Église en sortie 13 mai 2016

Cette semaine à Église en sortie, nous vous présentons l’entrevue réalisée avec Jacques Gauthier, théologien et auteur du livre « Jésus raconté pas ses proches » aux éditions Novalis. Dans la deuxième partie d’émission l’abbé Claude Paradis nous présente sa troisième chronique des « actualités de la rue » et dans laquelle il nous parle de Mgr Camara au Brésil et de l’histoire de son dévouement auprès des plus pauvres. Enfin, le chorale « Sous les étoiles » composé de sans abris de Montréal nous interprète la chanson « quand les hommes vivront d’amour ».

Église en sortie 5 février 2016

Cette semaine à l‘émission Église en Sortie, Francis Denis reçoit l’abbé Claude Paradis, prêtre de l’Archidiocèse de Montréal responsable de « Notre-Dame de la rue » un organisme qui vient en aide aux sans abris du centre-ville de Montréal. Nous vous présentons un reportage sur l’ouverture de la Porte de la Miséricorde à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal suivi d’un entretien avec Mgr Christian Lépine, Archevêque de Montréal à propos du Jubilé extraordinaire 2016 et des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.

Un Jubilé extraordinaire pour tous!

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(Photo: Catholic News Service)

Vous êtes certainement au courant que mardi dernier en la fête de l’Immaculée Conception, le pape François a procédé à l’ouverture solennelle de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome procédant ainsi à l’annonce du Jubilé extraordinaire de la miséricorde qu’il avait ouvert officiellement lors de son voyage en République Centrafricaine. Ce n’est pas un hasard si le Pape a voulu tenir cette cérémonie le jour de la Solennité de l’Immaculée Conception. Pour lui, il était important d’entrer dans cette année sous la protection de la Sainte Vierge puisque c’est par elle que le Royaume des cieux est entré dans notre histoire. En d’autres termes, c’est par elle que le Verbe a pris chair, adoptant notre condition humaine et répandant sur le monde entier les trésors de la miséricorde divine.

Ainsi, comme Marie, nous devons accepter ce don et cette invitation à redécouvrir le visage miséricordieux du Père, à s’en émerveiller et à laisser son action rédemptrice prendre toute la place dans notre vie. Comme l’affirme le pape François dans l’homélie : « La fête de l’Immaculée Conception exprime la grandeur de l’amour de Dieu. Il est non seulement celui qui pardonne le péché, mais en Marie, il va jusqu’à prévenir la faute originelle, que tout homme porte en lui en entrant dans ce monde. » En ce sens, l’année sainte doit être considérée comme un don de la Grâce de Dieu que l’on met au-devant de nos actes pour nous assurer que, même si nous tombons en court de route, Dieu sera toujours présent à nos côtés, prêt à nous pardonner les fautes que nous avons même pas encore commises !

Cette vérité fondamentale de la foi chrétienne avait peut-être été laissée de côté pendant un temps mais il semble bien que le Pape François en ait fait sa priorité absolue. Pour lui, la Porte Sainte et les différentes portes de la miséricorde qui seront ouvertes dans chaque diocèse doivent nous aider à sentir, j’irais jusqu’à dire, en notre chair, la grandeur du mystère de l’amour de Dieu. Le passage de la porte sainte aura donc un double effet : « 1) l’abandon de toutes formes de peur et de crainte, parce que cela ne sied pas à celui qui est aimé » ; et 2) « la naissance en nous de la joie de la rencontre avec la grâce qui transforme tout ».

Ce samedi et dans les semaines à venir nous aurons l’occasion tous et toutes de nous rendre dans nos cathédrales respectives pour célébrer l’ouverture de cette année de la miséricorde. Nous pouvons dire que nous sommes privilégiés puisque nous avons déjà eu la chance d’avoir une Porte Sainte ouverte durant une année entière en la cathédrale Notre-Dame de Québec. Certains ont même pensé que cette expérience positive avait fait naître l’idée dans la tête du pape François d’universaliser l’initiative. Certes, nous aurons tous le cœur rempli de candeur lorsque renouvelés par cette contemplation de la beauté de notre Dieu, nous inviterons parents et amis à traverser notre porte de la miséricorde. En ce sens, ce Jubilé donnera un deuxième souffle à notre élan missionnaire.

