À venir : émission spéciale, bilan des JMJ

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Ne manquez pas ces prochains jours notre nouvelle émission bilan des JMJ. Notre équipe francophone prend le temps de revenir sur ces dernières Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont rassemblées à Cracovie, en Pologne, plus de 2 millions de jeunes du monde entier, à l’appel du pape François. Dans cette émission spéciale, notre journaliste Charles Le Bourgeois reçoit le père Thomas Rosica, directeur général de Sel et Lumière, ainsi que Francis Denis et Emilie Callan, nos deux autres journalistes francophones,  qui partageront leur expérience de ces JMJ. Ils reviennent notamment sur les moments forts qui ont rythmés cette rencontre sur le thème de la Miséricorde. C’est à suivre sur Sel et Lumière le mardi 23 août à 19h35, et le vendredi 26 août à 19h30.

 

Témoin: Père Maxime Allard, o.p. Président, Collège universitaire dominicain à Ottawa

Père Maxime Allard est dominicain. Détenteur d’un doctorat en théologie de l’Université Laval, il est professeur de philosophie et de théologie au Collège universitaire dominicain à Ottawa (Canada) ainsi qu’au Centre des Études Institutionnelles des Dominicains à Lille (France). Spécialisé en éthique théologique, en philosophie de la religion et en philosophie politique, il est aussi professeur associé à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l’Université de Montréal et collabore à la Chaire de recherche « Religion, spiritualité, santé » à l’Université Laval. Suite à des séjours prolongés en Afrique du Sud ainsi qu’au Rwanda et au Burundi, il s’intéresse aux questions des interactions entre le développement économique et social, les régimes politiques et les configurations religieuses.

Discours du pape François lors de sa visite à la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, Assise

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Chers frères et sœurs,
J’aimerais rappeler aujourd’hui, avant tout, les paroles que, selon une antique tradition, saint

François a prononcées ici même, devant tout le peuple et devant les évêques : ‘‘Je désire vous envoyer tous au paradis’’. Que pouvait le Petit Pauvre d’Assise demander de plus beau, sinon le don du salut, de la vie éternelle avec Dieu et de la joie sans fin, que Jésus a obtenu pour nous par sa mort et sa résurrection ?

Le paradis, d’ailleurs, qu’est-ce sinon ce mystère d’amour qui nous lie pour toujours à Dieu pour le contempler sans fin ? L’Église, depuis toujours, professe cette foi lorsqu’elle dit qu’elle croit dans la communion des saints. Nous ne sommes jamais seuls en vivant la foi ; les saints et les bienheureux nous font compagnie, ainsi que nos proches qui ont vécu avec simplicité et joie la foi et en ont témoigné dans leur vie. Il y a un lien invisible, mais pas pour autant moins réel, qui fait de nous ‘‘un seul corps’’, en vertu de l’unique Baptême reçu, animés par un ‘‘seul Esprit’’ (cf. Ep 4, 4). Peut- être saint François, lorsqu’il demandait au Pape Honorius III le don de l’indulgence pour ceux qui venaient à la Portioncule, avait-il à l’esprit ces paroles de Jésus aux disciples : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : ‘‘Je pars vous préparer une place ?’’ Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14, 2-3).

Le chemin du pardon est certainement le chemin principal à suivre pour rejoindre cette place au Paradis. Et ici à la Portioncule tout parle de pardon ! Quel grand don nous a fait le Seigneur en nous enseignant à pardonner pour nous faire toucher de la main la miséricorde du Père ! Nous avons écouté il y a quelques instants la parabole par laquelle Jésus nous a enseigné à pardonner (cf. Mt 18, 21-35). Pourquoi devrions-nous pardonner à une personne qui nous a fait du mal ? Parce qu’en premier nous avons reçu le pardon, et infiniment plus. La parabole nous dit exactement ceci : comme Dieu nous pardonne, de même nous devons nous aussi pardonner à qui nous fait du mal. Précisément comme dans la prière que Jésus nous a enseignée, le Notre Père, lorsque nous disons : « Remets-nousCapture d’écran 2016-08-04 à 11.17.26 nos dettes comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » (Mt 6, 12). Les dettes sont nos péchés devant Dieu, et nos débiteurs sont ceux à qui nous devons pardonner, nous aussi.

Chacun de nous pourrait être ce serviteur de la parabole qui a une grande dette à payer, mais tellement grande qu’il ne pourrait pas s’en sortir. Nous aussi, quand au confessionnal, nous nous mettons à genoux devant le prêtre, nous ne faisons que répéter le même geste du serviteur. Nous disons : ‘‘Seigneur, sois patient avec moi’’. Nous savons bien, en effet, que nous sommes pleins de défauts et que nous retombons souvent dans les mêmes péchés. Néanmoins, Dieu ne se lasse pas d’offrir toujours son pardon chaque fois que nous le demandons. C’est un pardon plein, total, par lequel il nous donne l’assurance que, bien que nous puissions retomber dans les mêmes péchés, lui a pitié de nous et ne se lasse pas de nous aimer. Comme le patron de la parabole, Dieu s’apitoie, c’est-à- dire qu’il éprouve un sentiment de pitié mêlé de tendresse : c’est une expression pour indiquer sa miséricorde envers nous. Notre Père, en effet, s’apitoie toujours quand nous nous repentons, et il nous renvoie à la maison le cœur tranquille et serein, en nous disant qu’il nous a tout remis et tout pardonné. Le pardon de Dieu ne connaît pas de limites ; il dépasse toute imagination et rejoint quiconque, dans l’intime du cœur, reconnaît avoir commis une faute et veut retourner à lui. Dieu regarde le cœur qui demande à être pardonné.

