Audience générale du pape François – 30 août 2023

Statue de sainte Kateri Tekakwitha à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec. Wikimedia Commons.

Le pape François reprend sa catéchèse sur le zèle évangélique en évoquant Sainte Kateri Tekakwitha, la première sainte autochtone d’Amérique du Nord. Il a souligné que « la vie de Kateri nous montre que chaque défi peut être surmonté si nous ouvrons nos cœurs à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Maintenant, en poursuivant notre catéchèse sur le thème du zèle apostolique et la passion pour l’annonce de l’Évangile, nous regardons aujourd’hui Sainte Kateri Tékakwitha, première femme autochtone d’Amérique du Nord qui a été canonisée. Née vers l’an 1656 dans un village du nord de l’État de New York, elle était la fille d’un chef Mohawk non baptisé et d’une mère chrétienne Algonquienne, qui lui a appris à prier et à chanter des hymnes à Dieu. Beaucoup d’entre nous ont également été introduits au Seigneur pour la première fois au sein de la famille, en particulier par nos mères et nos grands-mères. C’est ainsi que commence l’évangélisation et, en effet, ne l’oublions pas, la foi est toujours transmise en dialecte par les mères, par les grands-mères. La foi doit être transmise en dialecte et nous l’avons reçue dans ce dialecte de nos mères et de nos grands-mères. L’évangélisation commence ainsi, souvent : par de petits gestes simples, comme des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et leur racontent son amour grand et miséricordieux. Et les fondements de la foi pour Kateri, et autant pour nous aussi ont été posés de cette manière. Elle l’avait reçue de sa mère en dialecte, le dialecte de la foi.

Lorsque Kateri avait quatre ans, une grave épidémie de variole frappa son peuple. Ses parents et son jeune frère moururent et Kateri elle-même en garda des cicatrices sur le visage et des problèmes de vue. Dès lors, Kateri a dû faire face à de nombreuses difficultés : certes, des difficultés physiques dues aux effets de la variole, mais aussi des incompréhensions, des persécutions et même des menaces de mort qu’elle a subies après son baptême le dimanche de Pâques 1676. Tout cela a donné à Kateri un grand amour pour la croix, signe ultime de l’amour du Christ, qui s’est donné jusqu’au bout pour nous. Le témoignage de l’Évangile ne se limite pas en fait à ce qui plaît ; nous devons aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance. La patience, face aux difficultés, aux croix : la patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n’a pas de patience n’est pas un bon chrétien. La patience de tolérer : tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres, qui sont parfois ennuyeux ou qui vous mettent en difficulté … La vie de Kateri Tekakwitha nous montre que tout défi peut être surmonté si nous ouvrons le cœur à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin : patience et cœur ouvert à Jésus, c’est une recette pour bien vivre.

Après avoir été baptisée, Kateri a dû se réfugier parmi les Mohawks dans la mission des jésuites près de la ville de Montréal. Là, elle assistait à la Messe tous les matins, passait du temps en adoration devant le Très Saint Sacrement, priait le Chapelet et menait une vie de pénitence. Ses pratiques spirituelles impressionnaient tous les membres de la mission, qui reconnurent en Kateri une sainteté qui attirait parce qu’elle provenait de son amour profond pour Dieu. Cela est le propre de la sainteté, d’attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec ce désir d’être proche de nous et elle a ressenti cette grâce de l’attraction divine. En même temps, elle enseignait aux enfants de la Mission à prier et, par l’accomplissement constant de ses responsabilités, y compris le soin des malades et des personnes âgées, elle offrait un exemple de service humble et plein d’amour à Dieu et au prochain. La foi s’exprime toujours dans le service. La foi ne consiste pas à se maquiller, à maquiller son âme : non, elle consiste à servir.

Bien qu’elle ait été encouragée à se marier, Kateri désirait au contraire consacrer entièrement sa vie au Christ. Ne pouvant entrer dans la vie consacrée, elle émit le vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Son choix révèle un autre aspect du zèle apostolique qu’elle avait : le don total au Seigneur. Certes, tous ne sont pas appelés à faire le même vœu que Kateri ; cependant, chaque chrétien est appelé chaque jour à s’engager avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission que Dieu lui a confiées, en le servant Lui et en servant son prochain dans un esprit de charité.

Chers frères et sœurs, la vie de Kateri est un témoignage supplémentaire du fait que le zèle apostolique implique à la fois une union avec Jésus, nourrie par la prière et par les Sacrements, et le désir de répandre la beauté du message chrétien à travers la fidélité à sa vocation particulière. Les dernières paroles de Kateri sont très belles. Avant de mourir elle a dit : « Jésus, je t’aime ».

Nous aussi, en puisant notre force dans le Seigneur, comme l’a fait sainte Kateri Tekakwitha, apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et ainsi à grandir chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ.

Ne l’oublions pas : chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté quotidienne, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous reçoit cet appel : poursuivons ce chemin. Le Seigneur ne nous abandonnera pas.

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APPEL

Après demain, 1er septembre, on célèbre la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, inaugurant le « Temps de la Création » qui durera jusqu’au 4 octobre, fête de Saint François d’Assise. À cette date, j’ai l’intention de publier une exhortation, une seconde Laudato sì. Unissons-nous à nos frères et sœurs chrétiens dans l’engagement de prendre soin de la création comme un don sacré du Créateur. Nous devons nous tenir aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique et nous efforcer de mettre fin à la guerre insensée contre notre Maison commune. Je vous invite tous à travailler et à prier pour qu’elle regorge à nouveau de vie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 23 août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit la  découverte de la passion pour l’annonce de l’Évangile en portant le regard sur la Guadalupe où la Vierge est apparue, habillée de vêtements des autochtones. À travers Marie, Dieu continue à s’incarner dans la vie des peuples. lle annonce Dieu dans la langue maternelle de ces personnes. 

