Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Le pape François a prononcé son premier discours lors de sa visite apostolique en Mongolie le 2 septembre, à l’occasion d’une rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique du pays. Il a exprimé l’espoir en se référant à un proverbe mongol « que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! »

Voici le texte intégral:

Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Salle “Ikh Mongol” du Palais d’État (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

 

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Grand Khoural d’État,
Monsieur le Premier Ministre,
distingués Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
illustres Autorités civiles et religieuses,
éminents Représentants du monde de la culture,
Mesdames et Messieurs !

Je remercie le Président pour son accueil et pour les mots qu’il m’a adressés, et j’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je suis honoré d’être ici, heureux de m’être rendu dans ce pays fascinant et vaste, auprès de ce peuple qui connaît bien le sens et la valeur du chemin. C’est ce que révèlent ses habitations traditionnelles, les ger, de magnifiques maisons itinérantes. J’imagine entrer pour la première fois, avec respect et émotion, dans l’une de ces tentes circulaires qui parsèment la majestueuse terre mongole, afin de vous rencontrer et mieux vous connaître. Me voici donc à l’entrée, pèlerin de l’amitié, venu à vous sur la pointe des pieds et le cœur joyeux, désireux de m’enrichir humainement en votre présence.

Lorsqu’on entre dans la maison d’amis, il est beau de s’échanger des cadeaux, en les accompagnant de mots qui évoquent les précédentes occasions de rencontre. Et si les relations diplomatiques modernes entre la Mongolie et le Saint-Siège sont récentes – cette année marque le 30ème anniversaire de la signature d’une lettre visant à renforcer les relations bilatérales – bien plus loin dans le passé, il y a exactement 777 ans, entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 1246, Fra Giovanni di Pian del Carpine, émissaire du Pape, rendit visite à Guyug, le troisième empereur mongol, et remit au Grand Khan la lettre officielle du Pape Innocent IV. Peu après, la lettre de réponse, marquée du sceau du Grand Khan en caractères mongols traditionnels, fut rédigée et traduite en plusieurs langues. Elle est conservée à la bibliothèque du Vatican et j’ai aujourd’hui l’honneur de vous en remettre une copie authentique, réalisée avec les techniques les plus avancées pour en garantir la meilleure qualité possible. Puisse-t-elle être le signe d’une amitié ancienne qui grandit et se renouvelle.

J’ai appris que de la porte de la ger, tôt le matin, les enfants de vos campagnes regardent l’horizon lointain pour compter le bétail et en rapporter le nombre à leurs parents. Il est bon pour nous aussi d’embrasser du regard le vaste horizon qui nous entoure, en dépassant l’étroitesse de vues et en nous ouvrant à une mentalité d’ampleur globale, comme nous y invitent les ger, qui, nées de l’expérience du nomadisme des steppes, se sont répandues sur un vaste territoire, devenant un élément d’identification des différentes cultures voisines. Les immenses espaces de vos régions, du désert de Gobi à la steppe, des grandes prairies aux forêts de conifères, jusqu’aux chaînes montagneuses de l’Altaï et du Khangaï, avec les innombrables boucles des cours d’eau qui, vues d’en haut, ressemblent à des décorations raffinées sur d’anciennes étoffes précieuses : tout cela est un miroir de la grandeur et de la beauté de la planète tout entière, appelée à être un jardin accueillant. Votre sagesse, la sagesse de votre peuple, accumulée au fil des générations d’éleveurs et d’agriculteurs prudents, toujours attentifs à ne pas perturber l’équilibre délicat de l’écosystème, a beaucoup à enseigner à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à court terme, mais souhaitent léguer à la postérité une terre encore accueillante, une terre encore fertile. Ce qui, pour nous chrétiens, est la création, c’est-à-dire le fruit du dessein bienveillant de Dieu, vous nous aidez à le reconnaître et à le promouvoir avec délicatesse et attention, en contrecarrant les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, qui se traduit par des politiques d’écologie responsable. Les ger sont des espaces de vie que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de smart et de green, car elles sont adaptables, multifonctionnels et n’ont aucun impact sur l’environnement. En outre, la vision holistique de la tradition chamanique mongole et le respect de chaque être vivant, issus de la philosophie bouddhiste, représentent une contribution précieuse à l’engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre.

Les ger, présentes dans les zones rurales comme dans les centres urbains, témoignent également de la précieuse combinaison entre tradition et modernité ; elles réunissent, en effet, la vie des personnes âgées et des jeunes, racontant la continuité du peuple mongol qui, de l’Antiquité à nos jours, a su préserver ses racines en s’ouvrant, surtout au cours des dernières décennies, aux grands défis mondiaux que sont le développement et la démocratie. La Mongolie d’aujourd’hui, en effet, avec son vaste réseau de relations diplomatiques, son adhésion active aux Nations Unies, son engagement en faveur des droits de l’homme et de la paix, joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et sur la scène internationale. Je voudrais également souligner votre détermination à mettre fin à la prolifération nucléaire et à vous présenter au monde comme un pays exempt d’armes nucléaires : la Mongolie est non seulement une nation démocratique qui met en œuvre une politique étrangère pacifique, mais elle entend également jouer un rôle important pour la paix dans le monde. En outre – autre élément providentiel à mentionner – la peine capitale ne figure plus dans votre système judiciaire.

Grâce à leur adaptabilité aux extrêmes climatiques, les ger permettent de vivre dans des territoires très différents, comme ce fut le cas lors de l’épopée bien connue de l’empire mongol, celui qui a connu la plus vaste continuité territoriale de tous les temps – par ailleurs, j’arrive en Mongolie pour un anniversaire important pour vous, le 860ème de la naissance de Gengis Khan. Au cours des siècles, embrasser des terres lointaines et si diverses a mis en évidence la capacité peu commune de vos ancêtres à reconnaître les excellences des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et à les mettre au service du développement commun. C’est un exemple à valoriser et à proposer de nouveau à notre époque. Plaise au Ciel que sur la terre, ravagée par trop de conflits, les conditions de ce qui fut autrefois la pax mongolica, c’est-à-dire l’absence de conflits, soient reproduites dans le respect des lois internationales encore aujourd’hui. Comme le dit l’un de vos proverbes, « les nuages passent, le ciel reste » : que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! Ici, dans votre pays riche d’histoire et de ciel, implorons ce don d’En-Haut et travaillons ensemble à la construction d’un avenir de paix.

En entrant dans une ger traditionnelle, le regard est attiré vers le point central le plus élevé, où se trouve une fenêtre sur le ciel. Je voudrais insister sur cette attitude fondamentale que votre tradition nous aide à redécouvrir : savoir garder le regard fixé vers le haut. Lever les yeux vers le ciel – l’éternel ciel bleu que vous vénérez toujours – signifie rester dans une attitude d’ouverture docile aux enseignements religieux. Il y a en effet une profonde connotation spirituelle entre les fibres de votre identité culturelle et il est beau que la Mongolie soit un symbole de liberté religieuse. Dans la contemplation des horizons sans fin et peu peuplés d’êtres humains, s’est en effet affinée dans votre peuple une propension au spirituel, à laquelle on accède en valorisant le silence et l’intériorité. Face à l’autorité solennelle de la terre qui vous entoure avec ses innombrables phénomènes naturels, naît aussi un sentiment d’émerveillement, qui suggère humilité et sobriété, choix de l’essentiel et capacité de détachement de tout ce qui ne l’est pas. Je pense au danger que représente l’esprit de consommation qui, aujourd’hui, en plus de créer tant d’injustices, conduit à un individualisme oublieux des autres et des bonnes traditions que nous avons reçues. Les religions, en revanche, lorsqu’elles s’appuient sur leur patrimoine spirituel originel et ne sont pas corrompues par des déviances sectaires, sont en effet des soutiens fiables dans la construction de sociétés saines et prospères, où les croyants se dépensent afin que la coexistence civile et la planification politique soient toujours davantage au service du bien commun, en représentant également une barrière contre le dangereux virus de la corruption. Celui-ci constitue en tout point une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers. La corruption appauvrit des pays entiers. Il est révélateur d’un regard qui se détourne du ciel et fuit les vastes horizons de la fraternité, en se refermant sur lui-même et en faisant passer ses propres intérêts avant tout le reste.

