Discours du pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse

blog_1443300399

Vous trouvez ci-dessous le discours de Sa Sainteté le Pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse Salle de l’indépendance, Philadelphie (samedi, 26 septembre 2015)

Chers amis,

L’un des points de ma visite est ici, devant l’Indépendance Hall, le lieu de naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est ici que les libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées. La Déclaration de l’Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, et que les gouvernements existent pour protéger et défendre ces droits. Ces paroles vibrantes continuent de nous inspirer aujourd’hui, tout comme elles ont inspiré d’autres peuples de par le monde afin de combattre pour la liberté de vivre conformément à leur dignité.

Mais l’histoire montre aussi que ces vérités, comme toute vérité, doit être constamment réaffirmée, réappropriée et défendue. L’histoire de cette nation est aussi celle d’un effort constant, jusqu’à nos jours, pour donner corps à ces hauts principes dans la vie sociale et politique. Nous nous souvenons des grandes luttes qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à la croissance du mouvement des travailleurs, et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjudice dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains. Cela montre que, lorsqu’un pays est déterminé à demeurer fidèle à ses principes fondateurs, basés sur le respect de la dignité humaine, il en devient plus fort et est renouvelé.

Nous tous, nous gagnons à nous souvenir de notre passé. Un peuple qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé ; au contraire, il regarde, confiant, les défis du présent et de l’avenir. Le souvenir sauve l’âme d’un peuple de tout ce que ou de tous ceux qui pourraient tenter de la dominer ou de l’utiliser pour leurs intérêts. Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, ils ne sont pas seulement libres de réaliser leur potentiel, mais aussi ils contribuent aussi au bien-être et à l’enrichissement de la société.Capture d’écran 2015-09-26 à 16.49.34

En ce lieu, qui est un symbole de l’esprit américain, je voudrais réfléchir avec vous sur le droit à la liberté religieuse. Il est un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins dont les visions religieuses diffèrent de la nôtre.

La liberté religieuse signifie certainement le droit d’adorer Dieu, individuellement et en communauté, comme notre conscience le dicte. Mais la liberté religieuse, par sa nature, transcende les lieux de culte ainsi que la sphère des individus et des familles.

Nos diverses traditions religieuses servent en premier lieu la société par le message qu’elles proclament. Elles appellent les individus et les communautés à adorer Dieu, la source de toute vie, de la liberté et du bonheur. Elles nous rappellent la dimension transcendante de l’existence humaine et notre irréductible liberté face à toute prétention de pouvoir absolu. Mais il nous faut jeter un regard sur l’histoire, spécialement sur l’histoire du siècle dernier, pour voir les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre ‘‘paradis terrestre’’ en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit. Nos riches traditions religieuses cherchent à offrir signification ainsi que direction, «et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons, stimule la pensée et fait grandir l’intelligence et la sensibilité” (Evangelii Gaudium, n. 256). Elles appellent à la conversion, à la réconciliation, au souci de l’avenir de la société, au sacrifice de soi dans le service du bien commun, et à la compassion pour ceux qui sont dans le besoin. Au cœur de leur mission spirituelle, se trouve la proclamation de la vérité et de la dignité de la personne humaine ainsi que des droits humains.

Nos traditions religieuses nous rappellent que, comme êtres humains, nous sommes appelés à reconnaître l’autre/l’Autre qui révèle notre identité relationnelle face à toute tentative visant « une uniformité que l’égoïsme du fort, le conformisme du faible, ou bien l’idéologie de l’utopiste pourraient chercher à nous imposer » (M. de Certeau).

[Read more…]

Discours du Saint-Père au Mémorial de Ground Zero

blog_1443277623

Discours du Saint-Père au Mémorial du Ground Zero, New York Vendredi, 25 septembre 2015

