Discours du pape François pour l’ouverture du Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernements vocationnel »

(3 octobre 2018) Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François pour l’ouverture de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel »:

Chères Béatitudes, Éminences, Excellences, Chers frères et sœurs, très chers jeunes!

En entrant dans cette salle pour parler des jeunes, on sent déjà la force de leur présence qui émet positivité et enthousiasme, capables d’envahir et de réjouir non seulement cette salle, mais toute l’Église et le monde entier.

C’est pourquoi je ne peux pas commencer sans vous dire merci ! Merci à vous qui êtes présents, merci à toutes les personnes qui, au long d’un chemin de préparation de deux années, – ici dans l’Église de Rome et dans toutes les Églises du monde – ont travaillé avec dévouement et passion pour nous permettre de parvenir à ce moment. Merci infiniment au Cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du Synode, aux Présidents délégués, au Cardinal Sergio da Rocha, Rapporteur général, à Mgr Fabio Fabene, Sous-Secrétaire, aux officials du Secrétariat général et aux assistants; merci à vous tous, Pères synodaux, auditeurs, auditrices, experts et consulteurs ; aux Délégués fraternels ; aux traducteurs, aux choristes, aux journalistes. Merci infiniment à tous pour votre participation active et féconde.

Méritent un cordial merci les deux Secrétaires spéciaux, le Père Giacomo Costa, jésuite, et Don Rossano Sala, salésien, qui ont travaillé généreusement avec engagement et abnégation.

Je désire aussi remercier vivement les jeunes reliés à nous, en ce moment, et tous les jeunes qui de bien des façons ont fait entendre leurs voix. Je les remercie pour avoir voulu parier que cela vaut la peine de se sentir membres de l’Église ou d’entrer en dialogue avec elle, que cela vaut la peine d’avoir l’Église comme mère, comme éducatrice, comme maison, comme famille, capable, malgré les faiblesses humaines et les difficultés, de faire briller et de transmettre le message indémodable du Christ ; que cela vaut la peine de s’agripper à la barque de l’Eglise qui, même à travers les tempêtes impitoyables du monde, continue à offrir à tous refuge et hospitalité ; que cela vaut la peine de nous mettre à l’écoute les uns des autres ; que cela vaut la peine de nager à contrecourant et de s’attacher à des valeurs supérieures : la famille, la fidélité, l’amour, la foi, le sacrifice, le service, la vie éternelle.

Notre responsabilité ici au Synode est de ne pas les démentir, au contraire, de démontrer qu’ils ont eu raison de parier: vraiment cela vaut la peine, vraiment ce n’est pas du temps perdu!

Et je vous remercie en particulier, chers jeunes présents! Le chemin préparatoire au Synode nous a enseigné que l’univers des jeunes est tellement diversifié qu’il ne peut pas être totalement représenté, mais vous en êtes certainement un signe important. Votre participation nous remplit de joie et d’espérance.

Le Synode que nous allons vivre est un moment de partage. Je désire donc, au début du parcours de l’Assemblée synodale, vous inviter tous à parler avec courage et franchise, c’est-à-dire en intégrant liberté, vérité et charité. Seul le dialogue peut nous faire grandir. Une critique honnête et transparente est constructive et cela aide, au contraire des bavardages inutiles, des rumeurs, des conjectures et des préjugés.

Au courage de parler doit correspondre l’humilité de l’écoute. J’ai dit aux jeunes à l’occasion de la Réunion pré-synodale : « S’il dit quelque chose qui ne me plaît pas, je dois l’écouter encore plus, parce que chacun a le droit d’être écouté, comme chacun a le droit de parler ». Cette écoute ouverte requiert le courage de prendre la parole et de se faire la voix de tant de jeunes du monde qui ne sont pas présents. C’est cette écoute qui ouvre l’espace au dialogue. Le Synode doit être un exercice de dialogue, d’abord entre ceux qui y participent. Et le premier fruit de ce dialogue est que chacun s’ouvre à la nouveauté, à la modification de sa propre opinion grâce à ce qu’il a entendu des autres. C’est important pour le Synode. Beaucoup d’entre vous ont déjà préparé leur intervention avant de venir – et je vous remercie pour ce travail – mais je vous invite à vous sentir libres de considérer tout ce que vous avez préparé comme une ébauche provisoire ouverte aux éventuelles intégrations et modifications que le chemin synodal pourrait suggérer à chacun. Sentons-nous libres d’accueillir et de comprendre les autres et donc, de changer nos convictions et nos positions : c’est un signe de grande maturité humaine et spirituelle.

Le Synode est un exercice ecclésial de discernement. Franchise dans la parole et ouverture dans l’écoute sont fondamentales afin que le Synode soit un processus de discernement. Le discernement n’est pas un slogan publicitaire, ni une technique d’organisation, ni même une mode de ce pontificat, mais une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte de foi. Le discernement est la méthode et en même temps l’objectif que nous nous proposons : il se fonde sur la conviction que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire du monde, dans les évènements de la vie, dans les personnes que je rencontre et qui me parlent. Pour cela, nous sommes appelés à nous mettre à l’écoute de ce que l’Esprit nous suggère, avec des modalités et dans des directions souvent imprévisibles. Le discernement a besoin d’espace et de temps. Pour cette raison, je demande que pendant les travaux, en assemblée plénière et dans les groupes, toutes les cinq interventions, on observe un moment de silence – d’environ trois minutes – pour permettre à chacun de prêter attention aux résonances que les choses entendues suscitent dans son cœur, pour aller en profondeur et saisir ce qui touche le plus. Cette attention à l’intériorité est la clef pour réaliser le chemin de la reconnaissance, de l’interprétation et du choix.

Nous sommes signe d’une Église à l’écoute et en chemin. L’attitude de l’écoute ne peut pas se limiter aux paroles que nous échangerons pendant les travaux synodaux. Le chemin préparatoire à ce moment a mis en évidence une Église « en déficit d’écoute » aussi vis-à-vis des jeunes, qui souvent ne se sentent pas compris par l’Église dans leur originalité et donc pas accueillis pour ce qu’ils sont vraiment, et parfois même rejetés. Ce Synode a l’opportunité, la tâche et le devoir d’être signe de l’Église qui se met vraiment à l’écoute, qui se laisse interpeller par les requêtes de ceux qu’elle rencontre, qui n’a pas toujours une réponse préemballée déjà prête. Une Église qui n’écoute pas se montre fermée à la nouveauté, fermée aux surprises de Dieu, et ne pourra pas s’avérer crédible, en particulier pour les jeunes, qui inévitablement s’en éloigneront plutôt que de s’en approcher.

Sortons des préjugés et des stéréotypes. Un premier pas en direction de l’écoute est de libérer nos esprits et nos cœurs des préjugés et des stéréotypes : quand nous pensons savoir déjà qui est l’autre et ce qu’il veut, alors nous avons vraiment du mal à l’écouter sérieusement. Les rapports entre générations sont un terrain où les préjugés et les stéréotypes s’enracinent avec une facilité proverbiale, si bien que souvent nous ne nous en rendons même pas compte. Les jeunes sont tentés de considérer les adultes comme dépassés ; les adultes sont tentés de prendre les jeunes pour inexpérimentés, de savoir comment ils sont et surtout comment ils devraient être et se comporter. Tout cela peut constituer un obstacle important au dialogue et à la rencontre entre générations. La plus grande partie des personnes ici présentes n’appartient pas à la génération des jeunes, il est donc clair que nous devons surtout faire attention au risque de parler des jeunes à partir de catégories et de schémas mentaux désormais dépassés. Si nous savons éviter ce risque, alors nous contribuerons à rendre possible une alliance entre générations. Les adultes devront vaincre la tentation de sous évaluer les capacités des jeunes et de les juger négativement. J’ai lu autrefois que la première mention de ce fait remonte à 3000 ans avant JC, et a été découverte sur un vase d’argile de la Babylone antique, où il est écrit que la jeunesse est immorale et que les jeunes ne sont pas capables de sauvegarder la culture du peuple. Les jeunes, au contraire, doivent vaincre la tentation de ne pas écouter les adultes et de considérer les personnes âgées comme “des affaires anciennes, passées et ennuyeuses”, en oubliant qu’il est stupide de vouloir toujours partir de zéro comme si la vie commençait seulement avec chacun d’eux. En réalité, les personnes âgées, malgré leur fragilité physique, restent toujours la mémoire de notre humanité, les racines de notre société, le “pouls” de notre civilisation. Les mépriser, les rejeter, les enfermer dans des réserves isolées ou bien les envoyer promener est l’indice d’une concession à la mentalité du monde qui est en train de détruire nos maisons de l’intérieur. Négliger le trésor d’expérience dont toute génération hérite et transmet à l’autre est un acte d’autodestruction.

Il faut donc, d’une part, vaincre résolument la plaie du cléricalisme. En effet, l’écoute et la sortie des stéréotypes sont aussi un puissant antidote contre le risque du cléricalisme, auquel une assemblée comme celle-ci est inévitablement exposée, au-delà des intentions de chacun de nous. Il naît d’une vision élitiste et exclusive de la vocation qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire appartenir à un groupe qui possède toute les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’apprendre quoique ce soit. Le cléricalisme est une perversion et est la racine de nombreux maux dans l’Eglise : nous devons en demander humblement pardon et surtout créer les conditions pour qu’ils ne se répètent pas.

Mais il faut, d’autre part, soigner le virus de l’autosuffisance et des conclusions hâtives de nombreux jeunes. Un proverbe égyptien dit : “Si dans ta maison il n’y a pas de personne âgée, achète-la car elle te servira”. Répudier et rejeter tout ce qui a été transmis au cours des siècles conduit uniquement à un dangereux égarement qui, malheureusement, est en train de menacer notre humanité ; cela conduit à un état de désenchantement qui a envahi les cœurs de générations entières. L’accumulation des expériences humaines au cours de l’histoire est le trésor le plus précieux et crédible dont les générations héritent l’une de l’autre. Sans oublier jamais la révélation divine, qui illumine et donne sens à l’histoire et à notre existence.

Que le Synode réveille nos cœurs ! Le présent, y compris celui de l’Eglise, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. Mais la foi nous dit qu’il est aussi le kairos où le Seigneur vient à notre rencontre pour nous aimer et nous appeler à la plénitude de la vie. L’avenir n’est pas une menace qu’il faut craindre, mais il est le temps que le Seigneur nous promet pour que nous puissions faire l’expérience de la communion avec lui, avec les frères et avec toute la création. Nous avons besoin de retrouver les raisons de notre espérance et surtout de les transmettre aux jeunes qui sont assoiffés d’espérance : comme l’affirmait le Concile Vatican II : « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer » (Const. past. Gaudium et spes, n. 31).

La rencontre entre générations peut être extrêmement féconde et en mesure de générer l’espérance. Le prophète Joël nous l’enseigne – je le rappelais aussi aux jeunes de la Rencontre pré- synodale – en ce que je pense être la prophétie de notre époque : « Vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (3, 1).

Il n’y a pas besoin d’argumentations théologiques sophistiquées pour montrer notre devoir d’aider le monde contemporain à marcher vers le Royaume de Dieu, sans fausses espérance et sans voir seulement ruines et malheurs. En effet, saint Jean XXIII, en parlant des personnes qui analysent les faits sans objectivité suffisante, ni prudence dans le jugement, affirmait : « Dans les conditions actuelles de la société humaine, elles ne sont pas capables de voir autre chose que ruines et malheurs ; elles disent que notre époque, si nous la comparons aux siècles passés, semble pire ; et elles en arrivent à se comporter comme si elles n’avaient rien apprendre de l’histoire qui est maîtresse de vie » (Discours pour l’ouverture solennelle du Concile Vatican II, 11 octobre 1962).