Au contraire, beaucoup de vos premiers leaders furent des protagonistes d’un regard tourné vers le haut et d’une vision plus ample, faisant preuve d’une capacité peu commune à intégrer des voix et des expériences différentes, y compris du point de vue religieux. En effet, une attitude respectueuse et conciliante était également réservée aux nombreuses traditions sacrées, comme en témoignent les différents lieux de culte – dont un chrétien – préservés dans l’ancienne capitale Kharakhorum. C’est donc presque naturellement que vous êtes parvenus à la liberté de pensée et de religion, entérinée par votre Constitution actuelle ; après avoir surmonté, sans effusion de sang, l’idéologie athée qui croyait devoir éradiquer le sens religieux, le considérant comme un frein au développement, vous vous reconnaissez aujourd’hui dans cette valeur essentielle d’harmonie et de synergie entre croyants de différentes confessions, qui – chacun de son point de vue – contribuent au progrès moral et spirituel.

En ce sens, la communauté catholique mongole est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution. Elle a commencé, il y a un peu plus de trente ans, à célébrer sa foi précisément à l’intérieur d’une ger et même la cathédrale actuelle, qui se trouve dans cette grande ville, en rappelle la forme. Ce sont des signes du désir de partager son œuvre, dans un esprit de service responsable et fraternel avec le peuple mongol, qui est son peuple. Je me réjouis donc que la communauté catholique, aussi petite et discrète soit-elle, participe avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, la culture du respect de tous et la culture du dialogue interreligieux, et en œuvrant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale. Je souhaite que, grâce à une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets, les catholiques locaux, aidés par des hommes et des femmes consacrés nécessairement provenant principalement d’autres pays, puissent toujours offrir sans difficulté leur contribution humaine et spirituelle à la Mongolie, au bénéfice de ce peuple. À cet égard, la négociation en cours pour la conclusion d’un accord bilatéral entre la Mongolie et le Saint-Siège représente un canal important pour atteindre ces conditions essentielles au déroulement des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée. Parmi celles-ci, outre la dimension plus proprement religieuse du culte, se distinguent les nombreuses initiatives de développement humain intégral, déclinées également dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance, de la recherche et de la promotion culturelle : elles témoignent bien de l’esprit humble, l’esprit fraternel et solidaire de l’Évangile de Jésus, unique voie que les catholiques sont appelés à suivre sur le chemin qu’ils partagent avec tous les peuples.

La devise choisie pour ce Voyage, « Espérer ensemble« , exprime précisément le potentiel inhérent à la marche avec l’autre, dans le respect mutuel et la synergie en vue du bien commun. L’Église catholique, institution ancienne et répandue dans presque tous les pays, témoigne d’une tradition spirituelle, d’une tradition noble et féconde qui a contribué au développement de nations entières dans de nombreux domaines de la vie humaine, de la science à la littérature, de l’art à la politique. Je suis certain que les catholiques mongols sont aussi et seront prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel.

« Sois comme le ciel ». Par ces mots, un célèbre poète invitait à transcender le caractère éphémère des vicissitudes terrestres, en imitant la magnanimité inspirée précisément par l’immense et limpide ciel bleu qui se contemple en Mongolie. Nous aussi, aujourd’hui, pèlerins et invités dans ce pays qui peut tant offrir au monde, nous désirons répondre à cette invitation, en la traduisant en signes concrets de compassion, de dialogue et de projet commun. Puissent les différentes composantes de la société mongole, bien représentées ici, continuer à offrir au monde la beauté et la noblesse d’un peuple unique. Tout comme votre écriture, puissiez-vous ainsi rester « debout » et soulager tant de souffrances humaines autour de vous, en rappelant à tous la dignité de chaque être humain, appelé à habiter la maison terrestre en étreignant le ciel. Bayarlalaa ! [merci !].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Message de Sa Sainteté le pape François pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création

Jeunes randonneurs traversant un pont en bois. iStock photo.

Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création
Message de Sa Sainteté
Vendredi 1er septembre 2023

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs!

“Que la justice et la paix jaillissent” est cette année le thème du Temps œcuménique de de la Création, inspiré des paroles du prophète Amos : « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » (5, 24).

Cette image expressive d’Amos nous dit ce que Dieu désire. Dieu veut que règne la justice, essentielle à notre vie d’enfants à l’image de Dieu, comme l’est l’eau à notre survie physique. Cette justice doit émerger là où elle est nécessaire, et non pas se cacher en profondeur ou disparaître comme l’eau qui s’évapore, avant qu’elle n’ait pu nous soutenir. Dieu veut que chacun cherche à être juste en toute situation, qu’il s’efforce toujours de vivre selon ses lois et de permette ainsi à la vie de s’épanouir pleinement. Lorsque nous cherchons d’abord le royaume de Dieu (cf. Mt 6, 33), en maintenant une juste relation avec Dieu, l’humanité et la nature, alors la justice et la paix peuvent jaillir, comme un courant inépuisable d’eau pure, nourrissant l’humanité et toutes les créatures.

Par une belle journée d’été de juillet 2022, j’ai médité sur ces questions lors de mon pèlerinage sur les rives du lac Sainte-Anne, dans la province d’Alberta, au Canada. Ce lac a été et est toujours un lieu de pèlerinage pour de nombreuses générations d’autochtones. Comme je l’ai dit à cette occasion, accompagné par le son des tambours : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! Ici aussi, immergé dans la création, se fait entendre un autre battement, le battement maternel de la terre. Et comme le battement des bébés, depuis le sein maternel, est en harmonie avec celui des mères, ainsi pour grandir en tant qu’êtres humains, nous avons besoin d’ajuster les rythmes de la vie avec ceux de la création qui donne la vie ». [1]

En ce Temps de la Création, attardons-nous sur ces battements de cœur : les nôtres, ceux de nos mères et de nos grands-mères, les battements de cœur de la création et du cœur de Dieu. Aujourd’hui, ils ne sont pas en harmonie, ils ne battent pas ensemble dans la justice et la paix. Trop de gens sont empêchés de s’abreuver à ce fleuve puissant. Écoutons donc l’appel à être aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, et à mettre fin à cette guerre insensée à la création.

Nous voyons les effets de cette guerre en beaucoup de fleuves qui s’assèchent. « Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », a déclaré Benoît XVI. [2] Le consumérisme rapace, alimentée par des cœurs égoïstes, bouleverse le cycle d’eau de la planète. L’utilisation effrénée des combustibles fossiles et l’abattage des forêts entraînent une hausse des températures et de graves sécheresses. Des pénuries d’eau effrayantes touchent de plus en plus nos habitations, des petites communautés rurales aux grandes métropoles. En outre, les industries prédatrices épuisent et polluent nos sources d’eau potable par des pratiques extrêmes telles que la fracturation hydraulique pour l’extraction du pétrole et du gaz, les projets de méga-extraction incontrôlée et l’élevage intensif d’animaux. « Sœur eau », comme l’appelle saint François, est pillée et transformée en « marchandise sujette aux lois du marché » (Enc. Laudato si’, n. 30).

Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) affirme qu’une action urgente pour le climat nous permettrait de ne pas manquer l’occasion de créer un monde plus durable et plus juste. Nous pouvons, nous devons, empêcher les pires conséquences de se produire. « Il y a tant de choses que l’on peut faire ! » (ibid., n. 180), si, comme autant de ruisseaux et de torrents, nous finissons par nous réunir en un puissant fleuve pour irriguer la vie de notre merveilleuse planète et de notre famille humaine pour les générations à venir. Joignons nos mains et accomplissons des pas courageux pour que la justice et la paix coulent sur toute la Terre.

Comment pouvons-nous contribuer au puissant fleuve de la justice et de la paix en ce Temps de la Création ? Que pouvons-nous faire, en particulier en tant qu’Églises chrétiennes, pour restaurer notre maison commune afin qu’elle grouille à nouveau de vie ? Nous devons décider de transformer nos cœurs, nos modes de vie et les politiques publiques qui régissent nos sociétés.