Le problème, malheureusement, survient quand nous nous trouvons face à notre frère qui nous causé un petit tort. La réaction que nous avons écoutée dans la parabole est très expressive : « Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘‘Rembourse ta dette’’ » (Mt 18, 28). Dans cette scène, nous trouvons tout le drame de nos relations humaines. Quand nous sommes, nous, en dette avec les autres, nous voulons la miséricorde ; quand, au contraire, nous sommes créanciers nous invoquons la justice ! Cela, ce n’est pas la réaction du disciple du Christ et cela ne peut être le style de vie des chrétiens. Jésus nous enseigne à pardonner, et à le faire sans limites : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (v. 22). En somme, ce qu’il nous propose, c’est l’amour du Père, non pas notre prétendue justice. S’arrêter à cela, en effet, ne nous ferait pas reconnaître comme des disciples du Christ, qui ont obtenu miséricorde au pied de la croix seulement en vertu de l’amour du Fils de Dieu. N’oublions donc pas les paroles sévères par lesquelles se conclut la parabole : « C’est ainsi que votre Père du Ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur » (v. 35).

Chers frères et sœurs, le pardon dont saint François s’est fait le ‘‘canal’’ ici à la Portioncule continue à ‘‘générer le paradis’’ encore après huit siècles. En cette Année Sainte de la Miséricorde, il devient encore plus évident que le chemin du pardon peut vraiment renouveler l’Église et le monde. Offrir le témoignage de la miséricorde dans le monde d’aujourd’hui est une tâche à laquelle personne d’entre nous ne peut se soustraire. Le monde a besoin de pardon ; trop de personnes vivent enfermées dans la rancœur et couvent la haine, parce qu’incapables de pardon, ruinant leur propre vie et celle d’autrui au lieu de trouver la joie de la sérénité et de la paix. Demandons à saint François d’Assise d’intercéder pour nous, afin que nous ne renoncions jamais à être d’humbles signes de pardon et des instruments de miséricorde.

[01267-FR.01] [Texte original: Italien]

Angelus du pape François à la fin de la Messe de clôture des JMJ de Cracovie

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Chers frères et sœurs,

au terme de cette célébration, je désire m’unir à vous tous pour rendre grâce à Dieu, Père d’infinie miséricorde, parce qu’il nous a accordé de vivre ces Journées Mondiales de la Jeunesse. Je remercie le Cardinal Dziwisz et le Cardinal Ryłko pour les paroles qu’ils m’ont adressées et surtout pour le travail et la prière avec lesquels ils ont préparé cet événement ; et je remercie tous ceux qui ont collaboré pour sa bonne réussite. Un immense « merci » à vous, chers jeunes ! Vous avez rempli Cracovie de l’enthousiasme contagieux de votre foi. Saint Jean-Paul II s’est réjoui du ciel, et il vous aidera à porter partout la joie de l’Évangile.

En ces jours, nous avons fait l’expérience de la beauté de la fraternité universelle dans le Christ, centre et espérance de notre vie. Nous avons écouté sa voix, la voix du Bon Pasteur, vivant au milieu de nous. Il a parlé au cœur de chacun de vous : il vous a renouvelés par son amour, il vous a fait sentir la lumière de son pardon, la force de sa grâce. Il vous a fait faire l’expérience de la réalité de la prière. Ce fut une “oxygénation” spirituelle pour que vous puissiez vivre et marcher dans la miséricorde une fois rentrés dans vos pays et dans vos communautés.

À côté de l’autel, il y a ici l’image de la Vierge Marie, vénérée par saint Jean-Paul II au Sanctuaire de Kalwaria. Elle, notre Mère, nous enseigne de quelle façon l’expérience vécue ici en Pologne peut être féconde ; elle nous dit de faire comme elle : de ne pas perdre le don reçu, mais de le garder dans le cœur, afin qu’il germe et porte du fruit, par l’action de l’Esprit Saint. De cette façon, chacun de vous, avec ses limites et ses fragilités, pourra être témoin du Christ là où il vit, en famille, en paroisse, dans les associations et dans les groupes, dans les milieux d’étude, de travail, de service, de loisirs, partout où la Providence vous conduira sur votre chemin.

La Providence de Dieu nous précède toujours. Pensez qu’elle a déjà décidé quelle sera la prochaine étape de ce grand pèlerinage commencé en 1985 par saint Jean-Paul II! Et par conséquent, je vous annonce avec joie que les prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse – après les deux au niveau diocésain – auront lieu en 2019 à (…).

Par l’intercession de Marie, invoquons l’Esprit Saint afin qu’il illumine et soutienne le chemin des jeunes dans l’Église et dans le monde, afin qu’ils soient de disciples et des témoins de la Miséricorde de Dieu.

Allocution du pape François lors de la rencontre avec les bénévoles de la JMJ 2016

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Père, et comment vais-je faire pour avoir de la mémoire ? Parle avec tes parents, parle avec les aînés. Surtout, parle avec tes grands-parents. Est-ce clair ? Ainsi, si tu veux être une espérance pour l’avenir, tu dois recevoir l’éclairage de ton grand-père et de ta grand-mère.

Me promettez-vous que pour préparer Panama, vous allez parler plus avec les grands- parents ? [‘‘Oui’’].

Et si les grands-parents sont déjà allés au ciel, allez-vous parler avec les personnes âgées ? [‘‘Oui’’]. Et vous leur poserez des questions. Et leur poserez-vous des questions ? [‘‘Oui’’].

Posez-leur des questions. Elles sont la sagesse d’un peuple.

Donc, pour être espérance, la première condition, c’est d’avoir de la mémoire. ‘‘Vous êtes l’espérance de l’avenir’’, vous a dit l’évêque.

Seconde condition. Et si pour l’avenir je suis l’espérance et que j’ai la mémoire du passé, il me reste le présent. Que dois-je faire dans le présent ? Avoir du courage. Avoir du courage. Être audacieux, être audacieux, ne pas avoir peur. Écoutons le témoignage, l’adieu, le témoignage d’adieu de notre compagnon vaincu par le cancer. Il voulait être ici et il n’y est pas parvenu, mais il a eu du courage. Le courage d’affronter et le courage de continuer à lutter même dans les pires conditions. Ce jeune n’est pas ici aujourd’hui, mais ce jeune a semé l’espérance pour l’avenir.

