que personne ne soit exclu. Chaque génération est appelée à faire siens les luttes et les acquis du passé et à honorer dans le présent la mémoire de ses anciens. Nous ne savons pas comment sera demain; ce que nous savons, c’est qu’il revient à chaque génération de préserver l’‘‘âme’’ qui l’a édifiée et qui l’a aidée à transformer toute situation de souffrance et d’injustice en opportunité, et de garder vivante et agissante la racine qui a donné les fruits d’aujourd’hui. Et ce peuple a une ‘‘âme’’ forte qui lui a permis de résister et de construire! Et votre hymne national dit ceci: «Que tes enfants puisent de la force dans le passé» pour regarder le présent avec courage.

«Que tes enfants puisent de la force dans le passé».

Au cours de son histoire, la Lituanie a su offrir l’hospitalité, accueillir, recevoir des peuples de diverses ethnies et religions. Tous ont trouvé en ces contrées un lieu pour vivre: Lituaniens, Tartares, Polonais, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Arméniens, Allemands; catholiques, orthodoxes, protestants, vieux-catholiques, musulmans, juifs…; ils ont vécu ensemble et en paix jusqu’à ce que surviennent les idéologies totalitaires qui ont rompu la capacité d’accueillir et d’harmoniser les différences, semant violence et méfiance. Puiser de la force dans le passé, c’est récupérer la racine et garder toujours vivant ce qu’il y a de plus authentique et de plus original en vous, ce qui vous a permis de grandir et de ne pas succomber en tant que nation: la tolérance, l’hospitalité, le respect et la solidarité.

En regardant la situation mondiale dans laquelle nous vivons, où les voix qui sèment la division et l’affrontement deviennent nombreuses – en instrumentalisant bien des fois l’insécurité ou les conflits –, ou bien qui proclament que l’unique manière possible de garantir la sécurité et la survie d’une culture réside dans l’effort pour éliminer, effacer ou expulser les autres, vous, Lituaniens, vous avez une parole originale à apporter: « accueillir les différences». Par le dialogue, par l’ouverture et la compréhension, celles-ci peuvent devenir un pont qui unit l’orient et l’occident de l’Europe. Cela peut être le fruit d’une histoire arrivée à maturité, qu’en tant que peuple vous offrez à la communauté internationale et en particulier à l’Union Européenne. Vous avez souffert ‘‘dans votre chair’’ les tentatives d’imposer un modèle unique qui annule ce qui est différent avec la prétention de croire que les privilèges de quelques-uns sont au-dessus de la dignité des autres ou du bien commun. Benoît XVI l’a bien signalé: «C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher […] On aime d’autant plus efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun qui répond également à ses besoins réels.» (Lettre enc. Caritas in veritate, n. 7). Tous les conflits qui surviennent ont des solutions durables à condition qu’elles s’enracinent dans la reconnaissance concrète des personnes, surtout des plus faibles et dans le fait de se sentir appelés à «élargir le regard pour reconnaître un bien plus grand qui sera bénéfique à tous.» (Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 235).

Dans ce sens, puiser de la force dans le passé, c’est prêter une attention aux plus jeunes, qui ne sont pas seulement l’avenir mais le présent de cette nation, à condition qu’ils restent attachés aux racines du peuple. Un peuple où les jeunes trouvent une place pour se développer et travailler, les aidera à se sentir protagonistes de la construction du tissu social et communautaire. Cela permettra à tous de lever le regard avec espérance vers l’avenir. La Lituanie dont vous rêvez se joue dans l’effort inlassable pour promouvoir ces politiques qui encouragent la participation active des plus jeunes dans la société. Sans aucun doute, ce sera une semence d’espérance, puisque cela conduira à un dynamisme où l’‘‘âme’’ de ce peuple continuera à générer l’hospitalité: hospitalité envers l’étranger, hospitalité envers les jeunes, envers les personnes âgées qui sont la mémoire vivante, envers le pauvre, en définitive, l’hospitalité envers l’avenir.

Je vous assure, Madame la Présidente, que vous pouvez compter – comme jusqu’à présent – sur l’engagement et le travail collectif de l’Église catholique pour que cette terre puisse répondre à sa vocation de terre-pont de communion et d’espérance.

[01430-FR.02] [Texte original: Italien]

Pape François en Irlande: Angélus au sanctuaire de Knock

Après avoir quitté la nonciature apostolique ce matin, dimanche 26 août 2018, le pape François a pris l’avion de Dublin pour se rendre au sanctuaire de Knock, un lieu populaire pour les pèlerinages mariales en Irlande.

Une fois sa tournée en papa mobile terminée, le pape François a été accueilli par l’archevêque de Tuam, Mgr Michael Neary ainsi que les quatre évêques de la province ecclésiastique. Quelques enfants étaient  aussi présents. 

Le Pape s’est rendu à la Chapelle des apparitions où il a été accueilli par le recteur du sanctuaire, le père Richard Gibbons. Près de 200 personnes étaient rassemblées à l’intérieur. Après avoir prié en silence devant l’image de la Vierge, le Saint Père a offert en cadeau un chapelet en or. Il s’est ensuite rendu sur l’esplanade du sanctuaire pour la récitation de la prière de l’Angélus. 

À 11 h15 (12 h15 à Rome), le Saint Père a quitté Knock en avion pour retourner à Dublin pour le dîner avec la suite papale à la nonciature. Vous trouverez, ci-dessous, la réflexion du Pape lors de la prière mariale avec les mots qu’il a improvisé.

