Échos du Vatican – 10 février 2015

Publication d’un nouveau Directoire pour l’homélie (2e partie)

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Image: Courtoisie de CNS

Comme nous l’avons dit dans le blog précédent, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements vient de publier un nouveau Directoire qui se veut en continuité au monition du pape François pour qui « un prédicateur qui ne se prépare pas, qui ne prie pas « est malhonnête et irresponsable » (EG, 145) et un « faux prophète, un escroc ou un charlatan sans consistance » (EG, 151). Le document propose donc une réflexion, à la fois, théorique et pratique sur l’homélie.

On retrouve dans la première partie une réflexion visant à promouvoir une meilleure connaissance de la nature de l’homélie. L’homélie est, dans l’Église catholique, intimement liée à la célébration de l’Eucharistie puisque les deux s’insèrent dans la même logique. En effet, comme l’Eucharistie rend présent, à la fois, le sacrifice rédempteur de l’humanité et la glorification parfaite de Dieu, l’homélie doit être non seulement orientée vers la sanctification des hommes mais également servir à la glorification de Dieu. Ainsi, « l’homélie est une hymne d’action de grâces pour les magnalia Dei : elle annonce aux membres de l’assemblée que la Parole de Dieu s’accomplit dans le fait qu’ils l’écoutent et la reçoivent, et, bien plus, qu’ils louent Dieu pour cet accomplissement. » (no 4). Pour ce faire, le document poursuit en donnant quelques orientations.

On montre dans un premier temps ce que l’homélie doit éviter: longueur excessive, exercice d’exégèse biblique, enseignement catéchétique, témoignage personnel (no 6). Toutefois, on montre que ces éléments peuvent parfois être utilisés tout en restant des moyens utiles. « Comme le feu, affirme t-on, tous ces éléments sont de bons serviteurs, mais de mauvais maîtres; ils sont bons dans la mesure où ils sont utiles à la fonction de l’homélie. » (no7). Quelle est donc cette fonction de l’homélie ? Le document répond à cette question en la déployant dans sa dynamique composée de 3 mouvements distincts : 1) le « mystère pascal du Christ est annoncé par les lectures et l’homélie ». En ce sens, « l’homélie consiste en une extension de la proclamation des lectures » (no 12) ; 2). Le deuxième mouvement de l’homélie a pour but « d’aider la communauté à mieux entrer dans la célébration eucharistique » ou, en d’autres termes, à s’unir au « sacrifice de la Messe (no. 13) ; 3) enfin, l’homélie doit disposer d’une conclusion qui doit aider les fidèles à réaliser « qu’ils ont pour mission de porter l’Évangile dans le monde par le témoignage de leur vie quotidienne » (no14). [Read more…]

L’expérience personnelle d’un Père synodal

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Corriveau John 1L’expérience personnelle d’un père du Synode

Par Révérend John Corriveau, OFM Cap.
Évêque de Nelson, Colombie-Britannique

Entre 1994 et 2012, j’ai eu le privilège de participer à cinq Assemblées du Synode des évêques. Ces cinq Synodes ont représenté une grande variété de défis pour l’Église : Le rôle de la vie consacrée dans l’Église et le monde (1994), l’Assemblée spéciale pour l’Amérique (1997), l’Assemblée spéciale pour l’Océanie (1998), L’Eucharistie, Source et Sommet de la vie et de la mission de l’Église (2005) et le Synode sur la Nouvelle Évangélisation et la transmission de la foi (2012).

Le Synode de 1994 a été inauguré par le pape Paul VI pour donner une expression concrète à la nature collégiale de la gouvernance dans l’Église. Ce fut certainement mon expérience. Pour quatre de ces cinq synodes, je n’étais pas encore évêque. Ce qui signifie que j’étais perché tout en haut de la Salle du Synode d’où je pouvais voir tous les délégués réunis en provenance des quatre coins du monde, le vrai visage de notre humanité. Ce fut une grâce pour moi que de faire l’expérience de la diversité et de l’unité palpable comme il est dit dans les Actes des apôtres : « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Acts 2,11). Le pape Paul VI voyait aussi dans le Synode l’instrument privilégié pour continuer l’esprit réformateur du Concile Vatican II. En effet, Vatican II avait mis en branle la plus profonde reconsidération de l’identité de l’Église depuis le Concile de Trente : « l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (LG, 4). La théologie de communion est le fil conducteur de tous les Synodes. Pour moi, le Synode manifeste son fondement trinitaire par la communion de l’Église en soulignant le fait que la communion n’est pas simplement une conséquence sociologique de la Foi mais un élément constitutif de la Foi elle-même. Être Église signifie être immergé dans cette dynamique qu’est la relation toujours créative de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. [Read more…]

Échos du Vatican – 27 janvier 2015

« Être contenu par le plus petit, c’est cela qui est divin »