Donc, pour le présent ? Courage. Pour le présent ? [‘‘Courage’’]

Audace, courage. Est-ce clair ? [‘‘Oui’’].

Et donc, si vous avez… Quel était la première chose ? [‘‘Mémoire’’]

Et si vous avez du….[‘‘courage’’], vous serez l’espérance…. [‘‘de l’avenir’’].
Est-ce que tout est clair ? [‘‘Oui’’]. Bien.
Je ne sais pas si je serai au Panama, mais je peux vous assurer d’une chose : que Pierre sera

au Panama. Et Pierre vous demandera si vous avez parlé avec vos grands-parents, si vous avez parlé avec les personnes âgées pour avoir de la mémoire, si vous avez eu de courage et de l’audace pour affronter les situations et si vous avez semé des choses pour l’avenir. Et vous poserez des questions à Pierre. Est-ce clair ? [‘‘Oui’’].

Que Dieu vous bénisse à profusion. Merci ! Merci pour tout !
Et maintenant, maintenant ensemble, chacun dans sa langue, nous allons prier la Vierge. Je vous salue Marie.
Et je vous demande de prier pour moi. Ne l’oubliez pas, et je vous donne la bénédiction. [Bénédiction]
Ah, et j’oubliais… Comment c’était ? [‘‘Mémoire, courage, avenir’’]

[01260-FR.01] [Texte original: Espagnol]

Homélie du pape François lors de la Messe de clôture des XXXIe Journée mondiale de la jeunesse à Cracovie

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Chers jeunes, vous êtes venus à Cracovie pour rencontrer Jésus. Et l’Évangile aujourd’hui nous parle justement de la rencontre entre Jésus et un homme, Zachée, à Jéricho (cf. Lc 19, 1-10). Là, Jésus ne se limite pas à prêcher, ou à saluer chacun, mais il veut – dit l’Évangéliste – traverser la ville (cf. v. 1). Jésus désire, en d’autres termes, s’approcher de la vie de chacun, parcourir notre chemin jusqu’au bout, afin que sa vie et notre vie se rencontrent vraiment.

Arrive ainsi la rencontre la plus surprenante, celle avec Zachée, le chef des “publicains”, c’est-à-dire des collecteurs d’impôts. Zachée était donc un riche collaborateur des occupants romains détestés ; c’était un exploiteur du peuple, quelqu’un qui, à cause de sa mauvaise réputation, ne pouvait même pas s’approcher du Maître. Mais la rencontre avec Jésus change sa vie, comme cela a été et peut être chaque jour pour chacun de nous. Zachée, cependant, a dû affronter certains obstacles pour rencontrer Jésus : au moins trois, qui peuvent nous dire quelque chose à nous aussi.

Le premier est la petite taille : Zachée ne réussissait pas à voir le Maître parce qu’il était petit. Aujourd’hui aussi nous pouvons courir le risque de rester à distance de Jésus parce que nous ne nous sentons pas à la hauteur, parce que nous avons une basse considération de nous-même. C’est une grande tentation, qui ne regarde pas seulement l’estime de soi, mais touche aussi la foi. Parce que la foi nous dit que nous sommes « enfants de Dieu et nous le sommes réellement » (1 Jn 3, 1) : nous avons été créés à son image ; Jésus a fait sienne notre humanité et son cœur ne se lassera jamais de nous ; l’Esprit Saint désire habiter en nous ; nous sommes appelés à la joie éternelle avec Dieu ! C’est notre “stature”, c’est notre identité spirituelle : nous sommes les enfants aimés de Dieu, toujours. Vous comprenez alors que ne pas s’accepter, vivre mécontents et penser en négatif signifie ne pas reconnaitre notre identité la plus vraie : c’est comme se tourner d’un autre côté tandis que Dieu veut poser son regard sur moi, c’est vouloir effacer le rêve qu’il nourrit pour moi. Dieu nous aime ainsi comme nous sommes, et aucun péché, défaut ou erreur ne le fera changer d’idée. Pour Jésus – l’Évangile nous le montre -, personne n’est inférieur et distant, personne n’est insignifiant, mais nous sommes tous préférés et importants : tu es important ! Et Dieu compte sur toi pour ce que tu es, non pour ce que tu as : à ses yeux ne vaut vraiment rien le vêtement que tu portes ou le téléphone portable que tu utilises : que tu sois à la mode ne lui importe pas, ce qui lui importe, c’est toi. Tu as de la valeur à ses yeux et ta valeur est inestimable.

Quand dans la vie, il nous arrive de viser en bas plutôt qu’en haut, cette grande vérité peut nous aider : Dieu est fidèle dans son amour pour nous, même obstiné. Cela nous aidera de penser qu’il nous aime plus que nous nous aimons nous-même, qu’il croit en nous plus que nous croyons en nous-même, qu’il “est toujours le supporter” pour nous comme le plus irréductible des supporters. Il nous attend toujours avec espérance, même lorsque nous nous refermons sur nos tristesses, ruminant sans cesse sur les torts reçus et sur le passé. Mais s’attacher à la tristesse n’est pas digne de notre stature spirituelle ! C’est même un virus qui infecte et bloque tout, qui ferme toute porte, qui empêche de relancer la vie, de recommencer. Dieu, au contraire est obstinément plein d’espoir : il croit toujours que nous pouvons nous relever et ne se résigne pas à nous voir éteints et sans joie. Parce que nous sommes toujours ses enfants bien-aimés. Rappelons-nous de cela au début de chaque journée. Cela nous fera du bien chaque matin de le dire dans la prière : “Seigneur, je te remercie parce que tu m’aimes; fais-moi aimer ma vie !”. Non pas mes défauts, qui se corrigent, mais la vie, qui est un grand don : c’est le temps pour aimer et pour être aimés.
Zachée avait un second obstacle sur le chemin de la rencontre avec Jésus : la honte qui paralyse.

