Mot de la fin du pape François au Synode des évêques

FrancisClosingRemarks

À la fin du Synode extraordinaire des évêques sur la famille, le pape François s’est adressè aux Pères synodaux et toutes les personnes impliquèes. Voici le texte intègral de l’allocution de Saint-Père:

Eminences, Béatitudes, Excellences, frères et sœurs,

Le cœur empli de reconnaissance et de gratitude je voudrais rendre grâce, avec vous, au Seigneur qui nous a accompagnés et nous a guidés ces derniers jours, avec la lumière de l’Esprit Saint!

Je remercie de tout cœur Monsieur le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, S.Exc. Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire, et avec eux je remercie le rapporteur, le cardinal Péter Erdő, qui a énormément travaillé, même lors des jours de deuil en famille, et le secrétaire spécial S.Exc. Mgr Bruno Forte, les trois présidents-délégués, les greffiers, les consulteurs, les traducteurs et les anonymes, tous ceux qui ont œuvré avec une vraie fidélité dans les coulisses et un dévouement total à l’Eglise et sans trêve: merci beaucoup!

Je vous remercie également tous, chers pères synodaux, délégués fraternels, auditeurs, auditrices et assesseurs pour votre participation active et fructueuse. Vous serez  dans mes prières, et je demanderai au Seigneur de vous récompenser par l’abondance de ses dons de grâce!

Je pourrais dire sereinement que — avec un esprit de collégialité et de synodalité — nous avons vécu véritablement une expérience de «synode», un parcours solidaire, un «chemin ensemble». Et cela ayant été «un chemin», comme sur tout chemin, il y a eu des moments de courses rapides, comme à vouloir gagner contre le temps et atteindre au plus vite l’objectif; d’autres moments de lassitude, comme à vouloir dire assez; d’autres moments d’enthousiasme et d’ardeur. Il y a eu des moments de profond réconfort en écoutant le témoignage des vrais pasteurs (cf. Jn 10 et Cann. 375, 386, 387) qui portent dans le cœur sagement les joies et les larmes de leurs fidèles. Des moments de consolation et de grâce et de réconfort en écoutant les témoignages des familles qui ont participé au synode et ont partagé avec nous la beauté et la joie de leur vie matrimoniale. Un chemin où le plus fort s’est senti en devoir d’aider le moins fort, où le plus expert s’est mis au service  des autres, même à travers les confrontations. Et comme c’est un chemin d’hommes, avec les réconforts il y a eu aussi des moments de désolation, de tension, et de tentations, dont on pourrait mentionner quelques possibilités:

– une: la tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire vouloir s’enfermer dans ce qui est écrit (la lettre) et ne pas se laisser surprendre par Dieu, par le Dieu des surprises (l’esprit); à l’intérieur de la loi, de la certitude de ce que nous connaissons et non pas de ce que nous devons encore apprendre et atteindre. Depuis l’époque de Jésus c’est la tentation des zélés, des scrupuleux, des attentifs et de ceux qu’on appelle — aujourd’hui «traditionalistes» et aussi des intellectualistes.

– La tentation de l’angélisme destructeur, qui au nom d’une miséricorde trompeuse bande les blessures sans d’abord les soigner ni les traiter; qui s’attaque aux  symptômes et pas aux causes et aux racines. C’est la tentation des «bien-pensants», des timorés et aussi de ceux qu’on appelle «progressistes et libéralistes».

– La tentation de transformer la pierre en pain pour rompre le jeûne long, lourd et douloureux (cf. Lc 4, 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et de la jeter contre les pécheurs, les faibles et les malades (cf. Jn 8, 7) c’est-à-dire de le transformer en «fardeaux insupportables» (Lc 10, 27).

– La tentation de descendre de la croix, pour faire plaisir aux gens, et ne pas y rester, pour accomplir la volonté du Père; de se plier à l’esprit mondain au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu.

– La tentation de négliger le «depositum fidei», de se considérer non pas des gardiens mais des propriétaires et des maîtres ou, dans l’autre sens, la tentation de négliger la réalité en utilisant une langue précieuse et un langage élevé pour dire tant de choses et ne rien dire! On les appelait des «byzantinismes», je crois, ces choses-là…

Chers frères et sœurs, les tentations ne doivent ni nous effrayer ni nous déconcerter ni non plus nous décourager, parce qu’aucun disciple n’est plus grand que son maître; donc si Jésus a été tenté — et même appelé Béelzéboul (cf. Mt 12, 24) — ses disciples ne doivent pas s’attendre à un meilleur traitement.

