Saint Grégoire de Narek: mystique et docteur de l’Église

(Photo: combinaison de deux images de Wikimédia Commons)


Ce 27 février, saint Grégoire de Narek est fêté pour la première fois le dans le calendrier romain. La congrégation pour le Culte Divin a annoncé le 2 février dernier qu’en même temps que deux autres docteurs de l’Église, Hildegarde von Bingen et Jean d’Avila, le saint arménien aura une mémoire facultative au calendrier romain. Cela implique non seulement une modification des calendriers liturgiques, mais aussi une intégration encore plus forte de la figure et des enseignements de saint Grégoire de Narek dans la vie de l’Église universelle. 

L’Église arménienne

Ce saint fait a priori partie de l’église apostolique arménienne. Celle-ci est une église autocéphale, c’est-à-dire dont la théologie et l’ecclésiologie relève d’un nombre limité de conciles oecuméniques et qui est totalement indépendante de l’Église catholique. Elle est par ailleurs distincte de l’Église orthodoxe, en raison du statut plus particulier accordé au patriarche oecuménique de Constantinople et à la reconnaissance des sacrements de l’Église orthodoxe par l’Église catholique romaine. 

L’Église arménienne est souvent appelée pré-chalcédonienne au yeux de l’Église catholique, car c’est suite au Concile de Chalcédoine en 451 que l’Église arménienne tient pour la première fois un concile à part, le Concile de Dvin en 506, où les positions christologiques chalcédoniennes sont rejetées. Contrairement à l’Église catholique qui a défini dogmatiquement la double nature du Christ, à la fois tout à fait homme et tout à fait Dieu, l’Église arménienne a tendu à reconnaître davantage la nature humaine du Christ, quoique leur théologie connaisse des nuances à ce sujet depuis. 

Saint Grégoire de Narek: poète et mystique

Ce saint arménien a vécu entre environ 945 et 1010 dans la province de Vaspourakan en Arménie historique, aujourd’hui située en Turquie. Il est élevé par son père, un évêque et théologien. Il passe toute sa vie au monastère de Narek et devient prêtre, puis vardapet, c’est-à-dire un supérieur de monastère très instruit en théologie, et enfin enseignant. 

Il contribue énormément à la liturgie arménienne par ses poèmes mystiques, rassemblés dans plusieurs recueils dont les Élégies sacrées, connues aussi sous le nom de Livre des Lamentations ou des Prières. Il a écrit beaucoup sur Marie, et a ainsi préfiguré certains dogmes mariaux tels que l’Immaculée Conception, dont la croyance fut seulement affirmée au Concile de Trente, quelque 800 ans plus tard, et le dogme par Pie IX en 1854. 

Considéré comme la figure la plus influente de la source de la Renaissance littéraire arménienne à lui seul, il a écrit de la poésie mystique inspirante à la fois d’être innovante d’un point de vue stylistique. En voici un exemple:

Ce n’est pas selon l’étroitesse de l’esprit humain
que je demande pardon,
mais selon ta plénitude inépuisable,
ô Sauveur Jésus Christ,
que j’implore ta clémence.

Moi qui fus créé par toi,
moi qui fus sauvé par toi,
moi qui fus l’objet de tant de sollicitude,
Ah ! que la blessure du péché,
invention de l’Accusateur,
ne me perde pas pour toujours !
        –   Tiré du poème 18 du Livre des Lamentations

Plusieurs des textes de saint Grégoire de Narek sont intégrés à la liturgie arménienne, ce qui montre l’importance de sa contribution dans l’ensemble des communautés chrétiennes arméniennes.  

Les docteurs de l’Église mis à l’honneur

En avril 2015, le pape François le nomme 36e docteur de l’Église, le second à venir d’une Église orientale. Il est très significatif que le pape François ait nommé saint Grégoire de Narek docteur de l’Église. Ce rôle, attribué à un petit nombre de saints, marque la valeur théologique des enseignements du docteur en question. Parmi les autres docteurs, nous comptons autant de figures notables que saint Thomas d’Aquin, sainte Thérèse d’Avila, saint Augustin et bien d’autres. Leurs écrits et enseignements sont ainsi considérés particulièrement importants pour comprendre la foi et la vie de l’Église. 

Pour ce qui est de la mise au calendrier liturgique de trois nouvelles mémoires facultatives, la congrégation pour le Culte Divin souligne l’importance du lien entre connaissance et liturgie: 

«La sainteté s’allie à la connaissance, qui est l’expérience du mystère de Jésus-Christ, inextricablement liée au mystère de l’Église. Ce lien entre la sainteté et la compréhension des choses à la fois divines et humaines brille d’une manière toute particulière chez ceux qui ont été honorés du titre de « Docteur de l’Église« .»

Nous pouvons nous réjouir que les figures dont la raison a été particulièrement éclairée par leur foi en Dieu fassent davantage irruption dans notre vie de prière quotidienne. Saint Grégoire de Narek  montre en particulier un côté unique de l’Église. Ayant plongé son âme dans la poésie, il manifeste l’étendue de la beauté que Dieu, lui-même maître de la Parole, rend accessible à l’humanité. La présence de ce saint parmi nous montre bien comment le Seigneur choisit de partager avec nous ses dons, et nous invite à participer à la riche aventure de la sainteté.

 

Saint Thomas d’Aquin: rebelle, universitaire, mystique

(Photo: courtoisie de Wikimedia Commons)

Parmi les adeptes de philosophie et de théologie, saint Thomas d’Aquin est une figure généralement inspirante. Docteur de l’Église, il est principalement connu pour sa Somme théologique, un traité considéré monumental et ardu aujourd’hui, mais qui se voulait à l’origine un guide de débutant. Ne serait-ce qu’en considérant cet ouvrage, la patience du saint, ainsi que son obéissance et sa sagesse sont manifestes. Ceci dit, ce moine et universitaire médiéval était aussi un personnage très coloré, dont il vaut la peine d’exposer la vie plus en détail. Il est un excellent exemple de sainteté de par la radicale authenticité de sa foi et sa vie en général. 

Rebelle de vocation

Le récit de son entrée dans la vie religieuse montre son indépendance d’esprit et son écoute authentique de l’Esprit Saint. Le jeune Thomas devient oblat à l’abbaye du Mont-Cassin, car ses parents, activement impliqués dans la politique écclésiastique, espèrent qu’il deviendra un jour l’abbé du lieu. S’il obtempère à suivre ce chemin pendant quelques années, c’est durant cette période qu’il rencontre l’ordre des frères prêcheurs, c’est-à-dire les dominicains, dont la vivacité de leur foi l’attire. Fondé par saint Dominique à peine 10 ans avant la naissance de saint Thomas d’Aquin, l’ordre des frères prêcheurs participe à un vent de nouveauté dans l’Église. Alors que de nombreux monastères se referment sur eux-mêmes, les dominicains vont à la rencontre du monde pour évangéliser.