Nous pouvons imaginer ce qui s’est passé dans le cœur de Zachée avant de monter sur ce sycomore, cela aura été une belle lutte : d’une part une bonne curiosité, celle de connaître Jésus ; de l’autre le risque de faire une terrible piètre figure. Zachée était un personnage public ; il savait qu’en essayant de monter sur l’arbre, il serait devenu ridicule aux yeux de tous, lui, un chef, un homme de pouvoir. Mais il a surmonté la honte, parce que l’attraction de Jésus était plus forte. Vous aurez fait l’expérience de ce qui arrive lorsqu’une personne devient si attirante au point d’en tomber amoureux : il peut arriver alors de faire volontiers des choses qui ne se seraient jamais faites. Quelque chose de semblable arrive dans le cœur de Zachée, quand il sentit que Jésus était si important qu’il aurait fait n’importe quoi pour lui, parce qu’il était le seul qui pouvait le tirer hors des sables mouvants du péché et du mécontentement. Et ainsi la honte qui paralyse n’a pas eu le dessus : Zachée – dit l’Évangile- « courut en avant », « grimpa » et ensuite quand Jésus l’appela, « il descendit vite » (vv. 4.6). Il a risqué et il s’est mis en jeu. Cela est aussi pour nous le secret de la joie : ne pas éteindre la belle curiosité, mais se mettre en jeu, parce que la vie ne s’enferme pas dans un tiroir. Devant Jésus on ne peut rester assis en attendant les bras croisés ; à Lui, qui nous donne la vie, on ne peut répondre par une pensée ou un simple “petit message”!

Chers jeunes, n’ayez pas honte de tout lui porter, spécialement vos faiblesses, vos peines et vos péchés dans la confession : Lui saura vous surprendre avec son pardon et sa paix. N’ayez pas peur de lui dire “oui” avec tout l’élan de votre cœur, de lui répondre généreusement, de le suivre ! Ne vous laissez pas anesthésier l’âme, mais visez l’objectif du bel amour, qui demande aussi le renoncement, et un “non” fort au doping du succès à tout prix et à la drogue de penser seulement à soi et à ses propres aises.

Après la basse stature et la honte qui paralyse, il y a un troisième obstacle que Zachée a dû affronter, non plus à l’intérieur de lui, mais autour de lui. C’est la foule qui murmure, qui l’a d’abord arrêté et puis l’a critiqué : Jésus ne devait pas entrer dans sa maison, la maison d’un pécheur ! Comme il est difficile d’accueillir vraiment Jésus, comme il est dur d’accepter un « Dieu, riche en miséricorde » (Ep 2, 4). Ils pourront vous empêcher, en cherchant à vous faire croire que Dieu est distant, raide et peu sensible, bon avec les bons et mauvais avec les mauvais. Au contraire, notre Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45) et il nous invite au vrai courage : être plus forts que le mal en aimant chacun, même les ennemis. Ils pourront rire de vous, parce que vous croyez dans la force douce et humble de la miséricorde. N’ayez pas peur, mais pensez aux paroles de ces jours : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Ils pourront vous juger comme des rêveurs, parce que vous croyez en une humanité nouvelle, qui n’accepte pas la haine entre les peuples, ne voit pas les frontières des pays comme des barrières et garde ses propres traditions sans égoïsmes ni ressentiments. Ne vous découragez pas : avec votre sourire et avec vos bras ouverts, prêchez l’espérance et soyez une bénédiction pour l’unique famille humaine, qu’ici vous représentez si bien !

La foule, ce jour-là, a jugé Zachée, elle l’a regardé de haut en bas ; Jésus au contraire, a fait l’inverse : il a levé son regard vers lui (v. 5). Le regard de Jésus va au-delà des défauts et voit la personne ; il ne s’arrête pas au mal du passé, mais il entrevoit le bien dans l’avenir ; il ne se résigne pas devant les fermetures, mais il recherche la voie de l’unité et de la communion ; au milieu de tous, il ne s’arrête pas aux apparences, mais il regarde le cœur. Avec ce regard de Jésus, vous pouvez faire croître une autre humanité, sans attendre qu’ils vous disent “bravo”, mais en cherchant le bien pour lui-même, heureux de garder le cœur intègre et de lutter pacifiquement pour l’honnêteté et la justice. Ne vous arrêtez pas à la superficie des choses et défiez-vous des liturgies mondaines du paraître, du maquillage de l’âme pour sembler meilleurs. Au contraire, installez bien la connexion la plus stable, celle d’un cœur qui voit et transmet le bien sans se lasser. Et cette joie que gratuitement vous avez reçu de Dieu, donnez-la gratuitement (cf. Mt 10, 8), parce que beaucoup l’attendent !

Enfin, écoutons les paroles de Jésus à Zachée, qui semblent dites spécialement pour nous aujourd’hui : « Descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (v. 5). Jésus t’adresse la même invitation : “Aujourd’hui, je dois demeurer dans ta maison”. Les JMJ, pourrions- nous dire, commencent aujourd’hui et continuent demain, à la maison, parce que c’est là que Jésus veut te rencontrer à partir de maintenant. Le Seigneur ne veut pas rester seulement dans cette belle ville ou dans de chers souvenirs, mais il désire venir chez toi, habiter ta vie de chaque jour : les études et les premières années de travail, les amitiés et les affections, les projets et les rêves. Comme il lui plaît que dans la prière, tout cela lui soit porté ! Comme il espère que parmi tous les contacts et les chat de chaque jour il y ait à la première place le fil d’or de la prière ! Comme il désire que sa Parole parle à chacune de tes journées, que son Évangile devienne tien, et qu’il soit ton “navigateur” sur les routes de la vie !

