Annonce de la création de 17 nouveaux cardinaux par le pape François

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Suivant la célébration de la Messe pour le Jubilé marial, tout de suite après la récitation de l’Angelus place Saint-Pierre, le pape François a annoncé la tenue d’un consistoire le 19 novembre prochain dans lequel seront créé 17 nouveaux cardinaux. De ce nombre, 13 proviennent de 11 nations différentes représentant ainsi les 5 continents. Se trouve également parmi ces derniers deux archevêques ainsi qu’un évêque émérite.

Une singularité attire cependant une attention particulière. La création à venir du père Ernest Simoni, prêtre de l’archidiocèse de Shkodrë-Pult (Scutari – Albanie). Ce prêtre avait profondément ému le pape François lors de son voyage en Albanie. En effet, ce prêtre de 87 ans avait alors témoigné de son expérience d’emprisonnement. Il avait effectivement fait le récit ses 30 années de prison et de travaux forcés à l’époque où l’Albanie était sous le joug du régime totalitaire athée.

À l’issue de ce consistoire, le pape François célébrera la Messe de la solennité du Christ Roi en leur compagnie. Cette célébration eucharistique marquera la fin du Jubilé de la Miséricorde.

Vous trouverez ci-dessous la liste des nouveaux cardinaux :

1- Mgr Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie

2- Mgr Dieudonné Nzapalainga, C.S.Sp., archevêque de Bangui (RCA)

3- Mgr Carlos Osoro Sierra, archevêque de Madrid (Espagne)

4- Mgr Sérgio da Rocha, archevêque de Brasilia (Brésil)

5- Mgr Blase J. Cupich, archevêque Chicago (États-Unis)

6- Mgr Patrick D’Rozario, C.S.C., archevêque de Dacca (Bangladesh)

7- Mgr Baltazar Enrique Porras Cardozo, archevêque de Merida (Venezuela)

8- Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Bruxelles (Bruxelles)

9- Mgr Maurice Piat, archevêque de Port-Louis (Maurice)

10- Mgr Kevin Joseph Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie

11- Mgr Carlos Aguiar Retes, archevêque de Tlalnepantla (Mexique)

12- Mgr John Ribat, M.S.C., archevêque de Port Moresby (Papouasie-Nouvelle Guinée)

13- Mgr Joseph William Tobin, C.SS.R., archevêque d’Indianapolis (États-Unis)

Évêque et archevêques émérites :

1- Mgr Anthony Soter Fernandez, archevêque émérite de Kuala Lumpur (Malaisie)

2- Mgr Renato Corti, archevêque émérite de Novara (Italie)

3- Mgr Sebastian Koto Khoarai, O.M.I,  évêque émérite de Mohale’s Hoek (Lesotho)

Prêtre:

1- Père Ernest Simoni, prêtre de l’archidiocèse de Shkodrë-Pult (Scutari – Albanie).

Homélie du pape François lors de la Messe pour le Jubilé marial

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe pour le Jubilé mariale telle que prononcée sur la Place Saint-Pierre:

L’Évangile de ce dimanche (cf. Lc 17, 11-19) nous invite à reconnaître avec étonnement et gratitude les dons de Dieu. Sur la route qui le conduit vers la mort et vers la résurrection, Jésus rencontre dix lépreux, qui vont à sa rencontre, s’arrêtent à distance et crient leur malheur à l’adresse de cet homme chez qui leur foi a perçu un éventuel sauveur : « Jésus, maître, prends pitié de nous » (v. 13). Ils sont malades et cherchent quelqu’un pour les guérir. Jésus, en répondant, leur dit d’aller se présenter aux prêtres, qui, selon la loi, étaient chargés de certifier une guérison éventuelle. Ainsi, il ne se limite pas à faire une promesse, mais met leur foi à l’épreuve. À ce moment-là, en effet, les dix ne sont pas encore guéris. Ils recouvrent la santé, tandis qu’ils sont en chemin, après avoir obéi à la parole de Jésus. Alors, tous remplis de joie, ils se sont présentés aux prêtres, et ensuite ils s’en sont allés chacun son chemin, oubliant cependant le Donateur, c’est-à-dire le Père qui les a guéris par l’intermédiaire de Jésus, son Fils fait homme.

Un seul fait exception : un samaritain, un étranger qui vit en marge du peuple élu, presqu’un païen ! Cet homme ne se contente d’avoir obtenu la guérison à travers sa propre foi, mais il fait en sorte que cette guérison atteigne sa plénitude en revenant exprimer sa gratitude personnelle pour le don reçu, reconnaissant en Jésus le vrai Prêtre qui, après l’avoir relevé et sauvé, peut le mettre en chemin et l’accueillir parmi ses disciples.

Savoir remercier, savoir louer pour ce que le Seigneur fait pour nous, combien c’est important! Et alors, nous pouvons nous demander: sommes-nous capables de dire merci? Combien de fois nous disons-nous merci en famille, en communauté, dans l’Église ? Combien de fois disons-nous merci à celui qui nous aide ecapture-decran-2016-10-09-a-10-06-51t quinous est proche, à celui qui nous accompagne dans la vie ? Souvent, nous tenons tout pour acquis ! Et cela se produit également vis-à-vis de Dieu. Il est faciled’aller vers le Seigneur demander quelque chose, mais revenir pour remercier…. C’est pourquoi, Jésus souligne avec force le manquement des neuf lépreux ingrats : « Tous les dix n’ont- ils pas été purifiés ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 17-18).

En cette journée jubilaire, un modèle, mieux, le modèle à regarder, nous est présenté : Marie, notre Mère. Après avoir reçu l’annonce de l’Ange, elle a laissé jaillir de son cœur un chant de louange et de gratitude à Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur… ». Demandons à la Vierge de nous aider à comprendre que tout est don de Dieu, et à savoir remercier : alors, notre joie sera pleine.