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Sur notre chemin à la redécouverte de notre passion pour l’annonce de l’Evangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour annoncer l’Evangile s’est développée dans l’histoire de l’Eglise, sur ce chemin, nous nous tournons aujourd’hui  vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante: Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents!  Bien sûr, l’Evangile y était déjà parvenu avant ces apparitions, mais il avait malheureusement été aussi accompagné d’intérêts mondains. Au lieu du chemin de l’inculturation, on a trop souvent emprunté le raccourci de la transplantation et de l’imposition de modèles pré-constitués — européens, par exemple —, sans respect pour les peuples autochtones. La Vierge de Guadalupe, en revanche, apparaît vêtue des habits des autochtones, parle leur langue, accueille et aime la culture locale: Marie est Mère et sous son manteau chaque enfant trouve sa place. En Elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, il continue à s’incarner dans la vie des peuples. La Vierge, en effet, annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle. Oui, l’Evangile est transmis dans la langue maternelle. Et à nous aussi la Vierge parle dans une langue maternelle, celle que nous connaissons bien. Oui, l’Evangile se transmet dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et aux nombreuses grands-mères qui le transmettent à leurs enfants et petits-enfants: la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grands-mères sont les premières annonciatrices. Un applaudissement aux mères et aux grands-mères! Et l’Evangile se communique, comme le montre Marie, dans la simplicité: la Vierge choisit toujours des personnes simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima: en leur parlant, elle parle à chacun, dans un langage adapté à tous, dans un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous donc sur le témoignage de saint Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’au-tochtone qui a reçu la révélation de Marie: le messager de la Vierge de Guadalupe. C’était une personne humble, un Indien du peuple: Sur lui, s’est posé le regard de Dieu, qui aime accomplir  des miracles à travers les petits. Juan Diego était venu à la foi déjà adulte et marié. En décembre 1531, il avait environ 55 ans. En chemin, il aperçoit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Vierge l’appelle-t-elle? «Mon petit fils bien-aimé Juanito» (Nican Mopohua, 23). Elle l’envoie ensuite auprès de l’évêque pour lui demander de construire un temple à l’endroit où elle était apparue. Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il doit attendre longtemps. Il parle enfin à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous évêques… Il rencontre à nouveau la Vierge, qui le console et lui demande d’essayer à nouveau. L’indien retourne auprès de l’évêque et, non sans grande difficulté, le rencontre, mais ce dernier, après l’avoir écouté, le renvoie et envoie des hommes le suivre. Voilà la difficulté, l’épreuve de l’annonce: malgré le zèle, arrivent les imprévus,  parfois de l’Eglise elle-même. Pour annoncer, en effet, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut pouvoir supporter le mal. N’oublions pas cela: c’est très important pour annoncer l’Evangile, il ne suffit pas de témoigner le bien, mais il faut savoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux choses vont ensemble, la vie est ainsi.  Aujourd’hui aussi, dans de nombreux endroits, l’inculturation de l’Evangile et l’évangélisation des cultures exigent persévérance et patience, il ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés, parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas  pratiquer leur religion  bien et dans la paix. Juan Diego, découragé, parce que l’évêque le ren-voyait, demande à la Vierge de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine capitulation dans l’annonce: une chose ne va pas et on fait marche arrière, en se décourageant et en se réfugiant peut-être dans ses propres certitudes, dans les petits groupes et dans quelques dévotions intimistes. La Vierge, au contraire, tout en nous consolant, nous fait avancer et ainsi, nous fait grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les pas de son fils, le lance dans les défis du monde.

Juan Diego, ainsi encouragé, retourne auprès de l’évêque qui lui demande un signe. La Vierge le lui promet et le réconforte par ces mots: «Que ton visage et ton cœur ne se troublent pas: […] Ne suis-je pas ici, ta mère?» (ibid., 118-119). C’est beau cela, très souvent, comme nous sommes  en proie au découragement, à la tristesse, aux difficultés,  la Vierge nous le dit à nous aussi, dans le cœur: «Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère?». Toujours proche pour nous réconforter, et nous donner la force d’aller de l’avant.  Elle lui demande ensuite d’aller cueillir des fleurs au sommet de  la colline aride. C’est l’hiver, mais Juan Diego en trouve de très belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve. Il s’y rend, attend patiemment son tour et finalement, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma  — qui est ce qu’utilisaient les autochtones pour se couvrir — il ouvre sa tilma  en montrant les fleurs et voici:  sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, la Vierge extraordinaire et vivante que nous connaissons tous, dans les yeux de laquelle les protagonistes de l’époque se reflètent encore. Voici la surprise de Dieu: quand il y a disponibilité et quand il y a  obéissance, Il peut accomplir quelque chose d’inattendu, en des temps et des manières que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi que le  sanctuaire demandé par la Vierge a été construit et qu’aujourd’hui, on peut le visiter.

Juan Diego quitte tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Il accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui a lieu dans les sanctuaires mariaux, destinations de pèlerinage et  lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi — parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère — et éprouve la nostalgie de sa maison, c’est-à-dire  la nostalgie du lieu où se trouve la Mère, le Ciel. Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de façon authentique, de façon populaire, et  la Vierge, comme elle l’a dit à Juan Diego, écoute nos pleurs et guérit nos peines (cf. ibid., 32). Apprenons cela: quand il y a des difficultés dans la vie, allons voir la Mère; et quand la vie est heureuse, allons voir la Mère pour partager cela également. Nous avons besoin de nous rendre dans ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle, où nous déposons les difficultés de la vie dans les bras de la Vierge et où nous retournons à la vie avec la paix dans le cœur, peut-être avec la paix des enfants.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – Mercredi 9 Août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa catéchèse sur le voyage apostolique au Portugal à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont eu lieu du 1er au 6 août 2023.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces derniers jours, je suis allé au Portugal pour les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse.

Ces JMJ de Lisbonne, qui ont eu lieu après la pandémie, ont été ressenties par tous comme un don de Dieu qui a remis en mouvement les cœurs et les pas des jeunes, tant de jeunes de toutes les parties du monde – beaucoup – pour aller se rencontrer et rencontrer Jésus.

La pandémie, nous le savons bien, a gravement affecté les comportements sociaux : le confinement a souvent dégénéré en renfermement, et les jeunes ont été particulièrement touchés. Avec ces Journées Mondiales de la Jeunesse, Dieu a donné un coup de pouce dans la direction opposée : elles ont marqué un nouveau départ du grand pèlerinage des jeunes à travers les continents, au nom de Jésus-Christ. Et ce n’est pas un hasard si c’est arrivé à Lisbonne, une ville qui donne sur l’océan, une ville-symbole des grandes explorations maritimes.

C’est ainsi qu’aux Journées Mondiales de la Jeunesse, l’Évangile a proposé aux jeunes le modèle de la Vierge Marie. Au moment le plus critique pour elle, [Marie] va rendre visite à sa cousine Elisabeth. L’Evangile dit : « elle se leva et partit en hâte  » (Lc 1,39). J’aime beaucoup invoquer la Vierge sous cet aspect : la Vierge  » en hâte « , qui fait toujours les choses en hâte, jamais, elle ne nous fait attendre, parce qu’elle est la mère de tous. – Ainsi Marie aujourd’hui au troisième millénaire, guide le pèlerinage des jeunes à la suite de Jésus. Comme elle l’avait déjà fait il y a un siècle au Portugal, à Fatima, lorsqu’elle s’est adressée à trois enfants, leur confiant un message de foi et d’espérance pour l’Église et le monde. C’est pourquoi, dans les JMJ, je suis retourné à Fatima, sur le lieu de l’apparition, et avec quelques jeunes malades, j’ai prié Dieu pour qu’il guérisse le monde des maladies de l’âme : l’orgueil, le mensonge, l’inimitié, la violence – ce sont des maladies de l’âme et le monde est malade de ces maladies. Et nous avons renouvelé la consécration de nous-mêmes, de l’Europe, du monde au cœur de Marie, au Cœur Immaculé de Marie. J’ai prié pour la paix, parce qu’il y a beaucoup de guerres dans toutes les parties du monde, beaucoup.

Les jeunes du monde entier sont venus à Lisbonne en grand nombre et avec un grand enthousiasme. Je les ai également rencontrés en petits groupes, certains avec beaucoup de problèmes ; le groupe de jeunes Ukrainiens racontait des histoires qui étaient douloureuses. Ce n’était pas des vacances, ni un voyage touristique, ni même un événement spirituel en soi ; les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une rencontre avec le Christ vivant à travers l’Église. Les jeunes vont à la rencontre du Christ. C’est vrai, là où il y a des jeunes, il y a de la joie et il y a un peu de tout cela.

Ma visite au Portugal, à l’occasion des JMJ, a bénéficié de l’ambiance festive de cette vague de jeunes. Je remercie Dieu pour cela, en pensant surtout à l’Église de Lisbonne qui, en retour du grand effort déployé pour l’organisation et l’accueil, recevra des énergies nouvelles pour continuer le nouveau chemin, pour jeter à nouveau les filets avec une passion apostolique. Les jeunes au Portugal sont déjà aujourd’hui une présence vitale, et maintenant, après cette « transfusion » reçue des Églises du monde entier, ils le seront encore plus. Et beaucoup de jeunes, sur le chemin du retour, sont passés par Rome, nous les apercevons aussi ici, il y en a qui ont participé à ces Journées. Les voici ! Là où il y a des jeunes, il y a du bruit, ils savent bien le faire !