Pendant qu’il te demande de venir chez toi, Jésus, comme il a fait avec Zachée, t’appelle par ton nom. Ton nom est précieux pour Lui. Le nom de Zachée évoquait, dans la langue de l’époque, le souvenir de Dieu. Confiez-vous au souvenir de Dieu : sa mémoire n’est pas un “disque dur” qui enregistre et archive toutes nos données, mais un cœur tendre de compassion, qui se réjouit d’effacer définitivement toutes nos traces de mal. Essayons, nous aussi, maintenant, d’imiter la mémoire fidèle de Dieu et de conserver le bien que nous avons reçu en ces jours. En silence, faisons mémoire de cette rencontre, gardons le souvenir de la présence de Dieu et de sa Parole, ravivons en nous la voix de Jésus qui nous appelle par notre nom. Ainsi prions en silence, en faisant mémoire, en remerciant le Seigneur qui ici nous a voulus et nous a rencontrés.

[01215-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors de la Veillée de prière avec les jeunes des JMJ de Cracovie

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Chers jeunes,

Il est beau d’être ici avec vous en cette veillée de prière.
À la fin de son témoignage courageux et émouvant, Rand nous a demandé quelque chose. Il a dit : ‘‘Je vous demande sincèrement de prier pour mon cher pays’’. Une histoire marquée par la guerre, par la douleur, par la perte, qui finit avec une demande : celle de la prière. Qu’y a-t-il de mieux que de commencer notre veillée en priant ?

Nous venons de diverses parties du monde, de continents, de pays, langues, cultures, peuples différents. Nous sommes ‘‘fils’’ de nations qui peut-être qui sont en train de discuter à cause de divers conflits, ou même sont en guerre. Pour d’autres, nous venons de pays qui peuvent être en ‘‘paix’’, qui n’ont pas de conflits belliqueux, où beaucoup des choses douloureuses qui arrivent dans le monde font seulement partie des nouvelles et de la presse. Mais nous sommes conscients d’une réalité : pour nous, aujourd’hui et ici, provenant de diverses parties du monde, la douleur, la guerre que vivent de nombreux jeunes, ne sont plus une chose anonyme, elles ne sont plus une nouvelle de la presse, elles ont un nom, un visage, une histoire, une proximité. Aujourd’hui, la guerre en Syrie est la douleur et la souffrance de tant de personnes, de tant de jeunes comme le courageux Rand, qui se trouve au milieu de nous et nous demande de prier pour son cher pays.

Il y a des situations qui peuvent nous paraître lointaines jusqu’à ce que, de quelque manière, nous les touchions. Il y a des réalités que nous ne comprenons pas parce nous ne les voyons qu’à travers un écran (du téléphone portable ou de l’ordinateur). Mais lorsque nous entrons en contact avec la vie, avec ces vies concrètes non plus médiatisées par les écrans, alors il nous arrive quelque chose de fort, nous sentons l’invitation à nous impliquer : ‘‘Assez des villes oubliées’’, comme dit Rand ; il doit plus jamais arriver que des frères soient ‘‘entourés par la mort et par les tueries’’, sentant que personne ne les aidera. Chers amis, je vous invite à prier ensemble pour la souffrance de tant de victimes de la guerre, afin qu’une fois pour toutes, nous puissions comprendre que rien ne justifie le sang d’un frère, que rien n’est plus précieux que la personne que nous avons à côté. Et dans cette demande de prière, je veux vous remercier également, Natalia et Miguel, parce que vous aussi vous avez partagé avec nous vos batailles, vos guerres intérieures. Vous nous avez présenté vos luttes, et comment vous les avez surmontées. Vous êtes des signes vivants de ce que la miséricorde veut faire en nous.

À présent, nous, nous ne mettrons pas à crier contre quelqu’un, nous ne mettrons pas à nous quereller, nous ne voulons pas détruire. Nous, nous ne voulons pas vaincre la haine par davantage de haine, vaincre la violence par davantage de violence, vaincre la terreur par davantage de terreur. Et notre réponse à ce monde en guerre a un nom : elle s’appelle fraternité, elle s’appelle lien fraternel, elle s’appelle communion, elle s’appelle famille. Nous célébrons le fait de venir de diverses cultures et nous nous unissons pour prier. Que notre meilleure parole, notre meilleur discours soit de nous unir en prière. Faisons un moment de silence et prions ; mettons devant Dieu les témoignages de ces amis, identifions-nous avec ceux pour lesquels ‘‘la famille est un concept inexistant, la maison rien qu’un endroit où dormir et manger’’, ou bien avec ceux qui vivent dans la peur de croire que leurs erreurs et leurs péchés les ont exclus définitivement. Mettons en présence de notre Dieu également vos ‘‘guerres’’, les luttesCapture d’écran 2016-07-30 à 13.57.31 que chacun porte avec soi, dans son cœur.

(SILENCE)

Tandis que nous priions m’est venue à l’esprit l’image des Apôtres le jour de Pentecôte. Une scène qui peut nous aider à comprendre tout ce que Dieu rêve de réaliser dans notre vie, en nous et avec nous. Ce jour, par peur, les disciples étaient enfermés. Ils se sentaient menacés par un entourage qui les persécutait, qui les contraignait à rester dans une petite chambre, les obligeant à demeurer figés et paralysés. La crainte s’était emparée d’eux. Dans ce contexte, il s’est passé quelque chose de spectaculaire, quelque chose de grandiose. L’Esprit Saint est venu et des langues comme de feu se sont posées sur chacun d’eux, les poussant à une aventure dont ils n’auraient jamais rêvé.

