Prier avec le pape François Réflexion – Juillet 2024

Mes frères et sœurs : En ce mois de juillet, le Pape François nous demande de prier pour la pastorale des malades, pour que le sacrement de l’onction des malades donne aux personnes qui le reçoivent, ainsi qu’à leurs proches, la force du Seigneur, et qu’il soit de plus en plus pour tous un signe visible de compassion et d’espérance.

La pastorale des malades nous offre le temps et le lieu pour rencontrer les autres au moment où ils en ont le plus besoin, où ils se sentent le plus vulnérables. Le sacrement de l’onction est un moyen puissant de recevoir les grâces de Dieu en cette période critique. 

Le Pape François nous dit que ce sacrement confère « la force du Seigneur » aux malades et à leurs proches. L’onction d’huile nous rappelle que le pouvoir de guérison de Dieu n’est pas un jeu dans la tête ; sa consolation nous réconforte de manière tangible.

Cependant, les grâces de Dieu peuvent aussi nous aider dans une guérison intérieure, au niveau du cœur. Lorsque je commence à penser que Dieu n’est pas avec moi dans ma douleur et mon agonie, et que personne ne se soucie de moi, c’est le signe que j’ai besoin d’une guérison intérieure. 

Non seulement Jésus-Christ guérit, mais c’est par ses blessures sur la Croix que nous sommes guéris. La souffrance n’est pas dénuée de sens parce que Jésus l’a traversée et l’a rachetée ; nous ne sommes pas seuls dans notre souffrance parce que nous sommes unis à Jésus sur la Croix. Tout cela nous enseigne et nous permet de « bien souffrir », parce que nous imitons ainsi la vie du Christ. 

Mes frères et sœurs : Apprenons à ouvrir nos cœurs pour recevoir les grâces de Dieu, surtout lorsque nous sommes malades. Que Dieu vous bénisse aujourd’hui.

Regardez ici, les vidéos précédentes de Prier avec le pape François.

Audience générale du pape François – mercredi 26 juin 2024

Photo iStock

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a interrompu son cycle de catéchèses sur « L’Esprit et l’Épouse » pour réfléchir à la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. Il a souligné qu’un « moyen essentiel pour lutter contre l’abus et le trafic de drogues est la prévention, qui se fait en promouvant une plus grande justice, en éduquant les jeunes aux valeurs qui construisent la vie personnelle et communautaire, en accompagnant ceux qui sont dans le besoin et en donnant de l’espoir pour l’avenir. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui c’est la célébration de la Journée Internationale contre l’Abus et le Trafic de Drogues, instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1987. Les faits sont là : investissez dans la prévention, tel est le thème de cette année.

Saint Jean-Paul II a déclaré que « Partout où il existe, l’usage de la drogue appauvrit la communauté. Il diminue la force humaine et la fibre morale. Il mine les valeurs que l’on tient en estime. Il détruit la volonté de vivre et de contribuer à créer une société meilleure. ». [1] Cela concerne l’abus de drogues et la consommation de drogues. Cependant rappelons-nous, que chaque toxicodépendant « porte en lui une histoire personnelle distincte, qui doit être écoutée, comprise, aimée et lorsque c’est possible, guérie et purifiée. […] Ils conservent plus que jamais leur dignité d’enfants de Dieu ». [2] Tous ont une dignité.

Cependant, nous ne pouvons pas ignorer les intentions et les actions malveillantes des dealers et des trafiquants de drogue. Ce sont des assassins. Le pape Benoît XVI a eu des mots très durs lors d’une visite dans une communauté thérapeutique. Voici ce que disait le Pape Benoit : « Je dis aux revendeurs de drogue de bien réfléchir au mal qu’ils sont en train de faire à une multitude de jeunes et d’adultes de toutes les couches sociales : Dieu leur demandera compte de ce qu’ils ont fait. La dignité humaine ne peut pas être foulée au pied de cette manière ». [3] Et la drogue foule au pied la dignité humaine.

On ne réduira pas la toxicodépendance en libéralisant l’usage des drogues, – c’est un fantasme ! – comme cela a été proposé par certains, ou déjà mis en œuvre, dans certains pays. Et ceci : on libéralise et on consomme plus. Pour avoir connu tant d’histoires tragiques de toxicodépendants et de leurs familles, je suis convaincu que c’est un devoir moral de mettre fin à la production et au trafic de ces substances dangereuses. Combien de trafiquants de mort existent-ils – car les trafiquants de drogues sont des trafiquants de mort ! – Combien de trafiquants de mort existent-il, poussés par la logique du pouvoir et de l’argent à tout prix ! Et ce fléau, qui produit violence et sème la souffrance et la mort, exige un acte de courage de la part de notre société tout entière.

La production et le trafic de drogues ont également un impact destructeur sur notre maison commune. C’est par exemple de plus en plus évident dans le bassin de l’Amazonie.

Un autre moyen prioritaire de lutter contre l’abus et le trafic de drogues est la prévention, qui passe par la promotion d’une plus grande justice, en éduquant les jeunes aux valeurs qui construisent la vie personnelle et communautaire en accompagnant ceux qui sont en difficulté et en donnant l’espérance en l’avenir.

Au cours de mes voyages en divers diocèses et Pays, j’ai pu visiter plusieurs communautés de réhabilitation inspirées par l’Évangile. Elles sont un témoignage fort et plein d’espérance de l’engagement des prêtres, des personnes consacrées et des laïcs à mettre en pratique la parabole du Bon Samaritain. De même, je suis réconforté en voyant les efforts entrepris par diverses Conférences épiscopales pour promouvoir des législations et des politiques justes en matière de traitement des personnes addictes à la drogue et de prévention pour mettre fin à ce fléau.

À titre d’exemple, je citerai le réseau de la Pastorale latino-américaine d’accompagnement et de prévention des addictions (PLAPA). Les statuts de ce réseau reconnaissent que « la dépendance à l’alcool, aux substances psychoactives et à d’autres formes de dépendance (pornographie, nouvelles technologies, etc.) … est un problème qui nous touche sans distinction, au-delà des différences géographiques, sociales, culturelles, religieuses et d’âge. Malgré les différences, … nous voulons nous organiser en communauté : partager les expériences, l’enthousiasme, les difficultés ». [4]

Je mentionne également les évêques d’Afrique Australe, qui ont convoqué une réunion en novembre 2023 sur le thème «  Donner aux jeunes les moyens d’être des agents de paix et d’espérance ». Les représentants de la jeunesse présents à la réunion ont reconnu que cette assemblée constituait une « étape importante vers une jeunesse saine et active dans toute la région ». Ils ont en outre promis : « Nous acceptons le rôle d’ambassadeurs et de défenseurs dans la lutte contre l’usage des stupéfiants. Nous demandons à tous les jeunes de toujours faire preuve d’empathie les uns envers les autres ». [5]

Chers frères et sœurs, face à la situation tragique de la toxicodépendance à la drogue qui touche des millions de personnes dans le monde, face au scandale de la production illicite et du trafic de ces drogues, « nous ne pouvons pas être indifférents. Le Seigneur Jésus s’est arrêté, s’est fait proche, a soigné les blessures. Dans le style de sa proximité, nous sommes nous aussi invités à agir, à nous arrêter devant les situations de fragilité et de douleur, à savoir écouter le cri de la solitude et de l’angoisse, à nous pencher pour relever et ramener à une nouvelle vie ceux qui tombent dans l’esclavage de la drogue ». [6] Et également, prions pour ces criminels qui dépensent et donnent de la drogue aux jeunes : ce sont des criminels, ce sont des assassins. Prions pour leur conversion.

En cette Journée mondiale contre la drogue, comme chrétiens et communautés ecclésiales renouvelons notre engagement de prière et de travail contre la drogue. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 19 juin 2024

Psautier pourpre et or, Riems, France, 9e siècle, Bodleian Libraries. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur « L’Esprit et l’Épouse ». Réfléchissant à son commentaire selon lequel il espère que 2024 sera une « grande ‘symphonie’ de prière » avant le Jubilé de 2025, il a déclaré que « l’Église possède déjà une symphonie de prière, dont le compositeur est l’Esprit Saint, et c’est le livre des Psaumes. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

En préparation du prochain Grand Jubilé, je nous ai invités à dédier l’année 2024 « à une grande « symphonie » de prière » [1]. Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais rappeler que l’Église possède déjà une symphonie de prière dont le compositeur est l’Esprit Saint, et c’est le Livre des Psaumes.