Au 13e siècle, l’Église connaissait des dynamiques de pouvoir politique mondaines et avides. Bref, tout le contraire de ce que la mission de l’Église devrait être. Dans ce contexte, ce jeune saint en devenir ressent un appel profond à entrer dans un ordre mendiant à la mission novatrice. Sa mère, opposée à ce dessein, l’enleva et le garda enfermé pendant un an. Enfin, puisqu’il ne changeait pas d’idée, elle lui permit d’entrer dans l’ordre des dominicains. Aujourd’hui, nous savons combien l’entrée de ce jeune homme allait être importante, non seulement pour son Ordre mais pour l’Église entière. L’effort d’évangélisation que représente la Somme théologique ainsi que l’ensemble de son œuvre est immense. 

Un universitaire à contre-courant

Saint Thomas d’Aquin fut éduqué auprès de saint Albert Le Grand, et continua dans l’enseignement en Italie et ailleurs en Europe. Il participait ce faisant à une tradition universitaire fascinante. D’abord, le latin étant la lingua franca, c’est-à-dire une langue commune des milieux universitaires et ecclésiastiques de l’époque  il a donc pu enseigner à Paris comme en Italie sans barrière linguistique. 

Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas d’autres obstacles dans le contexte intellectuel de l’époque. Entre 1268 et 1272, saint Thomas d’Aquin participe à une querelle concernant la place d’Aristote dans l’enseignement universitaire catholique ainsi que les oppositions entre les ordres séculiers et les ordres mendiants. Toujours du côté de la nouveauté, le jeune universitaire réussit à concilier l’aristotélisme et la foi catholique dans sa Somme Théologique, et résiste aux attaques contre les ordres mendiants, dont l’ordre des frères prêcheurs fait partie. 

Des visions de Dieu: sa prière et son expérience mystique

Un côté moins connu de son œuvre sont ses prières sous forme de poème inspirées de ses expériences mystiques devant le Saint Sacrement. Parmi les écrits de cette nature qui sont les plus connus, nommons des hymnes essentiels dans la liturgie des heures: Pange Lingua, Panis Angelicus et Lauda Sion. Si nous les prenons pour acquises aujourd’hui, ces magnifiques témoignages de foi montrent la plus haute sensibilité à présence divine.

À la fin de sa vie, saint Thomas d’Aquin aurait même confié à son secrétaire et ami, un prénommé Réginald, la préoccupation que lui apportaient ses visions mystiques en regard de son oeuvre écrite:

Le terme de mes travaux est venu; tout ce que j’ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j’ai vu et de ce qui m’a été dévoilé. Désormais j’espère de la bonté de mon Dieu que la fin de ma vie suivra de près celle de mes travaux.

Cet état peut nous attrister, car lire un aussi grand saint traiter ainsi l’œuvre de toute une vie peut nous décourager dans notre propre quête de sainteté. Toutefois, ses paroles expriment quelque chose de magnifique : sa relation avec Dieu fut si intime que Dieu lui offrit de nombreuses visions célestes. Cela ne fait que confirmer les limites de la vie sur terre et amplifier la promesse du Royaume des Cieux. 

En route vers notre sainteté

Saint Thomas d’Aquin, décédé à moins de cinquante ans, eut un cheminement exemplaire, en grande partie parce qu’il resta fidèle à lui-même de la façon la plus authentique qui soit, c’est-à-dire, en étant fidèle à la volonté de Dieu. La sainteté est, au fond, une expression radicale de l’individualité et de l’écoute de la volonté divine. À travers toute l’histoire de l’Église, nous rencontrons des saints aussi remarquables les uns que les autres, alors même qu’ils ont des personnalités et des cheminements si distincts. Cela augure bien pour le monde; autant pouvons-nous être émerveillé de la vie d’un saint comme Thomas d’Aquin, autant cela devrait nous inspirer à rester fidèle à notre propre chemin de sainteté, celui-là même dont la découverte et la réalisation dépendent, avec la Grâce de Dieu, de notre assentiment libre.

Sainte Marie-de-l’Incarnation avec Thérèse Nadeau-Lacour (1/2)

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis reçoit la théologienne et auteur Thérèse Nadeau-Lacour pour un premier entretien sur la vie et l’œuvre de sainte Marie-de-l’Incarnation (1599-1672). Religieuse ursuline, fondatrice des Ursulines de la Nouvelle-France, cette mystique du « nouveau monde » est aujourd’hui considérée comme la mère de l’Église et de l’éducation au Québec. Dans cet épisode, sont abordés les différentes étapes de sa vie ainsi que la profondeur spirituelle d’une vie donnée au service de l’évangélisation et la construction de l’Église en Canada.

Top 10 actualité catholique en 2019

(CNS photo/Paul Haring) Le nouvel an approche à grand pas et avec lui le temps des bilans et des résolutions pour l’année à venir. Sans plus attendre, je vous présente les faits saillants de l’actualité 2019 qui, selon moi, résument bien cette fin de décennie que nous avons vécue cette année.

1) Journée Mondiale de la Jeunesse au Panama (janvier 2019)

On peut dire que l’année 2019 a débuté en force avec la célébration des Journées mondiales de la jeunesse au Panama. Correspondant davantage au calendrier de l’Hémisphère sud, le mois de janvier a donc pu ouvrir cette année par une célébration joyeuse de la foi où des centaines de milliers de jeunes ont pu célébrer et approfondir leur relation avec le Christ. Sous le thème de la réponse de Marie à l’annonce de l’Incarnation par l’ange, « Me voici, qu’il me soit fait selon ta parole », cette rencontre mondiale a pu manifester la ferveur d’une jeunesse de plus en plus conscient du rôle central qu’elle doit jouer dans l’Église et conscient d’être appelée développer dans la décennie à venir. Vous pouvez lire l’ensemble des discours du pape François lors de ces JMJ Panama 2019 au lien suivant.

