Église en Sortie 26 octobre 2018

Cette semaine à Église en sortie, on s’entretient avec Isabel Correa, directrice de la Mission Jeunesse Montréal et JMJ Canada, sur la place des jeunes dans l’Église en marge du Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». On vous présente un reportage sur la Résidence de la montagne de l’Horeb, maison de repos pour les prêtres à Sainte-Agathe-des-Monts au nord de Montréal. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit Mgr Pierre Goudreault, évêque du diocèse de Sainte-Anne-de-La-Pocatière au sujet de son diocèse et du tournant missionnaire de l’Église.

Vers une Église en marche avec les jeunes


Crédit:CNS photo/Paul Haring

Samedi dernier se terminait la deuxième semaine des travaux du Synode sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Pour l’occasion furent publiés les textes des différents Relatio des cercles mineurs sur la troisième partie de l’Instrumentum Laboris. Divisés par appartenance linguistique, ces différents groupes devaient rédigés des propositions au Secrétariat général du Synode afin d’établir un document provisoire qui fera ensuite l’objet d’un vote. Habituellement, c’est ce document final qui sert d’inspiration au Saint-Père pour l’écriture de l’éventuelle Exhortation apostolique post synodale.

Reflétant l’esprit et les sujets abordés dans les discussions en petits groupes, leur lecture nous permet donc de comprendre mieux les orientations du Synode ainsi que les thèmes suscitant le plus d’enthousiasme. Sans prétendre dresser une liste exhaustive de tout ce qui s’y retrouve, plusieurs éléments émergent de ces textes.

Vatican II en marche

Dans un premier temps, il est clair que Vatican II se trouve en arrière-plan de l’ensemble des délibérations. Que ce soit par la méthode même du Synode des évêques qui n’aurait jamais vu le jour sans le Concile ou par le langage utilisé dans les conversations, il est clair que le « Synode des jeunes » s’appuie sur l’ecclésiologie du Peuple de Dieu. Mariant les dimensions hiérarchiques et charismatiques de l’Église, tous ont le souci de mettre en œuvre les paroles de saint Paul selon lesquelles « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. » (1 Cor 12, 4-6).

Au service de la vérité et de la justice

Le langage lui-même, utilisé à plusieurs reprises, nous rappelle les grands thèmes abordés par le Concile. Le souci des plus pauvres est sans contredit l’un de ces éléments. Comme l’affirme le Circulus Gallicus A « l’option préférentielle pour les pauvres et les jeunes » […] « ce binôme établit les jeunes aux avant-postes de l’engagement social aux côtés des pauvres ». Pour paraphraser, nous pourrions dire que, de la même manière que la lutte pour la protection de l’environnement ne peut être dissociée de la lutte contre la pauvreté, la promotion de la jeunesse passe aussi par une plus grande préoccupation pour les plus pauvres de nos sociétés. Il est donc clair qu’un élément central d’une pastorale jeunesse efficace est d’être soucieuse du « désir de vérité et de justice qui les caractérise ».

Un « écosystème » de maturation humaine

Selon plusieurs relatios, l’action pastorale de l’Église envers les jeunes doit mettre un fort accent sur les besoins de formation des jeunes. En ce sens, le Circulus Gallicus C a bien manifesté l’importance d’une plus grande emphase sur la « Sensibilité éducative de l’Église » [ par une ] « attention particulière dans l’élaboration des programmes spécifiques des lieux éducatifs de l’Église du point de vue du dialogue de la foi avec ces nouveaux contextes » que sont « la réalité du continent digital, la question écologique, la politique dans la cité, le pluralisme culturel et religieux ».

S’il est vrai que tout chrétien doit être en mesure de « donner les raisons de l’espérance qui est en nous », il est d’autant plus vrai que les jeunes sont particulièrement sensibles à la cohérence de ce qui leur est présenté. La pastorale jeunesse doit donc maintenir le riche patrimoine de dialogue entre foi et raison tel que développé par les grands docteurs et le récent Magistère de l’Église.

Enfants de Dieu dans toutes les sphères de la société

Le monde professionnel a malheureusement été peu abordé dans les cercles mineurs. Le Circulus Anglicus D a cependant sauvé la donne en mentionnant l’importance de présenter la foi comme une « aventure spirituelle » manifestant ainsi la possibilité de devenir « de grands avocats catholiques, de grands médecins catholiques, de grands journalistes catholiques et de grands entrepreneurs catholiques, etc. ». En effet, bien qu’étant pour la plupart en période de formation, les jeunes doivent aussi être en mesure de se projeter dans un futur où leur foi pourra se marier pleinement avec leurs aspirations professionnelles.

Ce même groupe, dont le Relateur était Mgr Robert Barron, poursuit en disant que « les jeunes ont soif de sainteté et ils désirent des formations pratiques capables de les aider à cheminer en ce sens ». Susciter chez les jeunes la responsabilité de créer des groupes de discussion et d’entraide permettant d’apprendre à assumer et traduire une identité catholique forte dans tous les corps de profession devrait être une priorité de la pastorale jeunesse d’aujourd’hui.

Une réflexion ouverte à tous

Le nombre de places dans le Hall du Synode étant limité, il est évident que tous ne pouvaient être invités à participer à ce Synode des jeunes. Toutefois, il est clair qu’une des conclusions de ce synode sera de leur faire plus de place dans les diocèses et les communautés chrétiennes afin de mettre sur pied ce renouvellement de la pastorale jeunesse.

En lien avec l’Exhortation apostolique post Synodale qui sera publiée à moyen terme, il est certain qu’une pastorale renouvelée pour et par les jeunes devra être mise établit au niveau local. En ce sens, nous pouvons tous participer à cette élaboration dans nos milieux en créant les espaces qu’ils pourront remplir de leur fougue, de leur enthousiasme et de leur soif de suivre authentiquement le Christ.