Tout d’abord, contribuons à ce puissant fleuve en transformant nos cœurs. C’est essentiel pour que toute autre transformation puisse commencer. C’est la “conversion écologique” que saint Jean-Paul II nous a exhortés à entreprendre : le renouvellement de notre relation avec la création, de sorte que nous ne la considérions plus comme un objet à exploiter, mais que nous la chérissions comme un don sacré du Créateur. Rendons-nous compte donc qu’une approche d’ensemble exige que nous pratiquions le respect écologique selon quatre directions : envers Dieu, envers nos semblables d’aujourd’hui et de demain, envers l’ensemble de la nature et envers nous-mêmes.

En ce qui concerne la première de ces dimensions, Benoît XVI a identifié un besoin urgent de comprendre que la Création et la Rédemption sont inséparables : « Le Rédempteur est le Créateur et si nous n’annonçons pas Dieu dans cette grandeur totale qui est la sienne – de Créateur et de Rédempteur – nous dévalorisons également la Rédemption ». [3] La création fait référence au mystérieux et magnifique acte de Dieu qui consiste à créer cette majestueuse et belle planète et cet univers à partir de rien, ainsi qu’au résultat de cet acte, toujours en cours, que nous expérimentons comme un don inépuisable. Au cours de la liturgie et de la prière personnelle dans la « grande cathédrale de la création », [4] nous nous souvenons du Grand Artiste qui crée tant de beauté et nous réfléchissons au mystère du choix amoureux de créer le cosmos.

Deuxièmement, nous contribuons à l’écoulement de ce puissant fleuve en transformant nos modes de vie. Partant de l’admiration reconnaissante du Créateur et de la création, repentons-nous de nos “péchés écologiques”, comme le dit mon frère, le Patriarche Œcuménique Bartholomée. Ces péchés blessent le monde naturel, et aussi nos frères et sœurs. Avec l’aide de la grâce de Dieu, adoptons des modes de vie avec moins de gaspillage et moins de consommation inutile, en particulier là où les processus de production ne sont pas durables et toxiques. Cherchons à être attentifs le plus possible à nos habitudes et à nos choix économiques, afin que tous s’en portent mieux : nos semblables, où qu’ils soient, et aussi les enfants de nos enfants. Collaborons à la création continue de Dieu par des choix positifs : en faisant un usage le plus modéré possible des ressources, en pratiquant une sobriété joyeuse, en éliminant et en recyclant les déchets, et en utilisant les produits et services, de plus en plus disponibles, qui sont écologiquement et socialement responsables.

Enfin, pour que le fleuve puissant continue de couler, nous devons transformer les politiques publiques qui régissent nos sociétés et qui façonnent la vie des jeunes d’aujourd’hui et de demain. Des politiques économiques qui favorisent l’enrichissement scandaleux de quelques-uns et la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre signifient la fin de la paix et de la justice. Il est évident que les Nations les plus riches ont accumulé une “dette écologique” ( Laudato si’, n. 51). [5] Les dirigeants mondiaux participant au sommet COP28, prévu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre de cette année, doivent écouter la science et entamer une transition rapide et équitable pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles. Selon les engagements de l’Accord de Paris visant à réduire le risque de réchauffement global, il est absurde de permettre la poursuite de l’exploration et de l’expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles. Élevons la voix pour mettre fin à cette injustice faite aux pauvres et à nos enfants, qui subiront les pires impacts du changement climatique. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles agissent en fonction de ces orientations concernant la société et la nature.

Une autre perspective parallèle est spécifique à l’engagement de l’Église catholique pour la synodalité. Cette année, la clôture du Temps de la Création, le 4 octobre, fête de saint François, coïncidera avec l’ouverture du Synode sur la Synodalité. Comme les fleuves alimentés par mille petits ruisseaux et de plus grands torrents, le processus synodal qui a commencé en octobre 2021 invite toutes les composantes, au niveau personnel et communautaire, à converger en un fleuve majestueux de réflexion et de renouveau. L’ensemble du peuple de Dieu est engagé dans un passionnant chemin de dialogue et de conversion synodale.

De même, comme un bassin fluvial avec ses nombreux affluents, grands et petits, l’Église est une communion d’innombrables Églises locales, de communautés religieuses et d’associations qui se nourrissent de la même eau. Chaque source apporte sa contribution unique et irremplaçable, jusqu’à ce que toutes confluent dans le vaste océan de l’amour miséricordieux de Dieu. De même qu’un fleuve est une source de vie pour l’environnement qui l’entoure, de même notre Église synodale doit être une source de vie pour la maison commune et tous ceux qui y vivent. Et de même qu’un fleuve donne vie à toutes sortes d’espèces animales et végétales, de même une Église synodale doit donner vie en semant justice et paix dans tous les lieux qu’elle atteint.

En juillet 2022 au Canada, j’ai évoqué la mer de Galilée où Jésus a guéri et consolé beaucoup de personnes, et où il a proclamé “une révolution de l’amour”. J’ai appris que le Lac Sainte-Anne est aussi un lieu de guérison, de consolation et d’amour, un lieu qui nous rappelle que « la fraternité est véritable si elle unit ceux qui sont éloignés, que le message d’unité que le Ciel envoie sur la terre ne craint pas les différences et nous invite à la communion, à la communion des différences, pour repartir ensemble, parce que tous – tous ! – nous sommes des pèlerins en marche » . [6]

En ce Temps de la Création, en tant que disciples du Christ dans notre marche synodale commune, vivons, travaillons et prions pour que notre maison commune regorge à nouveau de vie. Que l’Esprit Saint continue de planer sur les eaux et qu’il nous guide pour « renouveler la face de la terre » (c. Ps 104, 30).

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 2023.


[1]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

[2] Homélie de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005.

[3] Rencontre avec le clergé du diocèse de Bressanone, 6 août 2008.

[4]  Message pour la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, 21 juillet 2022.

[5] « Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays » ( Laudato si’, n. 51).

[6]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 30 août 2023

Statue de sainte Kateri Tekakwitha à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec. Wikimedia Commons.

Le pape François reprend sa catéchèse sur le zèle évangélique en évoquant Sainte Kateri Tekakwitha, la première sainte autochtone d’Amérique du Nord. Il a souligné que « la vie de Kateri nous montre que chaque défi peut être surmonté si nous ouvrons nos cœurs à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Maintenant, en poursuivant notre catéchèse sur le thème du zèle apostolique et la passion pour l’annonce de l’Évangile, nous regardons aujourd’hui Sainte Kateri Tékakwitha, première femme autochtone d’Amérique du Nord qui a été canonisée. Née vers l’an 1656 dans un village du nord de l’État de New York, elle était la fille d’un chef Mohawk non baptisé et d’une mère chrétienne Algonquienne, qui lui a appris à prier et à chanter des hymnes à Dieu. Beaucoup d’entre nous ont également été introduits au Seigneur pour la première fois au sein de la famille, en particulier par nos mères et nos grands-mères. C’est ainsi que commence l’évangélisation et, en effet, ne l’oublions pas, la foi est toujours transmise en dialecte par les mères, par les grands-mères. La foi doit être transmise en dialecte et nous l’avons reçue dans ce dialecte de nos mères et de nos grands-mères. L’évangélisation commence ainsi, souvent : par de petits gestes simples, comme des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et leur racontent son amour grand et miséricordieux. Et les fondements de la foi pour Kateri, et autant pour nous aussi ont été posés de cette manière. Elle l’avait reçue de sa mère en dialecte, le dialecte de la foi.

Lorsque Kateri avait quatre ans, une grave épidémie de variole frappa son peuple. Ses parents et son jeune frère moururent et Kateri elle-même en garda des cicatrices sur le visage et des problèmes de vue. Dès lors, Kateri a dû faire face à de nombreuses difficultés : certes, des difficultés physiques dues aux effets de la variole, mais aussi des incompréhensions, des persécutions et même des menaces de mort qu’elle a subies après son baptême le dimanche de Pâques 1676. Tout cela a donné à Kateri un grand amour pour la croix, signe ultime de l’amour du Christ, qui s’est donné jusqu’au bout pour nous. Le témoignage de l’Évangile ne se limite pas en fait à ce qui plaît ; nous devons aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance. La patience, face aux difficultés, aux croix : la patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n’a pas de patience n’est pas un bon chrétien. La patience de tolérer : tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres, qui sont parfois ennuyeux ou qui vous mettent en difficulté … La vie de Kateri Tekakwitha nous montre que tout défi peut être surmonté si nous ouvrons le cœur à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin : patience et cœur ouvert à Jésus, c’est une recette pour bien vivre.

