Réflexion pour la Journée mondiale des malades, le 11 février 2015

sick10La maladie

Il m’arrive parfois de rêver que j’aurais pu créer un monde meilleur que ce que Dieu a fait. Bien sûr, quelqu’un pourrait répliquer que Dieu a bien fait un monde meilleur que celui-ci, mais que nos premiers ancêtres l’ont ruiné. Cette même personne pourrait ajouter que les humains continuent de ruiner la Terre par leur fierté, leur avidité et leur égoïsme.

Mais la maladie? Dans la comédie musicale Un violon sur le toit (Fiddler on the Roof), Tevye demande à Dieu : « Est-ce que cela gâcherait un vaste plan quelconque si j’étais un homme riche? » Je rêve de demander la même question à Dieu à propos de la maladie. Le plan éternel ne serait-il pas aussi bon, sinon mieux, s’il n’y avait pas de maladie?

D’accord, assez rêver, passons à la théologie. La théologie est parfois meilleure que le rêve… alors voici quelques préliminaires théologiques. En premier lieu, la maladie existe en notre monde à cause du péché originel. Elle ne fait pas partie du «plan éternel» et elle n’est pas non plus un châtiment divin. En second lieu, l’Église parle vraiment du « faute heureuse » de la chute (l’Exultet). Avec le Verbe incarné de Dieu, ce monde est infiniment mieux que l’original. La maladie fait partie de ce monde.

sick11Je pense alors que si on enlevait la maladie, on gâcherait le vaste plan éternel. Il s’agit là du fondement de la structure de notre compréhension de la maladie. Par où commencer? La maladie tombe dans le périmètre du problème du mal. Nous pouvons entrevoir brièvement le sens de ce mystère qui nous enveloppe. En voici quelques aperçus.

La douleur et la souffrance n’ont aucune valeur intrinsèque, comme si Dieu se plaisait à voir les gens souffrir. Nous travaillons selon le plan de Dieu pour éliminer la douleur. Les centres de soins palliatifs, lorsqu’ils parviennent à gérer la douleur physique, mentale et spirituelle, s’inscrivent en continuité historique avec les grandes œuvres des congrégations religieuses d’hommes et de femmes vouées au soin des malades et des mourants.

Certaines personnes endurent la douleur afin de garder la tête claire au lieu d’être sans douleur, mais avec un esprit confus. Ceci est tout à fait acceptable. Dans de telles situations, la douleur peut être associée au Christ pour l’œuvre du Salut.

La douleur peut nous amener à prendre conscience de notre faiblesse, à réaliser à quel point nous sommes dépendants des autres, et ultimement, dépendants de Dieu. Nous aimons croire que nous sommes les maîtres de tout ce qui nous entoure. La souffrance nous empêche d’avoir cette prétention. Sans ce constat, il nous est impossible de vivre la première béatitude, « Bienheureux les pauvres d’esprit, » sans laquelle toute vie spirituelle est impossible. Nous pouvons nous appuyer uniquement sur la force de Dieu.

La douleur et la souffrance nous rapprochent. Combien de fois, les gens créent des liens en aidant une personne malade : parents, amis, travailleurs de la santé et bénévoles de tout acabit.

À la fin, la souffrance et la douleur demeurent un mystère. Bienheureux ceux et celles qui sont malades, qui ne comprennent pas tout, mais qui se soumettent à la volonté de Dieu qui les aime sans compter. Ces personnes sont un don pour toute l’Église, car elles évangélisent à travers leur amour incarné et leur endurance patiente.

Père Leo Walsh, c.s.b.

Quel avenir pour les chrétiens d’Irak ?

Displaced people flee violence in Iraq

« Ils nous ont dit que nous devions être massacrés parce que nous étions chrétiens. Mais nous avons prié, et nous avons été épargnés ». C’est le récit d’une irakienne qui a survécu à la barbarie de l’État Islamique. Réfugiée aujourd’hui en Jordanie, elle se rappelle le son du haut-parleur dans la nuit du 18 juillet 2014 : « vous chrétiens vous devez choisir entre l’islam, être tués, payer la taxe, ou quitter vos maisons ». « Nous sommes restés fermes dans notre foi en Jésus-Christ, explique-t-elle au Franciscan Media Center, alors nous avons tout quitté, et nous avons pris la route avec quelques vêtements et très peu d’affaires ».

