« L’Église ne tire pas sa consistance d’elle-même ; elle est appelée à être signe et instrument du Christ »

LA cathédrale de la Sainte-Famille à Barcelone. L'oeuvre de plus d'un siècle de travail.

La cathédrale de la Sainte-Famille à Barcelone. L'oeuvre de plus d'un siècle de travail.

Dimanche 7 novembre, Benoît XVI  a consacré l’autel de la cathédrale de la Sagrada Familia à Barcelone. Plus d’un siècle après le début de la construction de cette église, point culminant de l’oeuvre d’Antoni Gaudi, il revient au successeur de Pierre de procédé à la dédicace de ce monument inouï. C’était la deuxième visite de Benoît XVI en Espagne, après la Rencontre mondiale des familles en 2006. Il se rendra de nouveau dans ce pays d’Europe à l’été 2011 pour la Journée mondiale de la jeunesse. S+L diffusera la messe à 15h30 ce dimanche. Ci-dessous l’homélie du Saint-Père.

Frères et Sœurs bien-aimés dans le Seigneur,

« Ce jour est consacré au Seigneur, votre Dieu ! Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas !… La joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8, 9-11). Par ces paroles de la première lecture que nous avons proclamée, je désire vous saluer, vous tous qui êtes ici présents pour participer à cette célébration.  (…)

(en espagnol)

Ce jour est un moment significatif dans une longue histoire d’aspirations, de travail et de générosité, qui dure depuis plus d’un siècle. Je voudrais maintenant faire mémoire de chacune des personnes qui ont permis la joie qui domine aujourd’hui en nous tous : des promoteurs jusqu’aux exécutants de cette œuvre ; de ses architectes et de ses maçons, jusqu’à tous ceux qui ont offert, d’une manière ou d’une autre, leur contribution irremplaçable pour rendre possible la construction progressive de cet édifice. Et nous nous souvenons surtout de celui qui fut l’âme et l’artisan de ce projet : Antoni Gaudí, architecte génial et chrétien cohérent, dont le flambeau de la foi brûla jusqu’à la fin de son existence, vécue avec une dignité et une austérité absolue. Cet événement est aussi, en quelque façon, le point culminant et l’aboutissement d’une histoire de cette terre catalane qui, surtout à partir de la fin du XIXème siècle, donna une multitude de saints et de fondateurs, de martyrs et de poètes chrétiens. Histoire de sainteté, de créations artistiques et poétiques, nées de la foi, qu’aujourd’hui nous recueillons et présentons en offrande à Dieu dans cette Eucharistie. [Read more…]

« Laissez-vous éclairer par la vérité du Christ »

[NDLR: Benoît XVI est arrivé à Compostelle ce matin pour un bref weekend en Espagne. 6 000 pèlerins l’attendaient sur la Place Obradorio. C’est aussi comme pèlerin que Benoît XVI est entré dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle. Le Pape est d’abord allé prier devant le tombeau de saint Jacques, patron de l’Espagne, comme l’ont fait des millions de pèlerins depuis le Moyen Âge. Il a ensuite adressé un message pressant aux personnes présentes dans la cathédrale, appelant à l’éveil de la conscience chrétienne de l’Espagne et de l’Europe. Tel est le cheval de bataille de Benoît XVI. Nous publions ici l’intégral de ce message.]

Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Épiscopat,
Chères Autorités,
Chers prêtres, séminaristes, religieux et religieuses,
Chers frères et sœurs,
Chers amis.

[en galicien :]

butfumiero3-200x300Je remercie Monseigneur Julian Barrio Barrio, Archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle, pour les aimables paroles qu’il vient de m’adresser et auxquelles je réponds avec plaisir, en vous saluant tous avec affection dans le Seigneur et en vous remerciant pour votre présence en ce lieu très significatif.