Si vous ne pouvez pas vous déplacer, sachez que S+L diffusera la messe d’ouverture de la Porte Sainte de la Cathédrale Notre-Dame de Québec samedi prochain le 12 décembre à 16h30. Notre journaliste Emilie Callan sera sur place pour vous faire vivre cet événement exceptionnel. Sachez aussi que S+L sera présent du côté de Montréal afin de vous permettre de revoir l’ouverture de la Porte de la miséricorde du Diocèse de Montréal en la basilique Marie-Reine-du-Monde qui aura lieu samedi le 12 décembre à 19h30. Cette coproduction S+L et l’Église catholique à Montréal sera disponible dès la semaine prochaine.

Au nom de toute l’Équipe de S+L, nous vous souhaitons une joyeuse et sainte année de la miséricorde !

Nostra Aetate 50 ans plus tard

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Photo: Courtoisie Catholic News Service

Le 28 octobre dernier marquait le cinquantième anniversaire de la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II concernant les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes. Pour l’occasion, l’Organisme pour le dialogue judéo-chrétien de Montréal avait organisé une conférence pour faire le bilan de ces 50 ans de rapprochement. Se sont donc réunies plusieurs personnalités des différentes communautés chrétiennes et juives. Cette conférence fut également l’occasion pour tous les participants de comprendre l’importance de la Déclaration Nostra Aetate à travers cette rétrospective des relations judéo-chrétiennes durant les 50 dernières années.

Cette semaine d’activités a débuté le mardi 27 octobre à la bibliothèque publique juive de Montréal avec deux conférences la première de Jean Duhaime, professeur émérite d’interprétation biblique de l’Université de Montréal et la deuxième d’Armand Abécassis, professeur de philosophie de l’Université Michel-de-Montaigne de Bordeaux en France. Mgr Luigi Capture d’écran 2015-11-06 à 15.25.02Bonnazzi, présent à cette soirée, a affirmé l’importance de la déclaration Nostra Aetate en soulignant tout le chemin parcouru depuis sa publication. En effet, pour le Nonce apostolique au Canada, Nostra Aetate est « un point de non retour » en ce qu’elle a mis les bases d’une réconciliation qui allait se déployer par la suite. Surmonter le poids de l’histoire n’est jamais une mince tâche mais la bonne volonté des communautés chrétiennes et juives ont réellement porté beaucoup de fruits. Parmi ces derniers figure la redécouverte de l’immense patrimoine commun  manifesté dans l’étude conjointe des Saintes Écritures.

Pour Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, le rapprochement entre juifs et chrétiens est un exemple pour le monde entier. En effet, le dialogue judéo-chrétien montre bien comment la paix n’est pas un simple vœu pieux mais une réalité qu’il est possible d’atteindre et à laquelle il vaut la peine de travailler. En ce sens, on peut noter à titre d’exemple, les nombreux gestes de réconciliation et les visites des différents papes en Terre Sainte. De plus, pour Mgr Lépine, un autre signe de cette paix rendue possible grâce à Nostra Aetate se trouve dans le fait qu’il est aujourd’hui manifeste que « le propre de la religion n’est pas d’être porteur de guerre et de conflit, le propre de la religion est de relier « . Ainsi, par ce dialogue judéo-chrétien, on manifeste, à la fois, que les religions et leurs institutions ont un rôle irremplaçable dans la société mais également que leur présence et leur rayonnement doivent être encouragés.

Un fait saillant de cette soirée fut ma rencontre avec l’une des organisatrices de la conférence, Myriam Azogui-Halbwax, qui m’a parlé de son expérience personnelle. Originaire de France, Mme Azogui-Halbwax baigne dans le dialogue judéo-chrétien depuis sa tendre enfance. Issue d’une famille juive, elle a toujours vécu dans un milieu séculier où la majorité de son entourage était catholique. Ce qu’elle retient de cette expérience c’est l’importance du respect du droit à la différence qui, pour elle, est la valeur principale du judaïsme. Souligner le 50e anniversaire de la déclaration Nostra Aetate était incontournable. On a souvent une vision institutionnelle du dialogue où les grandes déclarations et rencontres prennent la première place. On oublie souvent que des millions de personnes vivent ce dialogue au jour le jour. Cette expérience personnelle du dialogue et l’importance qu’a dû avoir ce pas de géant de Vatican II pour des millions de personnes est certainement pour moi la grande découverte de cette soirée mémorable. Espérons que les 50 ans prochaines années soient tout aussi porteuses de ces valeurs de paix et de fraternité.

