[NDLR: Benoît XVI est arrivé à Compostelle ce matin pour un bref weekend en Espagne. 6 000 pèlerins l’attendaient sur la Place Obradorio. C’est aussi comme pèlerin que Benoît XVI est entré dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle. Le Pape est d’abord allé prier devant le tombeau de saint Jacques, patron de l’Espagne, comme l’ont fait des millions de pèlerins depuis le Moyen Âge. Il a ensuite adressé un message pressant aux personnes présentes dans la cathédrale, appelant à l’éveil de la conscience chrétienne de l’Espagne et de l’Europe. Tel est le cheval de bataille de Benoît XVI. Nous publions ici l’intégral de ce message.]
Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Épiscopat,
Chères Autorités,
Chers prêtres, séminaristes, religieux et religieuses,
Chers frères et sœurs,
Chers amis.[en galicien :]
Je remercie Monseigneur Julian Barrio Barrio, Archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle, pour les aimables paroles qu’il vient de m’adresser et auxquelles je réponds avec plaisir, en vous saluant tous avec affection dans le Seigneur et en vous remerciant pour votre présence en ce lieu très significatif.
[En espagnol :]
Faire un pèlerinage ne veut pas dire simplement visiter un lieu quelconque pour admirer ses trésors naturels, artistiques ou historiques. Faire un pèlerinage signifie plutôt sortir de soi-même pour aller à la rencontre de Dieu là où Il s’est manifesté, là où la grâce divine s’est montrée avec une splendeur particulière et a produit d’abondants fruits de conversion et de sainteté chez les croyants. Les chrétiens se rendirent en pèlerinage, surtout, sur les lieux liés à la passion, à la mort et à la résurrection du Seigneur, en Terre Sainte. Puis à Rome, ville où Pierre et Paul ont été martyrisés, et à Compostelle qui est liée à la mémoire de saint Jacques et qui a accueilli des pèlerins du monde entier, désireux de fortifier leur âme à travers le témoignage de foi et d’amour de l’Apôtre.
En cette Année Sainte compostellane, en tant que Successeur de Pierre, j’ai voulu moi-aussi venir en pèlerinage dans la Maison du Señor Santiago [de saint Jacques], dont on célèbre le 800ème anniversaire de la consécration, pour affermir votre foi et raviver votre espérance, et pour confier à l’intercession de l’Apôtre vos aspirations, vos efforts et votre travail pour l’Évangile. En embrassant sa statue vénérée, j’ai aussi prié pour tous les fils de l’Église, qui a son origine dans le mystère de communion qui est Dieu. La foi nous introduit dans le mystère d’amour qu’est la Sainte Trinité. Nous sommes, d’une certaine manière, embrassés par Dieu, transformés par son amour. L’Église est cette étreinte de Dieu dans laquelle les hommes apprennent aussi à étreindre leurs propres frères, découvrant en eux l’image et la ressemblance divine qui constituent la vérité la plus profonde de leur être et qui sont à l’origine de la vraie liberté.
Il existe une relation étroite et nécessaire entre vérité et liberté. La recherche honnête de la vérité, l’aspiration à celle-ci, est la condition d’une authentique liberté. On ne peut vivre l’une sans l’autre. L’Église, qui désire servir de toutes ses forces la personne humaine et sa dignité, est au service des deux : de la vérité et de la liberté. Elle ne peut y renoncer, car c’est l’être humain qui est en jeu, car elle y est poussée par son amour pour l’homme, lui « qui est sur la terre la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même » (Gaudium et spes 24, 3), et parce que, sans cette aspiration à la vérité, à la justice et à la liberté, l’homme se perdrait lui-même.
Permettez-moi, depuis Compostelle, cœur spirituel de la Galice et, en même temps, école d’universalité sans frontières, d’exhorter tous les fidèles de ce cher Archidiocèse, et tous ceux de l’Église en Espagne, à vivre en se laissant éclairer par la vérité du Christ, en professant leur foi avec joie, cohérence et simplicité, à la maison, au travail et dans leur responsabilité de citoyens.
Que la joie de vous sentir fils aimés de Dieu vous incite à avoir un amour toujours plus profond pour l’Église, en collaborant avec elle dans sa tâche de porter le Christ à tous les hommes. Priez le Maître de la moisson, pour que de nombreux jeunes se consacrent à cette mission dans le ministère sacerdotal et dans la vie consacrée : aujourd’hui, comme toujours, cela vaut la peine de consacrer toute sa vie à proposer la nouveauté de l’Évangile !
Je ne veux pas terminer sans exprimer auparavant mes félicitations et mes remerciements à tous les catholiques espagnols pour la générosité avec laquelle ils soutiennent de nombreuses institutions de charité et de promotion humaine. Ne vous lassez pas de faire vivre ces œuvres, qui profitent à toute la société, et dont l’efficacité s’est manifestée de façon spéciale durant la crise économique actuelle, de même qu’à l’occasion des graves calamités naturelles qui ont affligé divers pays !
[En galicien :]
Avec ces sentiments, je prie le Très-Haut d’accorder à tous l’audace qui animait saint Jacques pour que vous soyez témoins du Christ Ressuscité, afin qu’ainsi vous restiez fidèles sur les chemins de la sainteté et que vous vous dépensiez pour la gloire de Dieu et pour le bien de vos frères les plus démunis. Merci beaucoup.