[En espagnol :]

Faire un pèlerinage ne veut pas dire simplement visiter un lieu quelconque pour admirer ses trésors naturels, artistiques ou historiques. Faire un pèlerinage signifie plutôt sortir de soi-même pour aller à la rencontre de Dieu là où Il s’est manifesté, là où la grâce divine s’est montrée avec une splendeur particulière et a produit d’abondants fruits de conversion et de sainteté chez les croyants. Les chrétiens se rendirent en pèlerinage, surtout, sur les lieux liés à la passion, à la mort et à la résurrection du Seigneur, en Terre Sainte. Puis à Rome, ville où Pierre et Paul ont été martyrisés, et à Compostelle qui est liée à la mémoire de saint Jacques et qui a accueilli des pèlerins du monde entier, désireux de fortifier leur âme à travers le témoignage de foi et d’amour de l’Apôtre.

En cette Année Sainte compostellane, en tant que Successeur de Pierre, j’ai voulu moi-aussi venir en pèlerinage dans la Maison du Señor Santiago [de saint Jacques], dont on célèbre le 800ème anniversaire de la consécration, pour affermir votre foi et raviver votre espérance, et pour confier à l’intercession de l’Apôtre vos aspirations, vos efforts et votre travail pour l’Évangile. En embrassant sa statue vénérée, j’ai aussi prié pour tous les fils de l’Église, qui a son origine dans le mystère de communion qui est Dieu. La foi nous introduit dans le mystère d’amour qu’est la Sainte Trinité. Nous sommes, d’une certaine manière, embrassés par Dieu, transformés par son amour. L’Église est cette étreinte de Dieu dans laquelle les hommes apprennent aussi à étreindre leurs propres frères, découvrant en eux l’image et la ressemblance divine qui constituent la vérité la plus profonde de leur être et qui sont à l’origine de la vraie liberté.

Il existe une relation étroite et nécessaire entre vérité et liberté. La recherche honnête de la vérité, l’aspiration à celle-ci, est la condition d’une authentique liberté. On ne peut vivre l’une sans l’autre. L’Église, qui désire servir de toutes ses forces la personne humaine et sa dignité, est au service des deux : de la vérité et de la liberté. Elle ne peut y renoncer, car c’est l’être humain qui est en jeu, car elle y est poussée par son amour pour l’homme, lui « qui est sur la terre la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même » (Gaudium et spes 24, 3), et parce que, sans cette aspiration à la vérité, à la justice et à la liberté, l’homme se perdrait lui-même.

Permettez-moi, depuis Compostelle, cœur spirituel de la Galice et, en même temps, école d’universalité sans frontières, d’exhorter tous les fidèles de ce cher Archidiocèse, et tous ceux de l’Église en Espagne, à vivre en se laissant éclairer par la vérité du Christ, en professant leur foi avec joie, cohérence et simplicité, à la maison, au travail et dans leur responsabilité de citoyens.

Que la joie de vous sentir fils aimés de Dieu vous incite à avoir un amour toujours plus profond pour l’Église, en collaborant avec elle dans sa tâche de porter le Christ à tous les hommes. Priez le Maître de la moisson, pour que de nombreux jeunes se consacrent à cette mission dans le ministère sacerdotal et dans la vie consacrée : aujourd’hui, comme toujours, cela vaut la peine de consacrer toute sa vie à proposer la nouveauté de l’Évangile !

Je ne veux pas terminer sans exprimer auparavant mes félicitations et mes remerciements à tous les catholiques espagnols pour la générosité avec laquelle ils soutiennent de nombreuses institutions de charité et de promotion humaine. Ne vous lassez pas de faire vivre ces œuvres, qui profitent à toute la société, et dont l’efficacité s’est manifestée de façon spéciale durant la crise économique actuelle, de même qu’à l’occasion des graves calamités naturelles qui ont affligé divers pays !

[En galicien :]

Avec ces sentiments, je prie le Très-Haut d’accorder à tous l’audace qui animait saint Jacques pour que vous soyez témoins du Christ Ressuscité, afin qu’ainsi vous restiez fidèles sur les chemins de la sainteté et que vous vous dépensiez pour la gloire de Dieu et pour le bien de vos frères les plus démunis. Merci beaucoup.