Pour savoir remercier, il faut aussi de l’humilité. Dans la première lecture, nous avons écouté l’histoire singulière de Naaman, commandant de l’armée du roi d’Aram (cf. 2 R 5, 14-17). Atteint de lèpre, pour obtenir la guérison, il accepte la suggestion d’une pauvre esclave et se fie au traitement du prophète Élisée, qui pour lui est un ennemi. Cependant, Naaman est disposé à s’humilier. Et Élisée ne lui demande rien, il lui ordonne de se baigner dans les eaux du fleuve Jourdain. Cette requête laisse Naaman perplexe, voire contrarié : peut-il être vraiment un Dieu, celui qui demande des choses aussi banales ? Il voudrait faire demi-tour, mais finalement il accepte de se baigner dans le Jourdain et il est immédiatement guéri.

Le cœur de Marie, plus que n’importe quel autre, est un cœur humble et capable d’accueillir les dons de Dieu. Et Dieu, pour se faire homme, l’a choisie, précisément elle, une fille simple de Nazareth, qui ne vivait pas dans les palais du pouvoir et de la richesse, qui n’a pas accompli des œuvres extraordinaires. Demandons-nous si nous sommes disposés à recevoir les dons de Dieu, ou si nous préférons plutôt nous enfermer dans les sécurités matérielles, dans les sécurités intellectuelles, dans les sécurités de nos projets.

Il est significatif que Naaman et le samaritain soient deux étrangers. Que d’étrangers, y compris des personnes d’autres religions, nous donnent l’exemple de valeurs que nous oublions parfois ou négligeons ! Celui qui vit à côté de nous, peut-être méprisé et marginalisé parce qu’il est un étranger, peut nous enseigner cependant comment marcher sur la voie que le Seigneur veut. La Mère de Dieu, elle aussi, avec son époux Joseph, a fait l’expérience de l’éloignement de sa terre. Pendant longtemps, elle aussi a été une étrangère en Égypte, loin de ses parents et de ses amis. Mais sa foi a su vaincre les difficultés. Accrochons-nous fermement à cette foi simple de la Sainte Mère de Dieu ; demandons-lui de savoir revenir toujours vers Jésus et de lui exprimer notre gratitude pour les nombreux bienfaits de sa miséricorde.

[01607-FR.01] [Texte original: Italien]

Église en sortie 7 octobre 2016

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit l’abbé Thierry Sol, prêtre de l’Opus Dei et professeur à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix sur le thème du Droit canonique. Nous vous présentons un reportage sur l’Assemblée des évêques catholiques du Québec à Notre-Dame du Cap. Dans la troisième partie de l’émission, le professeur Ernest Caparros nous parle des procédures en nullité de mariage.

Échos du Vatican

Retour dans cette émission sur le voyage du Pape dans le Caucase. Éclairage sur les nouvelles procédures de canonisation. Et retour également sur l’héritage de l’ancien Président Israélien, Shimon Peres.

Intentions de prière du pape François pour le mois d’octobre

Vous trouverez ci-dessous le vidéo des intentions de prière du pape François pour le mois d’octobre 2016: Pour que les journalistes dans l’exercice de leur profession soient toujours motivés par le respect de la vérité et un réel sens éthique

La Vidéo du Pape est une initiative développée par le Réseau Mondial de Prière du Pape (Apostolat de la Prière) pour collaborer à la diffusion des intentions mensuelles du Saint-Père à propos des défis de l’humanité

Visite du Pape en Azerbaïdjan: Discours lors de la cérémonie de départ

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Monsieur le Président,
Distinguées Autorités,
Illustres Membres du Corps Diplomatiques Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de visiter l’Azerbaïdjan et je vous remercie de l’accueil cordial dans cette ville, capitale du pays, située sur les rives de la Mer caspienne, ville qui a transformé radicalement son visage avec de très récentes constructions, comme celle dans laquelle se déroule cette rencontre. Je vous suis vivement reconnaissant, Monsieur le Président, pour les aimables paroles de bienvenue que vous m’avez adressées au nom du Gouvernement et du peuple azerbaïdjanais, et pour m’avoir offert la possibilité, grâce à votre courtoise invitation, d’échanger la visite que vous avez effectuée l’année dernière au Vatican, avec Madame votre Épouse.

Je suis venu dans ce pays, en portant dans le cœur l’admiration pour la complexité et la richesse de sa culture, fruit de l’apport de nombreux peuples qui, tout au long de l’histoire, ont habité ces terres, en donnant vie à un réseau d’expériences, de valeurs e de particularités qui caractérisent la société actuelle et se traduisent dans la prospérité de l’État azerbaïdjanais moderne. Le 18 octobre prochain, l’Azerbaïdjan célèbrera le 25ème anniversaire de son indépendance et cette date offre la possibilité de jeter un regard d’ensemble sur les événements de ces décennies, sur les progrès accomplis et sur les problématiques que le pays est en train d’affronter.

Le chemin parcouru jusqu’ici montre clairement les remarquables efforts faits pourcapture-decran-2016-10-02-a-15-44-55 consolider les institutions et favoriser la croissance économique et civile de la Nation. C’est un parcours qui demande une constante attention à tous, spécialement aux plus faibles, un parcours possible grâce à une société qui reconnaît les bénéfices du multiculturalisme et de la complémentarité nécessaire des cultures, en sorte que parmi les diverses composantes de la communauté civile et parmi ceux qui appartiennent à différentes confessions religieuses s’instaurent des relations de collaboration mutuelle et de respect.

Cet effort commun dans la construction d’une harmonie entre les différences a une signification particulière en ce moment, car il montre qu’il est possible de témoigner de ses propres idées et de sa propre conception de la vie sans empiéter sur les droits de ceux qui sont porteurs d’autres conceptions et d’autres visions. Toute appartenance ethnique ou idéologique, comme tout chemin authentique religieux, ne peut qu’exclure des attitudes et des conceptions qui instrumentalisent les convictions personnelles, l’identité personnelle ou le nom de Dieu pour légitimer des desseins d’oppression et de domination.