Ne nous laissons donc pas tenter par les “prophéties de malheur”, ne dépensons pas nos énergies à « compter les échecs et ressasser les amertumes », ayons le regard fixé sur le bien qui « souvent ne fait pas de bruit, n’est pas le thème des blogs et ne fait pas la une des journaux», et ne soyons pas effrayés «devant les blessures de la chair du Christ, toujours infligées par le péché et souvent par les enfants de l’Eglise » (cf. Discours aux Evêques de nomination récente participant au cours organisé par les Congrégations pour les Evêques et pour les Eglises Orientales, 13 septembre 2018).

Engageons-nous donc à chercher à “fréquenter l’avenir”, et à faire sortir de ce synode non seulement un document – qui est en général lu par un petit nombre et critiqué par beaucoup –, mais surtout des propositions pastorales concrètes en mesure de réaliser la tâche du Synode lui-même, c’est-à-dire celle de faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains, et inspire aux jeunes – à tous les jeunes, personne n’est exclu – la vision d’un avenir rempli de la joie de l’Evangile.

[01531-FR.01] [Texte original: Italien]

Homélie du pape François lors de la Messe pour le Synode des jeunes


Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François tel que prononcée lors de la Messe d’ouverture du Synode sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » en la Place Saint-Pierre de Rome:

« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26).

De cette manière très simple, Jésus offre à ses disciples la garantie qu’il accompagnera toute l’œuvre missionnaire qui leur sera confiée : l’Esprit Saint sera le premier à garder et à maintenir toujours vivante et actuelle la mémoire du Maître dans le cœur des disciples. C’est Lui qui permettra que la richesse et la beauté de l’Evangile soient source de joie et de nouveauté constantes.

Au début de ce moment de grâce pour toute l’Église, en syntonie avec la Parole de Dieu, demandons avec insistance au Paraclet qu’il nous aide à faire mémoire et à raviver les paroles du Seigneur qui ont fait brûler notre cœur (cf. Lc 24, 32). Ardeur et passion évangélique qui engendrent l’ardeur et la passion pour Jésus. Mémoire qui puisse réveiller et renouveler en nous la capacité de rêver et d’espérer. Parce que nous savons que nos jeunes seront capables de prophétie et de vision dans la mesure où, désormais adultes ou âgés, nous sommes capables de rêver et ainsi de rendre contagieux et de partager les rêves et les espérances que nous portons dans notre cœur (cf. Jl 3, 1).

Que l’Esprit nous donne la grâce d’être des Pères synodaux oints du don des rêves et de l’espérance, afin que nous puissions, à notre tour, oindre nos jeunes du don de la prophétie et de la vision ; qu’il nous donne la grâce d’être une mémoire active, vivante, efficace, qui de génération en génération ne se laisse pas étouffer ni écraser par des prophètes de calamités et de malheur, ni par nos limites, erreurs et péchés, mais qui est capable de trouver des espaces pour enflammer le cœur et discerner les chemins de l’Esprit. C’est avec cette attitude d’écoute docile de la voix de l’Esprit que nous sommes réunis de toutes les parties du monde. Aujourd’hui, pour la première fois, sont aussi ici avec nous deux confrères évêques de la Chine continentale. Nous leur exprimons notre chaleureuse bienvenue : la communion de l’Episcopat tout entier avec le Successeur de Pierre est encore plus visible grâce à leur présence.

Oints dans l’espérance, nous commençons une nouvelle rencontre ecclésiale capable d’élargir les horizons, de dilater le cœur et de transformer ces structures qui aujourd’hui nous paralysent, nous séparent et nous éloignent des jeunes, les laissant exposés aux intempéries et orphelins d’une communauté de foi qui les soutienne, d’un horizon de sens et de vie (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 49).

L’espérance nous interpelle, nous déplace et rompt avec le conformisme du “on a toujours fait ainsi”, et elle nous demande de nous lever pour regarder directement le visage des jeunes et les situations dans lesquelles ils se trouvent. La même espérance nous demande de travailler pour renverser les situations de précarité, d’exclusion et de violence, auxquelles sont exposés nos enfants.

Les jeunes, qui sont le fruit de nombreuses décisions prises dans le passé, nous appellent à prendre en charge avec eux le présent, en nous engageant davantage et à lutter contre ce qui, de toutes les façons, empêche leur vie de se développer avec dignité. Ils nous demandent et exigent un dévouement créatif, une dynamique intelligente, enthousiaste et pleine d’espérance, et que nous ne les laissions pas seuls aux mains de tant de marchands de mort qui oppriment leur vie et obscurcissent leur vision.

Cette capacité de rêver ensemble, qu’aujourd’hui le Seigneur nous offre à nous comme Église, exige – selon ce que disait Saint Paul dans la première Lecture – de développer entre nous une attitude bien précise: « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts; pensez aussi à ceux des autres » (Ph 2, 4). Et en même temps, il vise plus haut, demandant qu’avec humilité nous considérions les autres supérieurs à nous-mêmes (cf. v. 3). Avec cet esprit nous chercherons à nous mettre à l’écoute les uns des autres pour discerner ensemble ce que le Seigneur demande à son Église. Et cela exige de nous que nous soyons attentifs et veillions bien à ce que ne prévale pas la logique de l’auto-préservation et de l’autoréférentialité, qui finit par faire devenir important ce qui est secondaire et secondaire ce qui est important. L’amour pour l’Evangile et pour le peuple qui nous a été confié nous demande d’élargir le regard et de ne pas perdre de vue la mission à laquelle il nous appelle pour viser un plus grand bien qui profitera à nous tous. Sans cette attitude, tous nos efforts seront vains.

Le don de l’écoute sincère, priante et le plus possible sans préjugés ni conditions nous permettra d’entrer en communion avec les diverses situations que vit le Peuple de Dieu. Ecouter Dieu, pour écouter avec lui le cri des gens; écouter les gens pour respirer avec eux la volonté à laquelle Dieu nous appelle (cf. Discours lors de la veillée de prière en préparation au Synode sur la famille, 4 octobre 2014).

Cette attitude nous défend de la tentation de tomber dans une position moralisante ou élitiste, comme aussi de l’attraction pour des idéologies abstraites qui ne correspondent jamais à la réalité de nos gens (cf. J.M. BERGOGLIO, Meditaciones para religiosos, 45-46).

Frères, plaçons ce temps sous la protection maternelle de la Vierge Marie. Femme de l’écoute et de la mémoire, qu’elle nous accompagne pour reconnaître les traces de l’Esprit afin que, avec empressement (cf. Lc 1, 39), entre rêves et espérances, nous accompagnions et stimulions nos jeunes afin qu’ils ne cessent pas de prophétiser.

Pères synodaux, beaucoup d’entre nous étaient jeunes ou faisaient leurs premiers pas dans la vie religieuse alors que se terminait le Concile Vatican II. Aux jeunes d’alors a été adressé le dernier message des Pères conciliaires. Cela nous fera du bien de repasser de nouveau dans notre cœur ce que nous avons entendu lorsque nous étions jeunes en rappelant les paroles du poète: que «l’homme conserve ce qu’il a promis lorsqu’il était enfant » (F. HÖLDERLIN)

Les Pères conciliaires nous ont ainsi parlé: « L’Église, quatre années durant, vient de travailler à rajeunir son visage, pour mieux répondre au dessein de son Fondateur, le grand Vivant, le Christ éternellement jeune. Et au terme de cette imposante “révision de vie”, elle se tourne vers vous. C’est pour vous, les jeunes, pour vous surtout, qu’elle vient, par son Concile, d’allumer une lumière: lumière qui éclaire l’avenir, votre avenir. L’Église est soucieuse que cette société que vous allez constituer respecte la dignité, la liberté, le droit des personnes: et ces personnes, c’est vous […] Elle a confiance […] que vous saurez affirmer votre foi dans la vie et dans ce qui donne un sens à la vie: la certitude de l’existence d’un Dieu juste et bon.

C’est au nom de ce Dieu et de son Fils Jésus que nous vous exhortons à élargir vos cœurs aux dimensions du monde, à entendre l’appel de vos frères et à mettre hardiment à leur service vos jeunes énergies. Luttez contre tout égoïsme. Refusez de laisser libre cours aux instincts de violence et de haine, qui engendrent les guerres et leur cortège de misères. Soyez généreux, purs, respectueux, sincères. Et construisez dans l’enthousiasme un monde meilleur que celui de vos aînés! » (PAUL VI, Message aux jeunes à la fin du Concile Vatican II, 8 décembre 1965).

Pères synodaux, l’Église vous regarde avec confiance et amour.

La CECC à 75 ans : Souvenirs des Présidents

Vous trouverez ci-dessus le documentaire intitulé « La CECC à 75 ans: Souvenirs des Présidents ». Production originale de Télévision Sel et Lumière, ce documentaire relate les moments forts de la Conférence des évêques catholiques du Canada alors qu’elle fête cette année son 75e anniversaire. Découvrez la vie et l’oeuvre de cette institution incontournable de la vie de l’Église au Canada par l’entremise des témoignages de nombreux évêques qui furent présidents de cette institution vénérable.

Instrumentum Laboris: chemin de créativité pour l’action pastorale de l’Église

CNS photo/Vatican Media

Le 8 mai dernier, l’Église publiait l’Instrumentum Laboris du Synode à venir portant sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». D’une soixantaine de pages, ce document a pour but de guider les réflexions et les discussions des pères synodaux lors de la rencontre d’octobre prochain. Divisé en trois parties et s’inspirant d’une panoplie de sources (dont le pré-synode des jeunes), ce texte explore à la fois la réalité concrète des jeunes d’aujourd’hui, la foi, le discernement ainsi que les choix propres à cette étape de la vie. Nous parcourrons ces trois parties dans les prochaines semaines. Ce texte étant de par sa nature, universel, je m’attarderai surtout aux éléments concernant davantage la jeunesse occidentale.

Dans son ensemble, la première partie offre une description de ce en quoi consiste être jeune aujourd’hui. Partant des caractéristiques objectives qui constituent de tout temps cette étape de la vie que l’on nomme « jeunesse », il contient de nombreux éléments pour réfléchir aux beautés et aux défis que représente le fait d’être jeune au XXIe siècle.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous sommes invités, dans un premier temps, à considérer plusieurs caractéristiques objectives de cette étape de la vie et, dans un deuxième temps, à voir ses conditions de réalisation à l’heure actuelle. Ainsi, l’Instrumentum Laboris montre les chemins de créativité pour l’action pastorale de l’Église.

La liberté au service du développement

On souligne d’abord le fait que la jeunesse est une étape du développement de la personne humaine; une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte où se construisent tout particulièrement des éléments comme l’identité (no 16), les compétences professionnelles (no 154), les talents, la créativité (no 27), la capacité d’aimer (no 79), le sens critique (no 75), etc. Toutefois, la jeunesse de notre époque semble traiter cette étape d’une manière très particulière. En effet, on note d’abord que « la transition à l’âge adulte est devenue un chemin long, complexe et non linéaire, où alternent des pas en avant et des pas en arrière » (no 16) tout en soulignant la « demande d’espaces croissants de liberté, d’autonomie et d’expression (no 8).

Faire le pont entre la volonté de développement personnel inhérente à la jeunesse sans que soient perçus les choix nécessaires à cette évolution comme étant des atteintes à la liberté de chaque personne, voilà un nœud où l’Église peut manifester toute sa pertinence. En effet, « la joie de l’Évangile fait grandir le désir ; non seulement cultiver ses rêves, mais aussi franchir des pas concrets en intégrant les contraintes de la vie » (no 125).