Alors qu’en Ukraine et dans d’autres endroits du monde, on se combat, et que dans certaines salles cachées, on planifie la guerre – C’est malheureux cela, on planifie la guerre-, les JMJ ont montré à tous qu’un autre monde est possible : un monde de frères et sœurs, où les drapeaux de tous les peuples flottent ensemble, l’une à côté de l’autre, sans haine, sans peur, sans fermetures, sans armes ! Le message des jeunes a été clair : les « grands de la terre » l’entendront-ils ? Je me demande, entendront-ils cet enthousiasme juvénile en faveur de la paix ? C’est une parabole pour notre temps, et aujourd’hui encore, Jésus dit : « Que celui qui a des oreilles entende ! Que celui qui a des yeux regarde ! » Espérons que le monde entier entende ces Journées de la Jeunesse et regarde cette beauté des jeunes qui vont de l’avant.

Une fois de plus, j’exprime ma gratitude au Portugal, à Lisbonne, au Président de la République, qui a assisté à toutes les célébrations, et aux autres Autorités civiles ; au Patriarche de Lisbonne – qui a été brave-, au Président de la Conférence Épiscopale et à l’Évêque coordinateur des Journées Mondiales de la Jeunesse, à tous les collaborateurs et à tous les volontaires. Pensez aux volontaires – je suis allé les retrouver le dernier jour avant de rentrer – ils étaient 25 000 : ces Journées comptaient 25 000 volontaires ! Merci à tous ! Par l’intercession de la Vierge Marie, que le Seigneur bénisse les jeunes du monde entier et qu’il bénisse le peuple portugais. Prions ensemble la Madone, tous ensemble, pour qu’Elle bénisse le peuple portugais.

[Récitation de l’Ave Maria].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les bénévoles au « Passeio marítimo de Algés » : Discours du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Lors du sixième et dernier jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François s’adresse aux bénévoles au « Passeio marítimo de Algés ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les bénévoles
Passeio marítimo de Algés, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

Chers amis, bonjour ! Et merci !

Merci au Patriarche de Lisbonne pour ses paroles, à Mgr Aguiar et à vous tous pour avoir travaillé si dur et si bien : vous avez rendu possibles ces journées inoubliables ! Vous avez peiné pendant des mois, de manière cachée, sans bruit et loin des projecteurs, pour que nous puissions tous nous trouver ici à chanter ensemble : « Jésus vit et ne nous laisse pas seuls : nous ne cesserons plus d’aimer ». En plus, vous avez été un exemple parce que vous avez fait équipe en travaillant ensemble ! Mais votre travail a été plus qu’un travail, il a été un service, merci !

C’est le même service qu’a rendu la Vierge Marie, qui « se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39) pour aller rendre service à sa cousine Élisabeth, sentant l’urgence de partager la joie dans le service. Partager la joie et le service, la joie dans le service. Pensons à Zachée, qui monta sur un arbre pour voir Jésus et descendit en hâte. Quelque chose l’avait touché, il voulait rencontrer Jésus et l’accueillir dans sa maison (cf. Lc 19, 6) ; pensons aux femmes et aux disciples, qui, à Pâques, courent de la tombe au cénacle pour annoncer que le Christ est ressuscité (cf. Jn 20, 1-18). Celui qui aime ne reste pas les bras croisés, celui qui aime sert, celui qui aime court pour servir, il court pour se mettre au service des autres.

Et vous avez couru, vous avez beaucoup couru, au cours de ces mois !Je n’ai pu voir que le dernier moment, en ces jours-ci, vous observer tandis que vous répondiez à mille besoins, parfois avec le visage marqué par la fatigue, d’autres fois un peu submergés par les urgences du moment, mais toujours j’ai remarqué une chose : que vous aviez les yeux lumineux, lumineux de la joie du service, merci !

Vous avez rendu possible cette rencontre mondiale de la jeunesse, vous avez fait de grandes choses dans les plus petits gestes, comme la bouteille d’eau offerte à un inconnu, et cela crée l’amitié. Vous avez beaucoup couru, mais pas de la course frénétique et sans but qui est parfois celle de notre monde, non, vous avez couru d’une autre manière : vous avez mené une course qui conduit à la rencontre des autres pour les servir au nom de Jésus. Vous êtes venus à Lisbonne pour servir et non pour être servis, merci, merci beaucoup !

Et maintenant je voudrais être votre amplificateur, pour que ce que les témoignages nous ont dit fasse écho. Les témoignages de Chiara, Francisco et Filipe : tous les trois nous ont parlé d’une rencontre spéciale avec Jésus. Ils nous ont rappelé que la plus belle rencontre, le moteur de toutes les autres, celle qui fait marcher vraiment, qui fait avancer la vie, est avec Jésus. C’est la rencontre la plus importante de notre vie. Renouveler chaque jour la rencontre personnelle avec Jésus est le cœur de la vie chrétienne.

Et il faut la renouveler chaque jour pour la garder fraîche, non seulement dans la tête mais aussi dans le cœur. Nous avons fait l’expérience qu’un petit « oui » à Jésus peut changer la vie. Mais également les « oui » dits aux autres font du bien, lorsqu’ils sont destinés au service. Vous, au moment de la fatigue, vous avez pris courage et vous êtes allés de l’avant en disant « oui » pour servir les autres. Je vous en remercie.

Et toi, Francisco, tu as dit que tu as trouvé ici quelque chose dont tu avais besoin et que tu ne cherchais même pas. En marchant, en travaillant et en priant avec les autres, tu as compris que tu ne pouvais pas te laisser emprisonner par le désordre, par les « lits défaits » du passé, ni vivre le cœur tourmenté par des sentiments d’inachèvement, mais qu’avec l’aide de Jésus et des frères, l’occasion t’a été offerte de mettre en ordre « la pièce de la vie ». Cela est bien : ces Journées sont utiles, elles aident beaucoup à mettre de l’ordre dans sa vie. Mais pourquoi ? Grâce à ces Journées ? Non, grâce à Jésus, qui est ici parmi nous et qui se montre à nous. Pour mettre de l’ordre dans notre vie, nous n’avons pas besoin de choses, nous n’avons pas besoin de distractions, nous n’avons pas besoin d’argent. Il faut dilater le cœur. Et si vous élargissez votre cœur, vous mettrez de l’ordre dans votre vie. N’ayez pas peur : dilatez votre cœur !

Et enfin, toi, Filipe, parmi les nombreuses belles choses que tu as partagées, tu en as dit une que je veux souligner : tu as dit que tu as vécu ici une double rencontre, une rencontre avec Jésus et une rencontre avec les autres. La rencontre avec Jésus et la rencontre avec les autres. C’est très important : la rencontre avec Jésus est un moment personnel, unique, que l’on peut décrire et raconter seulement jusqu’à un certain point, mais elle arrive toujours grâce à un chemin fait avec les autres, fait grâce à l’intercession des autres. Rencontrer Jésus et le rencontrer dans le service aux autres.