Après avoir été baptisée, Kateri a dû se réfugier parmi les Mohawks dans la mission des jésuites près de la ville de Montréal. Là, elle assistait à la Messe tous les matins, passait du temps en adoration devant le Très Saint Sacrement, priait le Chapelet et menait une vie de pénitence. Ses pratiques spirituelles impressionnaient tous les membres de la mission, qui reconnurent en Kateri une sainteté qui attirait parce qu’elle provenait de son amour profond pour Dieu. Cela est le propre de la sainteté, d’attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec ce désir d’être proche de nous et elle a ressenti cette grâce de l’attraction divine. En même temps, elle enseignait aux enfants de la Mission à prier et, par l’accomplissement constant de ses responsabilités, y compris le soin des malades et des personnes âgées, elle offrait un exemple de service humble et plein d’amour à Dieu et au prochain. La foi s’exprime toujours dans le service. La foi ne consiste pas à se maquiller, à maquiller son âme : non, elle consiste à servir.

Bien qu’elle ait été encouragée à se marier, Kateri désirait au contraire consacrer entièrement sa vie au Christ. Ne pouvant entrer dans la vie consacrée, elle émit le vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Son choix révèle un autre aspect du zèle apostolique qu’elle avait : le don total au Seigneur. Certes, tous ne sont pas appelés à faire le même vœu que Kateri ; cependant, chaque chrétien est appelé chaque jour à s’engager avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission que Dieu lui a confiées, en le servant Lui et en servant son prochain dans un esprit de charité.

Chers frères et sœurs, la vie de Kateri est un témoignage supplémentaire du fait que le zèle apostolique implique à la fois une union avec Jésus, nourrie par la prière et par les Sacrements, et le désir de répandre la beauté du message chrétien à travers la fidélité à sa vocation particulière. Les dernières paroles de Kateri sont très belles. Avant de mourir elle a dit : « Jésus, je t’aime ».

Nous aussi, en puisant notre force dans le Seigneur, comme l’a fait sainte Kateri Tekakwitha, apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et ainsi à grandir chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ.

Ne l’oublions pas : chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté quotidienne, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous reçoit cet appel : poursuivons ce chemin. Le Seigneur ne nous abandonnera pas.

_____________________________

APPEL

Après demain, 1er septembre, on célèbre la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, inaugurant le « Temps de la Création » qui durera jusqu’au 4 octobre, fête de Saint François d’Assise. À cette date, j’ai l’intention de publier une exhortation, une seconde Laudato sì. Unissons-nous à nos frères et sœurs chrétiens dans l’engagement de prendre soin de la création comme un don sacré du Créateur. Nous devons nous tenir aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique et nous efforcer de mettre fin à la guerre insensée contre notre Maison commune. Je vous invite tous à travailler et à prier pour qu’elle regorge à nouveau de vie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 23 août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit la  découverte de la passion pour l’annonce de l’Évangile en portant le regard sur la Guadalupe où la Vierge est apparue, habillée de vêtements des autochtones. À travers Marie, Dieu continue à s’incarner dans la vie des peuples. lle annonce Dieu dans la langue maternelle de ces personnes. 

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Sur notre chemin à la redécouverte de notre passion pour l’annonce de l’Evangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour annoncer l’Evangile s’est développée dans l’histoire de l’Eglise, sur ce chemin, nous nous tournons aujourd’hui  vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante: Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents!  Bien sûr, l’Evangile y était déjà parvenu avant ces apparitions, mais il avait malheureusement été aussi accompagné d’intérêts mondains. Au lieu du chemin de l’inculturation, on a trop souvent emprunté le raccourci de la transplantation et de l’imposition de modèles pré-constitués — européens, par exemple —, sans respect pour les peuples autochtones. La Vierge de Guadalupe, en revanche, apparaît vêtue des habits des autochtones, parle leur langue, accueille et aime la culture locale: Marie est Mère et sous son manteau chaque enfant trouve sa place. En Elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, il continue à s’incarner dans la vie des peuples. La Vierge, en effet, annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle. Oui, l’Evangile est transmis dans la langue maternelle. Et à nous aussi la Vierge parle dans une langue maternelle, celle que nous connaissons bien. Oui, l’Evangile se transmet dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et aux nombreuses grands-mères qui le transmettent à leurs enfants et petits-enfants: la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grands-mères sont les premières annonciatrices. Un applaudissement aux mères et aux grands-mères! Et l’Evangile se communique, comme le montre Marie, dans la simplicité: la Vierge choisit toujours des personnes simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima: en leur parlant, elle parle à chacun, dans un langage adapté à tous, dans un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous donc sur le témoignage de saint Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’au-tochtone qui a reçu la révélation de Marie: le messager de la Vierge de Guadalupe. C’était une personne humble, un Indien du peuple: Sur lui, s’est posé le regard de Dieu, qui aime accomplir  des miracles à travers les petits. Juan Diego était venu à la foi déjà adulte et marié. En décembre 1531, il avait environ 55 ans. En chemin, il aperçoit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Vierge l’appelle-t-elle? «Mon petit fils bien-aimé Juanito» (Nican Mopohua, 23). Elle l’envoie ensuite auprès de l’évêque pour lui demander de construire un temple à l’endroit où elle était apparue. Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il doit attendre longtemps. Il parle enfin à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous évêques… Il rencontre à nouveau la Vierge, qui le console et lui demande d’essayer à nouveau. L’indien retourne auprès de l’évêque et, non sans grande difficulté, le rencontre, mais ce dernier, après l’avoir écouté, le renvoie et envoie des hommes le suivre. Voilà la difficulté, l’épreuve de l’annonce: malgré le zèle, arrivent les imprévus,  parfois de l’Eglise elle-même. Pour annoncer, en effet, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut pouvoir supporter le mal. N’oublions pas cela: c’est très important pour annoncer l’Evangile, il ne suffit pas de témoigner le bien, mais il faut savoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux choses vont ensemble, la vie est ainsi.  Aujourd’hui aussi, dans de nombreux endroits, l’inculturation de l’Evangile et l’évangélisation des cultures exigent persévérance et patience, il ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés, parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas  pratiquer leur religion  bien et dans la paix. Juan Diego, découragé, parce que l’évêque le ren-voyait, demande à la Vierge de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine capitulation dans l’annonce: une chose ne va pas et on fait marche arrière, en se décourageant et en se réfugiant peut-être dans ses propres certitudes, dans les petits groupes et dans quelques dévotions intimistes. La Vierge, au contraire, tout en nous consolant, nous fait avancer et ainsi, nous fait grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les pas de son fils, le lance dans les défis du monde.

Juan Diego, ainsi encouragé, retourne auprès de l’évêque qui lui demande un signe. La Vierge le lui promet et le réconforte par ces mots: «Que ton visage et ton cœur ne se troublent pas: […] Ne suis-je pas ici, ta mère?» (ibid., 118-119). C’est beau cela, très souvent, comme nous sommes  en proie au découragement, à la tristesse, aux difficultés,  la Vierge nous le dit à nous aussi, dans le cœur: «Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère?». Toujours proche pour nous réconforter, et nous donner la force d’aller de l’avant.  Elle lui demande ensuite d’aller cueillir des fleurs au sommet de  la colline aride. C’est l’hiver, mais Juan Diego en trouve de très belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve. Il s’y rend, attend patiemment son tour et finalement, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma  — qui est ce qu’utilisaient les autochtones pour se couvrir — il ouvre sa tilma  en montrant les fleurs et voici:  sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, la Vierge extraordinaire et vivante que nous connaissons tous, dans les yeux de laquelle les protagonistes de l’époque se reflètent encore. Voici la surprise de Dieu: quand il y a disponibilité et quand il y a  obéissance, Il peut accomplir quelque chose d’inattendu, en des temps et des manières que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi que le  sanctuaire demandé par la Vierge a été construit et qu’aujourd’hui, on peut le visiter.