Église en sortie 19 octobre 2018

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Marybel Mayorga, journaliste et attachée médiatique à JMJ Canada, au sujet de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». On vous présente un reportage sur la « Maison Le Pont », organisme d’accueil des réfugiés de l’archidiocèse de Montréal. Dans la troisième partie de l’émission. Dans la troisième partie de l’émission, on s’entretient avec le père Yolland Ouellet o.m.i., directeur national de l’Oeuvre Pontificale Missionnaire du Canada, sur les mois missionnaires 2018-2019 ainsi que sur l’importance des jeunes dans la conversion missionnaire de l’Église au Québec et dans le monde.

Homélie du pape François lors des canonisations de Paul VI et Oscar Romero


Crédit: CNS photo/Paul Haring

(14 septembre 2018) Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François telle que prononcée ce matin sur la Place Saint-Pierre lors de la célébration de canonisation de 7 nouveaux saints dont celles de Paul VI et Oscar Romero: 

La deuxième Lecture nous a dit qu’« elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée » (He 4, 12). Il en est vraiment ainsi : la Parole de Dieu n’est pas seulement un ensemble de vérités ou un récit spirituel édifiant, non, c’est une Parole vivante, qui touche la vie, qui la transforme. Là Jésus en personne, lui qui est la Parole vivante de Dieu, parle à nos cœurs.

L’Évangile, en particulier, nous invite à la rencontre avec le Seigneur, à l’exemple de cet ‘‘homme’’ qui ‘‘court à sa rencontre’’ (cf. Mc 10, 17). Nous pouvons nous identifier à cet homme, dont le texte ne mentionne pas le nom, presque pour suggérer qu’il peut représenter chacun d’entre nous. Il demande à Jésus comment « avoir la vie éternelle en héritage » (v. 17). Il demande la vie pour toujours, la vie en plénitude : qui d’entre nous ne la voudrait pas ? Mais, remarquons-le, il la demande comme un héritage à posséder, comme un bien à obtenir, à conquérir par ses forces. En effet, pour posséder ce bien, il a observé les commandements depuis son enfance et pour atteindre l’objectif il est disposé à en observer d’autres ; c’est pourquoi il demande : « Que dois-je faire pour avoir ? »

La réponse de Jésus le désoriente. Le Seigneur fixe le regard sur lui et l’aime (cf. v. 12). Jésus change de perspective : des préceptes observés pour obtenir des récompenses à l’amour gratuit et total. Cet homme parlait en termes de demande et d’offre, Jésus lui propose une histoire d’amour. Il lui demande de passer de l’observance des lois au don de soi, du faire pour soi-même à l’être avec Lui. Et il lui fait une proposition de vie ‘‘tranchante’’ : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres […] puis viens, suis-moi » (v. 21). À toi aussi, Jésus dit : ‘‘Viens, suis-moi’’. Viens : ne reste pas sur place, car il ne suffit pas de ne faire aucun mal pour appartenir à Jésus. Suis- moi : ne marche pas derrière Jésus seulement quand cela te convient, mais cherche-le chaque jour ; ne te contente pas d’observer les préceptes, de faire un peu d’aumône et de dire quelques prières : trouve en lui le Dieu qui t’aime toujours, le sens de ta vie, la force de te donner.

Jésus dit encore : « Vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ». Le Seigneur ne fait pas des théories sur la pauvreté et la richesse, mais il va directement à la vie. Il te demande de laisser ce qui appesantit ton cœur, de te libérer des biens pour lui faire une place à lui, l’unique bien. On ne peut pas suivre vraiment Jésus quand on est alourdi par les choses. Car, si le cœur est surchargé par les biens, il n’y aura pas de place pour le Seigneur, qui deviendra une chose parmi les autres. C’est pourquoi la richesse est dangereuse et – dit Jésus – rend même difficile le salut. Non pas parce que Dieu est sévère, non ! Le problème est de notre côté : le fait d’avoir trop, le fait de vouloir trop étouffe notre cœur et nous rend incapables d’aimer. C’est pourquoi saint Paul rappelle que « la racine de tous les maux, c’est l’argent » (1 Tm 6, 10). Nous le voyons : là où on met l’argent au centre, il n’y a pas de place pour Dieu et il n’y en a pas non plus pour l’homme.

Jésus est radical. Il donne tout et demande tout : il donne un amour total et demande un cœur sans partage. Aujourd’hui également, il se donne à nous comme Pain vivant ; pouvons-nous lui donner en échange des miettes ? À lui qui s’est fait notre serviteur jusqu’à aller sur la croix pour nous, nous ne pouvons pas répondre uniquement par l’observance de quelques préceptes. À lui qui nous offre la vie éternelle, nous ne pouvons pas donner un bout de temps. Jésus ne se contente pas d’un ‘‘pourcentage d’amour’’ : nous ne pouvons pas l’aimer à vingt, à cinquante ou à soixante pour cent. Ou tout ou rien !

