Visite du pape François au Mémorial de Mère Teresa à Skopje

Traduit de l’anglais: Des enfants tiennent un cadeau montrant Sainte Teresa de Calcutta et le pape François avant la visite du pape au Mémorial de Mère Teresa à Skopje, en Macédoine du Nord, 7 mai 2019. (CNS photo/Paul Haring)

Ce matin, le Saint Père s’est rendu au Mémorial de Mère Teresa, à Skopje, en Macédoine, en présence d’autres représentants religieux. Voici la prière qu’il a récité à l’intérieur du mémorial, devant la relique de la sainte :

Dieu, Père de miséricorde et de tout bien, nous te rendons grâce pour le don de la vie et pour le charisme de Sainte Mère Teresa. Dans ton infinie Providence, tu l’as appelée à témoigner de ton amour parmi les plus pauvres de l’Inde et du monde. Elle a su faire du bien aux plus démunis, parce qu’elle a reconnu en tout homme et en toute femme le visage de ton Fils. 

Docile à ton Esprit, elle est devenue la voix priante des pauvres et de tous ceux qui ont faim et soif de justice. Accueillant le cri de Jésus sur la croix : « J’ai soif », Mère Teresa a étanché la soif de Jésus sur la croix, en accomplissant les œuvres de l’amour miséricordieux. 

Nous te demandons, sainte Mère Teresa, mère des pauvres, ton intercession particulière et ton aide ici, dans la ville de ta naissance, où se trouvait ton foyer. 

Ici, tu as reçu le don de la nouvelle naissance dans les Sacrements de l’initiation chrétienne. Ici, tu as entendu les premières paroles de la foi dans ta famille et dans la communauté des fidèles. Ici, tu as commencé à voir et à connaître les personnes dans le besoin, les pauvres et les petits. Ici, tu as appris de tes parents à aimer les plus nécessiteux et à les aider. Ici, dans le silence de l’église, tu as entendu l’appel de Jésus à le suivre, comme religieuse, dans les missions. 

D’ici nous te prions : intercède auprès de Jésus, afin que nous aussi, nous obtenions la grâce d’être vigilants et attentifs au cri des pauvres, de ceux qui sont privés de leurs droits, des malades, des marginaux, des derniers. 

Qu’il nous accorde la grâce de le voir, dans les yeux de celui qui nous regarde parce qu’il a besoin de nous. Qu’il nous donne un cœur capable d’aimer Dieu présent en tout homme et toute femme et capable de le reconnaître dans ceux qui sont accablés par des souffrances et des injustices. Qu’il nous accorde la grâce d’être nous aussi un signe d’amour et d’espérance en notre temps qui voit tant de démunis, de laissés-pour-compte, d’exclus et de migrants. Qu’il fasse en sorte que notre amour ne soit pas seulement en paroles, mais qu’il soit efficace et vrai, pour que nous puissions rendre un témoignage crédible à l’Église qui a le devoir d’annoncer l’Évangile aux pauvres, la libération aux captifs, la joie aux affligés, la grâce du salut à tous. 

Sainte Mère Teresa, prie pour cette ville, pour ce peuple, pour son Église et pour tous ceux qui veulent suivre le Christ comme disciples, lui qui est le Bon Pasteur, en accomplissant des œuvres de justice, d’amour, de miséricorde, de paix et de service, comme lui qui est venu non pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour un grand nombre, lui Jésus Christ notre Seigneur. Amen. 

[Bénédiction de la première pierre] 

Saint François de Laval

Aujourd’hui  est une grande fête pour le Canada. Chaque année, nous célébrons le 6 mai  la mémoire de saint François de Laval, premier évêque de Québec et fondateur de l’Église en Amérique du Nord. Un homme de foi aux dimensions épiques, à la mesure d’un continent.

Envoyé en Nouvelle-France au XVIIème siècle comme vicaire apostolique, ce missionnaire français arrive à Québec en 1659. Il participe activement au développement de la Nouvelle-France, tant dans les domaines religieux que politique.

Héritier du Concile de Trente dont il s’inspire ardemment, Mgr de Laval entreprend de grands travaux, notamment en faveur de l’instruction des jeunes et de la formation des prêtres. Attaché aux peuples amérindiens, il défend courageusement leurs droits. Détaché des biens matériels, il donne aux pauvres ce qu’il possède. Visionnaire infatigable, il fonde une Église nouvelle dans un pays neuf. Moderne, il adapte l’organisation ecclésiale à un contexte de mission et d’évangélisation. Ses œuvres sont nombreuses et son héritage est précieux. L’Église nous donne aujourd’hui en exemple ce personnage d’une grande modernité qui a su adapter l’organisation ecclésiale à un contexte de mission et d’évangélisation.

Saint François de Laval a été canonisé en avril 2014 par le pape François.

Discours du pape François devant la communauté catholique en Bulgarie

Le pape François arrive pour une réunion avec la communauté catholique de Rakovski, en Bulgarie, 9 mai 2019. (Vatican Media)

Ci-dessous, retrouvez le texte complet du discours du pape François devant la communauté catholique à Rakovski, en Bulgarie, dans l’église Saint-Michel-Archange.

Chers frères et sœurs,

Bon après-midi ! Je vous remercie pour l’accueil chaleureux, pour les danses et les témoignages. C’est toujours un motif de joie de pouvoir rencontrer le saint Peuple de Dieu avec ses mille visages et charismes. 

Mgr Iovcev m’a demandé de vous aider à “voir avec les yeux de la foi et de l’amour”. Avant tout, je voudrais vous remercier parce que vous m’avez aidé à mieux voir et à comprendre un peu plus le motif pour lequel cette terre a été tant aimée et aussi importante pour saint Jean XXIII, où le Seigneur était en train de préparer ce qui serait un pas important dans notre cheminement ecclésial. Parmi vous a germé une amitié forte envers les frères orthodoxes qui le poussa sur une route capable d’engendrer la fraternité tant attendue et fragile entre les personnes et les communautés. 

Voir avec les yeux de la foi. Je désire rappeler les paroles du “bon Pape” qui a su accorder son cœur au Seigneur, de manière à pouvoir dire qu’il n’était pas d’accord avec ceux qui, autour de lui, voyaient seulement le mal et à les nommer prophètes de malheur. D’après lui, il fallait avoir confiance dans la Providence qui nous accompagne continuellement et qui, au milieu des adversités, est capable de réaliser des projets supérieurs et inattendus (Discours d’ouverture du Concile Vatican II, 11 octobre 1962). 

