Sainte Barbe : L’Histoire d’une Chrétienne Martyre au Courage inébranlable !

Francesco Soderini, Sainte Barbe et son père foudroyé, vers 1700. Wikimedia Commons.

Sainte Barbe est une sainte et martyre (des années +235) vénérée dans la religion chrétienne, catholique et orthodoxe, dont la fête est célébrée surtout au Liban. Elle incarne le courage et la dévotion dans le visage de l’adversité. Son histoire fascinante transcende les époques pour nous rappeler la force de la foi et la persévérance face à l’oppression. 

Originaire de Nicomédie en Asie mineure (l’actuelle Turquie), sainte Barbe a vécu au IIIe siècle à Héliopolis (aujourd’hui Baalbek, au Liban) sous l’empereur Maximien, une période de persécution religieuse intense. Sa décision de se convertir au christianisme et sa résistance à l’opposition de son propre père, un riche païen nommé Dioscore qui voulait la marier à un prince Perse, en font un symbole puissant de sa foi inébranlable. 

Elle était d’une beauté extraordinaire et d’une grande intelligence. À l’âge de 16 ans, elle se convertit au christianisme, et s’enfuit dans les champs de blé pour fuir son père. 

Retrouvée, elle fut emprisonnée dans une tour et torturée. La tour a été incendiée mais sainte Barbe resta vivante. Finalement, elle fut martyrisée et exécutée par son propre père. C’est à ce moment qu’un éclair foudroya Dioscore qui est mort brûlé.

Appelée aussi « sainte de feu », elle est la sainte patronne protectrice des mineurs et des sapeurs-pompiers en France et de certains métiers d’ingénierie dans plusieurs pays de l’Occident et de l’Orient.

Son histoire, sa conversion, son martyre tragique, et son héritage perdurent à travers les générations et sont célébrés même aujourd’hui.

En 1969, l’église consacre le jour du 4 décembre la fête de sainte Barbe.

 

Eid El Barbara ou la fête de sainte Barbe au Liban

La fête de sainte Barbe est largement célébrée au Liban. Selon la tradition, il s’agit d’une fête qui précède Noël et est accompagnée de diverses célébrations et coutumes. L’histoire commence la veille de la fête de sainte-Barbe, le 3 décembre : des enfants se déguisent représentant la sainte Barbe qui s’est échappée de la tour où elle était emprisonnée. Les familles se rendent visite et se retrouvent. En se rendant chez les voisins et les membres de leur famille, et les enfants reçoivent de l’argent et des desserts, faits maison, spécialement par leur famille.

Sainte Barbe s’est cachée dans un champ de blé. Le blé est donc devenu un symbole très important de cette fête. Chaque famille prépare Noël en plantant des graines de blé et de lentilles dans trois petits plats recouverts de coton imbibé d’eau, symbolisant la Trinité. Les petites pousses sont arrosées quotidiennement jusqu’à Noël, lorsque de petites pousses se forment, c’est un signe de bénédiction et de prospérité pour la nouvelle année.

Aussi les familles préparent des mets traditionnels surtout à base de blé tel que l’amhieh. En plus des desserts comme les maakroun, mchabbak, katayef qui sont préparés surtout ce jour-là. Et ils nous rappellent des souvenirs exceptionnels qu’on porte toute la vie, et on la transmet aux générations futures.

(Photos reproduites avec l’aimable autorisation de Délices des cèdres sur Facebook.

Utilisées avec permission.)

 

(Photo de Wikimedia Commons)

 

À côté des traditions, la fête religieuse se traduit par la visite des chrétiens libanais de leur église pour célébrer la messe à cette occasion.

C’est à la sainte Barbe que les Libanais commencent à décorer leurs maisons pour Noël en dressant le sapin et montant la crèche, et ils se préparent pour la venue du petit Enfant Jésus. C’est ainsi que les trois petites assiettes plantées à la sainte Barbe seront disposées devant la crèche le 24 décembre. Cette décoration sera retirée après l’Épiphanie soit après le 6 janvier de la Nouvelle année.

La période de pratiques religieuses et des préparations pour la naissance de Jésus est accompagnée soit par des œuvres de charité, telles que le don de la nourriture aux nécessiteux, ou de l’argent ou du matériel à des organisations actives dans le pays.

La célébration de la Sainte-Barbe porte de beaux souvenirs d’enfance en famille que les Libanais insistent à préserver malgré les situations politiques et économiques actuelles. Ils la transmettent d’une génération en génération.

Les Libanais se félicitent en disant Barbara mbarkeh (Jour de la Sainte-Barbe béni) ou kel Barbara w ento bi kheir (Bonne Sainte-Barbe).

 

Prière à sainte Barbe

« Sainte Barbe, sainte bien-aimée des Libanais, nous nous tournons vers toi en ces temps incertains, Toi qui as montré la force de ta foi face à l’adversité.

Protège notre cher Liban, terre de diversité, garde-nous des tourments, des conflits et de la discorde, guide nos dirigeants vers la sagesse et la paix, ô sainte Barbe.

Nous te prions pour que nos traditions perdurent, malgré les défis économiques et politiques qui nous assaillent, que la fête en ton honneur demeure un lien sacré.

Inspire nos cœurs à la solidarité et à la charité, aide-nous à soutenir nos concitoyens dans le besoin, et à maintenir l’amour et l’unité dans notre société.

Sainte Barbe, veille sur nous, sur notre nation, que ta lumière brille sur le Liban, même dans l’obscurité, et que nous puissions continuer à célébrer ta mémoire avec fierté.

Amen. »

Mardi 28 novembre, je donne – 2023

Vous êtes à la recherche des bonnes affaires du Vendredi Fou ? Vous espérez économiser de l’argent lors du Cyber Lundi ? Vous réfléchissez à la manière d’utiliser votre argent supplémentaire ?

Êtes-vous préoccupé par la course effrénée qui a lieu autour de la fête de l’action de grâce et de la période précédant Noël, et cherchez-vous des moyens de concentrer votre attention et vos ressources sur le bien commun alors que nous nous préparons à célébrer la naissance de notre Seigneur.

Quoi qu’il en soit, assurez-vous de participer à notre campagne du Mardi je donne le 28 novembre, le lendemain du Cyber lundi. Ce jour marque également le début de l’Avent, qui intègre les pratiques traditionnelles d’aumône, de prière et de jeûne.