Nous avons écouté trois témoignages ; nous avons touché, de nos cœurs, leurs histoires, leurs vies. Nous avons vu comment eux, comme les disciples, ils ont vécu des moments semblables, ont connu des moments où ils ont été en proie à la peur, où il semblait que tout croulait. La peur et l’angoisse qui naissent de la conscience qu’en sortant de la maison on peut ne plus revoir ses proches, la peur de ne pas se sentir apprécié et aimé, la peur de ne pas avoir d’autres opportunités. Ils ont partagé avec nous la même expérience qu’ont faite les disciples, ils ont fait l’expérience de la peur qui mène à un seul endroit : à la fermeture. Et lorsque la peur se terre dans la fermeture, elle est toujours accompagnée de sa ‘‘sœur jumelle’’, la paralysie ; nous sentir paralysés. Sentir qu’en ce monde, dans nos villes, dans nos communautés, il n’y a plus d’espace pour grandir, pour rêver, pour créer, pour regarder des horizons, en définitive pour vivre, est l’un des pires maux qui puissent nous affecter dans la vie. La paralysie nous fait perdre le goût de savourer la rencontre, de l’amitié, le goût de rêver ensemble, de cheminer avec les autres.

Dans la vie, il y a une autre paralysie encore plus dangereuse et souvent difficile à identifier, et qu’il nous coûte beaucoup de reconnaître. J’aime l’appeler la paralysie qui naît lorsqu’on confond le BONHEUR avec un DIVAN ! Oui, croire que pour être heureux, nous avons besoin d’un bon divan. Un divan qui nous aide à nous sentir à l’aise, tranquilles, bien en sécurité. Un divan – comme il y en a maintenant, modernes, avec des massages y compris pour dormir – qui nous garantissent des heures de tranquillité pour nous transférer dans le monde des jeux vidéo et passer des heures devant le computer. Un divan contre toute espèce de douleur et de crainte. Un divan qui nous maintiendra enfermés à la maison sans nous fatiguer ni sans nous préoccuper. Le divan-bonheur est probablement la paralysie silencieuse qui peut nous nuire davantage ; parce que peu à peu, sans nous en rendre compte, nous nous endormons, nous nous retrouvons étourdis et abrutis tandis que d’autres – peut-être plus éveillés, mais pas les meilleurs – décident de l’avenir pour nous. Sûrement, pour beaucoup il est plus facile et avantageux d’avoir des jeunes étourdis et abrutis qui confondent le bonheur avec un divan ; pour beaucoup, cela est plus convenable que d’avoir des jeunes éveillés, désireux de répondre au rêve de Dieu et à toutes les aspirationsdu cœur.

Mais la vérité est autre : chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour ‘‘végéter’’, pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte. Il est très triste de passer dans la vie sans laisser une empreinte. Mais quand nous Capture d’écran 2016-07-30 à 13.57.26choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme, alors le prix que nous payons est très mais très élevé : nous perdons la liberté.

Justement ici, il y a une grande paralysie, lorsque nous commençons à penser que le bonheur est synonyme de confort, qu’être heureux, c’est marcher dans la vie, endormi ou drogué, que l’unique manière d’être heureux est d’être comme un abruti. Il est certain que la drogue fait du mal, mais il y a beaucoup d’autres drogues socialement acceptées qui finissent par nous rendre beaucoup ou de toute manière plus esclaves. Les unes et les autres nous dépouillent de notre plus grand bien : la liberté.

Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, du toujours ‘‘au-delà’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propreCapture d’écran 2016-07-30 à 14.02.15 vie un don fait à lui et aux autres.

Vous pourrez me dire: Père, mais cela n’est pas pour tous, c’est uniquement pour quelques élus ! Oui, et ces élus sont tous ceux qui sont disposés à partager leur vie avec les autres. De la même façon que l’Esprit Saint a transformé le cœur des disciples le jour de Pentecôte, il a fait de même avec nos amis qui ont partagé leurs témoignages. J’emprunte tes mots, Miguel : tu nous disais que le jour où dans la ‘‘Facenda’’ ils t’ont confié la responsabilité d’aider au meilleur fonctionnement de la maison, alors tu as commencé à comprendre que Dieu te demandait quelque chose. C’est ainsi qu’a commencé la transformation.

Voilà le secret, chers amis, que nous sommes appelés à expérimenter. Dieu attend quelque chose de toi, Dieu veut quelque chose de toi, Dieu t’attend. Dieu vient rompre nos fermetures, il vient ouvrir les portes de nos vies, de nos visions, de nos regards. Dieu vient ouvrir tout ce qui t’enferme. Il t’invite à rêver, il veut te faire voir qu’avec toi le monde peut être différent. C’est ainsi : si tu n’y mets pas le meilleur de toi-même, le monde ne sera pas différent.

Le temps qu’aujourd’hui nous vivons n’a pas besoin de jeunes-divan, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons. Il n’accepte que des joueurs titulaires sur le terrain, il n’y a pas de place pour des réservistes. Le monde d’aujourd’hui vous demande d’être des protagonistes de l’histoire, parce que la vie est belle à condition que nous voulions la vivre, à condition que nous voulions y laisser une empreinte. L’histoire aujourd’hui nous demande de défendre notre dignité et de ne pas permettre que ce soient d’autres qui décident notre avenir. Le Seigneur, comme à la Pentecôte, veut réaliser l’un des plus grands miracles dont nous puissions faire Capture d’écran 2016-07-30 à 14.03.39l’expérience : faire en sorte que tes mains, mes mains, nos mains se transforment en signes de réconciliation, de communion, de création. Il veut tes mains pour continuer à construire le monde d’aujourd’hui. Il veut construire avec toi.