Je souhaite vivement que l’Azerbaïdjan continue sur la route de la collaboration entre les diverses cultures et confessions religieuses. Que toujours plus l’harmonie et la coexistence pacifique nourrissent la vie sociale et civile du pays, dans ses multiples expressions, assurant à tous la possibilité d’apporter sa propre contribution au bien commun.

Le monde expérimente, malheureusement, le drame de nombreux conflits alimentés par l’intolérance, fomentée par des idéologies violentes et par la négation pratique des droits de plus faibles. Pour s’opposer valablement à ces dérives dangereuses, il faut que grandisse la culture de la paix, qui se nourrit d’une incessante prédisposition au dialogue et de la conscience qu’il n’existe pas d’alternative raisonnable à la recherche patiente et assidue de solutions partagées, à travers des négociations loyales et constantes.

Tout comme à l’intérieur des Nations il faut promouvoir l’harmonie entre ses diverses composantes, de même, entre les États, il est nécessaire de continuer avec sagesse et capture-decran-2016-10-02-a-15-46-18courage sur la voie qui conduit au progrès authentique et à la liberté des peuples, en ouvrant des pistes originales qui visent à des accords durables et à la paix. Ainsi, on épargnera aux peuples de graves souffrances et des déchirements douloureux, difficiles à guérir.

Vis-à-vis de ce pays aussi, je désire exprimer de tout cœur ma proximité à ceux qui ont dû laisser leur terre et aux nombreuses personnes qui souffrent à cause de conflits sanglants. Je souhaite que la communauté internationale sache offrir avec constance son aide indispensable. En même temps, afin de rendre possible l’ouverture d’une phase nouvelle, ouverture à une paix stable dans la région, j’adresse à chacun l’invitation à tout tenter pour arriver à une solution satisfaisante. J’ai espoir que, avec l’aide de Dieu et grâce à la bonne volonté des parties, le Caucase pourra être le lieu où, par le dialogue et la négociation, les différends et les divergences trouveront leur règlement et leur dépassement, en sorte que cette région, ‘‘porte entre l’Orient et l’Occident’’, selon la belle image utilisée par saint Jean-Paul II quand il a visité votre pays (cf. Discours lors de la cérémonie de bienvenue, 22 mai 2002 : Insegnamenti XXV, 1 [2002], p. 838), devienne également une porte ouverte vers la paix et un exemple à regarder pour résoudre les vieux et les nouveaux conflits.

L’Église catholique, même si elle constitue dans le pays une présence numériquement limitée, est insérée dans la vie civile et sociale de l’Azerbaïdjan, participe à ses joies et est solidaire pour affronter ses difficultés. La reconnaissance juridique, rendue possible suite à la ratification de l’Accord international avec le Saint-Siège en 2011, a de plus offert un cadre normatif plus stable pour la vie de la communauté catholique en Azerbaïdjan.

Par ailleurs, je suis particulièrement heureux des relations cordiales que la communauté catholique entretient avec les communautés musulmane, orthodoxe et juive, et je souhaite que s’accroissent les signes d’amitié et de collaboration. Ces bonnes relations revêtent un haute signification pour la cohabitation pacifique ainsi que pour la paix dans le monde et montrent qu’entre les fidèles de diverses confessions religieuses sont possibles les relations cordiales, le respect et la coopération en vue du bien de tous.

L’attachement aux valeurs religieuses authentiques est tout à fait incompatible avec la volonté d’imposer aux autres par la violence ses propres visions, en se réfugiant derrière le saint nom de Dieu. Que la foi en Dieu soit, au contraire, source et inspiration de compréhension mutuelle et de respect ainsi que d’aide réciproque, en faveur du bien commun de la société.

Que Dieu bénisse l’Azerbaïdjan par l’harmonie, la paix et la prospérité. [01529-FR.01] [Texte original: Italien]

Visite du pape en Azerbaïdjan: Visite au Cheikh des Musulmans et Rencontre Interreligieuse

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François lors de la visite au Cheikh des Musulmans et Rencontre Interreligieuse en Azerbaïdjan.

Se retrouver ici ensemble est une bénédiction. Je désire remercier le Président du Conseil des Musulmans du Caucase qui, avec sa courtoisie habituelle, nous accueille ainsi que les chefs religieux locaux de l’Eglise Orthodoxe russe et des communautés juives. Nous rencontrer dans l’amitié fraternelle en ce lieu de prières est un grand signe, un signe qui manifeste cette harmonie que les religions peuvent construire ensemble, à partir des relations personnelles et de la bonne volonté des responsables. En sont ici une preuve, par exemple, l’aide concrète que le Président du Conseil des Musulmans a apporté, en plusieurs occasions, à la communauté catholique, ainsi que les sages conseils qu’il partage avec elle dans un esprit de famille. Le beau lien qui unit les Catholiques à la communauté Orthodoxe, dans une fraternité concrète et avec une affection quotidienne – qui sont un exemple pour tous – sont aussi à souligner ; et de même l’amitié cordiale avec la communauté juive.

L’Azerbaïdjan profite de cette concorde, pays qui se distingue par l’accueil et l’hospitalité, qui sont des dons que j’ai pu expérimenter en cette journée mémorable pour laquelle je suis très reconnaissant. On souhaite ici conserver le grand patrimoine des religions, et on recherche en même temps une ouverture plus grande et plus féconde : le catholicisme également, par exemple, trouve place et harmonie parmi les autres religions bien plus nombreuses, signe concret qui montre comment, non pas l’opposition mais la collaboration aide à construire des sociétés meilleures et pacifiques. Le fait de nous trouver ensemble est aussi en continuité avec les nombreuses rencontres qui se déroulent à Bakou afin de promouvoir le dialogue et la multi culturalité. En ouvrant les portes à l’accueil et à l’intégration, les portes des cœurs de chacun s’ouvrent ainsi que les portes de l’espérance pour tous. J’ai confiance que ce pays « porte entre l’Orient et l’Occident » (JEAN-PAUL II, Discours lors de la cérémonie de bienvenue, Bakou 22 mai 2002 : Enseignements XXV, 1 [2002], 838), cultive toujours sa vocation d’ouverture et de rencontre, conditions indispensables pour construire de solides ponts de paix et un avenir digne de l’homme.