Comme dans toute symphonie, il y a divers « mouvements », c’est-à-dire divers genres de prière : louange, action de grâce, supplication, lamentation, narration, réflexion sapientielle, et autres, aussi bien dans la forme personnelle que dans la forme chorale de tout le peuple. Ce sont les chants que l’Esprit lui-même a mis sur les lèvres de l’Épouse, son Église. Tous les Livres de la Bible, je le rappelais la dernière fois, sont inspirés par l’Esprit Saint, mais le Livre des Psaumes l’est aussi en ce sens qu’il est rempli d’inspiration poétique.

Les Psaumes ont eu une place privilégiée dans le Nouveau Testament. En fait, il y a eu et il y a encore des éditions qui contiennent ensemble le Nouveau Testament et les Psaumes. J’ai sur mon bureau une édition ukrainienne de ce Nouveau Testament avec les Psaumes, qui m’a été envoyée et qui appartenait à un soldat mort à la guerre. Il priait au front avec ce livre. Les chrétiens et encore moins l’homme moderne ne peuvent pas reprendre et s’approprier tous les psaumes – ni tout dans chaque psaume. Ils reflètent parfois une situation historique et une mentalité religieuse qui ne sont plus les nôtres. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas inspirés, mais qu’à certains égards, ils sont liés à une époque et à un stade provisoire de la révélation, comme c’est aussi le cas pour une grande partie de la législation ancienne.

Ce qui justifie le plus notre accueil des psaumes, c’est qu’ils ont été la prière de Jésus, de Marie, des Apôtres et de toutes les générations chrétiennes qui nous ont précédés. Lorsque nous les récitons, Dieu les entend dans la grandiose « orchestration » qu’est la communion des saints. Jésus, selon la Lettre aux Hébreux, entre dans le monde avec dans le cœur un verset de psaume : « Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, » (cf. He 10, 7 ; Ps 40, 9) ; et il quitte le monde, selon l’Évangile de Luc, avec un autre verset sur les lèvres : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46 ; cf. Ps 31, 6).

Après le Nouveau Testament, les Pères et toute l’Église ont utilisé les psaumes, ce qui en fait un élément fixe de la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures. « Toute l’Écriture Sainte respire la bonté de Dieu, dit Saint Ambroise, mais en particulier le doux livre des psaumes » [2], le doux livre des psaumes. Je me demande : priez-vous parfois avec les psaumes ? Prenez la Bible ou le Nouveau Testament et priez un psaume. Par exemple, quand vous êtes un peu triste parce que vous avez péché, priez-vous le psaume 50 ? Il y a tant de psaumes qui nous aident à avancer. Prenez l’habitude de prier les psaumes. Je vous assure que vous serez heureux à la fin.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter seulement de vivre de l’héritage du passé : il nous faut faire des psaumes notre prière. Il a été écrit que, dans un certain sens, nous devons devenir nous-mêmes « auteurs » des psaumes, les faisant nôtres et en priant avec [3]. S’il y a des psaumes, ou simplement des versets, qui parlent à notre cœur, il est bon de les répéter et de les prier pendant la journée. Les psaumes sont des prières « pour toutes les saisons » : il n’y a pas d’état d’âme ni de besoin qui ne trouve en eux les meilleurs mots pour se transformer en prière. À la différence de toutes les autres prières, les psaumes ne perdent pas leur efficacité à force d’être répétés, bien mieux, elle est accrue. Pourquoi ? Parce qu’ils sont inspirés par Dieu et qu’ils « respirent » Dieu, chaque fois qu’on les lit avec foi.

Si nous nous sentons accablés par le remords et la culpabilité, car nous sommes pécheurs, nous pouvons répéter avec David : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde » (Ps 51 (50), 3), le psaume 51 (50). Si nous voulons exprimer un lien personnel fort avec Dieu, disons : « Dieu, tu es mon Dieu, / je te cherche dès l’aube : / mon âme a soif de toi ; / après toi languit ma chair, / terre aride, altérée, sans eau » psaume 63 (62) (Ps 63(62), 2). Ce n’est pas pour rien que la liturgie a inclus ce psaume dans les Laudes des dimanches et des solennités. Et si la peur et l’angoisse nous assaillent, ces merveilleuses paroles du psaume 23 (22) viennent à notre secours : « Le Seigneur est mon berger […]. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal » (Ps 23(22), 1.4).

Les Psaumes nous consentent de ne pas appauvrir notre prière en la réduisant uniquement à des demandes, à un continuel « donne-moi, donne-nous… ». Apprenons de la prière du notre Père qui, avant de demander le « pain quotidien », dit : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». Les psaumes nous aident à nous ouvrir à une prière moins centrée sur nous-mêmes : une prière de louange, de bénédiction, d’action de grâce ; ils nous aident aussi à être la voix de toute la création, en l’associant à notre louange.

Frères et sœurs, que l’Esprit Saint, qui a donné à l’Église-Épouse les mots pour prier son divin Époux, nous aide à les faire résonner dans l’Église d’aujourd’hui et à faire de cette année préparatoire au Jubilé une véritable symphonie de prière. Merci !

APPEL

Demain, c’est la Journée Mondiale du Réfugié, promue par les Nations Unies. Que ce soit l’occasion de porter un regard attentif et fraternel sur tous ceux qui sont contraints de fuir leur domicile à la recherche de paix et de sécurité. Nous sommes tous appelés à accueillir, promouvoir, accompagner et intégrer ceux qui frappent à nos portes. Je prie pour que les États s’efforcent d’assurer des conditions humaines aux réfugiés et à faciliter les processus d’intégration.

Je salue l’Association des «Amis du cardinal Celso Costantini», accompagnée de l’évêque du diocèse de Concordia-Pordenone Giuseppe Pellegrini, à l’occasion du 100anniversaire du Concilium Sinense de Shanghai. Cela me fait également penser au cher peuple chinois. Prions toujours pour ce peuple noble et si courageux, qui possède une si belle culture. Prions pour le peuple chinois.

Après-demain, nous célébrerons la mémoire liturgique de saint Louis de Gonzague, qui a aimé la vie et a dépensé celle-ci pour les grands idéaux chrétiens; qu’il vous aide à redécouvrir la vocation à la sainteté dans le don généreux à Dieu et à nos frères et sœurs.

Frères et sœurs, continuons à prier pour la paix. La guerre est toujours une défaite, dès le début. Prions pour la paix dans l’Ukraine martyrisée, en Terre Sainte, au Soudan, en Birmanie et partout où les gens souffrent de la guerre. Prions tous les jours pour la paix! A vous tous va ma bénédiction!

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Discours du pape François – Session du G7 sur l’intelligence artificielle

Le pape François salue le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors du sommet des dirigeants du G7 à Borgo Egnazia, 14 juin 2024.

Le 14 juin 2024, le pape François s’est adressé au sommet des dirigeants du G7 à Borgo Egnazia, en Italie. Réfléchissant aux nouvelles technologies d’intelligence artificielle, il a déclaré : « Pour qu’elles soient des instruments de construction du bien et d’un avenir meilleur, elles doivent toujours viser le bien de chaque être humain, avoir une « inspiration » éthique. Elles doivent avoir une ‘inspiration’ éthique ».

Lisez le discours ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Mesdames et Messieurs !

Je m’adresse à vous aujourd’hui, dirigeants du Forum intergouvernemental du G7, pour vous présenter une réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité.

« L’Écriture Sainte témoigne que Dieu a donné aux hommes son Esprit pour qu’ils aient “la sagesse, l’intelligence et la connaissance de toutes sortes de travaux” ( Ex 35, 31) » [1]. La science et la technologie sont donc les produits extraordinaires du potentiel créatif des êtres humains [2].

Or c’est précisément l’utilisation de ce potentiel créatif donné par Dieu qui est à l’origine de l’intelligence artificielle.

Cette dernière, comme on le sait, est un outil extrêmement puissant, utilisé dans de nombreux domaines de l’activité humaine : de la médecine au monde du travail, de la culture à la communication, de l’éducation à la politique. Et l’on peut désormais supposer que son utilisation influencera de plus en plus notre mode de vie, nos relations sociales et même, à l’avenir, la manière dont nous concevons notre identité en tant qu’êtres humains [3].

Le thème de l’intelligence artificielle est cependant souvent perçu comme ambivalent : d’une part, il enthousiasme par les possibilités qu’il offre, d’autre part, il suscite la crainte par les conséquences qu’il laisse présager. À cet égard, on peut dire que nous sommes tous, à des degrés divers, traversés par deux émotions : nous sommes enthousiastes lorsque nous imaginons les progrès qui peuvent découler de l’intelligence artificielle, mais, en même temps, nous sommes effrayés lorsque nous voyons les dangers inhérents à son utilisation [4].