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Image: Courtoisie de CNS

Depuis le début de son pontificat, le pape François n’a cessé d’attirer l’attention des médias et de susciter des réactions partout dans le monde. La particularité de son discours est sa simplicité. Il refuse catégoriquement, non pas d’utiliser parfois des termes compliqués ou académiques, mais de se laisser enfermer dans un rôle qui ne laisserait pas sa personnalité se déployer avec la liberté des enfants de Dieu qu’il a toujours affectionnée. C’est ce qu’il avait annoncé dès le débuts de son pontificat lorsqu’il affirmait qu’une phrase de Saint-Ignace l’avait toujours frappée : Non coerceri a maximo, sed contineri a minimo divinum est c’est-à-dire :  « ne pas être enfermé par le plus grand, mais être contenu par le plus petit, c’est cela qui est divin » (p.5). S’adresser au monde entier avec la même chaleur que lors de conversations amicales, même lorsqu’il s’agit de choses sérieuses, voilà la clef pour comprendre le mode d’expression du pape François.

Comme tous les Souverains pontifes mais spécialement à la suite de Saint Jean-Paul II, le pape François semble affectionner particulièrement les visites au peuple de Dieu réparti sur le globe. Lors de ces voyages, un moment est particulièrement apprécié des journalistes : les points de presse dans l’avion. Ces entretiens sont très particuliers puisqu’ils permettent au Pape de répondre directement aux questions de ces derniers. Les réponses du Pape y sont spontanées et personnelles. C’est donc un moment privilégié pour apprendre « ce que le pape François pense vraiment », si l’on peut s’exprimer ainsi.

Dans le vol de retour vers Rome après son voyage extraordinaire aux Philippines, le Pape a eu l’occasion de s’exprimer sur la régulation des naissances en utilisant la formule suivante : « Certains croient que, pardonnez-moi l’expression, pour être de bons catholiques nous devons faire comme les lapins ». Cette image quelque peu inhabituelle, surtout dans la bouche d’un Pape, en a fait sursauter plus d’un et fait couler beaucoup d’encre. Certains journaux en ont même fait leur page couverture [3] ou y ont fait référence en titrant le « Discours du lapin » parodiant ainsi le Discours sur la montage. Tout ce bruit médiatique ne doit pas nous impressionner plus qu’il le faut. Après un bref examen des différents articles et commentaires en lien avec cette expression, nous dénotons chez certains le fait d’avoir cédé à la tentation de voir dans le Pape François celui qui allait briser tous les soi-disant « tabous » de l’Église catholique. Cette grille d’analyse fascine beaucoup et tombe souvent dans le piège d’isoler certaines paroles de leur contexte pour leur donner une autre signification que celle du Pape. C’est ce qu’on a pu voir dans des articles comme celui de Libération qui titrait un « pape aux propos pas toujours très catholiques ». Nous ne sommes pas près de voir disparaître cette vision et c’est pourquoi une brève analyse s’impose. [Read more…]

Échos du Vatican – 20 janvier 2015

L’humanisme intégral du pape François (2e partie)

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Image: Courtoisie de CNS

Comme nous le disions hier, notre monde doit construire une culture de la rencontre et, donc, combattre les forces hostiles à la paix et la réconciliation. Pour accomplir une telle mission, toutes les institutions sans exception doivent s’impliquer à respecter les principes éthiques fondamentaux de cette culture que l’on pourrait qualifier « d’humanisme intégral » (Maritain). Heureusement, les principes moraux de l’Église catholique sont déjà parfaitement adaptés et orientés vers ce but. À ce niveau, le voyage du Pape au Sri Lanka, en cours ces jours-ci, est un bon exemple de ce rôle de premier plan que joue l’Église.

En effet, l’Église peut servir d’interlocuteur ou de médiateur diplomatique au service de la réconciliation comme on l’a vu dans les rapprochements entre Cuba et les États-Unis. Toutefois, en tant que religion, elle est aussi en mesure d’accéder à une autre sphère de la société un peu négligée chez nous mais qui, de plus en plus, tend à s’imposer comme la force motrice de ce monde globalisé : le monde des religions. En ce sens, je voudrais attirer votre attention sur le discours prononcé par le pape François à Colombo lors de la Rencontre interreligieuse et œcuménique.