La fraternité et le partage que nous désirons faire grandir ne seront pas appréciés par celui qui veut mettre en évidence les divisions, attiser les tensions et tirer profit des oppositions et des différences ; mais elles sont invoquées et attendues par celui qui désire le bien commun, et surtout agréables à Dieu, Compatissant et Miséricordieux, qui veut que les fils et les filles de l’unique famille humaine soient plus unis entre eux et toujours en dialogue. Un grand poète, enfant de cette terre, a écrit : « Si tu es un homme, mélange-toi aux hommes, car les hommes se trouvent bien entre eux » (NIZAMI GANJAVI, Le livre d’Alexandre, I, Sur son propre état et sur le temps qui passe). S’ouvrir aux autres n’appauvrit pas mais enrichit, car cela aide à être plus humain ; à se reconnaître partiecapture-decran-2016-10-02-a-10-46-13 active d’un ensemble plus grand et à interpréter la vie comme un don pour les autres ; à  voir comme but, non pas ses propres intérêts mais le bien de l’humanité, à agir sans idéalismes et sans interventionnismes, sans accomplir d’interférences dommageables ni d’actions forcées, mais toujours plutôt dans le respect des dynamiques historiques, des cultures et des traditions religieuses.

Les religions ont une grande tâche : accompagner les hommes en recherche du sens de la vie, en les aidant à comprendre que les capacités limitées de l’être humain et les biens de ce monde ne doivent jamais devenir des absolus. Nizami a écrit aussi : « Ne te repose pas solidement sur tes forces, tant que tu n’auras pas trouvé dans le ciel une demeure ! Les fruits du monde ne sont pas éternels, n’adore pas ce qui est périssable ! » (Leylà et Majnùn, Mort de Majnùn sur la tombe de Leylà). Les religions sont appelées à nous faire comprendre que le centre de l’homme est en dehors de lui, que nous sommes tendus vers le Très Haut infini et vers l’autre qui nous est proche. Il y a là un appel à orienter la vie vers un amour plus élevé et en même temps plus concret : cela ne peut que se trouver au sommet de toute aspiration authentiquement religieuse ; car – dit encore le poète –, « l’amour est ce qui ne change jamais, l’amour est ce qui ne finit jamais » (ibid., Désespoir de Majnùn).

La religion est donc une nécessité pour l’homme, pour qu’il réalise sa fin, une boussole pour l’orienter vers le bien et l’éloigner du mal qui est toujours accroupi à la porte de son cœur (cf. Gn 4, 7). En ce sens, les religions ont une tâche éducative : aider l’homme à tirer le meilleur de lui-même. Et nous, comme guides, nous avons une grande responsabilité pour donner des réponses authentiques à la recherche de l’homme qui est aujourd’hui souvent perdu dans les paradoxes tourbillonnants de notre époque. Nous voyons en effet, comment, de nos jours, d’une part sévit le nihilisme de celui qui ne croit plus à rien sinon à ses propres intérêts, avantages et profits, de celui qui rejette la vie en s’adaptant à l’adage : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (cf. F.M. DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazof, XI, 4.8.9) ; d’autre part apparaissent de plus en plus les réactions rigides et fondamentalistes de celui qui, par la violence de la parole et des gestes, veut imposer des attitudes extrêmes et radicalisées, les plus éloignées du Dieu vivant.

Les religions, au contraire, en aidant à discerner le bien et à le mettre en pratique par les œuvres, par la prière et par l’effort du travail intérieur, sont appelées à construire la culture de la rencontre et de la paix, faite de patience, de compréhension, de pas humbles capture-decran-2016-10-02-a-10-45-26et concrets. C’est ainsi que l’on sert la société humaine. Celle-ci, pour sa part, est toujours tenue de vaincre la tentation de se servir du facteur religieux : les religions ne doivent jamais être instrumentalisées et ne peuvent jamais prêter le flanc à soutenir des conflits et des oppositions.

Un lien vertueux entre sociétés et religions, est en revanche fécond, une alliance respectueuse qui doit être construite et gardée, et que je voudrais symboliser par une image chère à ce pays. Je fais référence aux précieux vitraux artistiques qui se trouvent depuis des siècles sur cette terre, qui sont faits seulement de bois et de verres colorés (Shebeke). Il y a une particularité unique dans leur fabrication artisanale : les clous et la colle ne sont pas utilisés ; mais le bois et le verre tiennent ensemble et sont assemblés par un long et soigneux travail. De la sorte, le bois soutient le verre et le verre fait entrer la lumière.

De la même manière, c’est un devoir pour chaque société civile de soutenir la religion qui permet l’entrée d’une lumière indispensable pour vivre : c’est pourquoi il est nécessaire de leur garantir une réelle et authentique liberté. Les « colles » artificielles, qui forcent l’homme à croire en lui imposant un credo déterminé et en le privant de la liberté de choix, ne doivent donc pas être employées. Ne doivent pas non plus entrer dans les religions les « clous » extérieurs des intérêts mondains, des désirs de pouvoir et d’argent. Car Dieu ne peut pas être invoqué pour des intérêts de parti ou à des fins égoïstes, il ne peut justifier aucune forme de fondamentalisme, d’impérialisme ni de colonialisme. Encore une fois, de ce lieu si significatif, monte le cri qui vient du cœur : jamais plus de violence au nom de Dieu ! Que son saint Nom soit adoré, et non profané ni marchandé par les haines et les oppositions humaines.