Nous ne pouvons d’ailleurs douter que l’avènement de l’intelligence artificielle représente une véritable révolution cognitivo-industrielle qui contribuera à la création d’un nouveau système social caractérisé par de complexes transformations historiques. Par exemple, l’intelligence artificielle pourrait permettre la démocratisation de l’accès au savoir, le progrès exponentiel de la recherche scientifique, la possibilité de confier des travaux pénibles à des machines ; mais, en même temps, elle pourrait entraîner une plus grande injustice entre les pays riches et les pays en voie de développement, entre les classes sociales dominantes et les classes sociales opprimées, compromettant ainsi la possibilité d’une “culture de la rencontre” au profit d’une “culture du rejet”.

L’ampleur de ces transformations complexes est évidemment liée au développement technologique rapide de l’intelligence artificielle elle-même.

C’est précisément cette avancée technologique vigoureuse qui fait de l’intelligence artificielle un outil fascinant et redoutable et qui appelle une réflexion à la hauteur de la situation.

Dans ce sens, on pourrait peut-être partir du constat que l’intelligence artificielle est avant tout un outil. Et il va de soi que les bienfaits ou les méfaits qu’elle apportera dépendront de son utilisation.

C’est certainement vrai, puisqu’il en a été ainsi pour tous les outils construits par l’homme depuis la nuit des temps.

Notre capacité à construire des outils, en quantité et complexité inégalées parmi les êtres vivants, fait parler d’une condition techno-humaine : l’être humain a toujours entretenu une relation avec l’environnement par l’intermédiaire des outils qu’il a progressivement produits. Il n’est pas possible de séparer l’histoire de l’homme et de la civilisation de l’histoire de ces outils. Certains ont voulu lire dans tout cela une sorte de manque, de déficit de l’être humain, comme si, en raison de ce déficit, il était contraint de donner vie à la technique [5]. Un regard attentif et objectif nous montre en fait le contraire. Nous vivons dans une condition d’ultériorité par rapport à notre être biologique ; nous sommes des êtres déséquilibrés par rapport à notre extérieur, voire radicalement ouverts sur l’au-delà. C’est de là que vient notre ouverture aux autres et à Dieu ; c’est de là que naît le potentiel créatif de notre intelligence en termes de culture et de beauté ; c’est de là finalement que provient notre capacité technique. La technologie est donc la trace de cette ultériorité.

Cependant, l’utilisation de nos outils n’est pas toujours uniquement orientée vers le bien. Même si l’être humain sent en lui une vocation à l’au-delà et à la connaissance vécue comme instrument du bien au service des frères et sœurs et de la maison commune (cf. Gaudium et spes, n. 16), cela ne se produit pas toujours. Au contraire, il n’est pas rare que, précisément à cause de sa liberté radicale, l’humanité ait perverti les finalités de son être en se transformant en son propre ennemi ainsi que de la planète [6].Les outils technologiques peuvent connaître le même sort. Ce n’est que si leur vocation au service de l’humain est garantie que les outils technologiques révèleront non seulement la grandeur et la dignité unique de l’être humain, mais aussi le mandat qu’il a reçu de “cultiver et garder” (cf. Gn 2, 15) la planète et tous ses habitants. Parler de technologie, c’est parler de ce que signifie être humain et de notre condition unique entre liberté et responsabilité, c’est-à-dire parler d’éthique.

Lorsque nos ancêtres aiguisaient des silex pour fabriquer des couteaux, ils les utilisaient à la fois pour couper le cuir pour les vêtements et pour s’entretuer. On pourrait dire la même chose pour d’autres technologies beaucoup plus avancées, comme l’énergie produite par la fusion d’atomes telle qu’elle se produit sur le soleil, qui pourrait certes être utilisée pour produire une énergie propre et renouvelable, mais aussi pour réduire notre planète en un tas de cendres.

L’intelligence artificielle est cependant un outil encore plus complexe. Je dirais presque qu’il s’agit d’un outil sui generis. Alors que l’utilisation d’un outil simple (comme le couteau) est sous le contrôle de l’être humain qui l’utilise et que son bon usage ne dépend que de lui, l’intelligence artificielle, en revanche, peut s’adapter de manière autonome à la tâche qui lui est assignée et, si elle est conçue de cette manière, faire des choix indépendants de l’être humain pour atteindre l’objectif fixé [7].

Il faut toujours garder à l’esprit que la machine peut, sous certaines formes et par ces nouveaux moyens, produire des choix algorithmiques. Ce que fait la machine est un choix technique entre plusieurs possibilités et se base soit sur des critères bien définis, soit sur des déductions statistiques. L’être humain, quant à lui, non seulement choisit, mais dans son cœur il est capable de décider. La décision est un élément que nous pourrions concevoir plus stratégique qu’un choix et nécessite une évaluation pratique.Parfois, et bien souvent dans la tâche difficile de gouverner, nous sommes appelés à prendre des décisions qui ont des conséquences pour de nombreuses personnes. Depuis toujours la réflexion humaine parle à ce propos de sagesse, la phronesis de la philosophie grecque et au moins en partie la sagesse de l’Écriture Sainte. Face aux prodiges des machines, qui semblent capables de choisir de manière autonome, nous devons être clairs sur le fait que la décision doit toujours être laissée à l’être humain, même dans une tournure dramatique et urgente avec laquelle elle se présente parfois dans nos vies. Nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir si nous retirions aux gens la capacité de décider d’eux-mêmes et de leur vie, les condamnant à dépendre des choix des machines. Nous devons garantir et protéger un espace de contrôle humain significatif sur le processus de choix des programmes d’intelligence artificielle : la dignité humaine elle-même en dépend.

Permettez-moi d’insister précisément sur ce sujet : dans un drame tel qu’un conflit armé, il est urgent de repenser le développement et l’utilisation de dispositifs tels que les “armes autonomes létales” afin d’en interdire l’usage, en commençant déjà par un engagement dynamique et concret à introduire un contrôle humain de plus en plus significatif. Aucune machine ne devrait jamais choisir d’ôter la vie à un être humain.

Il faut, en outre, ajouter que le bon usage, au moins des formes avancées d’intelligence artificielle, ne sera pas entièrement sous le contrôle des utilisateurs ou des programmateurs qui en ont défini les visées originelles au moment de la conception. Ceci est d’autant plus vrai qu’il est fort probable que, dans un avenir assez proche, les programmes d’intelligence artificielle pourront communiquer directement entre eux afin d’améliorer leurs performances. Et si, dans le passé, les hommes qui ont façonné des outils simples ont vu leur existence modifiée par eux – le couteau leur a permis de survivre au froid mais aussi de développer l’art de la guerre –, maintenant que les hommes ont façonné un outil complexe, ils verront celui-ci modifier encore davantage leur existence [8].

Le mécanisme de base de l’intelligence artificielle

Je voudrais maintenant aborder brièvement la complexité de l’intelligence artificielle. Dans son essence, l’intelligence artificielle est un outil conçu pour résoudre un problème et fonctionne par un enchaînement logique d’opérations algébriques, effectuées sur des catégories de données, qui sont confrontées pour découvrir des corrélations, en améliorant leur valeur statistique, grâce à un processus d’auto-apprentissage, basé sur la recherche de nouvelles données et l’auto-modification de ses procédures de calcul.

L’intelligence artificielle est ainsi destinée à résoudre des problèmes spécifiques, mais pour ceux qui l’utilisent, la tentation est souvent irrésistible de tirer, à partir des solutions spécifiques qu’elle propose, des déductions générales, voire anthropologiques.

Un bon exemple est l’utilisation des programmes destinés à aider les magistrats à décider de l’assignation à résidence des détenus purgeant une peine dans un établissement pénitentiaire. Dans ce cas, on demande à l’intelligence artificielle de pronostiquer la probabilité de récidive d’un crime commis par un condamné à partir de catégories prédéfinies (type de crime, comportement en prison, évaluation psychologique et autres), ce qui permet à l’intelligence artificielle d’avoir accès à des catégories de données touchant à la vie privée du condamné (origine ethnique, niveau d’éducation, marge de crédit et autres). L’utilisation d’une telle méthodologie – qui risque parfois de déléguer de facto à une machine le dernier mot sur le sort d’une personne – peut renvoyer implicitement aux partialités inhérentes aux catégories de données utilisées par l’intelligence artificielle.