Chers frères et sœurs, notre cœur est comme un aimant : il se laisse attirer par l’amour, mais peut s’attacher d’un côté seulement et doit choisir : ou bien il aimera Dieu ou bien il aimera la richesse du monde (cf. Mt 6, 24) ; ou bien il vivra pour aimer ou bien il vivra pour lui-même (Mc 8, 35). Demandons-nous de quel côté nous sommes. Demandons-nous où nous en sommes dans notre histoire d’amour avec Dieu. Nous contentons-nous de quelques préceptes ou suivons-nous Jésus comme des amoureux, vraiment disposés à quitter quelque chose pour lui ? Jésus interroge chacun d’entre nous et nous sommes tous, en tant qu’Église, en chemin : sommes-nous une Église qui ne prêche que de bons préceptes ou une Église-épouse qui s’abandonne dans l’amour pour son Seigneur ? Le suivons-nous vraiment ou retournons-nous sur les pas du monde, comme cet homme ? Au total, Jésus nous suffit-il ou bien cherchons-nous beaucoup de sécurités du monde ? Demandons la grâce de savoir quitter par amour du Seigneur : quitter les richesses, les nostalgies de rôles et de pouvoirs, les structures qui ne sont plus adaptées à l’annonce de l’Évangile, les poids qui freinent la mission, les liens qui attachent au monde. Sans un saut en avant dans l’amour, notre vie et notre Église souffrent d’une « autosatisfaction égocentrique » (Evangelii gaudium, n. 95) : on cherche la joie dans un plaisir passager, on s’enferme dans les palabres stériles, on s’installe dans la monotonie d’une vie chrétienne sans élan, où un peu de narcissisme couvre la tristesse de rester inachevé.

Il en fut ainsi pour cet homme, qui – dit l’Évangile – « s’en alla tout triste » (v. 22). Il s’était attaché aux préceptes et à ses nombreux biens, il n’avait pas donné son cœur. Et, bien qu’ayant rencontré Jésus et accueilli son regard d’amour, il s’en est allé triste. La tristesse est la preuve de l’amour inachevé. C’est le signe d’un cœur tiède. Par contre, un cœur détaché des biens, qui aime librement le Seigneur, répand toujours la joie, cette joie dont on a besoin aujourd’hui. Le saint Pape Paul VI a écrit : « C’est au cœur de leurs angoisses que nos contemporains ont besoin de connaître la joie, de sentir son chant (Exhort. ap. Gaudete in Domino, I). Aujourd’hui, Jésus nous invite à retourner aux sources de la joie, qui sont la rencontre avec lui, le choix courageux de prendre des risques pour le suivre, le goût de quitter quelque chose pour embrasser sa vie. Les saints ont parcouru ce chemin.

Paul VI l’a fait, à l’exemple de l’Apôtre dont il a pris le nom. Comme lui, il a consacré sa vie à l’Évangile du Christ, en traversant de nouvelles frontières et en se faisant son témoin dans l’annonce et dans le dialogue, prophète d’une Église ouverte qui regarde ceux qui sont loin et prend soin des pauvres. Paul VI, y compris dans la difficulté et au milieu des incompréhensions, a témoigné de manière passionnée de la beauté et de la joie de suivre Jésus totalement. Aujourd’hui, il nous exhorte encore, avec le Concile dont il a été le sage timonier, à vivre notre vocation commune : la vocation universelle à la sainteté. Non pas aux demi-mesures, mais à la sainteté. Il est beau qu’avec lui et avec les autres saints et saintes d’aujourd’hui, il y ait Mgr Romero, qui a quitté les certitudes du monde, même sa propre sécurité, pour donner sa vie selon l’Évangile, aux côtés des pauvres et de son peuple, avec le cœur attaché à Jésus et à ses frères. Nous pouvons en dire autant de Francesco Spinelli, de Vincenzo Romano, de Maria Caterina Kasper, de Nazaria Ignazia de Sainte Thérèse de Jésus et de Nunzio Sulprizio. Tous ces saints, dans des contextes différents, ont traduit par leur vie la Parole d’aujourd’hui, sans tiédeur, sans calculs, avec le désir de risquer et de quitter. Que le Seigneur nous aide à imiter leurs exemples !

[01595-FR.01] [Texte original: Italien]

Sur la route du diocèse d’Amos (2e partie)

Dans ce 2e épisode de « Sur la route des diocèses », Francis Denis nous transporte dans le diocèse d’Amos à la rencontre des différents visages de cette église particulière. Sous l’épiscopat de Mgr Gilles Lemay, évêque du lieu, l’Église à Amos est pleinement engagée dans la transformation missionnaire voulue par le pape François. Que ce soit dans sa volonté de transmettre son riche héritage ou par la proximité avec les pauvres, les jeunes et toute personne habitant sur ce territoire aux dimensions démesurées, l’Église catholique à Amos est un bon exemple d’un Peuple de Dieu au service des besoins spirituels et humains des âmes auxquelles il est envoyé.

L’importance du ressourcement spirituel chez les jeunes


Photo: © CNS photo/Vatican Media

Récemment, je suis allée au Sanctuaire Marie Reine de Cœurs avec une communauté hispanophone pour un pèlerinage d’une journée. Ayant déjà participé à plusieurs pèlerinages et retraites, je sentais ce désir d’aller avec ma petite famille pour approfondir ma foi. D’ailleurs, j’ai remarqué au courant de ses dernières années que peu de jeunes participent à un pèlerinage. Cela m’amène à un point : les jeunes ne se sentent pas interpellés. Mais pourquoi? N’avons-nous donc pas tous un désir de grandir, d’approfondir non seulement la foi, mais surtout notre identité en tant qu’être humain, ou, du moins, en tant que personne désireuse d’un avenir meilleur? Pourtant, c’est dans ce silence et ce dégagement entier de toutes préoccupations humaines qu’on peut plus se connecter à Dieu. C’est une façon de méditer et prier concernant nos réflexions de viepour en sortir avec des solutions, sentir la présence du Seigneur, ou du moins, se sentir allégé et confiant que tout repose dans les mains de Dieu.