Juan Diego quitte tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Il accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui a lieu dans les sanctuaires mariaux, destinations de pèlerinage et  lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi — parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère — et éprouve la nostalgie de sa maison, c’est-à-dire  la nostalgie du lieu où se trouve la Mère, le Ciel. Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de façon authentique, de façon populaire, et  la Vierge, comme elle l’a dit à Juan Diego, écoute nos pleurs et guérit nos peines (cf. ibid., 32). Apprenons cela: quand il y a des difficultés dans la vie, allons voir la Mère; et quand la vie est heureuse, allons voir la Mère pour partager cela également. Nous avons besoin de nous rendre dans ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle, où nous déposons les difficultés de la vie dans les bras de la Vierge et où nous retournons à la vie avec la paix dans le cœur, peut-être avec la paix des enfants.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – Mercredi 9 Août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa catéchèse sur le voyage apostolique au Portugal à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont eu lieu du 1er au 6 août 2023.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces derniers jours, je suis allé au Portugal pour les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse.

Ces JMJ de Lisbonne, qui ont eu lieu après la pandémie, ont été ressenties par tous comme un don de Dieu qui a remis en mouvement les cœurs et les pas des jeunes, tant de jeunes de toutes les parties du monde – beaucoup – pour aller se rencontrer et rencontrer Jésus.

La pandémie, nous le savons bien, a gravement affecté les comportements sociaux : le confinement a souvent dégénéré en renfermement, et les jeunes ont été particulièrement touchés. Avec ces Journées Mondiales de la Jeunesse, Dieu a donné un coup de pouce dans la direction opposée : elles ont marqué un nouveau départ du grand pèlerinage des jeunes à travers les continents, au nom de Jésus-Christ. Et ce n’est pas un hasard si c’est arrivé à Lisbonne, une ville qui donne sur l’océan, une ville-symbole des grandes explorations maritimes.

C’est ainsi qu’aux Journées Mondiales de la Jeunesse, l’Évangile a proposé aux jeunes le modèle de la Vierge Marie. Au moment le plus critique pour elle, [Marie] va rendre visite à sa cousine Elisabeth. L’Evangile dit : « elle se leva et partit en hâte  » (Lc 1,39). J’aime beaucoup invoquer la Vierge sous cet aspect : la Vierge  » en hâte « , qui fait toujours les choses en hâte, jamais, elle ne nous fait attendre, parce qu’elle est la mère de tous. – Ainsi Marie aujourd’hui au troisième millénaire, guide le pèlerinage des jeunes à la suite de Jésus. Comme elle l’avait déjà fait il y a un siècle au Portugal, à Fatima, lorsqu’elle s’est adressée à trois enfants, leur confiant un message de foi et d’espérance pour l’Église et le monde. C’est pourquoi, dans les JMJ, je suis retourné à Fatima, sur le lieu de l’apparition, et avec quelques jeunes malades, j’ai prié Dieu pour qu’il guérisse le monde des maladies de l’âme : l’orgueil, le mensonge, l’inimitié, la violence – ce sont des maladies de l’âme et le monde est malade de ces maladies. Et nous avons renouvelé la consécration de nous-mêmes, de l’Europe, du monde au cœur de Marie, au Cœur Immaculé de Marie. J’ai prié pour la paix, parce qu’il y a beaucoup de guerres dans toutes les parties du monde, beaucoup.

Les jeunes du monde entier sont venus à Lisbonne en grand nombre et avec un grand enthousiasme. Je les ai également rencontrés en petits groupes, certains avec beaucoup de problèmes ; le groupe de jeunes Ukrainiens racontait des histoires qui étaient douloureuses. Ce n’était pas des vacances, ni un voyage touristique, ni même un événement spirituel en soi ; les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une rencontre avec le Christ vivant à travers l’Église. Les jeunes vont à la rencontre du Christ. C’est vrai, là où il y a des jeunes, il y a de la joie et il y a un peu de tout cela.

Ma visite au Portugal, à l’occasion des JMJ, a bénéficié de l’ambiance festive de cette vague de jeunes. Je remercie Dieu pour cela, en pensant surtout à l’Église de Lisbonne qui, en retour du grand effort déployé pour l’organisation et l’accueil, recevra des énergies nouvelles pour continuer le nouveau chemin, pour jeter à nouveau les filets avec une passion apostolique. Les jeunes au Portugal sont déjà aujourd’hui une présence vitale, et maintenant, après cette « transfusion » reçue des Églises du monde entier, ils le seront encore plus. Et beaucoup de jeunes, sur le chemin du retour, sont passés par Rome, nous les apercevons aussi ici, il y en a qui ont participé à ces Journées. Les voici ! Là où il y a des jeunes, il y a du bruit, ils savent bien le faire !

Alors qu’en Ukraine et dans d’autres endroits du monde, on se combat, et que dans certaines salles cachées, on planifie la guerre – C’est malheureux cela, on planifie la guerre-, les JMJ ont montré à tous qu’un autre monde est possible : un monde de frères et sœurs, où les drapeaux de tous les peuples flottent ensemble, l’une à côté de l’autre, sans haine, sans peur, sans fermetures, sans armes ! Le message des jeunes a été clair : les « grands de la terre » l’entendront-ils ? Je me demande, entendront-ils cet enthousiasme juvénile en faveur de la paix ? C’est une parabole pour notre temps, et aujourd’hui encore, Jésus dit : « Que celui qui a des oreilles entende ! Que celui qui a des yeux regarde ! » Espérons que le monde entier entende ces Journées de la Jeunesse et regarde cette beauté des jeunes qui vont de l’avant.

Une fois de plus, j’exprime ma gratitude au Portugal, à Lisbonne, au Président de la République, qui a assisté à toutes les célébrations, et aux autres Autorités civiles ; au Patriarche de Lisbonne – qui a été brave-, au Président de la Conférence Épiscopale et à l’Évêque coordinateur des Journées Mondiales de la Jeunesse, à tous les collaborateurs et à tous les volontaires. Pensez aux volontaires – je suis allé les retrouver le dernier jour avant de rentrer – ils étaient 25 000 : ces Journées comptaient 25 000 volontaires ! Merci à tous ! Par l’intercession de la Vierge Marie, que le Seigneur bénisse les jeunes du monde entier et qu’il bénisse le peuple portugais. Prions ensemble la Madone, tous ensemble, pour qu’Elle bénisse le peuple portugais.

[Récitation de l’Ave Maria].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les bénévoles au « Passeio marítimo de Algés » : Discours du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Lors du sixième et dernier jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François s’adresse aux bénévoles au « Passeio marítimo de Algés ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les bénévoles
Passeio marítimo de Algés, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

Chers amis, bonjour ! Et merci !

Merci au Patriarche de Lisbonne pour ses paroles, à Mgr Aguiar et à vous tous pour avoir travaillé si dur et si bien : vous avez rendu possibles ces journées inoubliables ! Vous avez peiné pendant des mois, de manière cachée, sans bruit et loin des projecteurs, pour que nous puissions tous nous trouver ici à chanter ensemble : « Jésus vit et ne nous laisse pas seuls : nous ne cesserons plus d’aimer ». En plus, vous avez été un exemple parce que vous avez fait équipe en travaillant ensemble ! Mais votre travail a été plus qu’un travail, il a été un service, merci !

C’est le même service qu’a rendu la Vierge Marie, qui « se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39) pour aller rendre service à sa cousine Élisabeth, sentant l’urgence de partager la joie dans le service. Partager la joie et le service, la joie dans le service. Pensons à Zachée, qui monta sur un arbre pour voir Jésus et descendit en hâte. Quelque chose l’avait touché, il voulait rencontrer Jésus et l’accueillir dans sa maison (cf. Lc 19, 6) ; pensons aux femmes et aux disciples, qui, à Pâques, courent de la tombe au cénacle pour annoncer que le Christ est ressuscité (cf. Jn 20, 1-18). Celui qui aime ne reste pas les bras croisés, celui qui aime sert, celui qui aime court pour servir, il court pour se mettre au service des autres.