2) Rencontre pour la protection des mineurs au Vatican (février 2019)

L’année a commencé sur le ton peu réjouissant d’une prise en compte globale des abus perpétrés contre des mineurs et des personnes vulnérables par des représentants officiels de l’Église. Organisé par la Commission pontificale pour la protection des mineurs, et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ce sommet avait convoqué tous les évêques présidents des conférences épiscopales du monde de se présenter afin de faire le point sur la situation actuelle. Bien que les abus contre les mineurs représentent un problème dont les dimensions dépassent largement l’Église catholique, le Pape a clairement voulu manifester qu’il avait pleinement conscience de l’ampleur du scandale et des mesures drastiques qui doivent être prises. Avec la globalisation et la prolifération de la pornographie juvénile et la traite des êtres humains, la lutte pour la protection des mineurs prendra malheureusement de plus en plus de place dans l’actualité de la décennie à venir. Par sa transparence et son leadership, l’Église pourra ainsi se porter efficacement à la défense des enfants dans un monde qui leur est de plus en plus hostile. Un des fruits de cette prise de conscience de l’Église est certainement l’ouverture à l’Université Saint-Paul d’Ottawa d’un premier « Centre pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables ».

3) Exhortation apostolique Christus Vivit (mars 2019)

Portant sur le thème de la jeunesse, ce texte d’une soixantaine de pages est exceptionnel de par son style direct et son ton très personnel. Composée de neuf chapitres, cette prise de parole du pape François cherche à manifester non seulement comment l’invitation universelle du Christ à la participation à sa vie divine répond à toutes les aspirations de la jeunesse mais également jusqu’à quel point le renouvellement de l’Église dépend de son dynamisme propre. Christus Vivit est un texte émouvant et plein d’espérance pour le présent et l’avenir de la société. Il s’agit d’une prise de parole personnelle du Pape, en dialogue avec les jeunes du monde entier qu’il a pu rencontrer durant son pontificat. Plusieurs initiatives émergeront dans l’Église de cette invitation du Pape à faire davantage de place aux jeunes dans l’Église.

4) Loi sur la laïcité de l’État et liberté religieuse

Plus près de nous, le gouvernement Legault a voulu mettre sur pied ce qu’il considère être une vision cohérente de la laïcité. Parallèlement à la loi sur la laïcité de l’État restreignant le droit des professeurs et de toutes personnes en position d’autorité de porter un signe religieux, ce gouvernement en a également profité pour retirer le crucifix de l’Assemblée Nationale. Toutefois, certains se sont désolés que le débat sur le contenu du projet de loi 21 ait bifurqué pour devenir une question de principe sur l’autonomie de l’autorité du Québec face à Ottawa. Alors qu’à l’heure actuelle des recours s’organisent pour contester la loi devant les tribunaux, on ne peut qu’espérer que la place de la religion en général, et de la foi catholique en particulier, soit davantage reconnue comme une force positive pour la société. Loin de porter préjudice à l’indépendance des institutions, l’implication des catholiques dans la vie sociale et politique continue de jouer rôle irremplaçable dans notre société. Espérons que 2020 sera l’occasion de redécouvrir la richesse sociale de l’implication des catholiques au Québec.

5) Les jeunes et l’environnement

L’un des phénomènes qui a eu le plus d’impact en 2019 fut certainement l’implication de nombreux jeunes pour la cause du climat. Quoique portée par une jeunesse souvent anxieuse face à son futur, ce mouvement des grèves pour le climat s’est principalement incarné dans la figure de Greta Thunberg. Bien qu’utilisant souvent un langage alarmiste qui a déplu à plusieurs, cette jeune suédoise a néanmoins eu un grand impact sur le mouvement environnemental. L’Église, principalement suite à la publication de l’encyclique Laudato sì par le pape François, n’est pas restée sur le banc des spectateurs. Pleinement investi dans la promotion d’une écologie intégrale, elle est aujourd’hui à l’écoute de cette jeunesse qui cherche une vision du monde plus cohérente et respectueuse de la nature que ne le propose l’économisme marchand. Ce dialogue entre foi et culture continuera bien évidemment dans les prochaines années. À vous d’être à l’écoute.

6) Canonisation du cardinal John Henri Newman

Le 13 octobre dernier était canonisé au Vatican le cardinal anglais John Henri Newman. Baptisé et éduqué dans l’anglicanisme, la vie du saint cardinal Newman regorge de péripéties et d’occasions où il a pu manifester la force de sa confiance en Dieu. Converti au catholicisme suite à ses études du développement organique du dogme dans l’histoire de l’Église, il entra chez les oratoriens où il a pu rayonner par l’écriture et certaines polémiques dans un climat pas toujours ouvert au débat d’idées. Saint Cardinal Newman est un modèle de rigueur intellectuelle et de fidélité à la vérité même lorsque cela entraîne des choix déchirants voir irréversible. Son « Apologia pro vita sua » saura certainement alimenter les groupes de lecture dans les prochaines années.

7) Mois missionnaire extraordinaire (Octobre 2019)

Cela fait désormais plusieurs années que nous sommes, comme Église, en chemin de conversion missionnaire. Le pape François a néanmoins tenu à décréter un mois missionnaire extraordinaire qui s’est tenu durant tout le mois d’octobre 2019. En effet, le Pape avait demandé à ce que soit célébré le 100eanniversaire de la lettre apostolique « Maximum Illud »de Benoît XV sur l’activité accomplie par les missionnaires dans le monde par un mois complet dédié à prier afin que soit renouvelée« l’ardeur de l’activité évangélisatrice de l’Église ad gentes ». Au pays, il convient de souligner le grand travail des Œuvres pontificales missionnaires qui ont su susciter et enrichir les activités pastorales dans les diocèses partout au Québec et au Canada francophone. Enfin, par son enracinement dans la théologie du baptême, le thème de « Bapstisés et envoyés »a certainement permis de faire redécouvrir à plusieurs catholiques la grandeur et la beauté de ce sacrement qui appelle à la conversion personnel le et au partage de cette vie divine reçu au moment où nous sommes réellementplongés dans la mort et la résurrection du Christ. En avant la mission !