Qu’est-ce que Mardi je donne ? Voici quelques informations tirées du site anglais de Canadon :

  • L’initiative a vu le jour ici même au Canada en 2013. Canada Helps s’est associé à 14 autres organisations qui soutiennent des organismes à but non lucratif dans tout le pays.
  • Aujourd’hui, GivingTuesday est présent dans plus de 80 pays à travers le monde, dans le but d’inspirer la générosité dans le monde entier et de créer un monde où le don fait partie de la vie quotidienne.
  • Lors du Mardi je donne 2022, des millions de Canadiens se sont mobilisés !
    • 47 organisations canadiennes ont participé.
    • Les dons en ligne ont totalisé 50,5 millions de dollars.
    • Les Canadiens ont donné 3 682 livres d’aliments pour animaux de compagnie.
    • En Ontario seulement, 83 nouveaux donneurs d’organes se sont inscrits !

Il s’agit là d’un formidable élan ! Et vous avez la possibilité d’y participer cette année, en contribuant à des œuvres de bienfaisance, à des organismes sans but lucratif, à des organisations religieuses et à des organismes communautaires au Canada.

Sel et Lumière Média est une organisation de ce type. Nous comptons sur votre générosité pour continuer à produire nos émissions télévisées et numériques catholiques inspirantes, édifiantes et enrichissantes.
Si vous le souhaitez, vous pouvez donc envisager de faire un don à Sel+ Lumière Média ce 28 novembre, à l’adresse slmedia.org/fr/don.

Mercredi rouge, 15 novembre : Incontournable !

Image reproduite avec l’autorisation de l’Aide à l’Église en détresse Canada. Utilisée avec la permission de l’auteur.

Depuis près de dix ans, le Mercredi Rouge est un événement international incontournable pour un nombre croissant de chrétiens à travers le monde. «Non seulement nos bureaux nationaux sensibilisent les catholiques, les bienfaiteurs et les amis de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), mais ils permettent aussi à de plus en plus de gens de mieux comprendre l’ampleur de la persécution contre les chrétiens et de prendre conscience de l’importance de la liberté religieuse», explique Marie-Claude Lalonde, directrice nationale du bureau canadien de l’AED. Selon elle, «il s’agit d’un droit humain fondamental qui va au-delà de la religion elle-même, comme le stipule l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme».  

Diverses façons de participer 

Les archidiocèses de Montréal et de Toronto ont déjà annoncé la célébration de messes dans leurs basiliques cathédrales respectives le mercredi 15 novembre à 17 heures. L’illumination en rouge de la cathédrale St Michael de Toronto est désormais une tradition et la messe sera présidée par le nouvel archevêque de Toronto, Mgr Francis Leo.  

Les paroisses, les communautés et les particuliers qui souhaitent en savoir plus, organiser et inscrire une activité ou télécharger du matériel pour organiser un temps de prière peuvent visiter la page d’accueil de l’événement : https://acn-canada.org/rw/fr. «Les conseils scolaires et les écoles catholiques sont également invités à préparer des activités avec leurs élèves. Il y a plusieurs façons de manifester sa solidarité, que ce soit en tenant un kiosque sur le phénomène de la persécution religieuse, en organisant une prière sur l’heure du midi ou simplement en portant un vêtement rouge», explique Mme Lalonde.  

Un droit en déclin  

«Parallèlement à la publication de notre nouveau Rapport sur la liberté religieuse en juin, il est essentiel de continuer à sensibiliser les gens au fait que 75 % de la persécution religieuse dans le monde touche directement les chrétiens», affirme Mario Bard, agent d’information pour le bureau canadien de l’AED. «En effet, ce droit fondamental et légitime est en déclin, non seulement dans les États autoritaires et dictatoriaux, mais aussi dans nos sociétés occidentales, qui éprouvent des difficultés à dialoguer sur la question de la liberté religieuse — en mettant l’accent sur la liberté de conscience — et des droits fondamentaux pour tous. Il semble que la polarisation de nombreux débats touche également ces droits de croyance et de conscience. Ce n’est pas bon pour la vie d’une démocratie saine, car ces droits fondamentaux ne sont pas respectés», estime-t-il.  

Comme l’indique Regina Lynch, présidente du Conseil exécutif de l’Aide à l’Église en Détresse Internationale, dans l’introduction de notre nouveau rapport sur la liberté religieuse lancé en juin, il existe de nombreux moyens de continuer à sensibiliser l’opinion publique.  

L’une d’entre elles consiste à «prier pour les victimes de la discrimination et de la violence» et à «partager les informations» ou à «faire connaître ce rapport dans vos réseaux». Une autre est de «parler pour les victimes de persécution», ce qui est tout à fait en ligne avec le Mercredi Rouge.  

Pour lire et télécharger le résumé 2023, rendez-vous sur https://acn-canada.org/fr/rapport-sur-la-liberte-religieuse-2023/.

Merci de manifester votre solidarité le 15 novembre!

Sel + Lumière TV diffusera la messe du mercredi rouge présidée par Mgr Christian Lépine en direct de la basilique cathédrale Marie-Reine du Monde de Montréal à 17h00 HE/2h00 HP, suivie d’un documentaire de l’Aide à l’Église en Détresse.

On est arrivé à un moment clé du Synode sur la Synodalité, de quoi s’agit-il ?

Ce mois-ci, plus de 450 participants se réunissent à Rome pour la première session de l’Assemblée du Synode des évêques sur le thème « Pour une Église synodale : Communion, participation et mission ». Qu’est-ce donc le synode sur la synodalité ?

Tout d’abord, commençons en se demandant : qu’est-ce qu’un synode exactement ?

Un synode est un rassemblement – traditionnellement d’évêques – qui aide l’Église à avancer dans une même direction. Le mot « synode » vient du grec syn-hodos, qui signifie « le même chemin » ou « la même voie ». Les synodes étaient courants dans les premiers siècles du christianisme, donnant aux évêques l’occasion de se rencontrer et de discuter de questions importantes pour la vie de l’Église. En 1965, le pape Paul VI a institué le Synode des évêques au niveau universel de l’Église. Il voulait un moyen de poursuivre l’échange fraternel et collégial qui avait été expérimenté lors du Concile Vatican II, où les évêques du monde entier s’étaient réunis entre 1962 et 1965. Depuis lors, des synodes sont organisés tous les deux ou trois ans, réunissant des évêques, des experts et divers délégués pour discuter de sujets tels que l’Eucharistie, la parole de Dieu, le Moyen-Orient, la nouvelle évangélisation, la famille, les jeunes et l’Amazonie. Dans chaque cas, les évêques votent sur un document final, puis le pape rédige son propre texte – appelé « exhortation apostolique » – afin d’ouvrir de nouvelles voies et d’éclairer d’un jour nouveau ce dont il a été question, pour que cela puisse rayonner dans toute l’Église.