Et vous avez couru, vous avez beaucoup couru, au cours de ces mois !Je n’ai pu voir que le dernier moment, en ces jours-ci, vous observer tandis que vous répondiez à mille besoins, parfois avec le visage marqué par la fatigue, d’autres fois un peu submergés par les urgences du moment, mais toujours j’ai remarqué une chose : que vous aviez les yeux lumineux, lumineux de la joie du service, merci !

Vous avez rendu possible cette rencontre mondiale de la jeunesse, vous avez fait de grandes choses dans les plus petits gestes, comme la bouteille d’eau offerte à un inconnu, et cela crée l’amitié. Vous avez beaucoup couru, mais pas de la course frénétique et sans but qui est parfois celle de notre monde, non, vous avez couru d’une autre manière : vous avez mené une course qui conduit à la rencontre des autres pour les servir au nom de Jésus. Vous êtes venus à Lisbonne pour servir et non pour être servis, merci, merci beaucoup !

Et maintenant je voudrais être votre amplificateur, pour que ce que les témoignages nous ont dit fasse écho. Les témoignages de Chiara, Francisco et Filipe : tous les trois nous ont parlé d’une rencontre spéciale avec Jésus. Ils nous ont rappelé que la plus belle rencontre, le moteur de toutes les autres, celle qui fait marcher vraiment, qui fait avancer la vie, est avec Jésus. C’est la rencontre la plus importante de notre vie. Renouveler chaque jour la rencontre personnelle avec Jésus est le cœur de la vie chrétienne.

Et il faut la renouveler chaque jour pour la garder fraîche, non seulement dans la tête mais aussi dans le cœur. Nous avons fait l’expérience qu’un petit « oui » à Jésus peut changer la vie. Mais également les « oui » dits aux autres font du bien, lorsqu’ils sont destinés au service. Vous, au moment de la fatigue, vous avez pris courage et vous êtes allés de l’avant en disant « oui » pour servir les autres. Je vous en remercie.

Et toi, Francisco, tu as dit que tu as trouvé ici quelque chose dont tu avais besoin et que tu ne cherchais même pas. En marchant, en travaillant et en priant avec les autres, tu as compris que tu ne pouvais pas te laisser emprisonner par le désordre, par les « lits défaits » du passé, ni vivre le cœur tourmenté par des sentiments d’inachèvement, mais qu’avec l’aide de Jésus et des frères, l’occasion t’a été offerte de mettre en ordre « la pièce de la vie ». Cela est bien : ces Journées sont utiles, elles aident beaucoup à mettre de l’ordre dans sa vie. Mais pourquoi ? Grâce à ces Journées ? Non, grâce à Jésus, qui est ici parmi nous et qui se montre à nous. Pour mettre de l’ordre dans notre vie, nous n’avons pas besoin de choses, nous n’avons pas besoin de distractions, nous n’avons pas besoin d’argent. Il faut dilater le cœur. Et si vous élargissez votre cœur, vous mettrez de l’ordre dans votre vie. N’ayez pas peur : dilatez votre cœur !

Et enfin, toi, Filipe, parmi les nombreuses belles choses que tu as partagées, tu en as dit une que je veux souligner : tu as dit que tu as vécu ici une double rencontre, une rencontre avec Jésus et une rencontre avec les autres. La rencontre avec Jésus et la rencontre avec les autres. C’est très important : la rencontre avec Jésus est un moment personnel, unique, que l’on peut décrire et raconter seulement jusqu’à un certain point, mais elle arrive toujours grâce à un chemin fait avec les autres, fait grâce à l’intercession des autres. Rencontrer Jésus et le rencontrer dans le service aux autres.

Mes amis, à la fin j’aimerais vous laisser une image. Comme beaucoup d’entre vous le savent, au nord de Lisbonne, il y a une localité, Nazaré, où l’on peut admirer des vagues atteignant jusqu’à trente mètres de haut et qui sont une attraction mondiale, surtout pour les surfeurs qui les montent. Ces jours-ci, vous aussi, vous avez fait face à une véritable vague : non pas d’eau, mais de jeunes, de jeunes comme vous, qui se sont déversés dans cette ville. Mais, avec l’aide de Dieu, avec beaucoup de générosité et en vous soutenant mutuellement, vous avez surfé sur cette grande vague. Vous avez surfé sur cette grande vague : vous êtes vraiment courageux ! Merci, obrigado ! Je veux vous dire : continuez ainsi, continuez à surfer sur les vagues de l’amour, les vagues de la charité, soyez des surfeurs de l’amour ! Et tel est le devoir que je vous confie en ce moment : que le service que vous avez rendu en ces Journées Mondiales de la Jeunesse soit la première des nombreuses vagues de bien ; chaque fois vous serez portés plus haut, plus proches de Dieu, et cela vous permettra de voir votre route dans une meilleure perspective.

Merci encore, à tous. Bonne route ! Et, n’oubliez pas, continuez à prier pour moi ! Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Homélie du pape François lors de la messe de clôture au « Parque Tejo » | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Sixième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne et la Fête de la Transfiguration, le pape François a présenté l’homélie lors de la messe de clôture des JMJ au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Messe de clôture pour les Journées Mondiales de la Jeunesse
Parque Tejo, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » (Mt 17, 4). Ces paroles, que l’apôtre Pierre a adressées à Jésus sur la montagne de la Transfiguration, nous voulons aussi les faire nôtres après ces journées intenses. Tout ce que nous sommes en train de vivre avec Jésus est beau, ce que nous avons fait ensemble. Et la manière dont nous avons prié est belle, avec une grande joie dans le cœur. Nous pouvons alors nous demander : qu’est-ce que nous remporterons avec nous en retournant à vie quotidienne?

Je voudrais répondre à cette question par trois verbes, en suivant l’Évangile que nous avons entendu. Qu’est-ce que nous remporterons ? : briller, écouter, ne pas craindre. Qu’est-ce que nous remporterons avec nous ? Je réponds par ces trois mots : briller, écouter, ne pas craindre.

Le premier : Briller. Jésus est transfiguré. L’Évangile dit : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 2). Il venait d’annoncer sa passion et sa mort sur la croix, brisant ainsi l’image d’un Messie puissant et mondain, décevant les attentes des disciples. Maintenant, pour les aider à accepter le projet d’amour de Dieu sur chacun de nous, Jésus prend trois d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, Il les conduit sur la montagne et est transfiguré. Ce « bain de lumière » les prépare à la nuit de la passion.

Mes amis, chers jeunes, nous avons aujourd’hui encore besoin d’un peu de lumières, d’un éclair de lumière qui soit espérance pour affronter tant d’obscurités qui nous assaillent dans la vie, tant de défaites quotidiennes, pour y faire face avec la lumière de la résurrection de Jésus. Il est la lumière qui ne se couche jamais, Il est la lumière qui brille même dans la nuit. « Notre Dieu a fait briller nos yeux », dit le prêter Esdras (Esd 9, 8). Notre Dieu illumine. Il illumine notre regard, Il illumine notre cœur, Il illumine notre esprit, Il illumine notre désir de faire quelque chose dans la vie. Toujours avec la lumière du Seigneur.

Mais je voudrais vous dire que nous ne devenons pas lumineux lorsque nous sommes sous les projecteurs, non, c’est une erreur. Nous ne devenons pas lumineux lorsque nous affichons une image parfaite, bien ordonnée, bien finie, non. Et non plus lorsque nous nous sentons forts et victorieux. Forts et victorieux mais pas lumineux. Nous brillons quand, en accueillant Jésus, nous apprenons à aimer comme Lui. Aimer comme Jésus : cela nous rend lumineux, cela nous conduit à accomplir des œuvres d’amour. Ne te trompe pas, mon ami, tu deviendras lumière le jour où tu feras des œuvres d’amour. Mais lorsque, au lieu de faire des œuvres d’amour envers les autres, tu te regardes toi-même, comme un égoïste, là, la lumière s’éteint.