Les hommes de Dieu sont ceux qui ont appris à voir, à avoir confiance, à découvrir et à se laisser guider par la force de la résurrection. Ils reconnaissent évidemment qu’il existe des situations ou des moments douloureux et particulièrement injustes, mais ils ne restent pas les bras croisés, effrayés ou, pire encore, en alimentant un climat d’incrédulité, de malaise ou de nuisance, parce que cela ne fait que blesser l’âme, en affaiblissant l’espérance et en empêchant toutes les solutions possibles. Les hommes et les femmes de Dieu sont ceux qui ont le courage de faire le premier pas et qui cherchent avec créativité à être aux avant-postes en témoignant que l’Amour n’est pas mort, mais a vaincu tout obstacle. Ils se risquent parce qu’ils ont appris que Dieu Lui-même, en Jésus, s’est risqué. Il a mis en jeu sa propre chair, afin que personne ne puisse se sentir seul ou abandonné. 

En ce sens, je voudrais partager avec vous une expérience faite il y a quelques heures. Ce matin, j’ai eu la joie de rencontrer, dans le camp de réfugiés de Vrazhedebna, des réfugiés provenant de divers pays du monde pour trouver un cadre de vie meilleur que celui qu’ils ont abandonné, et aussi des volontaires de la Caritas. Là-bas, ils m’ont dit que le cœur du Centre naît de la conscience que toute personne est enfant de Dieu, indépendamment de l’ethnie ou de la confession religieuse. Pour aimer quelqu’un, il n’y a pas besoin de lui demander son curriculum vitae ; l’amour précède, il anticipe. Parce qu’il est gratuit. Dans ce centre de la Caritas, il y a beaucoup de chrétiens qui ont appris à voir avec les yeux mêmes du Seigneur qui ne s’arrête pas sur les qualificatifs, mais qui cherche et attend chacun, avec des yeux de Père. Voir avec les yeux de la foi est une invitation à ne pas passer sa vie en collant des étiquettes, en cataloguant celui qui est digne d’amour et celui qui ne l’est pas, mais à chercher à créer des conditions pour que chaque personne puisse se sentir aimée, surtout celles qui se sentent oubliées par Dieu, parce qu’elles sont oubliées par leurs frères. Celui qui aime ne perd pas de temps à s’apitoyer sur lui-même, mais il voit toujours quelque chose de concret à pouvoir faire. Dans ce Centre, vous avez appris à voir les problèmes, à les reconnaître, à les affronter ; vous vous laissez interpeler et vous cherchez à discerner avec les yeux du Seigneur. Comme a dit le Pape Jean : « Je n’ai jamais connu un pessimiste qui ait réalisé quelque chose de bien ». Le Seigneur est le premier à ne pas être pessimiste et, continuellement, il cherche à ouvrir pour nous tous des chemins de Résurrection. Que c’est beau quand nos communautés sont des chantiers d’espérance ! 

Mais pour acquérir le regard de Dieu, nous avons besoin des autres, nous avons besoin qu’ils nous apprennent à regarder et à entendre comment Jésus regarde et entend ; que notre cœur puisse palpiter de ses propres sentiments. Pour cela, j’ai apprécié quand Mitko et Miroslava, avec leur petit ange Bilyana, nous ont dit que la paroisse a toujours été pour eux leur seconde maison, le lieu où ils trouvent toujours, dans la prière communautaire et dans le soutien des personnes chères, la force pour aller de l’avant. 

Ainsi, la paroisse se transforme en un foyer au milieu de tous les foyers et est capable de rendre présent le Seigneur là justement où chaque famille, chaque personne cherche quotidiennement à gagner sa vie. Là, au croisement des routes, il y a le Seigneur qui n’a pas voulu nous sauver par un décret, mais qui est entré et veut entrer au plus intime de nos familles et nous dire comme à ses disciples : “ La paix soit avec vous !”. 

Je suis content de savoir que vous trouvez bonne cette “maxime” qu’il me plaît de partager avec les époux : “Ne jamais aller se coucher en colère, pas même une nuit” (et, à ce que je vois, avec vous ça marche). Une maxime qui peut aussi servir pour nous tous chrétiens. C’est vrai que, comme vous l’avez aussi raconté, on passe à travers diverses épreuves ; pour cela, il est nécessaire d’être attentifs parce que la colère, la rancœur ou l’amertume ne doivent jamais prendre possession du cœur. Et en cela, nous devons nous aider, prendre soin les uns des autres afin que la flamme que l’Esprit a allumée dans notre cœur ne s’éteigne pas. 

Vous reconnaissez, et vous en êtes reconnaissants, que vos prêtres et vos sœurs prennent soin de vous. Mais quand je vous écoutais, j’ai été touché par ce prêtre qui partageait non pas combien il avait été bon durant ces années de ministère, mais qui a plutôt parlé des personnes que Dieu a mises à ses côtés pour l’aider à devenir un bon ministre de Dieu. 

Le Peuple de Dieu remercie son pasteur et le pasteur reconnaît qu’il apprend à être croyant avec l’aide de son peuple, de sa famille et au milieu d’eux. Une communauté vivante qui soutient, accompagne, intègre et enrichit. Jamais séparés, mais unis, chacun apprend à être signe et bénédiction de Dieu pour les autres. Le prêtre, sans son peuple, perd son identité et le peuple, sans ses pasteurs, peut se diviser. L’unité du pasteur qui soutient et lutte pour son peuple et le peuple qui soutient et lutte pour son pasteur. Chacun consacre sa vie aux autres. Personne ne peut vivre seulement pour soi, nous vivons pour les autres. C’est le peuple sacerdotal qui, avec le prêtre, est en mesure de dire : « Ceci est mon corps livré pour vous ». Ainsi, nous apprenons à être une Église- famille-communauté qui accueille, écoute, accompagne, se préoccupe des autres en révélant son vrai visage qui est un visage de mère. Église-mère qui vit et fait siens les problèmes de ses enfants, non pas en offrant des réponses toutes faites, mais en cherchant ensemble des chemins de vie, de réconciliation ; en cherchant à rendre présent le Règne de Dieu. Église-famille-communauté qui prend en main les nœuds de la vie qui, très souvent, sont de grosses pelotes, et avant de les dénouer, les fait siens, les reçoit dans ses mains et les aime. 