8) Synode sur l’Amazonie (octobre 2019)

Au mois d’octobre dernier, le Saint-Père convoquait de nombreux évêques du monde entier pour discuter et discerner des enjeux liés à la région amazonienne dans le cadre d’un Synode extraordinaire sur cette partie du globe. Se sont donc réunis évêques, experts et des membres des populations locales afin de voir ce que l’Église peut faire pour améliorer sa pratique pastorale dans la région. Furent donc abordés des thèmes tels que l’inculturation, l’évangélisation ainsi que l’application et l’engagement pour une écologie intégrale. Comme me le disait Mgr Lionel Gendron p.s.s., ancien président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et participant au Synode sur l’Amazonie, « Le Canada partage beaucoup de points communs avec la région amazonienne tels que de grands territoires inoccupés, la protection de l’environnement ainsi que la présence importante des peuples autochtones » (24 :41min). Il sera donc intéressant de suivre les évolutions et les documents qui émergeront de ce Synode. À suivre

9) Les voyages apostoliques du pape François

Chaque année, le pape François a un horaire chargé de voyage apostolique qui lui font parcourir le monde à la rencontre des catholiques et des hommes et femmes de bonne volonté. L’année 2019 ne fit pas exception à la règle puisqu’il a eu la chance de se rendre au Panama, aux Émirats arabes unis, au Maroc, en Bulgarie et Macédoine du Nord, en Roumanie, au Mozambique, Madagascar et à l’Île Maurice, en Thaïlande et, finalement, au Japon. Chacune de ces visites est unique mais je prends le temps de souligner sa visite à l’Île Maurice puisque j’ai personnellement eu la chance de d’y mettre les pieds. En effet, lors de cette brève visite, le Pape n’a pas manqué de souligner l’importance de la jeunesse et comment l’intégration sociale de cette dernière doit être une priorité pour toute société : « Nos jeunes, sont notre première mission ! […] Ne nous laissons pas voler le visage jeune de l’Église et de la société ; ne laissons pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre !»Prenons au sérieux l’avenir de la jeunesse en l’impliquant de plus en plus dans l’ensemble des processus sociaux et institutionnels. C’est peut-être bousculant mais, comme le dit le Pape, cela donnera « un nouveau souffle » à la mission de l’Église et de la société dans son ensemble.

10) Une présence ecclésiale en croissance au Québec

Partie intégrante de sa conversion missionnaire, la présence de l’Église sur le continent numérique ne cesse de croître partout dans le monde. Le Québec et le Canada francophone ne fait pas exception à ce constat. Ayant moi-même l’occasion de me rendre sur le terrain à la rencontre des acteurs locaux, je sens un réel engouement et une volonté ferme d’offrir un témoignage de foi crédible dans tous les milieux. Loin des attitudes parfois défaitistes qui ne laissent pas beaucoup de place à l’espérance, les différents diocèses sont pleinement engagés à rendre l’Église présente et pertinente dans un monde en profonde transformation. L’Église étant « Experte en humanité » comme le disait saint Paul VI, les communautés ecclésiales sont on ne peut mieux placées pour offrir, à la fois, des repères stables face aux grands bouleversements mais également le discernement pour s’ouvrir aux changements qui doivent être faits. Par sa présence en ligne, les diocèses seront des acteurs importants dans leur communauté locale. La décennie commence sur le bon pied à ce niveau !

Une année consacrée à la jeunesse

Comme vous avez pu le constater dans cette sélection bien personnelle des événements qui ont marqué l’actualité de l’Église en 2019, la jeunesse a occupé une place centrale. Que ce soit par les JMJ, la publication de Christus vivit, la protection des personnes mineures, etc. l’Église a conscience que les jeunes ne sont pas seulement le futur mais également le présent de l’Église. Prions pour qu’au début de cette décennie qui s’ouvre devant nous, une nouvelle génération de catholiques ait gagné en maturité, en profondeur dans sa relation au Christ et qu’elle ait trouvé une place dans l’Église d’ici et d’ailleurs. Cette place, nous l’apercevons déjà de loin mais je suis persuadé que les jeunes catholiques sauront nous surprendre par leur créativité, leur enthousiasme et leur fidélité à la foi qu’ils ont reçue. Bonne année à tous !

Tout sur la bienheureuse Giuseppina (Joséphine) Vannini

Jeunesse

Giuseppina (Joséphine) Vannini est née le 7 juillet 1859 à Rome, Giuditta Vannini, deuxième enfant d’Angelo Vannini et d’Annunziata Papi. Son père mourut en 1863 et sa mère en 1866, alors Giuditta, âgée de sept ans, et ses deux frères et sœurs devinrent orphelins très jeunes. Les enfants ont été séparés après la mort de leurs parents et Giuditta s’est rendue à l’orphelinat de Torlonia sous la garde des Sœurs vincentiennes. Sa sœur est allée chez les Sœurs de Saint-Joseph et leur frère est allé chez un oncle maternel. À l’origine intéressée à devenir enseignante de maternelle, Giuditta a finalement choisi la vie religieuse.

Vocation à la vie religieuse

Elle a décidé d’entrer au noviciat des Filles de la Charité à Sienne, une Congrégation de Sœurs Vincentiennes. Malheureusement, elle dut rentrer à Rome pour des raisons de santé en 1887, mais décida de reprendre sa formation religieuse en 1888.

Toujours incertaine de son appartenance, c’est en décembre 1891 que Giuditta rencontra le père Luigi (Louis) Tezza lors d’une retraite spirituelle lorsqu’elle lui demanda conseil dans un confessionnal. Le père Tezza souhaitait former une congrégation religieuse composée exclusivement de femmes et dédiée aux soins des malades.

Après plusieurs semaines de discernement, Giuditta accepta l’offre du père Tezza et, en mars 1892, elle et ses deux compagnons reçurent l’habit scapulaire et religieux des Tertiaires Camilliens. Elle a pris le nom religieux « Giuseppina » et a été nommée Supérieure générale des Filles de Saint-Camille le 8 décembre 1895, la congrégation qu’elle a fondée avec le P. Tezza.

La congrégation a commencé à se développer malgré sa pauvreté, avec l’ouverture de nouvelles communautés à Crémone, Mesagne et Brindisi à la fin du XIXe siècle. Cependant, il était difficile d’obtenir l’approbation ecclésiastique des Filles de Saint-Camille, le pape Léon XIIIe ayant décidé de ne pas permettre la fondation de nouvelles communautés religieuses. Les relations du père Tezza avec les femmes de la communauté ont fait l’objet d’une interprétation malveillante ; mais il a refusé de se défendre contre les allégations. Il a quitté Rome et s’est rendu à Lima, au Pérou, où il est resté jusqu’à la fin de ses jours.

La Mère Giuseppina était maintenant responsable de la communauté des Filles de Saint-Camille, mais elle était dotée de force et avait confiance en l’aide de Dieu. La communauté s’est répandue dans le monde entier, avec des maisons en France, en Argentine et en Belgique. La congrégation a finalement obtenu l’approbation officielle en 1909.

En 1910, la santé de Mère Guiseppina commença à se détériorer lorsqu’elle fut frappée par une maladie cardiaque grave. En février 1911, elle mourut à l’âge de 51 ans. Son corps avait été inhumé dans le cimetière du Verano à Rome. En 1932, ses restes furent exhumés et enterrés dans l’église de la Maison mère des Filles de Saint-Camille. Ses restes ont de nouveau été transférés en 1976 à la chapelle de la nouvelle Maison généralice de Grottaferrata.