« L’Europe doit s’ouvrir à Dieu ! »

[NDLR: Benoît XVI a célébré une messe en plein air, Place de l’Oratoire devant la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle. À l’occasion de l’année compostellane, Benoît XVI en a profité pour s’adresser non seulement aux Espagnols, mais à tous les Européens. Ci-dessous l’homélie complète prononcée sur le parvis de la cathédrale.]

(En galicien) Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Je rends grâce à Dieu pour le don qu’il me fait d’être ici, sur cette splendide place, haut-lieu de l’art, de la culture et riche de signification spirituelle. En cette Année Sainte, je viens en pèlerin parmi les pèlerins, accompagnant tous ceux qui viennent ici assoiffés de la foi dans le Christ ressuscité. Foi annoncée et transmise fidèlement par les Apôtres, comme saint Jacques le Majeur, qui est vénéré à Compostelle depuis des temps immémoriaux.

(En espagnol) Je suis reconnaissant pour les aimables paroles de bienvenue de Monseigneur Julien Barrio Barrio, Archevêque de cette église locale et pour la présence courtoise de Leurs Altesses Royales le Prince et la Princesse des Asturies, de Messieurs les Cardinaux, ainsi que des nombreux Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce. Mon salut cordial rejoint également les Parlementaires européens, membres de l’intergroupe ‘Camino de Santiago’, et aussi les Autorités nationales, régionales et locales qui ont voulu être présentes à cette célébration. C’est là une marque de déférence envers le Successeur de Pierre et aussi un signe du profond sentiment que Saint-Jacques-de-Compostelle éveille en Galice et en d’autres lieux de l’Espagne, qui reconnaît l’Apôtre comme son Patron et Protecteur. J’adresse un chaleureux salut aussi aux personnes consacrées, aux séminaristes et aux fidèles qui participent à cette Eucharistie et, avec une émotion particulière, aux pèlerins, artisans de l’authentique esprit jacquin sans lequel on ne comprendrait pas grand-chose ou rien de ce qui se déroule en ce lieu.

Une phrase de la première lecture affirme avec une admirable simplicité : «  Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus » (Ac 4, 33). En effet, au point de départ de tout ce que le christianisme a été et continue d’être ne se trouve pas une initiative ou un projet humain, mais Dieu, qui déclare Jésus juste et saint devant la sentence du tribunal humain qui le condamne comme blasphémateur et subversif ; Dieu, qui a arraché Jésus Christ à la mort ; Dieu qui fera justice à tous ceux qui sont injustement les humiliés de l’histoire. [Read more…]

BXVI en Espagne: une visite courte mais symbolique

Benoit XVI se rend en Espagne pour une courte visite de deux jours les 6 et 7 novembre. Il marque l’Année jacquaire en se rendant à Compostelle ce samedi. Le diocèse de Compostelle est en année jubilaire puisque la fête de la saint Jacques, le 25 juillet, était un dimanche.

Les pèlerins se font de plus en plus nombreux sur le Camino. S’il est facile de croire que le pèlerinage vers Saint-Jacques a perdu son sens chrétien, il est clair que Benoît XVI croit tout le contraire. Dans une Europe qui perd peu à peu ses racines chrétiennes, le Pape ira de nouveau rappeler ce qui a été, et devrait demeurer, le ciment de l’Europe. Le Camino transforme sur le plan spirituel ceux et celles qui l’entreprennent. L’histoire et la tradition nous montrent que le Dieu de Jésus-Christ a guidé les pas de milliers de pèlerins sur ce chemin.

la_sagrada_familia1Le Pape se rendra aussi à Barcelone pour consacrer l’église de la Sainte Famille (Sagrada Familia) monument religieux, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Sel + Lumière diffusera en français les principaux événements de ce voyage.

Samedi 6 novembre
15h30 HE – Visite à la Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
16h30 HE – Messe sur la Place de l’Obradoiro à Saint-Jacques-de-Compostelle

Dimanche 7 novembre
15h30 HE – Messe avec dédicace de l’église de la Sagrada Familia et de son autel à Barcelone.