Personnellement, je me serais beaucoup inquiété et attristé s’il n’y avait pas eu  ces tentations et ces discussions animées; ce mouvement des esprits, comme l’appelait  saint Ignace (EE, 6) si tout le monde avait été d’accord ou taciturne dans une paix fausse et quiétiste. En revanche j’ai vu et j’ai écouté — avec joie et reconnaissance — des discours et des interventions pleines de foi, de zèle pastoral et doctrinal, de sagesse, de franchise, de courage et de  parrhésie. Et j’ai entendu qu’a été mis devant les yeux de chacun le bien de l’Eglise, des familles et la «suprema lex», la «salus animarum» (cf. Can. 1752). Et ce toujours — nous l’avons dit ici, dans cette salle — sans jamais mettre en discussion les vérités fondamentales du sacrement du mariage: l’indissolubilité, l’unité, la fidélité et la procréation, c’est-à-dire l’ouverture à la vie (cf. Cann. 1055, 1056 et Gaudium et Spes, n. 48).

Et c’est cela l’Eglise, la vigne du Seigneur, la Mère fertile et la Maîtresse attentive, qui n’a pas peur de se retrousser les manches pour verser l’huile et le vin sur les blessures des hommes (cf. Lc 10, 25-37); qui ne regarde par l’humanité depuis un château de verre pour juger ou étiqueter les personnes. C’est cela l’Eglise une, sainte, catholique, apostolique et composée de pécheurs, qui ont besoin de sa miséricorde. C’est cela l’Eglise, la véritable épouse du Christ, qui cherche à être fidèle à son Epoux et à sa doctrine. C’est l’Eglise qui n’a pas peur de manger et de boire avec les prostituées et les publicains (cf. Lc 15). L’Eglise qui a les portes grandes ouvertes pour recevoir ceux qui sont dans le besoin, les repentis et pas seulement les justes ou ceux qui croient être parfaits! L’Eglise  qui n’a pas honte de son frère qui a chuté et ne fait pas semblant de ne pas le voir, mais se sent au contraire impliquée et presque obligée de le relever et de l’encourager à reprendre son chemin et l’accompagne vers la rencontre définitive, avec son Epoux, dans la Jérusalem céleste.

C’est cela l’Eglise, notre mère! Et quand l’Eglise, dans la variété de ses charismes, s’exprime en communion, elle ne peut pas se tromper: c’est la beauté et la force du sensus fidei, de ce sens surnaturel de la foi qui est donné par l’Esprit Saint afin qu’ensemble, nous puissions tous entrer dans le cœur de l’Evangile et apprendre à suivre Jésus dans notre vie, et cela ne doit pas être vu comme un motif de confusion et de malaise.

Beaucoup de commentateurs, ou des gens qui parlent, ont imaginé voir une Eglise en litige où une partie s’oppose à  l’autre, en allant même jusqu’à douter de l’Esprit Saint, le vrai promoteur et garant de l’unité et de l’harmonie dans l’Eglise. L’Esprit Saint qui tout au long de l’histoire a toujours conduit  la barque, à travers ses ministres, même lorsque la mer était contraire et agitée et les ministres infidèles et pécheurs.

Et, comme j’ai osé vous le dire au début, il était nécessaire de vivre tout cela avec tranquillité, avec une paix intérieure également parce que le synode se déroule cum Petro et sub Petro, et la présence du Pape est une garantie pour tous.

Parlons un peu du Pape, à présent, en relation avec les évêques… Donc, la tâche du Pape est de garantir l’unité de l’Eglise; elle est de rappeler aux pasteurs que leur premier devoir est de nourrir le troupeau — nourrir le troupeau — que le Seigneur leur a confié et chercher à accueillir — avec paternité et miséricorde et sans fausses craintes — les brebis égarées. Je me suis trompé ici. J’ai dit accueillir: aller les chercher.

