Vue d’ensemble de l’encyclique « Laudato Si »

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Cité du Vatican, 17 juin (VIS).

Instrument pour une première lecture de l’encyclique, le texte qui suit aide à en comprendre la dynamique d’ensemble et à en extraire les lignes de force. Les trois premières pages présentent l’encyclique dans son ensemble, avant de décrire les chapitres en reprenant des passages-clef. Les deux dernières pages présentent le sommaire dans son intégralité.

Un regard d’ensemble:

« Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent? Cette interrogation est au cœur de Laudato Si’, l’encyclique attendue du Pape François sur le soin de notre maison commune. Le Pape poursuit: Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée, parce qu’on ne peut pas poser la question de manière fragmentaire, et ceci conduit à s’interroger sur le sens de l’existence et de ses valeurs à la base de la vie sociale: Pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous? Si cette question de fond n’est pas prise en compte, dit le Souverain Pontife, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puissent obtenir des effets significatifs. L’encyclique prend le nom de l’invocation de saint François Loué sois-tu mon Seigneur du Cantique des Créatures, qui rappelle que la terre, notre maison commune, est « comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts. Nous-mêmes sommes terre. Notre corps est lui-même constitué des éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure. Aujourd’hui, cette terre, maltraitée et saccagée, pleure, et ses gémissements rejoignent ceux de tous les laissés-pour-compte dans le monde. Le Pape François invite à les écouter, en sollicitant chacun de nous, individus, familles, collectivités locales, nations et communauté internationale à une conversion écologique, selon l’expression de Jean-Paul II, c’est-à-dire changer de cap, en assumant la beauté et la responsabilité d’un engagement pour le soin de notre maison commune. Dans le même temps, le Pape François reconnaît une sensibilité croissante concernant aussi bien l’environnement que la protection de la nature, et une sincère et douloureuse préoccupation qui grandit pour ce qui arrive à notre planète, légitimant ainsi un regard d’espérance qui ponctue toute l’encyclique, et envoie à tous un message clair et plein d’espérance: L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune- L’être humain est encore capable d’intervenir positivement, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer.

Le Pape François s’adresse bien sûr aux fidèles catholiques, en reprenant les paroles de Jean-Paul II: Les chrétiens, notamment, savent que leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi, mais propose spécialement d’entrer en dialogue avec tous au sujet notre maison commune. Le dialogue parcourt tout le texte, et dans le chapitre 5, devient un instrument pour affronter et résoudre les problèmes. Depuis toujours, le Pape François rappelle que d’autres Eglises et communautés chrétiennes, comme aussi d’autres religions, ont nourri une grande préoccupation et une précieuse réflexion sur le thème de l’écologie. Il en assume même explicitement la contribution, en citant amplement le cher Patriarche oecuménique Barthélémy. A plusieurs reprises, le souverain pontife remercie les protagonistes de cet engagement que ce soient des individus, des associations ou des institutions, en reconnaissant que la réflexion d’innombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de l’Eglise sur ces questions, et invite chacun à reconnaître la richesse que les religions peuvent offrir pour une écologie intégrale et pour et pour un développement plénier de l’humanité.

L’itinéraire de l’encyclique est tracé au paragraphe 15, et s’articule en six chapitres. On passe d’une écoute de la situation à partir des meilleurs données scientifiques disponibles (chapitre 1), à la confrontation avec la Bible et la tradition judéo-chrétienne (chapitre 2), en identifiant les racines des problèmes (chapitre 3) posés par la technocratie et un repli auto-référentiel excessif de l’être humain. La proposition de l’encyclique (chapitre

4) est celle d’une écologie intégrale, qui a clairement des dimensions humaines et sociales, inséparablement liée à la question environnementale. Dans cette perspective, le Pape François propose (chapitre 5) d’avoir, à chaque niveau de la vie sociale, économique et politique, un dialogue honnête qui structure des processus de décision transparents, et rappelle (chapitre 6) qu’aucun projet ne peut être efficace s’il n’est pas animé d’une conscience formée et responsable, en donnant des pistes éducatives, spirituelles, ecclésiales, politiques et théologiques pour croître dans cette direction. Le texte s’achève par deux prières, l’une s’adressant à ceux qui croient en un Dieu Créateur et Tout Puissant, et l’autre proposée à ceux qui professent la foi en Jésus-Christ, rythmée par la ritournelle du Laudato Si’ qui ouvre et ferme l’encyclique. L’encyclique est traversée par plusieurs axes thématiques, traités selon diverses perspectives, qui lui donnent une forte unité: L’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète, la conviction que tout est lié dans le monde, la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie, l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès, la valeur propre de chaque créature, le sens humain de l’écologie, la nécessité de débats sincères et honnêtes, la grave responsabilité de la politique internationale et locale, la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie.

