Échos du Vatican – 20 janvier 2015

L’humanisme intégral du pape François (2e partie)

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Image: Courtoisie de CNS

Comme nous le disions hier, notre monde doit construire une culture de la rencontre et, donc, combattre les forces hostiles à la paix et la réconciliation. Pour accomplir une telle mission, toutes les institutions sans exception doivent s’impliquer à respecter les principes éthiques fondamentaux de cette culture que l’on pourrait qualifier « d’humanisme intégral » (Maritain). Heureusement, les principes moraux de l’Église catholique sont déjà parfaitement adaptés et orientés vers ce but. À ce niveau, le voyage du Pape au Sri Lanka, en cours ces jours-ci, est un bon exemple de ce rôle de premier plan que joue l’Église.

En effet, l’Église peut servir d’interlocuteur ou de médiateur diplomatique au service de la réconciliation comme on l’a vu dans les rapprochements entre Cuba et les États-Unis. Toutefois, en tant que religion, elle est aussi en mesure d’accéder à une autre sphère de la société un peu négligée chez nous mais qui, de plus en plus, tend à s’imposer comme la force motrice de ce monde globalisé : le monde des religions. En ce sens, je voudrais attirer votre attention sur le discours prononcé par le pape François à Colombo lors de la Rencontre interreligieuse et œcuménique.

Dans un premier temps, le pape a manifesté au monde que les religions sont officiellement engagées dans cette entreprise de dialogue multilatéral rendu nécessaire par la globalisation actuelle. De fait, les religions montrent leur leadership dans la construction de la paix. De plus, et peut-être d’une manière plus mystérieuse encore, le mystère théologique entourant le rôle du successeur de Pierre sur la terre s’en trouve accru. Il serait intéressant d’effectuer des études sur ce rôle unificateur du Pape au sein des religions du monde. Avis aux théologiens ! [Read more…]

La « voie de la beauté » : Entrevue avec Rodolfo Papa

Cette semaine à Focus catholique nous vous présentons une entrevue réalisée auprès de Rodolfo Papa en octobre dernier lors de notre visite à Rome pour le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontrer ce peintre et historien de l’art qui a eu la gentillesse de nous recevoir dans son atelier. C’est donc, d’une certaine façon, chez lui qu’il nous parler de sa passion pour la peinture. Bien que nous ne l’ayons pas abordé dans l’entrevue, Rodolfo Papa est un très grand spécialiste du peintre Caravage dont plusieurs de ses peintures sont aujourd’hui connues partout dans le monde. Malheureusement non disponibles en français, les ouvrages de Rodolfo Papa sur celui que l’on appelle en italien le « Carravaggio » ont la particularité de traiter de la théologie qui se retrouve dans les peintures elles-mêmes. Malheureusement, beaucoup d’ouvrages publiés aujourd’hui sur ce peintre se divisent en deux tendances majeures. Soit on a affaire à des livres pour initiés uniquement c’est-à-dire pour des grands spécialistes s’intéressant à la technique du clair-obscur dont il fut l’un, si ce n’est le plus grand représentant. D’un autre côté, on assiste à plusieurs livres, et même film, relatant la vie rocambolesque du personnage Caravage et de sa vie tumultueuse. Les visites guidées qui font le tour des églises et musées de Rome, où se trouvent un grand nombre de ses œuvres, ne font pas exception à ces deux tendances. Pour Rodolfo Papa, il existe une voie médiane qui, sans laisser de côté ces deux aspects, se concentre surtout sur le sens et la théologie qui se trouve derrière ces peintures. [Read more…]

5e anniversaire du séisme en Haïti: discours du pape François

640px-Earthquake_damage_in_Port-au-Prince_2010-01-15Ce matin à 11h30 dans la salle Clémentine au Vatican, le pape François a livré ce message aux participants lors d’une rencontre spéciale convoquée par le Conseil Pontifical « Cor Unum » et la Commission Pontificale pour l’Amérique Latine, soulignant le 5e anniversaire du séisme en Haïti. Le thème de cette rencontre, qui a commencée hier et qui se poursuit aujourd’hui, est « La communion de l’Eglise : mémoire et espérance pour Haïti cinq ans après le séisme ». Veuillez trouver la traduction en français de son discours ci-dessous :

Chers frères et sœurs,

À cinq années du catastrophique tremblement de terre en Haïti, je remercie le Conseil pontifical Cor Unum et la Commission pontificale pour l’’Amérique latine d’avoir organisé cette rencontre. J’’exprime ma reconnaissance aux Évêques d’’Haïti, comme également à vous tous et aux institutions que vous représentez. Ma pensée cordiale va aussi à tous les fidèles qui ont voulu, de nombreuses façons, secourir le peuple haïtien après cette tragédie qui a laissé derrière elle mort, destruction et désespoir. Avec l’’aide apportée à nos frères et sœœurs en Haïti, nous avons manifesté que l’’Église est un grand corps, où les différents membres ont soin les uns des autres (cf. 1 Co 12, 25). C’’est dans cette communion animée par l’’Esprit Saint, que notre service de charité trouve sa raison profonde.