Le fait d’être classé dans un certain groupe ethnique ou, plus prosaïquement, d’avoir commis un délit mineur des années auparavant (ne pas avoir payé, par exemple, une amende pour un stationnement interdit) influencera, en effet, la décision concernant le fait de procéder ou non à une assignation à résidence. Au contraire, l’être humain évolue en permanence et se montre capable de surprendre par ses actes, chose que la machine ne peut pas prendre en compte.

Il convient également de noter que des applications similaires à celle qui vient d’être mentionnée subiront une accélération du fait que les programmes d’intelligence artificielle seront de plus en plus dotés de la capacité d’interagir directement avec des êtres humains (chatbots), en tenant des conversations avec eux et en établissant avec eux des relations étroites, souvent très agréables et rassurantes, car ces programmes d’intelligence artificielle seront conçus pour apprendre à répondre, de manière personnalisée, aux besoins physiques et psychologiques des êtres humains.

Oublier que l’intelligence artificielle n’est pas un autre être humain et qu’elle ne peut proposer de principes généraux, est souvent une grave erreur qui découle ou du besoin profond de l’être humain de trouver une forme stable de compagnie ou d’un présupposé inconscient de sa part, à savoir que les observations obtenues au moyen d’un mécanisme de calcul sont pourvues des qualités de certitude indiscutable et d’universalité irréfutable.

Cette hypothèse est toutefois risquée, comme le montre l’examen des limites inhérentes au calcul lui-même. L’intelligence artificielle utilise des opérations algébriques à effectuer dans une séquence logique (par exemple, si la valeur de X est supérieure à celle de Y, on multiplie X par Y ; sinon, on divise X par Y). Cette méthode de calcul, appelée “algorithme”, ne présente ni objectivité ni neutralité [9]. En effet, puisque elle est basée sur l’algèbre, elle ne peut examiner que des réalités formulées en termes numériques [10].

Il ne faut pas oublier non plus que les algorithmes conçus pour résoudre des problèmes très complexes sont si sophistiqués qu’il est difficile pour les programmateurs eux-mêmes de comprendre exactement comment ils réussissent à obtenir leurs résultats. Cette tendance à la sophistication risque de s’accélérer considérablement avec l’introduction des ordinateurs quantiques qui ne fonctionnent pas avec des circuits binaires (semi-conducteurs ou puces), mais selon les lois, pour le moins complexes, de la physique quantique. D’autre part, l’introduction continue de puces de plus en plus performantes est déjà devenue l’une des causes de la prépondérance de l’usage de l’intelligence artificielle par les quelques nations qui en sont équipées.

Qu’elles soient sophistiquées ou non, la qualité des réponses fournies par les programmes d’intelligence artificielle dépend en fin de compte des données qu’ils utilisent et de la manière dont elles sont structurées.

Enfin, je voudrais souligner un dernier domaine dans lequel apparaît clairement la complexité du mécanisme de l’intelligence artificielle dite générative (Generative Artificial Intelligence). Nul ne doute qu’il existe aujourd’hui de magnifiques outils d’accès à la connaissance qui permettent même l’auto-apprentissage et l’auto-tutorat dans une myriade de domaines. Beaucoup d’entre nous ont été impressionnés par les applications facilement disponibles en ligne pour composer un texte ou produire une image sur n’importe quel thème ou sujet. Les étudiants se montrent particulièrement attirés par cette perspective qui, lorsqu’ils doivent préparer des travaux, en font un usage disproportionné.

Ces élèves, souvent bien mieux préparés et habitués à l’utilisation de l’intelligence artificielle que leurs professeurs, oublient cependant que l’intelligence artificielle dite générative, au sens strict, n’est pas vraiment “générative”. En effet, cette dernière recherche dans les big data des informations et les conditionne dans le style qui lui est demandé. Elle ne développe pas de nouveaux concepts ou de nouvelles analyses. Elle répète celles qu’elle trouve, en leur donnant une forme attrayante. Et plus une notion ou une hypothèse est répétée, plus elle la considère comme légitime et valable. Plutôt que “générative”, elle est donc “renforçatrice”, en ce sens qu’elle réorganise des contenus existants, contribuant à les consolider, souvent sans vérifier s’ils contiennent des erreurs ou des idées préconçues.

Cela risque non seulement de légitimer les fake news et de renforcer le poids d’une culture dominante, mais aussi de saper le processus éducatif in nuce. L’éducation qui devrait fournir aux étudiants la possibilité d’une réflexion authentique risque de se réduire à une répétition de notions, qui seront de plus en plus estimées incontestables, simplement parce que constamment reprises [11].

Remettre la dignité de la personne au centre d’une proposition éthique partagée

Il convient maintenant d’ajouter une observation plus générale à ce qui a déjà été dit. La saison d’innovation technologique que nous traversons actuellement s’accompagne en effet d’une conjoncture sociale particulière et sans précédent : sur les grandes questions de la vie sociale, il est de plus en plus difficile de trouver des accords. Même dans les communautés caractérisées par une certaine continuité culturelle, des débats passionnés et des confrontations surgissent souvent, rendant difficile la production de réflexions et de solutions politiques partagées visant à rechercher ce qui est bon et juste. Au-delà de la complexité des visions légitimes qui caractérisent la famille humaine, un facteur émerge qui semble unir ces différentes instances. Nous assistons à une disparition ou du moins à une éclipse du sens de l’humain et à une apparente insignifiance du concept de dignité humaine [12]. Il semble que nous perdons la valeur et le sens profond de l’une des catégories fondamentales de l’Occident : la catégorie de la personne humaine. En ce moment où les programmes d’intelligence artificielle remettent en question l’être humain et son agir, c’est précisément la faiblesse de l’ ethos lié à la perception de la valeur et de la dignité de la personne humaine qui risque d’être le plus grand vulnus dans la mise en œuvre et le développement de ces systèmes. En effet, il ne faut pas oublier qu’aucune innovation n’est neutre. La technologie naît dans un but précis et, dans son impact sur la société humaine, elle représente toujours une forme d’ordre dans les relations sociales et une disposition de pouvoir, permettant à certains d’accomplir des actions et empêchant d’autres d’en accomplir d’autres. Cette dimension constitutive de pouvoir de la technologie comprend toujours, de manière plus ou moins explicite, la vision du monde de ceux qui l’ont conçue et développée.

Cela vaut également pour les programmes d’intelligence artificielle. Pour qu’ils soient des outils pour la construction du bien et d’un avenir meilleur, ils doivent toujours être ordonnés au bien de chaque être humain. Ils doivent avoir une inspiration éthique.

La décision éthique, en effet, est celle qui prend en compte non seulement des résultats d’une action, mais aussi des valeurs en jeu et des devoirs qui en découlent. C’est pourquoi j’ai accueilli favorablement, la signature à Rome, en 2020, du Rome Call for AI Ethics [13] et son soutien à cette forme de modération éthique des algorithmes et des programmes d’intelligence artificielle que j’ai appelée “algor-éthique” [14]. Dans un contexte pluriel et global, où s’affichent également des sensibilités différentes et des hiérarchies plurielles dans les échelles de valeurs, il semble difficile de trouver une hiérarchie unique des valeurs. Mais dans l’analyse éthique, nous pouvons également recourir à d’autres types d’outils : si nous peinons à définir un ensemble unique de valeurs globales, nous pouvons toutefois trouver des principes partagés avec lesquels on aborde et résout tout dilemme ou conflit de vie.

C’est la raison pour laquelle est né le Rome Call : dans le terme “algor-éthique”, est condensée une série de principes qui se révèlent être une plateforme globale et plurielle capable de trouver le soutien des cultures, des religions, des organisations internationales et des grandes entreprises qui sont des acteurs de ce développement.

La politique dont nous avons besoin

Nous ne pouvons donc pas occulter le risque concret, puisqu’il est inhérent à son mécanisme fondamental, que l’intelligence artificielle limite la vision du monde à des réalités exprimables en chiffres et enfermées dans des catégories préconçues, en évinçant l’apport d’autres formes de vérité et en imposant des modèles anthropologiques, socio-économiques et culturels uniformes. Le paradigme technologique incarné par l’intelligence artificielle risque alors de céder la place à un paradigme bien plus dangereux, que j’ai déjà identifié sous le nom de “paradigme technocratique” [15]. Nous ne pouvons pas permettre qu’un outil aussi puissant et indispensable que l’intelligence artificielle renforce un tel paradigme ; au contraire, nous devons faire de l’intelligence artificielle un rempart précisément contre son expansion.