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux d’être ici avec vous. Je suis heureux d’être ici dans la maison de Marie. Je rends grâce à Dieu pour l’opportunité de visiter, dans le contexte de la Rencontre mondiale des Familles, ce Sanctuaire si cher au peuple irlandais. Je remercie l’Archevêque Neary et le Recteur, Père Gibbons, pour leur cordial accueil. Dans la Chapelle de l’Apparition j’ai confié à l’intercession très aimante de la Vierge toutes les familles du monde et, spécialement, vos familles, les familles irlandaises. Marie notre Mère connaît les joies et les difficultés que l’on éprouve dans chaque maison. Les tenant dans son Cœur immaculé, elle les présente avec amour au trône de son Fils.

En souvenir de ma visite, j’ai apporté en cadeau un Rosaire d’or. Je sais combien est importante dans ce pays la tradition du Rosaire familial. Que de cœurs de pères, de mères et d’enfants ont puisé consolation et force au cours des années en méditant sur la participation de la Vierge aux mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie du Christ !

Marie notre Mère est aussi la Mère de l’Eglise, et c’est à elle que nous confions aujourd’hui le cheminement du peuple fidèle de Dieu en cette « Île d’émeraude ». Nous demandons que les familles soient soutenues dans leur engagement à répandre le Règne du Christ et à prendre soin des derniers de nos frères et de nos sœurs. Au milieu des vents et des tempêtes qui sévissent sur notre temps, qu’elles soient des remparts de foi et de bonté qui, selon les meilleures traditions de la nation, résistent à tout ce qui voudrait amoindrir la dignité de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu et appelés au sublime destin de la vie éternelle.

Que la Vierge regarde avec miséricorde tous les membres souffrants de la famille de son Fils. Priant devant sa statue, je les ai présentés, en particulier, toutes les victimes d’abus de la part de membres de l’Eglise en Irlande. Aucun de nous ne peut se dispenser de se sentir ému par les histoires de mineurs qui ont souffert d’abus, à qui on a volé l’innocence et qui ont été abandonnés à la blessure de douloureux souvenirs. Cette plaie ouverte nous défie d’être fermes et décidés dans la recherche de la vérité et de la justice. J’implore le pardon du Seigneur pour ces péchés, pour le scandale et la trahison ressentis par tant de personnes dans la famille de Dieu. Je demande à notre Bienheureuse Mère d’intercéder pour la guérison de toutes les personnes qui ont subi des abus de n’importe quel type et de confirmer chaque membre de la famille chrétienne dans la ferme intention de ne plus jamais permettre que ces situations arrivent, et d’intercéder pour nous tous, pour que nous puissions avancer dans la justice et réparer, le plus possible, tant de violence. 

Mon pèlerinage à Knock me permet aussi d’adresser un cordial salut aux habitants bien-aimés d’Irlande du Nord. Bien que mon voyage pour la Rencontre mondiale des Familles n’inclut pas une visite du Nord, je vous assure de mon affection et de ma proximité dans la prière. Je demande à la Vierge de soutenir tous les membres de la famille irlandaise pour qu’ils persévèrent, comme des frères et des sœurs, dans l’œuvre de réconciliation. Avec gratitude pour les progrès œcuméniques et pour la croissance significative d’amitié et de collaboration entre les communautés chrétiennes, musulmanes, juives et autres confessions: les fils (et les filles) d’Irlande. je prie pour que tous les disciples du Christ poursuivent avec constance les efforts pour faire progresser le processus de paix et construire une société harmonieuse et juste pour les enfants d’aujourd’hui.

Et maintenant, avec ces intentions et avec toutes celles que nous portons dans le cœur, adressons-nous à la Bienheureuse Vierge Marie par la prière de l’Angelus.

Veronica Giuliani, une sainte extraordinaire !

Sainte Veronica Giuliani
« … je veux tout, et en tout, le vouloir de Dieu » (Journal V, 272).

Une sainte extraordinaire, passionnée du Christ et témoin de Son Amour, pour notre époque difficile !
Une illustration de la parole de l’apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8, 31)

Tout le long du carême qui nous mène à cette grande Semaine sainte, nous ne pouvons que penser à l’Amour inconditionnel de Jésus-Christ pour nous : Lui qui est mort sur la Croix pour nous sauver ; et, au 3e jour, Il est ressuscité d’entre les morts afin de nous prouver qu’il nous aime et qu’il veut rester avec nous. Jésus-Christ ne nous abandonne pas ! Il ne nous a jamais laissé tomber. Par contre, combien de fois nous avons hésité et L’avons volontairement abandonné pour les biens de ce monde et les plaisirs passagers.

Il nous demande tout simplement de nous approcher de Lui, de Lui ouvrir notre cœur et nous réconcilier avec Lui en toute confiance. Il nous tend la main afin de nous sauver, nous pécheurs, de toute offense adressée contre Lui, contre le Père ; puisque Dieu est Jésus lui-même. Il nous invite de venir puiser dans son cœur la bonté, la beauté et la miséricorde de Dieu le Père.

Ce cœur que nous avons tendance à négliger, à blesser chaque fois que nous nous éloignons de Lui et des enseignements de l’Église. Ce cœur aimant continue à brûler d’Amour pour nous afin de nous repentir et de nous rattraper par le carême, la prière et la réconciliation avec Lui. Un cœur de tendresse qui va souffrir quand on souffre nous les enfants de Dieu.

Le cœur de notre mère Marie souffre à son tour, en nous voyant, fils et filles de Dieu, vivant dans les périphéries. Le Seigneur veut de nous que nous ouvrions notre cœur, avoir confiance en Lui et Le laisser éclairer nos vies. Il ne nous oblige pas à L’aimer. Pouvons-nous, avec conscience, Le choisir et Lui être fidèles pour notre propre salut. …Qui pourrait donc refuser d’être dans les bras d’un Père si tendre et miséricordieux ?!