Chers amis,

Être à Ground Zero, où des milliers de vie ont été arrachées dans un acte insensé de destruction, suscite en moi divers sentiments, diverses émotions. Ici, la douleur est palpable. L’eau que nous voyons s’écouler vers ce centre vide nous rappelle toutes ces vies qui s’en sont allées sous le pouvoir de ceux qui croient que la destruction est l’unique façon d’apporter une solution aux conflits. C’est le cri silencieux  de ceux qui ont souffert dans leur chair de la logique de la violence, de la haine, de la revanche. Une logique qui ne peut que provoquer douleur, souffrance, destruction, larmes. L’eau qui tombe est aussi un symbole de nos larmes. Des larmes pour les destructions d’hier, qui s’unissent aux nombreuses destructions d’aujourd’hui. C’est un lieu où nous pleurons, nous pleurons la douleur que provoque le sentiment d’impuissance face à l’injustice, face au fratricide, face à l’incapacité d’apporter une solution à nos différences en dialoguant. En ce lieu, nous pleurons la perte injuste et gratuite d’innocents pour n’être pas en mesure de trouver des solutions en faveur du bien commun. C’est une eau qui nous rappelle les pleurs d’hier et les pleurs d’aujourd’hui.

Il y a un instant, j’ai rencontré quelques familles des premiers secouristes tombés en service. Au cours de cette rencontre, j’ai pu constater une fois encore combien la destruction n’est jamais impersonnelle, abstraite ou ne concernant que les choses, mais surtout combien elle a un visage et une histoire, elle est concrète, elle a des noms. Chez les proches de ces victimes, on peut voir le visage de la douleur, une douleur qui nous laisse sans voix et crie vers le ciel.

Mais à leur tour, ils ont su me montrer l’autre face de cet attentat, l’autre face de la douleur : la puissance de l’amour et du souvenir. Un souvenir qui ne nous laisse pas vides. Les noms de tant
d’êtres chers sont inscrits ici en ce qui était les bases des tours ; ainsi, nous pouvons les voir, les toucher et ne jamais les oublier.

Ici, au milieu de la douleur déchirante, nous pouvons toucher la capacité de bonté héroïque dont l’être humain est aussi capable, la force cachée à laquelle nous devons toujours recourir. Au moment d’une douleur immense, de souffrance, vous avez été témoins d’actes exceptionnels de don et d’aide. Des mains tendues, des vies livrées. Dans une métropole qui peut paraître impersonnelle, anonyme, où il y a de grandes solitudes, elles ont été capables de montrer la puissante solidarité de l’aide mutuelle, de l’amour et du sacrifice personnel. À ce moment-là, il n’était pas question de sang, d’origine, de quartier, de religion ou d’option politique ; il était question de solidarité, d’urgence, de fraternité. Il était question d’humanité. Les pompiers de New York sont entrés dans les tours qui étaient en train de tomber sans prêter attention à leur propre vie. Beaucoup sont tombés en service et à travers leur sacrifice ils ont sauvé la vie de tant d’autres.

Ce lieu de mort se transforme aussi en un lieu de vie, de vies sauvées, en un chant qui nous conduit à affirmer que la vie est toujours destinée à triompher sur les prophètes de la destruction, sur la mort, que le bien l’emportera toujours sur le mal, que la réconciliation et l’unité vaincront la haine et la division.

L’opportunité de m’associer, en ce lieu de douleur et de souvenir,  aux leaders représentant de nombreuses traditions religieuses qui enrichissent la vie de cette grande ville, me remplit d’espérance. J’espère que notre présence ici est un signe puissant de nos volontés de partager et de réaffirmer le désir d’être des forces de réconciliation, des forces de paix et de justice dans Capture d’écran 2015-09-25 à 11.53.00cette communauté et partout dans notre monde. Dans les différences, dans les désaccords, il est possible de vivre dans un monde de paix. Face à toute tentative uniformisatrice, il est possible
et nécessaire de nous réunir à partir des différentes langues, cultures, religions, et  d’élever la voix contre tout ce qui veut l’empêcher. Ensemble, aujourd’hui, nous sommes invités à dire : non à toute tentative d’uniformiser et oui à une différence acceptée et réconciliée.

Pour cela, nous avons besoin de nous libérer de nos sentiments de haine, de vengeance, de rancœur. Et nous savons que c’est possible seulement comme un don du ciel. Ici, en ce lieu de la mémoire, chacun à sa manière, mais ensemble, je vous propose que nous observions un moment de silence et de prière.

