La visite apostolique du Saint-Père au Canada : Rétrospective un an après

Ottawa, le 26 juillet 2023 – Aujourd’hui, en la solennité liturgique des saints Anne et Joachim, nous nous souvenons qu’il y a un an, en juillet 2022, Sa Sainteté le pape François est venu parmi nous au Canada (son 37e voyage apostolique) pour entreprendre ce qu’il a appelé un « pèlerinage pénitentiel ». Cette visite pastorale très importante pour le Saint-Père, effectuée en communion avec la Conférence des évêques catholiques du Canada, a marqué une étape importante en vue de « marcher ensemble » dans les relations de l’Église avec les peuples autochtones, tant au Canada qu’à l’étranger. Après avoir parcouru plus de 8 000 km pour arriver au Canada, le pape François a parcouru 5 700 km à l’intérieur du pays, s’arrêtant à Edmonton, à Québec et à Iqaluit, où il a participé à sept événements au total.

Lors du discours de Sa Sainteté à Maskwacis, le pape François a déclaré : « Je suis ici parce que la première étape de ce pèlerinage pénitentiel au milieu de vous est celle de renouveler la demande de pardon et de vous dire, de tout mon cœur, que je suis profondément affligé : je demande pardon pour la manière dont, malheureusement, de nombreux chrétiens ont soutenu la mentalité colonisatrice des puissances qui ont opprimé les peuples autochtones. Je suis affligé. Je demande pardon, en particulier, pour la manière dont de nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré, même à travers l’indifférence, à ces projets de destruction culturelle et d’assimilation forcée des gouvernements de l’époque, qui ont abouti au système des écoles résidentielles. »

En se rappelant de la visite apostolique, Mgr Raymond Poisson, président de la CECC, souligne son importance : « Au cours de ces journées passées avec le pape François au Canada, nous avons reconnu en lui la miséricorde du Seigneur qu’il nous a offerte. Nous avons constaté que la présence du Saint-Père lui avait demandé un grand effort personnel et physique, mais nous comprenions aussi toute l’importance de ses rencontres avec les peuples autochtones, qui représentent toujours l’expression vivante d’un effort mutuel – du Saint-Père et de l’Église au Canada – pour « marcher ensemble » et ouvrir de nouveaux horizons d’espérance au sein de nos communautés. »

Depuis la visite du Saint-Père, la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié quatre lettres pastorales sur la réconciliation avec les peuples autochtones : aux Premières Nations, aux Inuits, aux Métis et au Peuple de Dieu. Conçues comme un point de référence pour l’engagement local auprès des peuples autochtones, ces lettres sont le fruit de plusieurs mois de rencontres avec les peuples autochtones au niveau diocésain ou régional, notamment dans le cadre des Cercles d’écoute organisés à travers le Canada, ainsi que de la Délégation autochtone au Vatican en avril 2022 et de la visite apostolique du pape François au Canada en juillet de la même année.

De plus, la CECC a mis sur pied le Fonds de réconciliation avec les Autochtones (FRA) afin de recevoir les dons de 73 diocèses et éparchies catholiques à travers le pays, conformément à son engagement de 30 millions de dollars sur cinq ans. Jusqu’à présent, le Fonds a recueilli plus d’un tiers de la promesse initiale (11 264 838 $) et est en bonne voie d’atteindre son objectif. À ce jour, plus de 50 projets ont reçu des subventions du FRA pour faire avancer les initiatives de guérison et de réconciliation. Le Fonds vise à soutenir des projets au niveau local, déterminés en collaboration avec des partenaires des Premières Nations, des Métis et des Inuits.

En mars dernier, le Dicastère pour la culture et l’éducation et le Dicastère pour le service du développement humain intégral ont publié une note conjointe sur le concept de « doctrine de la découverte ». Cette note conjointe, que la CECC a accueillie favorablement dans sa propre déclaration, rejette tout concept qui ne reconnaît pas les droits inhérents des peuples autochtones et exprime son soutien aux principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment en ce qui a trait à l’amélioration des conditions de vie des peuples autochtones, à la protection de leurs droits et au soutien de leur autodéveloppement dans le respect de leur identité, de leur langue, de leur histoire et de leur culture. Un projet de symposium sur le sujet est présentement à l’étude.

En juin 2023, le Conseil permanent de la CECC a publié un guide pour aider les diocèses à élaborer leurs propres politiques diocésaines en ce qui a trait aux documents qu’ils pourraient détenir relativement aux Autochtones. Tel que promis lors de l’Assemblée plénière de 2022, ce guide tente, avec transparence et simplicité, d’aborder les processus parfois lourds d’identification et de demandes de documents.

Tournée vers l’avenir, tout en restant ancrée dans les riches discours pastoraux prononcés par le pape François lors de sa visite historique au Canada, une vidéo intitulée Visite papale au Canada, un an après, a été produite par l’archidiocèse d’Edmonton avec des réflexions du Cardinal Gérald Cyprien Lacroix, de Mgr Anthony Wieslaw Krotki, de Mgr Richard Smith et du chef Victor Buffalo de Maskwacis. La vidéo décrit la visite du pape François comme une étape historique sur le chemin de la guérison et de la réconciliation, tout en précisant que le travail et l’engagement se poursuivront. Elle montre que la visite du Saint-Père a également permis de rêver non seulement à l’idée, mais à la réalisation de la réconciliation.

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Contact média:

Maribel Mayorga 

Directrice des Communications
Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC)
communications@cecc.ca

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Homélie du pape François lors de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées

 

Le dimanche 23 juillet 2023, 16e dimanche du temps ordinaire, le pape François a prononcé l’homélie de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées en la basilique Saint-Pierre.

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées
16e dimanche du temps ordinaire
Dimanche, 23 juillet 2023

Pour nous parler du royaume de Dieu, Jésus utilise des paraboles. Il raconte des histoires simples qui touchent le cœur de celui qui écoute. Ce langage rempli d’images ressemble à celui que les grands-parents utilisent souvent avec leurs petits-enfants, peut-être en les prenant sur leurs genoux : ils transmettent de cette manière une sagesse importante pour la vie. En pensant aux grands-parents et aux personnes âgées, racines dont les plus jeunes ont besoin pour devenir adultes, je voudrais relire les trois récits de l’Évangile d’aujourd’hui en partant d’un aspect qu’ils ont en commun : grandir ensemble.

Dans la première parabole, ce sont le bon grain et l’ivraie qui poussent ensemble, dans le même champ (cf. Mt 13, 24-30). C’est une image qui nous aide à faire une lecture réaliste : Dans l’histoire de l’humanité, comme dans la vie de chacun, coexistent ombres et lumières, amour et égoïsme. Le bien et le mal s’entremêlent au point d’apparaître inséparables. Cette approche réaliste nous aide à regarder l’histoire sans idéologies, sans optimismes stériles ni pessimismes néfastes. Le chrétien habité par l’espérance de Dieu n’est pas un pessimiste, mais il n’est pas non plus un naïf qui vit dans un monde de fables, qui fait semblant de ne pas voir le mal et qui dit que « tout va bien ». Non, le chrétien est réaliste : il sait qu’il y a du bon grain et de l’ivraie dans le monde, et il regarde en lui-même, reconnaissant que le mal ne vient pas seulement « de l’extérieur », que ce n’est pas toujours la faute des autres, qu’il n’y a pas besoin de « s’inventer » des ennemis à combattre pour éviter de faire la lumière en soi-même. Il se rend compte que le mal vient de l’intérieur, de la lutte intérieure que nous menons tous.

Mais la parabole nous pose une question : lorsque nous voyons le bon grain et l’ivraie coexister dans le monde, que devons-nous faire ? Comment devons-nous nous comporter ? Dans le récit, les serviteurs voudraient arracher l’ivraie immédiatement (cf. v. 28). Cette attitude est bien intentionnée, mais impulsive voire agressive. On s’illusionne sur le fait que l’on pourrait arracher le mal par ses propres forces pour faire la pureté. C’est une tentation qui revient souvent : une « société pure », une « Église pure » mais, pour atteindre cette pureté, l’on risque d’être impatient, intransigeant, voire violent à l’égard de ceux qui sont tombés dans l’erreur. Alors, avec l’ivraie, on arracherait aussi le bon grain et on empêcherait les gens de se frayer un chemin, de grandir, de changer. Écoutons plutôt ce que dit Jésus : « Laissez pousser ensemble le bon grain et l’ivraie jusqu’au moment de la moisson » (cf. Mt 13, 30). Qu’il est beau ce regard de Dieu, cette pédagogie miséricordieuse qui nous invite à être patient avec les autres, à accueillir – dans la famille, dans l’Église et dans la société – les fragilités, les retards et les limites : non pas pour s’y habituer avec résignation ni pour les justifier, mais pour apprendre à intervenir avec respect, en continuant à prendre soin du bon grain avec douceur et patience. En se rappelant toujours une chose : la purification du cœur et la victoire définitive sur le mal sont essentiellement l’œuvre de Dieu. Et nous, surmontant la tentation de séparer le bon grain de l’ivraie, nous sommes appelés à comprendre quels sont les manières et les moments les meilleurs pour agir.

Je pense aux personnes âgées et aux grands-parents, qui ont déjà parcouru un long chemin dans la vie et qui, s’ils regardent en arrière, voient beaucoup de belles choses qu’ils ont réussies à accomplir, mais aussi des défaites, des erreurs, des choses pour lesquelles – comme on dit –  « si c’était à refaire, je ne le referais pas ». Mais aujourd’hui, le Seigneur nous rejoint de sa douce parole qui nous invite à accueillir le mystère de la vie avec sérénité et patience, à Lui laisser le jugement, à ne pas vivre de regrets et de remords. Comme s’Il voulait nous dire : « Regardez le bon grain qui a germé sur le chemin de votre vie et faites-le grandir encore, en me confiant tout, à moi qui pardonne toujours : à la fin, le bien sera plus fort que le mal ». La vieillesse est un temps béni aussi pour cette raison: elle est la saison pour se réconcilier, pour regarder avec tendresse la lumière qui a progressé malgré les ombres, dans l’espérance confiante que le bon grain semé par Dieu l’emportera sur les mauvaises herbes avec lesquelles le démon a voulu infester notre cœur.