Alors pourquoi les jeunes ne sentent pas le besoin de se retirer un peu de notre société qui est, après tout, constamment mouvementée? Peut-être parce qu’ils y sont habitués depuis leur naissance et donc ne ressentent pas ce besoin. Ou peut-être encore qu’avec le désintérêt qu’attribue la génération des milléniaux à la religion, ou du moins à la spiritualité, il est un tant soit peu normal que ce besoin soit complètement enseveli.  Pourtant, la société d’aujourd’hui va tellement vite qu’ils ne prennent pas le temps, ou bien ne choisissent pas de prendre le temps de ralentir. Avec tout ce qu’on vit, je pense qu’il faut accorder une place primordiale à se recentrer, se connecter à Dieu pour ensuite se sentir plus libre de toutes préoccupations, puisqu’on sait qu’après toute retraite spirituelle nous grandissons et nous comprenons qu’il faut simplement faire confiance à Dieu.

Celui qu’on essaie d’imiter, a Lui-même fait plusieurs retraites spirituelles. Nous pouvons prendre exemple lorsque Jésus se retirait loin de la foule et loin de tout pour prier son Père (Mt 14.22-23; Lc 9.28). Il voulait simplement être en communion avec son Père, et nous devons faire pareil. Il a prôné l’exemple à suivre. Pour être en communion avec le Saint Père, nous devons prendre le temps de nous retirer en silence et accorder une priorité pour approfondir notre relation avec Dieu.

Plusieurs jeunes pourraient dire qu’un pèlerinage ou une retraite est une perte de temps. Pourquoi se retirer et aller ailleurs pour méditer si on peut le faire chez nous? Pour répondre à cette question, j’invite fortement les jeunes à sortir de leur zone de confort simplement pour faire l’essai. Nous devons essayer en premier avant d’en tirer des conclusions. Le Pape François nous rappelle constamment qu’il faut sortir de notre zone de confort pour aller annoncer la bonne nouvelle et aider notre prochain. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire. Grâce à une activité de pèlerinage ou une retraite spirituelle, nous ne pouvons que sortir gagnant puisque nous prenons le temps d’apprendre plus sur nous même, mais surtout, on se rend disponible à l’écoute de la Parole de Dieu. Avec ces outils spirituels, nous pouvons accomplir notre devoir de chrétien.

Nous écoutons souvent cette fameuse phrase qui parle du « lâcher-prise ». Plusieurs jeunes d’aujourd’hui veulent révolutionner le monde et des jeunes chrétiens cherchent une façon propice pour évangéliser et propager la bonne nouvelle autour du monde. Ce qui peut être très bien. Par contre, il est important de se rappeler que rien ne peut être totalement fait et accomplit sans l’aide du Seigneur. Alors, si nous accordons un peu de temps pour se connecter à Dieu, nous comprendrons qu’il faut simplement mettre TOUT dans les mains de Celui qui a tout créé, entre-autres, le « lâcher-prise ».

J’invite tous les jeunes du monde à prendre du temps pour soi-même, en compagnie de Dieu, à prendre du recul sur ses priorités, ses relations, ses préoccupations de vie pour revenir et en sortir meilleur. En allant à un pèlerinage ou une retraite spirituelle, nous nous recentrons sur l’essentiel pour faire place au nouveau et nous visons une nouvelle intimité avec Celui qui est la source de la vie. Dans le profond de notre cœur, on fait place au silence pour pouvoir entendre sa voix, sa présence et de cette manière lui dire « Seigneur me voici pour faire ta volonté » (Ps, 39).

Maribel Mayorga-Espinoza

Synode 2018 : Rencontre du pape François avec les jeunes et les pères synodaux.

Synode 2018 : Rencontre du pape François avec les jeunes et les pères synodaux.

Le 6 octobre, 2018 à 13h30 HE et à 11h:30 HP, TV Sel et Lumière diffusera, de la Salle Paul VI au Vatican, une rencontre des jeunes avec le pape François et les pères synodaux. Et ce, à l’occasion de la 15e Assemblée générale ordinaire des évêques du Synode.

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Samedi 6 octobre 2018, à partir de 13h30. Depuis la salle Paul VI au Vatican, rencontre des jeunes avec le pape François et les pères synodaux à l’occasion de la XVème Assemblée ordinaire du Synode des évêques.

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus​

Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus

Fondatrice de la congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise
Jour de fête : 6 juillet
10 janvier 1889 – 6 juillet 1943

« Toi, Nazaria, suis-moi. » À 9 ans seulement, Nazaria Ignacia March Mesa a entendu ces mots, ressentant son premier appel du Seigneur. « Je vais suivre Jésus, a-t-elle répondu, daussi près que le peut une créature humaine. »

Née à Madrid en 1889 dans une grande famille espagnole, Nazaria acquit rapidement une foi solide. Sa famille s’opposa souvent à sa foi et, si lasse de ses dévotions, elle lempêcha même une fois daller à la messe. Cependant, Nazaria persista dans sa conviction, et après que sa famille eut déménagée au Mexique en 1904, elle continua sa dévotion et décida de se joindre à linstitut des Petites sœurs des personnes âgées abandonnées (Instituto de Hermanitas de Ancianos Desamparados) en 1908, prenant le nom de Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus et prononça ses vœux perpétuels en 1915. L’institut l’envoya travailler à Oruro, en Bolivie, où elle aida les personnes âgées, pauvres et abandonnées.