Quelle est la particularité de ce synode sur la synodalité ?

Contrairement aux synodes précédents, celui-ci n’a pas pour but d’aborder une question particulière, mais de nous permettre de devenir ce que Dieu nous appelle à être en tant qu’Église, tous ensemble, dans la réalité du monde d’aujourd’hui ! Ce Synode qui se déroule de 2021 à 2024 est totalement inédit, pour au moins trois raisons.

D’abord, il ne s’agit plus seulement d’un Synode des évêques d’un mois, mais d’un processus synodal de trois ans pour tout le peuple de Dieu, tous les baptisés ! Tous sont invités et personne ne doit être laissé de côté ou exclu ! Les laïcs ont été impliqué dès le début du Synode, dans les phases diocésaines et continentales. Et maintenant, pour la première fois dans l’histoire, des laïcs ont également le droit de vote à l’Assemblée du Synode des Évêques à Rome.

Ensuite, c’est un synode qui vise à donner à toute l’Église une expérience vécue de la synodalité. Il ne s’agit pas seulement de remplir un questionnaire, mais de recueillir les fruits de ce que l’Esprit Saint nous dit ici et maintenant pour devenir une Église plus synodale dans le monde aujourd’hui.

Finalement, le but du Synode n’est pas seulement de parler de la synodalité, mais de la mettre en pratique dès maintenant, dans chaque diocèse, paroisse et pays du monde entier. Cela nous appelle tous, à tous les niveaux de l’Église, à renouveler notre façon d’être et de travailler ensemble pour aller de l’avant.

Mais qu’est-ce que la synodalité ?

Fondamentalement, la synodalité consiste en un cheminement commun. Cela se fait par l’écoute mutuelle qui permet d’entendre ce que Dieu nous dit. C’est réaliser que le Saint-Esprit peut s’exprimer à travers n’importe qui pour nous aider à avancer ensemble sur notre chemin comme peuple de Dieu.

Il ne s’agit pas de prendre trois ans pour comprendre un nouveau mot à la mode qui va bientôt disparaître. La synodalité n’est pas une phase passagère ! Au contraire, « marcher ensemble » est au cœur de ce qu’est l’Église, comme peuple de Dieu en pèlerinage au milieu du monde. À l’époque de l’Église primitive, saint Jean Chrysostome disait que pour lui, « Église » et « synode » étaient synonymes, puisque l’Église consiste en ce cheminement commun. En ce sens, la synodalité est une manière de renouveler l’Église à partir de ses racines les plus profondes, afin d’être plus unis les uns aux autres et de mieux accomplir notre mission dans le monde. Concrètement, la synodalité est une façon d’être et de travailler selon une approche plus proche de la base et plus collaborative, en prenant le temps de discerner le chemin à suivre ensemble. Elle met en évidence le fait que nous avons tous quelque chose de précieux à apporter au Corps du Christ. De cette manière, une « Église synodale »  est une Église qui écoute : « C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, l’« Esprit de Vérité » (Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7). » (Pape François, Commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, 17 octobre 2015).

Cela nous appellera naturellement à changer nos façons de faire, afin que nous devenions de plus en plus ce que nous sommes véritablement en tant qu’Église, et que nous cheminions ensemble au milieu de toute la famille humaine, guidés par l’Esprit Saint.

Esprit Saint, conduis l’Église sur son chemin de pèlerinage alors que nous T’écoutons parler à travers chacun. Fais brûler le feu de Ton amour dans nos cœurs pour que nous avancions ensemble comme Église, accompagnant toute l’humanité sur un chemin commun vers Toi.

 

La communion : les noces de l’Agneau

Le retable de Gand : L’adoration de l’agneau (Source : Wikimedia Commons)

La communion : les noces de l’Agneau 

Contribution théologique – 9 octobre 2023 

Anna Rowlands 

Professeur St Hilda de pensée et de pratique sociales catholiques Département de théologie et de religion et Centre d’études catholiques,  Université de Durham, Royaume-Uni 

Cher Saint-Père, frères et sœurs, 

 

Pouvons-nous trouver le courage de faire face à la réalité telle qu’elle est vraiment ? C’est la  question merveilleusement stimulante que nous a posé le père Timothy. Il nous a présenté le  paradoxe de notre appel à ressembler au Christ : entendre, voir et ressentir la condition de notre  monde, tout en étant aussi honnêtes que possible avec nous-mêmes, car nous ne trouvons pas  facile de supporter la réalité. La section B1 de l’Instrumentum Laboris nous conduit au cœur  de ce paradoxe chrétien fondamental : l’espérance et la difficulté, la beauté et la liberté de  l’appel de Dieu ainsi que les défis posés par la croissance dans la sainteté. L’Instrumentum  Laboris – utilisant le langage de Lumen Gentium § 1 – nous invite à réfléchir sur la mission de  l’Église d’être dans le Christ le signe et l’instrument de l’unité avec Dieu et de toute l’humanité.  La vie de communion nous est offerte comme le don gratuit de vivre ensemble dans le Christ,  en apprenant à « supporter » la réalité, avec douceur, générosité, amour et courage, pour la paix  et le salut du monde entier. 

La première chose à dire sur la communion est donc qu’elle est la réalité de la vie même de  Dieu, l’être de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. En ce sens, elle est la chose la plus réelle qui  soit : le fondement de la réalité et la source de l’être de l’Église.  

Notre première action vis-à-vis de cette réalité est une réception joyeuse, pas anxieuse ni  compétitive. Participer à la vie de communion est l’honneur et la dignité de notre vie. La  communion est la manière dont nous comprenons le but ultime de Dieu pour toute l’humanité  : attirer la création qu’il a aimée à naître toujours plus complètement dans sa propre vie, dans  l’étreinte, et, ce faisant, nous envoyer renouveler la face de la terre. L’appel à être une Église  au service du Royaume est décrit dans Lumen Gentium § 9 : « afin qu’elle soit pour tous et pour  chacun le sacrement visible de cette unité salvatrice ». L’Église montre et donne accès à la  communion avec Dieu, qui est communion pour toute la création. La communion devient alors  notre être et notre agir. 

Un ami me racontait que Raymond Brown, bibliste américain, aimait enseigner à ses étudiants  que le langage de la koinonia apparaissait pour la première fois dans le Nouveau Testament en  relation avec la pratique de l’échange d’argent, exprimant l’idée d’un pot commun de l’Église.  L’argent – la monnaie de l’Église n’est pas l’argent liquide – notre pot commun est plutôt la  richesse des dons, des charismes et des grâces que Dieu répand dans l’Église, qu’il « distribue  […] avec sa propre autorité » (Bas., fid. 3), et que nous sommes appelés à discerner. En tant que  chrétiens baptisés, nous mettons tous la main à la pâte. 