Voyons maintenant la deuxième parabole. Le Royaume des cieux, dit Jésus, est l’œuvre de Dieu qui agit silencieusement dans les trames de l’histoire, au point de paraître une chose petite et invisible, comme une minuscule graine de moutarde. Mais « quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches » (Mt 13, 32). Il en est ainsi également de notre vie, frères et sœurs : nous venons au monde petits, nous devenons adultes, puis âgés ; nous sommes au début une petite graine, puis nous nous nourrissons d’espérances, nous réalisons des projets et des rêves dont le plus beau est de devenir comme cet arbre qui ne vit pas pour lui-même mais pour faire de l’ombre à ceux qui le désirent et pour offrir un lieu à ceux qui veulent y construire leur nid. C’est ainsi que, dans cette parabole, le vieil arbre et les oiseaux grandissent ensemble.

Je pense aux grands-parents : qu’ils sont beaux ces arbres luxuriants sous lesquels les enfants et les petits-enfants font leur propre « nid », apprennent l’ambiance d’un foyer et connaissent la tendresse d’une étreinte. Il s’agit de grandir ensemble : l’arbre verdoyant et les petits qui ont besoin du nid, les grands-parents avec leurs enfants et leurs petits-enfants, les personnes âgées avec les plus jeunes. Frères et sœurs, nous avons besoin d’une nouvelle alliance entre les jeunes et les anciens, pour que la sève de ceux qui ont une longue expérience de la vie derrière eux irrigue les pousses d’espérance de ceux qui grandissent. Dans cet échange fécond, nous apprenons la beauté de la vie, nous créons une société fraternelle et, dans l’Église, nous permettons la rencontre et le dialogue entre la tradition et la nouveauté de l’Esprit.

Enfin, la troisième parabole, où le levain et la farine croissent ensemble (cf. Mt 13, 33). Ce mélange fait croître toute la pâte. Jésus utilise précisément le verbe « mélanger », qui rappelle cet art qui est « la mystique de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras », et de « sortir de soi-même pour s’unir aux autres » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 87). Cela permet de vaincre les individualismes et les égoïsmes, et aide à générer un monde plus humain et plus fraternel. Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous invite à veiller à ce que, dans nos vies et dans nos familles, nous ne marginalisions pas les personnes âgées. Veillons à ce que nos villes surpeuplées ne deviennent pas des  « concentrations de solitude » ; que la politique, appelée à pourvoir aux besoins des plus fragiles, n’oublie pas les personnes âgées, laissant le marché les reléguer au rang de « déchets improductifs ». Qu’à force de poursuivre à toute vitesse les mythes de l’efficacité et de la performance, nous ne devenions pas incapables de ralentir pour accompagner ceux qui peinent à suivre. De grâce, mélangeons-nous, grandissons ensemble.

Frères et sœurs, la Parole divine nous invite à ne pas nous séparer, à ne pas nous renfermer, à ne pas penser que nous pouvons y arriver seuls, mais à grandir ensemble. Écoutons-nous les uns les autres, dialoguons, soutenons-nous réciproquement. N’oublions pas les grands-parents et les personnes âgées : par une caresse de leur part, nous avons été relevés à maintes reprises, nous avons repris la route, nous nous sommes sentis aimés, nous avons été guéris intérieurement. Ils se sont sacrifiés pour nous et nous ne pouvons pas les retirer de l’agenda de nos priorités. Grandissons ensemble, avançons ensemble : que le Seigneur bénisse notre voyage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

5 000 jeunes Canadiens et Canadiennes se joignent au pape François au Portugal

 

Les Journées mondiales de la jeunesse du 2 au 6 août devraient attirer plus d’un million de pèlerins

 

Plus de 5 000 jeunes Canadiens et Canadiennes se rendent à Lisbonne, au Portugal, pour être avec le pape François, du 2 au 6 août 2023. Le Saint-Père se joindra à plus d’un million de jeunes pour la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ), un rassemblement international de jeunes organisé par l’Église catholique. La première Journée mondiale de la jeunesse s’est tenue en 1986 et l’événement a été accueilli par le Canada en 2002, le pape saint Jean-Paul II ayant fait le pèlerinage à Toronto. 

« C’est une occasion pour les jeunes de célébrer leur foi, de rencontrer d’autres jeunes du monde entier et d’avoir une rencontre spéciale avec le pape François », a déclaré Isabel Correa, coordinatrice nationale de la délégation canadienne pour les Journées mondiales de la jeunesse 2023. « Au fil du temps, nous avons entendu et vu l’expérience puissante que la Journée mondiale de la jeunesse a été dans la vie de tant de jeunes Canadiens et Canadiennes et nous nous attendons à ce que le pèlerinage de cette année ne soit pas différent. C’est un moment de transformation et d’inspiration dont ils se souviendront pendant des années. » 

Michelle Pacheco, déléguée canadienne de 26 ans originaire de Toronto, travaille actuellement comme missionnaire au sein du bureau de la jeunesse de l’archidiocèse de Toronto et affirme avoir consacré tout son temps de préparation à la prière. « Par-dessus tout, j’ai demandé aux gens de prier pour moi et j’ai demandé aux autres comment je pouvais prier pour eux pendant mon pèlerinage aux Journées mondiales de la jeunesse », a-t-elle déclaré. 

« Comme il s’agit de mes premières Journées mondiales de la jeunesse, il est difficile de dire exactement ce que j’en retirerai », a déclaré Justin Nguyen, un Canadien de 28 ans originaire de Vancouver. « Mais ce que je sais, c’est qu’il s’agit d’un voyage de foi – c’est la première fois que je participe aux JMJ, c’est la première fois que je vais au Portugal et en Espagne. J’espère simplement et je prie pour que ce soit un moment qui me permette de me concentrer sur ma relation avec Dieu, puis de rentrer chez moi et de poursuivre la mission que Dieu m’a confiée au service de ma communauté locale. » 

Les Journées mondiales de la jeunesse sont l’occasion d’entendre des orateurs catholiques de premier plan, notamment des évêques de tous les continents. En plus des sessions de catéchèse, il y a des occasions de prier et d’adorer. Un volet spécial des Journées mondiales de la jeunesse comprend également un festival culturel de musique, de danse et d’expression créative, qui fait appel à des jeunes talentueux du monde entier. 

Le pape François passera cinq jours au Portugal, la plupart du temps à Lisbonne, où il rencontrera des étudiants et étudiantes universitaires, déjeunera avec des jeunes, priera avec eux et présidera la messe, tout en s’arrêtant à Fatima, l’un des lieux de pèlerinage les plus populaires au monde. 

Les pèlerins canadiens qui se rendent au Portugal représentent nos provinces, la plus grande délégation venant de l’Ontario, suivie de près par les pèlerins québécois de Montréal. Treize évêques se rendront également au Portugal :

  1. Mgr Bryan Bayda, C.Ss.R., évêque de l’éparchie de Toronto et de l’Est du Canada de l’Église ukrainienne gréco-catholique. 
  2. Mgr Marcel Damphousse, archevêque d’Ottawa-Cornwall 
  3. Mgr Richard Gagnon, archevêque de Winnipeg 
  4. Mgr Pierre Goudreault, évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière 
  5. Mgr Jose Kalluvelil, évêque de l’éparchie catholique syro-malabare de Mississauga
  6. M. le Cardinal Gérald C. Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada
  7. Mgr Martin Laliberté, P.M.É., évêque de Trois-Rivières 
  8. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal 
  9. Mgr Yvan Mathieu, S.M., évêque auxiliaire à Ottawa-Cornwall 
  10. Mgr Scott McCaig C.C., évêque de l’Ordinariat militaire du Canada 
  11. Mgr Christian Rodembourg, M.S.A., évêque de Saint-Hyacinthe 
  12. Mgr Pierre Olivier Tremblay, O.M.I., évêque de Hearst-Moosonee 
  13. Mgr Héctor Vila, évêque de Whitehorse. 

« Nous sommes fiers de constater qu’une importante délégation canadienne sera présente aux Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne », a déclaré Mgr Raymond Poisson, évêque de Saint-Jérôme-Mont Laurier et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. « Ce grand pèlerinage international est une source d’espérance pour les générations actuelles de jeunes catholiques et pour l’avenir de l’Église. Il rassemble des milliers de jeunes catholiques du monde entier pour expérimenter la joie de rencontrer Dieu ensemble et pour approfondir leur foi. » 

Une rencontre spéciale pour les pèlerins canadiens aura lieu à Lisbonne le mardi 1er août, organisée par un groupe de jeunes adultes bénévoles de JMJ CANADA au nom de la Conférence des évêques catholiques du Canada. 

La délégation canadienne comprend également des jeunes autochtones, à la suite de la visite apostolique historique du pape François en 2022 au Canada, qui a constitué une étape importante dans le processus de guérison et de réconciliation avec les peuples autochtones de ce pays. 

Avant leur séjour à Lisbonne, de nombreux délégués canadiens participeront à des « journées dans les diocèses », ce qui leur permettra de faire connaissance avec des communautés en dehors de Lisbonne, de participer à des projets de service et de rencontrer des familles portugaises, renforçant ainsi les liens de foi entre les pays. 

La délégation canadienne comprend 42 % d’Ontariennes et Ontariens, 18 % de Québécoises et Québécois, 12 % de résidents et résidentes de la Colombie-Britannique, 10% d’Albertains et Albertaines, 2 % de Saskatchewanais et Saskatchewanaises, ainsi que 1 % de Manitobains et Manitobaines. Environ 26 bénévoles de la Colombie-Britannique, de l’Ontario, du Québec, de l’Alberta et du Yukon seront présents pour aider à l’organisation des festivités à Lisbonne. 

Plus de 750 000 personnes ont participé à la dernière messe des Journées mondiales de la jeunesse à Toronto en 2002, et jusqu’à deux millions de personnes devraient assister à la messe de clôture à Lisbonne avec le pape François. Les personnes désireuses d’en savoir plus sur le voyage des Canadiens et Canadiennes au Portugal pour les Journées mondiales de la jeunesse 2023 peuvent consulter le site : www.wydcanada.org

Pour plus d’informations sur les JMJ de Lisbonne, veuillez consulter le dossier de presse.