Mes amis, à la fin j’aimerais vous laisser une image. Comme beaucoup d’entre vous le savent, au nord de Lisbonne, il y a une localité, Nazaré, où l’on peut admirer des vagues atteignant jusqu’à trente mètres de haut et qui sont une attraction mondiale, surtout pour les surfeurs qui les montent. Ces jours-ci, vous aussi, vous avez fait face à une véritable vague : non pas d’eau, mais de jeunes, de jeunes comme vous, qui se sont déversés dans cette ville. Mais, avec l’aide de Dieu, avec beaucoup de générosité et en vous soutenant mutuellement, vous avez surfé sur cette grande vague. Vous avez surfé sur cette grande vague : vous êtes vraiment courageux ! Merci, obrigado ! Je veux vous dire : continuez ainsi, continuez à surfer sur les vagues de l’amour, les vagues de la charité, soyez des surfeurs de l’amour ! Et tel est le devoir que je vous confie en ce moment : que le service que vous avez rendu en ces Journées Mondiales de la Jeunesse soit la première des nombreuses vagues de bien ; chaque fois vous serez portés plus haut, plus proches de Dieu, et cela vous permettra de voir votre route dans une meilleure perspective.

Merci encore, à tous. Bonne route ! Et, n’oubliez pas, continuez à prier pour moi ! Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Homélie du pape François lors de la messe de clôture au « Parque Tejo » | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Sixième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne et la Fête de la Transfiguration, le pape François a présenté l’homélie lors de la messe de clôture des JMJ au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Messe de clôture pour les Journées Mondiales de la Jeunesse
Parque Tejo, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » (Mt 17, 4). Ces paroles, que l’apôtre Pierre a adressées à Jésus sur la montagne de la Transfiguration, nous voulons aussi les faire nôtres après ces journées intenses. Tout ce que nous sommes en train de vivre avec Jésus est beau, ce que nous avons fait ensemble. Et la manière dont nous avons prié est belle, avec une grande joie dans le cœur. Nous pouvons alors nous demander : qu’est-ce que nous remporterons avec nous en retournant à vie quotidienne?

Je voudrais répondre à cette question par trois verbes, en suivant l’Évangile que nous avons entendu. Qu’est-ce que nous remporterons ? : briller, écouter, ne pas craindre. Qu’est-ce que nous remporterons avec nous ? Je réponds par ces trois mots : briller, écouter, ne pas craindre.

Le premier : Briller. Jésus est transfiguré. L’Évangile dit : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 2). Il venait d’annoncer sa passion et sa mort sur la croix, brisant ainsi l’image d’un Messie puissant et mondain, décevant les attentes des disciples. Maintenant, pour les aider à accepter le projet d’amour de Dieu sur chacun de nous, Jésus prend trois d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, Il les conduit sur la montagne et est transfiguré. Ce « bain de lumière » les prépare à la nuit de la passion.

Mes amis, chers jeunes, nous avons aujourd’hui encore besoin d’un peu de lumières, d’un éclair de lumière qui soit espérance pour affronter tant d’obscurités qui nous assaillent dans la vie, tant de défaites quotidiennes, pour y faire face avec la lumière de la résurrection de Jésus. Il est la lumière qui ne se couche jamais, Il est la lumière qui brille même dans la nuit. « Notre Dieu a fait briller nos yeux », dit le prêter Esdras (Esd 9, 8). Notre Dieu illumine. Il illumine notre regard, Il illumine notre cœur, Il illumine notre esprit, Il illumine notre désir de faire quelque chose dans la vie. Toujours avec la lumière du Seigneur.

Mais je voudrais vous dire que nous ne devenons pas lumineux lorsque nous sommes sous les projecteurs, non, c’est une erreur. Nous ne devenons pas lumineux lorsque nous affichons une image parfaite, bien ordonnée, bien finie, non. Et non plus lorsque nous nous sentons forts et victorieux. Forts et victorieux mais pas lumineux. Nous brillons quand, en accueillant Jésus, nous apprenons à aimer comme Lui. Aimer comme Jésus : cela nous rend lumineux, cela nous conduit à accomplir des œuvres d’amour. Ne te trompe pas, mon ami, tu deviendras lumière le jour où tu feras des œuvres d’amour. Mais lorsque, au lieu de faire des œuvres d’amour envers les autres, tu te regardes toi-même, comme un égoïste, là, la lumière s’éteint.

Le deuxième verbe est écouter. Sur la montagne, une nuée lumineuse recouvre les disciples. Et le Père parle de cette nuée elle. Et que dit-il ? « Écoutez-le », « Celui-ci est mon Fils bien aimé » (Mt 17, 5). Tout est là : tout ce qu’il y a à faire dans la vie réside dans ce mot : écoutez-le. Écouter Jésus. Tout le secret est là. Écoute ce que Jésus te dit. « Je ne sais pas ce qu’il me dit ». Prends l’Évangile et lis ce que Jésus dit, ce qu’il dit à ton cœur. Car Il a pour nous des paroles de vie éternelle, Il nous révèle que Dieu est Père, qu’Il est amour. Il nous montre le chemin de l’amour. Écoute Jésus. Car, même si c’est avec de la bonne volonté, nous nous engageons sur des chemins qui semblent être des chemins d’amour mais qui, en fin de compte, sont des égoïsmes déguisés en amour. Faites attention aux égoïsme déguisés en amour ! Écoute-le, car Il te dira quel est le chemin de l’amour. Écoute-le.

Briller est le premier mot, soyez lumineux ; écouter, pour ne pas s’égarer ; et enfin, le troisième mot : ne pas avoir peur. N’ayez pas peur. Un mot qui revient si souvent dans la Bible, dans les Évangiles : « N’ayez pas peur ». Ce sont les dernières paroles que Jésus adresse aux disciples au moment de la Transfiguration : « N’ayez pas peur » (Mt 17, 7).

À vous, jeunes, qui avez vécu cette joie, – j’allais dire cette gloire et, de fait, notre rencontre est une sorte de gloire – à vous qui nourrissez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés; à vous qui pensez parfois ne pas y arriver – un peu de pessimisme nous assaille parfois – ; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes tentés de vous décourager, de vous juger peut-être inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant d’un sourire ; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde – et c’est bien de vouloir changer le monde – et qui voulez lutter pour la justice et la paix ; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l’Église et le monde ont besoin comme la terre a besoin de pluie ; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui, précisément à vous, jeunes, Jésus dit aujourd’hui : « N’ayez pas peur ».

Dans un bref moment de silence, que chacun répète à lui-même dans son cœur ces paroles : « N’ayez pas peur ».

Chers jeunes, je voudrais regarder chacun de vous dans les yeux et vous dire : sois sans crainte, n’aie pas peur ! Mais je vous dis en plus une chose très belle : ce n’est plus moi, c’est Jésus lui-même qui vous regarde maintenant. Il vous regarde, Lui qui vous connaît. Il connaît le cœur de chacun d’entre vous, il connaît la vie de chacun d’entre vous, il connaît les joies, il connaît les peines, les succès et les échecs, il connaît votre cœur. Et aujourd’hui, il vous dit, ici, à Lisbonne, en ces Journées Mondiales de la Jeunesse : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur, courage, n’ayez pas peur ! ».

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Veillée avec les jeunes au « Parque Tejo » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Samedi, le 5 août 2023
Lors du cinqième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé son allocution lors du veillée au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Veillée avec les jeunes
Parque Tejo, Lisbonne
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Vous voir me donne beaucoup de joie ! Merci d’avoir voyagé, d’avoir marché et merci d’être là ! Je pense aussi que la Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth: « Elle se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39). On peut se demander : pourquoi Marie se lève-t-elle et se rend-elle en hâte chez sa cousine? Certes, elle vient d’apprendre que la cousine est enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc y aller si personne ne le lui a demandé? Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va parce qu’elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie » (L’Imitation de Jésus-Christ, III, 5). Voilà ce que fait l’amour.