Comme elle, plus de deux millions d’irakiens ont quitté leur maison pour se réfugier dans les régions voisines. Il y a six mois, les chrétiens, mais aussi des milliers de yézidis, tentaient de fuir la mort, sous la chaleur écrasante de l’été. Aujourd’hui, ils doivent affronter la rigueur de l’hiver, avec très peu de ressources, et une aide internationale insuffisante pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Le temps passe, donc, mais la situation ne s’améliore pas. C’est le constat de Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA). Tout juste rentré d’une visite au Moyen-Orient, il déplore une situation qui s’aggrave : « il y a plus de souffrance humaine, plus de désespoir, plus de réfugiés, plus d’homicides, plus de problèmes sociaux, plus de récession économique ». « Mais malgré tout, nuance-t-il, les gens gardent espoir ».

« Si ce n’était pas à cause de notre foi, nous n’aurions pas tout quitté pour venir ici. C’est au nom du Christ que nous l’avons fait, et nous sommes fiers de son nom et de ce qu’il a fait pour nous », témoigne encore une réfugiée, dont le sort a été comparé par le Pape à celui de Jésus. «  Vous êtes comme Jésus la nuit de sa nativité : il n’y avait pas de place pour lui, il a été chassé et il a dû fuir pour se sauver » a dit le Pape aux réfugiés irakiens du camp d’Ankawa, en banlieue d’Erbil, lors d’un appel téléphonique la veille de Noël.

En Jordanie, où sont réfugiés selon Caritas près de 7000 chrétiens d’Irak, 18 paroisses ont ouvert leurs portes pour venir en aide aux déplacés. La paroisse catholique Marie Mère de l’Église, à Amman, est pour ainsi dire une vraie mère pour de nombreux chrétiens. « Les gens arrivés ici ne possédaient plus rien. Voilà pourquoi ils ont besoin d’urgence de tout ce qui pourrait leur être d’une quelconque utilité, comme des chaussures, des vêtements, des couvertures et des médicaments. Viennent s’y ajouter les repas quotidiens pour 200 familles » raconte le curé de la paroisse, le père Khalil Jaar.

« Il nous donne tout : la nourriture, l’eau. Il a même ouvert une école pour nos enfants en âge d’être scolarisés. C’est une bonne chose » se félicite un homme, réfugié dans la paroisse avec sa famille. « Mais jusqu’à quand allons-nous rester comme ça ? » S’interroge-t-il.

Dans cette même paroisse, témoins de l’horreur, et confrontés à la misère qui les entoure, les réfugiés n’ont qu’une seule envie, celle de commencer une nouvelle vie. « Je suis prêt à aller ici ou là, mais pas retourner en Irak. Je veux retrouver du travail, envoyer mes filles à l’école, et leur offrir un avenir » confie avec émotion un autre père de famille.

C’est dans ce bien triste contexte qu’une milice chrétienne, de plus de 3000 soldats, est actuellement constituée pour faire face aux djihadistes de l’État Islamique. Les assyriens, avec l’aide de yézidis, veulent ainsi récupérer le territoire qui leur a été volé. Une terre chrétienne depuis des milliers d’années, qui comptait il y a dix ans plus d’un million de chrétiens, et qui aujourd’hui n’en compte plus que 400 000.

24 heures de prière pour un nouveau printemps de la vie consacrée

Le 31 janvier et 1er février dernier avait lieu au Sanctuaire du Très-Saint Sacrement de Montréal les 24 heures de prière pour un nouveau printemps de la vie consacrée, événement organisé conjointement par la Fraternité monastique de Jérusalem et l’Archidiocèse de Montréal. Ce véritable marathon spirituel a débuté le samedi par une Messe présidée par le Nonce apostolique au Canada, Mgr Luigi Bonazzi.

« Un témoin de Dieu qui est Amour, voilà ce qu’est la personne consacrée aujourd’hui! Comme il est important aujourd’hui dans une grande ville telle que Montréal, de pouvoir compter sur des personnes capables d’aider leurs prochains, à rencontrer ce Dieu qui est Amour. Le plus grand cadeau que nous pouvons faire à nos prochains est de les aider à faire cette rencontre avec ce Dieu qui est amour. »

La journée s’est ensuite poursuivie durant l’après-midi par une série de témoignages manifestant la diversité et les différents visages de la vie consacrée aujourd’hui. Se sont donc succédé de véritables témoins de la foi et de cette réponse à l’appel de Dieu à la vie consacrée :