Et c’est précisément là que l’action politique est urgente, comme le rappelle l’encyclique Fratelli tutti. Certes, « pour beaucoup de personnes, la politique est aujourd’hui un vilain mot et on ne peut pas ignorer qu’à la base de ce fait, il y a souvent les erreurs, la corruption, l’inefficacité de certains hommes politiques. À cela s’ajoutent les stratégies qui cherchent à affaiblir la politique, à la remplacer par l’économie ou la soumettre à quelque idéologie. Mais le monde peut-il fonctionner sans la politique ? Peut-il y avoir un chemin approprié vers la fraternité universelle et la paix sociale sans une bonne politique ? » [16].

Notre réponse à ces dernières questions est : non ! La politique est nécessaire ! Je tiens à réaffirmer à cette occasion que « face à tant de formes mesquines de politique et à courte vue […] la grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme. Il est très difficile pour le pouvoir politique d’assumer ce devoir dans un projet de Nation et encore davantage dans un projet commun pour l’humanité présente et future » [17].

Mesdames, Messieurs !

Ma réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité nous amène donc à considérer l’importance d’une “saine politique” pour envisager notre avenir avec espoir et confiance. Comme je l’ai déjà dit ailleurs, « sur le plan mondial, la société a de sérieux défauts structurels qu’on ne résout pas avec des rapiècements ou des solutions rapides, purement occasionnelles. Certaines choses sont à changer grâce à des révisions de fond et des transformations importantes. Seule une politique saine sera à même de les conduire, en engageant les secteurs les plus divers et les connaissances les plus variées. De cette manière, une économie intégrée dans un projet politique, social, culturel et populaire visant le bien commun peut “ouvrir le chemin à différentes opportunités qui n’impliquent pas d’arrêter la créativité de l’homme et son rêve de progrès, mais d’orienter cette énergie vers des voies nouvelles” ( Laudato si’, n. 191) » [18].

C’est précisément le cas de l’intelligence artificielle. Il appartient à chacun d’en faire bon usage et à la politique de créer les conditions pour que cet usage soit possible et fécond.

Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

[1] Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 1.

[2] Cf. Ibid.

[3] Cf. Ibid, n. 2.

[4] Cette ambivalence avait déjà été soulignée par le Pape saint Paul VI dans son Discours au personnel du “Centre d’automatisation des analyses linguistiques” de l’Aloysianum, du 19 juin 1964.

[5] Cf. A. Gehlen, L’uomo. La sua natura e il suo posto nel mondo, Milano 1983, p. 43.

[6] Cf. Lett. enc. Laudato si’ (24 mai 2015), nn. 102-114.

[7] Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 3.

[8] Les intuitions de Marshall McLuhan et de John M. Culkin sont particulièrement pertinentes en ce qui concerne les conséquences de l’utilisation de l’intelligence artificielle.

[9] Cf. Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[10]Cf. Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 4.

[11]Cf. Ibid., nn. 3 et 7.

[12]Cf. Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Dignitas infinita sur la dignité humaine (2 avril 2024).

[13] Cf. Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[14] Cf. Discours aux participants au Congrès “Promoting Digital Child Dignity – From Concet to Action”, 14 novembre 2019 ; Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[15] Pour un exposé plus complet, je renvoie à ma Lettre Encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune du 24 mai 2015.

[16] Lett. enc. Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale (3 octobre 2020), n. 176.

[17] Ibid., n. 178.

[18] Ibid., n. 179.

Audience générale du pape François – mercredi 12 juin 2024

Photo : Bible de Gutenberg, copie Lenox, New York Public Library. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur l’Esprit Saint. Réfléchissant à la doctrine de l’inspiration divine de l’Écriture, il a déclaré que « les mots de l’Écriture, sous l’action de l’Esprit, deviennent lumineux » et que « la mort et la résurrection du Christ sont le phare qui illumine toute la Bible, et qui illumine aussi notre vie. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour, Bienvenue !

Nous poursuivons notre catéchèse sur l’Esprit Saint qui guide l’Église vers le Christ, notre espérance. Lui est le guide. La dernière fois, nous avons contemplé l’œuvre de l’Esprit dans la création ; aujourd’hui, nous la voyons dans la révélation, dont la Sainte Écriture est un témoignage qui fait autorité et qui est inspiré par Dieu.

La deuxième lettre de Saint Paul à Timothée contient cette affirmation : « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu » (3,16). Et un autre passage du Nouveau Testament dit : « Animés par l’Esprit Saint, ces hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1,21). Ceci est la doctrine de l’inspiration divine des Écritures que nous proclamons comme article de foi dans le Credo, lorsque nous disons que le Saint-Esprit « a parlé par les prophètes ». L’inspiration divine de la Bible.

L’Esprit Saint, qui a inspiré les Écritures, est aussi celui qui les explique et les rend éternellement vivantes et actives. D’inspirées, il les rend inspirantes. « Les Saintes Écritures, inspirées par Dieu » – écrit le Concile Vatican II – « et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des Apôtres la voix de l’Esprit Saint » (Dei Verbum, 21). L’Esprit Saint poursuit ainsi, dans l’Église, l’action de Jésus Ressuscité qui, après Pâques, « ouvrit l’intelligence des disciples à la compréhension des Écritures » (cf. Lc 24, 45).

Il peut arriver, en effet, qu’un passage de l’Écriture, que nous avons lu tant de fois sans émotion particulière, nous le lisions un jour dans un climat de foi et de prière, et alors ce texte s’illumine soudain, il nous parle, il éclaire un problème que nous vivons, il rend claire la volonté de Dieu pour nous dans une certaine situation. À quoi ce changement est-il dû, sinon à une illumination de l’Esprit Saint ? Les paroles de l’Écriture, sous l’action de l’Esprit, deviennent lumineuses ; et dans les cas que nous touchons de nos propres mains, combien est vraie l’affirmation de la Lettre aux Hébreux : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; […] » (4,12).

Frères et sœurs, l’Église se nourrit de la lecture spirituelle de l’Écriture Sainte, c’est-à-dire de la lecture faite sous la conduite de l’Esprit Saint qui l’a inspirée. En son centre, comme un phare qui illumine tout, se trouve l’événement de la mort et la résurrection du Christ, qui accomplit le plan du salut, réalise toutes les figures et les prophéties, dévoile tous les mystères cachés et offre la vraie clé de lecture de toute la Bible. La mort et la résurrection du Christ sont le phare qui éclaire toute la Bible, et qui éclaire aussi notre vie. L’Apocalypse décrit tout cela avec l’image de l’Agneau brisant les sceaux du livre “écrit au-dedans et à l’extérieur, scellé de sept sceaux” (cf. 5,1-9), c’est-à-dire l’Écriture de l’Ancien Testament. L’Église, Épouse du Christ, est l’interprète autorisé du texte de l’Écriture inspiré, l’Église est la médiatrice de sa proclamation authentique. Comme l’Église est dotée de l’Esprit Saint – pour cela elle est interprète -, elle est « le pilier et le soutien de la vérité » (1 Tm 3,15). Pourquoi ? Parce qu’elle est inspirée, gardée ferme par l’Esprit Saint. L’Église a pour tâche d’aider les fidèles et tous ceux qui cherchent la vérité à interpréter correctement les textes bibliques.

Une façon de faire une lecture spirituelle de la Parole de Dieu est ce qu’on appelle la Lectio Divina, une parole dont nous ne comprenons peut-être pas bien la signification. Elle consiste à consacrer un moment de la journée à la lecture personnelle et méditative d’un passage de l’Écriture. Et ceci est très important : chaque jour, prends un temps pour écouter, pour méditer, en lisant un passage de l’Ecriture. Et pour cela, je vous recommande d’avoir toujours un Évangile de poche et de le porter dans votre sac, dans vos poches… Ainsi, quand vous voyagez ou quand vous êtes un peu libre, vous le prenez et vous lisez… Cela est très important pour la vie. Prenez un Évangile de poche et, au cours de la journée, lisez-le une fois, deux fois, quand l’opportunité se présente. Mais la lecture spirituelle de l’Écriture par excellence est la lecture communautaire qui se fait dans la Liturgie dans la Sainte Messe. C’est là que nous voyons comment un événement ou un enseignement, donné dans l’Ancien Testament, trouve son plein accomplissement dans l’Évangile du Christ. Et l’homélie, ce commentaire que fait le célébrant, doit aider à faire passer la Parole de Dieu du livre à la vie. Mais l’homélie doit être courte : une image, une pensée, un sentiment. L’homélie ne doit pas durer plus de huit minutes, parce qu’au-delà, l’attention se perd et les gens s’endorment, et avec raison. Une homélie doit être ainsi. Et c’est ce que je veux dire aux prêtres, qui parlent beaucoup, très souvent, et l’on ne comprend pas ce dont ils parlent. Une homélie brève : une pensée, un sentiment et une indication pour l’action, pour le comment faire. Pas plus de huit minutes. Parce que l’homélie doit aider à transférer la Parole de Dieu du livre à la vie. Et parmi les nombreuses paroles de Dieu que nous entendons chaque jour à la Messe ou dans la Liturgie des Heures, il y en a toujours une qui nous est spécialement destinée. Quelque chose qui touche le cœur. Si nous l’accueillons dans le cœur, elle peut illuminer notre journée, animer notre prière. Encore faut-il ne pas la laisser tomber dans le vide !