Au contraire honorons la providentielle miséricorde divine envers nous, par la prière assidue et par le dialogue concret, « condition nécessaire pour la paix dans le monde […] devoir pour les chrétiens comme pour les autres communautés religieuses » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 250). La prière et le dialogue sont en relation très profonde : ils sont mus par l’ouverture du cœur et ils sont tendus vers le bien d’autrui ; ils s’enrichissent donc et se renforcent mutuellement. Avec conviction, l’Eglise catholique, à la suite du Concile Vatican II, « exhorte ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec ceux qui suivent d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux » (Décl. Nostra aetate, n. 2). Pas de « syncrétisme conciliant », pas d’« ouverture diplomatique qui dit oui à tout pour éviter les problèmes » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 251), mais dialoguer avec les autres et prier pour tous : voilà nos moyens pour transformer les lances en faucilles (cf. Is 2, 4), pour faire surgir l’amour où se trouve la haine et le pardon où se trouve l’offense, pour ne pas se lasser d’implorer et de parcourir les chemins de paix.

Une vraie paix, fondée sur le respect réciproque, sur la rencontre et sur le partage, sur la volonté de dépasser les préjugés et les torts du passé, sur le renoncement aux duplicités et aux intérêts de parti ; une paix durable, animée par le courage de dépasser les barrières, d’éradiquer les pauvretés et les injustices, de dénoncer et d’arrêter la prolifération des armes et les gains iniques faits sur le dos des autres. De la terre, notre maison commune, la voix de trop de sang crie vers Dieu (cf. Gn 4, 10). Nous sommes à présent interpellés pour donner une réponse, qui ne peut plus être reportée, afin de construire ensemble un avenir de paix : ce n’est plus le temps des solutions violentes et brusques, mais le moment urgent d’entreprendre des processus patients de réconciliation. La vraie question de notre temps n’est pas comment faire progresser nos intérêts – ce n’est pas la vraie question -, mais quelle perspective de vie offrir aux générations futures, comment laisser un monde meilleur que celui que nous avons reçu. Dieu et l’histoire même nous demanderont si, aujourd’hui, nous nous sommes dépensés pour la paix ; les jeunes générations, qui rêvent d’un avenir autre, nous le demande déjà du fond du cœur.

Que les religions, dans la nuit des conflits que nous sommes en train de traverser, soient des aubes de paix, des semences de renaissance parmi les dévastations de mort, des échos de dialogue qui résonnent infatigablement, des voies de rencontre et de réconciliation pour réussir là où les tentatives des médiations officielles semblent ne pas être suivies d’effets. Spécialement en cette terre bien-aimée de la région caucasienne, que j’ai tant voulu visiter et sur laquelle je suis arrivé en pèlerin de paix, que les religions soient des facteurs actifs pour dépasser les tragédies du passé et les tensions d’aujourd’hui. Que les inestimables richesses de ces pays soient connues et valorisées : les trésors anciens et toujours nouveaux de sagesse, de culture et de religiosité des peuples du Caucase sont une grande ressource pour l’avenir de la région, et en particulier pour la culture européenne, des biens précieux auxquels nous ne pouvons pas renoncer. Merci.

Merci beaucoup à vous tous. Merci beaucoup pour la compagnie… Et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.

[01530-FR.02] [Texte original: Italien]

Visite du Pape en Azerbaïdjan: Angelus suivant la Messe à Baku

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François précédent la récitation de l’Angelus:

Chers frères et sœurs,
Au cours de cette célébration eucharistique j’ai rendu grâce à Dieu avec vous, mais aussi pour

vous : ici, la foi, après les années de la persécution, a accompli des merveilles. Je voudrais rappeler tant de chrétiens courageux qui ont fait confiance au Seigneur et qui ont été fidèles dans l’adversité. Comme le fit saint Jean-Paul II, je vous adresse à tous les paroles de l’Apôtre Pierre : « Honneur à vous qui croyez ! » (1P 2, 7 ; Homélie, Baku, 23 mai 2002 : Enseignements XXV, 1 [2002], 852).

Notre pensée va maintenant à la Vierge Marie, qui est vénérée dans ce pays, pas seulement par les chrétiens. Nous nous adressons à elle avec les paroles par lesquelles l’Ange Gabriel lui porta la joyeuse annonce du salut préparé par Dieu pour l’humanité.

Dans la lumière qui resplendit du visage maternel de Marie, je vous adresse un salut cordial, chers frères de l’Azerbaïdjan, encourageant chacun à témoigner avec joie de la foi, de l’espérance et de la charité, unis entre vous et à vos pasteurs. Je salue et je remercie en particulier la famille salésienne, qui prend beaucoup soin de vous et qui promeut diverses bonnes œuvres, ainsi que les Sœurs Missionnaires de la Charité : continuez avec enthousiasme votre travail au service de tous !

Confions ces vœux à l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu et invoquons sa protection pour vos familles, pour les malades et les personnes âgées, pour tous ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur esprit.

[01528-FR.01] [Texte original: Italien]

Visiste du Pape Azerbaïdjan: Homélie lors de la Messe à Baku

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À 9:45, Le Saint-Père François a quitté l’aéroport international Heydar Aliyev de Baku en direction de l’église de l’Immaculée à proximité du Centre Salésien de la ville pour la célébration de l’Eucharistie. À son arrivée le Pape a parcouru à pied la place devant l’église où s’étaient réunis une centaine de fidèle, pour ensuite se dirigé vers la sacristie.

À 10:30, le pape François a débuté la célébration de la Messe du 27e dimanche du temps ordinaire. À la fin de la célébration, le père Padre Vladimír Fekete,préfet apostolique de l’Azerbaïdjan, a offert ses plus sincères salutations au Saint-Père.
Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie tel que prononcé par le pape François suite à la proclamation de l’Évangile.