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À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada 

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et reconnue officiellement par le Saint-Siège en 1948. 

Pour toute demande de renseignements des médias sur la délégation canadienne à la Journée mondiale de la jeunesse 2023 : 

Maribel Mayorga – Conférence des évêques catholiques du Canada communications@cecc.ca ; Neil MacCarthy – Archidiocèse de Toronto – neilm@archtoronto.org

Homélie du pape François lors de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul 2023

Le pape François présidant la messe solennelle des saints Apôtres Pierre et Paul, basilique Saint-Pierre au Vatican.

 

Le jeudi 29 juin 2023, le pape François a présidé la messe de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Voici le texte intégral de l’homélie:

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Saint-Pierre
Jeudi, 29 juin 2023

Pierre et Paul, deux Apôtres amoureux du Seigneur, deux colonnes de la foi de l’Église. Alors que nous contemplons leur vie, l’Évangile nous interpelle aujourd’hui avec la question que Jésus pose aux siens : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16, 15). C’est la question fondamentale, la plus importante : qui est Jésus pour moi ? Qui est Jésus dans ma vie ? Regardons comment les deux Apôtres y ont répondu.

La réponse de Pierre pourrait se résumer en un mot : la suite. Pierre a vécu à la suite du Seigneur. Ce jour-là, à Césarée de Philippe, Jésus interrogea ses disciples. Pierre répondit avec une belle profession de foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16) ;une réponse impeccable, précise, ponctuelle, on pourrait dire une réponse parfaite de “catéchisme”. Mais cette réponse est le fruit d’un cheminement : ce n’est qu’après avoir vécu l’aventure fascinante consistant à suivre le Seigneur, après avoir marché avec Lui et derrière Lui pendant longtemps, que Pierre parvient à cette maturité spirituelle qui l’amène, par grâce, par pure grâce, à une profession de foi si limpide.

L’évangéliste Matthieu nous raconte en effet que tout avait commencé sur les rives de la mer de Galilée, lorsque Jésus était passé et l’avait appelé, avec son frère André ; et « aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mt 4, 20).Pierre a tout laissé pour se mettre à la suite du Seigneur. Et l’Évangile souligne “aussitôt”. Pierre n’a pas dit à Jésus qu’il devait y réfléchir, il n’a pas fait de calculs pour voir si cela lui convenait, il n’a pas cherché d’alibi pour reporter la décision ; il a laissé ses filets et l’a suivi, sans demander aucune sécurité à l’avance.Il devait tout découvrir au jour le jour, à la suite, en suivant Jésus et en marchant derrière Lui. Et ce n’est pas par hasard que les dernières paroles, rapportées dans les Évangiles, que Jésus lui adresse sont : « Toi, suis-moi » (Jn 21, 22), c’est cela se mettre à sa suite.

Pierre nous dit qu’à la question “qui est Jésus pour moi ?”, il ne suffit pas de répondre par une formule doctrinale irréprochable, pas même avec une idée que nous nous sommes faite une fois pour toutes. Non. C’est en nous mettant à la suite du Seigneur que nous apprenons chaque jour à Le connaître. C’est en devenant ses disciples et en accueillant sa Parole que nous devenons ses amis et que nous faisons l’expérience de son amour qui nous transforme.Pour nous aussi, retentit cet “aussitôt”. Si nous pouvons reporter beaucoup de choses dans la vie, suivre Jésus ne peut être reporté ; pour cela on ne peut hésiter, on ne peut trouver d’excuses. Faisons attention car certaines excuses sont revêtues de spiritualité, comme lorsque nous disons “Je ne suis pas digne”, “Je ne suis pas capable”, “moi, qu’est-ce que je peux faire ?”. C’est là une ruse du diable qui nous vole la confiance en la grâce de Dieu, en nous faisant croire que tout dépendrait de nos capacités.

Nous détacher de nos sécurités – sécurités terrestres -, immédiatement, et suivre Jésus chaque jour : voilà la consigne que Pierre nous donne aujourd’hui en nous invitant à être une Église-à-la-suite.Une Église-à-la-suite. Une Église qui veut être disciple du Seigneur et humble servante de l’Évangile. De cette manière seulement elle sera capable de dialoguer avec tous, et devenir un lieu d’accompagnement, de proximité et d’espérance pour les femmes et les hommes de notre temps. Seulement de cette manière, même la personne la plus éloignée qui nous regarde souvent avec méfiance ou indifférence pourra enfin reconnaître avec le Pape Benoît : « L’Église est le lieu de rencontre avec le Fils du Dieu vivant et, ainsi, elle est le lieu de rencontre entre nous » (Homélie du 2ème Dimanche de l’Avent, 10 décembre 2006).

Et maintenant venons-en à l’Apôtre des nations. Si la réponse de Pierre consiste dans la suite, celle de Paul se trouve dans l’annonce, l’annonce de l’Évangile. Pour lui aussi, tout a commencé par grâce, à l’initiative du Seigneur. Sur le chemin de Damas, alors qu’il persécutait avec fierté les chrétiens, barricadé dans ses convictions religieuses, Jésus ressuscité vient à sa rencontre et l’aveugle de sa lumière. Mieux, grâce à cette lumière, Saul réalise à quel point il est aveugle. Enfermé dans l’orgueil de sa rigide observance, il découvre en Jésus l’accomplissement du mystère du salut. Il considère désormais toutes ses sécurités humaines et religieuses comme des “ordures” par rapport à la sublimité de la connaissance du Christ (cf. Ph 3, 7-8). Paul consacre ainsi sa vie à parcourir la terre et la mer, les villes et les villages, sans se soucier des difficultés et des persécutions, pour annoncer Jésus-Christ. En regardant son histoire, il semble presque que, plus il annonce l’Évangile, plus il connaît Jésus. L’annonce de la Parole aux autres lui permet de pénétrer les profondeurs du mystère de Dieu, à lui Paul qui a écrit « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16) ; à lui qui confesse : « Pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21).

Par conséquent, Paul nous dit qu’à la question “qui est Jésus pour moi ?”, on ne répond pas par une religiosité intimiste qui nous laisserait tranquilles, sans nous laisser ébranler par le souci d’apporter l’Évangile aux autres. L’Apôtre nous enseigne que nous grandissons dans la foi et dans la connaissance du mystère du Christ d’autant plus que nous sommes ses annonciateurs et témoins.  Et cela arrive toujours : quand nous évangélisons, nous sommes évangélisés.C’est une expérience de tous les jours : quand nous évangélisons, nous sommes évangélisés. La Parole que nous apportons aux autres nous revient parce que, dans la mesure où nous donnons, nous recevons beaucoup plus (cf. Lc 6, 38).  Et cela est également nécessaire à l’Église aujourd’hui : mettre l’annonce au centre. Être une Église qui ne se lasse pas de se répéter : “Pour moi, vivre c’est le Christ” et “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile”. Une Église qui a besoin d’annoncer comme d’oxygène pour respirer ; qui ne peut pas vivre sans transmettre l’étreinte de l’amour de Dieu et la joie de l’Évangile.

Frères et sœurs, célébrons Pierre et Paul. Ils ont répondu à la question fondamentale de la vie – qui est Jésus pour moi ? – en suivant le Christ et en annonçant l’Évangile. Il est beau de grandir comme une Église à la suite, comme une Église humble qui ne tient jamais pour acquise la recherche du Seigneur. Il est beau de devenir une Église extravertie, qui ne trouve pas sa joie dans les choses du monde mais dans l’annonce de l’Évangile au monde, pour semer dans le cœur des personnes la question de Dieu. Porter partout, avec humilité et joie, le Seigneur Jésus : dans notre ville de Rome, dans nos familles, dans les relations et les quartiers, dans la société civile, dans l’Église, dans la politique, dans le monde entier, spécialement là où se trouvent la pauvreté, la dégradation, la marginalisation.

Et, aujourd’hui, alors que certains de nos frères Archevêques reçoivent le Pallium, signe de la communion avec l’Église de Rome, je voudrais leur dire : soyez des apôtres comme Pierre et Paul. Soyez des disciples à la suite et des apôtres de l’annonce, apportez la beauté de l’Évangile partout, à tout le Peuple de Dieu. Et enfin, je désire adresser mon salut affectueux à la Délégation du Patriarcat Œcuménique, envoyée par le très cher Frère Sa Sainteté Bartholomée. Merci pour votre présence, merci : avançons ensemble, avançons ensemble à la suite et dans l’annonce de la Parole, en grandissant dans la fraternité. Que Pierre et Paul nous accompagnent et intercèdent pour nous tous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 28 juin 2023

Statue de Sainte Marie-de-la-Croix à la cathédrale Sainte Marie de Sydney. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur les saints exemples de zèle apostolique en évoquant la vie et la mission de sainte Marie MacKillop. Il a déclaré qu’« une caractéristique essentielle de son zèle pour l’Évangile était son souci des personnes pauvres et marginalisées », ce qui « poussait Marie à aller là où d’autres ne voulaient pas ou ne pouvaient pas aller », à savoir leur offrir une éducation catholique qui consiste à « accompagner et encourager les étudiants sur le chemin de la croissance humaine et spirituelle, en leur montrant combien l’amitié avec Jésus ressuscité élargit le cœur et rend la vie plus humaine. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui nous devons faire preuve d’un peu de patience avec cette chaleur ! Merci d’être venus par cette chaleur, par ce soleil, merci beaucoup de votre visite !

Dans cette série de catéchèses sur le zèle apostolique, nous allons à la rencontre de quelques figures exemplaires d’hommes et de femmes de tous temps et lieux, qui ont donné leur vie pour l’Évangile. Aujourd’hui, nous allons loin en Océanie, un continent composé de nombreuses îles, grandes et petites. La foi au Christ, que tant d’émigrants européens ont apportée sur ces terres, s’est rapidement enracinée et a porté des fruits abondants (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Oceania, n. 6). Parmi eux se trouve une religieuse extraordinaire, Sainte Mary MacKillop (1842-1909), fondatrice des Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, qui a consacré sa vie à la formation intellectuelle et religieuse des pauvres dans les régions rurales d’Australie.