Les miracles

Olga Nuñez, du diocèse de Buenos Aires, souffrait d’un mélanome paralysant et les traitements médicaux se sont révélés inefficaces. Les Filles de Saint-Camille ont servi à l’hôpital où, elle était soignée et ont placé une relique de Mère Giuseppina sur son lit d’hôpital ; tout en priant une neuvaine pour demander l’intercession de leur fondatrice. Nuñez a commencé à s’améliorer jusqu’à ce qu’elle soit complètement guérie.

Le deuxième miracle a été produit par un ouvrier du bâtiment à Sinop, au Brésil, nommé Arno Celson Klauck, qui est tombé dans une cage d’ascenseur, sur trois étages, tout en plaçant des poutres en bois. Il a spontanément demandé l’aide de Mère Giuseppina lors de sa chute et il a été retrouvé indemne, à l’exception de quelques bleus.

Patronage – Protection

Parmi les domaines possibles où la bienheureuse Giuseppina pourrait avoir de la popularité, nous citons: les personnes souffrant de problèmes cardiaques, les orphelins, les malades, les parents malades, les enseignants, les jeunes enfants, les hôpitaux et les religieuses.

Tout sur la bienheureuse Dulce Lopes Pontes – le bon ange du Brésil.

Bienheureuse Dulce Lopes Ponte

Bienheureuse Dulce Lopes Pontes. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Vatican Media.

traduit par Mireille Haj-Chahine | version anglais

S’il y avait plus d’amour, le monde serait différent; si on aimait plus, il y aurait moins de guerre. Tout se résume à ceci: Fais de ton mieux pour ton frère, et donc il y aura la paix sur la terre.
– Bienheureuse Dulce Lopes Pontes

Jeunesse

Née à Salvador de Bahia, au Brésil, le 26 mai 1914, Maria Rita de Souza Brito Lopes Pontes était une enfant joyeuse et pleine de vie. Son père, Augusto, était un dentiste et professeur renommé et reconnu pour son dévouement envers les pauvres. Sa vie d’humilité et de charité a sans aucun doute eu un impact sur sa fille ; mais apparemment, la visite de sa tante Maddalena, dans un quartier pauvre à l’âge de 13 ans, qui s’est avérée être le tournant crucial de sa vie. Cette rencontre avec la pauvreté a incité la jeune Maria à commencer à s’occuper des pauvres et des malades chez elle, en sollicitant des ressources auprès de sa famille et de ses voisins pour l’aider dans son travail.

Après avoir obtenu son diplôme d’enseignement secondaire, Maria s’est rendue dans la municipalité brésilienne de São Cristóvão, dans l’État voisin de Sergipe, afin de commencer sa nouvelle vie avec les Sœurs missionnaires de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu (SMIC). Lorsqu’elle a prononcé ses vœux, Maria a pris le nom de Dulce en mémoire de sa mère, décédée alors qu’elle n’avait que sept ans.

Engagement envers les pauvres

Fondée en 1959 par la bienheureuse Dulce et dotée de statues conçues par son père Augusto, cette organisation est l’une des plus importantes organisations caritatives de soins de santé du pays. Elle est spécialisée non seulement dans les soins de santé, mais aussi dans l’éducation et la recherche scientifique. Desservant plus de 3,5 millions de personnes chaque année et ouverte à un large éventail de personnes dans le besoin, notamment les personnes âgées, les sans-abri, les enfants et les adolescents considérés comme « à risque », les victimes de toxicomanie, les personnes handicapées et les malformations. Et tout cela a commencé avec seulement 70 patients, un poulailler et une religieuse déterminée.

Reconnue de son vivant pour son grand service envers les pauvres, la bienheureuse Dulce a été présentée pour le prix Nobel de la paix en 1988. Elle a eu l’occasion de rencontrer une fois Mère Teresa et le pape Jean-Paul II deux fois, alors qu’elle était à l’hôpital ; peu de temps avant sa mort d’insuffisance respiratoire le 13 mars 1992.

Les Brésiliens ont pleuré son décès et sa messe de béatification en 2011 a rassemblé 70 000 personnes et a été retransmise, en direct, à la télévision nationale. Elle a été surnommée la « Mère des Pauvres » et le « bon ange de Bahia ».

Les miracles

En 2001, Claudia Cristina dos Santos a donné naissance à son deuxième fils, Gabriel. Après 18 heures d’hémorragies et trois interventions chirurgicales, les médecins ont perdu espoir que sa vie soit sauvée. Un prêtre appelé à célébrer ses derniers sacrements a été inspiré par le lancement d’une chaîne de prières demandant l’intercession de la bienheureuse Dulce et, a également donné à Claudia une relique de cette sainte femme. Au-delà de toutes les attentes médicales et de l’explication scientifique, le saignement s’est arrêté.

En 2010, ce miracle a été approuvé comme étant nécessaire pour la béatification du bon ange de Bahia.

Le 14 mai 2019, le Vatican a annoncé qu’un deuxième miracle avait été approuvé pour la canonisation de la bienheureuse Dulce.

José Maurício Bragança Moreira (qui avait effectivement rencontré la bienheureuse Dulce dans sa jeunesse) était aveugle depuis 14 ans en raison d’un glaucome sévère qui l’avait frappé très jeune. Un jour de 2014, souffrant d’une conjonctivite, il prit une petite statue de la Bienheureuse Dulce et la plaça sur son œil pour demander son intercession, afin de soulager sa douleur. Quand il s’est réveillé quelques heures plus tard, il a été surpris de découvrir qu’il pouvait voir à nouveau.

Patronage – Protection

Parmi les personnes et les endroits, qui peuvent prendre Dulce Lopes Pontes -future sainte à devenir- comme patronne et protectrice, figurent les personnels de santé, les administrateurs d’hôpitaux, les travailleurs sociaux et, bien entendu, Bahia et OSID.

Je ne me lance pas dans la politique, je n’ai pas le temps de connaître les implications du parti. Mon parti est la pauvreté.
– Bienheureuse Dulce Lopes Pontes

 

Le 26 juillet 2016, la Messe fut dite à Saint-Étienne-du-Rouvray

(Crédit photo: CNS/L’Osservatore Romano) Le 26 juillet 2016, en la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray en France, le père Jacques Hamel était assassiné alors qu’il célébrait l’Eucharistie accompagné d’une poignée de fidèles. Ce sacrilège suprême n’a cessé depuis de nous rappeler jusqu’où la foi en Jésus-Christ peut nous mener. Trois ans plus tard, il importe de faire mémoire du sens profond que revêt cet acte barbare. De ce véritable drame qui a précipité cette Rencontre définitive à laquelle le père Hamel avait passé sa vie à se préparer.