La couverture en direct en anglais débute à 6h30 samedi matin. Pour cette raison, il n’y aura pas de diffusion de la messe de samedi depuis la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph à Montréal.

Un Synode convoqué pour restaurer l’ordre dans la Tour de Babel

La Tour de Babel d’aujourd’hui Brueghel-tower-of-babel

L’histoire de la Tour de Babel, la ruine actuelle initialement construite de brique cuite et d’asphalte (utilisé comme mortier), sert don bon exemple pour ce qui a lieu encore aujourd’hui, même si elle n’est mentionnée qu’une seule fois dans les Écritures [Genèse 11, 1-9].

Lorsque les gens avaient commis l’erreur regrettable d’utiliser le « même langage et les mêmes mots » [Gn 11: 1] pour tenter de devenir Dieu, ils érigèrent un temple monumental croyant qu’il effleurerait les cieux et leur donnerait donc accès à la divinité absolue. À leur irrespect délibéré de l’invitation de Dieu à accepter ses grâces et de l’utilisation de leur communion à vivre pleinement leur partenariat avec Lui dans la Création, Dieu a semé la confusion entre eux et les a fait parler dans des langues différentes, sans se comprendre mutuellement. Cela a conduit à une dispersion de l’humanité à travers la Terre.

Si l’histoire se répète, il est certainement dans la reconstruction de nouvelles formes de la même Tour de Babel de confusion. Dès lors, l’humanité a maintes fois fait la même erreur. Ce n’est donc pas surprenant de voir le chaos que causent aujourd’hui le fondamentalisme, l’extrémisme et l’utilisation erronée de la religion aussi bien au Moyen-Orient qu’à travers le monde. C’est pourquoi l’ancien concept de dispersion babylonienne dans sa connotation négative est encore en vie. [Read more…]

La nouvelle évangélisation: prochain thème du Synode des évêques

Benoît XVI a annoncé ce matin le thème de la prochaine assemblée ordinaire du Synode des évêques qui se tiendra en octobre 2012.

Dans son homélie ce matin en la basilique Saint-Pierre, le Pape a annoncé que la prochaine assemblée générale du Synode des évêques se penchera sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. » Benoît XVI avait créé fin juin un nouveau dicastère consacré à la nouvelle évangélisation. Après l’étude de la Parole de Dieu, les évêques se pencheront maintenant sur la manière de l’annoncer.

La dernière assemblée ordinaire avait eu lieu en 2008 sous le thème ‘La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église.’ La récente assemblée sur les chrétiens au Moyen Orient était extraordinaire, tout comme celle sur l’Afrique en 2009.

Puisse l’exemple du Frère André inspirer la vie chrétienne canadienne ! – Benoît XVI

[NDLR: Nous publions l’homélie prononcée par le pape Benoît XVI lors de la messe de canonisation du frère André et 5 autres bienheureux à la Place Saint-Pierre le 17 octobre.]

BXVIChers frères et soeurs,

Aujourd’hui, Place Saint-Pierre, se renouvelle la fête de la sainteté. C’est avec joie que je vous souhaite cordialement la bienvenue, à vous qui êtes arrivés ici, même de très loin, pour y prendre part. J’adresse mes salutations particulières aux Cardinaux, aux Évêques et aux Supérieurs Généraux des Instituts fondés par les nouveaux Saints, tout comme aux délégations officielles et à l’ensemble des autorités civiles. Ensemble, cherchons à accueillir ce que le Seigneur vient de nous dire dans les Saintes Écritures qui viennent d’être proclamées. La liturgie de ce Dimanche nous offre un enseignement fondamental: la nécessité de toujours prier, sans jamais se lasser. Parfois, nous nous lassons de prier, nous avons l’impression que la prière n’est pas si utile à la vie, qu’elle est peu efficace. C’est pourquoi, nous sommes tentés de nous consacrer à l’activité, d’employer tous les moyens humains afin d’atteindre nos objectifs, et nous ne faisons pas recours à Dieu. Jésus en revanche affirme qu’il faut toujours prier et Il le fait au travers d’une parabole particulière (cf. Lc 18, 1-8).