Des chercheurs de sens

Une deuxième caractéristique des jeunes de tout temps est leur ardeur à chercher la vérité. De fait « les jeunes sont de grands chercheurs de sens et tout ce qui rejoint leur quête de sens pour donner de la valeur à leur vie suscite leur attention et motive leurs efforts (no 7). De cet élément fondamental découle, par exemple, l’importance qu’ils accordent à toutes les formes d’art (no 38) ainsi qu’une insatisfaction croissante « par rapport à une vision du monde purement immanente, véhiculée par le consumérisme et par le réductionnisme scientiste » (no 63). Devant l’immensité des possibilités qu’offre notre monde ultra connecté, on peut comprendre l’émergence de « la déprime et l’ennui » (no 35) croissant chez les jeunes pour qui disponibilité rime avec indifférence et apathie. Comme on dit « trop de choix c’est comme pas assez ».

Dans ce contexte, l’Église est en mesure d’offrir une verticalité de laquelle émerge une hiérarchie de priorités. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent donc être très sensibles aux propositions de l’Évangile. Le besoin que l’on ressent fortement chez les jeunes religieux d’une « exigence de radicalité́ est forte » (no 72) en est un exemple. Comment l’Église peut-elle offrir ce sain encadrement qui, respectant les exigences de la liberté, offre le repère essentiel pour faire des choix éclairés ? Voilà une question à laquelle le Synode pourra offrir des éléments de réponse.

Des modèles pour une vie réussie

Une troisième caractéristique de la jeunesse est celle d’être « le moment d’un saut qualitatif, au niveau de l’implication personnelle, dans les relations et les engagements, et de la capacité d’intériorité et de solitude » (no 18). Or, cette évolution représente souvent un saut vers l’inconnu, une période mouvementée où semble indispensable la présence de « modèles » (no 21) permettant au jeune de concevoir positivement pour lui-même ce qu’il n’est pas encore. Or, notre société faillit trop souvent à fournir ces mêmes modèles si essentiels à la formation de la personnalité. Par exemple, on peut concevoir les conséquences dramatiques du fait de « l’absence de leadership fiable, à différents niveaux et dans le domaine civil aussi bien qu’ecclésial » (no 59) ainsi que « la figure paternelle dont l’absence ou l’évanescence dans certains contextes, en particulier occidentaux, produit ambiguïtés et vides ». Comme l’affirme le document, « le point problématique est alors la liquidation de l’âge adulte, qui est la vraie marque de l’univers culturel occidental. Il ne nous manque pas seulement des adultes dans la foi, il nous manque des adultes “tout court” » (no 14).

Nul doit être surpris de la culture de l’isolement et de « l’entre-soi » qui fait que « malgré le fait de vivre dans un monde hyper-connecté, la communication entre les jeunes se limite aux personnes qui leur ressemblent » (no 56-58). Faute de modèles à la hauteur de leurs attentes, les jeunes se regroupent souvent entre eux, empêchant ainsi tout « saut qualitatif » par effet de stagnation. Dans ce contexte, l’Église doit offrir à la jeunesse les modèles dont elle a plus que jamais besoin. Les saints passés, présents et à venir doivent et l’appel universel à la sainteté fera donc assurément l’objet de discussions lors du Synode.

Changement d’époque, changement de paradigme

Le monde vit actuellement de profondes transformations. Étrangement, la société actuelle ressemble, en de nombreux points, à la jeunesse elle-même. Tout comme la jeunesse, notre culture n’est, par elle-même, ni en mesure de réconcilier la liberté avec les choix essentiels au plein épanouissement humain, ni en mesure de donner du sens à la vie, à la souffrance en lui donnant son horizon vertical, ni en mesure d’offrir les modèles nécessaires au déploiement du potentiel présent en chaque jeune.

L’Église doit donc prendre ses responsabilités en devenant elle-même le lieu de tous les épanouissements. Alors que l’époque même dans laquelle nous vivons peut être qualifiée « d’ère de la jeunesse », ces jeunes peuvent s’engager avec l’Institution ecclésiale dans une relation de collaboration réciproque. Pendant que l’une recevra les instruments pour gagner en maturité, l’autre pourra, grâce aux talents et à la fougue de la jeunesse, passer au travers de notre époque de transition sans y avoir perdu trop de plume.

La semaine prochaine, nous poursuivrons notre analyse de l’Instrumentum Laboris en explorant la réalité de la foi et du discernement vocationnel.

Église en sortie 15 juin 2018

Cette semaine pour la dernière émission d’Église en sortie de la saison, Francis Denis reçoit le prêtre, chanteur, prédicateur français Michel-Marie Zanotti-Sorkine avec qui il discute des sujets chauds de l’actualités ecclesiale tel que la paroisse au XXIe siècle, les sacrements, la foi, l’évangélisation, les jeunes et le discernement vocationnel. On vous présente également un vidéo rétrospective de la Procession de la Fête-Dieu dans les rues de Montréal.

Le souffle de l’Esprit au rythme du poumon de la terre

CNS/Paul Haring

Le 8 juin dernier, le Secrétariat général du Synode des évêques a publié le document préparatoire à l’assemblée spéciale du Synode des évêques d’octobre 2019 sur l’Amazonie. Intitulé « Amazonie : Nouveaux chemins pour l’Église et pour l’écologie intégrale », ce document est très intéressant tant du point de vue de son contenu spécifiquement dédié au poumon de la Terre que de sa pertinence pour l’ensemble de l’Église universelle. Pouvant être considéré comme une mise en pratique des principes généraux élaborés dans l’encyclique Laudato Sì, ce document met la table non seulement pour une réflexion plus approfondie sur l’engagement de l’Église envers les plus pauvres et l’environnement mais également pour la conversion missionnaire de l’Église.

Laudato Sì en acte

Un des points les plus importants et originaux de l’encyclique Laudato Sì est sans contredit le fait de manifester le « lien intrinsèque entre le social et l’environnemental » (no 9). De fait, l’accroissement des inégalités des chances de notre monde actuel va de pair avec la détérioration de l’environnement. Que les populations les plus pauvres soient également les plus vulnérables aux changements climatiques, cela ne fait aucun doute. Que les différentes solutions aux problèmes de la pauvreté endémique soient les mêmes que celles visant la protection de l’environnement, cela est beaucoup plus subtil. Il est donc nécessaire d’amorcer une réflexion sur la mise en application d’une écologie intégrale. En un mot, elle ne peut rester que théorique. Or, « dans la forêt amazonienne, […] une crise profonde a été déclenchée par une intervention humaine prolongée où prédomine une « culture du déchet » (LS 16) et une mentalité d’extraction » (Préambule). La réflexion de l’Église pour une écologie intégrale pourra montrer au monde l’étendue du potentiel que comporte une telle approche.

Dans un premier temps, l’Église doit manifester comment un développement humain intégral doit impérativement se faire en dialogue avec les populations directement touchées, en l’occurrence les autochtones et qui sont souvent « victimes aujourd’hui d’un néocolonialisme féroce « sous couvert de progrès » » (no4). En ce sens, même les agences dites « environnementales » doivent faire attention à ne pas imposer une vision de l’écologisme trop restreinte culturellement et provenant « de la perversion de certaines politiques qui promeuvent “ la conservation ” de la nature sans tenir compte de l’être humain et concrètement de vous frères amazoniens qui y habitez » (no 5). Ainsi, ne cherchant pas à imposer des solutions provenant de l’extérieur et parfois mésadaptées aux situations concrètes, l’Église et les différents acteurs pourront se mettre à l’écoute de ces peuples dont la sagesse ancestrale recèle des secrets insoupçonnés » (no6).

Un chemin pour et avec les peuples autochtones 

Dans ce contexte, l’Église, dans son domaine d’expertise propre, souhaite contribuer de manière significative à changer « le paradigme historique selon lequel les États considèrent l’Amazonie comme une réserve de ressources naturelles, plus importantes que la vie des peuples natifs et sans considération pour la destruction de la nature » (no 13). Il convient donc que l’Église elle-même effectue ce changement d’abord en évacuant les « vestiges du projet de colonisation » (no 4) qui, malgré les 500 ans qui nous en séparent, continuent à faire des ravages. Pour ce faire, il est central de garder en tête que  « la défense de la terre n’a d’autre finalité que la défense de la vie » (no 5) mais également que cette même finalité se trouve magnifiquement illustrée dans les « diverses cosmovisions ancestrales de ses populations » (no 9). Dans ces « semences et les fruits du Verbe déjà présents dans la cosmovision de ses peuples » (no 15) et dont la complémentarité avec l’Évangile n’attend que sa pleine manifestation.

« Cette dimension sociale – et même cosmique – de la mission évangélisatrice, est particulièrement importante en terre amazonienne, où l’interconnexion entre la vie humaine, les écosystèmes et la vie spirituelle fut et continue d’être très claire pour la grande majorité de ses habitants (no 8).

La démarche synodale menant à octobre 2019 sera donc une belle façon de nous laisser nous-mêmes évangéliser au contact de l’autre. En effet, bien qu’en l’Église catholique « subsiste » (LG 8) le dépôt de la foi et le trésor de la plénitude de la Révélation qu’est Jésus-Christ présent dans l’Eucharistie, nos communautés chrétiennes sont parfois influencées par la culture sécularisée dominante dans nos sociétés qui nous empêche d’avoir un regard sacré sur le monde qui nous entoure. En ce sens, les peuples autochtones de tous les continents ont beaucoup à nous apprendre, spécialement dans le fait de reconnaître la transcendance et les principes éthiques qui en découlent. Ainsi, puisque « l’écologie intégrale nous invite donc à une conversion intégrale » (no 9), celle-là même qui redonnera à notre Église son visage de jeunesse « resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel » (Eph, 5, 27).

Conclusion

Que ce soit par sa volonté d’appliquer concrètement les principes de Laudato Sì, d’approfondir les réflexions sur les solutions à apporter aux changements climatiques et l’accroissement de la pauvreté, de développer une pastorale de la rencontre avec les peuples autochtones, de s’inspirer de leur sagesse ancestrale afin de comprendre les différents chemins de Dieu pour notre siècle et le Peuple de Dieu qui s’y trouve ou les différentes questions posées aux communautés locales dans un questionnaires sérieux, ce document « Amazonie : Nouveaux chemins pour l’Église et pour l’écologie intégrale » permettra à tous les acteurs, hommes et femmes de bonne volonté, de mettre leur génie au service d’un discernement  ne laissant personne de côté.

Message du pape François pour la Journée missionnaire mondiale 2018

CNS photo/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte officiel du Message du pape François pour la Journée mondiale missionnaire 2018:

Avec les jeunes, portons l’Évangile à tous

Chers jeunes, avec vous je désire réfléchir sur la mission que Jésus nous a confiée. En m’adressant à vous, j’entends inclure tous les chrétiens, qui vivent dans l’Eglise l’aventure de leur existence comme enfants de Dieu. Ce qui me pousse à parler à tous, en dialoguant avec vous, c’est la certitude que la foi chrétienne reste toujours jeune quand on s’ouvre à la mission que le Christ nous confie. « La mission renforce la foi » (Lett. Enc. Redemptoris missio, n. 2), a écrit saint Jean-Paul II, un Pape qui a beaucoup aimé les jeunes et leur a manifesté un grand dévouement.

L’occasion du Synode que nous célébrerons à Rome au mois d’octobre prochain, mois missionnaire, nous offre l’opportunité de mieux comprendre, à la lumière de la foi, ce que le Seigneur Jésus veut vous dire à vous les jeunes et, à travers vous, aux communautés chrétiennes.

La vie est une mission

Chaque homme et chaque femme est une mission, et c’est la raison pour laquelle on vit sur la terre. Etre attirés et être envoyés sont les deux mouvements que notre cœur, surtout quand on est jeune, sent comme des forces intérieures de l’amour qui promettent un avenir et poussent notre existence en avant. Personne autant que les jeunes ne sent combien la vie fait irruption et attire. Vivre avec joie sa propre responsabilité pour le monde est un grand défi. Je connais bien les lumières et les ombres propres au fait d’être jeunes, et si je pense à ma jeunesse et à ma famille, je me rappelle l’intensité de l’espérance pour un avenir meilleur. Le fait de ne pas nous trouver en ce monde par notre décision, nous laisse entrevoir qu’il y a une initiative qui nous précède et nous donne d’exister. Chacun de nous est appelé à réfléchir sur cette réalité : « Je suis une mission sur cette terre, et pour cela je suis dans ce monde » (Exh. ap. Evangelii gaudium, n. 273).