Mary MacKillop naît près de Melbourne de parents écossais émigrés en Australie. Jeune fille, elle se sentit appelée par Dieu à le servir et à témoigner de lui, non seulement par des mots, mais surtout par une vie transformée par la présence de Dieu (cf. Evangelii gaudium, 259). Comme Marie Madeleine, qui, en premier rencontra Jésus ressuscité et fut envoyée par Lui pour porter l’annonce aux disciples, Mary était convaincue qu’elle aussi était envoyée pour répandre la Bonne Nouvelle et attirer d’autres personnes à la rencontre du Dieu vivant.

En lisant avec sagesse les signes des temps, elle comprit que le meilleur moyen d’y parvenir était à travers l’éducation des jeunes, considérant que l’éducation catholique est une forme d’évangélisation. C’est une excellente forme d’évangélisation. Ainsi, si l’on peut dire que « chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile » (Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 19), Mary MacKillop l’a été surtout à travers la fondation d’écoles.

Une caractéristique essentielle de son zèle pour l’Évangile était son souci des personnes pauvres et marginalisées. Et ceci est très important : sur le chemin de la sainteté, qui est le chemin chrétien, les pauvres et les marginaux sont les protagonistes et une personne ne peut pas avancer dans la sainteté si elle ne se consacre pas aussi à eux, d’une manière ou d’une autre. Eux, qui ont besoin de l’aide du Seigneur, portent la présence du Seigneur. J’ai lu un jour une phrase qui m’a frappé : « Le protagoniste de l’histoire est le mendiant : les mendiants sont ceux qui attirent l’attention sur l’injustice, qui est la grande pauvreté du monde » ; l’argent est dépensé pour fabriquer des armes et non pour produire des repas… Et n’oubliez pas : il n’y a pas de sainteté si, d’une manière ou d’une autre, on ne prend pas soin des pauvres, des indigents, de ceux qui sont un peu en marge de la société. Ce soin des pauvres et des marginaux poussait Mary à aller là où d’autres ne voulaient pas ou ne pouvaient pas aller. Le 19 mars 1866, jour de la fête de Saint Joseph, elle ouvrit la première école dans une petite banlieue dans le sud de l’Australie. De nombreuses autres suivirent, qu’elle et ses sœurs fondèrent dans les communautés rurales d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Elles se sont multipliées, parce que le zèle apostolique fait ceci : il multiplie les œuvres.

Mary MacKillop était convaincue que le but de l’éducation est le développement intégral de la personne, à la fois comme individu et comme membre de la communauté, et que cela exige sagesse, patience et charité de la part de chaque enseignant. En effet, l’éducation ne consiste pas à remplir la tête d’idées : non, il ne s’agit pas seulement de cela. En quoi consiste l’éducation ? Il s’agit d’accompagner et d’encourager les étudiants sur le chemin de la croissance humaine et spirituelle, en leur montrant combien l’amitié avec Jésus ressuscité élargit le cœur et rend la vie plus humaine. Éduquer, c’est aider à bien penser, à bien comprendre – le langage du cœur – et à bien agir – le langage des mains. Cette vision est pleinement d’actualité aujourd’hui, où nous ressentons le besoin d’un « pacte éducatif » capable d’unir les familles, les écoles et la société dans son ensemble.

Le zèle de Mary MacKillop pour la diffusion de l’Évangile parmi les pauvres l’a également conduite à entreprendre plusieurs autres œuvres caritatives, à commencer par la  » Maison de la Providence  » ouverte à Adélaïde pour accueillir les personnes âgées et les enfants abandonnés. Mary avait une grande foi en la Providence de Dieu : elle a toujours été convaincue que, en toutes circonstances, Dieu pourvoyait à tout. Mais cela ne lui épargnait pas les angoisses et les difficultés liées à son apostolat, et Mary avait de bonnes raisons pour cela : il fallait payer les factures, traiter avec les évêques et les prêtres locaux, gérer les écoles et veiller à la formation professionnelle et spirituelle de ses sœurs ; et, plus tard, les problèmes de santé. Malgré tout, elle est restée calme, portant patiemment la croix qui fait partie intégrante de la mission.

Un jour, en la fête de l’Exaltation de la Croix, Marie a dit à l’une de ses consœurs : « Ma fille, depuis de nombreuses années, j’ai appris à aimer la Croix ». Elle n’a pas baissé les bras dans les moments d’épreuve et d’obscurité, lorsque sa joie était assombrie par l’opposition, le rejet. Vous voyez : tous les saints ont été confrontés à des oppositions, même au sein de l’Église. C’est curieux. Elle aussi, elle en a rencontré. Elle restait convaincue que même lorsque le Seigneur lui donnait « le pain de l’affliction et l’eau de la tribulation » (Is 30,20), le Seigneur lui-même aurait vite répondu à son cri et l’aurait entourée de sa grâce. Cela est le secret du zèle apostolique : la relation permanente avec le Seigneur.

Frères et sœurs, que la vie de disciple missionnaire de Sainte Mary MacKillop, sa réponse créative aux besoins de l’Église de son temps, son engagement dans la formation intégrale des jeunes nous inspirent tous aujourd’hui, nous qui sommes appelés à être ferment de l’Évangile dans nos sociétés en mutation rapide. Que son exemple et son intercession soutiennent le travail quotidien des parents, des enseignants, des catéchistes et de tous les éducateurs, pour le bien des jeunes et pour un avenir plus humain et plein d’espoir.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 7 juin 2023

Statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus par Louis Richomme, crypte Basilique de Sainte-Thérèse à Lisieux

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit l’itinéraire sur le zèle apostolique du croyant et s’adresse au public devant les reliques de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bienvenus, bonjour !

Nous voici devant les reliques de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne universelle des missions. Il est beau que cela se produise durant le moment de notre réflexion sur la passion pour l’évangélisation, sur le zèle apostolique. Aujourd’hui, donc, laissons-nous aider par le témoignage de Sainte Thérèse. Elle est née il y a 150 ans et, à l’occasion de cet anniversaire, j’ai l’intention de lui dédier une Lettre Apostolique.

Elle est la patronne des missions, bien qu’elle ne soit jamais partie en mission : comment explique-t-on cela ? Elle était carmélite et sa vie fut marquée par la petitesse et la faiblesse : elle se définissait elle-même comme « un petit grain de sable ». De santé fragile, elle mourut à l’âge de 24 ans seulement. Mais si son corps était infirme, son cœur était vibrant, était missionnaire. Dans son « diaire », elle raconte qu’être missionnaire était son désir et qu’elle voulait l’être non seulement pour quelques années, mais pour le reste de sa vie, voire jusqu’à la fin du monde. Thérèse fut la « sœur spirituelle » de plusieurs missionnaires : depuis le monastère, elle les accompagnait par ses lettres, ses prières et en offrant pour eux des sacrifices continuels. Sans en avoir l’air, elle intercédait pour les missions, cachée comme un moteur qui donne au véhicule la force pour avancer. Cependant, elle fut souvent incomprise par ses sœurs moniales : elle reçut d’elles « plus d’épines que de roses », mais elle accepta tout avec amour, avec patience, offrant, en même temps que sa maladie, les jugements et les incompréhensions. Et elle le fit avec joie, et elle le fit pour les besoins de l’Église, afin que, comme elle disait, se répandent « des roses sur tous », en particulier sur les plus éloignés.

Mais maintenant, je me demande, nous pouvons nous demander, d’où lui viennent ce zèle, cette force missionnaire et cette joie d’intercéder ? Deux épisodes survenus avant l’entrée de Thérèse au monastère nous aident à le comprendre. Le premier concerne le jour qui changea sa vie – un jour lui a changé la vie -, Noël 1886, où Dieu opère un miracle dans son cœur. Thérèse aura bientôt 14 ans. En tant que benjamine, elle est choyée par tout le monde à la maison mais non pas mal éduquée. Au retour de la messe de minuit, son père, très fatigué, n’a pas envie d’assister à l’ouverture des cadeaux de sa fille et dit : « Dieu merci, c’est la dernière année ! », parce qu’à l’âge de 15 ans, on ne le faisait déjà plus. Thérèse, de nature très sensible et prompte aux larmes, en fut blessée, monta dans sa chambre et pleura. Mais elle réprima rapidement ses larmes, redescendit et, pleine de joie, ce fut elle qui réjouit ainsi son père. Que s’est-il donc passé ? Cette nuit-là, alors que Jésus s’était fait faible par amour, elle était devenue forte dans son âme – un vrai miracle :  en quelques instants, elle était sortie de la prison de son égoïsme et de son apitoiement sur elle-même et elle commença à sentir que « la charité entrait dans son cœur- c’est ce qu’elle dit-, avec le besoin de s’oublier elle-même » (cf. Manuscrit A, 133-134). Dès lors, elle oriente son zèle vers les autres, pour qu’ils trouvent Dieu, et au lieu de chercher des consolations pour elle-même, elle se donne pour tâche de « consoler Jésus, [de] le faire aimer des âmes », car – note Thérèse – « Jésus est malade d’amour et […] la maladie de l’amour ne peut être guérie que par l’amour » (Lettre à Marie Guérin, juillet 1890). Voilà donc son objectif quotidien : « faire aimer Jésus » (Lettre à Céline, 15 octobre 1889), intercéder pour que les autres puissent l’aimer. Elle écrit : « Je voudrais sauver les âmes et m’oublier pour elles : je voudrais les sauver même après ma mort » (Lettre à l’abbé Roullan, 19 mars 1897). Plusieurs fois, elle dira : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». C’est le premier épisode qui a changé sa vie à l’âge de 14 ans.