Nous pensons la communion comme le premier et le dernier mot d’une démarche synodale :  l’origine et l’horizon de notre chemin. Avec le Christ et son Esprit au centre, la communion  constitue la force centrale dans cette salle.

On dit souvent en plaisantant que Dieu s’est fait chair et que les théologiens ont remis Dieu en  mots… Comme je n’ai pas beaucoup de temps, je choisirai trois dimensions différentes de la  pensée sur la communion pour les évoquer très brièvement. 

Tout d’abord, la communion, c’est la beauté l’unité dans de la diversité. Dans un monde  moderne qui tend à la fois à l’homogénéité et à la fracture, la communion est un langage de  beauté, une harmonie d’unité et de pluralité. Cette beauté réside dans la célébration de la  richesse et de la diversité d’une création qui rend gloire à Dieu, une pluralité qui ne s’achève  que lorsque chaque chose créée a épuisé sa création et que tout est ramené à Dieu par le Christ  dans l’Esprit.  

Saint Bonaventure, le grand théologien franciscain, a magnifiquement écrit sur la façon dont  la pluralité de la création permet à l’ensemble des différentes couleurs de la lumière divine de  briller. La lumière divine est perçue à travers une communion qui rayonne dans une glorieuse  diversité – de personnes, de créatures, de cultures, de langues, de liturgies, de dons et de  charismes. Henri de Lubac a souligné que l’Église n’est jamais en compétition avec la culture.  C’est dans les cultures qu’elle habite, qu’elle confesse et reçoit le Christ. Une communion qui  rayonne est d’une diversité authentique, non compétitive, et dont le seul point d’unité est en  Dieu Trinité. 

Face à une mondanité qui vénère si souvent la force compétitive et assertive ainsi qu’une  logique de possession plutôt que de relation, Dieu nous attire dans une communion d’humilité  et de service. Jean-Marie Tillard a écrit que, contrairement à toute autre entité dans le monde,  c’est en embrassant la faiblesse, la souffrance et la pauvreté que l’Église « réussit » à devenir le  signe de la grâce de Dieu. Notre beauté n’est pas celle du monde. La section B1 nous invite à  grandir dans la communion en réfléchissant avec humilité avec ceux qui sont vulnérables,  souffrants ou faibles ainsi que sur les vulnérabilités et les faiblesses de l’Église. Dans la Section  B1, nous nous demandons avec courage comment être plus proches des plus pauvres, plus  capables d’accompagner tous les baptisés dans la diversité des situations humaines, en nous  libérant des faux pouvoirs, en étant plus proches de nos frères chrétiens et plus engagés dans  nos cultures particulières.  

Dès sa naissance, l’Église est inséparable du drame humain : dans un abri précaire, sur la croix,  à la Pentecôte. Notre catholicité continue d’être vécue au milieu du drame humain. Nous  parlons de communion, non pas en raison d’une perfection tranquille qui se trouverait juste hors  de notre portée, mais en raison de la lutte nécessaire dans chaque culture et dans chaque  contexte pour la vérité, la beauté et la bonté. La section B1 nous invite à réfléchir positivement  au sens que nous trouvons dans ces lieux de rencontre et de lutte, à entendre les échos et les  différences qui s’expriment. 

Deuxièmement, la communion existe dans des réalités concrètes et tangibles. C’est la vie  qui offre du pain aux affamés, la guérison à ceux qui souffrent, le repos à ceux qui sont troublés.  L’image la plus concrète et la plus vivante de la communion est peut-être celle du festin, le  repas de noces de l’Agneau. Dieu fait appel à nos sens : goûter et voir, prendre et manger.  

C’est dans l’Eucharistie que les différentes dimensions de la communion se rencontrent : c’est  le lieu où la communion des fidèles se manifeste, où nous recevons les dons de Dieu pour le  peuple de Dieu. L’ordre sacramentel nous enseigne, en nous nourrissant, la communion. 

La représentation scripturale de la fête est également une image qui perturbe l’ordre naturel des  choses. Dans le festin qui est préparé, les faibles, les méprisés et les souffrants seront les  premiers. Il en est ainsi en raison de la proximité de Dieu avec ceux qui souffrent et de la  proximité de beaucoup de ceux qui souffrent avec le mystère de Dieu. Un survivant d’agression  commise par clerc m’a écrit lorsqu’il a su que je participerais au Synode. Il m’a dit : « Soyez  audacieux quant au besoin de guérison. C’est un chemin pascal que nous devons parcourir  ensemble. Et dites-leur que l’Eucharistie est salvatrice ». Tous les survivants d’agressions ne  sont pas de cet avis, mais je partage ce message parce qu’il a le caractère d’une prophétie de  communion ; il appelle à la repentance et proclame la vérité centrale de notre foi. 

Les amitiés scandaleuses de Jésus qui ont rassemblé une communauté de disciples étaient  souvent des amitiés de table. Et les amitiés de table sont importantes. Lorsque je travaillais avec une association catholique d’aide aux réfugiés à Londres, je demandais aux réfugiés qui  venaient chercher de l’aide pourquoi ils choisissaient ce service en particulier. Je n’oublierai  jamais leur réponse : parce qu’ici, je suis accueilli à la porte par mon nom et que le personnel  s’assoit et mange avec nous à la même table. Cela me donne de la dignité, cela me rend mon  humanité. Dans les autres centres, le personnel ne mange pas avec nous. La fiche B1.1  concentre nos discussions sur ces questions d’une communion digne où l’Église rencontre le  Christ qui est déjà à table avec les plus pauvres.  

Troisièmement, la communion est une participation qui nous lie aux autres à travers le  temps et l’espace. Le terme koininia des Écritures est instructif ; il implique : une participation  à une réalité partagée dont personne n’est, en principe, exclu. C’est une réalité qui devient de  plus en plus elle-même au fur et à mesure qu’elle se répand, dispersée aux quatre coins du  monde et partagée de manière plus intime et plus complète entre les Églises. Accepter la vérité  signifie qu’il y a toujours plus de vérité à découvrir. 

Nous agissons toujours à la lumière de ce qui a été. Nous agissons maintenant et nous agissons  vers ce qui nous appelle – vers l’unité au service du royaume. Chacune de ces actions – déjà  commencées mais toujours en devenir – nous lie aux réalités du passé – actions joyeuses qui  doivent être poursuivies, actions néfastes dont on doit se repentir et guérir – Elle nous lie à la  louange de Dieu et à l’appel de notre prochain dans le présent, et vers l’avenir où nous aspirons  à être reçus. Si le langage de la communion est un langage pascal et donc porteur d’espérance,  c’est en grande partie parce qu’il relie le passé, le présent et l’avenir comme par un fil d’or. À  une époque où l’on cherche souvent à rompre ces liens, notre foi s’y accroche. C’est l’un des  repères qui nous est donné pour nous orienter. 