Sa tâche est de rappeler à tous que l’autorité dans l’Eglise est service (cf. Mc 9, 33-35) comme l’a expliqué avec clarté le Pape Benoît XVI, avec des mots que je cite textuellement: «L’Eglise est appelée et s’engage à exercer ce type d’autorité qui est service, et elle l’exerce non à son propre titre, mais au nom de Jésus Christ… A travers les pasteurs de l’Eglise, en effet, le Christ paît son troupeau: c’est Lui qui le guide, le protège, le corrige, parce qu’il l’aime profondément. Mais le Seigneur Jésus, Pasteur suprême de nos âmes, a voulu que le collège apostolique, aujourd’hui les évêques, en communion avec le Successeur de Pierre… participent à sa mission de prendre soin du Peuple de Dieu, d’être des éducateurs dans la foi, en orientant, en animant et en soutenant la communauté chrétienne, ou comme le dit le Concile, en veillant “à ce que chaque chrétien parvienne, dans le Saint-Esprit, à l’épanouissement de sa vocation personnelle selon l’Evangile, à une charité sincère et active et à la liberté par laquelle le Christ nous a libérés” (Presbyterorum Ordinis, n. 6)… c’est par notre intermédiaire — continue le Pape Benoît — que le Seigneur atteint les âmes, les instruit, les protège, les guide. Saint Augustin, dans son Commentaire à l’Evangile de saint Jean dit: “Que paître le troupeau du Seigneur soit donc un engagement d’amour” (123, 5); telle est la règle de conduite suprême des ministres de Dieu, un amour inconditionnel, comme celui du Bon Pasteur, empli de joie, ouvert à tous, attentif au prochain et plein d’attention pour ceux qui sont loin (cf. Saint Augustin, Discours 340, 1; Discours 46, 15), délicat envers les plus faibles, les petits, les simples, les pécheurs, pour manifester l’infinie miséricorde de Dieu avec les paroles rassurantes de l’espérance (cf. ibid., Lettre 95, 1)» (Benoît XVI, Audience générale, mercredi 26 mai 2010).

Donc l’Eglise est du Christ — elle est son Epouse — et tous les évêques, en communion avec le Successeur de Pierre, ont la tâche et le devoir de la protéger et la servir, non pas en  maîtres mais en serviteurs. Le Pape, dans ce contexte, n’est pas le seigneur suprême mais plutôt le suprême serviteur — le «servus servorum Dei»; le garant de l’obéissance et de la conformité de l’Eglise à la volonté de Dieu, à l’Evangile du Christ et à la Tradition de l’Eglise, en mettant de côté tout arbitraire personnel, tout en étant — par la volonté du Christ lui-même — le «Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles» (Can. 749) et bien que possédant  «dans l’Eglise le  pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel» (cf. Cann. 331-334).

Chers frères et sœurs, nous avons encore à présent une année pour mûrir, avec un vrai discernement spirituel, les idées proposées et trouver des solutions concrètes aux nombreuses difficultés et innombrables défis que les familles doivent affronter; à apporter des réponses aux nombreux découragements qui assiègent et étouffent les familles.

Une année pour travailler sur la «Relatio synodi» qui est le résumé fidèle et clair de tout ce qui a été dit et discuté dans cette salle et au sein des carrefours. Et elle est présentée aux Conférences épiscopales comme «Lineamenta».

Que le Seigneur nous accompagne, nous guide sur ce parcours à la gloire de Son nom avec l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de saint Joseph! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi!

Pape François lors de la béatification du pape Paul VI: Merci de votre témoignage humble et prophétique

FrancisHomily

Vous trouverez, en bas de page, le texte intègral de l’homèlie du pape François lors de la messe de clôture de Synode et de la bèatification de pape Paul VI:

Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).

À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.

L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : « Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.

Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !

« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.

Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.

Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.

Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).

En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).

À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !

Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.

Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement,Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).

Allocution d’ouverture de l’année 2014, du pape François, au Synode des évêques

Francis

Vous trouverez, en bas de page, le texte intègral de l’allocution d’ouverture du pape François lors de l’Assemblèe gènèrale extraordinaire du Synode des évêques:

Éminences, Béatitudes, Excellences, frères et sœurs,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue à cette rencontre et je vous remercie de tout cœur pour votre présence et votre service attentionnés et qualifiés.

En votre nom, je voudrais exprimer mes vifs et sincères remerciements à toutes les personnes qui ont travaillé avec dévouement, avec patience et avec compétence, pendant de longs mois, en lisant, évaluant, et élaborant les thèmes, les textes et les travaux de cette assemblée générale extraordi-naire.

Permettez-moi d’adresser un remerciement particulier et cordial au cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, à Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire, et avec eux à tous les rapporteurs, les rédacteurs, les consulteurs, les traducteurs, et à tout le personnel du secrétariat du synode des évêques. Ils ont travaillé inlassablement, et continuent de travailler, pour la bonne réussite du présent synode: merci beaucoup, vraiment, et que le Seigneur vous récompense !