Et son zèle était surtout dirigé vers les pécheurs, vers les « éloignés ». C’est ce que révèle le second épisode. C’est intéressant : Thérèse apprend l’existence d’un criminel condamné à mort pour des crimes horribles, il se nommait Enrico Pranzini – elle écrit le nom : reconnu coupable du meurtre brutal de trois personnes, il est destiné à la guillotine, mais ne veut pas recevoir les réconforts de la foi. Thérèse le prend à cœur et fait tout ce qu’elle peut : elle prie de toutes les manières pour sa conversion, afin que celui qu’elle appelle avec une compassion fraternelle « le pauvre Pranzini » ait un petit signe de repentir et fasse place à la miséricorde de Dieu, en qui Thérèse voue une confiance aveugle. L’exécution a lieu. Le lendemain, Teresa lit dans le journal que Pranzini, juste avant de poser sa tête sur l’échafaud, « soudain, saisi d’une inspiration subite, se retourne, saisit un Crucifix que le prêtre lui présentait et baise trois fois les plaies saintes » de Jésus. La sainte commente : « Alors son âme alla recevoir la sentence miséricordieuse de Celui qui a déclaré qu’au Ciel il y a plus de joie pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence ! » (Manuscrit A, 135).

Frères et sœurs, voilà la force de l’intercession mue par la charité, voilà le moteur de la mission. Les missionnaires, en effet, dont Thérèse est la patronne, ne sont pas seulement ceux qui parcourent de longues distances, apprennent de nouvelles langues, font de bonnes œuvres et sont doués pour l’annonce ; non, missionnaire l’est aussi celui qui vit, là où il se trouve, comme instrument de l’amour de Dieu ; c’est celui qui fait tout pour que, par son témoignage, sa prière, son intercession, Jésus soit manifesté. Et c’est le zèle apostolique qui, rappelons-le toujours, ne procède jamais par prosélytisme – jamais ! – ou par contrainte– jamais ! -, mais par attraction : la foi nait par attraction, on ne devient pas chrétien parce qu’on y est forcé par quelqu’un, non, mais parce qu’on est touché par l’amour. Avant tant de moyens, de méthodes et de structures, qui parfois détournent de l’essentiel, l’Église a surtout besoin de cœurs comme celui de Thérèse, de cœurs qui attirent à l’amour et rapprochent de Dieu. Et demandons à la sainte – nous avons les reliques ici – demandons à la sainte la grâce de surmonter notre égoïsme et demandons la passion d’intercéder, d’intercéder pour que cet attrait soit plus grand chez les gens et pour que Jésus soit connu et aimé.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience Générale du pape François du 31 mai 2023

Matteo Ricci, portrait par Yu Wen-hui. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit l’itinéraire sur le zèle apostolique avec la figure de Matteo Ricci, un grand scientifique qui avait le souhait profond d’annoncer l’Évangile.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons ce cycle de catéchèses en parlant du zèle apostolique, c’est-à-dire ce que ressent le chrétien pour bien effectuer l’annonce de Jésus-Christ. Et aujourd’hui, je voudrais vous présenter un autre grand exemple de zèle apostolique : nous avons parlé de saint François Xavier, de saint Paul, du zèle apostolique des grands zélateurs ; aujourd’hui, nous parlerons d’un Italien, mais qui est allé en Chine : Matteo Ricci.

Originaire de Macerata, dans la région des Marches en Italie, après avoir étudié dans les écoles des Jésuites et être entré lui-même dans la Compagnie de Jésus, enthousiasmé par les rapports des missionnaires qu’il écoutait et il s’est enthousiasmé comme tant d’autres jeunes qui ressentaient cela, il demanda à être envoyé dans les missions de l’Extrême-Orient. Après la tentative de François Xavier, vingt-cinq autres jésuites avaient vainement tenté d’entrer en Chine. Mais Ricci et l’un de ses confrères se préparèrent très bien, étudiant soigneusement la langue et les coutumes chinoises, et réussirent finalement à s’établir dans le sud du pays. Il leur a fallu dix-huit ans, avec quatre étapes dans quatre villes différentes, avant d’arriver à Pékin, qui était le centre. Avec persévérance et patience, animé d’une foi inébranlable, Matteo Ricci a pu surmonter les difficultés et les dangers, les méfiances et oppositions. Imaginez à l’époque, à pied ou à cheval, tant de distances… et il persistait. Mais quel a été le secret de Matteo Ricci ? Par quel chemin le zèle l’a-t-il poussé ?

Il a suivi toujours la voie du dialogue et de l’amitié avec toutes les personnes qu’il rencontrait, ce qui lui a ouvert de nombreuses portes pour annoncer la foi chrétienne. Son premier ouvrage en chinois fut d’ailleurs un traité Sur l’amitié, qui eut un impact considérable. Pour s’adapter à la culture et à la vie chinoises, il s’est d’abord habillé comme les bonzes bouddhistes, selon la coutume du pays, mais il a ensuite réalisé que le meilleur moyen était d’adopter le style de vie et la tenue des gens de lettres, comme les professeurs d’université, les gens de lettres s’habillaient : il s’est donc habillé comme eux. Il étudia en profondeur leurs textes classiques, afin de pouvoir présenter le christianisme en dialogue positif avec leur sagesse confucéenne et les coutumes de la société chinoise. C’est ce qu’on appelle une attitude d’inculturation. Ce missionnaire a su « inculturer » la foi chrétienne dans le dialogue, comme les Pères de l’Antiquité avec la culture grecque.

Ses remarquables connaissances scientifiques suscitèrent l’intérêt et l’admiration des hommes de culture, à commencer par sa célèbre mappemonde, la carte du monde entier connu à l’époque, avec les différents continents, qui révéla pour la première fois aux Chinois une réalité extérieure à la Chine, beaucoup plus vaste qu’ils ne l’avaient imaginée. Il leur a montré que le monde était encore plus grand que la Chine, et ceux-ci comprenaient – parce qu’ils étaient intelligents. Mais les connaissances mathématiques et astronomiques de Ricci et de ses disciples missionnaires contribuèrent également à une rencontre féconde entre la culture et la science de l’Occident et de l’Orient, qui connaîtra alors l’une de ses périodes les plus heureuses, sous le signe du dialogue et de l’amitié. En effet, l’œuvre de Matteo Ricci n’aurait jamais été possible sans la collaboration de ses grands amis chinois, tels que les célèbres « Docteur Paul » (Xu Guangqi) et « Docteur Leo » (Li Zhizao)

Toutefois, la renommée de Ricci comme homme de science ne doit pas occulter la motivation la plus profonde de tous ses efforts : c’est-à-dire, l’annonce de l’Évangile. Lui, il poursuivait le dialogue scientifique, avec les gens de science, mais il témoignait de sa propre foi, de l’Évangile. La crédibilité obtenue par le dialogue scientifique lui donnait l’autorité nécessaire pour proposer la vérité de la foi et de la morale chrétiennes, qu’il aborde en profondeur dans ses principales œuvres chinoises, comme La véritable signification du Seigneur du Ciel – c’est le titre de ce livre. Outre la doctrine, c’est son témoignage de vie religieuse, de vertu et de prière : ces missionnaires priaient. Ils allaient prêcher, étaient actifs au plan politique, tout cela : ils priaient. C’est ce qui alimente la vie missionnaire, une vie de charité, ils aidaient les autres, humblement, avec un total désintérêt pour les honneurs et les richesses, qui a poussé beaucoup de ses disciples et de ses amis à embrasser la foi catholique. Car ils voyaient un homme si intelligent, si sage, si astucieux – dans le bon sens du terme – pour faire avancer les choses, et si croyant qu’ils disaient : « Mais, ce qu’il prêche est vrai parce que c’est une personne qui rend témoignage : il témoigne par sa propre vie de ce qu’il annonce ». Telle est la cohérence des évangélisateurs. Et cela nous concerne tous, nous chrétiens qui sommes évangélisateurs. Je peux dire le Credo par cœur, je peux dire tout ce que nous croyons, mais si ta vie n’est pas cohérente avec cela, cela ne sert à rien. Ce qui attire les gens, c’est le témoignage de la cohérence : nous, chrétiens, vivons ce que nous disons, et non pas prétendre vivre en chrétiens et vivre comme des mondains. Faites attention à cela, observez ces grands missionnaires – et c’est un Italien, hein ? – en observant ces grands missionnaires, nous voyons que la plus grande force, c’est la cohérence : ils sont cohérents.

Dans les derniers jours de sa vie, à ses proches qui lui demandaient comment il se sentait, « il répondit qu’il se demandait à ce moment-là si étaient plus grande la joie et l’allégresse qu’il ressentait intérieurement à l’idée de la proximité de son voyage pour aller savourer la présence de Dieu, ou la tristesse que pouvait lui causer le fait de quitter ses compagnons de toute la mission qu’il aimait tant, et le service qu’il pouvait encore rendre à Dieu Notre Seigneur dans cette mission » (S. DE URSIS, Rapport sur M. Ricci, Archivio Storico Romano S.I.). C’est la même attitude que l’apôtre Paul (cf. Ph1, 22-24), qui voulait aller vers le Seigneur, retrouver le Seigneur, mais « je reste pour vous servir ».

Matteo Ricci meurt à Pékin en 1610, à l’âge de 57 ans, un homme qui a donné toute sa vie à la mission. L’esprit missionnaire de Matteo Ricci est un modèle à suivre aujourd’hui. Son amour pour le peuple chinois est un modèle, mais ce qui représente un itinéraire actuel, c’est sa cohérence de vie, le témoignage de sa vie de chrétien. Il a apporté le christianisme en Chine ; il est grand, oui, parce qu’il est un grand scientifique, il est grand parce qu’il est courageux, il est grand parce qu’il a écrit tant de livres, mais il est surtout grand parce qu’il a été cohérent avec sa vocation, cohérent avec son désir de suivre Jésus-Christ. Frères et sœurs, aujourd’hui, chacun de nous se demande en son for intérieur : « Suis-je cohérent, ou suis-je un peu comme ci comme ça ? »

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Homélie du pape François lors de la célébration de la messe de la Pentecôte

Le dimanche 28 mai 2023, le pape François a présidé la messe de la solennité de la Pentecôte dans la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Voici le texte intégral de l’homélie:

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Saint-Pierre
Dimanche, 28 mai 2023

Chers frères et sœurs, bonjour !

La Parole de Dieu, aujourd’hui, nous montre l’Esprit Saint en action. Nous le voyons agir à trois moments : dans le monde qu’il a créédans l’Église et dans nos cœurs.