24 heures de prière pour un nouveau printemps de la vie consacrée

Le 31 janvier et 1er février dernier avait lieu au Sanctuaire du Très-Saint Sacrement de Montréal les 24 heures de prière pour un nouveau printemps de la vie consacrée, événement organisé conjointement par la Fraternité monastique de Jérusalem et l’Archidiocèse de Montréal. Ce véritable marathon spirituel a débuté le samedi par une Messe présidée par le Nonce apostolique au Canada, Mgr Luigi Bonazzi.

« Un témoin de Dieu qui est Amour, voilà ce qu’est la personne consacrée aujourd’hui! Comme il est important aujourd’hui dans une grande ville telle que Montréal, de pouvoir compter sur des personnes capables d’aider leurs prochains, à rencontrer ce Dieu qui est Amour. Le plus grand cadeau que nous pouvons faire à nos prochains est de les aider à faire cette rencontre avec ce Dieu qui est amour. »

La journée s’est ensuite poursuivie durant l’après-midi par une série de témoignages manifestant la diversité et les différents visages de la vie consacrée aujourd’hui. Se sont donc succédé de véritables témoins de la foi et de cette réponse à l’appel de Dieu à la vie consacrée :

  • Le Père Benoît Lacroix o.p. qui a prononcé une allocution sur le thème de la vie consacrée au Québec depuis 1965 : Une mission si féconde, variée et colorée.
  • Sœur Gilberte Bussière CND qui a donné un témoignage touchant sur sa vocation personnelle à la vie consacrée et qui s’est également exprimée pour la toute première fois publiquement sur l’épisode malheureux de ces 58 jours passés en captivité au Cameroun sous le regard de Dieu.
  • Le Frère Antoine-Emmanuel s’est exprimé sur le sens de la vie consacrée, ses nombreux visages et ses nouvelles formes.
  • Une consacrée de l’Institut Notre Dame de vie, Marie-Sophie De Bouville a parlé de l’évangile au quotidien.
  • Jean-François Pouliot fmj a livré un touchant témoignage sur son appel personnel à la vie consacrée.

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Messie de Händel à la cathédrale de Montréal le 24 décembre à 20h00

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Le 6 décembre dernier, avait lieu à la Basilique Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal, l’interprétation du Messie de Georg Friedrich Händel par le Chœur polyphonique de Montréal et l’Orchestre Symphonique des Jeunes de Montréal sous la direction de Louis Lavigueur, C.Q. Ce magnifique concert, réalisé sous l’égide de Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, fut un grand succès ayant affiché complet.

Le réseau Sel + Lumière était très heureux d’apporter sa contribution en réalisant la télédiffusion de l’événement. Cette réalisation majeure d’une qualité exceptionnelle sera diffusée sur nos ondes le 24 décembre prochain en la veille de la solennité de la Nativité de Jésus. Nous remercions tout spécialement l’apport de la cathédrale de Montréal et la belle collaboration entre le père Thomas Rosica et l’abbé Alain Vaillancourt ptre, curé de la cathédrale.

Pour l’occasion, le père Thomas Rosica nous offre une magnifique réflexion sur le sens profond de cette œuvre monumentale :

 « Le Messie est une œuvre de langue anglaise composée en 1741 par George Friedrich Händel à partir de textes de l’Écriture rassemblés par Charles Jennens dans la version « King James » de la Bible et de la version des psaumes se trouvant dans le « Book of Common Prayer ». La musique fut écrite et complétée en 24 jours en l’an 1741. Elle a été interprétée pour la première fois à Dublin en Ireland, le 13 avril 1742 et fut présentée à Londres presqu’un an plus tard. Après un premier accueil initial que l’on pourrait qualifier de modeste, l’œuvre a gagné peu à peu en popularité pour finalement devenir une des pièces les plus connues interprétées par les chorales du monde occidental. [Read more…]

Vivre sa joie!