Elle parle d’un juge qui ne craint pas Dieu et n’a de considération pour personne, un juge qui n’a aucune attitude positive, mais qui recherche seulement son propre intérêt. Il ne craint pas le jugement de Dieu et ne respecte pas son prochain. L’autre personnage est une veuve, une personne qui se trouve en situation de faiblesse. Dans la Bible, la veuve et l’orphelin sont les catégories les plus nécessiteuses, parce que sans défense et privées de moyens. La veuve va voir le juge et lui demande justice.

Les tapisseries des nouveaux saints ornent la basilique Saint-Pierre. Photo: Steven Scardinal

Les tapisseries des nouveaux saints ornent la basilique Saint-Pierre. Photo: Steven Scardina

Ses possibilités d’être écoutée sont presque nulles, parce que le juge la méprise et elle ne peut faire aucune pression sur lui. Elle ne peut pas non plus faire appel à ses principes religieux parce que le juge ne craint pas Dieu. Cette veuve semble donc privée de toute possibilité. Mais elle insiste, elle demande sans se lasser. Elle est importune et ainsi, à la fin, elle réussit à obtenir le résultat du juge. C’est à ce moment-là que Jésus fait une réflexion en utilisant l’argument a fortiori: si un juge inique se laisse, à la fin, convaincre par la prière d’une veuve, d’autant plus Dieu, qui est bon, exaucera celui qui le prie. Dieu, en effet, est la générosité en personne, Il est miséricordieux et Il est donc toujours disposé à écouter les prières. Donc, nous ne devons jamais désespérer, mais persévérer toujours dans la prière.

La conclusion de la péricope évangélique parle de la foi: “le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera‑t‑il la foi sur la terre ?” (Lc 18, 8). C’est une question qui veut susciter en nous une augmentation de foi. Il est en effet clair que la prière doit être expression de foi, autrement il ne s’agit pas d’une authentique prière. Si un homme ne croit pas en la bonté de Dieu, il ne peut pas prier de manière vraiment adaptée. La foi est essentielle comme fondement de l’attitude de prière. C’est ce qu’ont fait les six nouveaux Saints qui sont aujourd’hui proposés à la vénération de l’Église universelle: Stanislaw Soltys, André Bessette, Cándida María de Jesús Cipitria y Barriola, Mary of the Cross MacKillop, Giulia Salzano et Battista Camilla Da Varano. [Read more…]

De l’esprit et du cœur – bienheureux John Henry Newman

La veillée de prière à Hyde Park, Londres, hier, était en quelque sorte une préparation à la grand’messe de ce matin à Birmingham au cours de laquelle Benoît XVI a béatifié le cardinal John Henry Newman.

Ce dernier est une figure important tant pour les catholiques que les anglicans d’Angleterre. Dans ce pays qui compte de nombreux martyrs, le Pape a dit qu’il était tant de reconnaître le témoignage d’un homme comme Newman qui a donné sa vie non par le sang mais à travers tout son ministère sacerdotal. Sa contribution au dialogue entre foi et raison, son travail continu avec les étudiants et même sa critique constructive du catholicisme sont ainsi reconnus et montrés en exemple.

POPE-BRITAIN/NEWMANEn plus de l’héritage intellectuel énorme de Newman, Benoît XVI n’a pas manqué de souligné la qualité du bienheureux en tant que pasteur et homme de coeur. Le Pape a ainsi repris une phrase du cardinal Newman: « Si des anges avaient été vos prêtres, mes frères, ils n’auraient pas pu souffrir avec vous, avoir de la sympathie pour vous, éprouver de la compassion pour vous, sentir de la tendresse envers vous et se montrer indulgents avec vous, comme nous ; ils n’auraient pas pu être vos modèles et vos guides, et n’auraient pas pu vous amener à sortir de vous-mêmes pour entrer dans une vie nouvelle, comme le peuvent ceux qui viennent du milieu de vous. » C’est ainsi que Newman vécut son ministère.