Beaucoup a été réalisé durant cette période pour reconstruire le pays ! Toutefois, ne nous cachons pas que bien du travail reste encore à faire. Et aussi bien ce qui s’’est fait que ce qui, toujours avec l’’aide de Dieu, pourra se faire, s’’appuie sur trois piliers fondamentaux : la personne humaine, la communion ecclésiale et l’’Église locale. [Read more…]

L’écologie globale du pape François

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Image: Courtoisie de CNS

Les deux dernières semaines furent très importantes et très chargées pour le pape François. En effet, ce Pape qui exhorte l’Église entière à « sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles » est le premier à appliquer sa propre consigne. C’est ce qu’il a fait durant les courts mais non moins exigeants voyages des derniers jours alors qu’il s’est rendu à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au Parlement Européen et en Turquie. À la lecture de ses différents discours et homélies, j’ai pu y saisir un fil conducteur : l’écologie globale.

Par écologie globale, j’entends l’élargissement du souci de protection de l’environnement pour y inclure l’homme. Parfois, un certain discours environnementaliste tend à exclure l’homme de la nature en le considérant comme un indésirable ou, pire, comme un malfaiteur. Selon ce discours, si nous avons des crises comme le réchauffement climatique, c’est uniquement la faute des hommes qui abusent de l’environnement en le réduisant à un simple objet de consommation. Cette critique, bien que s’appuyant sur des faits réels, n’est pas en mesure de dresser un portrait réaliste et est donc incapable d’offrir de véritables solutions. Un bref coup d’œil aux paroles et aux actions du Pape actuel nous donne une meilleure compréhension des défis de notre temps et, ainsi, nous permet d’y apporter des solutions adéquates. [Read more…]

Déclaration inter-religieuse pour l’éradication de l’esclavage moderne, signée le 2 décembre au Vatican

« Nous, soussignés, sommes réunis ici aujourd’hui dans le cadre d’une initiative historique visant à susciter une action spirituelle et concrète de la part de toutes les confessions et personnes de bonne volonté partout dans le monde, afin d’éradiquer de manière définitive l’esclavage moderne dans le monde d’ici 2020. Aux yeux de Dieu (et de nos différentes religions), chaque être humain est une personne libre, qu’il soit garçon ou fille, femme ou homme, destinée à exister pour le bien de tous en toute égalité et fraternité. L’esclavage moderne, sous ses formes de la traite des êtres humains, du travail forcé ou de la prostitution, du trafic d’organes, comme de toute attitude allant à l’encontre de la conviction selon laquelle tous les êtres humains sont égaux et bénéficient du même droit à la liberté et la dignité, est un crime contre l’humanité.

Nous nous engageons aujourd’hui à faire tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de nos communautés religieuses et au-delà, pour travailler ensemble pour la liberté de tous ceux qui sont réduits en esclavage et victimes de traite, afin de leur redonner un avenir. Aujourd’hui, nous avons la possibilité, la conscience, la sagesse, l’innovation et la technologie pour atteindre cet impératif humain et moral ».

Souscriptions:

de SS le Pape François, chef de l’Eglise catholique romaine.

de SS Mme.Mata Amritanandamayi, représentante de l’hindouisme (Inde).

de la Vénérable Sr.Chân Không, représentant du Grand Maître du bouddhisme Zen Bhikkhuni Thich Nhat Hanh (Thaïlande).

du Vénérable Datuk K Sri Dhammaratana, Grand Prêtre bouddhiste de Malaisie.

de M.le Rabbin Abraham Skorka, Recteur du séminaire rabbinique latino-américain (Argentine).

de M.le Rabbin David Rosen, Président de l’International Council of Christians and Jews (Israël).

du Dr.Abbas Abdalla Abbas Soliman, représentant le Grand Imam Mohamed Ahmed El-Tayeb de l’Université Al-Azhar (Egypte).

du Grand Ayatollah Mohammad Taqi al-Modarresi (Irak).

du Scheik Naziyah Razzaq Jaafar, représentant du Grand Ayatollah Sheikh Basheer Hussain al Najafi (Pakistan).

du Scheik Omar Abboud (Argentine).

de SG Justin Welby, Archevêque de Canterbury et primat de l’Eglise anglicane.

de SE le Métropolitain de France Emmanuel, représentant SS le Patriarche oecuménique.

Le pape François présidera la messe de canonisation en la fête du Christ Roi

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Le 23 novembre 2014, en la solennité du Christ-Roi, le pape François proclamera six nouveaux saints dont deux de l’Inde et deux de l’Italie. Parmi eux, il y a aussi un laïc et un évêque.

Voici la liste des bienheureux qui seront canonisés ce dimanche:

  • Kuriakose Elias Chavara – Prêtre et fondateur de la Congrégation des Carmes de Marie Immaculèe ainsi que des soeurs de la Mère du Carmel.
  • Eufrasia du Sacré Coeur de Jèsus Eluvathingal – Religieuse de la Congrègation de soeurs de la Mère du Carmel. On la sumommait la « priante ».
  • Amato Ronconi – Laïc et membre du tiers ordre des franciscains et fondateur de l’hospice de Santa Maria di Monte Orciale à Saludecio.
  • Giovanni Antonio Farina – Évêque italien de Vicenza et fondateur de l’institut des soeurs de Sainte Dorothèe.
  • Nicola da Longobardi – Oblat de l’ordre des minimes.
  • Ludovic de Casoria – Prêtre de l’Ordre des frères mineurs et fondateur de la Congrégation des soeurs franciscaines élisabéthaines.

TV Sel + Lumière diffusera la messe EN DIRECT de Rome à 12h00 HE / 09h00 HP.  Suivez-nous sur : www.seletlumieretv.org/endirect <http://www.seletlumieretv.org/endirect>

Pape François lors de la béatification du pape Paul VI: Merci de votre témoignage humble et prophétique

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Vous trouverez, en bas de page, le texte intègral de l’homèlie du pape François lors de la messe de clôture de Synode et de la bèatification de pape Paul VI:

Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).

À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.

L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : « Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.

Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !

« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.

Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.

Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.

Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).

En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).

À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !

Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.

Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement,Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).

Allocution d’ouverture de l’année 2014, du pape François, au Synode des évêques

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Vous trouverez, en bas de page, le texte intègral de l’allocution d’ouverture du pape François lors de l’Assemblèe gènèrale extraordinaire du Synode des évêques:

Éminences, Béatitudes, Excellences, frères et sœurs,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue à cette rencontre et je vous remercie de tout cœur pour votre présence et votre service attentionnés et qualifiés.

En votre nom, je voudrais exprimer mes vifs et sincères remerciements à toutes les personnes qui ont travaillé avec dévouement, avec patience et avec compétence, pendant de longs mois, en lisant, évaluant, et élaborant les thèmes, les textes et les travaux de cette assemblée générale extraordi-naire.

Permettez-moi d’adresser un remerciement particulier et cordial au cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, à Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire, et avec eux à tous les rapporteurs, les rédacteurs, les consulteurs, les traducteurs, et à tout le personnel du secrétariat du synode des évêques. Ils ont travaillé inlassablement, et continuent de travailler, pour la bonne réussite du présent synode: merci beaucoup, vraiment, et que le Seigneur vous récompense !

Je remercie également le conseil post-synodal, le rapporteur et le secrétaire général ; les conférences épiscopales qui ont travaillé vraiment beaucoup et, avec eux, je remercie les trois présidents délégués…

Je vous remercie aussi, chers cardinaux, patriarches, évêques, prêtres, religieux et religieuses, hommes et femmes laïcs pour votre présence et pour votre participation qui enrichit les travaux et l’esprit de collégialité et de synodalité pour le bien de l’Église et des familles ! Cet esprit de synodalité aussi, j’ai voulu qu’il existe dans l’élection du rapporteur, du secrétaire général et des présidents délégués. Les deux premiers ont été élus directement par le Conseil post-synodal, lui-même élu par les participants du dernier synode. En revanche, comme les présidents délégués doivent être choisis par le Pape, j’ai demandé à ce même conseil post-synodal de proposer des noms, et j’ai nommé ceux que le Conseil m’a proposés.

Vous apportez la voix des Églises particulières, réunies au niveau d’Églises locales à travers les Conférences épiscopales. L’Église universelle et les Églises particulières sont d’institution divine ; les Églises locales ainsi entendues sont d’institution humaine. Cette voix, vous l’apporterez en synodalité. C’est une grande responsabilité: apporter les réalités et les problématiques des Églises, pour les aider à cheminer sur cette voie qu’est l’Évangile de la famille.