La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l’annonce de l’ange qu’elle va accueillir le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, c’est intéressant : au lieu de penser à elle-même, elle pense à l’autre. Pourquoi ? Parce que la joie est missionnaire, la joie n’est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose. Je vous demande : vous, qui êtes ici, qui êtes venus pour vous rencontrer, pour trouver le message du Christ, pour trouver un beau sens à votre vie, allez-vous garder cela pour vous ou allez-vous le porter aux autres ? Qu’en pensez-vous ? Je n’entends pas… C’est pour le porter aux autres, parce que la joie est missionnaire ! Répétons-le tous ensemble : la joie est missionnaire ! C’est pourquoi je porte cette joie aux autres.

Mais cette joie que nous avons, d’autres nous ont préparés à la recevoir. Regardons maintenant en arrière, tout ce que nous avons reçu : tout cela a préparé notre cœur à la joie. Tous, si nous regardons en arrière, nous avons des personnes qui ont été un rayon de lumière dans notre vie : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes, animateurs, professeurs… Ils sont comme les racines de notre joie. Faisons maintenant un moment de silence et que chacun pense à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la vie, qui sont comme les racines de notre joie.

[Moment de silence]

Vous avez trouvé ? Vous avez trouvé des visages, des histoires? La joie qui est venue à travers ces racines, et celle que nous, nous devons donner parce que nous avons des racines de joie. Et, de la même manière, nous pouvons être des racines de joie pour les autres. Il ne s’agit pas d’apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s’agit d’apporter une joie qui crée des racines. Et je me demande : comment pouvons-nous devenir des racines de joie?

La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d’étudier ! – mais elle se trouve ailleurs. Elle n’est pas gardée sous clé. La joie, il faut la rechercher, il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues. Et cela, parfois, fatigue. Je vous pose une question : vous arrive-t-il d’être fatigués ? Pensez à ce qui se passe quand on est fatigué : on n’a plus envie de rien, comme on dit en espagnol, on jette l’éponge parce qu’on n’a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s’arrête de marcher et on tombe. Croyez-vous qu’une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire? Se lever ! Et il y a quelque chose de très beau que je voudrais vous laisser aujourd’hui en souvenir. Les chasseurs alpins, qui aiment escalader les montagnes, ont une très belle chanson qui dit : « Dans l’art de l’escalade – sur la montagne – ce qui compte, ce n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester tombé ». C’est très beau !

Celui qui reste tombé est déjà « parti à la retraite », il s’est fermé, il s’est fermé à l’espérance, il s’est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu’un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avez-vous remarqué que lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’elle fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut, c’est pour l’aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C’est triste. La seule façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est… dites-le vous…, fort : pour l’aider à se relever.

Cela c’est un peu la marche, la constance dans la marche. Et dans la vie, pour réaliser des choses, il faut s’entraîner à marcher. Parfois on n’a pas envie de marcher, on n’a pas envie de se donner de la peine, on triche aux examens parce qu’on n’a pas envie d’étudier et on n’obtient pas le résultat. Je ne sais pas si certains d’entre vous aiment le football… Moi, j’aime. Derrière un but, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Derrière un résultat, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Et, dans la vie, on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut, mais ce qui nous conduit à accomplir la vocation que nous avons en nous – chacun a sa propre vocation. Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu’un m’aide à me relever ; ne pas rester à terre ; et m’entraîner, m’entraîner à marcher. Et tout cela est possible, non pas parce que nous suivons un cours sur la manière de marcher – il n’y a pas de cours qui nous apprenne à marcher dans la vie – : cela s’apprend. Cela s’apprend des parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c’est un entraînement à la marche.

Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un objectif ; s’entraînez chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie. Une seule chose est gratuite : l’amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons – l’amour de Jésus – et avec la volonté de marcher, marchons dans l’espérance, regardons nos racines et avançons, sans peur. N’ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima : Allocution du Saint-Père

Samedi, le 5 août 2023
Le quatrième jour de sa visite apostolique au Portugal, le Pape François a récité le Saint Rosaire avec des jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, et a prononcé une allocution.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes
Chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame, Fatima
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Merci, Monseigneur Ornelas, pour vos paroles et merci à vous tous pour votre présence et votre prière. Nous avons récité le Rosaire, une prière très belle et vitale, vitale parce qu’elle nous met en contact avec la vie de Jésus et de Marie. Et nous avons médité les mystères joyeux qui nous rappellent que l’Église ne peut être que la maison de la joie. La petite chapelle dans laquelle nous nous trouvons est une belle image de l’Église : accueillante, sans portes. L’Église n’a pas de portes, pour que tout le monde puisse entrer. Et ici nous pouvons aussi insister sur le fait que tout le monde peut entrer, parce que c’est la maison de la Mère, et une mère a toujours le cœur ouvert à tous ses enfants, tous, tous, tous, tous, sans aucune exclusion.

Nous sommes ici, sous le regard maternel de Marie, nous somme ici comme Église, Église mère.

Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, parce que la première à avoir fait un pèlerinage après l’annonce de Jésus a été Marie. Dès qu’elle a appris que sa cousine était enceinte – elle était très âgée, la cousine – elle est partie à la hâte. C’est une traduction un peu libre, l’Évangile dit « elle est partie en hâte », nous dirions qu’elle est « partie en vitesse » avec cette envie d’aider, d’être présente.

Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, il y en a un que l’on pourrait dire : la Vierge « qui part en vitesse », chaque fois qu’il y a un problème ; chaque fois que nous l’invoquons, elle n’hésite pas, elle vient, elle est attentionnée. Vierge attentionnée, ça vous plait comme ça ? Disons-le tous ensemble : la Vierge attentionnée ! Elle se dépêche pour être près de nous, elle se dépêche parce qu’elle est Mère. En portugais on dit « apressada », me dit Mgr Ornelas. Vierge « apressada ». C’est ainsi qu’elle accompagne la vie de Jésus. Elle ne se cache pas après la résurrection, elle accompagne les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint. Elle accompagne l’Église qui commence à grandir après la Pentecôte. Vierge attentionnée et Vierge qui accompagne. Elle accompagne toujours. Elle n’est jamais protagoniste. Le geste d’accueil de Marie Mère est double : d’abord elle accueille et ensuite elle montre Jésus. Dans sa vie, Marie ne fait rien d’autre que montrer Jésus. « Faites tout ce qu’il vous dira ». Suivez Jésus.

Ce sont les deux gestes de Marie, pensons-y : elle nous accueille tous et nous montre Jésus. Et elle le fait avec attention, « apressada ». La Vierge attentionnée qui nous accueille tous et nous montre Jésus. Et chaque fois que nous venons ici, souvenons-nous de cela. Marie s’est rendue présente ici de manière spéciale, afin que l’incrédulité de beaucoup de cœurs s’ouvre à Jésus. Par sa présence, elle nous montre Jésus, toujours elle nous montre Jésus. Et aujourd’hui, elle est ici parmi nous, elle est toujours parmi nous, mais aujourd’hui, nous la sentons beaucoup plus proche. Marie attentionnée.