Nous vous annonçons Jésus Christ

L’Église, en annonçant ce qu’elle a gratuitement reçu (cf. Mt 10, 8 ; Ac 3, 6), peut partager avec vous les jeunes le chemin et la vérité qui conduisent à donner sens au fait de vivre sur cette terre. Jésus Christ, mort et ressuscité pour nous, s’offre à notre liberté et la provoque à chercher, à découvrir et à annoncer ce sens véritable et plénier. Chers jeunes, n’ayez pas peur du Christ et de son Eglise ! En eux se trouve le trésor qui remplit la vie de joie. Je vous le dis par expérience : grâce à la foi, j’ai trouvé le fondement de mes rêves et la force de les réaliser. J’ai vu beaucoup de souffrance, beaucoup de pauvreté défigurer les visages de tant de frères et sœurs. Pourtant, pour celui qui vit avec Jésus, le mal est une provocation à aimer toujours plus. Beaucoup d’hommes et de femmes, beaucoup de jeunes se sont généreusement donnés eux-mêmes, parfois jusqu’au martyre, par amour de l’Evangile, au service de leurs frères. De la croix de Jésus, découvrons la logique divine de l’offrande de nous- mêmes (cf. 1 Co 1, 17-25) comme annonce de l’Evangile pour la vie du monde (cf. Jn 3, 16). Être enflammés de l’amour du Christ consume celui qui brûle et fait grandir, illumine et réchauffe celui qu’on aime (cf. 2 Co 5, 14). A l’école des saints, qui nous ouvrent aux vastes horizons de Dieu, je vous invite à vous demander en toute circonstance : « Que ferait le Christ à ma place ? ».

Transmettre la foi jusqu’aux extrêmes confins de la terre

Vous aussi, les jeunes, par le Baptême vous êtes des membres vivants de l’Église, et ensemble nous avons la mission de porter l’Évangile à tous. Vous êtes en train de vous ouvrir à la vie. Grandir dans la grâce de la foi qui nous a été transmise par les Sacrements de l’Église nous associe à un grand nombre de générations de témoins, où la sagesse de celui qui a l’expérience devient un témoignage et un encouragement pour celui qui s’ouvre à l’avenir. Et la nouveauté des jeunes devient, à son tour, soutien et espérance pour celui qui est proche du but de son chemin. Dans la cohabitation des divers âges de la vie, la mission de l’Église construit des ponts entre les générations, grâce auxquels la foi en Dieu et l’amour pour le prochain constituent des facteurs d’unité profonde.

Cette transmission de la foi, cœur de la mission de l’Église, arrive donc par la “contagion” de l’amour, où la joie et l’enthousiasme expriment le sens retrouvé et plénier de la vie. La propagation de la foi par attraction exige des cœurs ouverts, dilatés par l’amour. À l’amour il n’est pas possible de mettre des limites : l’amour est fort comme la mort (cf. Ct 8, 6). Et une telle expansion suscite la rencontre, le témoignage, l’annonce ; elle suscite le partage dans la charité avec tous ceux qui, loin de la foi, se montrent indifférents à elle, parfois hostiles et opposés. Des milieux humains, culturels et religieux encore étrangers à l’Évangile de Jésus et à la présence sacramentelle de l’Église représentent les périphéries extrêmes, les “extrêmes confins de la terre”, vers lesquels, depuis la Pâque de Jésus, ses disciples missionnaires sont envoyés, dans la certitude d’avoir toujours leur Seigneur avec eux (cf. Mt 28, 20 ; Ac 1, 8). En cela consiste ce que nous appelons la missio ad gentes.

La périphérie la plus désolée de l’humanité qui a besoin du Christ est l’indifférence envers la foi ou encore la haine contre la plénitude divine de la vie. Chaque pauvreté matérielle et spirituelle, chaque discrimination de frères et de sœurs est toujours une conséquence du refus de Dieu et de son amour.

Les extrêmes confins de la terre, chers jeunes, sont pour vous aujourd’hui très relatifs et toujours facilement “navigables”. Le monde digital, les réseaux sociaux qui nous envahissent et nous traversent, diluent les confins, effacent les marges et les distances, réduisent les différences. Tout semble à portée de main, tout semble si proche et immédiat. Pourtant sans l’engagement du don de nos vies, nous pourrons avoir des myriades de contacts mais nous ne serons jamais plongés dans une véritable communion de vie. La mission jusqu’aux extrêmes confins de la terre exige le don de soi- même dans la vocation qui nous a été confiée par Celui qui nous a placés sur cette terre (cf. Lc 9, 23- 25). J’oserais dire que, pour un jeune qui veut suivre le Christ, l’essentiel est la recherche et l’adhésion à sa propre vocation.

Témoigner de l’amour

Je rends grâce pour toutes les réalités ecclésiales qui vous permettent de rencontrer personnellement le Christ vivant dans son Église : les paroisses, les associations, les mouvements, les communautés religieuses, les différentes expressions de service missionnaire. Beaucoup de jeunes trouvent dans le volontariat missionnaire, une forme pour servir les “plus petits” (cf. Mt 25, 40), promouvant la dignité humaine et témoignant de la joie d’aimer et d’être chrétiens. Ces expériences ecclésiales font en sorte que la formation de chacun ne soit pas seulement une préparation pour son propre succès professionnel, mais développe et prenne soin d’un don du Seigneur pour mieux servir les autres. Ces formes louables de service missionnaire temporaire sont un début fécond et, dans le discernement vocationnel, peuvent vous aider à vous décider pour un don total de vous-mêmes comme missionnaires.

De cœurs jeunes sont nées les Œuvres Pontificales Missionnaires, pour soutenir l’annonce de l’Évangile à tous les peuples, contribuant à la croissance humaine et culturelle de tant de populations assoiffées de Vérité. Les prières et les aides matérielles, qui sont généreusement données et distribuées à travers les OPM, aident le Saint-Siège à faire en sorte que ceux qui les reçoivent pour leurs propres besoins puissent à leur tour, être capables de porter témoignage dans leur milieu. Personne n’est si pauvre au point de ne pas pouvoir donner ce qu’il a, mais avant tout ce qu’il est. J’aime répéter l’exhortation que j’ai adressée aux jeunes chiliens : « Ne pense jamais que tu n’as rien à apporter, ou que tu ne manques à personne. Beaucoup de gens ont besoin de toi ; sache-le. Que chacun de vous le sache dans son cœur : beaucoup de gens ont besoin de moi » (Rencontre avec les jeunes, Sanctuaire de Maipu, 17 janvier 2018).

Chers jeunes, le prochain mois d’octobre missionnaire, au cours duquel se déroulera le Synode qui vous est dédié, sera une autre occasion pour nous donner d’être des disciples-missionnaires toujours plus passionnés pour Jésus et sa mission, jusqu’aux extrêmes confins de la terre. A Marie Reine des Apôtres, aux saints François Xavier et Thérèse de l’Enfant-Jésus, au bienheureux Paolo Manna, je demande d’intercéder pour nous tous et de nous accompagner toujours.

[Texte original: Français]

FRANCISCUS

Document final de la réunion presynodale des jeunes (traduction non-officielle)