Après quelques années en Bolivie, sœur Nazaria, inspirée par les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, commença à se sentir appelée à établir un nouvel ordre consacré à la mission, à lévangélisation et à léducation religieuse. Le 16 juin 1925, elle fonda les Missionnaires de la Croisade pontificale (renommée plus tard congrégation des Missionnaires croisées de lÉglise). Cétait la première communauté religieuse bolivienne pour femmes. Leur mission était de soutenir la catéchisation des enfants et des adultes, tout en soutenant les prêtres, en menant des missions et en imprimant des tracts religieux. Comme supérieure de la congrégation, Mère Nazaria travailla avec diligence pour surmonter lopposition et les difficultés, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour que cette nouvelle congrégation grandisse. Elle eut même une audience privée avec le pape Pie XI en 1934 dans laquelle elle lui dit quelle était prête à mourir pour lÉglise, mais le pape lui répondit : « Ne meurs pas, mais vis et travaille pour lÉglise. »

Dans cet esprit, la congrégation a poursuivi ses travaux en Bolivie tout en fondant des maisons et des œuvres dans plusieurs pays. Dirigées par Mère Nazaria, les sœurs ont travaillé pour aider de nombreuses personnes dans le besoin. Elles se sont occupées des femmes, des orphelins et des soldats, ont créé un magazine pour les femmes dans la vie religieuse et ont même aidé à former le premier syndicat de travail pour les femmes. En commençant en Bolivie, leur travail sest étendu à l’Amérique du Sud et au Portugal, à l’Espagne, la France, l’Italie et au Cameroun.

De retour à Buenos Aires, Mère Nazaria commença à souffrir d’une pneumonie au début de 1943 et mourut le 6 juillet de la même année. Sa renommée et celle de sa congrégation continuèrent à se répandre après sa mort. La congrégation des Croisées missionnaires de lÉglise reçut la reconnaissance officielle du Vatican le 9 juin 1947 et Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésusfut béatifiée par Jean-Paul II le 27 septembre 1992.

Mère Nazaria a laissé derrière elle une grande réputation de sainteté et de bonté. Elle est reconnue pour avoir toujours recommandé aux supérieures des maisons de sa congrégation une approche maternelle envers les sœurs sous leur responsabilité, n’oubliant pas leur rôle de mère de la maison. Un grand nombre la considère comme une visionnaire pour son époque par sa proposition que lÉglise catholique soit ouverte à vraiment rencontrer les gens, et ce, des décennies avant les débats et les documents du Concile Vatican II.

Discours du pape François pour l’ouverture du Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernements vocationnel »

(3 octobre 2018) Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François pour l’ouverture de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel »:

Chères Béatitudes, Éminences, Excellences, Chers frères et sœurs, très chers jeunes!

En entrant dans cette salle pour parler des jeunes, on sent déjà la force de leur présence qui émet positivité et enthousiasme, capables d’envahir et de réjouir non seulement cette salle, mais toute l’Église et le monde entier.

C’est pourquoi je ne peux pas commencer sans vous dire merci ! Merci à vous qui êtes présents, merci à toutes les personnes qui, au long d’un chemin de préparation de deux années, – ici dans l’Église de Rome et dans toutes les Églises du monde – ont travaillé avec dévouement et passion pour nous permettre de parvenir à ce moment. Merci infiniment au Cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du Synode, aux Présidents délégués, au Cardinal Sergio da Rocha, Rapporteur général, à Mgr Fabio Fabene, Sous-Secrétaire, aux officials du Secrétariat général et aux assistants; merci à vous tous, Pères synodaux, auditeurs, auditrices, experts et consulteurs ; aux Délégués fraternels ; aux traducteurs, aux choristes, aux journalistes. Merci infiniment à tous pour votre participation active et féconde.

Méritent un cordial merci les deux Secrétaires spéciaux, le Père Giacomo Costa, jésuite, et Don Rossano Sala, salésien, qui ont travaillé généreusement avec engagement et abnégation.

Je désire aussi remercier vivement les jeunes reliés à nous, en ce moment, et tous les jeunes qui de bien des façons ont fait entendre leurs voix. Je les remercie pour avoir voulu parier que cela vaut la peine de se sentir membres de l’Église ou d’entrer en dialogue avec elle, que cela vaut la peine d’avoir l’Église comme mère, comme éducatrice, comme maison, comme famille, capable, malgré les faiblesses humaines et les difficultés, de faire briller et de transmettre le message indémodable du Christ ; que cela vaut la peine de s’agripper à la barque de l’Eglise qui, même à travers les tempêtes impitoyables du monde, continue à offrir à tous refuge et hospitalité ; que cela vaut la peine de nous mettre à l’écoute les uns des autres ; que cela vaut la peine de nager à contrecourant et de s’attacher à des valeurs supérieures : la famille, la fidélité, l’amour, la foi, le sacrifice, le service, la vie éternelle.

Notre responsabilité ici au Synode est de ne pas les démentir, au contraire, de démontrer qu’ils ont eu raison de parier: vraiment cela vaut la peine, vraiment ce n’est pas du temps perdu!

Et je vous remercie en particulier, chers jeunes présents! Le chemin préparatoire au Synode nous a enseigné que l’univers des jeunes est tellement diversifié qu’il ne peut pas être totalement représenté, mais vous en êtes certainement un signe important. Votre participation nous remplit de joie et d’espérance.

Le Synode que nous allons vivre est un moment de partage. Je désire donc, au début du parcours de l’Assemblée synodale, vous inviter tous à parler avec courage et franchise, c’est-à-dire en intégrant liberté, vérité et charité. Seul le dialogue peut nous faire grandir. Une critique honnête et transparente est constructive et cela aide, au contraire des bavardages inutiles, des rumeurs, des conjectures et des préjugés.