Terminons par une pensée qui peut nous aider à aimer la Parole de Dieu. Comme certains morceaux de musique, l’Écriture Sainte a aussi une note sous-jacente qui l’accompagne du début à la fin, et cette note, c’est l’amour de Dieu. « Toute la Bible – observe saint Augustin – ne fait que raconter l’amour de Dieu » (De catechizandis rudibus, I, 8, 4: PL 40, 319). Et saint Grégoire le Grand appelle l’Écriture « une lettre du Dieu tout-puissant à sa créature », comme une lettre de l’Époux à son épouse, et nous exhorte à « apprendre à connaître le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu » (Registrum Epistolarum, V, 46. Ed. Ewald-Hartmann, pp. 345-346). « Par cette révélation » – dit encore Vatican II – « le Dieu invisible, s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis et il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie » (Dei Verbum, 2).

Chers frères et sœurs, continuez à lire la Bible ! Mais n’oubliez pas l’Évangile de poche : le porter dans le sac, dans la poche, et en lire un passage à un moment de la journée. Cela vous rapprochera beaucoup de l’Esprit Saint qui est dans la Parole de Dieu. Que l’Esprit Saint, qui a inspiré les Ecritures et qui maintenant souffle à partir des Ecritures, nous aide à saisir cet amour de Dieu dans les situations concrètes de notre vie. Je vous remercie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Prier avec le pape François Réflexion – Juin 2024

Mes frères et sœurs : En ce mois de juin, le Pape François nous invite à prier pour les migrants, qui fuient les guerres ou la faim et sont contraints à des voyages pleins de dangers et de violence, puissent trouver l’hospitalité ainsi que de nouvelles opportunités de vie dans les pays d’accueil.

Cette intention de prière montre clairement que toutes les migrations ne se déroulent pas de la même manière : Il y a ceux qui ont les moyens de partir de leur propre chef, et il y a ceux qui sont contraints de partir parce que leur vie est en danger. 

Il n’est certainement pas facile de laisser derrière soi tout ce que l’on a et tout ce que l’on connaît ; c’est d’autant plus difficile lorsque le voyage vers la sécurité est dangereux et violent.

Dès l’époque de l’Ancien Testament, cette réalité de la migration forcée existe déjà. Les Israélites sont eux-mêmes des migrants, se déplaçant de l’Égypte à la Terre promise, un voyage dangereux et tumultueux qui a duré quarante ans.

C’est pourquoi la loi mosaïque exige que les Israélites traitent bien les étrangers, car « Vous aussi, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte”. N’oublions pas que Jésus a lui aussi passé ses premières années en Égypte en tant qu’étranger. 

Il est compréhensible de faire une distinction entre « nous » et « eux », mais nous devons les aider à se tenir debout et à contribuer à la société, afin qu’ils deviennent « nous », car tel est l’esprit de l’Évangile. 

Supprimons les frontières de notre bonté, afin que nos frères et sœurs migrants puissent se sentir chez eux en terre étrangère, afin que nous puissions construire ensemble une maison commune. Que Dieu vous bénisse aujourd’hui. 

Regardez ici, les vidéos précédentes de Prier avec le pape François.

Audience générale du pape François – mercredi 5 juin 2024

Éole soufflant le vent, Sant’Agata Bolognese, Bologne, Italie. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son nouveau cycle catéchèse sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse » lors de son audience générale hebdomadaire. Pensant à la liberté de l’Esprit Saint, il a affirmé que « l’Esprit fait et vit les institutions, mais lui-même ne peut être « institutionnalisé », « objectivé ». Citant 1 Corinthiens 12:11, il a continué en disant que « le vent souffle « où il veut », l’Esprit donne ses dons « comme il veut ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur le nom par lequel l’Esprit Saint est désigné dans la Bible.

La première chose que nous connaissons d’une personne, c’est son nom. Il nous permet de l’appeler, de la distinguer et de nous souvenir d’elle. La troisième personne de la Trinité a également un nom : elle s’appelle l’Esprit Saint. Mais « Esprit » est la version latinisée. Le nom de l’Esprit, celui par lequel les premiers destinataires de la révélation l’ont connu, celui par lequel les prophètes, les psalmistes, Marie, Jésus et les Apôtres l’ont invoqué, est Ruach, ce qui signifie souffle, vent, respiration.

Dans la Bible, le nom est si important qu’il est presque identifié à la personne elle-même. Sanctifier le nom de Dieu, c’est sanctifier et honorer Dieu lui-même. Le nom n’est jamais une simple appellation conventionnelle : il dit toujours quelque chose de la personne, de son origine ou de sa mission. C’est aussi le cas du nom Ruach. Il contient la première révélation fondamentale sur la personne et la fonction de l’Esprit Saint.

En observant le vent et ses manifestations, les auteurs bibliques ont été conduits par Dieu à découvrir un “vent” d’une autre nature. Ce n’est pas un hasard si, à la Pentecôte, l’Esprit Saint est descendu sur les Apôtres accompagné d’“un violent coup de vent” (cf. Ac 2, 2). C’est comme si l’Esprit Saint voulait apposer sa signature sur ce qui se passait.

Qu’est-ce que son nom Ruach nous apprend donc sur l’Esprit Saint ? L’image du vent sert avant tout pour exprimer la puissance de l’Esprit Saint. L’expression “Esprit et puissance”, ou “puissance de l’Esprit”, est un binôme récurrent dans la Bible. En effet, le vent est une force impétueuse, une force indomptable, capable même de déplacer les océans.

Mais là encore, pour découvrir tout le sens des réalités bibliques, il ne faut pas s’arrêter à l’Ancien Testament, mais arriver à Jésus. À côté de la puissance, Jésus va mettre en évidence une autre caractéristique du vent, celle de la liberté. À Nicodème, qui lui rend visite la nuit, Jésus dit solennellement : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3,8).

Le vent est la seule chose que l’on ne peut pas brider, que l’on ne peut pas “mettre en bouteille” ou en boîte. Tentons de “mettre en bouteille” ou en boîte le vent : ce n’est pas possible, il est libre. Prétendre enfermer l’Esprit Saint dans des concepts, des définitions, des thèses ou des traités, comme le rationalisme moderne a parfois tenté de le faire, signifie le perdre, l’annuler, le réduire à l’esprit purement humain, un esprit simple. Mais il existe une tentation analogue dans le domaine ecclésiastique, celle de vouloir enfermer l’Esprit Saint dans des canons, institutions, définitions. L’Esprit crée et anime les institutions, mais lui-même ne peut être “institutionnalisé”, “chosifié”.  Le vent souffle “où il veut”, de même l’Esprit distribue ses dons “comme il veut” (1 Co 12,11).

Saint Paul en fera la loi fondamentale de l’agir chrétien : « Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. » (2 Co 3,17) dit-il. Une personne libre, un chrétien libre, c’est celui qui a l’Esprit du Seigneur. Il s’agit d’une liberté très singulière, bien différente de ce que l’on entend communément. Il ne s’agit pas de la liberté de faire ce que l’on veut, mais de la liberté de faire librement ce que Dieu veut ! Non pas la liberté de faire le bien ou le mal, mais la liberté de faire le bien et de le faire librement, c’est-à-dire par attraction et non par contrainte. En d’autres termes, la liberté des enfants, et non des esclaves.

Saint Paul est bien conscient de l’abus ou de l’incompréhension que l’on peut faire de cette liberté ; il écrit aux Galates : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5,13). Il s’agit d’une liberté qui s’exprime dans ce qui semble être son contraire, elle s’exprime dans le service, c’est la vraie liberté.

Nous savons bien quand cette liberté devient un “prétexte pour la chair”. Paul en donne une liste toujours actuelle : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre » (Ga 5,19-21). Mais il en va de même pour la liberté qui permet aux riches d’exploiter les pauvres, c’est une liberté hideuse, celle qui permet aux forts d’exploiter les faibles, et à tous d’exploiter l’environnement en toute impunité.  Et cette liberté est mauvaise, ce n’est pas la liberté de l’Esprit.