 
«LES JEUNES, LA FOI ET LE DISCERNEMENT VOCATIONNEL»
ROME, 19-24 MARS 2018
INTRODUCTION
Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à de nombreux défis et opportunités. La plupart sont liés à des contextes spécifiques et d’autres sont partagés par tous les continents. Dans ce contexte, il est nécessaire que l’Eglise travaille sa manière d’appréhender les jeunes, afin qu’elle soit pour eux un guide constructif et pertinent.
Ce document est une synthèse qui exprime certaines de nos pensées et expériences. Il est important de noter que ce sont là des réflexions de jeunes du 21ème siècle, de différentes religions et différentes cultures. Avec cela à l’esprit, l’Eglise doit considérer ces réflexions non pas comme une analyse empirique d’un temps du passé, mais plutôt comme un état des lieux de ce que nous sommes aujourd’hui, de là où nous nous dirigeons. Nous proposons ces réflexions comme un indicateur de ce que l’Eglise a besoin de faire pour avancer.
Il est important, en premier lieu, de clarifier les paramètres de ce document. Il ne s’agit pas de composer un traité théologique, ni d’établir un nouvel enseignement de l’Eglise. Il s’agit plutôt d’une déclaration reflétant les réalités spécifiques, personnalités, croyances et expériences des jeunes du monde entier. Ce document est destiné aux Pères Synodaux. Il s’agit de donner aux évêques une boussole, les guidant vers une compréhension claire des jeunes : une aide pour le Synode des évêques sur la jeunesse, la foi et le discernement, au mois d’octobre 2018. Il est important que ces expériences soient vues et comprises en fonction des différents contextes dans lesquels les jeunes sont situés.
Ces réflexions sont nées de la rencontre de 300 jeunes représentants du monde entier, convoqués à Rome du 19 au 25 mars 2018 à l’occasion du Pré-Synode pour les jeunes et la participation en ligne de 15 000 jeunes, à travers les groupes Facebook.
Ce document est un résumé de toutes les contributions des participants basé sur le travail de 20 groupes de langues et 6 autres provenant des réseaux sociaux. Cela sera une composante, parmi d’autres, de l’Instrumentum Laboris, pour le Synode des Evêques de 2018. Nous espérons que l’Eglise et d’autres institutions peuvent s’inspirer de cette méthode de travail du Pré-Synode et écouter davantage la voix des jeunes.
Ayant compris cela, nous pouvons aller plus loin pour réfléchir avec ouverture et foi sur la situation des jeunes aujourd’hui : les lieux ou les jeunes se retrouvent, les expériences relationnelles qui fondent leur personnalité, comment l’Eglise les aide à comprendre plus profondément qui ils sont et leur place dans le monde.
PREMIERE PARTIE
DEFIS ET OPPORTUNITES DES JEUNES DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI
1. La formation de la personnalité
Les jeunes sont à la recherche de communautés qui les accompagnent, qui les fassent grandir, qui soient authentiques et accessibles, qui les valorisent. Ils sont conscients des lieux qui les aident à développer leur personnalité, particulièrement la famille qui occupe une place privilégiée. Dans de nombreuses régions du monde, le rôle des ainés et la référence aux ancêtres contribuent à la formation de la personnalité. Cependant, cette référence n’est pas partagée de manière universelle, le modèle familial traditionnel étant en déclin dans d’autres régions du monde. L’affaiblissement de ce modèle est source de souffrance pour les jeunes. Certains jeunes s’éloignent de leurs traditions familiales, espérant s’affranchir de ce qu’ils considèrent comme « vieillot » ou « enlisé dans le passé ». D’un autre côté, dans certaines parties du monde, les jeunes cherchent leurs identités en restant attaché à leurs traditions familiales et font tout leur possible pour rester fidèle aux traditions dans lesquelles ils ont été élevés.
Ainsi l’Eglise doit mieux soutenir et former les familles. Cela est particulièrement vrai dans les pays où la liberté d’expression est plus difficile et où les jeunes, en particulier les mineurs, sont tenus éloignés de l’église et sont donc éveillés la foi à la maison, chez leurs parents.
Un sentiment d’appartenance à une communauté, à un groupe est important pour forger l’identité. Beaucoup de jeunes expérimentent que l’exclusion sociale est un facteur de perte de ses propres valeurs et de son identité. Au Moyen-Orient, beaucoup de jeunes se sentent obligés de se convertir à d’autres religions pour être acceptés par les autres et par la culture dominante. En Europe, ce phénomène est également ressenti par les communautés de migrants. Pour éviter de se sentir socialement exclu, ils perdent leur identité culturelle pour intégrer la culture dominante. C’est un domaine dans lequel l’Eglise doit être un modèle, proposer un espace de guérison pour les familles et montrer qu’il existe un espace pour chacun.
Il est important de noter que l’identité des jeunes est façonnée par des interactions avec d’autres et un sentiment d’appartenance à des groupes, des associations et des mouvements dans et en dehors de l’Eglise. Parfois, les paroisses ne sont plus considérées comme des lieux de rencontre. Nous reconnaissons également le rôle des éducateurs et des amis, en tant que figures inspirantes. Nous avons besoin de modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques. Nous avons besoin d’explications rationnelles et critiques face aux situations complexes. Les réponses simplistes ne nous suffisent pas.
Pour certains, la religion relève du domaine privé. Nous avons parfois l’impression que le sacré est séparé de nos vies quotidiennes. L’Eglise peut paraître excessivement sévère et moraliste. Il est parfois difficile dans l’Eglise de dépasser la logique du « on a toujours fait comme ça ». Nous avons besoin d’une Eglise qui soit accueillante et miséricordieuse, qui reconnaisse ses racines et de son héritage, qui aime chacun y compris ceux qui ne correspondent pas à ses standards. Beaucoup de ceux qui cherchent un sens à leur vie, finissent par se tourner vers d’autres alternatives, comme des philosophies et spiritualités de toutes sortes.
D’autres endroits importants permettent de se sentir appartenir à un groupe : les réseaux sociaux, les amis, l’école, notre environnement social quotidien. Ce sont des lieux où beaucoup d’entre nous passent la plus grande partie de leur temps. Mais parfois, nos écoles ne nous apprennent pas à développer notre pensée critique. Les moments cruciaux du développement de notre identité sont aussi ceux où nous devons opter pour une orientation scolaire, pour un emploi, la découverte de notre sexualité et poser nos choix de vie.
Notre expérience de l’Eglise forme et affecte notre personnalité et notre identité. Les jeunes sont particulièrement concernés par les sujets tels que la sexualité, les addictions, les mariages qui ont échoué, les familles divisées mais également par les sujets plus larges comme le crime organisé, la traite d’êtres humains, la violence, la corruption, l’exploitation, les violences faites aux femmes, toutes les formes de persécution et de dégradation de notre environnement. Ce sont des problèmes graves pour les communautés plus fragiles de notre monde. Dans beaucoup de pays, nous avons peur de l’instabilité sociale, politique et économique.
Alors que nous sommes confrontés à ces difficultés, nous avons besoin d’accueil, de miséricorde et de tendresse de la part de l’Eglise, à la fois comme institution et comme communauté de foi.
2. Les relations aux autres
Les jeunes essaient de donner du sens à un monde très compliqué aux réalités diverses. Nous avons de nouvelles possibilités de surmonter les différences et les divisions qui existent dans le monde. Cela est déjà visible à des degrés variés. Beaucoup de jeunes ont l’habitude de voir la diversité comme une richesse et une opportunité. Le multiculturalisme peut favoriser le dialogue et la tolérance. Nous valorisons la diversité d’idées dans notre monde globalisé, le respect de la pensée des autres et leur liberté d’expression. Toutefois, nous souhaitons préserver notre identité culturelle et éviter l’uniformité ou le rejet d’une culture. Nous ne devrions pas craindre notre diversité mais célébrer nos différences et ce qui nous rend singulier pour construire des relations profondes. Parfois, nous nous sentons exclus parce que nous sommes chrétiens dans un environnement méfiant vis-à-vis des religions.
Dans certains pays, la foi chrétienne est minoritaire alors qu’une autre religion prédomine. Les pays ayant des racines chrétiennes ont tendance aujourd’hui à rejeter progressivement l’Eglise et la religion. Certains jeunes essaient de donner sens à leur foi dans une société de plus en plus sécularisée où les libertés de religion et de conscience sont menacées. Le racisme est une réalité qui affecte les jeunes aujourd’hui. Ces situations sont autant de possibilités pour l’Eglise de proposer un autre chemin.
Dans ce contexte, il est souvent difficile pour les jeunes d’entendre le message de l’Evangile. Cela est accentué dans les endroits où il y a des tensions entre les peuples, en dépit d’un assentiment général pour la diversité. Une attention particulière doit être portée à nos frères et sœurs chrétiens qui sont persécutés dans le monde. Nous savons que nos racines chrétiennes sont ancrées dans le sang des martyrs. Nous prions pour la fin de toutes les persécutions et rendons grâce pour leur témoignage de foi au monde. Par ailleurs, on note des prises de position différentes sur la question de l’accueil des migrants et des réfugiés. Cela, en dépit de la reconnaissance de l’appel universel à se soucier de la dignité de chaque personne.
Dans un monde globalisé et pluri-religieux, l’Eglise a besoin de témoigner et d’élaborer un dialogue paisible et constructif avec les personnes d’autres confessions ou traditions, à partir des grandes directions théologiques existantes.
3. Les jeunes et le futur
Les jeunes rêvent de sécurité, de stabilité et d’épanouissement, ils espèrent une vie meilleure pour leurs familles. Dans beaucoup d’endroits du monde, cela correspond à une recherche de sécurité physique ; pour d’autres à la quête d’un travail ou d’un style de vie particulier. Le désir de se sentir appartenir une communauté est une aspiration commune aux jeunes de tous les continents. Nous attendons beaucoup d’une société cohérente qui nous ferait confiance. Nous cherchons à être écoutés, à ne pas être de simples spectateurs de la société mais des membres actifs. Nous voulons une Eglise qui nous aide à trouver notre vocation, dans tous les sens du terme. Malheureusement, tous parmi nous ne croient pas que la sainteté est un objectif atteignable et un chemin de bonheur.
Beaucoup de jeunes ont vécu des traumatismes ou souffrent de handicaps physiques ou mentaux. L’Eglise doit mieux nous accompagner et nous offrir des perspectives pour nous assister dans nos chemins de guérison. Des préoccupations pratiques rendent nos vies difficiles. Dans certaines parties du monde, la seule façon de garantir un futur stable, de recevoir une éducation supérieure est de travailler dur. Cela n’est pas encore possible partout. En dépit de cette réalité, les jeunes souhaitent affirmer l’inhérente dignité du travail. Parfois, nous finissons par abandonner nos rêves à cause de la peur qui est la nôtre, des pressions socio-économiques qui détruisent nos espoirs.
Pour cette raison, les jeunes veulent prendre part aux débats sur la Justice Sociale. Nous voulons travailler à la construction d’un monde meilleur. A cet égard, la doctrine sociale de l’Eglise est un outil pertinent. Nous voulons un monde de paix, qui allie écologie intégrale et développement global et durable de l’économie. Les jeunes qui vivent dans des régions instables et vulnérables attendent et espèrent des actions concrètes de la part des gouvernements et de la société : la fin de la guerre et de la corruption, faire face au changement climatique, aux inégalités sociales et à l’insécurité. Il est important de noter que, quel que soit le contexte, tous les jeunes partagent les mêmes idéaux : la paix, l’amour, la confiance, l’équité, la liberté et la justice.
Les jeunes rêvent d’une vie meilleure et beaucoup sont forcés à émigrer dans le but de trouver une situation économique et environnementale meilleure. Ils espèrent la paix et sont particulièrement attirés par le « mythe occidental », représenté dans les médias. Les jeunes africains rêvent d’une église locale autonome, qui ne soit pas dépendantes d’aides mais une église qui donne vie à ses communautés. Malgré les nombreuses guerres et les explosions irrégulières de violence, les jeunes restent pleins d’espoir. Dans les pays occidentaux, leurs rêvent sont centrés sur le développement personnel et l’auto-réalisation. Partout, il y a un fossé entre les désirs des jeunes et leur capacité à prendre des décisions sur le long terme.
4. Le rapport à la technologie
Il faut comprendre la dualité qui existe dans l’utilisation de la technologie. Alors que des avancées modernes ont réellement amélioré nos vies, nous devons être mesurés quant aux conséquences négatives possibles de leur emploi. La technologie a pour certains permis d’élargir le cercle de leurs relations mais pour beaucoup d’autres cela a pris la forme d’une addiction, qui vient remplacer les relations humaines, et même la relation à Dieu. En tous cas, la technologie a maintenant une place incontournable dans la vie des jeunes et doit être appréhendée en conséquence. Paradoxalement, dans certains pays, la technologie et particulièrement internet est accessible alors qu’il manque les besoins et services, parmi les plus élémentaires.
L’impact des réseaux sociaux dans la vie des jeunes ne peut être sous-estimé. Ils participent de manière significative à la construction de l’identité d’un jeune et à sa manière de vivre. Le monde digital a un grand potentiel pour réunir les peuples malgré les distances géographiques, comme jamais auparavant. L’échange d’informations, d’idéaux, de valeurs et d’intérêts communs est croissant. L’accès à des outils d’apprentissage en ligne a ouvert des opportunités d’éducation dans des régions éloignées.
Cependant, l’ambiguïté de la technologie devient évidente quand cela mène au développement de certains vices. Ce danger se manifeste à travers certains comportements comme l’isolement, la paresse, la désolation et l’ennui. Il est évident que les jeunes du monde entier deviennent de plus en plus dépendants et consomment de manière obsessive les produits médiatiques. On note aussi que malgré le fait de vivre dans un monde hyper-connecté, la communication entre les jeunes est restreinte à un échange entre personnes similaires. Il existe un manque d’espaces et d’opportunités pour aller à la rencontre de la différence. La culture des masses médias exerce encore de nombreuses influences sur la vie des jeunes et leurs idéaux. L’arrivée des réseaux sociaux a amené de nouveaux défis dans la mesure où les entreprises qui les possèdent, ont pris le pouvoir sur la vie des jeunes. Parfois, les jeunes séparent leurs comportements en ligne de leur comportement réel. Il est nécessaire d’offrir une formation aux jeunes pour les guider dans leur vie digitale. Les relations en ligne peuvent devenir inhumaines. Les espaces digitaux nous rendent aveugles à la vulnérabilité de l’être-humain et nous empêchent de réfléchir par nous-mêmes.