Au courage de parler doit correspondre l’humilité de l’écoute. J’ai dit aux jeunes à l’occasion de la Réunion pré-synodale : « S’il dit quelque chose qui ne me plaît pas, je dois l’écouter encore plus, parce que chacun a le droit d’être écouté, comme chacun a le droit de parler ». Cette écoute ouverte requiert le courage de prendre la parole et de se faire la voix de tant de jeunes du monde qui ne sont pas présents. C’est cette écoute qui ouvre l’espace au dialogue. Le Synode doit être un exercice de dialogue, d’abord entre ceux qui y participent. Et le premier fruit de ce dialogue est que chacun s’ouvre à la nouveauté, à la modification de sa propre opinion grâce à ce qu’il a entendu des autres. C’est important pour le Synode. Beaucoup d’entre vous ont déjà préparé leur intervention avant de venir – et je vous remercie pour ce travail – mais je vous invite à vous sentir libres de considérer tout ce que vous avez préparé comme une ébauche provisoire ouverte aux éventuelles intégrations et modifications que le chemin synodal pourrait suggérer à chacun. Sentons-nous libres d’accueillir et de comprendre les autres et donc, de changer nos convictions et nos positions : c’est un signe de grande maturité humaine et spirituelle.

Le Synode est un exercice ecclésial de discernement. Franchise dans la parole et ouverture dans l’écoute sont fondamentales afin que le Synode soit un processus de discernement. Le discernement n’est pas un slogan publicitaire, ni une technique d’organisation, ni même une mode de ce pontificat, mais une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte de foi. Le discernement est la méthode et en même temps l’objectif que nous nous proposons : il se fonde sur la conviction que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire du monde, dans les évènements de la vie, dans les personnes que je rencontre et qui me parlent. Pour cela, nous sommes appelés à nous mettre à l’écoute de ce que l’Esprit nous suggère, avec des modalités et dans des directions souvent imprévisibles. Le discernement a besoin d’espace et de temps. Pour cette raison, je demande que pendant les travaux, en assemblée plénière et dans les groupes, toutes les cinq interventions, on observe un moment de silence – d’environ trois minutes – pour permettre à chacun de prêter attention aux résonances que les choses entendues suscitent dans son cœur, pour aller en profondeur et saisir ce qui touche le plus. Cette attention à l’intériorité est la clef pour réaliser le chemin de la reconnaissance, de l’interprétation et du choix.

Nous sommes signe d’une Église à l’écoute et en chemin. L’attitude de l’écoute ne peut pas se limiter aux paroles que nous échangerons pendant les travaux synodaux. Le chemin préparatoire à ce moment a mis en évidence une Église « en déficit d’écoute » aussi vis-à-vis des jeunes, qui souvent ne se sentent pas compris par l’Église dans leur originalité et donc pas accueillis pour ce qu’ils sont vraiment, et parfois même rejetés. Ce Synode a l’opportunité, la tâche et le devoir d’être signe de l’Église qui se met vraiment à l’écoute, qui se laisse interpeller par les requêtes de ceux qu’elle rencontre, qui n’a pas toujours une réponse préemballée déjà prête. Une Église qui n’écoute pas se montre fermée à la nouveauté, fermée aux surprises de Dieu, et ne pourra pas s’avérer crédible, en particulier pour les jeunes, qui inévitablement s’en éloigneront plutôt que de s’en approcher.

Sortons des préjugés et des stéréotypes. Un premier pas en direction de l’écoute est de libérer nos esprits et nos cœurs des préjugés et des stéréotypes : quand nous pensons savoir déjà qui est l’autre et ce qu’il veut, alors nous avons vraiment du mal à l’écouter sérieusement. Les rapports entre générations sont un terrain où les préjugés et les stéréotypes s’enracinent avec une facilité proverbiale, si bien que souvent nous ne nous en rendons même pas compte. Les jeunes sont tentés de considérer les adultes comme dépassés ; les adultes sont tentés de prendre les jeunes pour inexpérimentés, de savoir comment ils sont et surtout comment ils devraient être et se comporter. Tout cela peut constituer un obstacle important au dialogue et à la rencontre entre générations. La plus grande partie des personnes ici présentes n’appartient pas à la génération des jeunes, il est donc clair que nous devons surtout faire attention au risque de parler des jeunes à partir de catégories et de schémas mentaux désormais dépassés. Si nous savons éviter ce risque, alors nous contribuerons à rendre possible une alliance entre générations. Les adultes devront vaincre la tentation de sous évaluer les capacités des jeunes et de les juger négativement. J’ai lu autrefois que la première mention de ce fait remonte à 3000 ans avant JC, et a été découverte sur un vase d’argile de la Babylone antique, où il est écrit que la jeunesse est immorale et que les jeunes ne sont pas capables de sauvegarder la culture du peuple. Les jeunes, au contraire, doivent vaincre la tentation de ne pas écouter les adultes et de considérer les personnes âgées comme “des affaires anciennes, passées et ennuyeuses”, en oubliant qu’il est stupide de vouloir toujours partir de zéro comme si la vie commençait seulement avec chacun d’eux. En réalité, les personnes âgées, malgré leur fragilité physique, restent toujours la mémoire de notre humanité, les racines de notre société, le “pouls” de notre civilisation. Les mépriser, les rejeter, les enfermer dans des réserves isolées ou bien les envoyer promener est l’indice d’une concession à la mentalité du monde qui est en train de détruire nos maisons de l’intérieur. Négliger le trésor d’expérience dont toute génération hérite et transmet à l’autre est un acte d’autodestruction.

Il faut donc, d’une part, vaincre résolument la plaie du cléricalisme. En effet, l’écoute et la sortie des stéréotypes sont aussi un puissant antidote contre le risque du cléricalisme, auquel une assemblée comme celle-ci est inévitablement exposée, au-delà des intentions de chacun de nous. Il naît d’une vision élitiste et exclusive de la vocation qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire appartenir à un groupe qui possède toute les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’apprendre quoique ce soit. Le cléricalisme est une perversion et est la racine de nombreux maux dans l’Eglise : nous devons en demander humblement pardon et surtout créer les conditions pour qu’ils ne se répètent pas.