Au-delà des apparences 

Doux et humble de cœur, le père Hamel représentait tout ce que notre société considère comme ringard ou inutile. Or, si son meurtre nous a démontré une chose, c’est bien que ces critères sont eux-mêmes insignifiants et bien peu aptes à orienter notre jugement. Ce ministère caché, silencieux et constant d’un curé de campagne sans apparat, voilà ce que les flammes de l’enfer redoutent le plus. Cette journée-là, ce n’était ni les tensions politiques, ni la construction d’armements militaires, ni les myriades d’instruments mis au service d’une « paix » trop humaine que le prince de ce monde appréhendait le plus, mais bien le sacrifice sans éclat d’une vie donnée au quotidien. Comment se surprendre que l’amour du père Hamel ait déclenché la même rage du père du mensonge telle qu’elle s’était manifestée 2000 ans plus tôt au Golgotha? Qu’on se le tienne pour dit, ce que « Satan » craint le plus, c’est l’intensité de l’union d’une âme au Christ sauveur.

La Messe fut dite

Cela nous semble contre intuitif et un non-sens total mais le martyre est en effet une grâce divine qui s’offre à certains d’entre nous. Le père Hamel fait partie de ces chrétiens choisis pour témoigner au monde de la valeur suprême de la vie surnaturelle et sacramentelle. Que ce meurtre ait eu lieu pendant la célébration de la Messe porte aussi son lot de signification. Alors que, du côté des assassins, leur acte incarnait la nature même du sacrilège, pour le père Hamel au contraire, leur acte lui a fait vivre concrètement le mystère qu’il était en train de célébrer. Contrairement à son plan, la haine de Satan a permis à ce prêtre d’agir (différemment mais véritablement) In persona Christi. Par la chair meurtrie du père Hamel, la mort du Christ s’est mystérieusement ré-actualisé pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Ce jour-là, malgré les apparences, en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray la Messe n’a jamais été interrompue … Ite Missa est.

La seule vraie efficacité

Faire mémoire de la vie et des circonstances dramatiques qui nous ont enlevé le père Hamel est une belle occasion pour remettre les mystères de la foi au centre de nos vies et de notre compréhension du monde. Une occasion aussi de nous stimuler à persévérer sur notre chemin du sacrifice de l’amour quotidien. Alors que notre société nous invite à chercher ce qui est flamboyant et grandiose et à dénigrer ce qui semble petit et humble, le père Hamel nous montre où loge l’efficacité véritable. C’est par l’union au Christ que l’Amour de Dieu rejoint notre monde. Ce n’est que de cette manière que ce dernier peut légitimement poursuivre sa route sur le chemin de l’histoire.

Plus vivant que jamais

Il y a trois ans, le père Hamel nous quittait brusquement. Cherchant à faire disparaître cette oasis de paix, les forces démoniaques ont déchaîné leur fureur contre ce curé d’Ars des temps modernes. Pensant supprimer les bienfaits d’une vie spirituelle intense, c’est plutôt une pluie de grâces émanant d’une intimité spirituelle consommée à laquelle elles doivent aujourd’hui se confronter. L’avancement de son procès en béatification en est une preuve. À la suite du Christ, Jacques Hamel est parmi nous, plus que jamais.

Prêtres de demain : célèbre les prêtres d’aujourd’hui, en union avec le cœur de Jésus qui est : Amour !

Crédit photo: Torchia Communications

« Vous auriez deux cents anges là, qu’ils ne pourraient pas absoudre. Un prêtre, tant simple soit-il, le peut. Il peut vous dire : «  Allez en paix, je vous pardonne. » Oh, que le prêtre est quelque chose de grand ! Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel… Si on le comprenait sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour. Le prêtre n’est pas prêtre pour lui. Il ne se donne pas l’absolution. Il ne s’administre pas les sacrements. Il n’est pas pour lui : il est pour vous. Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus. Quand vous voyez un prêtre, pensez à Notre-Seigneur ».

Jean-Marie Vianney, LES PRÊTRES. 

Voici une réflexion sur les prêtres de Jean-Marie Vianney ou le saint curé d’Ars, nommé par le pape Pie XI en 1929 « patron de tous les curés de l’Univers ».  

L’Église de nos jours a plus que jamais besoin de personnes consacrées, de séminaristes, de futurs diacres et même des diacres permanents ; afin de suivre le cœur de Jésus et devenir des prêtres disciples missionnaires sur la terre. Qu’ils puissent entendre Son appel en laissant tout derrière. Ces disciples envoyés vont être les prêtres de demain afin de poursuivre l’extraordinaire œuvre d’amour du Christ. De plus que le sacerdoce représente l’amour du cœur de Jésus qui est source de l’amour débordant. C’est cet amour qui fait que le consacré ou le prêtre n’est pas au service de lui-même ; mais il est au service des autres et pour tous. Le prêtre ne peut alors être pour lui. Il est plutôt pour nous tous fils ou filles de Dieu.  Il doit également, par amour du cœur de Jésus, servir surtout les personnes vulnérables et nécessiteuses : en suivant l’exemple de Jésus-Christ qui nous a tant aimés et nous a donnés tout son amour tel qu’Il l’a reçu du Père sans hésitation ! 

Cette année, nous avons fêté le SacréCœur de Jésus, le vendredi 28 juin. Et, en cette même occasion l’Église était invitée à prier pour la sanctification des prêtres. Puisque Prêtres de demain qui est connu sous le nom de l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre (OPSPA) est voué à la formation des séminaristes dans les Églises locales des pays les moins avantagés, pour ne pas dire les plus démunis, tels qu’en Afrique, en Asie, en Océanie et en Amérique latine. Elle est l’une des quatre œuvres pontificales missionnaires. Prêtres de demain, c’est aussi un organisme de charité de l’Église catholique qui a pour mission : l’importance de la formation de la relève sacerdotale.  En cette occasion, Prêtres de demain a ainsi organisé une messe de reconnaissance pour le sacerdoce des prêtres tout en offrant aux donateurs qui contribuent au parrainage de séminaristes (ces prêtres en devenir) ou des séminaires en territoires de mission, une occasion particulière pour rencontrer et échanger avec leurs bénéficiaires. Plusieurs séminaristes y étaient présents en compagnie des prêtres, de Montréal et des diocèses environnants, célébrants un jubilé de 25, 50 ou même 60 ans d’après le père Yoland Ouellet, o.m.i., directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Canada francophone.   