Une famille parmi les familles, ouverte pour témoigner, comme nous disait la sœur, au monde d’aujourd’hui de la foi, de l’espérance et de l’amour envers le Seigneur et envers ceux qu’Il aime avec prédilection. Une maison avec les portes ouvertes. 

En ce sens, j’ai un “petit travail” pour vous. Vous êtes des enfants dans la foi des grands témoins qui furent capables de témoigner, par leur vie, de l’amour du Seigneur sur cette terre. Les frères Cyrille et Méthode, hommes saints et avec de grands rêves, se convainquirent que la manière la plus authentique pour parler avec Dieu était de le faire dans sa propre langue. Ceci leur donna l’audace de se décider à traduire la Bible pour que personne ne restât privé de la Parole qui donne la vie. 

Être une maison aux portes ouvertes, sur les pas de Cyrille et Méthode, requiert aujourd’hui aussi de savoir être audacieux et créatifs pour se demander comment il est possible de traduire de manière concrète et compréhensible aux jeunes générations l’amour que Dieu a pour nous. Nous savons et nous expérimentons que « les jeunes, dans les structures habituelles, ne trouvent souvent pas de réponses à leurs préoccupations, à leurs besoins, à leurs problèmes et à leurs blessures » (Exhort. Ap. Christus vivit, n. 202). Et ceci nous demande un nouvel effort d’imagination dans nos actions pastorales pour chercher la manière d’atteindre leur cœur, de connaître leurs attentes et d’encourager leurs rêves, en tant que communauté-famille qui soutient, accompagne et invite à regarder l’avenir avec espérance. Une grande tentation que les nouvelles générations affrontent réside dans le manque de racines qui les soutiennent, et cela les conduit au déracinement et à une grande solitude. Nos jeunes, au moment où ils se sentent appelés à exprimer tout le potentiel dont ils disposent, restent maintes fois à mi-chemin à cause des frustrations ou des déceptions qu’ils expérimentent parce qu’ils n’ont pas de racines sur lesquelles prendre appui pour regarder de l’avant (cf. ibid., nn. 179-186). Et cela s’accroît quand ils se voient obligés d’abandonner leur terre, leur patrie, leur famille. 

N’ayons pas peur d’accepter de nouveaux défis, à condition que nous nous efforcions par tous les moyens de faire en sorte que notre peuple ne soit pas privé de la lumière et de la consolation qui naissent de l’amitié avec Jésus, d’une communauté de foi qui le soutient et d’un horizon toujours stimulant et rénovateur qui lui donne sens et vie (cf. Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 49). N’oublions pas que les pages les plus belles de la vie de l’Église ont été écrites quand le peuple de Dieu, avec créativité, se mettait en route pour chercher à traduire l’amour de Dieu en chaque moment de l’histoire, avec les défis qu’il rencontrait progressivement. C’est beau de savoir que vous pouvez compter sur une grande histoire vécue, mais c’est encore plus beau de prendre conscience qu’il vous a été donné d’écrire ce qui est à venir. Ne vous lassez pas d’être une Église qui continue d’engendrer, au milieu des contradictions, des douleurs et de la pauvreté, les enfants dont cette terre a besoin aujourd’hui au début du 21ème siècle, en ayant une oreille sur l’Évangile et l’autre sur le cœur de votre peuple. 

Je vous remercie pour cette belle rencontre et, en pensant au Pape Jean, je voudrais que la bénédiction que je vous donne maintenant soit une caresse du Seigneur sur chacun de vous. 

Homélie du pape François lors de la première communion de 245 enfants en Bulgarie

Le pape François donne la première communion aux enfants lors d’une messe à l’église du Sacré-Cœur à Rakovski, en Bulgarie, 6 mai 2019. (CNS photo/Paul Haring)

Ce matin, le Saint Père a présidé la première communion de 245 enfants dans l’église du Sacré-Coeur à Rakovski, en Bulgarie. Voici le texte complet de son homélie:

Chers frères et sœurs, 

Je suis heureux de saluer les garçons et les filles, de la Première Communion, ainsi que leurs parents, familles et amis. A vous tous j’adresse la belle salutation qui est utilisée aussi dans votre pays en ce temps pascal : « Le Christ est ressuscité ». Ce salut est l’expression de notre joie, à nous chrétiens, disciples de Jésus, parce que lui, qui a donné sa vie par amour sur la croix pour détruire le péché, est ressuscité et a fait de nous des enfants adoptifs de Dieu le Père. Nous sommes contents parce qu’il est vivant et présent parmi nous aujourd’hui et toujours. 

Vous, chers enfants, vous êtes venus ici de tous les coins de cette « Terre des roses » pour participer à une fête merveilleuse que, j’en suis sûr, vous n’oublierez jamais : votre première rencontre avec Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie. L’un de vous pourrait me demander : mais comment pouvons-nous rencontrer Jésus qui a vécu il y a de nombreuses années et puis qui est mort et a été mis au tombeau ? C’est vrai : Jésus a fait un acte immense d’amour pour sauver l’humanité de tous les temps. Il est resté trois jours dans la tombe, mais nous savons – les Apôtres et beaucoup d’autres témoins qui l’ont vu vivant nous l’ont assuré – que Dieu, son Père et notre Père, l’a ressuscité. Et maintenant Jésus est vivant et il est ici avec nous, c’est pourquoi aujourd’hui nous pouvons le rencontrer dans l’Eucharistie. Nous ne le voyons pas avec nos yeux, mais nous le voyons avec les yeux de la foi. 

Je vous vois vêtus avec les tuniques blanches : c’est un signe important et beau. Parce que vous portez des habits de fête. La Première Communion est avant tout une fête, dans laquelle nous célébrons Jésus qui a voulu demeurer toujours à nos côtés et qui ne se séparera jamais de nous. Fête qui a été possible grâce à nos parents, à nos grands-parents, à nos familles et aux communautés qui nous ont aidé à grandir dans la foi. 