Les problèmes comme la pornographie faussent la perception qu’on les jeunes de la sexualité. La technologie créait une réalité parallèle qui ignore la dignité humaine. D’autres risques incluent : la perte d’identité associée à la mauvaise représentation de la personne humaine, la construction virtuelle d’une nouvelle personnalité, et la perte d’un contact direct avec l’entourage. Il y a également d’autres risques à plus long terme, parmi lesquels : la perte de la mémoire, de sa culture, de sa créativité, dus à un accès immédiat à l’information, et une perte de la capacité de concentration liée à la fragmentation. Plus encore, il existe une culture et une dictature des apparences. Le débat sur la technologie n’est pas limité à internet. En ce qui concerne les questions bioéthiques, la technologie pose de nouveaux défis et risques au regard de la protection de la vie humaine, à chaque étape. L’émergence de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies comme les robotiques et automatisation soulèvent des risques liés à la perte d’emplois. La technologie peut aller à l’encontre de la dignité humaine si elle n’est pas utilisée avec conscience et modération. Elle doit replacer l’humain au cœur de son utilisation.
Nous proposons deux idées concrètes concernant la technologie. Premièrement, en engageant un dialogue avec les jeunes, l’Eglise devrait approfondir sa compréhension de la technologie, afin d’aider ces jeunes à en discerner l’usage. De plus, l’Eglise devrait voir la technologie, particulièrement internet, comme un espace fertile pour la Nouvelle évangélisation. Les résultats de ces réflexions devraient être formalisés à travers un document officiel de l’Eglise. Deuxièmement, l’Eglise devrait aborder la crise généralisée de la pornographie, des viols d’enfants en ligne, et s’exprimer sur les atteintes que cela porte à notre humanité.
5. Recherche du sens de la vie
Beaucoup de jeunes, quand on leur pose la questions « Quel est le sens de ta vie ? » ne savent pas comment répondre. Ils ne font pas toujours le lien entre leur vie et la transcendance. Beaucoup de jeunes, ayant perdu confiance dans les institutions, se sont détachés de la religion et ne se voient pas comme « religieux ». Cependant, les jeunes sont ouverts à la spiritualité. Beaucoup regrettent aussi la rareté avec laquelle les jeunes cherchent une réponse au sens de leur vie dans un contexte de foi et d’Eglise. Dans beaucoup de régions du monde, les jeunes attribuent le sens de leur vie à leur travail et à leur succès personnel. La difficulté à trouver une stabilité personnelle et professionnelle dans ces régions produit insécurité et anxiété. Beaucoup doivent émigrer pour trouver un travail. D’autres abandonnent leur famille et leur culture à cause de l’instabilité économique. Il faut souligner que quand les jeunes se posent des questions sur le sens de leur vie, cela ne veut pas forcément dire qu’ils sont prêts à s’engager fermement avec Jésus ou avec l’Eglise. Aujourd’hui, la religion n’est plus vue comme le biais par lequel le jeune cherche du sens, ils se tournent souvent vers d’autres courants et idéologies plus modernes. Les scandales attribués à l’Eglise, réels ou véhiculés, affectent la confiance des jeunes dans l’Eglise et dans les institutions qu’elle représente.
L’Eglise peut jouer un rôle vital pour s’assurer que les jeunes ne soient pas marginalisés mais se sentent acceptés. Cela peut arriver quand nous cherchons à promouvoir la dignité des femmes, à la fois dans l’Eglise et dans la société en général. Le fait que les femmes n’aient pas une place équivalente à celle des hommes reste un problème dans la société. Cela est également vrai dans l’Eglise. Il y a de beaux exemples de femmes consacrées dans des communautés religieuses et ayant des responsabilités. Cependant, pour certaines femmes, ces exemples ne sont pas toujours visibles. Une question clé des réflexions de groupes a concerné les lieux où les femmes peuvent s’épanouir dans l’Eglise et la société. L’Eglise peut aborder ces problèmes dans une vraie discussion et avec une ouverture d’esprit à différentes idées et expériences.
Il existe souvent de profonds désaccords parmi les jeunes, à la fois dans l’Eglise et dans le monde, sur certains de ses enseignements qui sont particulièrement sensibles. Quelques exemples : contraception, avortement, homosexualité, cohabitation, mariage et comment la prêtrise est perçue dans les différentes réalités de l’Eglise. Il est important de noter que, quelque soit le niveau de compréhension des enseignements de l’Eglise, des désaccords et des discussions sont toujours en cours parmi les jeunes sur ces sujets polémiques. Par conséquent, ils peuvent vouloir voir l’Eglise changer ses enseignements ou au moins avoir accès à de meilleures explications et formations sur ces questions. Même si un débat interne existe, les jeunes catholiques, dont les convictions sont en conflit avec les enseignements officiels, veulent rester dans l’Eglise. Beaucoup de jeunes catholiques acceptent ces enseignements et trouvent en eux une source de joie. Ils ne désirent pas seulement que l’Eglise tienne fermement ses positions malgré leurs impopularités mais qu’elle les proclame avec une plus grande profondeur dans ses enseignements.
A travers le monde, la relation au sacré est compliquée. La chrétienté est souvent vue comme quelque chose qui appartient au passé et ses valeurs ou sa pertinence dans notre vie ne sont plus comprises. En même temps, dans certaines communautés la priorité est donnée au sacré car la vie quotidienne est structurée autour de la religion. Dans certains contextes asiatiques, le sens de la vie peut être associé avec des philosophies orientales.
Finalement, beaucoup d’entre nous veulent vraiment connaître Jésus mais nous avons souvent du mal à réaliser qu’il est la seule source de la vraie découverte de soi, car c’est dans la relation avec lui que la personne humaine se découvre pleinement. Ainsi, les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes et des femmes qui donnent une image vivante et dynamique de leur foi et de leur relation avec Jésus, des personnes qui encouragent les autres à approcher, rencontrer et tomber amoureux de Jésus.
DEUXIEME PARTIE
FOI ET VOCATION, DISCERNEMENT ET ACCOMPAGNEMENT
C’est à la fois une joie et une responsabilité sacrées d’accompagner les jeunes dans leur cheminement de foi et dans leur discernement. Les jeunes sont plus réceptifs à « un chemin de vie » qu’à un discours théologique abstrait, ils sont plus conscients et réceptifs et plus engagés quand ils sont acteurs dans l’Eglise et dans le monde. Pour cela, il est important de comprendre comment les jeunes perçoivent la foi et la vocation et les défis qu’ils rencontrent pour discerner.
6. Les jeunes et Jésus
La relation entre les jeunes et Jésus est aussi variée que le nombre de jeunes sur terre. Beaucoup de jeunes connaissent Jésus et le reconnaissent comme leur Sauveur et le Fils de Dieu. De plus, les jeunes trouvent souvent une relation de proximité avec Jésus à travers sa Mère, Marie. D’autres jeunes peuvent ne pas avoir une telle relation de proximité avec Jésus mais le voient comme un guide et un homme bien. Beaucoup de jeunes voient Jésus comme un personnage historique, quelqu’un d’une autre époque et d’une autre culture, qui n’est pas pertinent pour leur vie. Enfin, certains jeunes perçoivent Jésus comme un personnage éloigné de la vie humaine, pour eux, cette distance est entretenue par l’Eglise. Les jeunes ont de fausses images de Jésus qui les amènent souvent à ne pas être attirés par lui. Ils ont une vision erronée du modèle chrétien, et donc de ses règles, qui semblent éloignées des gens ordinaires . Ainsi, pour certains, le Christianisme est perçu comme inatteignable.
Pour éclaircir les confusions des jeunes concernant Jésus, il est possible de retourner aux Ecritures pour mieux comprendre, en profondeur, la personne du Christ, sa Vie et son Humanité. Les jeunes ont besoin de rencontrer le Christ, pas de le percevoir comme un objectif moral impossible à atteindre. Cependant, ils ne sont pas sûrs de savoir comment faire. L’Eglise doit encourager cette rencontre.
7. La Foi et l’Eglise
Pour beaucoup de jeunes, la foi est devenue personnelle et non communautaire. L’expérience négative de l’Église reçue par certains jeunes y a contribuée. Beaucoup de jeunes ont une relation personnelle avec Dieu qui est « spirituelle et non religieuse » ou uniquement focalisée sur la relation avec Jésus Christ. Pour certains jeunes, l’Eglise a développé une culture qui se focalise sur les membres de l’institution et non sur la personne du Christ. D’autres jeunes voient les responsables religieux comme déconnectés des réalités et plus intéressés par les tâches administratives que par la recherche de la construction d’une communauté. D’autres enfin voient l’Eglise comme non pertinente. L’Eglise semble oublier qu’elle est le peuple de Dieu et non une institution. Pour d’autres jeunes, l’Eglise est proche d’eux, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine et dans certains mouvements mondiaux ; même certains jeunes qui ne vivent pas l’Evangile se sentent aussi proches de l’Eglise. Ce sens de l’appartenance et de la famille soutient les jeunes sur leur chemin de vie. Sans cet ancrage avec le soutien de la communauté et de l’appartenance, les jeunes se sentent isolés pour faire face aux difficultés. De nombreux jeunes ne ressentent pas le besoin de faire partie de l’Eglise et trouve du sens à leur vie en dehors de cette Église.
Malheureusement, dans certaines parties du monde, de nombreux jeunes quittent l’Eglise. Il est crucial de comprendre ce phénomène pour aller de l’avant. Les jeunes qui sont déconnectés de l’Eglise ou qui la quitte le font après avoir expérimenté l’indifférence, le jugement ou le rejet. Parfois, certains assistent, participent ou quittent une messe sans expérimenter le sens de la Communauté ou de la famille dans le Corps du Christ. Les chrétiens professent un Dieu vivant mais certains assistent à des messes ou appartiennent à des communautés qui semblent mortes. Les jeunes sont attirés par la joie qui devrait être caractéristique de notre foi. Les jeunes veulent voir dans l’Eglise un témoignage vivant de ce qu’elle enseigne, un témoignage authentique vers la sainteté, ce qui inclut la reconnaissance de ses erreurs et la demande de pardon. Les jeunes attendent des responsables de l’Eglise (ordonnés, religieux ou laïcs) qu’ils soient des exemples forts. Reconnaître que les modèles de foi sont authentiques et vulnérables permet aux jeunes d’être eux-mêmes librement authentiques et vulnérables. Ce n’est pas détruire le caractère sacré de leur ministère mais c’est pour permettre aux jeunes d’être inspirés par leur chemin vers la sainteté. Dans beaucoup d’occasions, les jeunes ont du mal à trouver un espace dans l’Eglise où ils peuvent participer activement et prendre des responsabilités. Les jeunes ont l’impression que dans l’Eglise on les considèrent comme trop jeunes et inexpérimentés pour prendre des responsabilités, comme s’ils n’allaient faire que des erreurs. Les jeunes ont besoin qu’on leur fasse confiance pour diriger, prendre des décisions et être acteur de leur propre chemin spirituel. Ce n’est pas seulement imiter leurs ainés mais réellement prendre la mesure de leurs responsabilités et de leur mission, vivre pleinement. Les mouvements et communautés nouvelles de l’Eglise ont développé des chemins fructueux non seulement pour évangéliser les jeunes mais aussi pour les responsabiliser pour qu’ils soient les premiers ambassadeurs de leur foi auprès de leurs pairs.
Les jeunes ont également l’impression que les femmes ont un rôle peu clair dans l’Eglise. S’il est difficile pour les jeunes d’avoir un sentiment d’appartenance et de leader dans l’Eglise, cela est encore plus compliqué pour les jeunes femmes. Il serait utile pour les jeunes que l’Eglise clarifie le rôle des femmes et aide les jeunes à mieux le comprendre.
8. Le sens vocationnel de la vie
Il faut une compréhension simple et claire de la vocation, qui souligne le sens de l’appel et la mission, des désirs et des aspirations, pour en faire un concept plus identifiable pour les jeunes à ce stade de leurs vies. La vocation a souvent été présentée comme un concept abstrait, perçu comme trop éloigné des préoccupations de beaucoup. En général, ils comprennent l’importance de donner du sens et un but à sa vie, mais beaucoup ne savent pas comment connecter cela à la vocation comme un cadeau et un appel de Dieu.
Le terme « vocation » est devenu synonyme de la prêtrise et de la vie religieuse dans la culture ecclésiale. Si ces vocations spécifiques sont des appels sacrés qui devraient être célébrés, il est important pour les jeunes qu’ils sachent que leur vocation est par essence celle de leur vie, et que chaque personne a la responsabilité de discerner ce que Dieu l’appelle à être et à faire. Il y a une plénitude à chaque vocation qui doit être soulignée afin d’ouvrir les cœurs des jeunes à cette possibilité.
Les jeunes de croyances diverses voient la vocation comme ouverte à la vie, à l’amour, aux aspirations, comme une contribution pour le monde et une manière d’avoir un impact. Le terme vocation n’est pas clair pour beaucoup de jeunes ; c’est pourquoi il est nécessaire de mieux comprendre la vocation chrétienne (prêtrise, vie religieuse, ministère laïc, mariage et famille, rôle dans la société, etc.) et l’appel universel à la sainteté.
9. Le discernement vocationnel
Discerner sa vocation peut être un défi, notamment aux vues des idées reçues sur le terme. Néanmoins, les jeunes vont relever le défi. Discerner sa vocation peut être une aventure sur leur chemin de la vie. Cela étant dit, beaucoup de jeunes ne savent pas comment mettre en place un processus de discernement, c’est donc une occasion pour l’Eglise de les accompagner.
Beaucoup de facteurs influencent la capacité des jeunes à discerner leurs vocations, comme l’Eglise, les différences culturelles, la recherche de travail, les réseaux sociaux, les attentes familiales, la santé mentale et l’état d’esprit, le bruit, la pression des pairs, les scenarios politiques, la société, la technologie, etc. Passer du temps en silence, dans l’introspection et la prière, ainsi que la lecture des Ecritures et l’approfondissement de la connaissance de soi sont des opportunités que très peu de jeunes saisissent. Il faudrait faire plus de place à ces propositions. L’engagement dans des groupes basés sur la foi, les mouvements, les communautés dont on partage les valeurs peut aussi aider les jeunes dans leur discernement.