Comment faire ?
Nous approcher de Lui par les prières et être disponibles pour L’écouter. Nous vider de nous-mêmes pour nous remplir de Lui et ainsi être proches des autres. Aimer le Seigneur, nous réconcilier avec Lui afin d’être en Paix avec nous-mêmes et avec les autres. Le Seigneur, nous a donné des saints et saintes ainsi que les sacrements pour nous montrer qu’Il est proche de nous et, à l’écoute de nos cœurs ; afin que nous puissions compter sur Lui, sur son Amour et sa Miséricorde dans nos vies.

Ces réflexions m’amènent à penser à une grande Sainte qui est parmi nous. Une sainte extraordinaire, qualifiée de « Géante » par le pape Benoît XVI, dans sa catéchèse tenue à l’audience du mercredi, le 15 décembre 2010. Sainte Véronique ou « Veronica » Giuliani, témoin de la présence de Dieu et de l’Amour du Père, a choisi de s’immoler comme victime pour le salut des âmes. Elle vit en toute confiance la participation à l’amour souffrant de Jésus sur la Croix. Cette Sainte mystique, a voulu s’unir à Lui et être en Lui !

Connue sous son nom italien de Veronica Giuliani, en latin Veronica de Julianis ou même Orsola (Ursule) Giuliani. Véronique veut dire « Vraie icône » du Christ ; car elle va être la sainte du siècle. Elle est née le 27 décembre 1660 à Mercatello sul Metauro, dans les Marches. À l’âge de 17 ans, elle répond à l’appel du Christ, comme l’ont fait saint François d’Assise et sainte Claire et rentre chez les Capucines et y demeure jusqu’à sa mort. Stigmatisée, pour s’unir totalement à la souffrance du Seigneur ; elle meurt le 9 juillet 1727 à l’âge de 67 ans : dont 50 ans de vie religieuse. Béatifiée le 17 juin 1804 et canonisée le 26 mars 1839 par le pape Grégoire XVI.

Selon le pape Benoît XVI, sainte Veronica, est l’une des femmes qui ont particulièrement marqué l’histoire de l’Église. Elle a toujours désiré Jésus, a voulu vivre selon Sa volonté et prier pour le salut des âmes. Elle est le témoignage, comme tant d’autres saints et saintes* de l’amour du Seigneur, de Sa volonté et de Son plan tracé pour elle. Il lui a fait vivre Sa Passion, a été son époux ! *Comme Ste Thérèse de Lisieux, nommée docteur de l’Église, par Jean-Paul II en 1997.

Sainte Veronica nous montre l’importance de la souffrance offerte à Dieu. Si nous l’accueillons et l’unissions aux souffrances du Christ sur la Croix ; elle sera une source de joie. Ainsi, la souffrance a toujours été au cœur de sa vie.
La vie de sainte Veronica illustre bien la parole de l’apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8, 31, cf. Journal, 1, 714 ; II, 116.1021; III, 48). Obligée de tenir un journal spirituel et écrire ses visions, entre autres de l’enfer, et ce, quand l’âme n’est pas unie à la volonté divine. De ses paroles réfléchies, citons : « Rien ne pourra me séparer de la volonté de Dieu, ni angoisses, ni peines, ni épreuves, ni mépris, ni tentations, ni créatures, ni démons, ni obscurité, et pas même la mort, parce que dans la vie ou dans la mort, je veux tout, et en tout, le vouloir de Dieu » (Journal V, 272). Elle s’accrocha au Seigneur en tout temps !

Sainte Veronica a suscité l’intérêt de plusieurs personnes

Pour Padre Pio : elle était une « Maîtresse dans la Sainteté ».Le pape Benoît XVI disait que « La spiritualité de sainte Veronica Giuliani était christologico-sponsale, c’est à dire de se sentir aimée du Christ, époux spirituel, et de répondre de mieux en mieux à cet amour… » Le frère Emmanuel, président de l’Association des Fils de Marie, amis de sainte Veronica : « le projet de sainte Veronica est un plan voulu par Dieu ».Le Cardinal Parasini qui, a étudié la biographie de sainte Veronica : « elle nous a laissé des messages importants pour l’Église tout en les consacrant spécifiquement pour cette époque difficile ».

Il n’y a pas de meilleur temps plus que celui que nous traversons maintenant, pour témoigner d’un réveil d’un géant et, pour pouvoir connaître la vie d’une sainte « géante dans la sainteté », sainte Veronica Giuliani.

Plus de 350 ans passés depuis sa naissance, sainte Veronica commence à se faire connaître peu à peu au pays, pour notre salut ! Sr Jacky Abinassif, de la communauté de Notre-Dame du Saint-Rosaire et directrice de la radio communautaire « Sawt El Rab » ou la « Voix du Seigneur » ; a travaillé très fort pour que la vie de sainte Veronica soit portée sur grand écran. Dévouée pour la pastorale auprès des jeunes de la communauté libanaise et œuvre avec S.E. Mgr Ibrahim Ibrahim, évêque de l’Éparchie des grecs-melkites catholiques du Canada à la Cathédrale – Paroisse du Saint-Sauveur à Montréal qui, l’a soutenu dans son projet. Disons-le la mission de Sr Abinassif de convaincre le diffuseur n’a pas été une chose facile.