Mais il faut, d’autre part, soigner le virus de l’autosuffisance et des conclusions hâtives de nombreux jeunes. Un proverbe égyptien dit : “Si dans ta maison il n’y a pas de personne âgée, achète-la car elle te servira”. Répudier et rejeter tout ce qui a été transmis au cours des siècles conduit uniquement à un dangereux égarement qui, malheureusement, est en train de menacer notre humanité ; cela conduit à un état de désenchantement qui a envahi les cœurs de générations entières. L’accumulation des expériences humaines au cours de l’histoire est le trésor le plus précieux et crédible dont les générations héritent l’une de l’autre. Sans oublier jamais la révélation divine, qui illumine et donne sens à l’histoire et à notre existence.

Que le Synode réveille nos cœurs ! Le présent, y compris celui de l’Eglise, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. Mais la foi nous dit qu’il est aussi le kairos où le Seigneur vient à notre rencontre pour nous aimer et nous appeler à la plénitude de la vie. L’avenir n’est pas une menace qu’il faut craindre, mais il est le temps que le Seigneur nous promet pour que nous puissions faire l’expérience de la communion avec lui, avec les frères et avec toute la création. Nous avons besoin de retrouver les raisons de notre espérance et surtout de les transmettre aux jeunes qui sont assoiffés d’espérance : comme l’affirmait le Concile Vatican II : « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer » (Const. past. Gaudium et spes, n. 31).

La rencontre entre générations peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance. Le prophète Joël nous l’enseigne – je le rappelais aussi aux jeunes de la Rencontre pré- synodale – en ce que je pense être la prophétie de notre époque : « Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1).

Il n’y a pas besoin d’argumentations théologiques sophistiquées pour montrer notre devoir d’aider le monde contemporain à marcher vers le Royaume de Dieu, sans fausses espérance et sans voir seulement ruines et malheurs. En effet, saint Jean XXIII, en parlant des personnes qui analysent les faits sans objectivité suffisante, ni prudence dans le jugement, affirmait : « Dans les conditions actuelles de la société humaine, elles ne sont pas capables de voir autre chose que ruines et malheurs ; elles disent que notre époque, si nous la comparons aux siècles passés, semble pire ; et elles en arrivent à se comporter comme si elles n’avaient rien apprendre de l’histoire qui est maîtresse de vie » (Discours pour l’ouverture solennelle du Concile Vatican II, 11 octobre 1962).

Ne nous laissons donc pas tenter par les “prophéties de malheur”, ne dépensons pas nos énergies à « compter les échecs et ressasser les amertumes », ayons le regard fixé sur le bien qui « souvent ne fait pas de bruit, n’est pas le thème des blogs et ne fait pas la une des journaux», et ne soyons pas effrayés «devant les blessures de la chair du Christ, toujours infligées par le péché et souvent par les enfants de l’Eglise » (cf. Discours aux Evêques de nomination récente participant au cours organisé par les Congrégations pour les Evêques et pour les Eglises Orientales, 13 septembre 2018).

Engageons-nous donc à chercher à “fréquenter l’avenir”, et à faire sortir de ce synode non seulement un document – qui est en général lu par un petit nombre et critiqué par beaucoup –, mais surtout des propositions pastorales concrètes en mesure de réaliser la tâche du Synode lui-même, c’est-à-dire celle de faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains, et inspire aux jeunes – à tous les jeunes, personne n’est exclu – la vision d’un avenir rempli de la joie de l’Evangile.

[01531-FR.01] [Texte original: Italien]

Homélie du pape François lors de la Messe pour le Synode des jeunes


Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François tel que prononcée lors de la Messe d’ouverture du Synode sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » en la Place Saint-Pierre de Rome:

« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26).

De cette manière très simple, Jésus offre à ses disciples la garantie qu’il accompagnera toute l’œuvre missionnaire qui leur sera confiée : l’Esprit Saint sera le premier à garder et à maintenir toujours vivante et actuelle la mémoire du Maître dans le cœur des disciples. C’est Lui qui permettra que la richesse et la beauté de l’Evangile soient source de joie et de nouveauté constantes.

Au début de ce moment de grâce pour toute l’Église, en syntonie avec la Parole de Dieu, demandons avec insistance au Paraclet qu’il nous aide à faire mémoire et à raviver les paroles du Seigneur qui ont fait brûler notre cœur (cf. Lc 24, 32). Ardeur et passion évangélique qui engendrent l’ardeur et la passion pour Jésus. Mémoire qui puisse réveiller et renouveler en nous la capacité de rêver et d’espérer. Parce que nous savons que nos jeunes seront capables de prophétie et de vision dans la mesure où, désormais adultes ou âgés, nous sommes capables de rêver et ainsi de rendre contagieux et de partager les rêves et les espérances que nous portons dans notre cœur (cf. Jl 3, 1).

Que l’Esprit nous donne la grâce d’être des Pères synodaux oints du don des rêves et de l’espérance, afin que nous puissions, à notre tour, oindre nos jeunes du don de la prophétie et de la vision ; qu’il nous donne la grâce d’être une mémoire active, vivante, efficace, qui de génération en génération ne se laisse pas étouffer ni écraser par des prophètes de calamités et de malheur, ni par nos limites, erreurs et péchés, mais qui est capable de trouver des espaces pour enflammer le cœur et discerner les chemins de l’Esprit. C’est avec cette attitude d’écoute docile de la voix de l’Esprit que nous sommes réunis de toutes les parties du monde. Aujourd’hui, pour la première fois, sont aussi ici avec nous deux confrères évêques de la Chine continentale. Nous leur exprimons notre chaleureuse bienvenue : la communion de l’Episcopat tout entier avec le Successeur de Pierre est encore plus visible grâce à leur présence.