Et c’est pourquoi de la foule qui se trouvait à Birmingham ce matin est montée une acclamation lorsque l’énorme portrait du bienheureux cardinal John Henry Newman a été dévoilé.

Ci-dessous, l’homélie complète du Pape:

Béatification de John Henry Newman, Cofton Park, Birmingham

Homélie du Saint-Père

19 septembre 2010

Chers Frères et Sœurs dans le Christ,

Ce jour qui nous rassemble ici à Birmingham est un jour particulièrement béni. D’abord, parce que c’est le Jour du Seigneur, dimanche, jour où notre Seigneur Jésus Christ est sorti vivant d’entre les morts et a changé pour toujours le cours de l’histoire humaine, offrant une vie et une espérance nouvelles à tous ceux qui vivent dans les ténèbres et l’ombre de la mort. C’est pourquoi les chrétiens dans le monde entier se réunissent ce jour-là pour rendre gloire à Dieu et le remercier de toutes les merveilles qu’il a accomplies pour nous. Ce dimanche-ci évoque en outre un moment significatif de la vie de la nation britannique, car c’est le jour choisi pour commémorer le soixante-dixième anniversaire de la « Bataille d’Angleterre ». Pour moi, qui ai vécu et subi les souffrances liées aux jours sombres du régime nazi en Allemagne, il est très émouvant de me trouver ici parmi vous en cette occasion et de faire mémoire de vos si nombreux concitoyens qui ont sacrifié leur vie, résistant courageusement contre les forces de cette terrible idéologie. Ma pensée rejoint d’une manière spéciale la ville voisine de Coventry qui fut frappée au cours du mois de novembre 1940 par des bombardements massifs et de lourdes pertes en vies humaines. Soixante-dix ans plus tard, nous nous souvenons avec des sentiments de honte et d’horreur de l’effrayant coût en vies humaines et en destructions que la guerre entraîne, et nous renouvelons notre résolution de travailler pour la paix et la réconciliation là où pèse la menace de conflits. Toutefois, un autre motif, plus joyeux, fait de ce jour un moment particulièrement porteur de promesses pour la Grande-Bretagne, pour les Midlands, pour Birmingham. Car c’est le jour qui voit le Cardinal John Henry Newman officiellement élevé aux honneurs des autels et proclamé Bienheureux. [Read more…]

Le mystère du Corps livré et du Sang versé se reflète chez les affligés

london-pope-170x300Benoît XVI poursuit aujourd’hui sa visite d’état au Royaume-Uni. Après avoir rencontré ce matin le premier ministre David Cameron, le Pape a célébré la messe en la cathédrale de Westminster à Londres. Dans son homélie, Benoît XVI a rappelé que le mystère du Christ qui a souffert se reflète chez les affligés de notre temps. Ici, il s’adresse directement aux victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé.

Cet aspect du mystère du précieux sang du Christ est rendu présent de façon très éloquente, par les martyrs de tout temps, qui ont bu à la coupe à laquelle le Christ lui-même a bu, et dont le sang, versé en union avec le sacrifice du Seigneur, apporte une vie nouvelle à l’Église. Il se reflète aussi dans nos frères et sœurs du monde entier qui, aujourd’hui encore, subissent discrimination et persécution à cause de leur foi chrétienne. De même, il est encore présent, souvent de façon cachée, dans la souffrance de tous ces Chrétiens qui unissent chaque jour leurs sacrifices à ceux du Seigneur pour la sanctification de l’Église et la Rédemption du monde. Ma pensée va tout spécialement vers tous ceux qui sont spirituellement unis à cette célébration eucharistique, et, en particulier, vers les malades, les personnes âgées, les personnes handicapées et tous ceux qui souffrent mentalement et spirituellement.