Cette réalité d’une communion qui rayonne, mystérieuse mais tout à fait concrète, déjà là mais  encore en devenir, offerte comme le pain de vie qui sauve le monde et la parole qui sauve des  vies, devant être exprimée dans chaque contexte – local, régional, mondial – habité par l’Église ;  c’est la réalité de cet horizon paradoxal de l’espérance, que, si nous en avons le courage, le  Seigneur nous invite à rejoindre.

Catéchèse sur le zèle apostolique du croyant

Portrait en tapisserie de sainte Joséphine Bakhita, décédée en 1947 et canonisée en 2000.

Lors de son audience générale aujourd’hui, le pape François continue la série de catéchèses sur le zèle apostolique. Il nous laisse inspirer aujourd’hui par le témoignage de sainte Joséphine Bakhita, une sainte soudanise.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la série de catéchèses sur le zèle apostolique, – nous sommes en train de réfléchir sur le zèle apostolique – aujourd’hui nous nous laissons inspirer par le témoignage de Sainte Joséphine Bakhita, une sainte soudanaise. Malheureusement, depuis des mois, le Soudan est déchiré par un terrible conflit armé dont on parle peu aujourd’hui ; prions pour le peuple soudanais, afin qu’il vive en paix ! Mais la renommée de Sainte Bakhita a franchi toutes les frontières pour rejoindre tous ceux qui sont privés d’identité et de dignité.

Née au Darfour – le Darfour tourmenté ! – en 1869, elle est enlevée de sa famille à l’âge de sept ans et transformée en esclave. Ses ravisseurs l’appelèrent « Bakhita« , ce qui signifie « chanceuse ». Elle a connu huit maîtres – l’un la vendait à l’autre… Les souffrances physiques et morales qu’elle a subies pendant son enfance l’ont laissée sans identité. Elle a subi la malveillance et la violence : elle avait plus d’une centaine de cicatrices sur le corps. Mais elle-même témoigne : « Comme esclave, je n’ai jamais désespéré, car je sentais une force mystérieuse qui me soutenait ».

Face à cela je me demande : quel est le secret de Sainte Bakhita ? Nous savons que souvent la personne blessée blesse à son tour ; l’opprimé devient facilement un oppresseur. Par contre, la vocation des opprimés est de se libérer et de libérer les oppresseurs en devenant des restaurateurs d’humanité. Seulement dans la faiblesse de l’opprimé peut se révéler la puissance de l’amour de Dieu qui libère les deux. Sainte Bakhita exprime très bien cette vérité. Un jour, son tuteur lui fait cadeau d’un petit crucifix, et elle, qui n’avait jamais rien possédé, le garde comme un trésor jalousement. En le regardant, elle éprouve une libération intérieure parce qu’elle se sent comprise et aimée et donc capable de comprendre et d’aimer : ceci est le début. Elle se sent comprise, elle se sent aimée et par conséquent capable de comprendre et d’aimer les autres. En effet, elle dira : « L’amour de Dieu m’a toujours accompagnée d’une manière mystérieuse… Le Seigneur m’a tant aimée : il faut aimer tout le monde… Il faut compatir !  » Ainsi est l’âme de Bakhita. Réellement, compatir signifie à la fois souffrir avec les victimes de tant d’inhumanité dans le monde et avoir pitié de ceux qui commettent des erreurs et des injustices, non pas en les justifiant, mais en les humanisant. C’est la caresse qu’elle nous enseigne : humaniser. Lorsque nous entrons dans la logique de la lutte, de la division entre nous, des mauvais sentiments, l’un contre l’autre, nous perdons l’humanité. Et bien souvent, nous pensons que nous avons besoin d’humanité, d’être plus humains. Et c’est le travail que Sainte Bakhita nous enseigne : humaniser, nous humaniser nous-mêmes et humaniser les autres.

Sainte Bakhita, devenue chrétienne, est transformée par les paroles du Christ qu’elle méditait quotidiennement : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). C’est pourquoi elle a dit : « Si Judas avait demandé pardon à Jésus, lui aussi aurait trouvé miséricorde ». Nous pouvons dire que la vie de Sainte Bakhita est devenue une parabole existentielle du pardon. Que c’est beau de dire d’une personne « elle a été capable, elle a été capable de pardonner toujours ». Et elle a été capable de le faire toujours, bien plus : sa vie est une parabole existentielle du pardon. Pardonner parce qu’ensuite nous serons pardonnés. N’oublions pas ceci : le pardon, c’est la caresse de Dieu pour nous tous.

Le pardon l’a rendue libre. Le pardon d’abord reçu à travers l’amour miséricordieux de Dieu, et ensuite le pardon donné a fait d’elle une femme libre, joyeuse, capable d’aimer.

Bakhita a pu vivre le service non pas comme un esclavage, mais comme l’expression du don gratuit de soi. Et ceci est très important : elle s’est faite servante volontairement – elle a été vendue comme esclave – elle a ensuite choisi librement de se faire servante, de porter sur ses épaules les fardeaux des autres.

Sainte Joséphine Bakhita, par son exemple, nous montre le chemin pour être finalement libérés de nos esclavages et de nos peurs. Elle nous aide à démasquer nos hypocrisies et nos égoïsmes, à surmonter rancœurs et conflictualités. Et elle nous encourage toujours.

Chers frères et sœurs, le pardon n’enlève rien mais ajoute – qu’est-ce que le pardon ajoute ? – de la dignité : le pardon ne t’enlève rien mais ajoute de la dignité à la personne, il fait porter le regard de soi-même vers les autres, pour les voir aussi fragiles que nous, mais toujours frères et sœurs dans le Seigneur. Frères et sœurs, le pardon est la source d’un zèle qui devient miséricorde et appelle à une sainteté humble et joyeuse, comme celle de Sainte Bakhita.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de différentes nations.

Frères et sœurs, par l’intercession de sainte Joséphine Bakhita, demandons au Seigneur le courage de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, et d’œuvrer pour la paix dans nos familles et nos communautés.

Que Dieu vous bénisse !