Mes amis, Jésus nous aime au point de s’identifier à nous et Il nous demande de collaborer avec Lui. Et Marie nous montre ce que Jésus nous demande : marcher dans la vie en collaborant avec Lui. Je voudrais aujourd’hui que nous regardions l’image de Marie et que chacun se dise : que me dit Marie en tant que Mère ? que me montre-t-elle ? Elle nous montre Jésus. Parfois elle nous montre aussi une petite chose qui ne fonctionne pas bien dans notre cœur, mais elle nous montre toujours. « Mère, que me montres-tu? » Prenons un petit moment de silence et que chacun, dans son cœur, dise : « Mère, qu’est-ce que tu me montres ? Qu’y a-t-il dans ma vie qui te préoccupe? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’affecte? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’intéresse? Montre-le ». Et c’est là qu’elle montre notre cœur à Jésus pour qu’Il vienne. Et de même qu’elle nous montre Jésus, elle montre à Jésus le cœur de chacun.

Chers frères, nous ressentons aujourd’hui la présence de Marie Mère, la Mère qui dit toujours : « Faites ce que Jésus vous dit » ; elle nous montre Jésus. Mais aussi la Mère qui dit à Jésus : « Fais ce qu’il te demande ». C’est Marie. C’est notre Mère, la Vierge attentionnée qui est proche de nous. Qu’elle nous bénisse tous ! Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Chemin de Croix avec les jeunes au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Vendredi, le 4 août 2023
Le quatrième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé une allocution lors du chemin de Croix au « Parque Eduardo VII ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Chemin de Croix avec les jeunes
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Aujourd’hui, vous allez marcher avec Jésus. Jésus est le Chemin et nous marcherons avec Lui, parce que Lui a marché. Lorsqu’Il était parmi nous, Jésus a marché, Il a marché en guérissant les malades, en prenant soin des pauvres, en rendant la justice… Il a marché en prêchant, en enseignant. Jésus marche, mais le chemin le plus gravé dans nos cœurs est le chemin du Calvaire, le chemin de la Croix. Et aujourd’hui, vous, nous, moi aussi, nous renouvellerons par la prière le chemin de la Croix. Nous regarderons Jésus passer et nous marcherons avec Lui.

Le chemin de Jésus, c’est Dieu qui sort de lui-même, Il sort de Lui-même pour marcher parmi nous. Ce que nous entendons si souvent à la messe : « Et le Verbe s’est fait chair et a marché parmi nous ». Vous vous souvenez ? Le Verbe s’est fait homme et a marché parmi nous. Et cela, Il le fait par amour. Il le fait par amour. Et la croix qui accompagne toutes les Journées Mondiales de la Jeunesse est l’icône, la figure de cette marche. La Croix est le signe le plus grand du plus grand amour, l’amour avec lequel Jésus veut étreindre notre vie. La nôtre ? Oui, la tienne, la tienne, la tienne, celle de chacun de nous. Jésus marche pour moi. Nous devons tous le dire. Jésus entreprend ce chemin pour moi, pour donner sa vie pour moi. Et personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, celui qui donne sa vie pour les autres. N’oubliez pas ceci : personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie, c’est ce que Jésus a enseigné. C’est pourquoi, lorsque nous regardons la Croix, qui est si douloureuse, si dure, nous voyons la beauté de l’amour qui donne sa vie pour chacun de nous.

Une personne très croyante a dit une phrase qui m’a beaucoup frappé. Elle a dit : « Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour. Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour ».

Et Jésus marche, mais Il attend quelque chose, Il attend notre compagnie, Il attend que nous regardions… je ne sais pas, Il attend d’ouvrir les fenêtres de mon âme, de ton âme, de l’âme de chacun de nous. Qu’elles sont laides les âmes fermées, qui sèment à l’intérieur et sourient à l’intérieur ! Elles n’ont pas de sens. Jésus marche et attend avec son amour, attend avec sa tendresse, pour nous consoler, pour sécher nos larmes.

Maintenant je vous pose une question, mais ne répondez pas à haute voix : chacun répond en lui-même. Est-ce que je pleure parfois ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font pleurer ? Nous avons tous pleuré dans la vie, et nous pleurons encore. Et Jésus est là avec nous, Il pleure avec nous, parce qu’Il nous accompagne dans l’obscurité qui provoque nos pleurs.

Maintenant je ferai un peu silence, et que chacun dise à Jésus ce qui le fait pleurer dans la vie ; chacun de nous le lui dit à présent, en silence.

[moment de silence].

Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus veut combler de sa proximité notre solitude. Que les moments de solitude sont tristes ! Et Lui il est là, Il veut combler cette solitude. Jésus veut combler nos peurs, tes peurs, mes peurs. Ces sombres peurs, Il veut les remplir de sa consolation ; et Il attend de nous pousser à prendre le risque d’aimer. Parce que, vous le savez, vous le savez mieux que moi: aimer est risqué. Il faut prendre le risque d’aimer. C’est un risque, mais il vaut la peine d’être pris, et Il nous accompagne en cela. Toujours Il nous accompagne. Toujours Il marche. Toujours, durant la vie, Il est avec nous.

Je ne veux pas dire beaucoup plus de choses. Aujourd’hui, nous ferons le chemin avec Lui, le chemin de sa souffrance, le chemin de nos soucis, le chemin de nos solitudes.

Maintenant, un moment de silence, et que chacun pense à sa souffrance, à son souci, à ses misères. N’ayez pas peur, pensez-y, et pensez aussi au désir de l’âme de retrouver le sourire.

[moment de silence].

Et Jésus marche jusqu’à la Croix, Il meurt sur la Croix, pour que notre âme puisse sourire. Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les représentants de quelques Centres d’aide et de charité au « Centro Paroquial de Serafina » : Discours du Saint-Père

Vendredi, le 4 août 2023
En ce troisième jour de sa visite apostolique au Portugal, le pape François s’adresse aux représentants de quelques centres d’aide et de charité au « Centro Paroquial de Serafina ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les représentants de quelques centres d’aide et de charité
Centro Paroquial de Serafina, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour ! 

Je remercie le Curé pour ses paroles et je vous salue tous, en particulier les amis du Centro Paroquial da Serafina, de la Casa Famiglia Ajuda de Berço et de l’Association Acreditar. Il est bon d’être ici ensemble alors que, dans le contexte des Journées Mondiales de la Jeunesse, nous voyons la Vierge Marie se lever et partir aider sa parente âgée Élisabeth (cf. Lc 1, 39). La charité, en effet, est l’origine et le but du cheminement chrétien, et votre présence, réalité concrète d’ « amour en action », nous aide à ne pas oublier le cap, le sens de ce que nous faisons. Je vous remercie pour vos témoignages dont je voudrais souligner trois aspects : faire le bien ensemble, agir concrètement et être proches des plus fragiles

Premièrement : faire le bien ensemble.  « Ensemble », est le mot clé que j’ai entendu répéter plusieurs fois dans vos discours. Vivre, aider et aimer ensemble : jeunes et adultes, en bonne santé et malades, ensemble. João nous a dit une chose très importante : nous ne devons pas nous laisser  « définir » par la maladie, mais en faire une partie vivante de la contribution que nous apportons à l’ensemble, à la communauté. C’est vrai : nous ne devons pas nous laisser  « définir » par la maladie ou par les problèmes, parce que nous ne sommes ni une maladie ni un problème : nous sommes, chacun, un don, un don unique avec ses limites, un don précieux et sacré pour Dieu, pour la communauté chrétienne et pour la communauté humaine. Alors, tels que nous sommes, enrichissons l’ensemble et laissons-nous enrichir par l’ensemble ! 