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Écrit par Stephanie Manseau , coordonnatrice des communications pour la Congrégation de Notre-Dame .

Il y a, au cœur de Montréal, une maison bien particulière, qui porte le joli nom de « communauté Vita-Joie ». Quand les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame s’y sont installées en 2009, c’était pour accueillir deux nouvelles candidates, Andrée Maheu et Violaine Paradis. La vocation de la maison a évolué pour suivre le cheminement des jeunes sœurs et elle est devenue noviciat. Maintenant qu’Andrée et Violaine sont professes temporaires, la mission de Vita-Joie s’adapte une fois de plus pour devenir communauté interculturelle et intergénérationnelle. Sept sœurs y vivent, partageant les joies et les défis du quotidien, des horaires particulièrement chargés et une extraordinaire vitalité!

Vie communautaire et engagement

Ce groupe communautaire est composé de cinq sœurs d’origine canadienne (Francine, Sheila, Louise, Andrée et Violaine), d’une sœur camerounaise (Brigitte) et d’une hondurienne (Mariana). On parle surtout le français à la maison, dans le but avoué d’aider sœur Mariana à améliorer sa connaissance de cette langue, mais l’anglais et l’espagnol résonnent aussi entre les murs.

La maison est grande et l’espace suffisant pour accommoder tout le monde mais une vie communautaire harmonieuse exige de l’organisation et parfois, quelques compromis. Les sept sœurs se répartissent les tâches : chacune prépare le souper à tour de rôle, selon un horaire établi. Si l’une d’elle ne peut être présente quand c’est son tour, elle apprête le repas d’avance et s’entend avec une consœur qui le réchauffera au moment de servir. Toutes tentent de se retrouver pour prier et partager au moins le repas du soir mais ce n’est pas toujours possible de réunir tout le groupe : le lundi est la seule journée de la semaine où elles arrivent à être sept présentes autour d’une même table… ou plus, car elles accueillent chaleureusement, avec cette hospitalité si caractéristique des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, les gens qui les visitent! [Read more…]

À la recherche du cœur de Marguerite

Atsuko

Je suis une sœur de la Congrégation de Notre-Dame (CND). Le 1er avril 2013, j’ai quitté le Japon pour entreprendre un mandat d’un an comme membre de la communauté internationale de la Maison mère à Montréal.

J’aimerais d’abord vous raconter brièvement l’histoire de la CND au Japon. En 1932, à la requête d’un évêque canadien dominicain responsable de l’Église catholique dans le district de Tohoku au Japon, cinq sœurs canadiennes traversent l’océan Pacifique et mettent sur pied une mission à Fukushima, une petite ville agricole située à 240 kilomètres au nord-est de Tokyo. Même si les sœurs francophones ne peuvent guère communiquer avec la population locale, elles sont accueillies chaleureusement par le petit groupe de catholiques de la paroisse ainsi que par les non-catholiques, peu importe leurs croyances religieuses.

L’œuvre missionnaire des sœurs se poursuit à Fukushima; elles construisent un nouveau couvent et ouvrent un jardin d’enfants. Toutefois, les nuages de la guerre commencent à s’amonceler au-dessus du Japon.

En 1942, la Guerre du Pacifique éclate. L’armée japonaise confisque le couvent, le convertissant en camp d’internement pour les nationaux étrangers. Quelques sœurs canadiennes retournent dans leur pays tandis que d’autres sont assignées à résidence et envoyées dans la région d’Aizu, dans l’arrière-pays de la préfecture de Fukushima. Dépourvues de moyens de communication avec le monde extérieur et réduites à vivre dans la pauvreté, elles sont sauvées par trois postulantes japonaises qui ont refusé de quitter la Congrégation malgré les conseils répétés de prêtres japonais. Elles restent avec les sœurs canadiennes, leur procurant en secret la nourriture et les autres produits de première nécessité. Ensemble, elles prient et attendent que la paix se rétablisse. La guerre, commencée le jour de la fête de l’Immaculée Conception, se termine finalement en 1945, le jour de la fête de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Maintenant libres, les sœurs canadiennes internées à Aizu retournent à Fukushima où elles prennent des orphelins de guerre sous leur protection. L’année suivante, elles ouvrent une école primaire; parmi les élèves figurent les orphelins de guerre.