APPELS

Je continue à suivre avec douleur et appréhension ce qui se passe en Israël et en Palestine : tant de personnes tuées, d’autres blessées… Je prie pour les familles qui ont vu un jour de fête se transformer en jour de deuil, et je demande que les otages soient libérés immédiatement. C’est le droit de qui est attaqué de se défendre, mais je suis très préoccupé par le siège total dans lequel vivent les Palestiniens à Gaza, où il y a également eu de nombreuses victimes innocentes. Le terrorisme et les extrémismes ne contribuent pas à trouver une solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens, mais alimentent la haine, la violence et la vengeance, et font seulement souffrir les uns et les autres. Le  Moyen-Orient n’a pas besoin de guerre mais de paix, une paix fondée sur la justice, le dialogue et le courage de la fraternité.

J’adresse une pensée spéciale à la population de l’Afghanistan qui souffre des conséquences du tremblement de terre dévastateur qui l’a frappée, faisant des milliers de victimes (dont beaucoup de femmes et d’enfants) et de personnes déplacées. J’invite toutes les personnes de bonne volonté à aider ce peuple déjà si éprouvé, en contribuant dans un esprit de fraternité à alléger les souffrances des gens et à soutenir la reconstruction nécessaire.

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Que pouvons-nous attendre du Synode ?

Conférence de presse du 5 octobre, le lendemain de l’ouverture officielle de l’Assemblée générale 2023.

Que pouvons-nous attendre du processus synodal en cours ? Comme dans tout vrai processus de discernement, où l’on essaie d’entendre la volonté de Dieu, la réponse courte est que nous ne savons pas vraiment. Il n’y a pas de scénario préétabli pour ce chemin synodal. Il s’agit d’un pèlerinage où l’on prie ensemble, où l’on s’écoute les uns les autres et où l’on découvre ensemble, en tant qu’Église, ce que Dieu a à nous dire en cette période de l’histoire de l’humanité. 

Il y a cependant des choses dont nous pouvons être sûrs qu’elles ne sortiront pas de ce synode. Les synodes n’ont pas pour but de changer notre foi. Il n’est pas question de ne plus croire en la résurrection de Jésus, par exemple. Il ne s’agit pas non plus de changer le Credo ou de réviser l’Évangile. Le Synode actuel cherche plutôt à nous aider à devenir l’Église que Jésus ressuscité nous appelle à être dans le monde d’aujourd’hui, afin qu’au milieu des réalités de notre temps, nous puissions vivre et partager l’Évangile de manière féconde avec tous nos frères et sœurs en humanité.

Pour accomplir cette tâche ambitieuse, le pape François a voulu impliquer tout le monde ! C’est pourquoi, d’une manière totalement inédite, le pape a voulu entendre tous les membres de l’Église. C’est le premier synode à commencer par une phase diocésaine, qui s’est déroulée à partir d’octobre 2021, afin d’écouter les voix des personnes dans les paroisses et les églises locales. Ensuite, il y a eu une phase continentale, afin que les diverses cultures de tous les pays du monde puissent apporter leur contribution pour enrichir notre compréhension de la manière dont Dieu appelle l’Église à travers le monde. Et enfin, deux Assemblées à Rome : l’une en octobre 2023 et l’autre un an plus tard en octobre 2024. Ces deux Assemblées rassemblent un plus grand nombre de participants que d’habitude : c’est la plus grande Assemblée synodale jamais organisée à Rome. Il y a une année entre ces deux Assemblées pour que les participants puissent continuer à prier, à réfléchir et à parler avec d’autres de la direction que l’Esprit Saint nous appelle à prendre en tant qu’Église aujourd’hui. Pour la première fois, des laïcs ont été nommés membres à part entière du Synode, avec le droit de vote, aux côtés des évêques. Cela signifie que les préoccupations et les perspectives des catholiques ordinaires, hommes et femmes, auront toute leur place dans ce processus de discernement.

Le titre de ce synode nous donne un aperçu de ce dont il s’agit : « Pour une Église synodale : Communion, Participation et Mission ». Devenir une Église synodale, c’est approfondir la communion par laquelle Dieu nous unit en tant que ses fils et filles ; c’est ouvrir des espaces où chacun peut participer, car nous avons tous un rôle à jouer dans la famille de Dieu ; et enfin, c’est accomplir la mission que Dieu nous confie en tant qu’Église au 21e siècle, comme levain dans la pâte de la société au service de l’avènement du royaume de Dieu. Nous pouvons espérer une Église plus accueillante, plus inclusive, une Église caractérisée par la miséricorde que Jésus nous montre dans l’Évangile. En même temps, nous devons reconnaître qu’une Église plus accueillante et plus miséricordieuse commence par nous-mêmes. Il ne s’agit pas seulement de documents provenant de Rome, il s’agit de la manière dont nous vivons nos vocations de chrétiens jour après jour, du type de communautés que nos paroisses et nos diocèses sont pour nous et pour les autres. Quant aux documents, on peut s’attendre à ce qu’un document de synthèse émerge de cette première session de l’Assemblée synodale à Rome, puis un document final à l’issue de la deuxième session en octobre prochain, et probablement une exhortation apostolique du Saint-Père, possiblement promulguée en 2025. Il s’agirait de nouveaux pas en avant sur la base des riches ressources déjà issues de ce processus synodal depuis 2021 :

Le Synode n’est pas une question d’idéologies ou de slogans, ni de changement de notre foi. Il s’agit plutôt de demander à Dieu de nous dire comment l’Église fondée par Jésus peut continuer à porter du fruit au milieu des joies et des défis du monde d’aujourd’hui, comment nos pratiques pastorales peuvent être renouvelées et converties pour mieux remplir notre mission. Il s’agit de devenir une Église capable de discerner le chemin à suivre et de faire rayonner les dons de chacun.

Dieu notre Père, nous te demandons de nous prendre par la main et de marcher avec nous. Inspire-nous avec audace et humilité pour vivre tes rêves pour l’Église de notre temps. Marie, Mère de l’Église, prie pour nous. Amen.

 

La Samaritaine au puits (Jean 4, 7-30)

Marcantonio Franceschini – Le Christ et la femme de Samarie. (Source : Wikimedia Commons)

La Samaritaine au puits : Jean 4.7 – 30
Contribution spirituelle – 9 octobre
Père Timothy Radcliffe OP

Aujourd’hui, nous commençons à réfléchir sur le point B.1 de l’Instrumentum Laboris, « Une communion qui rayonne ». Le thème qui est apparu le plus fréquemment dans nos sessions de la semaine dernière est celui de la formation. Comment pouvons-nous donc tous être formés à une communion qui déborde sur la mission ?