Je remercie également le conseil post-synodal, le rapporteur et le secrétaire général ; les conférences épiscopales qui ont travaillé vraiment beaucoup et, avec eux, je remercie les trois présidents délégués…

Je vous remercie aussi, chers cardinaux, patriarches, évêques, prêtres, religieux et religieuses, hommes et femmes laïcs pour votre présence et pour votre participation qui enrichit les travaux et l’esprit de collégialité et de synodalité pour le bien de l’Église et des familles ! Cet esprit de synodalité aussi, j’ai voulu qu’il existe dans l’élection du rapporteur, du secrétaire général et des présidents délégués. Les deux premiers ont été élus directement par le Conseil post-synodal, lui-même élu par les participants du dernier synode. En revanche, comme les présidents délégués doivent être choisis par le Pape, j’ai demandé à ce même conseil post-synodal de proposer des noms, et j’ai nommé ceux que le Conseil m’a proposés.

Vous apportez la voix des Églises particulières, réunies au niveau d’Églises locales à travers les Conférences épiscopales. L’Église universelle et les Églises particulières sont d’institution divine ; les Églises locales ainsi entendues sont d’institution humaine. Cette voix, vous l’apporterez en synodalité. C’est une grande responsabilité: apporter les réalités et les problématiques des Églises, pour les aider à cheminer sur cette voie qu’est l’Évangile de la famille.

Une condition générale de base est celle-ci : parler clair. Que personne ne dise : « On ne peut dire cela ; quelqu’un pensera de moi ceci et cela… ». Il faut dire tout ce que l’on sent avec parrhésie. Après le dernier Consistoire (février 2014), où l’on a parlé de la famille, un cardinal m’a écrit en disant : dommage que certains cardinaux n’aient pas eu le courage de dire certaines choses par respect pour le Pape, en estimant peut-être que le Pape pensait autre chose. Cela ne va pas, cela n’est pas la synodalité, parce qu’il faut dire tout ce que, dans le Seigneur, on se sent de devoir dire : sans craindre le jugement humain, sans lâcheté. Et, dans le même temps, il faut écouter avec humilité et accueillir le cœur ouvert ce que disent les frères. C’est avec ces deux attitudes que s’exerce la synodalité.

C’est pourquoi je vous demande, s’il vous plaît, ces attitudes de frères dans le Seigneur : parler avec parrhésie et écouter avec humilité.

Et faites-le avec tranquillité et paix, parce que le synode se déroule toujours cum Petro et sub Petro, et la présence du Pape est une garantie pour tous et une protection de la foi.

Chers frères, collaborons tous pour que s’affirme avec clarté la dynamique de la synodalité. Merci.

Homélie du pape François lors de la messe d’ouverture du Synode

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Le 5 octobre 2014, le pape François a prèsidè la messe d’ouverture du Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Vous trouverez, ci-dessous, le texte intègral de son discours:

Aujourd’hui, le prophète Isaïe et l’Évangile utilisent l’image de la vigne du Seigneur. La vigne du Seigneur est son “rêve”, le projet qu’il cultive avec tout son amour, comme un paysan prend soin de son vignoble. La vigne est une plante qui demande beaucoup de soin !

Le “rêve” de Dieu c’est son peuple : il l’a planté et le cultive avec un amour patient et fidèle, pour qu’il devienne un peuple saint, un peuple qui porte beaucoup de fruits de justice.

Mais, aussi bien dans la prophétie ancienne que dans la parabole de Jésus, le rêve de Dieu est déçu. Isaïe dit que la vigne, si aimée et soignée, « a produit de mauvais raisins » (5, 2.4), alors que Dieu « attendait le droit, et voici le crime ; il attendait la justice, et voici les cris» (v.7). Dans l’Évangile, au contraire, ce sont les paysans qui ruinent le projet du Seigneur : ils ne font pas leur travail, mais ils pensent à leurs intérêts.

Jésus, dans sa parabole, s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire aux “sages”, à la classe dirigeante. Dieu leur a confié de façon particulière son “rêve”, c’est-à-dire son peuple, pour qu’ils le cultivent, en prennent soin, le protègent des animaux sauvages. Voilà la tâche des chefs du peuple : cultiver la vigne avec liberté, créativité et ardeur.

Jésus dit que pourtant ces paysans se sont emparés de la vigne ; par leur cupidité et leur orgueil, ils veulent faire d’elle ce qu’ils veulent, et ainsi ils ôtent à Dieu la possibilité de réaliser son rêve sur le peuple qu’il s’est choisi.

La tentation de la cupidité est toujours présente. Nous la trouvons aussi dans la grande prophétie d’Ézéchiel sur les pasteurs (cf. ch. 34), commentée par saint Augustin dans son célèbre discours que nous venons de relire dans la Liturgie des Heures. Cupidité d’argent et de pouvoir. Et pour assouvir cette cupidité, les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables qu’eux-mêmes ne déplacent pas même avec un doigt (cf. Mt 23, 4).