1. D’abord dans le monde qu’il a créé, dans la création. Dès le début, l’Esprit Saint est à l’œuvre : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés », avons-nous prié dans le psaume (104, 30). Il est, en effet, creator Spiritus (cf. Saint Augustin, In Ps XXXII,2,2), Esprit créateur : c’est ainsi que l’Église l’invoque depuis des siècles. Mais, nous pouvons nous demander, que fait l’Esprit dans la création du monde ? Si tout vient du Père, si tout est créé par le Fils, quel est le rôle spécifique de l’Esprit ? Un Père de l’Église, saint Basile, a écrit : « Si vous essayez d’enlever l’Esprit à la création, toutes les choses se mélangent et leur vie apparaît sans loi, sans ordre » (Spir., XVI, 38). Voilà le rôle de l’Esprit : Il est celui qui, à l’origine et en tout temps, fait passer les réalités créées du désordre à l’ordre, de la dispersion à la cohésion, de la confusion à l’harmonie. Cette manière d’agir, nous la verrons toujours dans la vie de l’Église. En un mot, Il donne l’harmonie au monde. Il « conduit ainsi le cours des temps et rénove la face de la terre » (Gaudium et spes, n. 26 ; Ps 104, 30). Il renouvelle la terre, mais attention : non pas en changeant la réalité, mais plutôt en l’harmonisant ; c’est son style, parce qu’Il est en lui-même harmonie : Ipse harmonia est. (cf. S. Basile, In Ps 29, 1) ), dit un Père de l’Église.

Aujourd’hui dans le monde, il y a beaucoup de discorde, beaucoup de divisions. Nous sommes tous reliés et pourtant nous nous trouvons déconnectés les uns des autres, anesthésiés par l’indifférence et opprimés par la solitude. Tant de guerres, tant de conflits : le mal que l’homme peut accomplir semble incroyable ! Mais en réalité, ce qui alimente nos hostilités, c’est l’esprit de division, le diable, dont le nom même signifie “diviseur”. Oui, précédant et dépassant notre mal, notre désagrégation, il y a l’esprit mauvais, « le séducteur du monde entier » (Ap 12, 9). Il se plaît dans les antagonismes, les injustices, les calomnies, ils font sa joie. Et, face au mal de la discorde, nos efforts pour construire l’harmonie ne suffisent pas. C’est ainsi que le Seigneur, au point culminant de sa Pâque, au point culminant du salut, répand sur le monde créé son bon Esprit, l’Esprit Saint, qui s’oppose à l’esprit de division parce qu’il est harmonie, Esprit d’unité qui apporte la paix. Invoquons-le chaque jour sur notre monde, sur notre vie et face à toutes sortes de divisions !

2. Outre la création, nous le voyons à l’œuvre dans l’Église, à partir du jour de la Pentecôte. Remarquons cependant que l’Esprit ne marque pas le début de l’Église en donnant des instructions et des normes à la communauté, mais en descendant sur chacun des Apôtre : chacun reçoit des grâces particulières et des charismes différents. Cette pluralité de dons différents pourrait créer de la confusion, mais l’Esprit, comme dans la création, aime créer l’harmonie à partir justement de la pluralité. Son harmonie n’est pas un ordre imposé et standardisé, non. Dans l’Église, il y a un ordre « organisé selon la diversité des dons de l’Esprit » (S. Basile, Spir., XVI, 39). À la Pentecôte, en effet, l’Esprit Saint descend en plusieurs langues de feu : il donne à chacun la capacité de parler d’autres langues (cf. Ac 2, 4) et d’entendre sa propre langue parlée par les autres (cf. Ac 2, 6. 11). Il ne crée donc pas une langue égale pour tous, il n’efface pas les différences, les cultures, mais il harmonise tout sans standardiser, sans uniformiser. Et cela doit nous faire réfléchir au moment où la tentation du « retour en arrière » cherche à tout uniformiser dans des disciplines d’apparence seulement, sans substance. Restons sur cet aspect, sur l’Esprit qui ne commence pas par un projet structuré, comme nous le ferions, nous qui nous perdons souvent ensuite dans nos programmes. Non, il commence en accordant des dons gratuits et surabondants. En effet, à la Pentecôte, souligne le texte, « tous furent remplis d’Esprit Saint » (Ac 2, 4). Tous remplis, c’est ainsi que commence la vie de l’Église : non pas à partir d’un plan précis et articulé, mais de l’expérience du même amour de Dieu. L’Esprit crée ainsi l’harmonie, il nous invite à faire l’expérience de l’émerveillement devant son amour et ses dons présents chez les autres. Comme nous l’a dit saint Paul : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. […] C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous nous avons été baptisés pour former un seul corps » (1 Co 12, 4.13). Voir chaque frère et sœur dans la foi comme faisant partie du même corps auquel j’appartiens : voilà le regard harmonieux de l’Esprit, voilà le chemin qu’il nous montre !

Et le Synode en cours est – et doit être – une marche selon l’Esprit : non pas un parlement pour revendiquer des droits et des besoins selon l’agenda du monde, non pas une occasion d’aller là où le vent nous porte, mais une occasion d’être dociles au souffle de l’Esprit. Parce que, sur la mer de l’histoire, l’Église ne navigue qu’avec Lui qui est « l’âme de l’Église » (Saint Paul VI, Discours au Sacré Collège pour les vœux de fêtes patronales, 21 juin 1976), le cœur de la synodalité, le moteur de l’évangélisation. Sans Lui, l’Église est inerte, la foi n’est qu’une doctrine, la morale qu’un devoir, la pastorale qu’un travail. Parfois, nous entendons des soi-disant penseurs, théologiens, qui nous donnent des doctrines froides, qui semblent mathématiques, parce que l’Esprit n’est pas présent en elles. Avec Lui, au contraire, la foi est vie, l’amour du Seigneur nous envahit, et l’espérance renaît. Remettons l’Esprit Saint au centre de l’Église, sinon nos cœurs ne seront pas brûlés d’amour pour Jésus, mais pour nous-mêmes. Mettons l’Esprit au début et au cœur des travaux du synode. Car c’est “de Lui, surtout, que l’Église a besoin aujourd’hui ! Disons-lui donc chaque jour : viens !” (cf. Id., Audience générale, 29 novembre 1972). Et marchons ensemble, car l’Esprit, comme à la Pentecôte, aime descendre quand “tous sont ensemble” (cf. Ac 2,1). Oui, pour se montrer au monde, il a choisi le moment et le lieu où tous se trouvent ensemble. Le Peuple de Dieu, pour être rempli de l’Esprit, doit donc marcher ensemble, faire synode. C’est ainsi que se renouvèle l’harmonie dans l’Église : en marchant ensemble avec l’Esprit au centre. Frères et sœurs, construisons l’harmonie dans l’Église !

3. Enfin, l’Esprit fait l’harmonie dans nos cœurs. Nous le voyons dans l’Évangile, où Jésus, le soir de Pâques, souffle sur les disciples et dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). Il le donne dans un but précis : pardonner les péchés, c’est-à-dire réconcilier les âmes, harmoniser les cœurs déchirés par le mal, brisés par les blessures, désagrégés par le sentiment de culpabilité. Seul l’Esprit remet l’harmonie dans le cœur, car Il est celui qui crée « l’intimité avec Dieu » (S. Basile, Spir., XIX, 49). Si nous voulons de l’harmonie, cherchons-Le, et non pas des compensations mondaines. Invoquons l’Esprit Saint chaque jour, commençons chaque journée en Le priant, devenons-Lui dociles !

Et aujourd’hui, en sa fête, demandons-nous : suis-je docile à l’harmonie de l’Esprit ? Ou bien est-ce que je poursuis mes projets, mes idées sans me laisser façonner, sans me laisser changer par Lui ? Ma façon de vivre la foi est-elle docile à l’Esprit ou est-elle têtue ? Entêtée, attachée à des lettres, à de soi-disant doctrines qui ne sont que des expressions froides de la vie ? Suis-je prompt à juger, à pointer du doigt et à claquer la porte au nez des autres, en me considérant comme la victime de tout et de tous ? Ou bien est-ce que j’accueille sa puissance créatrice harmonieuse, est-ce j’accueille la “grâce de l’ensemble” qu’Il inspire, son pardon qui donne la paix ? Et à mon tour, est ce que je pardonne ? Pardonner, c’est faire place pour que vienne l’Esprit. Est-ce que je favorise la réconciliation et crée la communion, ou est-ce que je cherche toujours, en mettant mon nez là où il y a des difficultés, à contrarier, à diviser, à détruire ? Est-ce que je pardonne, est-ce que je favorise la réconciliation, est-ce que je crée la communion ? Si le monde est divisé, si l’Église est polarisée, si le cœur est fragmenté, ne perdons pas de temps à critiquer les autres et à nous mettre en colère contre nous-mêmes, mais invoquons l’Esprit : il est capable de résoudre ces choses.

Esprit Saint, Esprit de Jésus et du Père, source inépuisable d’harmonie, nous te confions le monde, nous te consacrons l’Église et nos cœurs. Viens Esprit créateur, harmonie de l’humanité, renouvelle la face de la terre. Viens Don des dons, harmonie de l’Église, rends-nous unis en Toi. Viens Esprit de pardon, harmonie du cœur, transforme-nous comme tu sais le faire, par Marie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Message du pape François pour la Journée mondiale des communications 2023

Photo par Ricky Esquivel de Pexels

Chaque année, à l’occasion de la fête de saint François de Sales, patron des journalistes, le Vatican publie un message du Saint-Père pour la Journée mondiale des communications (également appelée Journée mondiale des communications sociales).
La 57e Journée mondiale de la communication sera célébrée le dimanche 21 mai 2023. Le thème de cette année est « Parler avec le cœur ».

Lire le texte intégral du message du pape François ci-dessous:

 

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LA 57ème JOURNÉE MONDIALE
DES COMMUNICATIONS SOCIALES

Parler avec le cœur.

« Selon la vérité, dans la charité » (Ep 4, 15)

 

Chers frères et sœurs !