Deuxièmement : agir concrètement. Cela aussi est important. Comme nous l’a rappelé l’abbé Francisco, en citant saint Jean XXIII, l’Église « n’est pas un musée d’archéologie. Elle est l’ancienne fontaine du village qui donne de l’eau aux générations d’aujourd’hui, comme elle l’a donnée à celles d’autrefois » (Homélie de la liturgie en rite byzantin-slave en l’honneur de saint Jean Chrysostome, 13 novembre 1960). La fontaine sert à désaltérer les voyageurs qui arrivent, avec le poids et la fatigue de leur route, tels qu’ils sont ! Du concret, donc, une attention au  « ici et maintenant », comme vous le faites déjà, avec le souci du détail et le sens pratique, de belles vertus typiques du peuple portugais. Quand on ne perd pas son temps à se plaindre de la réalité, mais qu’on se préoccupe de répondre aux besoins concrets, avec joie et confiance en la Providence, il se passe des choses merveilleuses. Votre histoire en témoigne : de la rencontre avec le regard d’une personne âgée dans la rue, naît un centre de charité  « polyvalent » comme celui dans lequel nous nous trouvons ; d’un défi moral et social, la  « campagne pour la vie », naît une association qui aide les mamans et les familles en attente, les enfants et les jeunes en difficulté, afin que, comme nous l’a dit Sandra, ils trouvent un projet de vie fiable ; de l’expérience de la maladie naît une communauté de soutien à ceux qui mènent la lutte contre le cancer, en particulier les enfants, afin que, comme nous l’a dit João, « l’évolution du soin et la meilleure qualité de vie deviennent une réalité pour eux ». Merci pour ce que vous faites ! Continuez avec douceur et gentillesse à vous laisser interpeller par la réalité, avec ses pauvretés anciennes et nouvelles, et à y répondre de manière concrète, avec créativité et courage. 

Le troisième aspect : être proche des plus fragiles. Nous sommes tous fragiles et nécessiteux, mais le regard de compassion de l’Évangile nous pousse à voir les besoins des plus nécessiteux ; et à servir les pauvres, les bien-aimés de Dieu qui s’est fait pauvre pour nous (cf. 2 Co 8, 9) : les exclus, les marginalisés, les laissés-pour-compte, les petits, les personnes sans-défense. Ils sont le trésor de l’Église, ils sont les préférés de Dieu ! Et, parmi eux, souvenons-nous de ne pas faire de différence. Pour un chrétien, en effet, il n’y a pas de préférences entre ceux qui, dans le besoin, frappent à la porte : compatriotes ou étrangers, appartenant à un groupe ou à un autre, jeunes ou vieux, sympathiques ou antipathiques… 

Et, en parlant de charité, je voudrais maintenant vous raconter une histoire, surtout à vous, les enfants, qui ne la connaissez peut-être pas. C’est l’histoire, qui s’est réellement passée, d’un jeune homme portugais qui a vécu il y a très longtemps. Il s’appelait Jean Ciudad et vivait à Montemor-o-Novo. Il rêvait d’une vie pleine d’aventures et, tout jeune, il partit de la maison en quête du bonheur. Il le trouva après de nombreuses années et de nombreuses aventures, lorsqu’il rencontra Jésus. Et il fut tellement heureux de cette découverte qu’il décida même de changer de nom et de s’appeler désormais non plus Jean Ciudad, mais Jean de Dieu. Et il fit une chose audacieuse : il alla dans la ville et se mit à mendier dans les rues, en disant aux gens : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Vous comprenez ? Il demandait la charité, mais il disait à ceux qui la lui donnaient qu’en l’aidant, ils s’aidaient d’abord eux-mêmes ! Il expliquait donc que les gestes d’amour sont un d’abord un don pour celui qui les pose, avant même que pour celui qui les reçoit ; parce que tout ce que l’on amasse pour soi sera perdu, tandis que ce que l’on donne par amour ne sera jamais perdu, mais sera notre trésor dans le ciel. 

C’est pourquoi il disait : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Mais l’amour ne rend pas heureux seulement au ciel, il le fait déjà sur terre, parce qu’il élargit le cœur et permet d’embrasser le sens de la vie. Si nous voulons vraiment être heureux, apprenons à tout transformer en amour, en offrant aux autres notre travail et notre temps, en disant des paroles bonnes et en accomplissant de bonnes actions, et avec un sourire, avec une accolade, avec une écoute, avec un regard. Chers jeunes, frères et sœurs, vivons ainsi ! Nous pouvons tous le faire et nous en avons tous besoin, ici et partout dans le monde. 

Savez-vous ce qui est arrivé à Jean ? Ils ne l’ont pas compris ! Ils l’ont pris pour un fou et l’ont enfermé dans un asile. Mais il ne s’est pas découragé, parce que l’amour n’abandonne pas, parce que celui qui suit Jésus ne perd pas la paix et ne pleure pas sur lui-même. Et c’est là précisément, dans l’asile, en portant la croix, que s’est manifestée l’inspiration de Dieu. Jean se rendit compte à quel point les malades avaient besoin d’aide et lorsqu’on le laissa enfin sortir, après quelques mois, il commença à s’occuper d’eux avec d’autres compagnons, en fondant un ordre religieux : les Frères Hospitaliers. Cependant, certains commencèrent à les appeler autrement, selon les termes mêmes de ce jeune homme qui disait à tout le monde : « Faites du bien mes frères » ! À Rome nous les appelons ainsi : les  « Fatebenefratelli ». Quel beau nom, quelle importante leçon ! Aider les autres est un cadeau pour soi-même et fait du bien à tout le monde. Oui, aimer est un don pour tous ! Souvenons-nous :  « o amor é um presente para todos ! ». Répétons-le ensemble : o amor é um presente para todos ! 

Aimons-nous ainsi ! Continuez à faire de votre vie un cadeau d’amour et de joie. Je vous remercie et je vous recommande, à vous tous, mais surtout aux enfants : allez de l’avant et priez pour moi. Obrigado ! 


Paroles improvisées

Il y a beaucoup de choses que je voudrais vous dire maintenant, mais il se trouve que mes « réflecteurs » ne fonctionne pas et je ne peux pas bien lire. Je vous le donne donc, pour que vous le rendiez public par la suite. On ne peut pas se forcer la vue et lire mal.

Je veux juste m’arrêter sur quelque chose qui n’est pas écrit, mais qui est dans l’esprit de la rencontre : le concret. L’amour abstrait n’existe pas. L’amour platonique est dans les nuages, il n’est pas une réalité. L’amour concret, celui qui se salit les mains. Chacun de nous peut se demander : l’amour que je ressens pour tous ceux qui sont ici, l’amour que je ressens pour les autres, est-il concret ou abstrait ? Quand je donne la main à une personne dans le besoin, à un malade, à un marginal, après avoir donné la main, est-ce que je fais tout de suite comme ceci [il se frotter ma main sur son vêtement] pour ne pas être infecté ? La pauvreté me dégoûte-t-elle, la pauvreté des autres ? Est-ce que je cherche toujours une vie « distillée », qui existe dans mon imagination mais qui n’existe pas dans la réalité ? Combien de vies distillées, inutiles, qui passent sans laisser d’empreinte, parce que ces vies n’ont pas de poids !