Nous aussi, au Synode des Évêques, nous sommes appelés à travailler pour la vigne du Seigneur. Les Assemblées synodales ne servent pas à discuter d’idées belles et originales, ou à voir qui est le plus intelligent… Elles servent à cultiver et à mieux garder la vigne du Seigneur, pour coopérer à son “rêve”, à son projet d’amour sur son peuple. Dans ce cas, le Seigneur nous demande de prendre soin de la famille, qui depuis les origines est partie intégrante de son dessein d’amour pour l’humanité.

Nous sommes tous pécheurs et à nous aussi, peut arriver la tentation de “nous emparer” de la vigne, à cause de la cupidité qui ne nous manque jamais à nous, êtres humains. Le rêve de Dieu se heurte toujours à l’hypocrisie de quelques-uns de ses serviteurs. Nous pouvons “décevoir” le rêve de Dieu si nous ne nous laissons pas guider par l’Esprit Saint. Que l’Esprit nous donne la sagesse qui va au-delà de la science, pour travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité.

Frères Synodaux, pour cultiver et bien garder la vigne, il faut que nos cœurs et nos esprits soient gardés en Jésus Christ dans la « paix qui surpasse tout ce qu’on peut concevoir », (Ph 4,7). Ainsi nos pensées et nos projets seront conformes au rêve de Dieu : se former un peuple saint qui lui appartienne et qui produise des fruits du Royaume de Dieu (cf. Mt 21, 43).

Homélie du pape François lors de la veillée de prière pour la Famille

Pope-Francis-Prayer-Vigil

Le 4 octobre 2014, le pape François a présidé une vigile de prières précédant le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Ci-dessous, le texte intégral de son discours

Chères familles, bonsoir !

Le soir descend désormais sur notre assemblée. C’est l’heure où l’on rentre volontiers chez soi pour se retrouver à la même table, entouré par la présence des liens d’affection, du bien accompli et reçu, des rencontres qui réchauffent le cœur et le font croître, comme un bon vin qui anticipe au cours de l’existence de l’homme la fête sans crépuscule.

C’est aussi l’heure la plus douloureuse pour celui qui se retrouve en tête à tête avec sa propre solitude, dans le crépuscule amer de rêves et de projets brisés : combien de personnes traînent-elles leurs journées sur la voie sans issue de la résignation, de l’abandon, voire de la rancœur ; dans combien de maisons est venu à manquer le vin de la joie et donc la saveur — la sagesse même — de la vie… Ce soir, nous nous faisons la voix des uns et des autres à travers notre prière, une prière pour tous.

Il est significatif que — également dans la culture individualiste qui dénature et rend les liens éphémères — en chaque personne née d’une femme demeure vivant un besoin essentiel de stabilité, d’une porte ouverte, de quelqu’un avec qui tisser et partager le récit de la vie, d’une histoire à laquelle appartenir. La communion de vie assumée par les époux, leur ouverture au don de la vie, la protection réciproque, la rencontre et la mémoire des générations, l’accompagnement éducatif, la transmission de la foi chrétienne aux enfants… : à travers tout cela la famille continue à être une école sans égal d’humanité, contribution indispensable à une société juste et solidaire (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, nn. 66-68). Et plus ses racines sont profondes, plus il est possible de sortir et d’aller loin dans la vie, sans s’égarer ni se sentir étranger dans aucune terre. Cet horizon nous aide à saisir l’importance de l’Assemblée synodale qui s’ouvre demain.

Le fait de convenire in unum autour de l’Évêque de Rome est déjà un événement de grâce, dans lequel la collégialité épiscopale se manifeste sur un chemin de discernement spirituel et pastoral. Pour rechercher ce qu’aujourd’hui, le Seigneur demande à son Église, nous devons prêter l’oreille au pouls de cette époque et percevoir l’« odeur » des hommes d’aujourd’hui, jusqu’à rester imprégnés de leurs joies et de leurs espérances, de leurs tristesses et de leurs angoisses (cf. Gaudium et spes, n. 1). C’est alors que nous saurons proposer de manière crédible la bonne nouvelle sur la famille.

En effet, nous savons que dans l’Évangile, il existe une force et une tendresse capables de vaincre ce qui suscite la tristesse et la violence. Oui, dans l’Évangile se trouve le salut qui comble les besoins les plus profonds de l’homme ! De ce salut — œuvre de la miséricorde de Dieu et de sa grâce —, nous sommes en tant qu’Église le signe et l’instrument, le sacrement vivant et efficace (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 112). S’il n’en était pas ainsi, notre édifice ne serait qu’un château de cartes et les pasteurs se réduiraient à des clercs de la fonction publique, sur les lèvres desquels le peuple chercherait en vain la fraîcheur et le « parfum de l’Évangile » (ibid., n. 39).