Demandons au ciel le don d’œuvrer pour la cause de la paix. Paix dans nos maisons, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos communautés. Paix en ces endroits où la guerre semble sans fin. Paix sur ces visages qui ont connu uniquement la douleur. Paix dans ce vaste monde que Dieu nous a donné comme maison de tous et pour tous. Seulement, PAIX.

Ainsi, la vie de nos êtres chers ne sera pas une vie qui demeurera dans l’oubli, mais elle se fera présente chaque fois que nous luttons pour être prophètes de construction, prophètes de réconciliation, prophètes de paix.

Texte de la prière lors de la rencontre interreligieuse au mémorial de Ground Zero, New York

blog_1443195996

O Dieu de l’Amour, de la compassion et de la réconciliation, tourne ton regard vers nous, peuple aux nombreuses fois et aux traditions différentes, qui sommes réunis en ce lieu aujourd’hui, scénario de souffrance et de douleur incroyables.

Nous te demandons dans ta bonté de concéder la lumière et la paix éternelle à tous ceux qui sont morts ici. Les premiers secouristes héroïques, les pompiers, les agents de police, le personnel des services d’urgence et de la capitainerie du port, ainsi que tant d’hommes et de femmes innocents victimes de cette tragédie uniquement parce que leur travail et leur service les a conduits ici le 11 septembre 2001.

Nous te demandons, dans ta compassion, de guérir ceux qui à cause de leur présence ici en ce jour, souffrent de lésions ou de maladies. Guéris aussi la souffrance des familles encore enCapture d’écran 2015-09-25 à 11.45.23 deuil, et de ceux qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie.

Concède leur la force de continuer à vivre avec courage et espérance.

Souvenons-nous aussi de ceux qui ont trouvé la mort, des blessés et de ceux qui ont perdu leurs proches le même jour au Pentagone et à Shanksville, en Pennsylvanie.

Nos cœurs s’unissent aux leurs tandis que notre prière embrasse leur douleur et leur souffrance.

Dieu de la paix, porte ta paix dans notre monde violent : Paix dans le cœur de tous les hommes et les femmes et paix entre les nations de la terre. Conduis sur le chemin de ton amour, ceux qui ont le cœur et l’esprit consumé par la haine.

Dieu de la compréhension, dépassés par la dimension immense de cette tragédie, cherchons ta lumière et ton chemin tandis que nous sommes face à des évènements aussi terribles. Concèdes à ceux dont la vie a été épargnée de pouvoir vivre et faire en sorte que les vies perdues ne l’aient pas été en vain.

Conforte nous et console nous,  renforce nous dans l’espérance et concède nous la sagesse et le courage de travailler sans relâche pour un monde, où la paix et l’amour authentique règne entre les nations et dans le cœur de tous.

Les chrétiens du Moyen-Orient selon Sami Aoun

blog_1441924770

Voici l’intégrale de l’entrevue que j’ai réalisée vendredi dernier avec Sami Aoun, professeur titulaire de politique appliquée à l’Université de Sherbrooke, directeur de l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et cofondateur de l’Observatoire sur la radicalisation et la violence extrême et qui a gentiment accepté de répondre à quelques unes de mes questions lors de la conférence de presse à Montréal de Mor Ignatius Aphrem II, Patriarche orthodoxe d’Antioche en lien avec la crise syrienne. La question des chrétiens et des minorités au Moyen-Orient est au cœur de ses intérêts. Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet tels que : Après le choc; Moyen-Orient : incertitudes, violences et espoirs et l’Islam entre tradition et modernité.

Question 1 : Pouvez-vous nous décrire la situation actuelle des chrétiens au Moyen-Orient?

 Elle est tragique en ce sens que toutes les populations souffrent. Il y a des guerres au Proche-Orient qui font s’effondrer la mosaïque, c’est-à-dire le pluralisme interculturel et interreligieux. Par contre, c’est surtout les minorités qui payent un prix plus élevé. Plus que les majorités même s’il est vrai que c’est une grande souffrance pour tout le monde. C’est que les minorités risquent d’être éradiquées, déracinées tandis que les autres pourraient avoir les moyens de survivre après les tragédies. Les minorités, on le remarque bien, parfois elles sont harcelées provoquant leur déplacement ou leur déracinement. Ou encore elles sont exécutées. De plus, elles perdent leurs points de repère et leur mémoire collective quand on détruit leurs couvents ou leurs églises. En ce sens, c’est certainement tragique pour tout le monde mais les minorités, surtout les minorités chrétiennes en pâtissent plus.

Question 2 : Comment décririez-vous le rôle qu’un chef religieux tel que le patriarche orthodoxe peut jouer sur le terrain ?

Certes, les autorités ou instances patriarcales ou religieuses en général sont coincées entre le marteau et l’enclume. D’un côté, ils ne peuvent faire l’éloge du despotisme et fermer les yeux sur les horreurs des régimes qui ont manqué à leurs devoirs de s’engager à la démocratisation et à la libéralisation de leur pays et d’assurer un état de droit pour tout le monde, surtout le droit à la différence et à la liberté de conscience. Mais de l’autre côté, ils se trouvent devant un monstre : la barbarie du fanatisme et la barbarie des groupesblog_1441924618 radicaux. En ce sens, ils ont la grande responsabilité de dire la vérité et de témoigner pour la cause de leur peuple et pour la cause, surtout, de toute la société et pas seulement des chrétiens.

Malheureusement, quand vous vivez dans des sociétés en proie aux conflits, et qui sont à feu et à sang, ces instances religieuses perdent parfois leur autonomie et adoptent un discours teinté de tolérance et de compréhension. Et elles perdent peu à peu de l’importance ou pèsent peu dans les décisions politiques. Elles peuvent représenter une référence morale mais n’ont plus vraiment de poids dans les décisions politiques. [Read more…]

Une Église en dialogue – L’Église catholique et le dialogue interreligieux

blog_1441113490

Le dialogue: un enrichissement mutuel

blog_1438954927 (Image: Courtoisie Catholic News Service)

Depuis maintenant plusieurs décennies, notre monde subit des changements inédits. En effet, à la grande mobilité que nous offrent les moyens modernes de transport tel que l’avion, viennent s’ajouter les technologies de communication qui nous permettent d’être en contact avec n’importe qui, n’importe où sur la planète. À ces deux modifications majeures s’ajoute la prise de conscience toujours plus accrue de notre commune humanité ainsi que de la nécessité de la coexistence. À l’instar des deux précédents millénaires, il n’est plus possible pour quiconque de se réfugier dans un milieu social et culturel homogène. Cette situation qui avait l’avantage d’être, à certains points de vue, plus « confortable », avait le fâcheux désavantage de nous priver du regard de l’autre qui est très souvent, facteur de progrès. De cette nouvelle réalité de la coexistence et des différents défis qui se présentent à nous Canadiens, la Conférence des évêques catholiques du Canada a pris l’initiative de publier un document intitulé « Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société ». Enfin, ce document me semble être un instrument incontournable pour relever ce que le Cardinal Tauran a appelé les trois défis du dialogue islamo chrétien: le défi de l’identité, le défi de l’altérité et le défi de la sincérité.

Le défi de l’altérité : nos différences sont sources d’enrichissement

Ce court document de huit pages présente les grandes lignes du nécessaire « pas en avant » en matière de connaissance religieuse des catholiques sur la foi de nos frères et sœurs musulmans. Citant un texte rédigé par des savants de l’Islam affirmant que « l’avenir du monde dépend de la paix entre musulmans et chrétiens », la CECC propose d’abord des informations générales sur cette « religion du livre ». Retraçant les grandes lignes de l’histoire religieuse musulmane qui est centrée sur la personnalité de son fondateur Muhammad qui « en méditant dans une caverne sur le mont Hira, reçut ce qu’il crut être des révélations divines »[4], le document donne de l’information sur ses concepts religieux fondamentaux et ce qu’il est convenu d’appeler les « cinq piliers de l’Islam »[5]. Cette partie informative ne serait pas complète sans ces importantes indications sur les subdivisions majeures de l’Islam que sont le Sunnisme, le Chiisme et le Soufisme.

Le défi de l’identité : savoir et accepter ce que nous sommes

Après ce regard sur le contenu de la foi islamique, le document explore les similitudes qu’elle peut avoir avec la foi catholique comme par exemple, la croyance en un seul Dieu, créateur et miséricordieux. Prendre conscience des éléments communs entre nous peut être l’occasion d’une redécouverte de sa propre foi, du bien fondée de cette dernière et des fruits que cette vérité a pu produire de beau dans d’autres contextes. Par exemple, s’interroger sur la façon dont les musulmans comprennent et vivent la miséricorde de Dieu pourrait éclairer notre propre expérience. [Read more…]

Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société

blog_1436363959

LETTRE D’INTRODUCTION
par Mgr Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
sur la brochure Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société
publiée par la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne,
les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux

Chers frères et sœurs dans le Christ,

La Commission épiscopale pour l’unité chrétienne, les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux de notre Conférence a publié une ressource intitulée Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société. La brochure vise à aider les catholiques du Canada à mieux comprendre leurs voisins musulmans. Notre pays est riche d’une magnifique mosaïque de cultures et de religions, et les évêques catholiques du Canada désirent y favoriser la compréhension et le dialogue entre les diverses populations.

Le christianisme et l’Islam sont les deux groupes religieux les plus nombreux du monde. Pour notre propre bien et pour le bien de toute l’humanité, nous devons apprendre à vivre en harmonie les uns avec les autres, et le Canada peut certainement jouer un rôle important comme modèle de cette relation harmonieuse. Dans ce but, il est essentiel de nous connaître les uns les autres. C’est dans cet espoir que la Conférence des évêques catholiques du Canada présente sa nouvelle ressource. Sa portée est limitée; elle n’approfondit pas nos différences théologiques, et elle ne commente pas non plus la situation géopolitique actuelle. Toutefois, elle constitue une étape importante que nous pouvons tous franchir pour répondre à l’invitation de saint Paul : « Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui construit les relations mutuelles. » (Romains 14, 19)

La première partie présente les origines de l’Islam, ses principaux courants actuels ainsi que ses ressemblances et ses différences par rapport au christianisme. La deuxième partie donne un aperçu de l’historique et de l’état actuel du dialogue interreligieux entre catholiques et musulmans, au niveau international et national, et se termine par quelques suggestions sur ce que chacun peut faire pour contribuer à ce dialogue.

Comme le pape François l’a magnifiquement proclamé dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, nous sommes appelés par notre baptême à être les bâtisseurs d’une société juste et paisible :

« En annonçant Jésus Christ, qui est la paix en personne (cf. Ep 2, 14), la nouvelle évangélisation engage tout baptisé à être instrument de pacification et témoin crédible d’une vie réconciliée. C’est le moment de savoir comment, dans une culture qui privilégie le dialogue comme forme de rencontre, projeter la recherche de consensus et d’accords, mais sans la séparer de la préoccupation d’une société juste, capable de mémoire, et sans exclusions. [no 239]

+ Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

Vous pouvez vous procurer le document sur la page web de la CECC au lien suivant: https://esubmitit.sjpg.com/cccb/index.aspx?component=ProductDetails&id=184-892

Missionnaires jusqu’au bout du monde!

0068

Ces dernières semaines, j’ai eu la chance de me rendre, accompagnée de ma femme Valérie, dans ce magnifique et lointain pays qu’est l’Île Maurice. La mère de Valérie étant d’origine mauricienne, en tant que nouveaux mariés nous avons visité oncles, tante, grand-mère et grand-père. Outre les paysages merveilleux et des repas aussi copieux qu’épicés, j’ai pu être en contact avec une culture très différente de la mienne. Malgré un français compris et parlé par la majeure partie de la population, c’est surtout le créole qui y est parlé. Aussi non seulement mes repères linguistiques furent altérés mais également mes références religieuses. En effet, l’Île Maurice est composée de plusieurs appartenances religieuses comme l’Hindouisme, l’Islam, le culte Tamoul, etc. Je peux vous assurer qu’il est très dépaysant d’entendre le chant du coq le matin accompagné de l’appel à la prière musulmane suivi de chants hindous du temple du coin de la rue ! Ce paysage religieux très hétéroclite est heureusement vécu dans un esprit très paisible où la cohabitation ne pose pas de problème majeur.

De son côté, l’Église catholique regroupe une bonne partie de la population (environ 31%). On peut donc y voir une multitude d’églises parsemant tout le territoire mauricien. Ces dernières montrent aussi la riche tradition catholique de ce pays où la foi a fait son apparition il y a plusieurs siècles avec les colonisations successives des Hollandais, des Français et des Anglais. Cette riche présence chrétienne se manifeste aussi chez certains personnages qui ont marqué la vie des habitants de l’Île jusqu’à aujourd’hui. Le témoin du Christ le plus connu est sans aucun doute le bienheureux Père Jacques-Désiré Laval c.s.s. La famille de ma femme étant catholique- son grand-père était même l’horloger officiel de la imagecathédrale Saint-Louis de Port Louis-, une visite au sanctuaire dédié au Père Laval était incontournable. C’est ainsi que j’ai fait la rencontre d’un personnage fascinant.

Il est né à Croth en France en 1803. Après des études de médecine, il décida d’entrer au séminaire et fut ainsi ordonné prêtre en 1838 dans la chapelle du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris. Il fut ensuite rapidement envoyé comme desservant d’une petite paroisse à Pinterville. C’est dans ce lieu modeste qu’il appris l’amour des pauvres. Cela allait le préparer à répondre à l’appel à la vie missionnaire à l’intérieur de la Congrégation du Saint-Esprit. C’est ainsi que notre bienheureux père Laval s’embarqua sur un navire pour un voyage de cent jours qui l’amena de l’autre côté de l’Afrique au milieu de l’océan indien. Il arriva à l’Île Maurice en 1841, deux ans à peine après l’abolition de l’esclavage.

C’est là, qu’il voua toutes ses énergies à l’évangélisation de cette population, à la fois, marquée par tant de souffrances et à l’aube de l’apprentissage de cette liberté finalement retrouvée. C’est surtout à l’éducation et à la catéchèse qu’il consacra son attention. Il avait une conscience aigüe de la responsabilité qui incombe à celui qui devient chrétien. Il ne baptisait donc pas les gens à la légère mais seulement après une bonne préparation et lorsque les catéchumènes pouvaient démontrer qu’ils avaient bien assimilés les éléments essentiels de la Foi dans leurs vies. La célébration des sacrements était aussi au cœur de sa vie et de son ministère. Le père Laval passait effectivement plusieurs heures par jour à la prière. Il était conscient que la relation au Christ était le noyau d’où il tirait les forces nécessaires à cette laval8seplourde tâche mais également la source d’où allait jaillir les nombreux fruits dont nous sommes toujours témoins aujourd’hui.

Les vertus héroïques de ce religieux sont aujourd’hui reconnues par l’Église universelle. C’est ainsi que Jean-Paul II allait présider la cérémonie qui allait faire de lui le premier Bienheureux de son pontificat le 29 avril 1979. Dans son homélie, nous voyons l’intérêt du saint Pape pour ce pauvre prêtre français qui rayonnait de la lumière du Christ au bout du monde par l’amour intense qu’il avait pour ceux que Dieu lui avait confiés. À nous qui sommes appelés, à l’invitation du pape François, à prendre de plus en plus conscience du caractère missionnaire de notre vocation chrétienne, le père Laval peut nous inspirer la même ardeur et la confiance que Dieu sera toujours à nos côtés. Comme le disait saint Jean-Paul II dans son homélie à l’occasion de la béatification du père Jacques-Désiré Laval c.s.s. :

Voilà un modèle pour les évangélisateurs d’aujourd’hui. Qu’il inspire les missionnaires, et, j’ose dire, tous les prêtres, qui ont d’abord la sublime mission d’annoncer Jésus-Christ et de former à la vie chrétienne ! Qu’il soit, à un titre particulier, la joie et le stimulant de tous les religieux spiritains, qui n’ont cessé d’implanter l’Église, notamment en terre africaine, et y œuvrent avec tant de générosité. Que l’exemple de Père Laval encourage tous ceux qui, sur le continent africain et ailleurs, s’efforcent de bâtir un monde fraternel, exempt de préjugés raciaux ! Que le Bienheureux Laval soit aussi la fierté, l’idéal et le protecteur de la communauté chrétienne de l’Ile Maurice, si dynamique aujourd’hui, et de tous les Mauriciens !

Pape François à Sarajevo: rencontre œcuménique et interreligieuse

REUTERS839507_Articolo

En fin d’après-midi, la rencontre œcuménique et interreligieuse du Pape avec les représentants des confessions religieuses présentes en Bosnie-Herzégovine a été l’un des moments-clé du voyage de François à Sarajevo. Cette rencontre est le « signe d’un désir commun de fraternité et de paix », le « témoignage d’une amitié construite au fil des ans » et vécue « dans la cohabitation quotidienne et la collaboration » : « être ici est déjà un “message” de ce dialogue que nous cherchons tous et auquel nous travaillons », a expliqué François.

La Bosnie-Herzégovine est un « carrefour de peuples et de cultures », mais comprend aussi bien des avantages que des inconvénients : « si la diversité constitue d’un côté une grande ressource qui permet le développement social, culturel et spirituel de cette région, a reconnu le Pape, elle a, de l’autre, été la cause de douloureuses déchirures et de guerres sanglantes ».

Ainsi, dans un pays meurtri par la violence voici 20 ans, le « dialogue interreligieux est une condition indispensable à la paix, selon le Souverain Pontife, et par conséquent, il est un devoir pour tous les croyants ». Dialogue d’autant plus important qu’il est une « école d’humanité et un facteur d’unité qui aide à construire une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel ». Ce dialogue doit s’étendre « autant que possible à tous les croyants, impliquant les diverses sphères de la société ». [Read more…]

Vers une encyclique sur l’écologie

blog_1426189834

Image: Courtoisie de CNS

Le 5 mars 2015, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et Paix, prononçait un discours au Trócaire 2015 (l’Agence irlandaise catholique d’aide pour le développement international) à l’Université pontificale Saint-Patrick à Maynooth en Irlande. Ce discours était d’une importance capitale puisqu’il est considéré par plusieurs comme étant un prélude à la prochaine encyclique du pape François qui portera sur l’écologie. Dans ce discours prononcé en langue anglaise, le cardinal Turkson explique ce que l’Église entend lorsqu’elle parle d’écologie. La formule à retenir est celle « d’écologie globale ». En fait, cette expression vise à mettre sous un même toit certaines problématiques qui sont parfois considérées séparément, ce qui nuit à leur résolution. En effet, l’originalité de l’Église est qu’elle voit la racine commune des problèmes liés au soin de l’environnement, au développement des pays et à « l’écologie humaine ». Pour le cardinal Turkson, le pape François cherche avant tout à apporter la « chaleur de l’espoir ». Sa prochaine encyclique montrera donc le rôle bénéfique de la foi catholique dans la résolution de problèmes dont « les régulations, les politiques et les orientations sont nécessaires pour faire face à la pauvreté et aux changements climatiques mais peuvent rester sans effet si elles ne sont pas accompagnées d’une conversion morale et d’un changement du cœur »[2]. Tout cela en plus d’apporter des principes clairs qui peuvent orienter les décideurs politiques et ceux du monde des affaires. Pour ce faire, le Cardinal guinéen a voulu expliciter 4 principes fondamentaux à prendre en compte et à respecter pour un juste
souci de la création.

Un appel universel

Reprenant les grandes orientations formulé par Benoît XVI, c’est-à-dire de celui que l’on a appelé le « pape vert », le cardinal Turkson a mentionné que le souci pour l’environnement n’est pas réservé à une catégorie de personnes ou de pays mais nous concerne tous. Ce qui implique qu’aucun organisme et aucune personnalité ne peut monopoliser le discours et le souci de l’environnement. Prendre soin de la création est une responsabilité qui incombe à tous. De plus, s’il veut prendre soin de la nature qui est hors de lui, il doit prendre soin de sa propre nature. En d’autres termes, protéger la nature implique de protéger la nature humaine contre ce qui la rend malade. Comme le disait Benoît XVI :

« L’Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à transmettre à ses fidèles uniquement le message du salut. Elle a une responsabilité à l’égard de la création et doit faire valoir cette responsabilité également en public. Et en le faisant, elle ne doit pas seulement défendre la terre, l’eau et l’air comme des dons de la création appartenant à tous. Elle doit également protéger l’homme contre la destruction de lui-même. Il est nécessaire qu’il existe quelque chose comme une écologie de l’homme, entendue d’une juste manière. »[4].

[Read more…]

Secured By miniOrange