La Parole de Dieu nous présente aujourd’hui deux aspects essentiels de la vie chrétienne : la foi et le service. À propos de la foi, deux demandes particulières sont adressées au Seigneur.

La première est celle du prophète Habacuc, qui implore Dieu pour qu’il intervienne et rétablisse la justice et la paix que les hommes ont rompu par la violence, les querelles et les disputes « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu m’entendes ? » (Ha 1, 2), demande le prophète. Dieu, en répondant, n’intervient pas directement, il ne résout pas la situation d’une manière brusque, il ne se rend pas présent par la force. Au contraire, il invite à attendre avec patience, sans jamais perdre l’espérance ; surtout, il souligne l’importance de la foi. Parce que par sa foi, l’homme vivra (cf. Ha 2, 4). Ainsi Dieu fait de même avec nous : il ne cède pas à nos désirs qui voudraient changer le monde et les autres immédiatement et continuellement, mais il vise surtout à guérir le cœur, le mien, le tien, le cœur de chacun ; Dieu change le monde en changeant nos cœurs, et cela il ne peut le faire sans nous. Le Seigneur désire en effet que nous lui ouvrions la porte de notre cœur, pour pouvoir entrer dans notre vie. Cette ouverture à lui, cette confiance en Lui est vraiment « la victoire remportée sur le monde : c’est notre foi (cf. 1 Jn 5, 4). Parce que lorsque Dieu trouve un cœur ouvert et confiant, là il peut accomplir des merveilles.

Mais avoir la foi, une foi vive, n’est pas facile ; et voici alors la seconde demande, celle que dans l’Évangile les Apôtres adressent au Seigneur : «Augmente en nous la foi : » (Lc 17, 6). C’est une belle demande, une prière que nous aussi nous pourrions adresser à Dieu chaque jour. Mais la réponse divine est surprenante et aussi dans ce cas renverse la demande : « Si vous aviez de la foi… ». C’est Lui qui nous demande d’avoir de la foi. Parce que la foi, qui est un don de Dieu et est toujours demandée, est aussi cultivée de notre part. Ce n’est pas une force magique qui descend du ciel, ce n’est pas une “ dot ” qui se reçoit une fois pour toutes, et non plus un superpouvoir qui sert à résoudre les problèmescapture-decran-2016-10-02-a-10-16-07 de la vie. Parce qu’une foi utile pour satisfaire nos besoins serait une foi égoïste, toute centrée sur nous. La foi n’est pas confondue avec le bien-être ou avec le fait de se sentir bien, avec le fait d’être consolé dans l’âme parce que nous avons un peu de paix dans le cœur. La foi est un fil d’or qui nous lie au Seigneur, la pure joie de rester avec Lui, d’être unis à Lui ; c’est le don qui est valable pour la vie entière, mais qui porte du fruit si nous faisons notre part.

Et quelle est notre part ? Jésus nous fait comprendre que c’est le service. Dans l’Évangile en effet, le Seigneur fait tout de suite suivre aux paroles sur la puissance de la foi, celles sur le service. Foi et service ne peuvent se séparer, elles sont même étroitement liées, nouées entre elles. Pour m’expliquer, je voudrais utiliser une image qui vous est très familière, celle d’un beau tapis : vos tapis sont de véritables œuvres d’art et proviennent d’une histoire très ancienne. La vie chrétienne de chacun vient aussi de loin, c’est un don que nous avons reçu dans l’Église et qui provient du cœur de Dieu, notre Père, qui désire faire de chacun de nous un chef d’œuvre de la création et de l’histoire. Chaque tapis, vous le savez bien, est tissé selon la trame et la chaîne ; seulement avec cette structure l’ensemble se trouve bien composé et harmonieux. C’est ainsi pour la vie chrétienne : elle est chaque jour patiemment tissée, entrecroisant entre elles une trame et une chaîne bien définies : la trame de la foi et la chaîne du service. Quand à la foi se noue le service, le cœur se maintient ouvert et jeune, et il se dilate en faisant le bien. Alors la foi, comme dit Jésus dans l’Évangile, devient puissante et elle fait des merveilles. Si elle marche sur cette route, alors elle mûrit et devient forte, à condition qu’elle reste toujours unie au service.

Mais qu’est-ce que le service ? Nous pouvons penser qu’il consiste seulement à être fidèle aux propres devoirs ou à accomplir quelque œuvre bonne. Pour Jésus, c’est beaucoup plus. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, il nous demande, avec des paroles très fortes, radicales, une disponibilité totale, une vie mise pleinement à disposition, sans calculs et sans bénéfices. Pourquoi est-il si exigeant ? Parce que Lui nous a aimés ainsi, se faisant notre serviteur « jusqu’au bout » (Jn 13, 1), venant « pour servir et donner sa vie » (Mc 10, 45). Et cela a lieu encore chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie : le Seigneur vient au milieu de nous et pour autant que nous puissions proposer de le servir et de l’aimer, capture-decran-2016-10-02-a-10-20-14c’est toujours Lui qui nous précède, nous servant et nous aimant plus que tout ce que nous imaginons ou méritons. Il nous donne sa vie-même. Et il nous invite à l’imiter, en nous disant : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive » (cf. Jn 12, 26).

Donc, nous ne sommes pas appelés à servir seulement pour avoir une récompense, mais pour imiter Dieu, qui s’est fait serviteur pour notre amour. Et nous ne sommes pas appelés à servir de temps et temps mais à vivre en servant. Le service est alors un style de vie, il résume même en lui tout le style de vie chrétien: servir Dieu dans l’adoration et dans la prière ; être ouverts et disponibles ; aimer concrètement le prochain : tout mettre en œuvre avec élan pour le bien commun.