Depuis, le nombre de nos écoles au Japon a augmenté : un jardin d’enfants, une école primaire, une école secondaire et un collège offrant un programme de deux ans à Fukushima; un jardin d’enfants et une résidence pour filles à Tokyo; une école primaire, une école secondaire de premier cycle et une école secondaire de deuxième cycle à Kita-Kyushu. Actuellement, on compte soixante-dix sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, incluant sept sœurs canadiennes, engagées dans des activités éducatives et apostoliques.

Née de parents catholiques, j’ai été baptisée peu après ma naissance, fait assez inhabituel puisque la majorité des Japonais se déclarent à la fois shintoïstes et bouddhistes. J’ai étudié douze ans dans une école de la Congrégation à Kita-Kyushu, et quatre autres années dans une université de Tokyo tout en vivant à Chofu dans une résidence de la CND pour étudiantes. C’est à l’école primaire, à l’âge de six ans, que j’ai fait ma première rencontre avec Marguerite Bourgeoys. Mon souvenir le plus marquant de mes années d’école est le sourire d’une sœur canadienne d’origine irlandaise. Jamais je n’oublierai jamais le doux et lumineux sourire qui ne quittait jamais son visage.

Pendant mon noviciat, l’une des cinq sœurs pionnières de 1932 m’a appris l’histoire de la Congrégation de Notre-Dame ainsi que la musique. Même si elle n’a pas insisté sur les désagréments et les difficultés dont elle avait fait l’expérience à son arrivée et spécialement pendant la guerre, je pouvais sentir la raison pour laquelle elle est restée au Japon : son amour profond de Jésus, de Marie et de notre fondatrice. Elle est demeurée au Japon parce que c’était la volonté de Dieu; parce que Marie était avec elle; et parce que Marguerite aurait agi de la même façon. Lorsque je réfléchis sur la vie de cette sœur à la lumière de celle de Marguerite, il me semble mieux comprendre Marguerite et ce qui fait sa grandeur. Cette sœur est décdée un an et deux mois après mes premiers vœux, et l’on m’a donné sa croix de profession.

Après mes vœux perpétuels, devenue professeure, j’ai enseigné le japonais dans les écoles secondaires de Fukushima et de Kita-Kyushu. Malgré mon emploi du temps très chargé, l’interaction avec mes jeunes étudiants se révélait une expérience très enrichissante. Certains de nos nouveaux étudiants avaient le cœur brisé à la suite d’un échec aux examens d’entrée à d’autres écoles. Toutefois, ils recevaient un accueil chaleureux dans les écoles de la CND. C’est là qu’ils ont appris : tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime (Isaïe 43,4). Rien ne m’a procuré autant de joie que de les voir retrouver leur estime de soi et retomber sur leurs pieds.

Cependant, je me posais parfois des questions. Avant mon entrée dans la vie religieuse, j’ai enseigné dans une école protestante où j’ai rencontré plusieurs professeurs laïcs dévoués. Le matin, pendant le culte, ils prêchaient la parole de Dieu et ensuite, ils se rendaient en classe pour enseigner et guider les étudiants. Quelle était la différence entre eux et une enseignante comme moi, une sœur? Cette question me préoccupait. Lorsque l’on m’a offert un mandat d’un an à Montréal, j’ai pensé que cela pourrait être l’occasion de prendre du recul par rapport à ma vie d’enseignante et de réfléchir sur cette question.

Après mon arrivée au Canada, dès que j’avais un moment de libre, je parcourais Montréal une carte à la main. J’ai ainsi visité églises et musées en commençant par la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Je me suis promenée dans le Vieux-Montréal où notre fondatrice a ouvert la première école de la ville. J’ai aussi contemplé les vieilles tours du Grand Séminaire dans lesquelles nos sœurs ont enseigné aux Amérindiennes. J’ai vu des portraits et des statues de Marguerite dans un grand nombre d’églises et observé que beaucoup d’endroits portaient le nom de notre fondatrice. Tout ce que j’ai vu et entendu porte témoignage de l’affection que lui voue la population de Montréal.