Frères et sœurs, où puisons-nous cette liberté de l’Esprit, si contraire à la liberté de l’égoïsme ? La réponse se trouve dans les paroles que Jésus a adressées un jour à ses auditeurs : « Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres » (Jn 8, 36). La liberté que nous donne Jésus. Demandons à Jésus de faire de nous, par son Esprit Saint, des hommes et des femmes vraiment libres. Libres de servir, dans l’amour et la joie. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 29 mai 2024

Détail de Daniel Heller, « Creation 2 ». Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a entamé un nouveau cycle de catéchèses sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse ». Réfléchissant aux premiers versets de la Genèse, il a déclaré que « l’Esprit de Dieu fait passer le monde de son état initial informe, désert et lugubre à son état ordonné et harmonieux ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui avec cette catéchèse, nous entamons un cycle de réflexions sur le thème «L’Esprit et l’Epouse — L’Esprit est l’Epouse —. L’Esprit Saint guide le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance». Nous parcourrons ce chemin à travers les trois grandes étapes de l’histoire du salut: l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le temps de l’Eglise. En gardant toujours le regard fixé sur Jésus, qui est notre espérance.

Dans ces premières catéchèses sur l’Esprit dans l’Ancien Testament, nous ne ferons pas d’«archéologie biblique». Nous découvrirons au contraire que ce qui est donné comme promesse dans l’Ancien Testament s’est pleinement réalisé dans le Christ. Ce sera comme suivre le chemin du soleil de l’aube à midi.

Commençons par les deux premiers versets de toute la Bible: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et déserte, les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1,1-2). L’Esprit de Dieu nous apparaît comme la puissance mystérieuse qui fait passer le monde de son état initial informe, désert et ténébreux à son état ordonné et harmonieux. Parce que l’Esprit fait l’harmonie, l’harmonie dans la vie, l’harmonie dans le monde. En d’autres termes, c’est Lui qui fait passer le monde du chaos au cosmos, c’est-à-dire de la confusion à quelque chose de beau et d’ordonné. C’est d’ailleurs le sens du mot grec kosmos, ainsi que du mot latin mundus , c’est-à-dire quelque chose de beau, d’ordonné, de propre, d’harmonique, parce que l’Esprit est l’harmonie.

Cette indication encore vague de l’action de l’Esprit dans la création est précisée dans la révélation suivante. Dans un psaume, nous lisons: «Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6); et encore: «Tu envoies ton souffle : ils sont créés; tu renouvelles la face de la terre» (Ps 104, 30).

Cette ligne de développement devient très claire dans le Nouveau Testament, qui décrit l’intervention de l’Esprit Saint dans la nouvelle création, en utilisant précisément les images que nous avons lues à propos de l’origine du monde: la colombe qui plane sur les eaux du Jourdain lors du baptême de Jésus (cf. Mt 3, 16); Jésus qui, au Cénacle, souffle sur les disciples et dit: «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22), tout comme au commencement Dieu a soufflé sur Adam (cf. Gn 2, 7).

L’apôtre Paul introduit un nouvel élément dans cette relation entre l’Esprit Saint et la création . Il parle d’un univers qui «gémit, passe par les douleurs d’un enfantement» (cf. Rm 8, 22). Il souffre à cause de l’homme qui l’a soumis à «l’esclavage de la corruption» (cf. v. 20-21). C’est une réalité qui nous concerne de près et de manière dramatique. L’apôtre voit la cause de la souffrance de la création dans la corruption et le péché de l’humanité qui l’a entraînée dans son éloignement de Dieu. Cela demeure encore vrai aujourd’hui comme naguère. Nous voyons les ravages que l’humanité a causés et continue de causer à la création, en particulier à la partie de celle-ci qui a la plus grande capacité d’exploiter ses ressources.

Saint François d’Assise nous montre une belle voie de sortie, pour revenir à l’harmonie de l’Esprit: la voie de la contemplation et de la louange. Il voulait que s’élève des créatures un cantique de louange au Créateur. Rappelons-nous: «Laudato sì, mi Signore…», le cantique de François d’Assise.

Un psaume (18, 2) dit ainsi: «Les cieux racontent la gloire de Dieu » — mais ils ont besoin de l’homme et de la femme pour donner une voix à leur cri muet. Et dans le «Sanctus» de la Messe, nous répétons chaque fois: «Les cieux et la terre sont remplis de ta gloire». Ils en sont, pour ainsi dire, «enceintes», mais ils ont besoin des mains d’une bonne sage-femme pour donner naissance à cette louange qui est la leur. Notre vocation dans le monde, nous rappelle encore Paul, est d’être «louange de sa gloire » (Ep 1,12). C’est faire passer la joie de contempler avant la joie de posséder. Et personne ne s’est réjoui des créatures plus que François d’Assise, qui ne voulait pas en posséder aucune.

Frères et sœurs, l’Esprit Saint, qui au commencement transforma le chaos en cosmos, est à l’œuvre pour opérer cette transformation en chaque personne. Par le prophète Ezéchiel, Dieu promet: «Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau…. Je mettrai en vous mon Esprit » (Ez 36, 26-27). Car notre cœur ressemble à cet abîme désert et sombre des premiers versets de la Genèse. En lui s’agitent des sentiments et des désirs opposés: ceux de la chair et ceux de l’esprit. Nous sommes tous, en un sens, ce «royaume divisé en lui-même» dont parle Jésus dans l’Evangile (cf. Mc 3, 24). Nous pouvons dire qu’autour de nous il y a un chaos extérieur, un chaos social, un chaos politique: pensons aux guerres, pensons à tant d’enfants qui n’ont rien à manger, à tant d’injustices sociales, ça c’est le chaos à l’extérieur. Mais il y a aussi un chaos intérieur: intérieur à chacun de nous. Le premier ne peut être guéri que si nous commençons à guérir le second! Frères et sœurs, faisons en sorte que notre confusion intérieure devienne une clarté de l’Esprit Saint: c’est la puissance de Dieu qui le fait, et nous ouvrons nos cœurs pour qu’Il puisse le faire.

Puisse cette réflexion susciter en nous le désir de faire l’expérience de l’Esprit créateur. Depuis plus d’un millénaire, l’Eglise a mis sur nos lèvres le cri de la demande: «Veni creator Spiritus !», «Viens, Esprit Créateur! Visite nos esprits. Remplis de grâce céleste les cœurs que tu as créés». Demandons à l’Esprit Saint de venir à nous et de faire de nous des personnes nouvelles, avec la nouveauté de l’Esprit. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 22 mai 2024

Fra Angelico, L’Annonciation. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a conclu son cycle sur les vices et les vertus par une réflexion sur l’humilité, « qui est à la base de la vie chrétienne ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous allons conclure ce cycle de catéchèse en nous arrêtant sur une vertu qui ne fait pas partie du septénaire des vertus cardinales et théologales, mais qui est à la base de la vie chrétienne : cette vertu est l’humilité. Elle est le grand antagoniste du plus mortel des vices, c’est-à-dire l’orgueil. Alors que l’orgueil et l’arrogance gonflent le cœur humain, nous faisant paraître plus que ce que nous sommes, l’humilité ramène tout à sa juste dimension : nous sommes des créatures merveilleuses mais limitées, avec des qualités et des défauts. La Bible nous rappelle dès le début que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière (cf. Gn 3,19), “Humble” en effet dérive de humus, c’est-à-dire terre. Pourtant, dans le cœur de l’homme naissent souvent des délires de toute-puissance, ce qui est très dangereux, et cela nous fait beaucoup de mal.

Pour se libérer de l’orgueil, il suffirait de bien peu de choses, il suffirait de contempler un ciel étoilé pour retrouver la juste mesure, comme le dit le Psaume : « À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » (8,4-5). La science moderne nous permet d’étendre l’horizon beaucoup plus loin, et de ressentir encore plus le mystère qui nous entoure et nous habite.

Bienheureuses les personnes qui gardent dans leur cœur cette perception de leur propre petitesse ! Ces personnes sont préservées d’un vice monstrueux : l’arrogance. Dans ses Béatitudes, Jésus part précisément d’eux : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). C’est la première béatitude parce qu’elle est à la base de toutes celles qui suivent : en effet, la douceur, la miséricorde, la pureté du cœur naissent de ce sentiment intérieur de petitesse. L’humilité est la porte d’entrée de toutes les vertus.

