Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a entamé un nouveau cycle de catéchèses sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse ». Réfléchissant aux premiers versets de la Genèse, il a déclaré que « l’Esprit de Dieu fait passer le monde de son état initial informe, désert et lugubre à son état ordonné et harmonieux ».
Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.
Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd’hui avec cette catéchèse, nous entamons un cycle de réflexions sur le thème «L’Esprit et l’Epouse — L’Esprit est l’Epouse —. L’Esprit Saint guide le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance». Nous parcourrons ce chemin à travers les trois grandes étapes de l’histoire du salut: l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le temps de l’Eglise. En gardant toujours le regard fixé sur Jésus, qui est notre espérance.
Dans ces premières catéchèses sur l’Esprit dans l’Ancien Testament, nous ne ferons pas d’«archéologie biblique». Nous découvrirons au contraire que ce qui est donné comme promesse dans l’Ancien Testament s’est pleinement réalisé dans le Christ. Ce sera comme suivre le chemin du soleil de l’aube à midi.
Commençons par les deux premiers versets de toute la Bible: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et déserte, les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1,1-2). L’Esprit de Dieu nous apparaît comme la puissance mystérieuse qui fait passer le monde de son état initial informe, désert et ténébreux à son état ordonné et harmonieux. Parce que l’Esprit fait l’harmonie, l’harmonie dans la vie, l’harmonie dans le monde. En d’autres termes, c’est Lui qui fait passer le monde du chaos au cosmos, c’est-à-dire de la confusion à quelque chose de beau et d’ordonné. C’est d’ailleurs le sens du mot grec kosmos, ainsi que du mot latin mundus , c’est-à-dire quelque chose de beau, d’ordonné, de propre, d’harmonique, parce que l’Esprit est l’harmonie.
Cette indication encore vague de l’action de l’Esprit dans la création est précisée dans la révélation suivante. Dans un psaume, nous lisons: «Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6); et encore: «Tu envoies ton souffle : ils sont créés; tu renouvelles la face de la terre» (Ps 104, 30).
Cette ligne de développement devient très claire dans le Nouveau Testament, qui décrit l’intervention de l’Esprit Saint dans la nouvelle création, en utilisant précisément les images que nous avons lues à propos de l’origine du monde: la colombe qui plane sur les eaux du Jourdain lors du baptême de Jésus (cf. Mt 3, 16); Jésus qui, au Cénacle, souffle sur les disciples et dit: «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22), tout comme au commencement Dieu a soufflé sur Adam (cf. Gn 2, 7).
L’apôtre Paul introduit un nouvel élément dans cette relation entre l’Esprit Saint et la création . Il parle d’un univers qui «gémit, passe par les douleurs d’un enfantement» (cf. Rm 8, 22). Il souffre à cause de l’homme qui l’a soumis à «l’esclavage de la corruption» (cf. v. 20-21). C’est une réalité qui nous concerne de près et de manière dramatique. L’apôtre voit la cause de la souffrance de la création dans la corruption et le péché de l’humanité qui l’a entraînée dans son éloignement de Dieu. Cela demeure encore vrai aujourd’hui comme naguère. Nous voyons les ravages que l’humanité a causés et continue de causer à la création, en particulier à la partie de celle-ci qui a la plus grande capacité d’exploiter ses ressources.
Saint François d’Assise nous montre une belle voie de sortie, pour revenir à l’harmonie de l’Esprit: la voie de la contemplation et de la louange. Il voulait que s’élève des créatures un cantique de louange au Créateur. Rappelons-nous: «Laudato sì, mi Signore…», le cantique de François d’Assise.
Un psaume (18, 2) dit ainsi: «Les cieux racontent la gloire de Dieu » — mais ils ont besoin de l’homme et de la femme pour donner une voix à leur cri muet. Et dans le «Sanctus» de la Messe, nous répétons chaque fois: «Les cieux et la terre sont remplis de ta gloire». Ils en sont, pour ainsi dire, «enceintes», mais ils ont besoin des mains d’une bonne sage-femme pour donner naissance à cette louange qui est la leur. Notre vocation dans le monde, nous rappelle encore Paul, est d’être «louange de sa gloire » (Ep 1,12). C’est faire passer la joie de contempler avant la joie de posséder. Et personne ne s’est réjoui des créatures plus que François d’Assise, qui ne voulait pas en posséder aucune.
Frères et sœurs, l’Esprit Saint, qui au commencement transforma le chaos en cosmos, est à l’œuvre pour opérer cette transformation en chaque personne. Par le prophète Ezéchiel, Dieu promet: «Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau…. Je mettrai en vous mon Esprit » (Ez 36, 26-27). Car notre cœur ressemble à cet abîme désert et sombre des premiers versets de la Genèse. En lui s’agitent des sentiments et des désirs opposés: ceux de la chair et ceux de l’esprit. Nous sommes tous, en un sens, ce «royaume divisé en lui-même» dont parle Jésus dans l’Evangile (cf. Mc 3, 24). Nous pouvons dire qu’autour de nous il y a un chaos extérieur, un chaos social, un chaos politique: pensons aux guerres, pensons à tant d’enfants qui n’ont rien à manger, à tant d’injustices sociales, ça c’est le chaos à l’extérieur. Mais il y a aussi un chaos intérieur: intérieur à chacun de nous. Le premier ne peut être guéri que si nous commençons à guérir le second! Frères et sœurs, faisons en sorte que notre confusion intérieure devienne une clarté de l’Esprit Saint: c’est la puissance de Dieu qui le fait, et nous ouvrons nos cœurs pour qu’Il puisse le faire.
Puisse cette réflexion susciter en nous le désir de faire l’expérience de l’Esprit créateur. Depuis plus d’un millénaire, l’Eglise a mis sur nos lèvres le cri de la demande: «Veni creator Spiritus !», «Viens, Esprit Créateur! Visite nos esprits. Remplis de grâce céleste les cœurs que tu as créés». Demandons à l’Esprit Saint de venir à nous et de faire de nous des personnes nouvelles, avec la nouveauté de l’Esprit. Merci.
Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana