Retour dans cette émission sur le nouveau Motu Proprio qui prévoit la révocation d’un évêque s’il est coupable de « négligence » dans des affaires d’abus sexuels sur mineurs.
Homélie du pape François lors de la Messe de canonisation de Saint Stanislas de Jésus Marie Papczyński & Sainte Marie Élisabeth Hesselblad
La Parole de Dieu que nous avons écoutée nous reconduit à l’événement central de la foi : la victoire de Dieu sur la souffrance et sur la mort. C’est l’Évangile de l’espérance jaillissant du Mystère pascal du Christ ; il irradie à partir de son visage qui révèle Dieu le Père, consolateur des affligés. C’est une Parole qui nous appelle à demeurer intimement unis à la passion de notre Seigneur Jésus, afin que se manifeste en nous la puissance de sa résurrection.
En effet, dans la Passion du Christ, il y a la réponse de Dieu au cri angoissé, et parfois indigné, que l’expérience de la souffrance et de la mort suscite en nous. Il s’agit de ne pas échapper de la Croix, mais de rester là, comme l’a fait la Vierge Mère, qui en souffrant avec Jésus a reçu la grâce d’espérer contre toute espérance (cf. Rm 4, 18).
Cela a aussi été l’expérience de Stanislas de Jésus Marie et de Marie Élisabeth Hesselblad, qui sont aujourd’hui proclamés saints : ils sont restés intimement unis à la passion de Jésus et la puissance de sa résurrection s’est manifestée en eux.
La première lecture et l’évangile de ce dimanche nous présentent justement deux signes prodigieux de résurrection : le premier opéré par le prophète Elie, le second par Jésus. Dans les deux cas, les morts sont de très jeunes fils de femmes veuves qui sont rendus vivants à leurs mères.
La veuve de Sarepta – une femme non juive, qui cependant avait accueilli dans sa maison le prophète Elie – s’est indignée contre le prophète et contre Dieu parce que, justement pendant qu’Elie était son hôte, son enfant était tombé malade et avait à présent expiré dans ses bras. Alors Elie dit à cette femme : « Donne-moi ton fils ! » (1 R17, 19). Voilà un mot-clé : il exprime l’attitude de Dieu devant notre mort (sous toutes ses formes) ; il ne dit pas : « Garde-le, arrange-toi ! », mais il dit : « Donne-le moi ». Et en effet, le prophète prend l’enfant et le porte dans la chambre à l’étage supérieur, et là, seul, dans la prière, « il lutte avec Dieu », le mettant devant l’absurdité de cette mort. Et le Seigneur écoute la voix d’Elie, parce qu’en réalité c’était Lui, Dieu, qui parlait et agissait à travers le prophète. C’était lui qui, par la bouche d’Elie, avait dit à la femme : « Donne- moi ton fils ». Et maintenant c’était Lui qui le rendait vivant à sa mère.
La tendresse de Dieu se révèle pleinement en Jésus. Nous avons entendu dans l’Évangile (Lc 7, 11-17) comme il a été saisi de compassion (cf. v. 13) pour cette veuve de Naïm, en Galilée, qui accompagnait son fils unique, encore adolescent, pour l’enterrer. Mais Jésus s’approche, touche le cercueil, arrête le cortège funèbre, et il aura certainement caressé le visage baigné de larmes de cette pauvre maman. « Ne pleure pas ! », lui dit-il (Lc 7, 13). Comme s’il lui demandait : « Donne-moi ton fils ». Jésus demande pour lui notre mort, afin de nous en libérer et de nous redonner la vie. En effet ce jeune s’est réveillé comme d’un sommeil profond et il a recommencé à parler. Et Jésus « le rendit à sa mère » (v. 15). Il n’est pas un magicien ! Il est la tendresse de Dieu incarnée ; en lui opère l’immense compassion du Père.
Que l’apôtre Paul d’ennemi et persécuteur féroce des chrétiens devienne témoin et héraut de l’Évangile (cf. Ga 1, 13-17) est aussi une espèce de résurrection. Ce changement radical n’a pas été son œuvre personnelle mais un don de la miséricorde de Dieu, qui l’« a mis à part » et l’« a appelé dans sa grâce » et a voulu révéler « en lui » son Fils pour qu’il annonce ce Fils parmi les nations (vv. 15-16). Paul dit qu’il a plu à Dieu le Père de révéler le Fils non seulement à lui mais aussi en lui, c’est-à-dire en imprimant dans sa personne, chair et esprit, la mort et la résurrection du Christ. Ainsi l’apôtre sera non seulement un messager, mais avant tout un témoin.
Et de même, avec les pécheurs, pris un à un, Jésus ne se lasse pas de faire resplendir la victoire de la grâce qui donne vie. Il dit à la Mère Église : « Donne-moi tes enfants », que nous sommes tous. Il prend sur lui nos péchés, les enlève et il nous redonne vivants à l’Église même. Et cela advient d’une manière spéciale durant cette Année Sainte de la Miséricorde.
Aujourd’hui, l’Église nous montre deux de ses enfants qui sont des témoins exemplaires de ce mystère de résurrection. Les deux peuvent chanter dans l’éternité avec les paroles du Psalmiste : « Tu as changé mon deuil en une danse, / sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rendrai grâce » (Ps 30, 12). Et tous ensemble nous nous unissons en disant : « Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé » (Refrain du Psaume responsorial).
[00937-FR.01] [Texte original: Italien]
L’Évangile et la valeur spirituelle de l’argent
Depuis l’étude de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, on a souvent souligné l’influence de la religion dans la conception et les rapports qu’entretiennent les hommes avec l’argent. Dans son étude, Max Weber montrait comment le protestantisme avait eu un rôle important dans l’implantation du régime capitaliste. Bien que les distinctions entre les théologies des différentes communautés chrétiennes tendent à s’estomper de plus en plus, on a traditionnellement prétendu que les protestants considéraient la richesse comme une bénédiction de Dieu et comme une certaine récompense suite à un important labeur. Au contraire, du côté catholique, on a souvent considéré les personnes bien nanties d’un mauvais œil, ces dernières s’éloignant prétendument de l’état de pauvreté du Christ.
Dans un monde où les inégalités vont en s’accroissant, il est de mise de s’interroger sur notre rapport avec l’argent ainsi que sur sa réelle importance. Personne ne questionne le rôle extrêmement pratique de l’argent. En effet, dans les sociétés primitives, il était encore possible de fonctionner grâce au troc. Toutefois, à mesure que le marché se diversifiait, il devenait impossible de continuer de fonctionner de cette manière, d’où l’établissement d’une unité de mesure commune pour faciliter les échanges. C’est ainsi qu’est apparu l’argent. Tout au long de l’histoire, la responsabilité d’émettre et de réguler la valeur et les flux de l’argent a généralement été confiée aux plus hautes autorités des différents pays. C’était déjà le cas au temps de Jésus où l’autorité politique suprême de César émettait des devises (deniers ou autres.) dans le but favoriser l’unité du commerce dans l’empire Romain.
Qu’est-ce que nous enseigne la Bible sur l’argent? Les enseignements de la Bible sur l’argent sont très complexes et peuvent diverger, surtout dans l’Ancien Testament, selon l’époque où le livre a été écrit. Cependant, une unité doctrinale peut en être tirée. De fait, un des enseignements fondamentaux de la Bible sur l’argent est qu’il est un bien mais également un moyen. Cela signifie qu’il ne doit pas être recherché pour lui-même mais pour une fin noble (no 328 – 329). Ainsi, ce n’est que si il est utile pour notre bien être corporel et spirituel qu’il doit être recherché. Dans le cas contraire, l’argent sera un grand obstacle à notre salut et nous risquons de « servir Mammon » (Mt 6,24). Ceci dit, l’Évangile ne doit pas être considéré comme un recueil de loi où l’on trouverait une réponse pour chaque cas particulier. Au contraire, le message de Jésus est un appel à la conscience et à la liberté humaine. On doit donc y chercher des principes avec lesquels nous devons juger nous-mêmes de la bonne chose à faire dans notre vie. Cela ne veut pas dire que nous pouvons faire n’importe quoi mais que c’est sur notre volonté et notre désir concret de connaître et de faire le bien que nous seront jugés. Comme le disait le Concile Vatican II, notre premier devoir est de « chercher la vérité et d’y adhérer » (no2).
Quels sont donc ces principes que nous enseigne le Nouveau Testament sur notre relation à l’argent ? Comme c’est le cas à de nombreuses reprises, nous sommes en présence d’un enseignement en apparence contradictoire.
D’un côté, Jésus nous enseigne à nous considérer comme des enfants aimés de Dieu. Une des caractéristiques fondamentales des enfants est qu’ils se savent dépendants de leurs parents et sont heureux de cet état. Un enfant va rarement jouer les indépendants devant sa mère mais va plutôt vouloir être avec elle et constamment attirer son attention. De la même manière, être enfant de Dieu nécessite de notre part une reconnaissance de notre totale dépendance par rapport à Dieu, non pas en la considérant comme un joug mais plutôt comme une présence réconfortante dont on ne voudrait être privé pour rien au monde. Dans ce contexte, l’argent peut être un obstacle puisqu’il peut nous porter à nous considérer comme étant autosuffisants et maîtres de nous-mêmes. Choisissant comme bon nous semble ce qui est bien et mal pour nous et notre prochain. En ce sens, « il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » (Mt 19, 24). Toutefois, ce risque ne doit pas être pour nous une cause d’anxiété qui nous pousserait à ne pas prendre nos responsabilités et notre place dans la société y compris au niveau salarial. En effet, cela peut être aussi une occasion de sanctification au sens où l’on peut, par la possession des richesses, devenir l’instrument par lequel Dieu étend son Royaume dès ici bas.
D’un autre côté, Jésus nous enseigne que, malgré cet état de dépendance, nous devons tous travailler fort à notre amélioration personnelle, spirituelle et sociale. C’est l’enseignement de la parabole des talents (Mt 25, 14-46) dans laquelle Dieu nous demandera des comptes des fruits que nous avons ou aurions dû obtenir selon les talents que nous avons reçus. Ainsi, pas de place pour la paresse et la fainéantise. Nous devons tous donner le meilleur de nous-mêmes. Dans ce contexte, l’argent peut être un obstacle puisque si nous en avons trop, nous pouvons être tentés de jouir de la vie sans nous soucier du bien qui n’attend que nous pour se révéler. Nous cachons ainsi les talents qui nous ont été confiés avec la conséquence que nous connaissons« celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a ». Toutefois, l’argent peut également être extrêmement utile pour faire croître ces mêmes talents. L’exemple des études montre bien comment l’argent peut permettre à une personne d’exploiter son potentiel intellectuel au maximum et ensuite en faire bénéficier toute la société.
L’enseignement du Christ sur l’argent est, à la fois clair et indéterminé. En effet, d’un côté, l’argent n’est pas un bien absolu mais relatif à son utilisation. Le rechercher est impératif. Connaître le bien qui doit être fait avec lui l’est tout autant. Nous ne devons donc ni le craindre, ni le rechercher pour lui-même mais bien nous considérer comme des administrateurs de l’Unique vrai propriétaire et dépositaire des toutes les richesses créées. Ce faisant nous obéirons au conseil du Christ qui dit : « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ( Mt 6, 33).
Échos du Vatican
Retour dans cette émission sur l’action de l’Église pour la paix dans le monde, ainsi que sur le jubilé des diacres à Rome et la fête Dieu.
Homélie du pape François lors de la Messe et de la Procession Eucharistique pour la Solennité du Corpus Cristi
« Faites cela en mémoire de moi » (1Co 11, 24.25)
Par deux fois, l’Apôtre Paul, écrivant à la communauté de Corinthe, rapporte de commandement de Jésus dans le récit de l’institution de l’Eucharistie. C’est le témoignage le plus ancien sur les paroles du Christ lors de la Dernière Cène.
« Faites cela ». C’est-à-dire prenez le pain, rendez grâce et rompez-le ; prenez le calice, rendez grâce et distribuez-le. Jésus commande de répéter le geste par lequel il a institué le mémorial de sa Pâque, au moyen duquel il nous a donné son Corps et son Sang. Et ce geste est parvenu jusqu’à nous : c’est le “faire” l’Eucharistie, qui a toujours Jésus comme sujet, mais qui se réalise à travers nos pauvres mains ointes d’Esprit Saint.
« Faites cela ». Déjà précédemment Jésus avait demandé aux disciples de “faire” ce qu’il avait déjà clair dans son esprit, en obéissance à la volonté du Père. Nous venons de l’entendre dans l’Évangile. Devant les foules fatiguées et affamées, Jésus dit aux disciples : « Donnez-leur vous- mêmes à manger » (Lc 9, 13). En réalité c’est Jésus qui bénit et rompt les pains jusqu’à rassasier tous ces gens, mais les cinq pains et les deux poissons ont été offerts par les disciples, et Jésus voulait précisément ceci : qu’au lieu de congédier la foule, ils mettent à sa disposition le peu qu’ils avaient. Et ensuite, il y a un autre geste : les morceaux de pain, rompus par les mains saintes et vénérables du Seigneur, passent dans les pauvres mains des disciples, qui les distribuent aux gens. Cela aussi c’est “faire” avec Jésus, c’est “donner à manger” avec lui. Il est clair que ce miracle ne veut pas seulement rassasier la faim d’un jour, mais il est signe de ce que le Christ entend accomplir pour le salut de toute l’humanité en donnant sa chair et son sang (cf. Jn 6, 48-58). Et cependant il faut toujours passer par ces deux petits gestes : offrir le peu de pains et de poissons que nous avons ; recevoir le pain rompu des mains de Jésus et le distribuer à tous.
Rompre : c’est l’autre parole qui explique le sens du « faites cela en mémoire de moi ». Jésus s’est rompu, il se rompt pour nous. Et il nous demande de nous donner, de nous rompre pour les autres. Justement ce “rompre le pain” est devenu l’icône, le signe de reconnaissance du Christ et des chrétiens. Rappelons-nous Emmaüs : ils le reconnurent « à la fraction du pain » (Lc 24, 35). Rappelons-nous la première communauté de Jérusalem : « Ils étaient assidus […] à la fraction du pain » (Ac 2, 42). C’est l’Eucharistie, qui devient depuis le commencement le centre et la forme de la vie de l’Eglise. Mais pensons aussi à tous les saints et saintes – célèbres ou anonymes – qui se sont « rompus » eux-mêmes, leur propre vie, pour “donner à manger” à leurs frères. Que de mamans, que de papas, avec le pain quotidien, coupé sur la table de la maison, ont rompu leur cœur pour faire grandir leurs enfants, et les faire bien grandir ! Que de chrétiens, comme citoyens responsables, ont rompu leur propre vie pour défendre la dignité de tous, spécialement des plus pauvres, des exclus et des discriminés ! Où trouvent-ils la force pour faire tout cela ? Justement dans l’Eucharistie : dans la puissance d’amour du Seigneur ressuscité, qui aujourd’hui aussi rompt le pain pour nous et répète : « Faites cela en mémoire de moi ».
Puisse aussi le geste de la procession eucharistique, que nous allons accomplir dans peu de temps, répondre à ce mandat de Jésus. Un geste pour faire mémoire de Lui ; un geste pour donner à manger à la foule d’aujourd’hui ; un geste pour rompre notre foi et notre vie comme signe de l’amour du Christ pour cette ville et pour le monde entier.
[00881-FR.01] [Texte original: Italien]
Échos du Vatican
Retour dans cette émission sur la rencontre historique du pape François avec le grand imam d’Al-Azhar
Elle entre dans une église et renonce à se suicider
C’est une descente aux enfers qui s’arrête à l’église. L’histoire d’une femme, non croyante, sauvée de la mort par l’homélie d’un prêtre lors d’une messe, dans une église parisienne.
Invitée à témoigner dans l’émission française Salut Les Terriens sur Canal + le 14 mai dernier, Laurence Cottet, 55 ans, raconte son douloureux parcours qui la pousse, quelques années plus tôt, à vouloir mettre fin à sa vie. Elle n’élude rien et parle avec sincérité de son alcoolisme et de la mort de son mari. Face à cette disparition, dévastée par le chagrin, Laurence se réfugie dans le travail et l’alcool, de plus en plus, jusqu’à la dépression, les comas éthyliques, et les tentatives de suicide.
Sur le plateau, l’animateur Thierry Ardisson égraine les malheurs et déboires qui ont émaillés l’itinéraire de cette femme, brillante au travail. Le 23 janvier 2009, alors qu’elle occupe un poste important chez Vinci, elle participe à la traditionnelle cérémonie des vœux où l’alcool coule à flot en « open bar ». Là, au milieu de la salle de réception, devant 650 cadres supérieurs, elle s’écroule, ivre morte. Elle est trainée dans son bureau, et se réveille plus tard, allongée sur la moquette, en découvrant qu’elle s’était vomie dessus.
À ce moment-là « j’ai perdu ma dignité de femme […] réagit-elle, et ma décision est prise: je prends mes baskets, et je m’en vais à Denfert-Rochereau (station de métro parisienne, NDLR), pour me jeter sous la rame du métro ».
« Et là, miracle ! » interrompt l’animateur sous le regard amusé et souriant de madame Cottet qui connaît la suite. Elle entend sonner les cloches de l’église voisine. Elle rentre dans l’édifice et entend l’homélie du prêtre : « Fuyez la débauche, le Seigneur vous a donné un corps, il ne vous appartient pas. Il vous l’a donné pour le servir ». Une phrase, dit-elle, « qui m’a frappé le visage ».
Après l’homélie Laurence reste dans l’église pour suivre la messe, et elle communie pour la première fois depuis l’enterrement de son mari. « Cette communion est nouvelle. Je ressens une force inouïe, surnaturelle mais intérieure. Comme une grâce en moi. Je découvre Dieu, le mien. Un Dieu qui protège et parle à mon cœur », écrit-elle dans une œuvre biographique, intitulé « Non ! J’ai arrêté ».
Ce jour-là, explique-t-elle encore dans son ouvrage, « je fais une rencontre qui me sauve, […] j’étais seule, extrêmement affaiblie et totalement démunie. J’avais tout perdu : ma dignité de femme, mon amour-propre, ma beauté intérieure, mon travail, mes amis, ma famille, mes forces…sauf la vie ».
Et depuis cette messe fortuite sur la route de son suicide, le 24 janvier 2009, non seulement Laurence continue de vivre, mais elle ne boit plus une seule goutte d’alcool. « Une force m’habite discrètement, poursuit-elle dans son livre. J’ose dire oui à la vie ! Grâce à la véritable lumière trouvée là où je ne l’attendais pas ».
Échos du Vatican
Mise au point dans cette émission sur la question du diaconat des femmes, et retour sur la célébration de la Pentecôte au Vatican.
Homélie du pape François lors de la Messe de la Pentecôte
Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François lors de la Messe de la Pentecôte à basilique Saint-Pierre de Rome:
« Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 18).
La mission de Jésus, culminant dans le don de l’Esprit Saint, avait ce but essentiel : rétablir notre relation avec le Père, abîmée par le péché ; nous arracher à la condition d’orphelins et nous rendre celle de fils.
L’apôtre Paul, écrivant aux chrétiens de Rome, dit : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions “Abba ! ”, c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 14-15). Voilà la relation renouée : la paternité de Dieu se rétablit en nous grâce à l’œuvre rédemptrice du Christ et au don de l’Esprit Saint.
L’Esprit est donné par le Père et nous conduit au Père. Toute l’œuvre du salut est une œuvre de ré-génération, dans laquelle la paternité de Dieu, au moyen du don du Fils et de l’Esprit, nous libère de l’état d’orphelins dans lequel nous sommes tombés. À notre époque aussi nous rencontrons différents signes de notre condition d’orphelins : cette solitude intérieure que nous éprouvons même au milieu de la foule et qui parfois peut devenir tristesse existentielle ; cette prétendue autonomie par rapport à Dieu qui s’accompagne d’une certaine nostalgie de sa proximité ; cet analphabétisme spirituel diffus à cause duquel nous nous retrouvons dans l’incapacité de prier ; cette difficulté à percevoir comme vraie et réelle la vie éternelle, comme plénitude de communion qui germe ici-bas et s’épanouit au-delà de la mort ; cette difficulté pour reconnaître l’autre comme frère, en tant que fils du même Père ; et d’autres signes semblables.
À tout cela s’oppose la condition de fils, qui est notre vocation originaire, elle est ce pour quoi nous sommes faits, notre plus profond ADN, mais qui a été abimé et qui, pour être restauré, a demandé le sacrifice du Fils Unique. Du don immense d’amour qu’est la mort de Jésus sur la croix, a jailli pour toute l’humanité, comme une immense cascade de grâce, l’effusion de l’Esprit saint. Celui qui s’immerge avec foi dans ce mystère de régénération renaît à la plénitude de la vie filiale.
« Je ne vous laisserai pas orphelins ». Aujourd’hui, fête de Pentecôte, ces paroles de Jésus nous font penser aussi à la présence maternelle de Marie au Cénacle. La Mère de Jésus est au milieu de la communauté des disciples rassemblés en prière : elle est mémoire vivante du Fils et invocation vivante de l’Esprit Saint. Elle est la Mère de l’Église. À son intercession nous confions de manière particulière tous les chrétiens et les communautés qui en ce moment ont le plus besoin de la force de l’Esprit Paraclet, Défenseur et Consolateur, Esprit de vérité, de liberté et de paix.
L’Esprit, comme affirme encore saint Paul, fait que nous appartenons au Christ. « Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas » (Rm 8, 9). Et en consolidant notre relation d’appartenance au Seigneur Jésus, l’Esprit nous fait entrer dans une nouvelle dynamique de fraternité. Par le Frère universel qui est Jésus, nous pouvons nous mettre en relation avec les autres d’une manière nouvelle, non plus comme des orphelins, mais comme des fils du même Père, bon et miséricordieux. Et cela change tout ! Nous pouvons nous regarder comme des frères, et nos différences ne font que multiplier la joie et l’émerveillement d’appartenir à cette unique paternité et fraternité.
[00806-FR.01] [Texte original: Italien]
Vers le diaconat des femmes ?
L’emballement médiatique ne s’est pas fait attendre après la déclaration d’intention du Pape de se pencher sur la question du diaconat des femmes.
Jeudi 12 mai, lors d’une audience avec des centaines de supérieures majeures venues du monde entier, le Pape répond à une question posée par l’une d’entre elles sur le diaconat féminin et la création d’une commission pour étudier la question.
Dans sa réponse le Souverain Pontife rappelle d’abord l’existence de « diaconesses » dans les premiers temps de l’Église. Mais « quel était le rôle des femmes diacres en ces temps ? Avaient-elles l’ordination ou non ? » Interroge-t-il. Le Concile de Chalcédoine (451) en parlait « mais c’est un peu obscur » admet le pontife argentin qui rappelle en outre qu’il existe quelques publications sur le diaconat dans l’Église, mais que là encore « ce n’est pas clair sur comment c’était » à l’époque.
« Je crois que je demanderai à la Congrégation pour la doctrine de la foi qu’elle me fasse un compte-rendu des études sur ce thème », a expliqué le Saint-Père avant d’ajouter qu’il aimerait « constituer une commission officielle qui puisse étudier la question […] surtout en ce qui concerne les premiers temps de l’Église ».
La déclaration a fait couler beaucoup d’encre et suscité diverses interprétations, certains voyant là une porte entrouverte vers le diaconat féminin, ou même l’ordination de femmes prêtres. Si bien que le Saint-Siège a dû mettre les choses au clair.
Sur Tweeter, le substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Becciù, explique avoir reçu un appel du Pape, surpris par cet emballement. En effet le Saint-Père envisage la création d’une commission pour étudier la question, mais « ne tirons pas de conclusions » écrit-il dans un tweet.
Dans des propos rapportés par Radio Vatican, le porte-parole du Saint-Siège a été on ne peut plus clair en soulignant que le Souverain Pontife « n’a jamais dit qu’il avait l’intention d’approuver l’ordination diaconale des femmes et certainement pas l’ordination de femmes prêtres. Au contraire, en ce qui concerne ce dernier point, il a clairement laissé entendre qu’il n’y pensait pas du tout ».
Le diaconat des femmes est une question lancinante dans l’Église. En 1987, lors du Synode consacré à la place des laïcs dans l’Église et dans le monde, des évêques ont demandé la possibilité pour les femmes de devenir diacre.
Plus récemment, lors du Synode sur la famille en octobre 2015, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, estimait qu’il fallait « considérer sérieusement l’ordination de diaconesses parce que le diaconat, dans la tradition de l’Église, ne mène pas à la prêtrise mais plutôt au ministère ».
Les prédécesseurs du pape François ont longuement examiné cette proposition avant d’y répondre par la négative. Aujourd’hui le pape argentin poursuit cet examen. Pas de quoi s’emballer.