Et nous, pourrions-nous nous comparer à ce personnage, sainte Veronica qui est extraordinaire ? Comment ?
Devant chaque situation difficile, prions et proclamons notre confiance absolue en Dieu. Disons comme dans le psaume 27 (26) : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Voici l’histoire de Maria Nakouzi, une jeune fille du Liban, atteinte d’un cancer, et qui en 2010, au milieu de ses souffrances, a eu une vision de la Vierge Marie qui lui aurait demandé de bâtir un couvent pour sainte Veronica, à la montagne en plein cœur du Liban. Maria n’a jamais cessé de prier et travailler à demeurer dans la volonté de Dieu. Elle a reçu beaucoup de grâces de la Vierge Marie et a répondu à la volonté de Dieu et Marie de faire connaître sainte Veronica, en lui construisant une église et un couvent selon le plan de Dieu et ce, en dehors de l’Italie.

En fait, la communauté chrétienne libanaise est ainsi attachée à une sainte italienne… L’engouement a pris la communauté montréalaise et celle du pays des Cèdres ! Espérons, que nos jeunes et nous tous au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde, puissions dire que nous avons trouvé l’Amour de Dieu en nous unissant à ses souffrances et nous réconcilier avec Lui, à l’exemple de sainte Veronica.
Devrions-nous, peut-être, prendre conscience de notre façon de penser, trop liée aux biens de ce monde ; et, surtout, de notre manière d’agir qui ne suit pas toujours la volonté divine….

*Le film « Le Réveil d’un géant », qui raconte la vie de sainte Veronica Giuliani, est en italien, sous-titré en français et en arabe. Il est en salle encore une semaine de plus (jusqu’au 29 mars) ; afin de nous aider à vivre en profondeur la Semaine sainte et la souffrance du Christ sur la Croix.

Liens utiles :
www.voixduseigneur.org
www.sainteveronica.ca
https://www.facebook.com/filmveronica
http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101215.html
http://enfer-catholique.blogspot.ca/2008/10/sainte-veronique-giulani.html

Top 10 de l’actualité catholique 2017

Comme chaque année, la venue de la nouvelle année nous porte aux rétrospectives qui nous permettent de voir le bout de chemin parcouru durant l’année  pour ensuite nous projeter dans l’année qui vient. Ce qui nous permet d’être encouragés à continuer le travail accompli durant l’année ou encore de rectifier le tir afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Il est ambitieux de vouloir résumer l’activité de plus de 1 milliard 400 millions de catholiques en 10 points. J’estime néanmoins qu’à l’échelle du Québec, nous pouvons résumer l’actualité de l’Église sans trop laisser d’événements de côté.

  1. Voyage du pape François au Myanmar et au Bangladesh :

C’est en fin d’année que le Saint-Père s’est rendu dans une zone trouble de la planète afin de construire des ponts et se faire  messager de paix. On le sait, la situation sur le terrain n’est pas des plus réjouissantes. Après des décennies d’instabilité, des tensions ethniques et interreligieuses ont provoqué l’exil de milliers de Rohingyas, obligés, pour la plupart, de se réfugier au Bangladesh. Usant de diplomatie, le Pape a tenu à manifester sa proximité avec les déplacés sans vouloir aggraver la situation en faisant une déclaration incendiaire contre ses hôtes qui, après tout, l’accueillaient dans leur pays. Comme il l’a dit lui-même : « Le plus important est que le message se rende à destination […] je n’ai pas voulu leur fermer la porte au nez ». Il me semble que l’ensemble de ce voyage pourrait se résumer par ce message : la paix et possible et n’attend souvent que la bonne volonté des peuples et des dirigeants politiques.

  1. Voyage du pape en Égypte :

Les 28 et 29 avril 2017, le pape François s’est rendu en Égypte, pays récemment touché par une foule de bouleversements politiques et de sociétaux. Trois grandes priorités étaient à l’ordre du jour de ce voyage. D’abord, le Saint-Père a voulu encourager les rapprochements avec l’Islam sunnite par l’entremise des grands représentants de l’Université Al-Azhar où se tenait au même moment une conférence sur la paix. Outre le caractère interreligieux de cette visite en Égypte, le Pape a tenu à lui donner un fort caractère œcuménique en rencontrant le Patriarche de l’Église orthodoxe Copte Tawadros II avec qui il a signé une Déclaration commune dans laquelle les deux Églises s’engagent à continuer le chemin vers l’Unité et à reconnaître mutuellement la validité du baptême de part et d’autre, s’engageant ainsi à ne plus administrer un deuxième baptême. Enfin, comme c’est son habitude, le Pape a eu des rencontres avec les autorités politiques d’Égypte afin de leur assurer sa pleine coopération au processus de paix dans la région.

  1. Voyage du pape François en Colombie :

Comme c’est son habitude, le pape François a apporté son support à la communauté catholique du pays qu’il visitait. Constituant la majorité de la population de ce pays d’Amérique latine, les catholiques ont depuis longtemps été impliqués au processus de paix tout récemment conclu avec les FARC. L’un des éléments les plus remarqué fut certainement le discours très personnel du pape François au Comité de direction du CELAM (Conseil épiscopal pour l’Amérique latine). Dans cette allocution qui fera certainement l’objet de plusieurs colloques et conférences, le Saint-Père a invité l’Église de ce coin du monde à redécouvrir la passion caractéristique de la jeunesse en étant « une Église capable d’être sacrement d’unité et d’espérance. D’une espérance au visage jeune et féminin ».

  1. 150e du Canada et Consécration au cœur Immaculée de Marie

Plus près de chez nous maintenant, le Canada fut consacré, cette année, au Cœur immaculé de Marie par tous les évêques dans leur diocèse respectif ainsi que lors d’une cérémonie officielle dans la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa à l’occasion de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques du Canada au mois d’octobre dernier. Faisant référence au 50e anniversaire de l’organisation Développement et paix (CARITAS-Canada), le cardinal Gérald Cyprien Lacroix affirmait :

Développement et Paix a soutenu des milliers d’initiatives locales dans des domaines comme l’agriculture, l’éducation, l’action communautaire, la consolidation de la paix et la défense des droits humains dans soixante-dix pays. Il appuie les femmes dans leur recherche de justice sociale et économique. […]  Supplions notre Dieu par l’intercession de la Vierge Marie, des saints martyrs canadiens et de tous les saints et saintes de notre pays, d’envoyer sur nous un nouveau souffle de Pentecôte pour un renouveau en profondeur de notre foi et un accroissement de notre zèle apostolique et missionnaire.

  1. Forum des jeunes 2017

Un des éléments clefs du catholicisme au Canada fut certainement le Forum 2017 sur « Les jeunes, la foi et le discernement » qui, grâce à Sel et Lumière et tous ces généreux collaborateurs, a pu réunir des jeunes Canadiens d’un océan à l’autre pour discuter des enjeux qui les touchent. Voulant répondre aux nombreux appels du pape François pour une Église proche des gens, l’ensemble de l’Église canadienne s’est mis à l’écoute de cette jeunesse qui a soif d’engagements et qui trouve, malheureusement, difficilement sa place dans l’Église. L’élément le plus important de cette émission fut certainement le message vidéo du pape François aux jeunes Canadiens, dans lequel il leur a demandé :

« Ne vous laissez pas voler votre jeunesse. Ne permettez à personne de freiner ou obscurcir la lumière que le Christ met sur votre visage et dans votre cœur. Soyez les artisans de relations basées sur la confiance, le partage et l’ouverture et cela, jusqu’aux confins du monde. N’érigez pas des murs de division, n’érigez pas des mûrs de division! Construisez plutôt des ponts tels que vous le faites en ce moment par cet échange extraordinaire qui vous réunit d’un océan à l’autre. »

Se voulant une initiative d’abord canadienne, le Forum 2017 a eu un rayonnement international et peut être, selon moi, considéré comme l’élément déclencheur des activités de préparation au Synode des jeunes qui aura lieu à Rome en octobre 2018.

  1. Visite ad limina des évêques du Québec

L’année 2017 fut également l’année d’un pèlerinage important des évêques du Québec à Rome pour prier, réfléchir et rencontrer le successeur de Pierre ainsi que ses collaborateurs. Tous ayant eu la chance d’exprimer leur expérience de pasteur de leur église particulière, les évêques ont remis en main propre au pape François, un rapport sur la société québécoise dans lequel ils relatent, non seulement les défis actuels qui sont gigantesques mais également les signes d’espoir qu’ils discernent dans le Peuple de Dieu et la société en général. La réflexion portée par ce document peut être clairement résumée par l’un des paragraphes de l’introduction :

Tout en étant pasteurs pour le petit nombre — ce « petit troupeau » qui demeure attaché à l’Eglise d’une façon ou d’une autre — comment être à la fois apôtres et missionnaires dans ce Québec devenu sécularisé, diversifié, pluriel et pluraliste, qui a pour une bonne part rompu ses liens avec la tradition et l’héritage catholiques, qui cherche et choisit ses repères ailleurs que dans l’Évangile et pour qui la parole de l’Église est discréditée tant par les terribles scandales de nature sexuelle que par des enseignements qui lui paraissent dépassés, déconnectés et rétrogrades ? (p.i)

  1. Consécration de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal

L’un des moments forts de cette année de prière au Québec fut certainement la consécration de la Cathédrale de Montréal par Mgr Christian Lépine le vendredi 13 octobre 2017. Durant plus de trois heures, les fidèles de l’archidiocèse se sont réunis autour de leur pasteur pour la consécration de ce monument incontournable du centre-ville de Montréal.

Diffusée en direct sur les ondes de Sel et Lumière, cette célébration avait pour but de souligner la dimension spirituelle du 375e anniversaire de la ville de Montréal. Comme le mentionne la lettre d’invitation de l’archevêque de Montréal : « la fondation de Montréal est un moment privilégié pour souligner la dimension spirituelle de l’origine de la ville et de son histoire, l’aspiration à vivre ensemble qui a été présente dès le début, la riche tradition de solidarité avec les pauvres et les malades. »

  1. Retour du Crucifix à l’hôpital du Saint-Sacrement de Québec

La présence de la foi dans toute société peut créer des frictions et même faire scandale. C’est ce qui s’est passé dans un hôpital de Québec. En effet, le conseil d’administration de l’établissement de santé Saint-Sacrement de Québec a voulu retirer un Crucifix accroché sur un des mûrs du hall d’entrée, créant ainsi un tollé de protestation dans l’ensemble de la société. Se terminant heureusement par un recul de l’administration, cet événement a été un point tournant dans la logique de sécularisation sévissant au Québec depuis 50 ans. Les Québécois ressentent en leur for intérieur à la fois une soif du spirituel et une volonté de redécouvrir et d’affirmer leur identité. Cette fierté retrouvée se manifestera certainement dans les années à venir. C’est à suivre…

  1. Les chants de Noël des prêtres avec Mario Pelchat

L’événement culminant de cette année fut certainement la série de concerts catéchèses d’un groupe de prêtres avec Mario Pelchat. Pendant environ un mois, les prêtres- chanteurs ont parcouru le Québec en entier afin de chanter les classiques religieux de Noël en compagnie du chanteur très connu et apprécié au Québec. Mettant en scène une crèche vivante devant au-delà de 50 000 personnes, les prêtres ont certainement mis en pratique les enseignements du pape François d’aller « au-dehors, aux périphéries ». En ce sens, vous pouvez visionner un reportage sur la vie de ces prêtres à Noël au lien suivant.