Dans un premier temps, le pape a manifesté au monde que les religions sont officiellement engagées dans cette entreprise de dialogue multilatéral rendu nécessaire par la globalisation actuelle. De fait, les religions montrent leur leadership dans la construction de la paix. De plus, et peut-être d’une manière plus mystérieuse encore, le mystère théologique entourant le rôle du successeur de Pierre sur la terre s’en trouve accru. Il serait intéressant d’effectuer des études sur ce rôle unificateur du Pape au sein des religions du monde. Avis aux théologiens ! [Read more…]

La « voie de la beauté » : Entrevue avec Rodolfo Papa

Cette semaine à Focus catholique nous vous présentons une entrevue réalisée auprès de Rodolfo Papa en octobre dernier lors de notre visite à Rome pour le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontrer ce peintre et historien de l’art qui a eu la gentillesse de nous recevoir dans son atelier. C’est donc, d’une certaine façon, chez lui qu’il nous parler de sa passion pour la peinture. Bien que nous ne l’ayons pas abordé dans l’entrevue, Rodolfo Papa est un très grand spécialiste du peintre Caravage dont plusieurs de ses peintures sont aujourd’hui connues partout dans le monde. Malheureusement non disponibles en français, les ouvrages de Rodolfo Papa sur celui que l’on appelle en italien le « Carravaggio » ont la particularité de traiter de la théologie qui se retrouve dans les peintures elles-mêmes. Malheureusement, beaucoup d’ouvrages publiés aujourd’hui sur ce peintre se divisent en deux tendances majeures. Soit on a affaire à des livres pour initiés uniquement c’est-à-dire pour des grands spécialistes s’intéressant à la technique du clair-obscur dont il fut l’un, si ce n’est le plus grand représentant. D’un autre côté, on assiste à plusieurs livres, et même film, relatant la vie rocambolesque du personnage Caravage et de sa vie tumultueuse. Les visites guidées qui font le tour des églises et musées de Rome, où se trouvent un grand nombre de ses œuvres, ne font pas exception à ces deux tendances. Pour Rodolfo Papa, il existe une voie médiane qui, sans laisser de côté ces deux aspects, se concentre surtout sur le sens et la théologie qui se trouve derrière ces peintures. [Read more…]

5e anniversaire du séisme en Haïti: discours du pape François

640px-Earthquake_damage_in_Port-au-Prince_2010-01-15Ce matin à 11h30 dans la salle Clémentine au Vatican, le pape François a livré ce message aux participants lors d’une rencontre spéciale convoquée par le Conseil Pontifical « Cor Unum » et la Commission Pontificale pour l’Amérique Latine, soulignant le 5e anniversaire du séisme en Haïti. Le thème de cette rencontre, qui a commencée hier et qui se poursuit aujourd’hui, est « La communion de l’Eglise : mémoire et espérance pour Haïti cinq ans après le séisme ». Veuillez trouver la traduction en français de son discours ci-dessous :

Chers frères et sœurs,

À cinq années du catastrophique tremblement de terre en Haïti, je remercie le Conseil pontifical Cor Unum et la Commission pontificale pour l’’Amérique latine d’avoir organisé cette rencontre. J’’exprime ma reconnaissance aux Évêques d’’Haïti, comme également à vous tous et aux institutions que vous représentez. Ma pensée cordiale va aussi à tous les fidèles qui ont voulu, de nombreuses façons, secourir le peuple haïtien après cette tragédie qui a laissé derrière elle mort, destruction et désespoir. Avec l’’aide apportée à nos frères et sœœurs en Haïti, nous avons manifesté que l’’Église est un grand corps, où les différents membres ont soin les uns des autres (cf. 1 Co 12, 25). C’’est dans cette communion animée par l’’Esprit Saint, que notre service de charité trouve sa raison profonde.

Beaucoup a été réalisé durant cette période pour reconstruire le pays ! Toutefois, ne nous cachons pas que bien du travail reste encore à faire. Et aussi bien ce qui s’’est fait que ce qui, toujours avec l’’aide de Dieu, pourra se faire, s’’appuie sur trois piliers fondamentaux : la personne humaine, la communion ecclésiale et l’’Église locale. [Read more…]

L’écologie globale du pape François

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Image: Courtoisie de CNS

Les deux dernières semaines furent très importantes et très chargées pour le pape François. En effet, ce Pape qui exhorte l’Église entière à « sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles » est le premier à appliquer sa propre consigne. C’est ce qu’il a fait durant les courts mais non moins exigeants voyages des derniers jours alors qu’il s’est rendu à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au Parlement Européen et en Turquie. À la lecture de ses différents discours et homélies, j’ai pu y saisir un fil conducteur : l’écologie globale.

Par écologie globale, j’entends l’élargissement du souci de protection de l’environnement pour y inclure l’homme. Parfois, un certain discours environnementaliste tend à exclure l’homme de la nature en le considérant comme un indésirable ou, pire, comme un malfaiteur. Selon ce discours, si nous avons des crises comme le réchauffement climatique, c’est uniquement la faute des hommes qui abusent de l’environnement en le réduisant à un simple objet de consommation. Cette critique, bien que s’appuyant sur des faits réels, n’est pas en mesure de dresser un portrait réaliste et est donc incapable d’offrir de véritables solutions. Un bref coup d’œil aux paroles et aux actions du Pape actuel nous donne une meilleure compréhension des défis de notre temps et, ainsi, nous permet d’y apporter des solutions adéquates. [Read more…]

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