C’est ainsi qu’apparaissent, dans ce cadre, les contenus de notre prière. Nous demandons tout d’abord à l’Esprit Saint pour les pères synodaux, le don de l’écoute : écoute de Dieu jusqu’à entendre avec Lui le cri du peuple ; écoute du peuple, jusqu’à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle. À côté de l’écoute, nous invoquons la disponibilité à une confrontation sincère, ouverte et fraternelle, qui nous conduise à prendre en charge avec responsabilité pastorale les interrogations que ce changement d’époque apporte avec lui. Laissons-les se déverser dans notre cœur, sans jamais perdre la paix, mais avec la confiance sereine que le moment venu le Seigneur ne manquera pas de reconduire à l’unité. L’histoire de l’Église — nous le savons — ne nous raconte-t-elle pas tant de situations semblables, que nos pères ont su surmonter avec une patience obstinée et créativité ?

Le secret se trouve dans un regard : et il s’agit du troisième don que nous implorons par notre prière. Car, si nous voulons vraiment contrôler notre allure sur le terrain des défis contemporains, la condition décisive est de garder le regard fixé sur Jésus Christ, de s’arrêter dans la contemplation et dans l’adoration de sa face. Si nous assumons sa manière de penser, de vivre et de se mettre en relation, nous n’aurons pas de difficultés à traduire le travail synodal en orientations et en parcours pour la pastorale de la personne et de la famille. En effet, chaque fois que nous revenons à la source de l’expérience chrétienne, de nouvelles routes et des possibilités impensables s’ouvrent. C’est ce que laisse deviner l’indication évangélique : « Tout ce qu’il vous dit, faites-le » (Jn 2, 5). Ce sont des mots qui contiennent le testament spirituel de Marie, « l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 286). Faisons-les nôtres !

Dès lors, les trois choses: notre écoute et notre confrontation sur la famille, aimée avec le regard du Christ, deviendront une occasion providentielle pour renouveler — à l’exemple de saint François — l’Église et la société. Avec la joie de l’Évangile, nous retrouverons l’allure d’une Église réconciliée et miséricordieuse, pauvre et amie des pauvres ; une Église en mesure de «vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans» (Conc. œcum. Vat. ii, Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, n. 8).

Que le Vent de la Pentecôte puisse souffler sur les travaux synodaux, sur l’Église, sur l’humanité tout entière. Qu’il dénoue les nœuds qui empêchent les personnes de se rencontrer, qu’il guérisse les blessures qui saignent tant, qu’il rallume l’espérance ; il y a tant de personnes sans espérance ! Qu’il nous accorde cette charité créative qui permet d’aimer comme Jésus a aimé. Et notre annonce retrouvera la vivacité et le dynamisme des premiers missionnaires de l’Évangile.

Un Pape pour le peuple de Dieu

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Image: Courtoisie de CNS

Dimanche dernier, le pape François a présidé la célébration de la béatification du pape Paul VI. Cette reconnaissance de l’Église n’est pas, comme le disait le père Thomas Rosica, « une obligation, comme si le fait d’être Pape était suffisant pour être béatifié » mais plutôt le résultat d’une enquête minutieuse sur sa vie avant et après sa mort. En effet, l’Église n’est pas maîtresse de l’action de la Grâce en ce monde mais la dépositaire de l’autorité du Christ. Cela signifie que son rôle n’est pas de créer des saints mais de reconnaître l’action de la Grâce, peu importe où elle se manifeste. C’est le cas de Paul VI qui a su laisser l’Esprit Saint se manifester en sa personne. Comment cela s’est-il réalisé ? Dans son discours de clôture du Synode extraordinaire des évêques sur la famille, le pape François a fait mention du rôle spécifique de ce successeur de Pierre. Examinons la vie du nouveau bienheureux à la lumière de ces critères.