On reconnaît en particulier les défis propres auxquels font face les jeunes femmes quand elles discernent leur vocation et leur place dans l’Eglise. Tout comme le oui de Marie à l’appel de Dieu est préalable à l’expérience chrétienne, les jeunes femmes ont besoin de place pour dire leur propre « oui » à leur vocation. Nous encourageons l’Eglise à approfondir sa compréhension du rôle de la femme et à valoriser les jeunes femmes, à la fois laïques et consacrées, dans l’esprit de l’amour de l’Eglise pour Marie, la mère de Jésus.
10. Les jeunes et l’accompagnement
Les jeunes cherchent des compagnons sur leur chemin de vie, pour marcher avec eux, des hommes de foi et des femmes qui expriment la vérité et permettent aux jeunes d’exprimer leur compréhension de la foi et de leur vocation. Ces personnes n’ont pas besoin d’être des modèles de foi à imiter, mais plutôt des témoins. De telles personnes devraient évangéliser par leur vie. Beaucoup pourraient être témoins, que ce soit des personnes d’un entourage familial, des collègues dans une communauté locale, ou des martyrs qui témoignent de leur foi par leurs vies.
Les qualités attendues de ces accompagnateurs : être un chrétien fidèle et engagé dans l’Eglise et le monde, qui cherche constamment la sainteté, quelqu’un en qui l’on peut avoir confiance, qui ne juge pas, qui écoute activement les besoins des jeunes et y répond avec bienveillance, quelqu’un qui aime profondément, avec conscience, qui reconnaît ses limites et connaît les joies et les peines d’un chemin de vie spirituelle.
Une qualité particulièrement importante chez les accompagnateurs est la reconnaissance de leur propre humanité et d’être faillibles : pas des personnes parfaites mais des pêcheurs pardonnés. Parfois, les accompagnateurs spirituels sont mis sur un piédestal, et quand ils tombent, cela a un réel impact dévastateur sur la capacité des jeunes à continuer leurs engagements dans l’Eglise.
Les accompagnateurs ne doivent pas conduire les jeunes comme s’ils étaient des sujets passifs mais ils doivent marcher avec eux en leur donnant d’être acteur de leur cheminement. Ils doivent respecter la liberté des jeunes qu’ils rencontrent, dans leurs chemins de discernement et aussi les équiper avec des outils précieux pour ce discernement. Un accompagnateur doit profondément croire dans la capacité du jeune à participer à la vie de l’Eglise. L’accompagnateur doit semer les grains de la foi dans la terre des jeunes sans attendre de voir instantanément les fruits de son travail.
Ce rôle ne doit pas être limité aux prêtres et aux consacrés mais les laïcs doivent être encouragés et appelés à cette mission. Tous doivent bénéficier d’une bonne formation initiale et continue.
TROISIEME PARTIE
ACTION EDUCATIVE ET PASTORALE DE L’EGLISE
11. Le style d’Eglise
Aujourd’hui, les jeunes attendent une Eglise authentique. Plus précisément, nous voulons dire aux responsables hiérarchiques de l’Eglise, que nous devons être une communauté transparente, accueillante, honnête, attirante, accessible, joyeuse, une communauté qui communique.
Une Eglise crédible est une Eglise qui ne craint pas de se montrer vulnérable. L’Eglise devrait pouvoir reconnaître rapidement et honnêtement ses erreurs passées et présentes, accepter qu’elle est composée de personnes pouvant être dans l’erreur ou l’incompréhension. Parmi les fautes à reconnaître, on peut nommer notamment les multiples abus sexuels et les mauvaises gestions financières.
L’Eglise devrait continuer à renforcer sa position de non-tolérance en ce qui concerne les abus sexuels au sein des institutions. En admettant avec humilité son humanité, l’Eglise verra sans aucun doute son message plus crédible et plus accessible pour les jeunes du monde entier. Si l’Eglise agit de la sorte, cela la différenciera des autres institutions dans lesquelles la plupart des jeunes n’ont pas confiance.
De plus, l’Eglise remarque l’attention des jeunes à être enracinés en Christ. Jésus-Christ est la Vérité qui construit l’Eglise d’une manière différente que tout autre organisation internationale que nous pouvons identifier. Par conséquent, nous demandons que l’Eglise continue à proclamer la joie de l’Evangile en se laissant guider par l’Esprit-Saint.
Nous désirons que l’Eglise répande son message à travers les moyens modernes de communication. La jeune Eglise voudrait aussi que les responsables ecclésiaux abordent les sujets sensibles tels que l’homosexualité et les questions de genre, sujets dont nous parlons déjà entre nous, librement et sans tabou. Certains perçoivent l’Eglise comme opposée à la science, mais son dialogue avec le monde scientifique est aussi important, comme une science qui peut illuminer la beauté de la création. Dans ce contexte, l’Eglise devrait également prêter attention aux problèmes environnementaux, particulièrement ce qui concerne la pollution. Nous désirons aussi voir une Eglise compatissante, qui aille rejoindre ceux en difficulté, à la marge, les persécutés et les plus pauvres. Une Eglise attractive et une Eglise en relation.
12. Jeunes Leaders
L’Eglise doit impliquer les jeunes dans ses processus de prise de décisions et leur offrir davantage de rôles de leadership. Ces positions valent à la fois pour l’échelon paroissial, diocésain, national et international, et même dans le cadre d’une commission au Vatican. Nous ressentons fortement que nous sommes prêts à devenir des responsables qui peuvent grandir et être aidés par les personnes plus âgées de l’Eglise, que ce soit des religieux ou des laïcs, hommes et femmes. Nous avons besoin de programmes pour jeunes leaders qui les formeraient et veilleraient à leur développement continu. Certaines jeunes femmes ont le sentiment qu’il y a un manque de modèles féminins de leaders au sein de l’Eglise quand elles souhaiteraient faire don de leurs capacités intellectuelles et professionnelles à l’Eglise. Nous pensons également que les séminaristes et les religieux devraient être à même d’accompagner les jeunes leaders.
Au-delà du processus institutionnel de prise de décisions, nous voulons être une présence joyeuse, enthousiaste et missionnaire au sein de l’Eglise. Nous exprimons également le souhait d’être une voix créatrice dans l’Eglise. Cette créativité se retrouve dans la musique, la liturgie et les arts. Actuellement, il s’agit d’un potentiel inexploité, la créativité étant souvent dominée par des membres plus âgés.
Il y a aussi un désir d’avoir des communautés fortes, dans lesquelles les jeunes partagent leurs combats et témoignages avec d’autres. Dans beaucoup d’endroits, ces propositions existent grâce aux initiatives des laïcs, des mouvements, des associations, mais elles attendent un meilleur soutien, à la fois officiel et financier.
La jeune Eglise regarde également en dehors d’elle-même. Les jeunes ont une passion pour la politique, les activités civiles et humanitaires. Ils veulent agir en tant que catholiques dans l’espace public pour le bien de toute la société. Dans tous ces aspects de la vie de l’Eglise, les jeunes souhaitent être accompagnés et pris au sérieux, c’est-à-dire considérés comme des membres pleinement responsables de l’Eglise.
13. Les lieux préférés
Nous souhaitons que l’Eglise nous rencontre dans les lieux divers où elle est actuellement peu ou pas présente. Avant tout, la place où nous souhaitons que l’Eglise nous rencontre est la rue, où toutes les personnes se trouvent. L’Eglise doit essayer d’être créative dans les nouvelles manières de rencontrer les gens là où ils sont à l’aise et où ils sortent : bars, café, parcs, salles de sport, stades et n’importe quel lieu de culture populaire. Une attention particulière doit être donnée aux lieux où l’accès est plus difficile, comme les bases militaires, les lieux de travail ou les zones rurales. Comme ces environnements, nous avons besoin de la lumière de la foi dans des lieux plus difficiles : orphelinats, hôpitaux, quartiers défavorisés et difficiles, régions ravagées par la guerre, prisons, centres de réinsertions.
Alors que l’Eglise rencontre beaucoup d’entre nous à l’Ecole ou à l’Université à travers le monde, nous voulons voir sa présence plus forte et plus efficace. On ne gâche pas les ressources quand on les investit dans ces lieux où beaucoup de jeunes passent la plus part de leur temps et s’intéressent à des personnes de milieux socio-professionnels variés. Beaucoup d’entre nous sommes déjà des membres croyants-convaincus de nos communautés paroissiales ou membres d’institutions, associations et organisations variées dans l’Eglise. Il est impératif que ceux qui sont déjà engagés soient soutenus par leur communauté ecclésiale pour qu’ils soient plus forts et inspirés pour évangéliser le monde extérieur.
Parmi les nombreux lieux concrets où l’Eglise peut nous rencontrer, le monde digital doit être pris en compte par l’Eglise. Nous voulons voir une Eglise qui est accessible à travers les réseaux sociaux et les autres espaces digitaux, pour présenter plus facilement et plus efficacement l’information sur l’Eglise et ses enseignements et pour promouvoir la formation aux jeunes. Pour faire court, nous voulons que l’Eglise nous rencontre là où nous sommes intellectuellement, émotionnellement, spirituellement, socialement et physiquement.
14. Les initiatives à renforcer
Nous avons soif d’expériences qui ancrent notre relation à Jésus dans le monde réel. Les initiatives qui rencontrent du succès nous offrent une expérience de Dieu. C’est pourquoi nous répondons à des propositions qui nous offrent une compréhension des sacrements, de la prière et la liturgie, afin de partager et de rendre compte convenablement de notre foi dans un monde sécularisé. Les sacrements sont d’une grande valeur pour nous qui désirons développer le sens plus profond de ce qu’ils signifient dans nos vies. Cela vaut pour la préparation au mariage, le sacrement de la réconciliation, la préparation au baptême des enfants… Du fait du manque de clarté et de présentation attrayante de ce que les sacrements offrent vraiment, certains d’entre nous y avons recours en les sous-évaluant.
Les initiatives qui portent du fruit sont : les évènements comme les JMJ, les programmes et formations qui donnent des réponses, notamment pour les nouveaux convertis, les actions caritatives, la catéchèse, les week-ends de retraite et les exercices spirituels, les événements charismatiques, les chorales, les groupes d’adoration et louange, les pèlerinages, les équipes sportives catholiques, les groupes de jeunes de paroisse ou de diocèse, les groupes d’études bibliques, les aumôneries universitaires, différentes applis sur la foi, et l’immense variété de mouvements et d’associations au sein de l’Eglise.
Nous répondons positivement à des événements de grande ampleur bien organisés, en ayant à l’esprit que tous les événements ne doivent pas être organisés à cette échelle. Les petits groupes locaux, où on peut exprimer ses questions et partager entre disciples du Christ, sont également essentiels pour maintenir la foi. Ces plus petits événements, à l’échelle locale, peuvent faire le lien entre les grands événements d’Eglise et la paroisse. Se rassembler de la sorte est particulièrement important pour les jeunes vivant dans des pays acceptant peu les chrétiens.
Les aspects sociaux et spirituels des initiatives de l’Eglise peuvent être complémentaires. Il y a un fort désir pour des actions caritatives et d’évangélisation auprès de personnes luttant contre la maladie ou les addictions, tout en engageant le dialogue avec des personnes de divers religions, cultures et/ou contextes socio-économiques. L’Eglise devrait renforcer les initiatives qui luttent contre la traite humaine, la migration forcée et les narcotrafiquants, particulièrement en Amérique Latine.
15. Les instruments à utiliser
L’Eglise doit adopter un langage qui intègre les fonctionnements et les cultures des jeunes pour que toutes les personnes aient l’opportunité d’entendre le message de l’Evangile. Cependant, nous sommes passionnés par différentes expressions de l’Eglise.
Certains mettent l’accent sur la prière à l’Esprit Saint, notamment au travers des mouvements charismatiques. D’autres préfèrent le silence, la méditation et les liturgies traditionnelles.
Toutes cela est bon et nous aident à prier de différentes manières. A l’extérieur de l’Eglise, de nombreux jeunes cherchent une spiritualité qui les satisfait, l’Eglise devrait être là pour les appeler et leur donner les bons instruments. Multimédia – Internet offre une opportunité sans précédent à l’Eglise d’évangéliser, particulièrement avec les médias sociaux et les vidéos en ligne. En tant que jeune de cette « génération médias », nous pourrions guider cette évolution. Il s’agit également d’une place pour aller à la rencontre d’autres et d’appeler des jeunes d’autres religions et des non-croyants. La « Vidéo du Pape » ou les séries de vidéos sur le Pape sont un bon exemple de l’utilisation des médias pour l’évangélisation.
Les années de césure – Les années de service au sein de mouvements ou de volontariats donnent aux jeunes une expérience de mission et un espace de discernement. Cela créé également une opportunité pour l’Eglise de rencontrer des non-croyants ou des personnes d’autres religions dans le monde. Les arts et la beauté – La beauté est universellement reconnue et l’Eglise a une histoire d’engagement pour l’évangélisation à travers les arts, comme la musique, l’art visuel, l’architecture, le design… Les jeunes sont très demandeurs sur ce point et aiment beaucoup tout ce qui est créatif et expressif.
· Adoration, méditation et contemplation – Nous apprécions également le contraste entre le silence offert par la tradition de l’Eglise à travers l’adoration eucharistique et la prière contemplative. Cela donne un espace au milieu du bruit constant des communications modernes et c’est en ce lieu silencieux que nous rencontrons Jésus. Le silence permet d’écouter la voix de Dieu et de discerner sa volonté pour nous. Les gens en-dehors de l’Eglise apprécient aussi la méditation, et la riche culture de l’Eglise sur ce point peut être un pont pour ces personnes spirituelles qui ne pratiquent pas. Cela peut-être à contre-courant, mais efficace.
· Témoins – Les histoires personnelles de l’Eglise sont des moyens efficaces d’évangéliser comme des expériences personnelles qui ne peuvent être débattues. Les témoignages des chrétiens d’aujourd’hui ou des chrétiens persécutés au Moyen-Orient, sont des témoignages forts d’une vie pleinement trouvée dans l’Eglise. Les histoires des Saints sont aussi à relever comme des passages vers la sainteté, de plein accomplissement.
· Le processus synodal– Nous sommes ravis d’avoir été pris au sérieux par les responsables hiérarchiques de l’Eglise et nous pressentons que ce dialogue entre les jeunes et les plus âgés dans l’Eglise est vital, et que cela va porter du fruit. Ce serait dommage que ce dialogue ne puisse pas continuer et grandir ! Cette culture d’ouverture est extrêmement saine pour nous.
Au début de cette rencontre du Pré-Synode et dans l’esprit de ce dialogue, le pape François nous a partagé ce verset biblique : « Après cela, je déverserai mon Esprit sur tout être humain ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des rêves, et vos jeunes gens des visions. » Joël 3, 1.