  • Le Père Benoît Lacroix o.p. qui a prononcé une allocution sur le thème de la vie consacrée au Québec depuis 1965 : Une mission si féconde, variée et colorée.
  • Sœur Gilberte Bussière CND qui a donné un témoignage touchant sur sa vocation personnelle à la vie consacrée et qui s’est également exprimée pour la toute première fois publiquement sur l’épisode malheureux de ces 58 jours passés en captivité au Cameroun sous le regard de Dieu.
  • Le Frère Antoine-Emmanuel s’est exprimé sur le sens de la vie consacrée, ses nombreux visages et ses nouvelles formes.
  • Une consacrée de l’Institut Notre Dame de vie, Marie-Sophie De Bouville a parlé de l’évangile au quotidien.
  • Jean-François Pouliot fmj a livré un touchant témoignage sur son appel personnel à la vie consacrée.

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Renforcer la collaboration dans la protection des mineurs

AFP3864140_ArticoloCité du Vatican, 5 février 2015 (VIS). Le 2 février, le Pape a écrit aux Présidents des Conférences épiscopales et aux Supérieurs des instituts de vie consacré et des sociétés de vie apostolique en vue de renforcer leur collaboration avec la Commission pontificale pour la protection des mineurs (créée en mars dernier). Après avoir annoncé sa création dès décembre 2013 « dans le but d’offrir des propositions et des initiatives visant à améliorer les règles et procédures pour la protection de tous les enfants et les adultes vulnérables, » il rappelle avoir appelé des personnalités hautement qualifiés à y œuvrer et il a reconnues pour leurs efforts en la matière. En juillet 2014 ensuite, poursuit-il, « j’ai rencontré des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, ce qui m’a permis de mieux percevoir l’intensité de leurs souffrances et la force de leur foi. Cela a confirmé ma conviction que nous devons continuer à tout faire pour éradiquer au sein de l’Eglise le fléau de la violence faite aux enfants, et engager un parcours de réconciliation et de guérison pour ceux qui ont été maltraités.

Pour ces raisons, en décembre dernier, j’ai ajouté quelques nouveaux membres à la Commission pour mieux représenter les Eglises particulières de par le monde. Dans quelques jours, la Commission au complet se réunira à Rome pour la première fois. Elle sera un outil valable et efficace pour m’aider à promouvoir l’engagement de toute l’Eglise, à tous les niveaux: conférences épiscopales, diocèses, ordres religieux et instituts consacrés. Nous devons mettre en œuvre les actions nécessaires pour assurer la protection des enfants et des adultes vulnérables et donner des réponses de justice et de miséricorde. Les familles ont besoin de savoir que l’Eglise n’a pas ménagé ses efforts pour protéger leurs enfants et qui ont le droit de les confier en pleine confiance. Il ne doit plus être possible d’invoquer d’autres considérations, de quelque nature qu’ils soient, comme le désir d’éviter le scandale. Il ne doit pas y avoir de place dans la prêtrise pour ceux qui abusent de mineurs. Il convient de donner plein effet à la circulaire publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 3 mai 2011, pour aider les Conférences épiscopales dans la préparation de lignes directrices pour le traitement des cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs. Il est important que les conférences adoptent un instrument pour l’examen périodique des normes, et la vérification de leur mise en œuvre. L’évêque diocésain et les supérieurs majeurs ont la responsabilité de veiller à ce que, dans les paroisses et les autres institutions de l’Eglise, soit garantie la sécurité des enfants et des adultes vulnérables. Il est du devoir de l’Eglise d’exprimer la compassion de Jésus à ceux qui ont subi des sévices sexuels, ainsi qu’à leurs familles. Diocèses et instituts religieux sont invités à se doter de programmes pastoraux intégrant services psychologiques et spirituels. Les pasteurs et les supérieurs des communautés religieuses doivent être disponibles à rencontrer les victimes et leurs proches. Ces rencontres seront d’excellentes occasions pour écouter et demander pardon à ceux qui ont tant souffert. [Read more…]

Échos du Vatican – 3 février 2015

Un carême contre « la mondialisation de l’indifférence »

MAN BEGS IN BUDAPEST, HUNGARY

Ce mardi 27 janvier le pape François rendait public son message de carême 2015. Dans cette lettre, intitulée « Tenez-ferme ! », le Pape s’arrête largement sur « la mondialisation de l’indifférence ». Une expression qui fait écho à son homélie, prononcée en juillet 2013, lors de son voyage à Lampedusa. En évoquant les migrants morts en mer, il dénonçait alors « la culture du bien-être qui nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais qui ne sont rien. Elles sont l’illusion de la futilité, du provisoire, qui mène à l’indifférence, plus encore, à la mondialisation de l’indifférence ».

