Vers une Église en marche avec les jeunes


Crédit:CNS photo/Paul Haring

Samedi dernier se terminait la deuxième semaine des travaux du Synode sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Pour l’occasion furent publiés les textes des différents Relatio des cercles mineurs sur la troisième partie de l’Instrumentum Laboris. Divisés par appartenance linguistique, ces différents groupes devaient rédigés des propositions au Secrétariat général du Synode afin d’établir un document provisoire qui fera ensuite l’objet d’un vote. Habituellement, c’est ce document final qui sert d’inspiration au Saint-Père pour l’écriture de l’éventuelle Exhortation apostolique post synodale.

Reflétant l’esprit et les sujets abordés dans les discussions en petits groupes, leur lecture nous permet donc de comprendre mieux les orientations du Synode ainsi que les thèmes suscitant le plus d’enthousiasme. Sans prétendre dresser une liste exhaustive de tout ce qui s’y retrouve, plusieurs éléments émergent de ces textes.

Vatican II en marche

Dans un premier temps, il est clair que Vatican II se trouve en arrière-plan de l’ensemble des délibérations. Que ce soit par la méthode même du Synode des évêques qui n’aurait jamais vu le jour sans le Concile ou par le langage utilisé dans les conversations, il est clair que le « Synode des jeunes » s’appuie sur l’ecclésiologie du Peuple de Dieu. Mariant les dimensions hiérarchiques et charismatiques de l’Église, tous ont le souci de mettre en œuvre les paroles de saint Paul selon lesquelles « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. » (1 Cor 12, 4-6).

Au service de la vérité et de la justice

Le langage lui-même, utilisé à plusieurs reprises, nous rappelle les grands thèmes abordés par le Concile. Le souci des plus pauvres est sans contredit l’un de ces éléments. Comme l’affirme le Circulus Gallicus A « l’option préférentielle pour les pauvres et les jeunes » […] « ce binôme établit les jeunes aux avant-postes de l’engagement social aux côtés des pauvres ». Pour paraphraser, nous pourrions dire que, de la même manière que la lutte pour la protection de l’environnement ne peut être dissociée de la lutte contre la pauvreté, la promotion de la jeunesse passe aussi par une plus grande préoccupation pour les plus pauvres de nos sociétés. Il est donc clair qu’un élément central d’une pastorale jeunesse efficace est d’être soucieuse du « désir de vérité et de justice qui les caractérise ».

Un « écosystème » de maturation humaine

Selon plusieurs relatios, l’action pastorale de l’Église envers les jeunes doit mettre un fort accent sur les besoins de formation des jeunes. En ce sens, le Circulus Gallicus C a bien manifesté l’importance d’une plus grande emphase sur la « Sensibilité éducative de l’Église » [ par une ] « attention particulière dans l’élaboration des programmes spécifiques des lieux éducatifs de l’Église du point de vue du dialogue de la foi avec ces nouveaux contextes » que sont « la réalité du continent digital, la question écologique, la politique dans la cité, le pluralisme culturel et religieux ».

S’il est vrai que tout chrétien doit être en mesure de « donner les raisons de l’espérance qui est en nous », il est d’autant plus vrai que les jeunes sont particulièrement sensibles à la cohérence de ce qui leur est présenté. La pastorale jeunesse doit donc maintenir le riche patrimoine de dialogue entre foi et raison tel que développé par les grands docteurs et le récent Magistère de l’Église.

Enfants de Dieu dans toutes les sphères de la société

Le monde professionnel a malheureusement été peu abordé dans les cercles mineurs. Le Circulus Anglicus D a cependant sauvé la donne en mentionnant l’importance de présenter la foi comme une « aventure spirituelle » manifestant ainsi la possibilité de devenir « de grands avocats catholiques, de grands médecins catholiques, de grands journalistes catholiques et de grands entrepreneurs catholiques, etc. ». En effet, bien qu’étant pour la plupart en période de formation, les jeunes doivent aussi être en mesure de se projeter dans un futur où leur foi pourra se marier pleinement avec leurs aspirations professionnelles.

Ce même groupe, dont le Relateur était Mgr Robert Barron, poursuit en disant que « les jeunes ont soif de sainteté et ils désirent des formations pratiques capables de les aider à cheminer en ce sens ». Susciter chez les jeunes la responsabilité de créer des groupes de discussion et d’entraide permettant d’apprendre à assumer et traduire une identité catholique forte dans tous les corps de profession devrait être une priorité de la pastorale jeunesse d’aujourd’hui.

Une réflexion ouverte à tous

Le nombre de places dans le Hall du Synode étant limité, il est évident que tous ne pouvaient être invités à participer à ce Synode des jeunes. Toutefois, il est clair qu’une des conclusions de ce synode sera de leur faire plus de place dans les diocèses et les communautés chrétiennes afin de mettre sur pied ce renouvellement de la pastorale jeunesse.

En lien avec l’Exhortation apostolique post Synodale qui sera publiée à moyen terme, il est certain qu’une pastorale renouvelée pour et par les jeunes devra être mise établit au niveau local. En ce sens, nous pouvons tous participer à cette élaboration dans nos milieux en créant les espaces qu’ils pourront remplir de leur fougue, de leur enthousiasme et de leur soif de suivre authentiquement le Christ.

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