Pour venir ici, dans cette ville de Rakovski, vous avez parcouru une longue route. Vos prêtres et vos catéchistes, qui ont suivi votre parcours de catéchèse, vous ont accompagnés aussi sur la route qui vous conduit aujourd’hui à rencontrer Jésus et à le recevoir dans votre cœur. Lui, comme nous l’avons entendu dans l’Evangile d’aujourd’hui (cf. Jn 6, 1-15), un jour, a multiplié miraculeusement cinq pains et deux poissons, rassasiant la foule qui l’avait suivi et écouté. Vous êtes-vous rendus compte de la manière dont le miracle a commencé ? Des mains d’un enfant qui a apporté ce qu’il avait : cinq pains et deux poissons (cf. Jn 6,9). De la même manière que vous, aujourd’hui, vous contribuez à l’accomplissement du miracle pour que nous tous, les grands ici présents, nous nous rappelions la première rencontre que nous avons eue avec Jésus dans l’Eucharistie et que nous puissions rendre grâce pour ce jour. Aujourd’hui, vous nous permettez d’être de nouveau en fête et de célébrer Jésus qui est présent dans le Pain de la Vie. Parce qu’il y a des miracles qui peuvent se produire seulement si nous avons un cœur comme le vôtre, capable de partager, de rêver, de remercier, d’avoir confiance et d’honorer les autres. Faire la Première Communion signifie vouloir être chaque jour plus unis à Jésus, grandir dans l’amitié avec lui et désirer que les autres puissent aussi bénéficier de la joie qu’il veut nous donner. Le Seigneur a besoin de vous pour pouvoir accomplir le miracle de rejoindre avec sa joie beaucoup de vos amis et de membres de vos familles. 

Chers enfants, je suis heureux de partager avec vous ce grand moment et de vous aider à rencontrer Jésus. Vous vivez vraiment une journée dans un esprit d’amitié, de joie et de fraternité, et de communion entre vous et avec toute l’Église qui, spécialement dans l’Eucharistie, manifeste la communion fraternelle entre tous ses membres. Notre carte d’identité est celle-ci : Dieu est notre Père, Jésus est notre Frère, l’Eglise est notre famille, nous sommes frères, notre loi est l’amour. 

Je désire vous encourager à prier toujours avec cet enthousiasme et cette joie que vous avez aujourd’hui. Et rappelez-vous que c’est le sacrement de la Première Communion et non de la dernière, rappelez-vous que Jésus vous attend toujours. C’est pourquoi, je vous souhaite qu’aujourd’hui ce soit le commencement de nombreuses Communions, pour que votre cœur soit toujours comme aujourd’hui, en fête, plein de joie et surtout de reconnaissance. 

Homélie du pape François lors de la Messe à Sofia, Bulgarie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe dominicale en la Place Knyaz Alexandar 1 de Sofia en Bulgarie:

Chers frères et sœurs, le Christ est ressuscité !

Comme elle est merveilleuse la salutation avec laquelle les chrétiens de votre pays s’échangent la joie du Ressuscité en ce temps pascal.

Tout l’épisode que nous avons écouté, raconté à la fin des Évangiles, nous permet de nous immerger dans cette joie que le Seigneur nous invite à “contagionner” en nous rappelant trois réalités merveilleuses qui marquent notre vie de disciples : Dieu appelle, Dieu surprend, Dieu aime.

Dieu appelle. Tout se passe sur la rive du lac de Galilée, là où Jésus avait appelé Pierre. Il l’avait appelé à abandonner le métier de pêcheur pour devenir pêcheur d’hommes (cf. Lc 5, 4-11). Maintenant, après tout ce cheminement, après l’expérience d’avoir vu mourir le Maître et malgré l’annonce de sa résurrection, Pierre retourne à sa vie d’avant : « Je m’en vais à la pêche », dit-il. Et les autres disciples ne sont pas en reste : « Nous aussi, nous allons avec toi » (Jn 21, 3). Ils semblent faire un pas en arrière ; Pierre reprend en main les filets auxquels il avait renoncé pour Jésus. Le poids de la souffrance, de la déception, voire de la trahison était devenu une pierre difficile à ôter du cœur des disciples ; ils étaient encore blessés sous le poids de la douleur et de la faute et la bonne nouvelle de la Résurrection n’avait pas pris racine dans leur cœur. Le Seigneur sait combien est forte pour nous la tentation de retourner aux choses d’avant. Les filets de Pierre, comme les oignons d’Égypte, sont dans la Bible un symbole de la tentation de la nostalgie du passé, de vouloir revenir à quelque chose que l’on avait voulu abandonner. Devant l’expérience de l’échec, de la douleur, voire du fait que les choses ne se déroulent pas comme on l’espérait, apparaît toujours une subtile et dangereuse tentation qui invite au découragement et à baisser les bras. C’est la psychologie du sépulcre qui colore tout de résignation, nous faisant nous attacher à une tristesse doucereuse qui, comme une mite, ronge toute espérance. Ainsi se développe la plus grande menace qui peut s’enraciner au sein d’une communauté : le pragmatisme gris de la vie dans lequel tout se passe apparemment bien dans la normalité, mais, en réalité, la foi s’épuise et dégénère en mesquinerie (cf. Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 83).

Mais, là justement, dans l’échec de Pierre, Jésus arrive et recommence depuis le début, et avec patience, il va à sa rencontre et lui dit « Simon » (v. 15) : c’était le nom du tout premier appel. Le Seigneur n’attend pas des situations ou des états d’âme idéaux, il les crée. Il n’attend pas de rencontrer des personnes sans problèmes, sans déceptions, sans péchés ou limites. Lui-même, il a affronté le péché et la déception pour aller à la rencontre de tout être vivant et l’inviter à cheminer. Frères, le Seigneur ne se fatigue pas d’appeler. C’est la force de l’Amour qui a renversé tout pronostic et qui sait recommencer. En Jésus, Dieu cherche toujours à donner une possibilité. Il fait comme cela aussi avec nous : il nous appelle chaque jour à revivre notre histoire d’amour avec Lui, à nous refonder dans la nouveauté qu’Il est, Lui. Tous les matins, il nous cherche là où nous sommes et il nous invite « à nous lever, à nous redresser sur sa Parole, à regarder vers le haut et à croire que nous sommes faits pour le Ciel, non pas pour la terre ; pour les hauteurs de la vie, non pas pour les bassesses de la mort », et il nous invite à ne pas chercher « parmi les morts Celui qui est vivant » (Homélie de la Veillée Pascale, 20 avril 2019). Quand nous l’accueillons, nous montons plus haut, nous embrassons notre plus bel avenir, non pas comme une possibilité mais comme une réalité. Quand c’est l’appel de Jésus qui oriente la vie, le cœur rajeunit.

Dieu surprend. Il est le Seigneur des surprises qui invite non seulement à être surpris, mais aussi à réaliser des choses surprenantes. Le Seigneur appelle et, en rencontrant les disciples avec les filets vides, il leur propose quelque chose d’insolite : pêcher en plein jour, chose plutôt étrange sur ce lac. Il leur redonne confiance en les mettant en mouvement et en les poussant de nouveau à risquer, à ne considérer rien, ni surtout personne, comme perdu. Il est le Seigneur de la surprise qui brise les fermetures paralysantes en restituant l’audace capable de surmonter la suspicion, la méfiance et la crainte qui se cachent derrière le “on a toujours fait comme cela”. Dieu surprend quand il appelle et invite à jeter non seulement les filets, mais nous-mêmes au large de l’histoire et à regarder la vie, à regarder les autres et nous-mêmes avec ses propres yeux qui, « dans le péché, voit des enfants à relever ; dans la mort, des frères à ressusciter ; dans la désolation, des cœurs à consoler. Ne crains donc pas : le Seigneur aime cette vie qui est la tienne, même quand tu as peur de la regarder et de la prendre en main » (Ibid.).

Ainsi, nous arrivons à la troisième certitude d’aujourd’hui. Dieu appelle, Dieu surprend parce que Dieu aime. L’amour est son langage. C’est pourquoi, il demande à Pierre et à nous de s’accorder sur le même langage : « M’aimes-tu ? ». Pierre accueille l’invitation et, après beaucoup de temps passé avec Jésus, il comprend qu’aimer veut dire arrêter d’être au centre. Maintenant, il ne part plus de lui, mais de Jésus : « Tu sais tout » (Jn 21, 17), répond-il. Il se reconnaît fragile, il comprend qu’il ne peut pas aller de l’avant uniquement avec ses forces. Et il se fonde sur le Seigneur, sur la force de son amour, jusqu’au bout. Ceci est notre force que nous sommes invités chaque jour à renouveler : le Seigneur nous aime. Être chrétien est un appel à avoir confiance que l’Amour de Dieu est plus grand que toute limite ou tout péché. Une des plus grandes souffrances et un des plus grands obstacles dont nous faisons l’expérience aujourd’hui ne naît pas tant dans la compréhension que Dieu est amour, mais dans le fait que nous sommes arrivés à l’annoncer et à en témoigner de telle manière que, pour beaucoup, ce n’est pas son nom. Dieu est amour qui aime, qui se donne, qui appelle et qui surprend.

Voici le miracle de Dieu qui fait de nos vies des œuvres d’art, si nous nous laissons guider par son amour. De nombreux témoins de la Pâque, en cette terre bénie ont réalisé des chefs-d’œuvre magnifiques, inspirés par une foi simple et par un grand amour. En offrant leur vie, ils ont été des signes vivants du Seigneur, en sachant surmonter avec courage l’apathie et en offrant une réponse chrétienne aux préoccupations qui se présentaient à eux (cf. Exhort. Ap. Christus vivit, n. 174). Aujourd’hui, nous sommes invités à regarder et à découvrir ce que le Seigneur a fait dans le passé afin de nous projeter avec Lui vers l’avenir, en sachant que, dans le succès et dans les erreurs, il reviendra toujours nous appeler pour nous inviter à jeter les filets. Ce que j’ai dit aux jeunes dans l’Exhortation que j’ai récemment écrite, je désire le dire à vous aussi. Une Église jeune, une personne jeune, non par l’âge mais par la force de l’Esprit, nous invite à témoigner de l’amour du Christ, un amour qui presse et qui nous conduit à être prêts à lutter pour le bien commun, serviteurs des pauvres, protagonistes de la révolution de la charité et du service, capables de résister aux pathologies de l’individualisme consumériste et superficiel. Amoureux du Christ, témoins vivants de l’Évangile en tout recoin de cette ville (cf. ibid., nn. 174-175). N’ayez pas peur d’être les saints dont cette terre a besoin, une sainteté qui ne vous enlèvera pas la force, la vie ou la joie ; mais, bien au contraire, parce que vous et les fils de cette terre, vous arriverez à être ce dont le Père a rêvé quand il vous a créés (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, 32).

Appelés, surpris et envoyés par amour ! [00743-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors de la rencontre avec le Patriarche orthodoxe de Bulgarie

(Photo CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François tel que prononcé lors de la Visite au Patriarche orthodoxe Neofit et au Saint Synode:

Sainteté, vénérables Métropolites et Évêques, chers frères,

Christos vozkrese !

Dans la joie du Seigneur ressuscité, je vous adresse le salut pascal en ce dimanche, qui, dans l’Orient chrétien, est appelé “dimanche de Saint Thomas”. Contemplons l’Apôtre qui met la main dans le côté du Seigneur et, touchant ses plaies, confesse : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Les plaies, qui, tout au long de l’histoire, se sont ouvertes entre nous chrétiens, sont des déchirures douloureuses infligées au Corps du Christ qu’est l’Église. Aujourd’hui encore, nous en touchons avec la main les conséquences. Mais peut-être que si nous mettons ensemble la main dans ces plaies et confessons que Jésus est ressuscité, et si nous le proclamons notre Seigneur et notre Dieu, si en reconnaissant nos manques, nous nous immergeons dans ses plaies d’amour, nous pouvons retrouver la joie du pardon et avoir un avant-goût du jour où, avec l’aide de Dieu, nous pourrons célébrer sur le même autel le mystère pascal.