Le deuxième verbe est écouter. Sur la montagne, une nuée lumineuse recouvre les disciples. Et le Père parle de cette nuée elle. Et que dit-il ? « Écoutez-le », « Celui-ci est mon Fils bien aimé » (Mt 17, 5). Tout est là : tout ce qu’il y a à faire dans la vie réside dans ce mot : écoutez-le. Écouter Jésus. Tout le secret est là. Écoute ce que Jésus te dit. « Je ne sais pas ce qu’il me dit ». Prends l’Évangile et lis ce que Jésus dit, ce qu’il dit à ton cœur. Car Il a pour nous des paroles de vie éternelle, Il nous révèle que Dieu est Père, qu’Il est amour. Il nous montre le chemin de l’amour. Écoute Jésus. Car, même si c’est avec de la bonne volonté, nous nous engageons sur des chemins qui semblent être des chemins d’amour mais qui, en fin de compte, sont des égoïsmes déguisés en amour. Faites attention aux égoïsme déguisés en amour ! Écoute-le, car Il te dira quel est le chemin de l’amour. Écoute-le.

Briller est le premier mot, soyez lumineux ; écouter, pour ne pas s’égarer ; et enfin, le troisième mot : ne pas avoir peur. N’ayez pas peur. Un mot qui revient si souvent dans la Bible, dans les Évangiles : « N’ayez pas peur ». Ce sont les dernières paroles que Jésus adresse aux disciples au moment de la Transfiguration : « N’ayez pas peur » (Mt 17, 7).

À vous, jeunes, qui avez vécu cette joie, – j’allais dire cette gloire et, de fait, notre rencontre est une sorte de gloire – à vous qui nourrissez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés; à vous qui pensez parfois ne pas y arriver – un peu de pessimisme nous assaille parfois – ; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes tentés de vous décourager, de vous juger peut-être inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant d’un sourire ; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde – et c’est bien de vouloir changer le monde – et qui voulez lutter pour la justice et la paix ; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l’Église et le monde ont besoin comme la terre a besoin de pluie ; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui, précisément à vous, jeunes, Jésus dit aujourd’hui : « N’ayez pas peur ».

Dans un bref moment de silence, que chacun répète à lui-même dans son cœur ces paroles : « N’ayez pas peur ».

Chers jeunes, je voudrais regarder chacun de vous dans les yeux et vous dire : sois sans crainte, n’aie pas peur ! Mais je vous dis en plus une chose très belle : ce n’est plus moi, c’est Jésus lui-même qui vous regarde maintenant. Il vous regarde, Lui qui vous connaît. Il connaît le cœur de chacun d’entre vous, il connaît la vie de chacun d’entre vous, il connaît les joies, il connaît les peines, les succès et les échecs, il connaît votre cœur. Et aujourd’hui, il vous dit, ici, à Lisbonne, en ces Journées Mondiales de la Jeunesse : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur, courage, n’ayez pas peur ! ».

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Veillée avec les jeunes au « Parque Tejo » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Samedi, le 5 août 2023
Lors du cinqième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé son allocution lors du veillée au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Veillée avec les jeunes
Parque Tejo, Lisbonne
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Vous voir me donne beaucoup de joie ! Merci d’avoir voyagé, d’avoir marché et merci d’être là ! Je pense aussi que la Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth: « Elle se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39). On peut se demander : pourquoi Marie se lève-t-elle et se rend-elle en hâte chez sa cousine? Certes, elle vient d’apprendre que la cousine est enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc y aller si personne ne le lui a demandé? Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va parce qu’elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie » (L’Imitation de Jésus-Christ, III, 5). Voilà ce que fait l’amour.

La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l’annonce de l’ange qu’elle va accueillir le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, c’est intéressant : au lieu de penser à elle-même, elle pense à l’autre. Pourquoi ? Parce que la joie est missionnaire, la joie n’est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose. Je vous demande : vous, qui êtes ici, qui êtes venus pour vous rencontrer, pour trouver le message du Christ, pour trouver un beau sens à votre vie, allez-vous garder cela pour vous ou allez-vous le porter aux autres ? Qu’en pensez-vous ? Je n’entends pas… C’est pour le porter aux autres, parce que la joie est missionnaire ! Répétons-le tous ensemble : la joie est missionnaire ! C’est pourquoi je porte cette joie aux autres.

Mais cette joie que nous avons, d’autres nous ont préparés à la recevoir. Regardons maintenant en arrière, tout ce que nous avons reçu : tout cela a préparé notre cœur à la joie. Tous, si nous regardons en arrière, nous avons des personnes qui ont été un rayon de lumière dans notre vie : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes, animateurs, professeurs… Ils sont comme les racines de notre joie. Faisons maintenant un moment de silence et que chacun pense à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la vie, qui sont comme les racines de notre joie.

[Moment de silence]

Vous avez trouvé ? Vous avez trouvé des visages, des histoires? La joie qui est venue à travers ces racines, et celle que nous, nous devons donner parce que nous avons des racines de joie. Et, de la même manière, nous pouvons être des racines de joie pour les autres. Il ne s’agit pas d’apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s’agit d’apporter une joie qui crée des racines. Et je me demande : comment pouvons-nous devenir des racines de joie?

La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d’étudier ! – mais elle se trouve ailleurs. Elle n’est pas gardée sous clé. La joie, il faut la rechercher, il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues. Et cela, parfois, fatigue. Je vous pose une question : vous arrive-t-il d’être fatigués ? Pensez à ce qui se passe quand on est fatigué : on n’a plus envie de rien, comme on dit en espagnol, on jette l’éponge parce qu’on n’a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s’arrête de marcher et on tombe. Croyez-vous qu’une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire? Se lever ! Et il y a quelque chose de très beau que je voudrais vous laisser aujourd’hui en souvenir. Les chasseurs alpins, qui aiment escalader les montagnes, ont une très belle chanson qui dit : « Dans l’art de l’escalade – sur la montagne – ce qui compte, ce n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester tombé ». C’est très beau !

Celui qui reste tombé est déjà « parti à la retraite », il s’est fermé, il s’est fermé à l’espérance, il s’est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu’un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avez-vous remarqué que lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’elle fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut, c’est pour l’aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C’est triste. La seule façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est… dites-le vous…, fort : pour l’aider à se relever.

Cela c’est un peu la marche, la constance dans la marche. Et dans la vie, pour réaliser des choses, il faut s’entraîner à marcher. Parfois on n’a pas envie de marcher, on n’a pas envie de se donner de la peine, on triche aux examens parce qu’on n’a pas envie d’étudier et on n’obtient pas le résultat. Je ne sais pas si certains d’entre vous aiment le football… Moi, j’aime. Derrière un but, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Derrière un résultat, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Et, dans la vie, on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut, mais ce qui nous conduit à accomplir la vocation que nous avons en nous – chacun a sa propre vocation. Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu’un m’aide à me relever ; ne pas rester à terre ; et m’entraîner, m’entraîner à marcher. Et tout cela est possible, non pas parce que nous suivons un cours sur la manière de marcher – il n’y a pas de cours qui nous apprenne à marcher dans la vie – : cela s’apprend. Cela s’apprend des parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c’est un entraînement à la marche.

Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un objectif ; s’entraînez chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie. Une seule chose est gratuite : l’amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons – l’amour de Jésus – et avec la volonté de marcher, marchons dans l’espérance, regardons nos racines et avançons, sans peur. N’ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima : Allocution du Saint-Père

Samedi, le 5 août 2023
Le quatrième jour de sa visite apostolique au Portugal, le Pape François a récité le Saint Rosaire avec des jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, et a prononcé une allocution.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes
Chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame, Fatima
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Merci, Monseigneur Ornelas, pour vos paroles et merci à vous tous pour votre présence et votre prière. Nous avons récité le Rosaire, une prière très belle et vitale, vitale parce qu’elle nous met en contact avec la vie de Jésus et de Marie. Et nous avons médité les mystères joyeux qui nous rappellent que l’Église ne peut être que la maison de la joie. La petite chapelle dans laquelle nous nous trouvons est une belle image de l’Église : accueillante, sans portes. L’Église n’a pas de portes, pour que tout le monde puisse entrer. Et ici nous pouvons aussi insister sur le fait que tout le monde peut entrer, parce que c’est la maison de la Mère, et une mère a toujours le cœur ouvert à tous ses enfants, tous, tous, tous, tous, sans aucune exclusion.