Mon investigation historique et archéologique m’a fait comprendre toute la difficulté de la vie de Marguerite aux premiers jours de Montréal. Le 16 novembre, jour de l’arrivée de Marguerite à Ville-Marie il y a près de quatre siècles, je me suis rendue dans le Vieux-Montréal. Le temps était déjà froid. Avec ses arbres presque tous dénudés, le port paraissait désert. Peu après allait s’installer un hiver des plus rigoureux!

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J’ai relu les écrits et biographies de Marguerite. Entre les lignes je pouvais sentir sa solitude et sa peur de l’inconnu. Dans sa France natale, elle avait prononcé des vœux privés, vécu une vie consacrée et poursuivi un engagement bénévole. Cependant, elle a choisi de sortir de sa zone de confort et trouvé le courage de s’aventurer dans un monde nouveau. Fidèle au plan de Dieu, elle s’est consacrée au service des autres et à l’enseignement de la Bonne Nouvelle, l’Évangile. Elle a recruté des compagnes et elle a fondé une communauté religieuse apostolique. En jetant un regard sur Ville-Marie du point de vue d’aujourd’hui, j’ai été touchée plus que jamais par le courage et l’accomplissement extraordinaire de Marguerite.

Partout dans le monde, nombre de gens remarquables ont édifié un pays. Toutefois la grandeur de Marguerite ne réside pas tant dans sa contribution à la construction de Ville-Marie que dans sa fondation d’une communauté religieuse féminine non cloîtrée vouée à l’éducation

Dans ses Écrits, Marguerite parle de l’amour d’amant. Elle aimait Jésus de cet amour et désirait demeure[r] toujours en la présence de Dieu comme une mère qui est passionnée pour son enfant ne [le] perd point de vue[1]. Elle a donc naturellement choisi la vie consacrée comme mode de vie. À l’imitation de la Vierge Marie conversante avec le prochain, Marie a vécu avec des femmes partageant le même désir : être au service d’autrui et répandre la parole de Dieu. Je pense qu’elle voulait que sa communauté soit un modèle de communauté humaine et un témoignage vivant en ce monde. Elle désirait profondément que les commandements de l’amour soient gravés dans son cœur et dans celui de ses sœurs : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Matthieu 22,37-39).

Mes rencontres avec des sœurs impliquées dans diverses formes d’engagement apostolique et éducatif m’ont aidée à approfondir ma compréhension de notre fondatrice. J’ai appris que vivre son charisme est pour les sœurs de la plus grande importance dans leur processus de discernement, de découverte de leur vocation et de leur ministère. Nous devons discerner où nous sommes et où nous sommes appelées en dialogue avec nous-mêmes, avec nos supérieures, avec Jésus et avec Marguerite. Il nous est demandé de grandir personnellement et de croître spirituellement dans la vie religieuse, de comprendre le charisme et de le vivre avec passion.

Parce que je m’étais trop habituée à ma vie d’enseignante dans l’environnement protecteur des écoles CND, j’ai peut-être perdu de vue la raison pour laquelle j’ai été « envoyée pour la mission ». Ma mission est de suivre Jésus et de partager par mes paroles et mes actions la Bonne Nouvelle : « Vous comptez beaucoup aux yeux de Dieu. Dieu vous aime. Vous avez une immense valeur à ses yeux. » Tel que le souhaitait Marguerite, ma mission consiste à répandre le commandement de l’amour en construisant des relations chaleureuses avec mes compagnes et mes collègues. Ma mission consiste en un engagement sans réserve à la vie consacrée – ce que les premières missionnaires ont tenté de transmettre aux générations futures au risque de leur vie.

Les premières missionnaires ont beaucoup donné au Japon : la parole de Dieu, la spiritualité de Marguerite Bourgeoys, l’éducation, la vie religieuse… Je sais que j’ai beaucoup reçu pendant mon séjour au Canada. Toutefois, je m’interroge au sujet de ce que j’y ai accompli. Une chose est certaine : j’ai parlé de Fukushima.