Garantir l’unité de l’Église

Le conclave qui a eu pour résultat l’élection du Cardinal Montini au rang de Souverain Pontife a eu la particularité de se tenir au beau milieu d’une Église mouvementée, en plein cœur des travaux du Concile Vatican II. Cette époque de grands changements allait mener l’Église à faire un « aggiornamento », c’est à dire un travail d’adaptation du mode de transmission de la foi. Comme l’affirmait Jean XXIII dans son discours d’ouverture du Concile : «  Le premier intérêt du Concile est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit gardé et enseigné d’une manière plus efficace »[2]. Cette mission difficile de mener à terme le Concile Vatican II allait cependant incomber à ce nouveau Pape autrefois patriarche de Venise. De fait, un Concile est toujours un moment où les sentiments sont souvent contradictoires c’est-à-dire que les grands espoirs s’accompagnent de grandes déceptions et les grandes joies croisent souvent des peines profondes. Dans ces moments difficiles, où la barque de Pierre peut sembler prendre l’eau et être sur le point de couler, le bienheureux Paul VI a su mettre son espérance et sa foi en Jésus. C’est cette même foi héroïque de la présence de Dieu dans son Église qui lui a permis de porter le Concile à terme. Aujourd’hui, nous voyons la grandeur des intuitions présentes dans tous ses textes et il serait absolument impensable de revenir en arrière.  [Read more…]

Le Synode des évêques et la piété des fils de Dieu

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Image: Courtoisie de CNS

En ce 4e jour du Synode des évêques sur la famille nous poursuivons notre analyse des débats en nous basant sur le 2e don du Saint Esprit : la piété. En effet, à plusieurs reprises, le pape François a prié afin qu’Il soit le protagoniste principal des travaux synodaux. «Ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14, 12), penser l’institution synodale à la lumière du don de piété semble donc plus que raisonnable.

Selon le catéchisme de l’Église catholique, « La vie morale des chrétiens est soutenue par les dons du Saint-Esprit »[1]. Avoir recours à l’Esprit Saint n’est donc pas anodin puisque cette même vie morale est également l’objet principal des discussions en cours entre les évêques. Comment rendre la vie dans le Christ attrayante et accessible aux gens à travers cette vocation la plus commune qu’est le mariage ? Au cours des deux derniers jours, ce qui est ressorti peut être perçu comme un signe de la grande piété qui règne au Vatican en ce moment. Cela se voit de deux manières.

Dans un premier temps, on note une volonté commune d’être à l’écoute des inspirations divines présentes, à la fois, dans la doctrine de l’Église mais également dans les différents témoignages de couples mariés invités à participer aux échanges. Cette innovation voulue par le pape François nous montre sa disponibilité à la Volonté divine qui chemine avec son peuple mais également la piété par laquelle il nous fait tendre d’un seul cœur vers Dieu comme Père de l’Église et de l’humanité. En effet, durant l’audience générale du mercredi, le pape a exprimé son désir de voir l’unité parmi les chrétiens [2]. Cette unité, qu’il désire rendre de plus en plus visible et effective dans notre monde, n’est pas seulement la tâche de quelques ecclésiastiques. Au contraire, cette responsabilité incombe à tous les chrétiens. En ce sens, l’unité des chrétiens doit s’inscrire dans le même mouvement que le processus de guérison dont les familles ont besoin aujourd’hui. Bref, ce qui est valable pour les divisions au sein des églises est aussi valable pour les divisions au sein des familles. [Read more…]

Un synode sous le signe de la liberté

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Hier nous avons fait mention de l’importance du regard de foi sur les événements qui touchent l’Église et le monde et de ne jamais nous éloigner trop de cette perspective si nous désirons garder un regard juste. Cette nouvelle façon de faire du journalisme me semblait tellement contraster avec ce que je lisais ailleurs que je me suis mis à douter de la validité de mon approche. C’est à ce moment qu’est apparu sur l’écran de mon ordinateur le tweet du pape François « Viens, Esprit Saint. Fais descendre sur nous tes dons durant le Synode »[1].


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Tous mes doutes étant écartés par cette confirmation du Saint Père, j’allais me lancer dans ma réflexion sur les événements des deux derniers jours. [Read more…]

Le Synode des évêques : l’unité dans l’Esprit

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Hier, lundi 6 septembre 2014, s’est ouvert, au Vatican, la IIIe session du Synode extraordinaire des évêques sur le thème des défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation.[1] Institution consultative, le présent synode a été convoqué par le pape François pour prier et réfléchir sur la famille « en ce temps de crise » comme l’a affirmé S.E Bruno Forte en conférence de Presse. En ce sens, il est bien important de ne pas minimiser, ni séparer ces deux actions que sont la prière et la réflexion. En effet, le déploiement du Mystère du Salut opéré par l’Église dans l’histoire ne pourra être bien compris que par une analyse respectant sa logique interne. Ainsi, selon moi, la meilleure façon de comprendre le présent synode est de le regarder à la lumière  de la Vigile de prière du samedi 4 octobre place Saint-Pierre[2].