Dans les premières pages de l’Évangile, l’humilité et la pauvreté en esprit semblent être la source de tout. L’annonce de l’ange n’a pas lieu aux portes de Jérusalem, mais dans un village reculé de Galilée, si insignifiant que l’on disait : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46). Mais c’est précisément de là que renaît le monde. L’héroïne choisie n’est pas une petite reine qui a grandi dans une enfance douillette, mais une jeune fille inconnue : Marie. La première à s’étonner lorsque l’ange lui apporte l’annonce de Dieu, c’est elle-même. Et dans son cantique de louange, c’est précisément cet étonnement qui ressort : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1, 46-48). Dieu est pour ainsi dire attiré par la petitesse de Marie, qui est avant tout une petitesse intérieure. Et il est également attiré par notre petitesse, lorsque nous l’assumons.

A partir de là, Marie se gardera bien de se mettre en scène. Sa première décision après l’annonce de l’ange est d’aller aider, d’aller se mettre au service de sa cousine. Marie se dirige vers les montagnes de Juda, auprès d’Elisabeth : elle l’assistera dans les derniers mois de sa grossesse. Mais qui voit ce geste ? Personne d’autre que Dieu. De cette vie cachée, la Vierge ne semble jamais vouloir sortir. Comme lorsque, dans la foule, une voix de femme proclame sa béatitude : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! ». (Lc 11,27). Cependant Jésus répond immédiatement : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11,28). Même la vérité la plus sacrée de sa vie – être la Mère de Dieu – ne devient pas pour elle un motif de vantardise devant les hommes. Dans un monde où l’on cherche à paraître, à se montrer supérieur aux autres, Marie marche résolument, par la seule force de la grâce de Dieu, dans la direction contraire.

Nous pouvons imaginer qu’elle aussi a connu des moments difficiles, des jours où sa foi avançait dans l’obscurité. Mais cela n’a jamais fait vaciller son humilité, qui est chez Marie une vertu granitique. Je veux le souligner : l’humilité est une vertu granitique. Pensons à Marie : elle est toujours petite, toujours dépouillée, toujours libre d’ambitions. Cette petitesse est sa force invincible : c’est elle qui reste au pied de la croix, alors que se brise l’illusion d’un Messie triomphant. Ce sera Marie, dans les jours qui précèdent la Pentecôte, à rassembler le groupe des disciples qui avaient été incapables de veiller seulement une heure avec Jésus, et l’avaient abandonné au moment de la tempête.

Frères et sœurs, l’humilité est tout. C’est elle qui nous sauve du Malin et du danger de devenir ses complices. Et l’humilité est la source de la paix dans le monde et dans l’Église. Là où l’humilité n’existe pas il y a la guerre, c’est la discorde, c’est la division. Dieu nous en a donné l’exemple en Jésus et Marie, pour notre salut et notre bonheur. Et l’humilité est précisément la voie, le chemin du salut. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 15 mai 2024

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Au cours de son audience générale hebdomadaire, le pape François a atteint ce qu’il a appelé « le point culminant de tout l’itinéraire que nous avons entrepris avec les catéchèses sur les vertus » en réfléchissant sur la vertu théologique de la charité. Il a déclaré que la charité « est un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous permet d’aimer Dieu, de devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous allons parler de la troisième vertu théologale, la charité. Les deux autres, rappelons-le, étaient la foi et l’espérance ; aujourd’hui, nous parlerons de la troisième, la charité. C’est le point culminant de tout l’itinéraire que nous avons suivi avec les catéchèses sur les vertus. Penser à la charité dilate immédiatement le cœur, élargit l’esprit conformément aux paroles inspirées de Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens. En conclusion de ce merveilleux hymne, Saint Paul cite la triade des vertus théologales et s’exclame : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 13, 13).

Paul adresse ces paroles à une communauté qui était loin d’être parfaite dans l’amour fraternel : les chrétiens de Corinthe étaient plutôt querelleurs, il y avait des divisions internes, il y avait ceux qui prétendaient avoir toujours raison et qui n’écoutaient pas les autres, les considérant comme inférieurs. À ceux-là, Paul rappelle que la science enfle, tandis que la charité édifie (cf. 1 Co 8,1). L’Apôtre rapporte ensuite un scandale qui touche même le moment de plus grande unité d’une communauté chrétienne, à savoir la « Cène du Seigneur », la célébration eucharistique : même là, il y a des divisions, et il y a ceux qui en profitent pour manger et boire en excluant ceux qui n’ont rien (cf. 1 Co 11, 18-22). Face à cela, Paul porte un jugement sévère : « Lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus la cène du Seigneur que vous prenez » (v. 20), vous avez un autre rituel, qui est païen, ce n’est pas la cène du Seigneur.

Qui sait, peut-être que personne dans la communauté de Corinthe ne pensait commettre un péché et que les paroles dures de l’apôtre semblaient un peu incompréhensibles pour eux. Ils étaient probablement tous convaincus d’être de bonnes personnes et, si on les avait interrogés sur l’amour, ils auraient répondu que certainement l’amour était une valeur très importante, tout comme l’amitié et la famille. Aujourd’hui encore, l’amour est sur les lèvres de tous, sur les lèvres de tant d' »influenceurs » et dans les refrains de tant de chansons. On parle tant de l’amour, mais qu’est-ce que l’amour ?

« Mais qu’en est-il de l’autre amour ? semble demander Paul aux chrétiens de Corinthe. Non pas l’amour qui monte, mais celui qui descend ; non pas celui qui prend, mais celui qui donne ; non pas celui qui apparaît, mais celui qui est caché. Paul s’inquiète du fait qu’à Corinthe – comme parmi nous aujourd’hui – il y a de la confusion et que la vertu théologale de l’amour, celle qui vient seulement de Dieu, on n’en fasse aucun cas. Et si, même en paroles, tous assurent qu’ils sont de bonnes personnes, qu’ils aiment leur famille et leurs amis, en réalité, de l’amour de Dieu, ils n’en savent que très peu.

Les chrétiens de l’Antiquité disposaient de plusieurs mots grecs pour définir l’amour. Finalement, c’est le mot « agapè » qui s’est imposé, que nous traduisons habituellement par « charité ». Car en vérité, les chrétiens sont capables de tous les amours du monde : eux aussi tombent amoureux, plus ou moins comme cela arrive à tout le monde. Ils connaissent eux aussi la gentillesse de l’amitié. Ils vivent aussi l’amour de la patrie et l’amour universel pour toute l’humanité. Mais il y a un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous permet d’aimer Dieu, à devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu. Cet amour, à cause du Christ, nous pousse là où humainement nous n’irions pas : c’est l’amour pour le pauvre, pour ce qui n’est pas aimable, pour celui qui ne nous aime pas et n’est pas reconnaissant. C’est l’amour pour ce que personne n’aimerait, même pour son ennemi. Même pour l’ennemi. Cet amour est “théologal”, cet amour vient de Dieu, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous.

Jésus prêche dans le Sermon sur la montagne : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant » (Lc6,32-33). Et il conclut : « Aimez vos ennemis – nous sommes habitués à dire du mal des ennemis- aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. » (v. 35). Souvenons-nous de ceci : « Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour « . Ne l’oublions pas !

Dans ces paroles, l’amour se révèle comme une vertu théologale et prend le nom de charité.  L’amour est charité. Nous nous apercevons immédiatement qu’il s’agit d’un amour difficile, voire impossible à pratiquer si l’on ne vit pas en Dieu. Notre nature humaine nous fait spontanément aimer ce qui est bon et beau. Au nom d’un idéal ou d’une grande affection, nous pouvons même être généreux et accomplir des actes héroïques. Mais l’amour de Dieu va au-delà de ces critères. L’amour chrétien embrasse ce qui n’est pas aimable, offre le pardon, – Qu’il est difficile de pardonner ! Combien d’amour faut-il pour pardonner ! -L’amour chrétien bénit ceux qui maudissent, alors que nous avons l’habitude, face à une insulte ou à une malédiction, de répondre par une autre insulte, par une autre malédiction. C’est un amour si audacieux qu’il semble quasi impossible, et pourtant c’est la seule chose qui restera de nous. L’amour est la « porte étroite » par laquelle nous devons passer pour entrer dans le Royaume de Dieu. En effet, au soir de la vie, nous ne serons pas jugés sur l’amour générique, nous serons jugés précisément sur la charité, sur l’amour que nous avons eu concrètement. Et Jésus nous dit ceci, c’est tellement beau : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). C’est ce qu’il y a de beau, de grand dans l’amour. Allons de l’avant et courage !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

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