« Le carême, écrit le Pape en introduction de son message, est un temps de renouveau pour l’Église, pour les communautés et pour chaque fidèle ». « Dieu n’est pas indifférent à nous…mais il arrive que, quand nous allons bien et nous prenons nos aises, nous oublions sûrement de penser aux autres, nous ne nous intéressons plus à leurs problèmes, à leurs souffrances et aux injustices qu’ils subissent…alors notre cœur tombe dans l’indifférence ». Cette attitude égoïste déplore le pape, « a pris aujourd’hui une dimension mondiale ».

Pour dépasser l’indifférence donc, le Souverain pontife propose dans son message trois pistes à méditer :

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L’expérience personnelle d’un Père synodal

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Corriveau John 1L’expérience personnelle d’un père du Synode

Par Révérend John Corriveau, OFM Cap.
Évêque de Nelson, Colombie-Britannique

Entre 1994 et 2012, j’ai eu le privilège de participer à cinq Assemblées du Synode des évêques. Ces cinq Synodes ont représenté une grande variété de défis pour l’Église : Le rôle de la vie consacrée dans l’Église et le monde (1994), l’Assemblée spéciale pour l’Amérique (1997), l’Assemblée spéciale pour l’Océanie (1998), L’Eucharistie, Source et Sommet de la vie et de la mission de l’Église (2005) et le Synode sur la Nouvelle Évangélisation et la transmission de la foi (2012).

Le Synode de 1994 a été inauguré par le pape Paul VI pour donner une expression concrète à la nature collégiale de la gouvernance dans l’Église. Ce fut certainement mon expérience. Pour quatre de ces cinq synodes, je n’étais pas encore évêque. Ce qui signifie que j’étais perché tout en haut de la Salle du Synode d’où je pouvais voir tous les délégués réunis en provenance des quatre coins du monde, le vrai visage de notre humanité. Ce fut une grâce pour moi que de faire l’expérience de la diversité et de l’unité palpable comme il est dit dans les Actes des apôtres : « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Acts 2,11). Le pape Paul VI voyait aussi dans le Synode l’instrument privilégié pour continuer l’esprit réformateur du Concile Vatican II. En effet, Vatican II avait mis en branle la plus profonde reconsidération de l’identité de l’Église depuis le Concile de Trente : « l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (LG, 4). La théologie de communion est le fil conducteur de tous les Synodes. Pour moi, le Synode manifeste son fondement trinitaire par la communion de l’Église en soulignant le fait que la communion n’est pas simplement une conséquence sociologique de la Foi mais un élément constitutif de la Foi elle-même. Être Église signifie être immergé dans cette dynamique qu’est la relation toujours créative de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. [Read more…]

Échos du Vatican – 27 janvier 2015

Il évite aujourd’hui la flagellation

badawi

En Arabie Saoudite, Raïf Badawi échappe ce jour à 50 coups de fouet. Pour la deuxième semaine consécutive le jeune homme ne sera pas fouetté, « pour des raisons de santé ». La semaine dernière les plaies des premiers coups n’avaient pas suffisamment cicatrisé, et cette semaine, un avis médical le déclare une fois encore inapte à la flagellation. Aujourd’hui donc il ne s’agit pas d’une grâce, mais d’un répit médical.

Détenu depuis juin 2012 à la prison de Briman, à Djeddah, le blogueur de 31 ans a été condamné en novembre 2014 à 1000 coups de fouets et 10 ans d’emprisonnements pour « insulte à l’islam ». Selon l’ONG Human Rights Watch, il lui est notamment reproché d’avoir critiqué, sur son blogue, plusieurs dignitaires religieux de son pays. Et selon sa femme, le procès portait essentiellement sur ses déclarations de 2010 auprès d’une chaîne de télévision française : « un athée a le droit de dire ce qu’il veut …et personne n’a le droit de lui réclamer des comptes pour ses opinions ».

Pour s’être ainsi exprimé, le jeune blogueur a reçu ses 50 premiers coups de fouet en public, vendredi 9 janvier, après la prière devant une mosquée à Djeddah. Ce rituel devait s’étendre sur 20 semaines, chaque vendredi, à raison de 50 coups de fouet. Un traitement inhumain qui scandalise la communauté internationale.