Église en sortie 5 mai 2017

Cette semaine à Église en sortie nous recevons Marie-Astrid Dubant, directrice d’ALPHA-Québec qui s’entretient avec Francis Denis sur la mission d’évangélisation au Québec et de la plus récente série de films Alpha. On vous présente également un reportage sur le lancement de la « nouvelle série de films Alpha » qui a eu lieu à l’église anglicane St. Jax de Montréal suivi de quelques extraits de cette série incontournable pour la nouvelle évangélisation au Québec et au Canada francophone.

Déclaration commune de Sa Sainteté François et le patriarche copte orthodoxe Tawadros II

Vous trouverez ci-dessous le texte de la déclaration commune de Sa Sainteté François et de Sa Sainteté Tawadros II:

Nous, François, Évêque de Rome et Pape de l’Église catholique, et Twardros II, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de saint Marc, remercions Dieu dans l’Esprit Saint de nous offrir la joyeuse occasion de nous rencontrer une fois encore, pour échanger une fraternelle accolade et pour nous unir de nouveau dans la prière. Nous glorifions le Tout-Puissant pour les liens de fraternité et d’amitié existant entre le Siège de saint Pierre et le Siège de saint Marc. Le privilège d’être ensemble ici, en Égypte, est le signe que la solidité de notre relation s’accroît d’année en année, que nous grandissons dans la proximité, dans la foi et dans l’amour du Christ notre Seigneur. Nous remercions Dieu pour l’Égypte bien-aimée, cette ‘‘patrie qui vit en nous’’ comme aimait le dire Sa Sainteté Shenouda III, pour le ‘‘peuple béni de Dieu’’ (cf. Is 19, 25), avec cette antique civilisation des pharaons, avec l’héritage grec et romain, avec la tradition copte et la présence islamique. L’Égypte est le lieu où la Sainte Famille a trouvé refuge, une terre de martyrs et de saints.

Notre profond lien d’amitié et de fraternité a son origine dans la pleine communion qui a existé entre nos Églises au cours des premiers siècles et qui était exprimée de multiples manières par les premiers Conciles œcuméniques, jusqu’au Concile de Nicée en 325 et par la contribution du courageux Père de l’Église saint Athanase, qui a reçu le titre de ‘‘Protecteur de la foi’’. Notre communion était exprimée par la prière et par des pratiques liturgiques similaires, par la vénération des mêmes martyrs et saints, ainsi que par le développement et par l’expansion du monachisme, suivant l’exemple du grand saint Antoine, connu comme le Père des moines.

Cette même expérience de communion avant le temps de la séparation a une signification spéciale dans nos efforts pour restaurer la pleine communion aujourd’hui. La plupart des relations existant au cours des premiers siècles entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe ont perduré jusqu’aujourd’hui malgré les divisions, et ont été revivifiées récemment. Elles nous incitent à intensifier nos efforts communs afin de persévérer dans la recherche d’une unité visible dans la diversité, sous la conduite de l’Esprit Saint.

Nous nous souvenons avec gratitude de la rencontre historique, il y a quarante-quatre ans, entre nos prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Shenouda III, dans une accolade de paix et de fraternité, après plusieurs siècles où nos liens mutuels d’amour n’étaient pas capables de trouver une expression à cause de la distance qui est survenue entre nous. La Déclaration commune qu’ils ont signée le 10 mai 1973 a représenté un jalon sur le chemin de l’œcuménisme, et a servi de point de départ à la Commission pour le dialogue théologique entre nos deux Églises, qui a porté beaucoup de fruit et a ouvert la voie à un dialogue plus large entre l’Église catholique et toute la famille des Églises Orientales orthodoxes. Dans cette Déclaration, nos Églises ont reconnu que, en lien avec la tradition apostolique, elles professent «une foi dans le Dieu Un Trine» et «la divinité de l’Unique Fils né de Dieu… Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité». Il a également été reconnu que «la vie divine nous est donnée et est nourrie en nous à travers les sept sacrements» et que «nous vénérons la Vierge Marie, Mère de la Vraie Lumière», la «Theotokos».

C’est avec une profonde gratitude que nous nous rappelons notre rencontre fraternelle à Rome, le 10 mai 2013, et la proclamation du 10 mai comme le jour où chaque année nous approfondissons l’amitié ainsi que la fraternité entre nos Églises. Cet esprit renouvelé de proximité nous a rendus capables de reconnaître une fois encore que le lien qui nous unit était reçu de notre unique Seigneur le jour de notre baptême. Car c’est à travers le baptême que nous devenons membres du corps unique du Christ qu’est l’Église (cf. 1 Co 12, 13). Cet héritage commun est la base du pèlerinage que nous faisons ensemble vers la pleine communion, tandis que nous grandissons dans l’amour et la réconciliation.

Nous sommes conscients d’avoir encore un long chemin à parcourir dans ce pèlerinage, cependant nous nous souvenons de tout ce qui a été déjà accompli. En particulier, nous nous rappelons la rencontre entre le Pape Shenouda III et saint Jean-Paul II, venu en Égypte en pèlerin durant le Grand Jubilé de l’an 2000. Nous sommes déterminés à suivre leurs pas, animés par l’amour du Christ le Bon Pasteur, profondément convaincus qu’en marchant ensemble, nous grandissons dans l’unité. Puissions-nous puiser notre force de Dieu, parfaite source de communion et d’amour !