Dans ce cheminement, nous sommes soutenus par de nombreux frères et sœurs, à qui je voudrais avant tout rendre hommage : ce sont les témoins de la Pâque. Combien de chrétiens dans ce pays ont souffert pour le nom de Jésus, en particulier durant la persécution du siècle dernier ! L’œcuménisme du sang ! Ils ont répandu un doux parfum sur la “Terre des roses”. Ils sont passés à travers les épines de l’épreuve pour répandre la fragrance de l’Évangile. Ils ont germé dans un terrain fertile et bien travaillé, dans un peuple riche de foi et d’humanité authentique qui leur a donné des racines robustes et profondes : je pense, en particulier, au monachisme qui, de génération en génération, a nourri la foi du peuple. Je crois que ces témoins de la Pâque, frères et sœurs de diverses confessions unis dans le Ciel par la charité divine, nous regardent actuellement comme des semences plantées en terre pour donner du fruit. Et pendant que beaucoup de frères et sœurs dans le monde continuent de souffrir à cause de la foi, ils nous demandent de ne pas demeurer fermés, mais de nous ouvrir, parce c’est seulement de cette manière que les semences portent du fruit.

Sainteté, cette rencontre, que j’ai tant désirée, succède à celle de saint Jean-Paul II avec le Patriarche Maxime durant la première visite d’un Évêque de Rome en Bulgarie et suit les pas de saint Jean XXIII qui, dans les années passées ici, s’est attaché à ce peuple « simple et bon » (Giornale dell’anima, Bologna 1987, n. 325), en en appréciant l’honnêteté, les habitudes laborieuses et la dignité dans les épreuves. Je me trouve moi aussi, ici, hôte accueilli avec affection et j’éprouve dans le cœur la nostalgie du frère, cette nostalgie salutaire pour l’unité entre les fils du même Père que le Pape Jean a eu certainement l’occasion de mûrir dans cette ville. Justement, durant le Concile Vatican II convoqué par lui, l’Église orthodoxe bulgare envoya ses observateurs. Depuis lors les contacts se sont multipliés. Je pense aux visites des délégations bulgares qui, depuis cinquante ans, se rendent au Vatican et que j’ai la joie d’accueillir chaque année ; ainsi qu’à la présence à Rome d’une communauté orthodoxe bulgare qui prie dans une église de mon diocèse. Je me réjouis de l’accueil exquis réservé, ici, à mes envoyés, dont la présence s’est intensifiée dans les dernières années, et à la collaboration avec la communauté catholique locale, surtout dans le domaine culturel. Je suis confiant que, avec l’aide de Dieu et dans les temps que la Providence disposera, ces contacts pourront avoir des répercussions positives sur de nombreux autres aspects de notre dialogue. En même temps, nous sommes appelés à cheminer et à faire ensemble pour rendre témoignage au Seigneur, en particulier en servant les frères les plus pauvres et oubliés, dans lesquels Il est présent. L’œcuménisme du pauvre.

Ce sont surtout les saints Cyrille et Méthode qui nous orientent sur ce chemin. Ils nous ont liés depuis le premier millénaire et leur mémoire vivante dans nos Églises demeure comme une source d’inspiration parce que, malgré les adversités, ils privilégièrent l’annonce du Seigneur, l’appel à la mission. Comme disait saint Cyrille : « Je pars avec joie pour la foi chrétienne ; aussi fatigué et physiquement éprouvé que je suis, j’irai avec joie » (Vita Constantini VI, 7 ; XIV, 9). Et pendant que s’annonçaient les signes prémonitoires des douloureuses divisions qui allaient survenir dans les siècles suivants, ils choisirent la perspective de la communion. Mission et communion : deux paroles toujours déclinées dans la vie des deux Saints et qui peuvent illuminer notre chemin pour croître dans la fraternité. L’œcuménisme de la mission.

Cyrille et Méthode, byzantins de culture, eurent l’audace de traduire la Bible en une langue accessible aux peuples slaves pour que la Parole divine précédât les paroles humaines. Leur courageux apostolat demeure pour tous un modèle d’évangélisation. L’un des domaines qui nous interpelle dans l’annonce, c’est celui des jeunes générations. Combien il est important, dans le respect des traditions respectives et des particularités, que nous nous aidions et que nous trouvions les moyens pour transmettre la foi selon des langages et des formes qui permettent aux jeunes d’expérimenter la joie d’un Dieu qui les aiment et les appellent ! Autrement ils seront tentés de faire confiance aux nombreuses sirènes trompeuses de la société de consommation.

Communion et mission, proximité et annonce, les saints Cyrille et Méthode ont beaucoup à nous dire aussi en ce qui concerne l’avenir de la société européenne. En fait, « ils ont été, dans un sens, les promoteurs d’une Europe unie et d’une paix profonde entre tous les habitants du continent, montrant les fondements d’un nouvel art de vivre ensemble, dans le respect des différences qui ne sont pas absolument un obstacle à l’unité » (St Jean-Paul II, Salut à la Délégation officielle de la Bulgarie, 24 mai 1999 : Insegnamenti XXII, n. 1 (1999), 1080). Nous aussi, héritiers de la foi des saints, nous sommes appelés à être artisans de communion, instruments de paix au nom de Jésus. En Bulgarie, « carrefour spirituel, terre de rencontre et de compréhension réciproque » (Id., Discours durant la Cérémonie de bienvenue, Sofia, 23 mai 2002 : Insegnamenti XXV, n. 1 (2002), 864), diverses Confessions ont été accueillies, de la Confession arménienne à la Confession évangélique, et diverses expressions religieuses, de la religion juive à la religion musulmane. L’Église catholique trouve accueil et respect, aussi bien dans la tradition latine que dans la tradition byzantino-slave. Je suis reconnaissant à votre Sainteté et au Saint Synode pour cette bienveillance. Dans nos relations aussi, les saints Cyrille et Méthode nous rappellent qu’« une certaine diversité des us et coutumes ne s’oppose pas au minimum à l’unité de l’Église » et que, entre l’Orient et l’Occident, « plusieurs formules théologiques se complètent assez fréquemment, plutôt que de s’opposer » (Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, nn. 16-17). « Nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres ! » (Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 246).