L’Union européenne appelle les autorités saoudiennes à suspendre de nouveaux châtiments corporels. « Ce type d’acte n’est pas conforme avec les conventions internationales sur les droits de l’Homme, notamment la convention contre la torture qui a été ratifié par l’Arabie Saoudite ».
« Au lieu de continuer à tourmenter Raïf Badawi en éternisant son calvaire avec des examens [médicaux] répétés, les autorités devraient annoncer publiquement la fin de sa flagellation et le libérer immédiatement et sans condition », a déclaré Saïd Boumedouha d’Amnistie internationale.

La femme de Badawi, ainsi que ses trois enfants, sont aujourd’hui réfugiés à Sherbrooke, dans la province du Québec, où se multiplient les rassemblements de soutien à la famille. Ils demandent au gouvernement canadien d’intervenir afin de faire libérer Raïf.

La mort, ce vendredi, du roi Abdallah « va peut-être permettre une certaine clémence pour la situation du jeune blogueur », estime une journaliste depuis la capitale saoudienne.

Plus d’oppression et moins de liberté pour les chrétiens en 2014

Les chrétiens constituent aujourd’hui le groupe religieux le plus persécuté dans le monde. En effet, au moins 4344 chrétiens ont été assassinés en 2014 à cause de leur foi, et les chiffres sont en constante augmentation. C’est ce qui ressort de l’Index Mondial de Persécution 2015, publiée ce mois-ci par l’ONG Portes Ouvertes. L’organisation protestante recense chaque année les 50 pays où les chrétiens subissent les plus graves discriminations. D’après leurs informations, c’est au Nigeria que coule le plus de sang chrétien. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, on dénombre 2484 chrétiens tués en 2014, c’est quatre fois plus qu’en 2013. Vient ensuite la Centrafrique, avec plus de 1088 assassinats.

Même si c’est au Nigeria qu’il y a eu le plus de chrétiens exécutés l’année dernière, c’est en Corée du Nord, en revanche, que la persécution est la plus forte. En tête de classement dans l’Index depuis 12 ans, la Corée du Nord reste le pays le plus répressif à l’encontre de la foi chrétienne. Mais pour la première fois, 2 autres pays font leur entrée dans la catégorie noire (persécution absolue) de l’Index. La Somalie et l’Irak sont ainsi les deuxième et troisième pays où la persécution anti-chrétienne atteint son paroxysme.

La persécution, explique-t-on dans le rapport, peut s’exercer sous différentes formes : de manière visible, par la violence physique et matérielle. Et de manière plus sournoise, par l’oppression quotidienne à travers le rejet, la discrimination, l’exclusion…

Quelle que soit sa forme, la persécution contre les chrétiens s’intensifie. Elle est présente en Afrique, Asie, Amérique et Europe, même dans les pays à majorité chrétienne. « Il y a plus de persécution, plus d’oppression, moins de liberté » déplore Michel Varton, président de Portes Ouvertes. Interrogé par Radio Vatican, il explique que « pour chaque pays les facteurs de persécution sont différents », mais selon lui, l’islamisme est un facteur que l’on retrouve un peu partout. « C’est clair qu’il y a quelque chose qui se passe au sein du monde musulman et qu’il y a un impact à travers le monde, en particulier envers l’Église ».

D’après l’Index Mondial, l’islamisme est en effet à l’origine des persécutions dans 40 des 50 pays figurant dans le document, que ce soit en matière de persécution violente ou d’oppression. Et sur les 10 pays où les chrétiens subissent le plus de violence, 8 connaissent une radicalisation islamique : Nigeria, Irak, Syrie, Centrafrique, Soudan, Pakistan, Egypte, Kenya.

Parmi les tendances relevées par l’ONG, on note que de plus en plus de chrétiens sont chassés de chez eux. Ils ont dû fuir la persécution, créant un flot énorme de réfugiés et de déplacés vivant dans une extrême précarité. En Syrie par exemple, 40% de la population chrétienne a quitté le pays. Sur les 1.8 million de chrétiens que comptait le pays avant la guerre, 700 000 sont partis. En Irak, depuis l’été dernier, 140 000 chrétiens ont été déplacés et 5000 familles chrétiennes ont émigré. Au Nigeria, des milliers de chrétiens ont été chassés de chez eux par Boko Haram. En Erythrée, ils quittent le pays pour échapper à la prison.

Les chiffres publiés dans l’Index Mondial de Persécution « sont probablement en dessous de la réalité » souligne l’ONG Portes Ouvertes, car « de nombreux assassinats sont très certainement passés sous silence ». Ils révèlent néanmoins que le meurtre en raison de la foi chrétienne est une dramatique réalité aujourd’hui.

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