Cet amour trouve sa plus profonde expression dans la prière commune. Lorsque des chrétiens prient ensemble, ils en viennent à réaliser que ce qui les unit est plus grand que ce qui les divise. Notre désir d’unité est inspiré par la prière du Christ «que tous soient un» (Jn 17, 21). Approfondissons nos racines communes dans la foi apostolique en priant ensemble et en recherchant les traductions communes de la Prière du Seigneur et une date commune pour la célébration de Pâques.

Alors que nous cheminons vers le jour béni où, enfin, nous serons rassemblés autour de la même table eucharistique, nous pouvons coopérer dans plusieurs domaines et démontrer d’une manière tangible la grande richesse qui nous unit déjà. Nous pouvons témoigner ensemble de valeurs fondamentales telles que la sainteté et la dignité de la vie humaine, le caractère sacré du mariage et de la famille, ainsi que le respect de toute la création, qui nous a été confiée par Dieu. Face à de nombreux défis contemporains comme la sécularisation et la globalisation de l’indifférence, nous sommes appelés à offrir une réponse commune fondée sur les valeurs de l’Évangile et sur les trésors de nos traditions respectives. À ce sujet, nous sommes encouragés à entreprendre une étude plus approfondie des Pères orientaux et latins, et à promouvoir un échange fructueux sur le plan pastoral, spécialement dans la catéchèse, et pour un mutuel enrichissement spirituel entre des communautés monastiques et religieuses.

Notre témoignage chrétien commun est un signe de réconciliation et d’espérance rempli de grâce pour la société égyptienne et pour ses institutions, un grain semé pour porter des fruits de justice et de paix. Puisque nous croyons que tout être humain est créé à l’image de Dieu, nous luttons pour la sérénité et la concorde à travers une cohabitation pacifique des chrétiens et des musulmans, en témoignant ainsi du désir de Dieu pour l’unité et l’harmonie de la famille humaine tout entière et pour l’égale dignité de chaque être humain. Nous partageons la préoccupation pour le bien-être et l’avenir de l’Égypte. Tous les membres de la société ont le droit et le devoir de participer pleinement à la vie de la nation., en jouissant de la pleine et égale citoyenneté et en collaborant pour bâtir leur société.  La liberté de religion, incluant la liberté de conscience, enracinée dans la dignité de la personne, est la pierre angulaire de toutes les autres libertés. C’est un droit sacré et inaliénable.

Intensifions notre inlassable prière pour tous les chrétiens en Égypte et de par le monde entier, et spécialement au Moyen Orient. Les expériences tragiques ainsi que le sang versé par nos fidèles persécutés et tués pour la seule raison d’être chrétiens rappellent à nous tous combien davantage l’œcuménisme du martyre nous unit et nous encourage sur le chemin de la paix et de la réconciliation. Car, comme l’a écrit saint Paul : «Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance» (1 Co 12, 26).

Le mystère de Jésus qui est mort et ressuscité par amour se trouve au cœur de notre cheminement vers l’unité. Une fois encore, les martyrs sont nos guides. Dans l’Église primitive, le sang des martyrs était la semence de nouveaux chrétiens. De même, de nos jours, puisse le sang des très nombreux martyrs être la semence d’unité parmi les disciples du Christ, un signe et un instrument de communion comme de paix pour le monde.

Obéissant au travail de l’Esprit Saint, qui sanctifie l’Église, la garde tout au long des siècles, et la conduit vers la pleine unité – cette unité pour laquelle Jésus a prié :

Aujourd’hui nous, Pape François et Pape Tawadros II, en vue de satisfaire le cœur du Seigneur Jésus, ainsi que les cœurs de nos fils et filles dans la foi, nous déclarons mutuellement que, dans le même esprit et d’un même cœur, nous chercherons sincèrement à ne plus répéter le baptême qui a été administré dans nos respectives Églises pour toute personne qui souhaite rejoindre l’une ou l’autre. Nous confessons cela en obéissance aux Saintes Écritures et à la foi des trois Conciles œcuméniques célébrés à Nicée, à Constantinople et à Éphèse.

Nous demandons à Dieu notre Père de nous guider, dans le temps et par les moyens que l’Esprit Saint choisira, vers la pleine unité dans le Corps mystique du Christ.

Laissons-nous, donc, guider par les enseignements et par l’exemple de l’apôtre Paul, qui a écrit : «Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous» (Ep 4, 3-6).

Source: http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-et-le-pape-copte-tawadros-ii-sign

Pape en Égypte: un voyage en trois temps pour trois priorités

CNS photo/Mohamed Abd El Ghany, Reuters

Les 28 et 29 avril prochains, le pape François se rendra en Égypte pour une visite apostolique. Ce voyage en trois temps permettra au Saint-Père de renforcer les relations avec les autorités civiles et religieuses de ce pays, le plus populeux du monde arabe.