De nouveau, je pense à l’immense souffrance provoquée par les abus commis sur les enfants, spécialement au sein de l’Église et par ses ministres. J’exprime avant tout ma profonde affliction aux victimes innocentes de ces crimes innommables, espérant que la puissance de la grâce du Christ et son sacrifice de réconciliation leur apporteront une profonde guérison et la paix. Je reconnais aussi, avec vous, la honte et l’humiliation dont nous avons tous souffert à cause de ces péchés ; et je vous invite à les offrir au Seigneur, sûrs que le châtiment contribuera à la guérison des victimes, à la purification de l’Église et à un renouveau de son engagement séculaire dans l’éducation et dans la sollicitude pour les jeunes. J’exprime ma gratitude pour les efforts qui ont été faits afin de traiter ce problème de manière responsable, et je demande à chacun d’entre vous d’apporter votre soutien aux victimes et d’être solidaires de vos prêtres.

Benoît XVI poursuit sa visite ce soir par une veillée de prière ce soir et la messe de béatification du cardinal John Henry Newman dimanche. Les deux célébrations seront diffusées sur nos ondes en français, à 15h30 samedi et 15h dimanche.

La religion a sa place dans le dialogue national – Benoît XVI

Benoît XVI s’est adressé le 17 septembre aux membres du parlement britanniques et aux membres de la British Society. Un discours raffiné et traitant des enjeux-clés d’une nation occidentale. Sa simple présence à Westminster Hall constitue un événement historique. U peu plus tôt, il avait été accueilli par l’archevêque de Canterbury. Sans aucun doute, la visite du Pape au Royaume-Uni constitue jusqu’à présent un énorme succès, une manifestation de dialogue et d’amitié réciproque. Nous publions ci-dessous un extrait du discours du Pape aux parlementaires et membres de la British Society:

[L]a question centrale qui se pose est celle-ci : où peut-on trouver le fondement éthique des choix politiques ? La tradition catholique soutient que les normes objectives qui dirigent une action droite sont accessibles à la raison, même sans le contenu de la Révélation. Selon cette approche, le rôle de la religion dans le débat politique n’est pas tant celui de fournir ces normes, comme si elles ne pouvaient pas être connues par des non-croyants – encore moins de proposer des  solutions politiques concrètes, ce qui de toute façon serait hors de la compétence de la religion – mais plutôt d’aider à purifier la raison et de donner un éclairage pour la mise en œuvre de celle-ci dans la découverte de principes moraux objectifs. Ce rôle « correctif » de la religion à l’égard de la raison n’est toutefois pas toujours bien accueilli, en partie parce que des formes déviantes de religion, telles que le sectarisme  et le fondamentalisme, peuvent être perçues comme susceptibles de créer elles-mêmes de graves problèmes sociaux. A leur tour, ces déformations de la religion surgissent quand n’est pas accordée une attention suffisante au rôle purifiant et structurant de la raison à l’intérieur de la religion. Il s’agit d’un processus à deux sens. Sans le correctif apporté par la religion, d’ailleurs, la raison aussi peut tomber dans des distorsions, comme lorsqu’elle est manipulée par l’idéologie, ou lorsqu’elle est utilisée de manière partiale si bien qu’elle n’arrive plus à prendre totalement en compte la dignité de la personne humaine. C’est ce mauvais usage de la raison qui, en fin de compte, fut à l’origine du trafic des esclaves et de bien d’autres maux sociaux dont les idéologies totalitaires du 20ème siècle ne furent pas les moindres. C’est pourquoi, je voudrais suggérer que le monde de la raison et de la foi, le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse reconnaissent qu’ils ont besoin l’un de l’autre, qu’ils ne doivent pas craindre d’entrer dans un profond dialogue permanent, et cela pour le bien de notre civilisation.

La religion, en d’autres termes, n’est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s’installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l’accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D’autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n’en ont pas. Et d’autres encore soutiennent – paradoxalement en vue d’éliminer les discriminations – que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d’agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l’incapacité d’apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d’influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d’encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale.

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