Tu me diras : Père, mais moi, j’ai bien des limites, je suis pécheur, que puis-je faire ? Quand le Seigneur nous appelle, il ne pense pas à ce que nous sommes, à ce que nous étions, à ce que nous avons fait ou cessé de faire. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l’amour que nous sommes capables de propager. Lui parie toujours sur l’avenir, sur demain. Jésus te projette à l’horizon. C’est pourquoi, chers amis, aujourd’hui, Jésus t’invite, il t’appelle à laisser ton empreinte dans la vie, une empreinte qui marque l’histoire, qui marque ton histoire et l’histoire de beaucoup.

La vie d’aujourd’hui nous dit qu’il est très facile de fixer l’attention sur ce qui nous divise, sur ce qui nous sépare. On voudrait nous faire croire que nous enfermer est la meilleure manière de nous protéger de ce qui fait mal. Aujourd’hui, nous les adultes, nous avons besoin de vous, pour nous enseigner à cohabiter dans la diversité, dans le dialogue, en partageant la multi culturalité non pas comme une menace mais comme une opportunité : ayez le courage de nous enseigner qu’il est plus facile construire des ponts que d’élever des murs ! Et tous ensemble, demandons que vous exigiez de nous de parcourir les routes de la fraternité. Construire des ponts : savez-vous quel le premier pont à construire ? Un pont que nous pouvons réaliser ici et maintenant : nous serrer les mains, nous donner la main. Allez-y, faites-le maintenant, ici ce pont primordial, et donnez-vous la main. C’est le grand pont fraternel, et puissent les grands de ce monde apprendre à le faire !… toutefois non pour la photographie, mais pour continuer à construire des ponts toujours plus grands. Que ce pont humain soit semence de nombreux autres ; il sera une empreinte.

Aujourd’hui Jésus, qui est le chemin, t’appelle à laisser ton empreinte dans l’histoire. Lui, qui est la vie, t’invite à laisser une empreinte qui remplira de vie ton histoire et celle de tant d’autres. Lui, qui est la vérité, t’invite à abandonner les routes de la séparation, de la division, du non-sens. Es-tu d’accord ? Que répondent tes mains et tes pieds au Seigneur, qui est chemin, vérité et vie ?

Témoignage de Miguel, 34 ans d’Asunción au Paraguay lors de la Veillée de prière avec le pape François

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Je m’appelle Miguel, j’ai 34 ans, je viens de Asunción, au Paraguay. Nous sommes onze frères et sœurs et je suis le seul à avoir des problèmes avec la drogue. J’ai vaincu mon addiction à la « Fazenda de la Esperanza San Rafael » (Maison de l’Espérance San Rafael) à Rio Grande do Sul, au Brésil.

J’ai pris de la drogue pendant 16 ans, à partir de l’âge de 11 ans. J’ai toujours eu de grandes difficultés dans les relations avec ma famille, je ne me sentais ni aimé ni proche d’eux. On se disputait sans arrêt et on vivait constamment stressés. Je ne me souviens pas de m’être assis à table avec eux. Pour moi la famille était un concept inexistant, et la maison était juste un endroit pour dormir et manger.

À l’âge de 11 ans je me suis enfui de la maison car le vide en moi était trop grand. Je continuais les cours, mais je voulais la «liberté». Quelques mois après, je me suis drogué pour la première fois sur le chemin de l’école. Cela ne faisait qu’approfondir le vide qui était en moi, je ne voulais pas rentrer à la maison, faire face à ma famille, faire face à moi-même. Ensuite j’ai abandonné l’école et mes parents m’ont fermé les portes de la maison, car ils avaient perdus tout espoir. À 15 ans, j’ai commis un délit pour lequel je suis allé en prison. En me rendant visite, mon père m’a demandé si je voulais changer et j’ai répondu « Oui ». Sorti de prison, peu de temps après je suis retourné à la criminalité. Un jour, j’ai commis un crime et j’ai été à nouveau mis en prison, cette fois-ci pour six ans, années durant lesquelles j’ai beaucoup souffert. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi aucun de mes frères et sœurs ne m’avaient pas rendu visite. Ainsi, les années ont passé et j’ai purgé ma peine. Mes parents sont restés toujours liés à l’Église.

Après ma sortie de prison, un prêtre, ami de la famille, m’a invité à voir un endroit appelé “Fazenda de la Esperanza” (Maison de l’Espérance). J’étais sans but dans la vie. Toutes ces années perdues étaient fortement visibles dans mes yeux, sur mon visage. J’ai accepté d’y aller, et pour la première fois j’ai senti ce qu’était une vraie famille. Au début, les relations avec les autres et la vie commune étaient très difficiles pour moi. Là-bas, la méthode de guérison se fait au travers de la Parole de Dieu. J’avais un colocataire que je ne pouvais pas alors pardonner. J’avais besoin de paix, et lui, il avait besoin d’amour. Pendant les sept mois que j’ai passés dans cet endroit, il me fut demandé de faire quelque chose pour améliorer la vie dans la maison. C’est ainsi que j’ai compris que Dieu voulait quelque chose de moi. Ce camarade a reçu une lettre de sa femme. Leurs relations n’étaient pas très bonnes. Cela m’a aidé à mieux le comprendre. Je lui ai donné cette lettre et il m’a dit « Frère, peux-tu me pardonner ? » et je lui ai répondu « Oui, bien sûr. Dès ce moment, j’eu une excellente relation avec lui. Dieu nous transforme vraiment, IL nous restaure !

J’ai recouvré complètement ma santé il y a 10 ans, j’étais responsable de la maison «Quo Vadis ? » à la Maison de l’Ésperance à Cerro Chato, pendant trois ans.

Trad. : Joasia Kierska

Témoignage de Rand Mittri, 26 ans d’Alep en Syrie lors de la Veillée de prière avec le pape François

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Je m’appelle Rand Mittri. J’ai 26 ans et je viens d’Alep, en Syrie. Comme vous le savez peut-être, notre ville a été détruite, ruinée et brisée. Le sens de notre vie a été anéanti. Nous sommes la ville oubliée.