La célébration eucharistique a été présidée par S. Exc. Mgr Luigi Bonazzi, nonce apostolique du Canada qui, dans son homélie, a fortement insisté sur l’amour à donner aux autres, à l’exemple de celui donné à Jésus par le Père. Il a également transmis à chacun des prêtres, dévoués au service du peuple de Dieu depuis tant d’années, les bons vœux de la part du Saint-Père, le pape François. La célébration eucharistique était concélébrée par le père Yoland Ouellet, o.m.i., et en la présence de S. Exc. Mgr Noël Simard, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec ; et la chorale Harmonie d’Afrique s’occupait des chants !

Les Œuvres pontificales missionnaires ont reçu trois invités tant attendus qui sont venus témoigner du soutien des Canadiens et Canadiennes des Œuvres pontificales missionnaires du Canada et de leurs nombreux projets :

  • Père Basil Rothan Fernando, directeur national des OPM au Sri Lanka et président des OPM pour l’Asie,
  • Père Jules Pascal Zabré, recteur du grand séminaire St-Jean Baptiste de l’archidiocèse d’Ouagadougou, Burkina Faso. 
  • Et le Père André Poré, directeur diocésain des OPM d’Ouahigouya au Burkina Faso, 

Est-ce un hasard qu’une messe de reconnaissance pour le sacerdoce des prêtres coïncide avec la fête du Sacré-Cœur de Jésus ? C’est plutôt une bénédiction pour ces prêtres qui suivent le cœur de Jésus et son amour. 

Les prêtres de demain et les fidèles ont pu rendre grâce et prier pour les prêtres d’aujourd’hui et ceux du monde entier servant l’Église de Dieu avec amour et dévouement à l’exemple du cœur de Jésus débordant d’amour, accessible par l’adoration, la prière, le sacrifice et l’amour du prochain et des plus vulnérables.  

Rappelons-nous que Prêtres de demain, soutient plusieurs séminaires en Afrique, en Asie, en Océanie et en Amérique latine et qu’il est toujours possible de les soutenir en leur écrivant un courriel (Prêtres de demain) : administration.opspa@opmcanada.ca ; ou visitez le site web : pretresdedemain.ca.

Prions pour les prêtres du monde, qu’ils ne se découragent pas devant les difficultés et les problèmes rencontrés dans leur ministère. Mais qu’ils se fortifient de la Croix, cet instrument d’amour qui transforme le cœur des hommes. 

Homélie du pape François lors de la Divine Liturgie et béatification de 7 martyrs grec-catholiques

(Photo credit: CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François lors de la Divine Liturgie avec la béatification de 7 évêques grec-catholiques sur la Place de la liberté de Blaj en Roumanie: 

«Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jn 9, 2). Cette question des disciples à Jésus enclenche une série de mouvements et d’actions qui se dérouleront dans tout le récit évangélique en révélant et en mettant en évidence ce qui aveugle réellement le cœur humain.

Jésus, comme ses disciples, voit l’aveugle de naissance; il est capable de le reconnaître et de le mettre au centre. Au lieu d’expliquer que sa cécité n’était pas le fruit du péché, il mélange la poussière de la terre avec sa salive et la lui applique sur les yeux; puis, il lui demande d’aller se laver dans la piscine de Siloé. Après s’être lavé, l’aveugle retrouve la vue. Il est intéressant d’observer comment le miracle est raconté à peine en deux versets, tous les autres orientant l’attention non pas sur l’aveugle guéri mais sur les discussions qu’il suscite. Il semble que sa vie et surtout sa guérison deviennent banales, anecdotiques ou un élément de discussion, mais aussi d’irritation ou de colère. Dans un premier temps, l’aveugle guéri est interrogé par la foule étonnée, puis par les pharisiens; et ces derniers interrogent également ses parents. Ils mettent en doute l’identité de l’homme guéri; puis ils nient l’action de Dieu, en prétextant que Dieu n’agit pas le jour du sabbat. Ils vont même jusqu’à douter que l’homme soit né aveugle.

Toute la scène et les discussions révèlent combien il est difficile de comprendre les actions et les priorités de Jésus, capable de mettre au centre celui qui était à la périphérie, surtout quand on pense que c’est le ‘‘sabbat’’ qui bénéficie du primat et non l’amour du Père qui cherche à sauver tous les hommes (cf. 1 Tm 2, 4). L’aveugle devait coexister non seulement avec sa cécité mais aussi avec celle de ceux qui l’entouraient. Ainsi sont les résistances et les hostilités qui surgissent dans le cœur humain quand, au centre, au lieu des personnes, on met des intérêts particuliers, des étiquettes, des théories, des abstractions et des idéologies, qui ne font rien d’autre qu’aveugler tout et tous. En revanche, la logique du Seigneur est différente: loin de se cacher dans l’inaction ou dans l’abstraction idéologique, il cherche la personne avec son visage, avec ses blessures et son histoire. Il va à sa rencontre et ne se laisse pas duper par les discours incapables d’accorder la priorité à ce qui est réellement important et de le mettre au centre.

Ces terres connaissent bien la souffrance des gens lorsque le poids de l’idéologie ou d’un régime est plus fort que la vie et supplante même la vie et la foi des personnes comme norme; lorsque la capacité de décision, la liberté et l’espace de créativité se voient réduits, voire éliminés (cf. Lettre Enc. Laudato si’, n. 108). Chers frères et sœurs, vous avez souffert des discours et des actions fondés sur le mépris qui conduisent même à l’expulsion et à l’anéantissement de celui qui ne peut pas se défendre et font taire les voix discordantes. Pensons en particulier aux sept évêques gréco-catholiques que j’ai eu la joie de proclamer bienheureux! Face à la féroce oppression du régime, ils ont fait preuve d’une foi et d’un amour exemplaires pour leur peuple. Avec grand courage et force intérieure, ils ont accepté d’être soumis à la dure incarcération et à tout genre de mauvais traitements, pour ne pas renier leur appartenance à leur Église bien-aimée. Ces pasteurs, martyrs de la foi, ont recueilli et laissé au peuple roumain un précieux héritage que nous pouvons synthétiser en deux mots: liberté et miséricorde.