Les tentations qui éloignent du style du service et finissent par rendre la vie inutile ne manquent pas aussi pour les croyants. Ici nous pouvons aussi en mettre deux en évidence. L’une est celle de laisser le cœur s’attiédir. Un cœur tiède se ferme dans une vie paresseuse et étouffe le feu de l’amour. Celui qui est tiède vit pour satisfaire ses propres aises, qui ne suffisent jamais, et ainsi il n’est jamais content ; peu à peu il finit par se contenter d’une vie médiocre. Le tiède réserve à Dieu et aux autres des “pourcentages” de son temps et de son cœur, sans jamais exagérer, et même en cherchant toujours à économiser. Ainsi la vie perd du goût : elle devient comme un thé qui était vraiment bon, mais qui lorsqu’il se refroidit ne peut plus se boire. Mais je suis certain que vous, regardant les exemples de ceux qui vous ont précédés dans la foi, ne laisserez pas votre cœur s’attiédir. L’Église entière, qui nourrit pour vous une sympathie spéciale, vous regarde et vous encourage : vous êtes un petit troupeau si précieux aux yeux de Dieu !

Il y a une seconde tentation, dans laquelle on peut tomber non pas parce qu’on est passifs, mais parce qu’on est “trop actifs” : celle de penser comme des propriétaires, de se donner du mal seulement pour gagner du crédit et pour devenir quelqu’un. Le service devient alors un moyen et non une fin, parce que la fin est devenue le prestige ; ensuite vient le pouvoir, la volonté d’être grands. « Parmi vous, – rappelle Jésus à nous tous – il ne devra pas en être ainsi : Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 20, 26). Ainsi s’édifie et s’embellit l’Église. Reprenant l’image du tapis, en l’appliquant à votre belle communauté : chacun de vous est comme un splendide fil de soie, mais les fils différents créent une belle composition seulement s’ils sont bien tissés entre eux ; tout seuls, ils ne servent pas. Restez toujours unis, en vivant humblement dans la charité et dans la joie ; le Seigneur, qui crée l’harmonie dans les différences, vous gardera.

Que nous aide l’intercession de la Vierge Immaculée et des Saints, en particulier de sainte Teresa de Calcutta, dont les fruits de foi et de service sont au milieu de vous. Accueillons quelques- unes de ses paroles splendides, qui résument le message d’aujourd’hui : « Le fruit de la foi est l’amour. Le fruit de l’amour est le service. Le fruit du service est la paix » (Le chemin simple, Introduction).

[01527-FR.01] [Texte original: Italien]

Visite du pape en Géorgie: homélie lors de la Messe à Tbisili

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de la célébration de l’Eucharistie à Tbisili en Géorgie.

Parmi les nombreux trésors de ce splendide pays, ressort la grande valeur des femmes. Comme l’écrivait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dont nous faisons mémoire aujourd’hui – elles « aiment le Bon Dieu en bien plus grand nombre que les hommes » (Manuscrits autobiographiques, Manuscrit A, 66). Ici, en Géorgie, il y a beaucoup de grands-mères et de mères qui continuent à garder et à transmettre la foi, semée sur cette terre par sainte Nino, et apportent l’eau fraîche de la consolation de Dieu dans de nombreuses situations de désert et de conflit.

Cela nous aide à comprendre la beauté de tout ce que le Seigneur dit aujourd’hui dans la première lecture : « Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai » (Is 66, 13). Comme une mère prend sur elle les fardeaux et les fatigues de ses enfants, ainsi Dieu aime se charger de nos péchés et de nos inquiétudes ; Lui, il nous connaît et il nous aime infiniment, il est sensible à notre prière et il sait essuyer nos larmes. En nous regardant, chaque fois il s’émeut et s’attendrit, avec un amour viscéral, parce que, au-delà du mal dont nous sommes capables, nous sommes toujours ses enfants ; il désire nous prendre dans les bras, nous protéger, nous libérer des dangers et du mal. Laissons résonner dans notre cœur ces paroles qu’aujourd’hui il nous adresse : “Comme une mère, je vous consolerai”.

La consolation dont nous avons besoin, au milieu des événements tumultueux de la vie, est vraiment la présence de Dieu dans notre cœur. Parce que sa présence en nous est la source de la véritable consolation, qui demeure, qui libère du mal, porte la paix et fait croître la joie. Pour cela, si nous voulons vivre comme des personnes consolées, il faut faire une place au Seigneur dans notre vie. Et pour que le Seigneur habite d’une façon stable en nous, il faut lui ouvrir la porte et ne pas le laisser dehors. Il y a des portes de la consolation à tenir toujours ouvertes, parce que Jésus aime entrer par-là : l’Évangile lu chaque jour et porté toujours avec nous, la prière silencieuse et adorante, la Confession, l’Eucharistie. À travers ces portes le Seigneur entre et donne une saveur nouvelle aux choses. Mais quand la porte du cœur se ferme, sa lumière n’arrive pas et on reste dans l’obscurité. Alors nous nous habituons au pessimisme, aux choses qui ne vont pas, aux réalités qui ne changeront jamais.

Et nous finissons par nous renfermer dans la tristesse, dans les souterrains de l’angoisse, seuls à l’intérieur de nous-même. Si au contraire, nous ouvrons tout grand les portes de la consolation, la lumière du Seigneur entre !