Cela peut être difficile pour une grande partie d’entre vous de comprendre l’étendue de ce qui se passe maintenant dans mon pays bien-aimé, en Syrie. Il va m’être très difficile de vous donner une image de la vie pleine de douleur en quelques phrases, mais je vais partager avec vous quelques aspects de notre réalité.

Chaque jour, nous vivons entourés de la mort. Mais comme vous, le matin, nous fermons la porte quand nous allons au travail ou à l’école. C’est à ce moment que nous sommes pris par la peur de ne pas pouvoir rentrer pour retrouver nos maisons et nos familles. Peut-être serons- nous tués ce jour. Peut-être nos familles ne seront plus en vie. C’est un sentiment dur et douloureux de savoir que tu es entouré de la mort et de la tuerie, et qu’il n’y a pas de possibilité de s’enfuir : il n’y a personne pour t’aider.

Est-il possible que ce soit la fin et que nous soyons nés pour mourir en souffrance ? Ou bien sommes-nous nés pour vivre, pour vivre la vie le plus pleinement possible ? Mon expérience de cette guerre a été rude et difficile. Mais tout ça a fait que j’ai mûri et j’ai grandi avant mon âge, que je vois les choses d’une perspective différente.

Je travaille dans le centre Don Bosco à Alep. Notre centre reçoit plus de 700 jeunes hommes et femmes qui s’y rendent en espérant de voir un sourire ou entendre un mot d’encouragement. Ils recherchent aussi quelque chose qui manque dans leurs vies : de vrais soins humanitaires. Mais il est très difficile pour moi de donner de la joie et de la foi aux autres quand moi-même je manque de ces choses dans ma vie.

A travers ma maigre expérience de vie, j’ai appris que ma foi en Jésus Christ l’emporte sur les circonstances de la vie. La vérité n’est pas conditionnée par une vie en paix, exempté de souffrance. De plus en plus je crois que Dieu existe malgré toute notre douleur. Je crois que parfois, à travers notre douleur, Il nous enseigne le vrai sens de l’amour. Ma foi en Jésus Christ est la raison de ma joie et de mon espoir. Personne ne sera jamais capable de me voler cette vraie joie.

Je vous remercie tous et je vous demande sincèrement de prier pour mon pays bien-aimé, la Syrie.

Trad. : Alicja Slowik

Témoignage de Natalia de Pologne lors de la Veillée de prière avec le pape François

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Le 15 avril 2012, un dimanche, je me suis réveillée dans mon appartement de Łódź. C’est la troisième plus grande ville de Pologne. J’étais alors rédactrice en chef de magazines de mode et depuis 20 ans je n’avais rien en commun avec l’Eglise. J’allais de succès en succès au travail, je sortais avec de sympathiques garçons, je vivais de soirée en soirée – et c’était le sens de ma vie. Tout était super.

Mais ce jour d’avril 2012, je me suis réveillée en réalisant avec inquiétude que ce que je faisais de ma vie était loin du Bien. J’ai compris que je devais aller me confesser ce jour-là. Je ne savais pas bien ce qu’il fallait faire, alors j’ai recherché sur Google. Dans un des articles que j’ai trouvé, j’ai lu cette phrase : Le Christ est mort par amour pour nous. J’ai alors compris : le Christ est mort parce qu’il m’aime ; il veut me donner pleinement la vie ; et moi, indifférente, je suis assise dans la cuisine à fumer une cigarette. J’en pris soudain conscience, et fondis en larmes. Je pris une feuille de papier, et je me mis à dresser la liste de mes péchés. Tous étaient évidents, ils me sautaient aux yeux, et je m’aperçus que j’avais violé tous les Dix Commandements. Je sentais le besoin de parler à un prêtre. J’ai trouvé sur internet qu’à quinze heures il y aurait la possibilité de se confesser à la cathédrale.

J’y courus, mais j’avais peur que le prêtre me dise : «Tes pêchés sont trop lourds, je ne peux rien pour toi ». Malgré cela je pris mon courage à deux mains et me rendis au confessionnal. J’ai tout raconté, et j’ai beaucoup pleuré. Le prêtre ne disait rien. Quand j’eus finit, il me dit : « C’est une très belle confession ». Je ne savais pas du tout ce qu’il voulait dire par là, il n’y avait rien de beau dans ce que je lui ai rapporté.

« Tu sais quel jour nous sommes aujourd’hui? – dit-il. Le Dimanche de la Miséricorde. Tu sais quelle heure il est ? Il est quinze heures passées, c’est l’heure de la Miséricorde. Tu sais où tu te trouves ? Dans la cathédrale, là où Sœur Faustine priait quotidiennement, quand elle habitait encore à Łódź. C’est justement à elle que le Seigneur a dit qu’en ce jour Il pardonnerait tous les péchés, quels qu’ils soient. Tes péchés sont pardonnés. Ils ont disparu ; ne retourne pas vers eux, n’y repense même pas. »

C’était des mots forts. Pourtant, en allant me confesser, j’étais persuadée que j’avais perdu la vie éternelle de façon irréversible ; et pourtant, j’ai entendu que Dieu a effacé que ce que j’avait fait de mal dans ma vie pour toujours. Que depuis toujours Il m’attendait, et avait choisi le jour de cette rencontre avec Lui. Je sortis de l’Eglise comme d’un champ de bataille : atrocement fatiguée, mais réjouie, avec le sentiment de victoire et la conviction que Jésus rentre avec moi à la maison.

Durant ces deux dernières années j’ai préparé les JMJ à Łódź, pour que les autres puissent vivre l’expérience que j’ai moi-même vécue. La Miséricorde de Dieu est pleine de vie, et jusqu’aujourd’hui elle perdure. J’en suis le témoin, et je souhaite la même chose à chacun d’entre vous.

Trad. : Théau LIZON

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