Une condition générale de base est celle-ci : parler clair. Que personne ne dise : « On ne peut dire cela ; quelqu’un pensera de moi ceci et cela… ». Il faut dire tout ce que l’on sent avec parrhésie. Après le dernier Consistoire (février 2014), où l’on a parlé de la famille, un cardinal m’a écrit en disant : dommage que certains cardinaux n’aient pas eu le courage de dire certaines choses par respect pour le Pape, en estimant peut-être que le Pape pensait autre chose. Cela ne va pas, cela n’est pas la synodalité, parce qu’il faut dire tout ce que, dans le Seigneur, on se sent de devoir dire : sans craindre le jugement humain, sans lâcheté. Et, dans le même temps, il faut écouter avec humilité et accueillir le cœur ouvert ce que disent les frères. C’est avec ces deux attitudes que s’exerce la synodalité.

C’est pourquoi je vous demande, s’il vous plaît, ces attitudes de frères dans le Seigneur : parler avec parrhésie et écouter avec humilité.

Et faites-le avec tranquillité et paix, parce que le synode se déroule toujours cum Petro et sub Petro, et la présence du Pape est une garantie pour tous et une protection de la foi.

Chers frères, collaborons tous pour que s’affirme avec clarté la dynamique de la synodalité. Merci.

Homélie du pape François lors de la messe d’ouverture du Synode

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Le 5 octobre 2014, le pape François a prèsidè la messe d’ouverture du Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Vous trouverez, ci-dessous, le texte intègral de son discours:

Aujourd’hui, le prophète Isaïe et l’Évangile utilisent l’image de la vigne du Seigneur. La vigne du Seigneur est son “rêve”, le projet qu’il cultive avec tout son amour, comme un paysan prend soin de son vignoble. La vigne est une plante qui demande beaucoup de soin !

Le “rêve” de Dieu c’est son peuple : il l’a planté et le cultive avec un amour patient et fidèle, pour qu’il devienne un peuple saint, un peuple qui porte beaucoup de fruits de justice.

Mais, aussi bien dans la prophétie ancienne que dans la parabole de Jésus, le rêve de Dieu est déçu. Isaïe dit que la vigne, si aimée et soignée, « a produit de mauvais raisins » (5, 2.4), alors que Dieu « attendait le droit, et voici le crime ; il attendait la justice, et voici les cris» (v.7). Dans l’Évangile, au contraire, ce sont les paysans qui ruinent le projet du Seigneur : ils ne font pas leur travail, mais ils pensent à leurs intérêts.

Jésus, dans sa parabole, s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire aux “sages”, à la classe dirigeante. Dieu leur a confié de façon particulière son “rêve”, c’est-à-dire son peuple, pour qu’ils le cultivent, en prennent soin, le protègent des animaux sauvages. Voilà la tâche des chefs du peuple : cultiver la vigne avec liberté, créativité et ardeur.

Jésus dit que pourtant ces paysans se sont emparés de la vigne ; par leur cupidité et leur orgueil, ils veulent faire d’elle ce qu’ils veulent, et ainsi ils ôtent à Dieu la possibilité de réaliser son rêve sur le peuple qu’il s’est choisi.

La tentation de la cupidité est toujours présente. Nous la trouvons aussi dans la grande prophétie d’Ézéchiel sur les pasteurs (cf. ch. 34), commentée par saint Augustin dans son célèbre discours que nous venons de relire dans la Liturgie des Heures. Cupidité d’argent et de pouvoir. Et pour assouvir cette cupidité, les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables qu’eux-mêmes ne déplacent pas même avec un doigt (cf. Mt 23, 4).

Nous aussi, au Synode des Évêques, nous sommes appelés à travailler pour la vigne du Seigneur. Les Assemblées synodales ne servent pas à discuter d’idées belles et originales, ou à voir qui est le plus intelligent… Elles servent à cultiver et à mieux garder la vigne du Seigneur, pour coopérer à son “rêve”, à son projet d’amour sur son peuple. Dans ce cas, le Seigneur nous demande de prendre soin de la famille, qui depuis les origines est partie intégrante de son dessein d’amour pour l’humanité.

Nous sommes tous pécheurs et à nous aussi, peut arriver la tentation de “nous emparer” de la vigne, à cause de la cupidité qui ne nous manque jamais à nous, êtres humains. Le rêve de Dieu se heurte toujours à l’hypocrisie de quelques-uns de ses serviteurs. Nous pouvons “décevoir” le rêve de Dieu si nous ne nous laissons pas guider par l’Esprit Saint. Que l’Esprit nous donne la sagesse qui va au-delà de la science, pour travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité.

Frères Synodaux, pour cultiver et bien garder la vigne, il faut que nos cœurs et nos esprits soient gardés en Jésus Christ dans la « paix qui surpasse tout ce qu’on peut concevoir », (Ph 4,7). Ainsi nos pensées et nos projets seront conformes au rêve de Dieu : se former un peuple saint qui lui appartienne et qui produise des fruits du Royaume de Dieu (cf. Mt 21, 43).

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