En pensant à la liberté, je ne peux pas ne pas observer que nous célébrons cette liturgie divine sur le ‘‘Champ de la liberté’’. Ce lieu significatif rappelle l’unité de votre peuple qui s’est réalisée dans la diversité des expressions religieuses: cela constitue un patrimoine spirituel qui enrichit et caractérise la culture et l’identité nationale roumaines. Les nouveaux Bienheureux ont souffert et sacrifié leur vie, en s’opposant à un système idéologique totalitaire et coercitif en ce qui concerne les droits fondamentaux de la personne humaine. Dans cette triste période, la vie de la communauté catholique était soumise à une rude épreuve par le régime dictatorial et athée: tous les évêques, et beaucoup de fidèles, de l’Église gréco-catholique et de l’Église catholique de rite latin ont été persécutés et emprisonnés.

L’autre aspect de l’héritage spirituel des nouveaux Bienheureux, est la miséricorde. Leur persévérance dans la profession de fidélité au Christ allait de pair avec la disposition au martyre sans aucune parole de haine envers leurs persécuteurs, pour lesquels ils ont eu une réelle douceur. Ce qu’a déclaré durant son emprisonnement l’évêque Iuliu Hossuest éloquent : «Dieu nous a envoyés dans ces ténèbres de la souffrance pour accorder le pardon et prier pour la conversion de tous». Ces paroles sont le symbole et la synthèse de l’attitude par laquelle ces Bienheureux, dans la période de l’épreuve, ont soutenu leur peuple en continuant à professer la foi sans faille et sans réserve. Cette attitude de miséricorde envers les bourreaux est un message prophétique, car il se présente aujourd’hui comme une invitation pour tous à vaincre la rancœur par la charité et le pardon, en vivant avec cohérence et courage la foi chrétienne.

Chers frères et sœurs, aujourd’hui également, réapparaissent de nouvelles idéologies qui, de manière subtile, cherchent à s’imposer et à déraciner nos peuples de leurs plus riches traditions culturelles et religieuses. Des colonisations idéologiques qui déprécient la valeur de la personne, de la vie, du mariage et de la famille (cf. Exhort. ap. postsyn. Amoris laetitia, n. 40) et qui nuisent, par des propositions aliénantes, aussi athées que par le passé, surtout à nos jeunes et à nos enfants en les privant de racines pour grandir (cf. Exhort. Ap. Christus vivit, n. 78). Et alors tout devient sans importance s’il ne sert pas à des intérêts personnels immédiats et pousse les personnes à profiter des autres et à les traiter comme de simples objets (cf. Lettre Enc. Laudato si’, nn. 123-124). Ce sont des voix qui, répandant la peur et la division, cherchent à éliminer et à enterrer le plus riche héritage que ces terres aient vu naître. Je pense, en fait d’héritage, par exemple à l’Édit de Torda en 1568 qui sanctionnait toute sorte de radicalisme émettant – un des premiers cas en Europe – un acte de tolérance religieuse.

Je voudrais vous encourager à porter la lumière de l’Évangile à nos contemporains et à continuer de lutter, comme ces Bienheureux contre ces nouvelles idéologies qui surgissent. Maintenant, c’est à nous qu’il revient de lutter, comme ils ont eu à le faire en leurs temps. Puissiez-vous être des témoins de liberté et de miséricorde, en faisant prévaloir la fraternité et le dialogue sur les divisions, en renforçant la fraternité du sang, qui trouve son origine dans la période de souffrance où les chrétiens, divisés au cours de l’histoire, se sont découverts plus proches et solidaires! Très chers frères et sœurs, que vous accompagnent dans votre cheminement la protection maternelle de la Vierge Marie, la Sainte Mère de Dieu, et l’intercession des nouveaux Bienheureux!

[00958-FR.02] [Texte original: Italien]

Message du pape François pour la béatification des martyrs d’Algérie

Vous trouverez ci-dessous le Message du pape François pour la béatification des martyrs Mgr Pierre Claverie, O.P., Évêque d’Oran et de ses 18 compagnons (religieux et religieuse) en Algérie:

Chers frères et sœurs,
ce samedi 8 décembre, l’Église en Algérie célèbre dans la joie la béatification de dix-neuf religieux et religieuses martyrs. Je m’associe à votre action de grâce pour ces vies totalement données par amour de Dieu, du pays et de tous ses habitants dont vous partagez l’humble quotidien dans un esprit de fraternité, d’amitié, de service. Recevez ici mes encouragements fraternels pour que cette célébration aide à panser les blessures du passé et crée une dynamique nouvelle de la rencontre et du vivre ensemble à la suite de nos bienheureux.

Je suis très reconnaissant à Monsieur le Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, et à ses collaborateurs, d’avoir facilité la célébration en terre algérienne de la béatification de Mgr Pierre Claverie et de ses dix-huit compagnons et compagnes, martyrs du plus grand amour. Je veux ainsi exprimer toute mon affection pour le peuple algérien qui a connu de grandes souffrances durant la crise de société dont il a été victime dans les dernières années du siècle passé.

En faisant mémoire de la mort en Algérie de ces dix-neuf victimes chrétiennes, les catholiques d’Algérie et du monde veulent célébrer la fidélité de ces martyrs au projet de Paix que Dieu inspire à tous les hommes. Ils veulent, en même temps, prendre dans leur prière tous les fils et filles de l‘Algérie qui ont été, comme eux, victimes de la même violence pour avoir vécu, avec fidélité et respect de l’autre, leurs devoirs de croyants et de citoyens sur cette terre bénie. C’est pour eux aussi que nous adressons notre prière et exprimons notre hommage reconnaissant.

L’Eglise catholique en Algérie se sait l’héritière, avec toute la nation algérienne, du grand message d’amour proposé par l’un des nombreux maîtres spirituels de votre terre, Saint Augustin d’Hippone. Elle désire servir ce même message, en ces temps où tous les peuples cherchent à faire progresser leur aspiration à « Vivre ensemble dans la paix ».

Par la béatification de nos dix-neuf frères et sœurs, l’Eglise veut témoigner de son désir de continuer d’œuvrer pour le dialogue, la concorde et l’amitié. Nous croyons que cet événement inédit dans votre pays dessinera un grand signe de fraternité dans le ciel algérien à destination du monde entier.

Nous sommes heureux que cette célébration puisse se vivre dans un sanctuaire dédié à la Vierge Marie qui est particulièrement présente dans nos deux traditions religieuses. Que le regard maternel de la Bienheureuse Vierge Marie, pleine de grâce, toute belle et toute pure, vous protège et vous garde.

Au Vatican, le 2 décembre 2018.

[01994-FR.01] [Texte original: Français] [B0915-XX.01]

FRANÇOIS

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