Dans le chapitre 4 de Jean, nous entendons parler de la rencontre de Jésus avec la femme au puits. Au début du chapitre, elle est seule, une figure solitaire. À la fin, elle est transformée en première prédicatrice de l’Évangile, tout comme la première prédicatrice de la résurrection sera une autre femme, Marie Madeleine, l’Apôtre des Apôtres : deux femmes qui lancent la prédication, d’abord de la bonne nouvelle que Dieu est venu jusqu’à nous pour prêcher ensuite la résurrection.

Comment Jésus surmonte-t-il l’ostracisme vis à vis de Marie Madeleine ? La rencontre s’ouvre sur quelques mots brefs, seulement trois en grec : « Donne-moi à boire ». Jésus a soif et il a besoin de plus que de l’eau. Tout l’évangile de Jean est structuré autour de la soif de Jésus. Son premier signe a été d’offrir du vin aux invités assoiffés des noces de Cana. Ses derniers mots ou presque, sur la croix, sont « J’ai soif ». Puis il dit : « Tout est accompli » et meurt.

Dieu apparaît parmi nous comme quelqu’un qui a soif avant tout de chacun d’entre nous. Mon maître des étudiants, Geoffrey Preston OP, a écrit : « Le salut, c’est lorsque Dieu nous désire, qu’il est rongé par la soif de nous ; Dieu nous désire tellement plus que nous ne pourrons jamais le désirer. La mystique anglaise du XIVe siècle, Julian de Norwich, a dit : « Le désir et la soif spirituelle [pneumatique] du Christ durent et dureront jusqu’au jour du Jugement dernier. Dieu a eu tellement soif de cette femme déchue qu’il se fit humain. Il a partagé avec elle ce qu’il y a de plus précieux, le nom divin : « Je suis celui qui te parle ». C’est comme si l’Incarnation
s’était produite juste pour elle. Elle apprend à avoir soif, elle aussi. D’abord d’eau, pour ne pas avoir à venir au puits tous les jours. Puis elle découvre une soif plus profonde. Jusqu’à présent, elle allait d’homme en homme. Aujourd’hui, elle découvre celui qu’elle a toujours désiré sans le savoir. Comme le disait Romano le Mélodiste, souvent la vie sexuelle erratique des gens est une expression brouillonne de leur soif la plus profonde, celle de Dieu. Nos péchés, nos échecs, sont généralement des tentatives erronées de trouver ce que nous désirons le plus. Mais le Seigneur nous attend patiemment près de nos puits, nous invitant à avoir encore plus soif.

La formation à « une communion qui rayonne » consiste donc à apprendre à avoir soif et à avoir faim de plus en plus profondément. Nous commençons par nos désirs ordinaires. Lorsque j’étais malade d’un cancer à l’hôpital, je n’ai rien pu boire pendant environ trois semaines. J’avais une soif intense. Rien n’a jamais été aussi bon que le premier verre d’eau, encore mieux qu’un verre de whisky ! Mais peu à peu, j’ai découvert qu’il existait une soif plus profonde : « Dieu tu es mon Dieu je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride altérée sans eau » (Psaume 62).

Ce qui nous isole tous, c’est d’être pris au piège de petits désirs, de petites satisfactions, comme celle de battre nos adversaires ou d’accéder à un statut, ou encore de porter un chapeau particulier ! Selon la tradition orale, lorsque Thomas d’Aquin s’est vu demander par sa sœur Théodora comment devenir un saint, il a répondu d’un mot : Velle ! Vouloir ! Jésus demande constamment aux personnes qui viennent à lui : « Voulez-vous ? »;  « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? ». Le Seigneur veut nous donner la plénitude de l’amour. Le voulons-nous ?

La formation à la synodalité signifie donc apprendre à devenir des personnes passionnées, remplies d’un désir profond. Pedro Arrupe, le merveilleux supérieur général des Jésuites, a écrit : « Rien n’est plus pratique que de trouver Dieu, c’est-à-dire de tomber amoureux
d’une manière tout à fait absolue et définitive. Ce dont vous êtes amoureux, ce qui s’empare de votre imagination, affectera tout. C’est ce qui décidera de vous sortir du lit le matin, de ce que vous ferez de vos soirées, de la manière dont vous passerez vos week-ends, de ce que vous lirez, de qui vous connaîtrez, de ce qui vous brisera le cœur et de ce qui vous émerveillera, rempli de joie et de gratitude. Tombez amoureux, restez amoureux, et cela décidera de tout. » Saint Augustin, cet homme passionné, s’est exclamé : « Je t’ai goûté et j’ai maintenant faim et soif de toi ; tu m’as touché et j’ai brûlé pour ta paix ».

Mais comment devenir des personnes passionnées – passionnées par l’Évangile, remplies d’amour les unes pour les autres – sans désastre ? C’est une question fondamentale pour notre formation, en particulier pour nos séminaristes. L’amour de Jésus pour cette femme sans nom la libère. Elle devient la première prédicatrice, mais nous n’entendons plus jamais parler d’elle. Une Église synodale sera une Église dans laquelle nous sommes formés à l’amour non possessif : un amour qui ne fuit pas l’autre personne et ne prend pas possession d’elle ; un amour qui n’est ni abusif ni froid.

Il s’agit d’abord d’une rencontre intensément personnelle entre deux personnes. Jésus la rencontre telle qu’elle est. Tu as raison de dire : « Je n’ai pas de mari ». En effet, tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. Ce que tu as dit est vrai. Elle s’enflamme et répond d’un ton moqueur : « Ah, tu es donc un prophète ! ».

Nous devrions être formés à des rencontres profondément personnelles les uns avec les autres, dans lesquelles nous transcendons les étiquettes faciles. L’amour est personnel et la haine est abstraite. Je cite à nouveau le roman de Graham Greene, La puissance et la gloire : « La haine n’était qu’un échec de l’imagination  ». Le désaccord très personnel entre saint Paul et saint Pierre était dur, mais il s’agissait véritablement d’une rencontre. Le Saint-Siège est fondé sur cette rencontre passionnée, colérique mais réelle. Les personnes que saint Paul ne pouvait pas supporter étaient les espions sournois, qui comméraient et ourdissaient leurs plans en secret, chuchotant dans les couloirs, cachant qui ils étaient sous des sourires trompeurs. Le désaccord ouvert n’était pas le problème.

Tant de personnes se sentent exclues ou marginalisées dans notre Église parce que nous leur avons collé des étiquettes abstraites : divorcés-remariés, homosexuels, polygames, réfugiés, Africains, Jésuites ! Un ami m’a dit l’autre jour : « Je déteste les étiquettes. Je déteste que l’on mette les gens dans des cases. Je ne supporte pas ces conservateurs ». Si vous rencontrez vraiment quelqu’un, vous pouvez vous mettre en colère, mais dans une rencontre vraiment personnelle, la haine ne pourra pas durer. Si vous entrevoyez leur humanité, vous verrez celui qui les crée et les soutient dans l’être dont le nom est JE SUIS.