Oints dans l’espérance, nous commençons une nouvelle rencontre ecclésiale capable d’élargir les horizons, de dilater le cœur et de transformer ces structures qui aujourd’hui nous paralysent, nous séparent et nous éloignent des jeunes, les laissant exposés aux intempéries et orphelins d’une communauté de foi qui les soutienne, d’un horizon de sens et de vie (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 49).

L’espérance nous interpelle, nous déplace et rompt avec le conformisme du “on a toujours fait ainsi”, et elle nous demande de nous lever pour regarder directement le visage des jeunes et les situations dans lesquelles ils se trouvent. La même espérance nous demande de travailler pour renverser les situations de précarité, d’exclusion et de violence, auxquelles sont exposés nos enfants.

Les jeunes, qui sont le fruit de nombreuses décisions prises dans le passé, nous appellent à prendre en charge avec eux le présent, en nous engageant davantage et à lutter contre ce qui, de toutes les façons, empêche leur vie de se développer avec dignité. Ils nous demandent et exigent un dévouement créatif, une dynamique intelligente, enthousiaste et pleine d’espérance, et que nous ne les laissions pas seuls aux mains de tant de marchands de mort qui oppriment leur vie et obscurcissent leur vision.

Cette capacité de rêver ensemble, qu’aujourd’hui le Seigneur nous offre à nous comme Église, exige – selon ce que disait Saint Paul dans la première Lecture – de développer entre nous une attitude bien précise: « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts; pensez aussi à ceux des autres » (Ph 2, 4). Et en même temps, il vise plus haut, demandant qu’avec humilité nous considérions les autres supérieurs à nous-mêmes (cf. v. 3). Avec cet esprit nous chercherons à nous mettre à l’écoute les uns des autres pour discerner ensemble ce que le Seigneur demande à son Église. Et cela exige de nous que nous soyons attentifs et veillions bien à ce que ne prévale pas la logique de l’auto-préservation et de l’autoréférentialité, qui finit par faire devenir important ce qui est secondaire et secondaire ce qui est important. L’amour pour l’Evangile et pour le peuple qui nous a été confié nous demande d’élargir le regard et de ne pas perdre de vue la mission à laquelle il nous appelle pour viser un plus grand bien qui profitera à nous tous. Sans cette attitude, tous nos efforts seront vains.

Le don de l’écoute sincère, priante et le plus possible sans préjugés ni conditions nous permettra d’entrer en communion avec les diverses situations que vit le Peuple de Dieu. Ecouter Dieu, pour écouter avec lui le cri des gens; écouter les gens pour respirer avec eux la volonté à laquelle Dieu nous appelle (cf. Discours lors de la veillée de prière en préparation au Synode sur la famille, 4 octobre 2014).

Cette attitude nous défend de la tentation de tomber dans une position moralisante ou élitiste, comme aussi de l’attraction pour des idéologies abstraites qui ne correspondent jamais à la réalité de nos gens (cf. J.M. BERGOGLIO, Meditaciones para religiosos, 45-46).

Frères, plaçons ce temps sous la protection maternelle de la Vierge Marie. Femme de l’écoute et de la mémoire, qu’elle nous accompagne pour reconnaître les traces de l’Esprit afin que, avec empressement (cf. Lc 1, 39), entre rêves et espérances, nous accompagnions et stimulions nos jeunes afin qu’ils ne cessent pas de prophétiser.

Pères synodaux, beaucoup d’entre nous étaient jeunes ou faisaient leurs premiers pas dans la vie religieuse alors que se terminait le Concile Vatican II. Aux jeunes d’alors a été adressé le dernier message des Pères conciliaires. Cela nous fera du bien de repasser de nouveau dans notre cœur ce que nous avons entendu lorsque nous étions jeunes en rappelant les paroles du poète: que «l’homme conserve ce qu’il a promis lorsqu’il était enfant » (F. HÖLDERLIN)

Les Pères conciliaires nous ont ainsi parlé: « L’Église, quatre années durant, vient de travailler à rajeunir son visage, pour mieux répondre au dessein de son Fondateur, le grand Vivant, le Christ éternellement jeune. Et au terme de cette imposante “révision de vie”, elle se tourne vers vous. C’est pour vous, les jeunes, pour vous surtout, qu’elle vient, par son Concile, d’allumer une lumière: lumière qui éclaire l’avenir, votre avenir. L’Église est soucieuse que cette société que vous allez constituer respecte la dignité, la liberté, le droit des personnes: et ces personnes, c’est vous […] Elle a confiance […] que vous saurez affirmer votre foi dans la vie et dans ce qui donne un sens à la vie: la certitude de l’existence d’un Dieu juste et bon.

C’est au nom de ce Dieu et de son Fils Jésus que nous vous exhortons à élargir vos cœurs aux dimensions du monde, à entendre l’appel de vos frères et à mettre hardiment à leur service vos jeunes énergies. Luttez contre tout égoïsme. Refusez de laisser libre cours aux instincts de violence et de haine, qui engendrent les guerres et leur cortège de misères. Soyez généreux, purs, respectueux, sincères. Et construisez dans l’enthousiasme un monde meilleur que celui de vos aînés! » (PAUL VI, Message aux jeunes à la fin du Concile Vatican II, 8 décembre 1965).

Pères synodaux, l’Église vous regarde avec confiance et amour.

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