Sainteté, bientôt j’aurai la possibilité d’entrer dans la Cathédrale Patriarcale de Saint Alexandre Nevski pour me recueillir dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode. Saint Alexandre Nevski de la tradition russe et les Saints frères provenant de la tradition grecque et apôtres des peuples slaves révèlent combien la Bulgarie est un pays-pont. Sainteté, chers Frères, je vous vous assure de ma prière pour vous, pour les fidèles de ce peuple bien-aimé, pour la haute vocation de ce pays, pour notre cheminement dans un œcuménisme du sang, du pauvre et de la mission. A mon tour, je demande une place dans vos prières, dans la certitude que la prière est la porte qui ouvre tout chemin de bien. Je désire renouveler ma gratitude pour l’accueil reçu et vous assurer que je porterai dans mon cœur le souvenir de cette rencontre fraternelle.

Christos vozkrese !

[00741-FR.02] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors du Regina Caeli en Bulgarie


Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François précédant la récitation du Regina Caeli Place di San Alexander Nevsky de Sofia, Bulgarie:

Chers frères et sœurs, “ Christ est ressuscité!”
Par ces paroles, depuis des temps anciens, en ces terres de Bulgarie les chrétiens – orthodoxes et catholiques – échangent les vœux du temps de Pâques : Christos vozkrese ! [La foule répond]. Elles expriment la grande joie pour la victoire de Jésus Christ sur le mal, sur la mort. Elles sont une affirmation et un témoignage du cœur de notre foi : le Christ vit. Il est notre espérance et la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient nouveau, se remplit de vie. C’est pourquoi, les premières paroles que je veux adresser à chacun de vous sont : il vit et il te veut vivant ! il est en toi, il est avec toi et il ne te lâche jamais. Il marche avec toi. Bien que tu puisses t’éloigner, à côté de toi il y a le Ressuscité, qui t’appelle constamment, t’attend pour recommencer. Il n’a jamais peur de recommencer : toujours il nous donne la main pour recommencer, pour nous relever et recommencer. Quand tu te sens vieux par la tristesse –la tristesse vieillit-, les rancunes, les peurs, les doutes et les échecs, lui sera là pour te redonner force et espérance (cf. Exhort. ap. Christus vivit, nn. 1-2). Il vit, il te veut vivant et il marche avec toi.

Cette foi en Christ ressuscité est proclamée depuis deux mille ans en tout lieu de la terre, à travers la mission généreuse de tant de croyants qui sont appelés à tout donner pour l’annonce évangélique, sans rien garder pour soi. Dans l’histoire de l’Église, ici aussi en Bulgarie, il y a eu des Pasteurs qui se sont distingués par la sainteté de leur vie. Parmi eux, j’aime me souvenir de mon prédécesseur, que vous appelez “le saint bulgare”, saint Jean XXIII, un saint pasteur, dont la mémoire est particulièrement vivante sur cette terre, où il a vécu de 1925 à 1934. Ici, il a appris à apprécier la tradition de l’Église Orientale, instaurant des relations d’amitié avec les autres Confessions religieuses. Son expérience diplomatique et pastorale en Bulgarie a laissé une empreinte si forte dans son cœur de pasteur qu’elle l’a conduit à promouvoir au sein de l’Église la perspective du dialogue œcuménique, qui eut une impulsion remarquable dans le Concile Vatican II, voulu justement par le Pape Roncalli. En un certain sens, nous devons remercier cette terre pour l’intuition sage et inspiratrice du “ bon Pape ”.

Dans le sillon de ce chemin œcuménique, d’ici peu, j’aurai la joie de saluer les représentants des diverses Confessions religieuses de Bulgarie, qui, tout en étant un pays orthodoxe, est un carrefour où se rencontrent et dialoguent diverses expressions religieuses. La présence appréciée à cette rencontre des Représentants de ces diverses Communautés, indique le désir de tous de parcourir le chemin, chaque jour plus nécessaire, « d’adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019).

Nous nous trouvons près de l’antique église de Sainte Sophie, et à côté de l’église patriarcale de Saint Alexandre Nevsky, où, précédemment, j’ai prié dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves. Avec le désir de manifester estime et affection à cette vénérable Église orthodoxe de Bulgarie, j’ai eu la joie de saluer et d’embrasser, auparavant, mon Frère Sa Sainteté le Patriarche Neofit, ainsi que les Métropolites du Saint Synode.

Nous nous adressons maintenant à la Bienheureuse Vierge Marie, Reine du ciel et de la terre, afin qu’elle intercède auprès du Seigneur Ressuscité, pour qu’il donne à cette terre bien-aimée l’impulsion toujours nécessaire pour être terre de rencontre, sur laquelle, au-delà des différences culturelles, religieuses ou ethniques, vous puissiez continuer à vous reconnaître et à vous estimer comme enfants d’un même Père. Notre invocation s’exprime avec le chant de l’antique prière du Regina Caeli. Nous le faisons ici, à Sofia, devant l’icône de la Vierge de Nesebar, qui signifie “ Porte du ciel ”, si chère à mon prédécesseur saint Jean XXIII, qui a commencé à la vénérer ici, en Bulgarie, et l’a portée avec lui jusqu’à la mort.

[Chant du Regina Caeli]
Regina Caeli, laetare ! Alleluia !… Prière
[Bénédiction]

[00742-FR.02] [Texte original: Italien]

Discours du pape François aux autorités civiles et politiques de Bulgarie

(Photo CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte officiel du discours du pape François lors de la rencontre avec le président Rumen Radev et les autorités politiques et civiles de Bulgarie:

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre
Distingués membres du Corps Diplomatique Distinguées Autorités,
Représentants des diverses confessions religieuses, Chers frères et sœurs,

Je suis heureux de me trouver en Bulgarie, lieu de rencontre entre de multiples cultures et civilisations, pont entre l’Europe de l’Est et celle du Sud, porte ouverte sur le Proche-Orient, une terre où s’enracinent d’antiques racines chrétiennes, qui nourrissent la vocation à favoriser la rencontre aussi bien dans la région que dans la communauté internationale. Ici, la diversité dans le respect des spécificités propres est vue comme une opportunité, une richesse et non comme un motif d’opposition.

Je salue cordialement les Autorités de la République et je les remercie pour l’invitation qui m’a été adressée pour visiter la Bulgarie. Je remercie Monsieur le Président pour les courtoises paroles qu’il m’a adressées en m’accueillant sur cette place historique qui porte le nom de l’homme d’Etat Atanas Burov, qui a subi les rigueurs d’un régime opposé à la liberté de pensée.