Or nous avons ici une réalité qui laisse une empreinte, une réalité depuis tant années, tant d’années, qui laisse une empreinte, source d’inspiration pour les autres. Les Journées Mondiale de la Jeunesse ne pourraient pas exister sans tenir compte de cette réalité. Car c’est aussi cela la jeunesse, dans le sens où vous générez sans cesse une nouvelle vie. Par votre conduite, par votre engagement, par le fait que vous vous salissez les mains pour toucher la réalité de la misère des autres, vous générez de l’inspiration, vous générez de la vie. Je vous en remercie ! Je vous remercie de tout mon cœur. Continuez et ne vous découragez pas ! Et si vous vous découragez, prenez un verre d’eau et en avant !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège et Libreria Editrice Vaticana.

Cérémonie de bienvenue au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Jeudi, le 3 août 2023
Le troisième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François présente son allocution à la cérémonie de bienvenue au « Parque Eduardo VII » à Lisbonne.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Cérémonie de bienvenue
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Jeudi, le 3 août 2023

Chers jeunes, bonsoir ! 

Bienvenue et merci d’être là, je suis heureux de vous voir ! Et aussi d’entendre le beau vacarme que vous faites et d’être contaminé par votre joie. Il est bon d’être ensemble à Lisbonne : vous avez été appelés par moi, par le Patriarche que je remercie pour ses paroles, par vos évêques, vos prêtres, vos catéchistes et vos animateurs. Remercions-les et applaudissons-les ! Mais c’est surtout Jésus qui vous a appelés : remercions-le ! 

Chers amis, vous n’êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement ces jours-ci, mais depuis le début de votre vie. Oui, il vous a appelés par votre nom. Appelés par votre nom : essayez d’imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite pensez qu’ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie, le sens de ce que vous êtes : tu es appelé par ton nom, tu es appelé par ton nom, je suis appelé par mon nom. Au début de la trame de la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons en nous, nous sommes appelés. Appelés parce que aimés. Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux, qu’Il appelle chaque jour pour les étreindre et les encourager ; pour faire de chacun de nous un chef-d’œuvre unique et original, dont nous ne pouvons qu’entrevoir la beauté. 

Au cours de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, aidons-nous mutuellement à reconnaître cette réalité essentielle : que ces journées soient des échos vibrants de l’appel à l’amour de Dieu, parce que nous sommes précieux à ses yeux, en dépit de ce que nos yeux voient parfois, obscurcis par la négativité et éblouis par beaucoup de distractions. Que ce soient des journées où ton nom, à travers les frères et les sœurs de nombreuses langues et nations qui le prononcent avec amitié, résonne comme une nouvelle unique dans l’histoire, parce que la palpitation de Dieu pour toi est unique. Puissions-nous durant ces journées fixer en nos cœurs le fait que nous sommes aimés tels que nous sommes. C’est cela le point de départ des JMJ, mais surtout de la vie. 

Appelés par votre nom : ce n’est pas une manière de dire, c’est la Parole de Dieu (cf. Is 43, 1 ; 2 Tm 1, 9). Cher ami, si Dieu t’appelle par ton nom, cela signifie que pour Lui tu n’es pas un numéro, mais un visage. Je voudrais te faire remarquer une chose : beaucoup aujourd’hui connaissent ton nom, mais ne t’appellent pas par ton nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela ne met pas en jeu ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups se cachent derrière des sourires de fausse bonté, qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu’ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu’un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper, car beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se révèlent ensuite pour ce qu’elles sont : des choses vaines et superflues, des succédanés qui nous laissent vides à l’intérieur. Jésus non : Il a confiance en vous, pour Lui tu comptes. 

C’est pourquoi nous, son Église, sommes la communauté des appelés : non pas des meilleurs – non, absolument pas – mais des convoqués, de ceux qui accueillent, avec d’autres, le don d’être appelés. Nous sommes la communauté des frères et sœurs de Jésus, fils et filles du même Père. Dans les lettres que vous m’avez adressées – elles sont magnifiques, merci ! – vous dites : « Cela me fait peur de savoir qu’il y a des gens qui ne m’acceptent pas et qui ne pensent pas qu’il y a une place pour moi. […] Je me demande même s’il y a une place pour moi ». Et encore : « Je sens que dans ma paroisse, il n’y a pas de place pour l’erreur ».

Chers amis, je voudrais être clair avec vous qui êtes allergiques aux mensonges et aux paroles creuses : il y a de la place pour tout le monde dans l’Église, pour tout le monde ! Personne n’est inutile, personne n’est superflu, il y a de la place pour tout le monde. Tel que nous sommes, tout le monde. Et Jésus le dit clairement quand il envoie les apôtres inviter au banquet de cet homme qui l’avait préparé, il dit : « Allez chercher tout le monde, jeunes et vieux, bien portants et malades, justes et pécheurs : tous, tous, tous ». Dans l’Église, il y a de la place pour tous. « Père, mais je suis un misérable…, je suis une misérable, y a-t-il de la place pour moi? » Il y a de la place pour tout le monde ! Tous ensemble, chacun dans sa langue, répétez avec moi : « Tous, tous, tous ! ». [ils répètent] On n’entend pas, encore ! « Tous, tous, tous ! » Et c’est cela l’Église, la Mère de tous. Il y a de la place pour tous. Le Seigneur ne montre pas du doigt, mais il ouvre ses bras. Cela nous fait penser : le Seigneur ne sait pas faire ceci [montrer du doigt], mais il sait faire cela [étreindre], il nous étreint tous.

Jésus nous le montre sur la croix, en ouvrant si grand les bras au point d’être crucifié et de mourir pour nous. Jésus ne ferme jamais la porte, jamais, mais il t’invite à entrer : « entre et vois ». Jésus te reçoit, Jésus accueille. En ces jours, que chacun d’entre nous transmette le message d’amour de Jésus : « Dieu t’aime, Dieu t’appelle ». Comme c’est beau ! Dieu m’aime, Dieu m’appelle, il veut que je sois près de Lui.

Vous ce soir, vous m’avez posé aussi des questions, beaucoup de questions. Ne vous lassez jamais de poser des questions ! c’est bien, c’est même souvent mieux que de donner des réponses, parce que celui qui pose des questions reste « inquiet », et l’inquiétude est le meilleur remède contre l’habitude, contre cette normalité plate qui anesthésie l’âme. Chacun de nous porte en lui ses propres inquiétudes. Portons ces inquiétudes et portons-les dans le dialogue entre nous, portons-les quand nous prions devant Dieu. Ces questions qui deviennent des réponses avec la vie, nous n’avons qu’à les attendre. Il y a une chose très intéressante : Dieu aime par surprise, ce n’est pas programmé. L’amour de Dieu est surprise. Il surprend toujours, il nous tient toujours éveillés et nous surprend.

Chers garçons et filles, je vous invite à penser à cette chose si belle : Dieu nous aime, Dieu nous aime tels que nous sommes, et non pas tels que nous voudrions être ou tels que la société voudrait que nous soyons : tels que nous sommes. Il nous aime avec les défauts que nous avons, avec les limites que nous avons et avec le désir que nous avons d’avancer dans la vie. C’est ainsi que Dieu nous appelle. Ayez confiance parce que Dieu est Père, et il est un Père qui nous aime, un Père qui nous veut du bien. Ce n’est pas très facile, et c’est pourquoi nous avons une grande aide avec la Mère du Seigneur, qui est aussi notre Mère. Elle est notre Mère. Je voulais seulement vous dire cela. N’ayez pas peur, ayez du courage, allez de l’avant, en sachant que nous sommes protégés par l’amour de Dieu. Dieu nous aime. Disons-le ensemble, tous : « Dieu nous aime ». Plus fort, que je n’entends pas! [ils répètent] On n’entend pas ici… [ils répètent] Merci!

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège et Libreria Editrice Vaticana.

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