Le fondement de notre rencontre aimante et non possessive avec les autres est certainement notre rencontre avec le Seigneur, chacun puisant à son propre puits, avec ses échecs, ses faiblesses et ses désirs. Il nous connaît tels que nous sommes et nous rend libres de nous rencontrer dans un amour qui libère et ne contrôle pas. Dans le silence de la prière, nous sommes libérés.

Elle rencontre celui qui la connaît parfaitement. Cela la pousse à poursuivre sa mission. Venez voir l’homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ». Jusqu’à présent, elle a vécu dans la honte et la dissimulation, craignant le jugement de ses concitoyens. Elle va au puits en plein midi, parce qu’il n’y a personne d’autre. Mais maintenant, le Seigneur a mis en lumière tout ce qu’elle est et l’aime. Après la chute, Adam et Ève se sont soustraits à la vue de Dieu, honteux. Maintenant, elle entre dans la lumière. La formation à la synodalité fait tomber nos déguisements et nos masques, de sorte que nous entrions dans la lumière. Puisse cela se produise dans nos circuli minori !

Nous serons alors en mesure de transmettre le plaisir sans limite de Dieu en chacun de nous, plaisir dans lequel il n’y a pas de honte. Je n’oublierai jamais une clinique spécialisée dans le traitement du sida, appelée Mashambanzou, à la périphérie de Harare, au Zimbabwe. Le mot signifie littéralement « l’heure où les éléphants se lavent », c’est-à-dire l’aube. Ils descendent ensuite à la rivière pour s’éclabousser, s’asperger d’eau et s’en asperger les uns les autres. C’est un moment de joie et de jeu. La plupart des patients étaient des adolescents à qui il ne restait plus beaucoup de temps à vivre, mais c’était un lieu de joie. Je me souviens particulièrement d’un jeune garçon appelé Courage, qui remplissait l’endroit de rires.

À Phnom Penh, au Cambodge, j’ai visité un autre hospice pour malades du sida, dirigé par un prêtre appelé Jim. Lui et ses assistants recueillent dans les rues les personnes mourant du sida et les ramenaient dans cette simple cabane en bois. Un jeune homme venait d’être amené. Il était émacié et ne semblait pas avoir beaucoup de temps à vivre. On lui lavait et coupait les cheveux. Son visage était béat. C’était l’enfant de Dieu en qui le Père se complaît.

Les disciples reviennent avec de la nourriture. Ils sont choqués de voir Jésus parler à cette femme déchue. Les puits sont des lieux de rencontres romantiques dans la Bible ! Comme pour elle, la conversation commence lentement. Deux mots seulement : « Rabbi, mange ». Mais elle est déjà devenue prédicatrice avant eux. Notre rôle en tant que prêtres est souvent de soutenir ceux qui ont déjà commencé à récolter la moisson avant même que nous nous réveillions.

Messe de la Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie suivie d’un Jéricho

De retour de son voyage à Lisbonne, pour participer aux Journées Mondiales de la Jeunesse, l’archevêque de Montréal, Monseigneur Christian Lépine, célébrera une messe de la Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie à 19 h 30 ce mardi 15 août à la Cathédrale Marie-Reine-Du-Monde. À cette occasion, la mission d’évangélisation de notre diocèse sera confiée à la Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation.

« La figure de Marie nous oriente sur le chemin de la nouvelle évangélisation. Parfois, celui-ci peut nous sembler un itinéraire à travers le « désert » (Ap 12, 1-6). Et, comme dans la nuit du désert les étoiles se font plus brillantes, ainsi dans le ciel de notre chemin resplendit avec force la lumière de Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation, à qui nous nous remettons avec confiance », a déclaré Mgr Lépine.

L’archevêque de Montréal animera un « Jéricho » après la messe pour que « s’écroulent dans nos cœurs les murs qui empêchent ou limitent notre accueil de Dieu ». Cette pratique est inspirée du livre de Josué 6, 1-27, où les Israélites ont marché sept fois autour des murs de Jéricho en portant l’Arche de l’Alliance. Lors de cette célébration, on marche derrière une statue de Marie, qui est l’Arche de la Nouvelle Alliance, en faisant à l’intérieur sept fois le tour de la cathédrale.

 

À propos de la fête de l’Assomption

Pour les catholiques, le 15 août, jour de la fête de l’Assomption, est l’occasion d’honorer et de prier la Vierge Marie, l’Assomption célébrant l’élévation vers le ciel, corps et âme, de la Mère de Jésus. Le terme « assomption « , issu du latin « assumere », veut dire « prendre, enlever ».

L’Assomption fête en une fois la mort et l’assomption ou « l’enlèvement » de la Mère de Jésus-Christ au ciel, où elle intercède pour nous comme Reine du Ciel.

La célébration eucharistique sera aussi diffusée en direct sur la page Facebook du diocèse et sur le canal diocésain YouTube : Église catholique à Montréal.

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Source et information :
Erika Jacinto
Attachée de presse, bureau de l’archevêque
Directrice, Communications et relations avec les médias
Archidiocèse catholique romain de Montréal
ejacinto@diocesemontreal.org

Jésus ressuscité visite sa mère

Après sa résurrection, qui Jésus est-il allé voir en premier ? Nous savons que lorsque Pierre et Jean sont arrivés au tombeau, Jésus n’était pas. Où est-il allé ? Plusieurs saints au cours des siècles ont dit qu’il était probablement allé voir sa mère, Marie. Nous pouvons imaginer la scène. Quel étaient les sentiments de Marie ce matin-là ? Était-elle écrasée par le chagrin du Vendredi saint ? Gardait-elle l’espoir que son Fils ressusciterait d’entre les morts ?

Imagine la chambre dans laquelle elle se trouvait, à Jérusalem. Est-ce qu’elle a pu dormir la nuit ? Tout à coup, au petit matin, Jésus entre à nouveau dans la vie de Marie. Il est ressuscité. Ses mains portent maintenant les blessures de la Croix, mais c’est le même Jésus qu’elle a toujours connu, maintenant glorifié. Il sourit à sa Mère avec douceur et tendresse, plein d’amour. La joie et l’espérance naissent de nouveau dans le cœur de Marie. Son Fils est vraiment ressuscité et elle a l’impression qu’elle aussi est revenue à la vie. Marie, Mère de Jésus ressuscité, fais-nous ressentir la joie de la résurrection avec toi.

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