Homélie du pape François pour le Dimanche des rameaux 2018

Homélie du pape François 2018

Jésus entre à Jérusalem. La liturgie nous a invités à intervenir et à participer à la joie ainsi qu’à la fête du peuple qui est capable de crier et de louer son Seigneur ; une joie qui se ternit et laisse un goût amer et douloureux lorsqu’on a fini d’écouter le récit de la Passion. Dans cette célébration semblent s’entrecroiser des histoires de joie et de souffrance, d’erreurs et de succès qui font partie de notre vie quotidienne de disciples, car elles parviennent à mettre à nu des sentiments et des contradictions que nous aussi nous éprouvons souvent aujourd’hui, hommes et femmes de ce temps : capables de beaucoup aimer… mais aussi de haïr – et beaucoup – ; capables de courageux sacrifices, mais aussi capables de savoir ‘‘se laver les mains’’ au moment opportun ; capables de fidélité mais aussi de grands abandons et de grandes trahisons.Et on voit clairement dans tout le récit évangélique que la joie suscitée par Jésus est, pour certains, un motif de gêne et d’agacement.

Entouré de ses gens, Jésus entre dans la ville, parmi les chants et les cris bruyants. Nous pouvons imaginer que c’est la voix du fils pardonné, celle du lépreux guéri ou le bêlement de la brebis égarée qui, tous ensemble, résonnent fortement lors de cette entrée. C’est le chant du publicain et de l’homme impur ; c’est le cri de celui qui vivait en marge de la ville. C’est le cri des hommes et des femmes qui l’ont suivi parce qu’ils ont fait l’expérience de sa compassion face à leur douleur et à leur misère… C’est le chant et la joie spontanés de tant de personnes marginalisées qui, touchées par Jésus, peuvent crier : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !”. Comment ne pas acclamer celui qui leur avait redonné la dignité et l’espérance ? C’est la joie de tant de pécheurs pardonnés qui ont retrouvé confiance et espérance. Et ils crient. Ils se réjouissent. C’est la joie ! Cette joie de l’hosanna se révèle gênante et devient absurde et scandaleuse pour ceux qui se considèrent justes et ‘‘fidèles’’ à la loi et aux préceptes rituels.[1] Joie insupportable pour ceux qui sont restés insensibles à la douleur, à la souffrance et à la misère. Et beaucoup d’entre ceux-ci pensent : ‘‘Regarde, quel peuple mal éduqué !’’. Joie intolérable pour ceux qui ont perdu la mémoire et oublié les nombreuses faveurs reçues. Pour celui qui cherche à se justifier lui-même et à s’installer, comme il est difficile de comprendre la joie et la fête de la miséricorde de Dieu ! Pour ceux qui ne mettent leur confiance qu’en leurs propres forces et qui se sentent supérieurs aux autres[2], comme il est difficile de pouvoir partager cette joie !

Et c’est ainsi que naît le cri de celui dont la voix ne tremble pas pour hurler : ‘‘Crucifie-le !’’ Il ne s’agit pas d’un cri spontané, mais c’est le cri artificiel, construit, fait du mépris, de la calomnie, de faux témoignages suscités. C’est le cri qui naît dans le passage du fait au compte-rendu, qui naît dans le compte-rendu. C’est la voix de celui qui manipule la réalité, crée une version à son avantage et ne se pose aucun problème pour ‘‘coincer” les autres afin de s’en sortir. C’est un [faux] compte- rendu ! C’est le cri de celui qui n’a pas de scrupules à chercher les moyens de se renforcer et à faire taire les voix dissonantes. C’est le cri qui naît de la réalité ‘‘truquée’’ et présentée de telle sorte qu’elle finit par défigurer le visage de Jésus et le transformer en ‘‘malfaiteur’’. C’est la voix de celui qui veut défendre sa propre position en discréditant spécialement celui qui ne peut pas se défendre. C’est le cri, fabriqué par les ‘‘intrigues’’ de l’autosuffisance, de l’orgueil et de l’arrogance, qui proclame sans problèmes : ‘‘Crucifie-le, crucifie-le !’’.

Et on finit ainsi par faire taire la fête du peuple, on détruit l’espérance, on tue les rêves, on supprime la joie ; on finit ainsi par blinder le cœur, on refroidit la charité. C’est le cri du ‘‘sauve-toi toi-même’’ qui veut endormir la solidarité, éteindre les idéaux, rendre le regard insensible… le cri qui veut effacer la compassion, ce ‘‘pâtir avec’’, la compassion, qui est la faiblesse de Dieu.

Face à toutes ces voix qui hurlent, le meilleur antidote, c’est de regarder la croix du Christ et de nous laisser interpeller par son dernier cri. Le Christ est mort en criant son amour pour chacun d’entre nous : pour les jeunes et pour les personnes âgées, pour les saints et les pécheurs, son amour pour ceux de son temps et pour ceux de notre temps. Nous avons été sauvés sur sa croix pour que personne n’éteigne la joie de l’Évangile ; pour que personne, dans la situation où il se trouve, ne reste éloigné du regard miséricordieux du Père. Regarder la croix signifie se laisser interpeller dans nos priorités, nos choix et nos actions. Cela signifie laisser notre sensibilité être interpelée par celui qui passe ou vit un moment difficile. Chers frères et sœurs, que voit notre cœur ? Jésus continue-t-il d’être un motif de joie et de louange dans notre cœur ou bien avons-nous honte de ses priorités pour les pécheurs, les derniers, ceux qui sont oubliés ?

Et vous, chers jeunes, la joie que Jésus suscite en vous est un motif de gêne et également d’agacement pour certains, parce qu’il est difficile de manipuler un jeune joyeux. Qu’il est difficile de manipuler un jeune joyeux !
Mais il y a aujourd’hui la possibilité d’un troisième cri : « Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule dirent à Jésus : “Maître, réprimande tes disciples”. Mais il prit la parole en disant : “Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront” » (Lc 19, 39-40). Faire taire les jeunes est une tentation qui a toujours existé. Les mêmes pharisiens s’en prennent à Jésus et lui demandent de les calmer et de les faire taire.

Il y a de nombreuses manières de rendre les jeunes silencieux et invisibles. De nombreuses manières de les anesthésier et de les endormir pour qu’ils ne fassent pas de bruit, pour qu’ils ne s’interrogent pas et ne se remettent pas en question. ‘‘Vous, taisez-vous !’’ Il y a de nombreuses manières de les faire tenir tranquilles pour qu’ils ne s’impliquent pas et que leurs rêves perdent de la hauteur et deviennent des rêvasseries au ras du sol, mesquines, tristes.

En ce Dimanche des Rameaux, célébrant la Journée Mondiale de la Jeunesse, il nous est bon d’entendre la réponse de Jésus aux pharisiens d’hier et de tous les temps, également à ceux d’aujourd’hui : « Si eux se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40).

Chers jeunes, c’est à vous de prendre la décision de crier, c’est à vous de vous décider pour l’Hosanna du dimanche, pour ne pas tomber dans le “crucifie-le !” du vendredi… et cela dépend de vous de ne pas rester silencieux. Si les autres se taisent, si nous, les aînés et les responsables – bien des fois corrompus – restons silencieux, si le monde se tait et perd la joie, je vous le demande : vous, est-ce que vous crierez ?
S’il vous plaît, décidez-vous avant que les pierres ne crient !

image: CNS

Église en sortie 23 mars 2018

Cette semaine à Église en sortie, on s’intéresse aux « Lettres biologiques » du Frère Marie-Victorin avec l’auteur et historien Yves Gingras. On vous présente un reportage sur le Forum jeunesse 2018 de l‘Assemblée des évêques catholiques du Québec. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis s’entretient avec Ellen Roderick, co-directrice de l’Office pour le mariage, la vie et la famille de l’archidiocèse de Montréal, sur les « lettres biologiques » dans le contexte de l’enseignement de l’Église sur la sexualité.

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