Un contexte sociopolitique particulier

Pour bien comprendre les enjeux liés à cette visite, il est important de dire quelques mots sur le contexte actuel. Ce n’est un secret pour personne, l’Égypte a connu, dans la dernière décennie, des mouvements politiques et sociaux importants qui ont grandement mis en péril sa stabilité. En effet, le pays des pharaons n’a pas été épargné par ce qu’on a appelé « le printemps arabe ». Cette période de rébellion, menée par des groupes aux intérêts divergents et, parfois même, diamétralement opposés, a mené à la destitution d’Hosni Moubarak et à la prise du pouvoir par le parti des frères musulmans. La prise de pouvoir de ce mouvement islamiste qui avait procédé, l’espace d’un moment, à l’inscription de la Sharia dans la constitution, avait fait de nombreux mécontents dont les autorités religieuses chrétiennes, musulmanes modérées, les mouvements pro-démocratie et, surtout, les hautes autorités militaires, très liées à l’ancien régime. En ce sens, on se rappellera l’augmentation importante des attentats terroristes contre les minorités religieuses lors de cette courte période. Un rapport de l’Aide à l’Église en détresse affirme en effet : « Avant et après les élections présidentielles de juin 2012, qui ont amené Morsi au pouvoir, le climat d’hostilité contre les coptes a été intense. Les violences physiques et morales ont augmenté ». Ce qui avait fait douter de la volonté de son gouvernement à protéger cette portion importante de la population (+/- 10 %). Ce qui avait de grande chance d’arriver arriva, le maréchal à la retraite Abdel Fattah Al-Sissi destitua et arrêta le président islamiste Mohamed Morsi et déclara comme « mouvement terroriste » le parti des frères musulmans.

Depuis son élection, le président Sissi a entrepris un certain nombre de réformes visant la modernisation de la société musulmane égyptienne. Dans un discours à la Grande Université Al-Alzhar le 28 décembre 2014, il avait demandé au chef religieux de la plus importante université islamique du monde sunnite de proposer un « discours religieux qui correspond à son époque ». Depuis ce discours historique, plusieurs gestes manifestent cette volonté du gouvernement égyptien de favoriser un rapprochement et la réconciliation entre chrétiens et musulmans. D’abord, les relations entre l’Université Al-Alzhar et le Vatican, rompues depuis quelques années, ont pu reprendre à la suite de la visite du cheikh Ahmed Al-Tayeb, grand imam de la mosquée Al-Azhar. Et suite au geste symbolique que constitue la présence du président égyptien lors de la Messe de Noël à la cathédrale orthodoxe Copte Saint-Marc du Caire en compagnie de Théodore II, on ne peut que se réjouir de la plus récente affirmation de la Conférence d’Al-Azhar de « l’égalité entre chrétiens et musulmans ».

On peut l’imaginer ce chemin concret de rapprochement ne fait pas beaucoup d’heureux du côté islamiste, à en juger par les plus récentes attaques terroristes qui montrent que cette égalité toujours fragile nécessite encore, pour les minorités religieuses, une protection supplémentaire de la police et de l’armée. C’est dans ce contexte politico-religieux que s’amorce la visite du pape François, la semaine prochaine.

Un voyage en trois temps pour trois priorités

Dans un premier temps, le pape François rencontrera le président al-Sissi lors d’une visite au palais présidentiel. Cette ouverture de part et d’autre manifeste une volonté réciproque de renforcement des liens et de la collaboration en faveur de la paix. Deuxième rencontre entre les deux hommes, cette discussion portera certainement sur les grands thèmes chers au pape François dont la liberté religieuse, la protection des chrétiens persécutés et des points liés au développement de l’Égypte qui accuse des retards considérables en terme d’éducation, de lutte contre la pauvreté et de protection de l’environnement.

CNS photo/L’Osservatore Romano via Reuters

Après cette réunion protocolaire, le Pape se rendra auprès du grand imam d’Al Azhar, le cheikh Ahmed Al Tayeb, afin de prononcer, chacun leur tour, un discours lors de la Conférence internationale sur la paix. Cette prise de parole commune s’inscrira dans la continuité des discussions amorcées en février dernier contre « le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ». De ce rapprochement et de ce dialogue interreligieux, nous sommes en droit d’espérer des effets d’apaisement dans le climat de tension actuel ainsi que des fruits d’érudition en faveur d’une « modernisation de l’Islam ».

Dans une perspective œcuménique, le pape rencontrera le patriarche copte Tawadros II pour des discussions privées suivies de discours. Nous pouvons d’ores et déjà voir en cela un geste de soutien pour cette minorité chrétienne d’Égypte dont les racines remontent à l’évangélisation de saint Marc évangéliste et apôtre. Cette amitié renouvelée peut être perçue comme un fruit de cet « œcuménisme du sang », expression plusieurs fois employée par le Saint-Père notamment pour décrire le drame des « Égyptiens coptes égorgés par les djihadistes de l’État islamique sur les rives de la mer Méditerranée ». Il avait alors affirmé : « Tous sont nos martyrs, car ils ont donné leur sang pour le Christ ». La présence du patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier peut également être interprétée en ce sens. Enfin, le pape célèbrera une Messe en compagnie de la communauté copte-catholique d’Égypte avant de retourner à Rome, samedi, en début de soirée.

Le voyage du pape François en Égypte arrive dans une période charnière de l’histoire de ce pays plus que deux fois millénaire. Considérant les nombreux risques d’attentats que cette visite comporte, on peut y voir la grande détermination du pape François à raffermir les liens d’amitié avec les autorités politiques et religieuses et à apporter son soutien et sa collaboration dans l’élaboration d’une société et d’un islam modernes. De plus, ce voyage permettra au Pape de manifester concrètement sa solidarité avec les chrétiens orthodoxes et catholiques d’Égypte dans ces moments tumultueux où plusieurs ont versé leur sang par fidélité au Christ. Ainsi, espérons que cette visite très attendue porte des fruits de paix et de réconciliation si nécessaires aujourd’hui.

Église en sortie 10 février 2017

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Marie-Claude Lalonde, Directrice nationale de l’Aide à l’Église en Détresse Canada, pour un épisode complet consacré au dernier rapport 2016 sur la liberté religieuse dans le monde. On vous présente également un reportage sur la prière œcuménique au Monastère et à la paroisse Saint-Antoine le Grand de Montréal tourné lors de la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens.

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