Après avoir réfléchi, les années précédentes, sur les verbes  » aller et voir  » et  » écouter  » comme conditions d’une bonne communication, je voudrais, avec ce message pour la 57 ème Journée Mondiale des Communications, m’arrêter sur « parler avec le cœur ». C’est le cœur qui nous a poussé à aller, voir et écouter, et c’est le cœur qui nous pousse à une communication ouverte et accueillante. Après nous être formés à l’écoute, qui demande attente et patience, ainsi que le renoncement à affirmer au préalable notre point de vue, nous pouvons entrer dans la dynamique du dialogue et du partage, qui est précisément celle du fait de communiquer cordialement. Une fois que nous aurons écouté l’autre avec un cœur pur, nous réussirons également à parler selon la vérité dans l’amour (cf. Ep 4, 15). Nous devons avoir peur non pas de proclamer la vérité, même si elle est parfois inconfortable, mais de le faire sans charité, sans cœur. Parce que « le programme du chrétien – comme l’a écrit Benoît XVI – est « un cœur qui voit » » [1] . Un cœur qui, par ses pulsations, révèle la vérité de notre être et qui, pour cette raison, doit être écouté. Cela incite celui qui écoute à se mettre sur la même longueur d’onde, au point de pouvoir sentir dans son propre cœur les pulsations de l’autre. Alors le miracle de la rencontre peut se produire, qui nous amène à nous regarder les uns les autres avec compassion, accueillant avec respect les fragilités de chacun, plutôt que de juger par ouï-dire et de semer la discorde et les divisions.

Jésus nous avertit que tout arbre se reconnaît à ses fruits (cf. Lc 6, 44) : « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (v. 45). Par conséquent, pour pouvoir communiquer selon la vérité dans la charité, l’on doit purifier son propre cœur. Ce n’est qu’en écoutant et en parlant avec un cœur pur que nous pouvons voir au-delà des apparences et surmonter le bruit indistinct qui, également dans le domaine de l’information, ne nous aide pas à discerner dans la complexité du monde où nous vivons. L’appel à parler avec le cœur interpelle radicalement notre temps, tellement enclin à l’indifférence et à l’indignation, parfois même sur la base de la désinformation qui falsifie et instrumentalise la vérité.

Communiquer cordialement

Communiquer cordialement signifie que celui qui nous lit ou nous écoute est amené à saisir notre participation aux joies et aux craintes, aux espoirs et aux souffrances des femmes et des hommes de notre temps. Celui qui parle ainsi aime l’autre parce qu’il se soucie de lui et veille sur sa liberté, sans la violer. Nous pouvons voir ce style dans le mystérieux Voyageur qui converse avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs après la tragédie advenue sur le Golgotha. Jésus ressuscité leur parle avec le cœur, accompagnant respectueusement le chemin de leur douleur, se proposant plutôt que s’imposant, leur ouvrant avec amour l’esprit à la compréhension du sens plus profond de ce qui est arrivé. En effet, ils peuvent s’exclamer avec joie que leur cœur brûlait intérieurement tandis qu’Il conversait en chemin et leur expliquait les Écritures (cf. Lc 24, 32).

Dans une période de l’histoire marquée par des polarisations et contrapositions – dont, malheureusement, la communauté ecclésiale n’est pas exempte – l’engagement pour une communication « à cœur et à bras ouverts » ne concerne pas seulement les professionnels de l’information, mais est une responsabilité de tout un chacun. Nous sommes tous appelés à rechercher et à dire la vérité, et à le faire avec charité. Nous chrétiens, en particulier, sommes continuellement exhortés à garder notre langue du mal (cf. Ps 34, 14), puisque, comme l’enseigne l’Écriture, avec elle nous pouvons aussi bien bénir le Seigneur et maudire les hommes créés à l’image de Dieu (cf. Jc 3, 9). De notre bouche ne devraient pas sortir de paroles mauvaises, « mais plutôt une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui écoutent » (Ep 4, 29).

Parfois, un discours aimable ouvre une brèche dans les cœurs les plus endurcis. Nous en trouvons également des traces dans la littérature. Je pense à cette page mémorable du chapitre 21 du roman Les Fiancés (Promessi Sposi) où Lucia parle avec son cœur à l’Inconnu jusqu’à ce que celui-ci, désarmé et tourmenté par une crise intérieure salutaire, cède à la douce force de l’amour. Nous en faisons l’expérience dans la coexistence civique, où la gentillesse n’est pas seulement une question de “bonnes manières”, mais un véritable antidote à la cruauté, qui malheureusement peut empoisonner les cœurs et envenimer les relations. Nous en avons besoin dans les médias, afin que la communication ne nourrisse pas un ressentiment qui exaspère, génère de la colère et mène à la confrontation, mais qu’elle aide les gens à réfléchir calmement, à décrypter, avec un esprit critique et toujours respectueux, la réalité dans laquelle ils vivent.

La communication de cœur à cœur : « Il suffit d’aimer bien pour bien s’exprimer ».

L’un des exemples les plus lumineux et les plus fascinants du « parler avec le cœur » est celui de saint François de Sales, Docteur de l’Église, à qui j’ai récemment dédié la lettre apostolique Totum amoris est, 400 ans après sa mort. Parallèlement à cet important anniversaire, il me plaît de rappeler en la circonstance un autre anniversaire en cette année 2023 : le centenaire de sa proclamation comme patron des journalistes catholiques par Pie XI avec l’Encyclique Rerum omnium perturbationem. Intellectuel brillant, écrivain prolifique, théologien d’une grande profondeur, François de Sales est évêque de Genève au début du XVIIe siècle, dans des années difficiles marquées par de vives disputes avec les calvinistes. Sa douceur, son humanité, sa disposition à dialoguer patiemment avec tout le monde et surtout avec ceux qui s’opposaient à lui, firent de lui un témoin extraordinaire de l’amour miséricordieux de Dieu. On pouvait dire de lui que « la parole agréable attire de nombreux amis, le langage aimable attire de nombreuses gentillesses » (Sir 6,5). D’ailleurs, l’une de ses déclarations les plus célèbres, « le cœur parle au cœur », a inspiré des générations de fidèles, dont saint John Henry Newman qui en a fait sa devise, Cor ad cor loquitur : « Il suffit de bien aimer pour bien s’exprimer », était l’une de ses convictions. Cela montre comment, pour lui, la communication ne doit jamais être réduite à un artifice, à – nous dirions aujourd’hui – une stratégie de marketing, mais doit être le reflet de l’âme, la surface visible d’un noyau d’amour invisible aux yeux. Pour saint François de Sales, c’est précisément « dans le cœur et par le cœur que s’accomplit ce processus d’unification subtil et intense en vertu duquel l’homme reconnaît Dieu ». [2] En « aimant bien », saint François est parvenu à communiquer avec le sourd-muet Martin, devenant son ami ; c’est pourquoi on se souvient aussi de lui comme protecteur des personnes souffrant de handicap de communication.

C’est à partir de ce « critère de l’amour » que, par ses écrits et son témoignage de vie, le saint évêque de Genève nous rappelle que « nous sommes ce que nous communiquons ». Une leçon qui va à contre-courant aujourd’hui, à une époque où, comme nous le vivons notamment sur les réseaux sociaux, la communication est souvent instrumentalisée pour que le monde nous voie comme nous voudrions être et non comme nous sommes. Saint François de Sales diffusa de nombreux exemplaires de ses écrits dans la communauté genevoise. Cette intuition « journalistique » lui valut une réputation qui rapidement dépassa le périmètre de son diocèse et qui perdure encore de nos jours. Ses écrits, comme l’a fait remarquer saint Paul VI, constituent « une lecture extrêmement agréable, instructive et stimulante » [3] . Si l’on observe le paysage de la communication aujourd’hui, ne s’agit-il pas précisément des caractéristiques auxquelles doit satisfaire un article, un reportage, une émission de radio ou de télévision ou un post sur les réseaux sociaux ? Puissent donc les professionnels de la communication se laisser inspirer par ce saint de la tendresse, en recherchant et en racontant la vérité avec courage et liberté, tout en rejetant la tentation d’utiliser des expressions percutantes et agressives.

Parler avec le cœur dans le processus synodal

Comme je l’ai souligné, « même dans l’Église, il y a un grand besoin d’écouter et de s’écouter. C’est le don le plus précieux et le plus généreux que nous pouvons offrir les uns les autres ». [4] D’une écoute sans préjugés, attentive et disponible, naît une « prise de parole » selon le style de Dieu, nourrie de proximité, de compassion et de tendresse. Nous avons un besoin urgent dans l’Église d’une communication qui embrase les cœurs, qui soit un baume sur les blessures et qui éclaire le chemin de nos frères et sœurs. Je rêve d’une communication ecclésiale qui sache se laisser guider par l’Esprit Saint, douce et en même temps prophétique, qui sache trouver de nouvelles formes et modalités pour la merveilleuse annonce qu’elle est appelée à porter dans le troisième millénaire. Une communication qui mette au centre la relation avec Dieu et le prochain, en particulier les plus démunis, et qui sache allumer le feu de la foi plutôt que préserver les cendres d’une identité autoréférentielle. Une communication dont les fondements sont l’humilité dans l’écoute et la parresia dans le parler, qui ne sépare jamais la vérité de la charité.

Désarmer les esprits en promouvant un langage de paix

« Une langue délicate peut broyer un os » dit le livre des Proverbes (25,15). Parler avec le cœur est plus que jamais nécessaire aujourd’hui pour promouvoir une culture de la paix là où il y a la guerre ; pour ouvrir des sentiers qui permettent le dialogue et la réconciliation là où la haine et l’inimitié font rage. Dans le contexte dramatique de conflit mondial que nous connaissons, il est urgent d’affirmer une communication qui ne soit pas hostile. Il est nécessaire de surmonter « l’habitude de disqualifier instantanément l’adversaire en lui appliquant des épithètes humiliantes, en lieu et place d’un dialogue ouvert et respectueux ». [5] Nous avons besoin de communicateurs disposés au dialogue, impliqués dans la promotion du désarmement intégral et engagés à dissiper la psychose de la guerre qui se niche dans nos cœurs, comme l’exhortait prophétiquement saint Jean XXIII dans l’encyclique Pacem in Terris : « La vraie paix ne peut s’édifier que dans la confiance mutuelle » (n. 61). Une confiance qui a besoin de communicateurs qui ne soient pas retranchés, mais audacieux et créatifs, prêts à prendre des risques pour trouver un terrain d’entente où se rencontrer. Comme il y a 60 ans, nous vivons aujourd’hui une heure sombre où l’humanité craint une escalade de la guerre, qu’il faut endiguer au plus vite, y compris au niveau de la communication. On est consterné d’entendre avec quelle facilité sont prononcés des paroles appelant à la destruction de peuples et de territoires. Des propos qui, malheureusement, se transforment souvent en actions guerrières d’une violence féroce. C’est pourquoi toute rhétorique belliqueuse doit être rejetée, de même que toute forme de propagande qui manipule la vérité, la défigurant à des fins idéologiques. Au contraire, il faut promouvoir à tous les niveaux une communication qui aide à créer les conditions pour résoudre les conflits entre les peuples.