Le 11 mars 2011, un tremblement de terre et un tsunami dévastaient la côte nord-est du Japon; le séisme détruisait complètement le couvent bâti par les sœurs missionnaires en 1935.

Cette catastrophe sans précédent a sévèrement endommagé la centrale nucléaire de Fukushima. La contamination radioactive causée par la fusion du réacteur nucléaire a entraîné des effets dévastateurs à long terme sur la santé de la population de Fukushima. Plusieurs familles ont quitté Fukushima afin de protéger leurs enfants contre l’exposition aux radiations. En fait, le nombre des étudiants des écoles CND a beaucoup diminué. Ainsi, pour ne considérer que notre jardin d’enfants, 40 % des enfants l’ayant fréquenté ont quitté Fukushima. S’étant demandé ce que Marguerite aurait fait dans cette situation désastreuse, nos sœurs ont lancé plusieurs initiatives. D’abord, elles ont créé un programme de bourses pour aider les enfants touchés par le désastre. Elles ont rebâti le jardin d’enfants qui comprend maintenant un terrain de jeux entouré de murs de verre. Ainsi, les enfants peuvent jouer à l’intérieur sans être exposés à l’air contaminé. En collaboration avec quelques diocèses, quelques sœurs ont conçu le projet d’éloigner les enfants des radiations en les envoyant passer l’été dans un camp de vacances. D’autres sœurs rendent visite régulièrement aux victimes vivant encore dans des logements provisoires pour être à l’écoute de leurs problèmes et de leurs préoccupations, ou tout simplement pour manifester une présence. Récemment, un groupe de personnes bénévoles se sont jointes à ces sœurs. Elles offrent un soutien affectif à des femmes faisant face à un avenir incertain, surtout lorsqu’elles doivent élever des enfants dans des circonstances aussi difficiles.

L’été dernier, j’ai participé comme représentante de la province japonaise à la rencontre du Réseau de justice sociale de la Congrégation de Notre-Dame. À l’aide d’une présentation PowerPoint préparée par les sœurs de Fukushima, j’ai eu l’occasion de faire connaître la situation qui y règne actuellement et la façon dont les sœurs remédient aux difficultés.

Les sœurs et personnes associées de la province américaine de la CND ont lancé le « projet de solidarité de Blessed Sacrament avec Fukushima », un soutien moral et financier considérable pour nos sœurs japonaises. Nos sœurs américaines ont fait preuve d’un véritable sentiment de compassion, à l’imitation de Marguerite. Elles m’ont rappelé que je suis membre à part entière de la famille internationale de la CND.

En avril, je retournerai au Japon où j’exercerai un mandat à Fukushima. J’aimerais beaucoup continuer à jouer le rôle de personne-lien entre Fukushima et mes sœurs nord-américaines. Je rentre chez moi en emportant le cœur de Marguerite que j’ai trouvé à Montréal.

[1] Les textes en italique sont extraits des Écrits de Mère Bourgeoys.

Ce message a été écrit par Sr. Atsuko Nakamoto, CND en Mars 2013. Elle vit actuellement et oeuvre à Fukushima, au Japon.

Messe pour les vocations sacerdotales sur TV S+L

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Vendredi 17 octobre prochain, une messe sera célébrée à l’intention des vocations sacerdotales dans le diocèse de Montréal. Elle sera présidée par Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, à la chapelle du Grand Séminaire de Montréal. Nombreuses missions, communautés, prêtres, religieux et religieuses seront présents pour cette célébration.

La messe sera émise en direct sur le web à 19 h30 HE puis télédiffusée sur Sel + Lumière à 20 h30 HE / 17 h30 HP.  

Messe pour le 30e anniversaire de la Fondation du Grand Séminaire de Montréal

Cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal

Ce vendredi, 26 septembre 2014, en la fête des saints martyrs canadiens,  une messe solennelle sera célébrée en la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, pour le 30ème anniversaire de la fondation du Grand Séminaire de Montréal. La célébration sera présidée par l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, à 19h30, et diffusée en direct sur Sel et Lumière.

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