Ce n’est pas par hasard si le pape François a convoqué une vigile de prière pour débuter le synode. En effet, c’est parce qu’il est conscient que le Peuple de Dieu doit, s’il désire être fidèle à l’amour qui le soutient, vivre de la Grâce qu’est la présence de Jésus-Christ. Puisque cette même Grâce est un Don, le Don de Dieu par excellence, l’Église doit le demander sans cesse par la prière et ne jamais penser pouvoir la considérer comme un acquis. En ce sens, il est intéressant de noter que la vigile de prière, qui a eu lieu place Saint-Pierre, était destinée particulièrement à obtenir de Dieu qu’il envoie son Esprit Saint. Qu’est-ce que cela signifie? Est-ce un détail négligeable? Ne devrait-on pas plutôt s’attarder à analyser les différents débats qui animent l’Église aujourd’hui ? Cette interprétation, bien que monopolisant une grande partie de la presse écrite puisque participant de la grille d’analyse politique des médias séculiers (Card. Vingt-Trois), n’est toutefois pas appropriée, même du point de vue de l’analyse puisqu’elle exclut a priori l’intention explicite du Pape lui-même.

L’attention particulière portée à l’invocation de l’Esprit Saint pour le présent synode est très importante puisque « l’unité de l’Église, elle aussi, œuvre commune des trois personnes divines, est attribuée spécialement au Saint-Esprit »[3]. À première vue, nous pourrions penser que le pape demande le don de l’Esprit pour garder l’unité des cardinaux durant le Synode! Cependant, un examen plus approfondi nous manifeste la dimension profonde de cette unité qui doit se déployer dans toutes les sphères de la vie de l’Église y compris les familles qui vivent, dans de nombreux cas aujourd’hui, de grandes divisions. En effet, la famille, aussi appelée « l’Église domestique », peut être pour l’Église hiérarchique un véritable miroir. Ainsi, la crise de l’Église domestique reflète la crise de l’Église hiérarchique et vice-versa. Dans ce contexte, l’unité, don de l’Esprit Saint, est indispensable puisque, comme le disait Saint Augustin « ce que l’âme est au corps de l’homme, l’Esprit Saint l’est au corps du Christ qui est l’Église. L’Esprit Saint fait dans toute l’Église ce que fait l’âme dans tous les membres d’un corps »[4]. Ainsi, puisque l’âme est, en d’autres termes, le principe de vie, invoquer l’Esprit Saint revient à demander à ce que la vie soit renouvelée dans l’Église (hiérarchique et familiale). En ce sens, les discussions du Synode seront prioritairement orientées vers ce défi individuel et collectif constant qui est d’assumer la vie humaine ; ce défi se présentant aujourd’hui sur deux plans : accepter la vie comme un don et comme une responsabilité. [Read more…]

L’ouverture à la vie et la responsabilité éducative: réflexion sur l’Instrumentum Laboris (4e partie)

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Comme il est mentionné à plusieurs reprises, l’Instrumentum Laboris « a été agencé […] de façon à en confronter le contenu et à favoriser son approfondissement durant les travaux de la IIIème Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Évêques »[1]. C’est en restant fidèle à ce but que la troisième partie du document aborde la responsabilité de la transmission de la vie et de la foi. Pour ce faire, on représente la « signification prophétique » (no122) de l’encyclique Humanae vitae et du lien indissoluble qu’il définit entre la dimension procréative et unitive de l’acte sexuel humain qui ne peuvent être séparées sans causer un dommage à l’amour entre les époux. Tout en soulignant le « tourment de l’homme contemporain pour tout ce qui touche à l’affectivité, à l’engendrement de la vie, à la réciprocité entre l’homme et la femme, à la paternité et à la maternité »[2], le document explicite les diverses réponses obtenues sur les causes de « l’accueil difficile » (no 126) de cet enseignement d’amour de l’Église. Parmi ces dernières sont mentionnées « l’abîme qui existe entre la doctrine de l’Église et l’éducation civile » (no 126) manifestant une « différence de l’anthropologie de fond » (no 126) comme, par exemple, la mentalité contraceptive et la présence massive de l’idéologie du genre (no 127). Pour contrer un tel phénomène, le document souligne l’idée qu’on ne pourra bien répondre à ces défis par « une casuistique » puisque cela impliquerait un réductionnisme jetant un ombrage sur « l’ample vision de l’anthropologie chrétienne » (no 126). Ainsi on proposerait, par l’usage d’un « nouveau langage » (no 128) des « parcours d’éducation à l’amour » (no 128) permettant la diffusion de mœurs intellectuelles ainsi que la promotion sur la place publique de politiques sociales favorisant une plus grande « ouverture à la vie » (no 131). [Read more…]

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