En tant que chrétiens, nous savons que c’est vraiment grâce à la conversion du cœur que se décide le sort de la paix, puisque le virus de la guerre vient de l’intérieur du cœur humain. [6] Du cœur jaillissent les paroles justes pour dissiper les ombres d’un monde fermé et divisé et construire une civilisation meilleure que celle que nous avons reçue. Il s’agit d’un effort demandé à chacun d’entre nous, mais qui exige tout particulièrement un sens des responsabilités de la part des professionnels de la communication, pour qu’ils exercent leur profession comme une mission.

Que le Seigneur Jésus, Parole pure jaillissant du cœur du Père, nous aide à rendre notre communication libre, limpide et cordiale.

Que le Seigneur Jésus, Verbe fait chair, nous aide à nous mettre à l’écoute de la pulsation des cœurs, à nous redécouvrir frères et sœurs, et à désarmer l’hostilité qui divise.

Que le Seigneur Jésus, Parole de vérité et d’amour, nous aide à dire la vérité dans la charité, afin de nous sentir gardiens les uns des autres.

 

Rome, St Jean de Latran, 24 janvier 2023, mémoire de St François de Sales.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – 17 mai 2023

Photo Crédit: Wikimedia Commons

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit l’itinéraire sur le zèle apostolique avec la figure de saint François Xavier, considéré comme le plus grand missionnaire des temps modernes. Le pape pour les jeunes: « regardez François Xavier, regardez l’horizon du monde, regardez les peuples qui ont tant besoin, regardez tant de gens qui souffrent, tant de gens qui ont besoin de Jésus. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Poursuivant notre itinéraire des catéchèses avec des modèles exemplaires de zèle apostolique… Gardons à l’esprit que nous parlons d’évangélisation, de zèle apostolique, de faire connaître le nom de Jésus, et qu’il y a beaucoup de femmes et d’hommes dans l’histoire qui l’ont fait de manière exemplaire. Aujourd’hui, par exemple nous portons le choix sur saint François Xavier : il est considéré, certains le disent, comme le plus grand missionnaire des temps modernes. Mais on ne peut pas dire qui est le plus grand, qui est le plus petit, parce qu’il y a tant de missionnaires cachés qui, encore aujourd’hui, font beaucoup plus que Saint François Xavier. Et Xavier est le saint patron des missions, comme Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Mais un missionnaire est grand quand il part. Et il y en a tant, tant de prêtres, de laïcs, de religieuses qui vont dans les missions, et aussi de l’Italie et beaucoup d’entre vous. Je vois, par exemple, quand on me montre le parcours d’un prêtre candidat à l’épiscopat : il a passé dix ans en mission à tel endroit… c’est formidable : quitter sa patrie pour prêcher l’Evangile. C’est le zèle apostolique. Et cela nous devons le cultiver beaucoup. Et en regardant la figure de ces hommes, de ces femmes, nous apprenons.

Et Saint François Xavier naît en 1506 dans une famille noble mais appauvrie de Navarre, dans le nord de l’Espagne. Il part étudier à Paris – c’est un jeune homme mondain, intelligent et brave. Là il rencontre Ignace de Loyola. Il lui fait faire les exercices spirituels et il change sa vie. Et il abandonne toute sa carrière mondaine pour devenir missionnaire. Il devient jésuite, prononce ses vœux. Puis il devient prêtre et part évangéliser, envoyé en Orient. À l’époque, les voyages des missionnaires en Orient étaient des envois vers des mondes inconnus. Et il y va, parce qu’il était rempli de zèle apostolique.

Ainsi commence la première d’une longue série de missionnaires passionnés des temps modernes, prêts à endurer d’immenses difficultés et dangers, à se rendre sur des terres et rencontrer des peuples de cultures et de langues totalement inconnues, uniquement animés par le désir très fort de faire connaître Jésus-Christ et son Évangile.

En un peu plus de onze ans, il accomplit une tâche extraordinaire. Il a été missionnaire pendant 11 ans plus ou moins. À l’époque, les voyages en bateau étaient très difficiles et étaient dangereux. Nombreux mouraient durant le voyage, victimes de naufrages ou de maladies. Aujourd’hui, ils meurent malheureusement parce que nous les laissons mourir en Méditerranée… Xavier passera plus de trois ans et demi sur les navires, soit un tiers de la durée totale de sa mission. Il passe plus de trois ans et demi sur les navires, pour se rendre en Inde, puis de l’Inde au Japon.

Arrivé à Goa, en Inde, capitale de l’Orient portugais, la capitale culturelle et aussi commerciale, Xavier y établit sa base, mais ne s’arrête pas là. Il part évangéliser les pauvres pêcheurs de la côte méridionale de l’Inde, enseigne le catéchisme et la prière aux enfants, baptise et soigne les malades. Puis, lors d’une prière nocturne sur la tombe de l’apôtre Saint-Barthélemy, il sent qu’il doit aller au-delà de l’Inde. Il laisse en de bonnes mains l’œuvre qu’il a déjà commencée et s’embarque hardiment pour les Moluques, les îles les plus éloignées de l’archipel indonésien. Pour ces gens, il n’y avait pas d’horizon, ils allaient au-delà… Un tel courage de la part de ces saints missionnaires ! Même ceux d’aujourd’hui, même s’ils ne prennent pas le bateau pendant trois mois, ils prennent l’avion pendant 24 heures, mais ensuite, c’est la même chose. Il faut se rendre sur place, parcourir de nombreux kilomètres, aller dans les forêts. Et Xavier, dans les Moluques, met en vers, le catéchisme dans la langue locale et enseigne à chanter le catéchisme, parce en chantant on l’apprend mieux. Ses lettres nous font comprendre quels furent ses sentiments. Il écrit ainsi : « Les dangers et les souffrances, acceptés volontairement et uniquement pour l’amour et le service de Dieu notre Seigneur, sont des trésors riches de grandes consolations spirituelles. Ici, en peu d’années, on pourrait perdre les yeux pour avoir versé trop de larmes de joie » (20 janvier 1548). Il pleurait de joie en voyant l’œuvre du Seigneur.

Un jour, en Inde, il rencontre un Japonais qui lui parle de son pays lointain, où aucun missionnaire européen n’est jamais allé. Et François Xavier avait l’inquiétude de l’apôtre, celle d’aller plus loin, et il décide de partir le plus tôt possible, et y arrive après un voyage audacieux sur la jonque d’un Chinois. Les trois années passées au Japon sont très dures, en raison du climat, de l’opposition et de l’ignorance de la langue, mais même là, les graines semées porteront de nombreux fruits.

Au Japon, Xavier, le grand rêveur, comprend que le pays décisif pour la mission en Asie était un autre : la Chine. Avec sa culture, son histoire, sa grandeur, elle exerçait une domination de fait sur cette partie du monde. Aujourd’hui encore, la Chine est un pôle culturel, avec une grande histoire, une très belle histoire. Il retourne donc à Goa et, peu après, s’embarque à nouveau, espérant pouvoir arriver en Chine. Mais son plan échoue : il meurt aux portes de la Chine, sur une île, sur la petite île de Sancian, au large de la Chine, attendant en vain de débarquer sur la terre ferme près de Canton. Le 3 décembre 1552, il meurt dans l’abandon le plus total, seul un Chinois est à ses côtés pour veiller sur lui. Ainsi s’achève le parcours terrestre de François Xavier. Il avait vieilli, quel âge avait-il ? Quatre-vingts ans déjà ? Non… Il n’avait que quarante-six ans, il avait passé sa vie dans la mission, avec zèle. Il quitte l’Espagne cultivée et arrive dans le pays le plus cultivé du monde à l’époque, la Chine, et meurt devant la grande Chine, accompagné par un Chinois. Tout un symbole !

Son activité intense a toujours été associée à la prière, à l’union avec Dieu, mystique et contemplative. Il ne délaissait jamais la prière, car il savait que c’était là que résidait sa force. Partout où il se trouvait, il avait une grande attention pour les malades, les pauvres et les enfants. Il n’était pas un missionnaire « aristocratique » : il allait toujours avec les plus nécessiteux, les enfants qui avaient le plus besoin d’éducation, de catéchèse, les pauvres, les malades : il allait jusqu’aux frontières de la compassion où s’est accrue sa grandeur. L’amour du Christ a été la force qui l’a poussée jusqu’aux frontières les plus éloignées, au prix de fatigues et de dangers constants, surmontant les échecs, les déceptions et le découragement, et lui offrant même la consolation et la joie de le suivre et de le servir jusqu’au bout.

Que Saint François Xavier, qui a accompli cette tâche si grande, dans une telle pauvreté et avec un tel courage, nous donne un peu de ce zèle, de ce zèle pour vivre l’Évangile et pour annoncer l’Évangile. Aux nombreux jeunes d’aujourd’hui qui sont inquiets et ne savent pas quoi faire de cette inquiétude, je dis : regardez François Xavier, regardez l’horizon du monde, regardez les peuples qui ont tant besoin, regardez tant de gens qui souffrent, tant de gens qui ont besoin de Jésus. Et allez-y, ayez du courage. Aujourd’hui encore, il y a des jeunes courageux. Je pense à tant de missionnaires, par exemple en Papouasie-Nouvelle-Guinée, je pense à mes amis, les jeunes du diocèse de Vanimo, et à tous ceux qui sont partis évangéliser dans le sillage de François Xavier. Que le Seigneur nous donne à tous la joie d’évangéliser, la joie de porter ce beau message qui fait notre bonheur et celui de tous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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