Nous sommes ici, sous le regard maternel de Marie, nous somme ici comme Église, Église mère.

Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, parce que la première à avoir fait un pèlerinage après l’annonce de Jésus a été Marie. Dès qu’elle a appris que sa cousine était enceinte – elle était très âgée, la cousine – elle est partie à la hâte. C’est une traduction un peu libre, l’Évangile dit « elle est partie en hâte », nous dirions qu’elle est « partie en vitesse » avec cette envie d’aider, d’être présente.

Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, il y en a un que l’on pourrait dire : la Vierge « qui part en vitesse », chaque fois qu’il y a un problème ; chaque fois que nous l’invoquons, elle n’hésite pas, elle vient, elle est attentionnée. Vierge attentionnée, ça vous plait comme ça ? Disons-le tous ensemble : la Vierge attentionnée ! Elle se dépêche pour être près de nous, elle se dépêche parce qu’elle est Mère. En portugais on dit « apressada », me dit Mgr Ornelas. Vierge « apressada ». C’est ainsi qu’elle accompagne la vie de Jésus. Elle ne se cache pas après la résurrection, elle accompagne les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint. Elle accompagne l’Église qui commence à grandir après la Pentecôte. Vierge attentionnée et Vierge qui accompagne. Elle accompagne toujours. Elle n’est jamais protagoniste. Le geste d’accueil de Marie Mère est double : d’abord elle accueille et ensuite elle montre Jésus. Dans sa vie, Marie ne fait rien d’autre que montrer Jésus. « Faites tout ce qu’il vous dira ». Suivez Jésus.

Ce sont les deux gestes de Marie, pensons-y : elle nous accueille tous et nous montre Jésus. Et elle le fait avec attention, « apressada ». La Vierge attentionnée qui nous accueille tous et nous montre Jésus. Et chaque fois que nous venons ici, souvenons-nous de cela. Marie s’est rendue présente ici de manière spéciale, afin que l’incrédulité de beaucoup de cœurs s’ouvre à Jésus. Par sa présence, elle nous montre Jésus, toujours elle nous montre Jésus. Et aujourd’hui, elle est ici parmi nous, elle est toujours parmi nous, mais aujourd’hui, nous la sentons beaucoup plus proche. Marie attentionnée.

Mes amis, Jésus nous aime au point de s’identifier à nous et Il nous demande de collaborer avec Lui. Et Marie nous montre ce que Jésus nous demande : marcher dans la vie en collaborant avec Lui. Je voudrais aujourd’hui que nous regardions l’image de Marie et que chacun se dise : que me dit Marie en tant que Mère ? que me montre-t-elle ? Elle nous montre Jésus. Parfois elle nous montre aussi une petite chose qui ne fonctionne pas bien dans notre cœur, mais elle nous montre toujours. « Mère, que me montres-tu? » Prenons un petit moment de silence et que chacun, dans son cœur, dise : « Mère, qu’est-ce que tu me montres ? Qu’y a-t-il dans ma vie qui te préoccupe? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’affecte? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’intéresse? Montre-le ». Et c’est là qu’elle montre notre cœur à Jésus pour qu’Il vienne. Et de même qu’elle nous montre Jésus, elle montre à Jésus le cœur de chacun.

Chers frères, nous ressentons aujourd’hui la présence de Marie Mère, la Mère qui dit toujours : « Faites ce que Jésus vous dit » ; elle nous montre Jésus. Mais aussi la Mère qui dit à Jésus : « Fais ce qu’il te demande ». C’est Marie. C’est notre Mère, la Vierge attentionnée qui est proche de nous. Qu’elle nous bénisse tous ! Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Chemin de Croix avec les jeunes au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Vendredi, le 4 août 2023
Le quatrième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé une allocution lors du chemin de Croix au « Parque Eduardo VII ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Chemin de Croix avec les jeunes
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Aujourd’hui, vous allez marcher avec Jésus. Jésus est le Chemin et nous marcherons avec Lui, parce que Lui a marché. Lorsqu’Il était parmi nous, Jésus a marché, Il a marché en guérissant les malades, en prenant soin des pauvres, en rendant la justice… Il a marché en prêchant, en enseignant. Jésus marche, mais le chemin le plus gravé dans nos cœurs est le chemin du Calvaire, le chemin de la Croix. Et aujourd’hui, vous, nous, moi aussi, nous renouvellerons par la prière le chemin de la Croix. Nous regarderons Jésus passer et nous marcherons avec Lui.

Le chemin de Jésus, c’est Dieu qui sort de lui-même, Il sort de Lui-même pour marcher parmi nous. Ce que nous entendons si souvent à la messe : « Et le Verbe s’est fait chair et a marché parmi nous ». Vous vous souvenez ? Le Verbe s’est fait homme et a marché parmi nous. Et cela, Il le fait par amour. Il le fait par amour. Et la croix qui accompagne toutes les Journées Mondiales de la Jeunesse est l’icône, la figure de cette marche. La Croix est le signe le plus grand du plus grand amour, l’amour avec lequel Jésus veut étreindre notre vie. La nôtre ? Oui, la tienne, la tienne, la tienne, celle de chacun de nous. Jésus marche pour moi. Nous devons tous le dire. Jésus entreprend ce chemin pour moi, pour donner sa vie pour moi. Et personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, celui qui donne sa vie pour les autres. N’oubliez pas ceci : personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie, c’est ce que Jésus a enseigné. C’est pourquoi, lorsque nous regardons la Croix, qui est si douloureuse, si dure, nous voyons la beauté de l’amour qui donne sa vie pour chacun de nous.

Une personne très croyante a dit une phrase qui m’a beaucoup frappé. Elle a dit : « Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour. Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour ».

Et Jésus marche, mais Il attend quelque chose, Il attend notre compagnie, Il attend que nous regardions… je ne sais pas, Il attend d’ouvrir les fenêtres de mon âme, de ton âme, de l’âme de chacun de nous. Qu’elles sont laides les âmes fermées, qui sèment à l’intérieur et sourient à l’intérieur ! Elles n’ont pas de sens. Jésus marche et attend avec son amour, attend avec sa tendresse, pour nous consoler, pour sécher nos larmes.

Maintenant je vous pose une question, mais ne répondez pas à haute voix : chacun répond en lui-même. Est-ce que je pleure parfois ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font pleurer ? Nous avons tous pleuré dans la vie, et nous pleurons encore. Et Jésus est là avec nous, Il pleure avec nous, parce qu’Il nous accompagne dans l’obscurité qui provoque nos pleurs.

Maintenant je ferai un peu silence, et que chacun dise à Jésus ce qui le fait pleurer dans la vie ; chacun de nous le lui dit à présent, en silence.

[moment de silence].

Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus veut combler de sa proximité notre solitude. Que les moments de solitude sont tristes ! Et Lui il est là, Il veut combler cette solitude. Jésus veut combler nos peurs, tes peurs, mes peurs. Ces sombres peurs, Il veut les remplir de sa consolation ; et Il attend de nous pousser à prendre le risque d’aimer. Parce que, vous le savez, vous le savez mieux que moi: aimer est risqué. Il faut prendre le risque d’aimer. C’est un risque, mais il vaut la peine d’être pris, et Il nous accompagne en cela. Toujours Il nous accompagne. Toujours Il marche. Toujours, durant la vie, Il est avec nous.

Je ne veux pas dire beaucoup plus de choses. Aujourd’hui, nous ferons le chemin avec Lui, le chemin de sa souffrance, le chemin de nos soucis, le chemin de nos solitudes.

Maintenant, un moment de silence, et que chacun pense à sa souffrance, à son souci, à ses misères. N’ayez pas peur, pensez-y, et pensez aussi au désir de l’âme de retrouver le sourire.

[moment de silence].

Et Jésus marche jusqu’à la Croix, Il meurt sur la Croix, pour que notre âme puisse sourire. Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Secured By miniOrange