J’envoie avec déférence mon salut à Sa Sainteté le Patriarche Neofit – que je rencontrerai d’ici peu –, aux Métropolites et aux Évêques du Saint Synode, ainsi qu’à tous les fidèles de l’Eglise orthodoxe bulgare. J’adresse une salutation affectueuse aux évêques, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les membres de l’Église catholique, que je viens confirmer dans la foi et encourager dans leur cheminement quotidien de vie et de témoignage chrétien.

J’adresse une cordiale salutation aux chrétiens des autres Communautés ecclésiales, aux membres de la Communauté juive et aux fidèles de l’Islam et je réaffirme avec vous « la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune » (Document sur la fraternité humaine, Abou Dhabi, 4 février 2019). Nous profitons de l’hospitalité que le peuple bulgare nous offre afin que chaque religion, appelée à promouvoir l’harmonie et la concorde, contribue à la croissance d’une culture et d’un environnement harmonieux imprégné du plein respect de la personne humaine et de sa dignité, en instaurant des connexions vitales entre civilisations, sensibilités et traditions diverses et en rejetant toute violence et toute coercition. On fera ainsi échec à ceux qui cherchent par tous les moyens à la manipuler et à l’instrumentaliser.

Ma visite d’aujourd’hui entend idéalement faire suite à celle effectuée par saint Jean-Paul II en mai 2002 et se déroule dans l’heureux souvenir de la présence à Sofia, pour environ une décennie, de Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, alors Délégué Apostolique. Il a toujours porté dans le cœur des sentiments de gratitude et de profonde estime pour votre Nation, au point d’affirmer que, partout où il irait, sa maison vous serait toujours ouverte, sans qu’il soit nécessaire de se présenter comme catholique ou orthodoxe, mais seulement comme frère de Bulgarie (cf. Homélie du 25 décembre 1934). Saint Jean XXIII a travaillé sans relâche pour promouvoir la collaboration fraternelle entre tous les chrétiens et par le Concile Vatican II, qu’il a convoqué et présidé dans sa première phase, il a donné une grande impulsion et de l’élan au développement des relations œcuméniques.

C’est dans le sillage de ces événements providentiels que, à partir de 1968 – donc depuis cinquante ans – une délégation officielle bulgare, composée des plus hautes Autorités civiles et ecclésiastiques, effectue chaque année une visite au Vatican à l’occasion de la fête des saints Cyrille et Méthode. Ils ont évangélisé les peuples slaves et ont été à l’origine du développement de leur langue ainsi que de leur culture et surtout de fruits abondants et durables de témoignage chrétien et de sainteté.

Que soient bénis les saints Cyrille et Méthode, copatrons de l’Europe, qui par leurs prières, leur génie et leur labeur apostolique unanime sont pour nous un exemple et restent, à distance de plus d’un millénaire, des inspirateurs d’un dialogue fécond, d’harmonie, de rencontre fraternelle entre les Églises, les États et les peuples ! Puisse leur lumineux exemple susciter de nombreux imitateurs également de nos jours et faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde !

Maintenant, dans cette situation historique, à trente ans de la fin du régime totalitaire qui entravait sa liberté et ses initiatives, la Bulgarie est confrontée aux conséquences de l’émigration, survenue au cours des dernières décennies, de plus de deux millions de ses citoyens à la recherche de nouvelles opportunités de travail. En même temps, la Bulgarie – comme tant d’autres pays du Vieux Continent – doit affronter ce qui peut être considéré comme un nouvel hiver : l’hiver démographique, qui s’est abattu comme un rideau de gel sur toute l’Europe, conséquence d’une diminution de la confiance face à l’avenir. La baisse de la natalité, associée donc à l’intense flux migratoire, a entraîné le dépeuplement et l’abandon de nombreux villages et villes. En outre, la Bulgarie se trouve confrontée au phénomène de ceux qui cherchent à traverser ses frontières, pour fuir des guerres et des conflits ou la misère, et tentent de rejoindre à tout prix les régions plus riches du continent européen, afin de trouver de nouvelles opportunités de vie ou simplement un refuge sûr.

Monsieur le Président, je connais l’engagement des gouvernants de ce pays, depuis des années, pour créer les conditions, afin que les jeunes surtout ne soient pas contraints à émigrer. Je voudrais vous encourager à continuer dans cette voie, à accomplir tous les efforts pour créer des conditions favorables, afin que les jeunes puissent investir leurs fraîches énergies et programmer leur avenir personnel et familial, en trouvant dans leur patrie les conditions d’une vie digne. Et vous qui connaissez le drame de l’émigration, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le cœur et la main – comme en témoigne votre tradition – à celui qui frappe à vos portes.

Votre pays s’est toujours caractérisé comme un pont entre l’Est et l’Ouest, capable de favoriser la rencontre entre des cultures, des ethnies, des civilisations et des religions différentes, qui depuis des siècles ont coexisté ici en paix. Le développement, y compris économique et civil, de la Bulgarie passe nécessairement par la reconnaissance et la valorisation de cette caractéristique spécifique. Puisse cette terre, délimitée par le grand fleuve Danube et par les rives de la Mer noire, rendue fertile par l’humble travail de nombreuses générations et ouverte aux échanges culturels et commerciaux, intégrée dans l’Union Européenne et ayant de solides liens avec la Russie et la Turquie, offrir à ses enfants un avenir d’espérance.

Que Dieu bénisse la Bulgarie, la garde pacifique et accueillante et la rende prospère et heureuse !

[00740-FR.01] [Texte original: Italien]

Église en Sortie 3 mai 2019

Cette semaine à Église en Sortie, on parle du Centre justice et foi avec sa directrice générale Élisabeth Garant. On vous présente un reportage sur la soirée de prière Taizé avec le frère Émile au Centre étudiant Benoît Lacroix de Montréal. Dans la troisième partie d’émission, Francis Denis reçoit le père Gilles Mongeau s.j. pour parler du document de réflexion et de conversion ecclésiale sur le difficile enjeu des abus sexuels dans l’Église catholique publié par la province canadienne des Jésuites.

Église en Sortie 26 avril 2019

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit le chanteur Yves Duteil pour parler de son parcours de chanteur et de la dimension spirituelle de sa vie autour de son livre « Et si la clé était ailleurs ». On vous présente la chronique des actualités de la rue avec l’abbé Claude Paradis.

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