Mais Dieu ne nous console pas seulement dans le cœur ; avec le prophète Isaïe, il ajoute en effet « dans Jérusalem, vous serez consolés » (66, 13). À Jérusalem, c’est-à-dire dans la cité de Dieu, dans la communauté : quand nous sommes unis, quand il y a la communion entre nous la consolation de Dieu agit. Dans l’Église on trouve la consolation, elle est la maison de la consolation : là Dieu désire consoler. Nous pouvons nous demander : moi, qui suis dans l’Église, suis-je porteur de la consolation de Dieu ? Est-ce que je sais accueillir l’autre comme un hôte et consoler celui que je vois fatigué et déçu ? Même lorsqu’il subit des malheurs et des fermetures, le chrétien est toujours appelé à répandre l’espérance en celui qui est résigné, à redonner courage à celui qui est découragé, à porter la lumière de Jésus, la chaleur de sa présence, le réconfort de son pardon. Nombreux sont ceux qui souffrent, qui font l’expérience des épreuves et des injustices, qui vivent dans l’inquiétude. Il y a besoin de l’onction du cœur, de cette consolation du Seigneur qui n’enlève pas les problèmes, mais donne la force de l’amour, qui sait porter la douleur dans la paix. Recevoir et porter la consolation de Dieu : cette mission de l’Église est urgente. Chers frères et sœurs, sentons-nous appelés à cela : non pour nous figer dans ce qui ne va pas autour de nous ou pour nous attrister pour des manques d’harmonies que nous voyons parmi nous. Cela ne fait pas de bien de s’habituer à un “microclimat” ecclésial fermé; cela nous fait du bien de partager des horizons larges, des horizons ouverts d’espérance, en vivant le courage humble d’ouvrir les portes et de sortir de nous-mêmes.

Mais il y a une condition de fond pour recevoir la consolation de Dieu, que sa Parole nous rappelle aujourd’hui : devenir petits comme des enfants (cf. Mt 18, 4), être : « comme un petit enfant contre sa mère » (Ps 130, 2). Pour accueillir l’amour de Dieu cette petitesse de cœur est nécessaire : seuls des petits, en effet, peuvent être tenus dans les bras de la maman.

Celui qui se fait petit comme un enfant – nous dit Jésus – « est le plus grand dans le royaume des Cieux » (Mt 18, 4). La véritable grandeur de l’homme consiste dans le fait de se faire petit devant Dieu. Parce que Dieu ne se connaît pas par des pensées élevées et beaucoup d’étude, mais par la petitesse d’un cœur humble et confiant. Pour être grands devant le Très-Haut, il ne faut pas accumuler honneurs et prestiges, biens et succès terrestres, mais [il faut] se vider de soi-même. L’enfant est vraiment celui qui n’a rien à donner et tout à recevoir. Il est fragile, dépendant du papa et de la maman. Celui qui se fait petit comme un enfant devient pauvre de lui-même, mais riche de Dieu.

Les enfants, qui n’ont pas de problèmes pour comprendre Dieu, ont beaucoup à nous enseigner : ils nous disent que Lui, il accomplit de grandes choses avec celui qui ne lui oppose pas de résistance, avec celui qui est simple et sincère, sans duplicité. Cela, l’Évangile nous le montre, où de grandes merveilles s’accomplissent avec de petites chose : avec peu de pains et deux poissons (cf. Mt 14, 15-20), avec un grain de moutarde (cf. Mc 4, 30-32), avec un grain de blé qui meurt en terre (cf. Jn 12, 24), avec un seul verre d’eau donné (cf. Mt 10, 42), avec deux piécettes d’une pauvre veuve (cf. Lc 21, 1-4), avec l’humilité de Marie, la servante du Seigneur (cf. Lc 1, 46-55).

Voilà la grandeur surprenante de Dieu, d’un Dieu plein de surprises et qui aime les surprises : ne perdons jamais le désir et la confiance des surprises de Dieu ! Et cela nous fera du bien de nous rappeler que nous sommes toujours et surtout ses enfants : non des propriétaires de la vie, mais des enfants du Père ; non des adultes autonomes et autosuffisants, mais des enfants qui ont toujours besoin d’être pris dans les bras, de recevoir amour et pardon. Bienheureuses les communautés chrétiennes qui vivent cette authentique simplicité évangélique ! Pauvres de moyens, elles sont riches de Dieu. Bienheureux les Pasteurs qui ne courent pas après la logique du succès mondain, mais suivent la loi de l’amour : l‘accueil, l’écoute, le service. Bienheureuse l’Église qui ne se fie pas aux critères du fonctionnalisme et de l’efficacité dans l’organisation et ne s’occupe pas du retour d’image. Petit troupeau aimé de Géorgie, qui te dévoue tant à la charité et à la formation, accueille l’encouragement du Bon pasteur, confie-toi à Lui qui te prend sur ses épaules et te console !

Je voudrais résumer ces pensées avec quelques paroles de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dont nous faisons mémoire aujourd’hui. Elle nous indique sa “petite voie” vers Dieu, « l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père », parce que « Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance » (Manuscrits autobiographiques, Manuscrit B, 1). Malheureusement, cependant – écrivait-elle alors, mais c’est aussi vrai aujourd’hui –, Dieu trouve « peu de cœurs qui se livrent à lui sans réserve, qui comprennent toute la tendresse de son Amour infini » (ibid.). La jeune sainte et Docteur de l’Église, au contraire, était experte dans la « science de l’Amour » (ibid.) et elle nous enseigne que « la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses, à s’édifier des plus petits actes de vertu qu’on leur voit pratiquer » ; elle nous rappelle aussi que « la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur » (Manuscrit C, 12). Demandons aujourd’hui, tous ensemble, la grâce d’un cœur simple, qui croit et vit dans la force humble de l’amour ; demandons de vivre avec une confiance sereine et totale en la miséricorde de Dieu.

[01523-FR.02] [Texte original: Italien]

Salut du Saint-Père à la fin de la Messe à Tbilisi
1er octobre 2016

Je remercie Monseigneur Pasotto pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom des Communautés latine, arménienne et syro- chaldéenne. Je salue le Patriarche Sako et les Evêques chaldéens, Monseigneur Minassian et tous ceux qui sont venus de la proche Arménie, ainsi que vous tous, chers fidèles des diverses régions de la Géorgie. Je remercie les Autorités, les chers amis de l’Eglise Apostolique Arménienne et des confessions chrétiennes ici réunies, et en particulier les représentants de l’Eglise Orthodoxe Georgienne, qui nous honorent de leur présence. Alors que je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi, je vous assure de mon souvenir pour chacun de vous et vous renouvelle mes remerciements : Didi madloba ! [merci beaucoup]

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