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Conférence de présentation de Laudato Si’

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Cité du Vatican, 18 juin 2015 (VIS).

Ce matin près la Salle du Synode le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Président du Conseil pontifical Iustitia et Pax a illustré la nouvelle encyclique Laudato Si’ que le Pape François consacre à la protection de la création et l’écologie intégrale. Il était accompagné des présentateurs du document, le Métropolite Ioannis de Pergame (du Patriarcat œcuménique), qui a parlé de la théologie et de la spiritualité de l’encyclique, M.Hans Joachim Schellnhuber (Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique), qui a traité de la place des sciences naturelles dans l’encyclique, de Mme.Carolyn Y.Woo (Catholic Relief Services), qui a abordé les volets de l’économie, de la finance et du commerce face à la question écologique, et Mme.Valeria Martano (chercheur et enseignant), témoin depuis 20 ans de la dégradation sociale et environnementale de la périphérie romaine.

D’emblée l’encyclique entend établir un dialogue avec tous, que ce soit avec des personnes avec des organisations et institutions qui partagent la même préoccupation que le Pape, abordée sous différents points de vue.  »Ce type de dialogue », a indiqué le Cardinal Turkson, « fait partie de la méthode de la rédaction utilisée par le Saint-Père pour rédiger l’encyclique. Il s’est appuyé sur un large éventail de contributions: La plupart des conférences épiscopales des divers continents…ainsi que d’autres contributions qui ne sont pas citées dans le document qu’elles ont aidé à composer ». L’encyclique tire son nom de l’invocation de saint François dans le Cantique des Créatures: Loué soit mon Seigneur, une prière contemplative qui nous invite à nous inspirer du Poverello pour promouvoir une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité… Dans sa relation avec l’environnement, l’humanité fait face à des défis majeurs qui requièrent également des politiques appropriées, déjà au programme des instances internationales. Certainement ‘Laudato Si’ peut et doit avoir un impact sur ces processus. Un examen rapide de son contenu montre qu’il est avant tout de nature pastorale et spirituelle, la portée, l’ampleur et la profondeur de la question ne pouvant être réduites à la sphère de la politique environnementale ».

Pour sa part, le Métropolite Ioannis Zizioulas a rappelé qu’en 1989 le Patriarche œcuménique Démétrios avait publié une encyclique pour alerter les les chrétiens et les personnes de bonne volonté sur la gravité de la question écologique, mais aussi montrer ses implications théologiques et spirituelles, invitant à consacrer chaque 1 septembre à prier pour l’environnement. Cette date, qui est selon le calendrier orthodoxe le premier jour de l’année ecclésiastique pourrait devenir un temps de prière pour tous les chrétiens et marquer ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement entre tous les baptisés:  »Je pense que le sens de l’encyclique Laudato Si’ ne se limite pas à la question de l’écologie en tant que tel. Elle revêt une dimension œcuménique importante qui encourage tous les chrétiens divisés à accomplir une tâche commune. Nous vivons une époque de problèmes existentiels profonds qui dépassent nos divisions traditionnelles… Il suffit de voir ce qui se passe au Moyen-Orient: Ceux qui persécutent les chrétiens ne leur demandent pas à la confession ils appartiennent! Ici l’unité des chrétiens se construit par la persécution et le sang. C’est un œcuménisme du martyre… D’une manière similaire, la menace de la crise écologique doit aider à dépasser nos clivages traditionnels. Le danger qui guette notre maison commune, la planète sur laquelle nous vivons, est décrite dans l’encyclique d’une manière qui ne laisse aucun doute sur le danger existentiel auquel nous sommes tous confrontés. Ce danger commun est indépendamment de notre Eglise ou de nos identités religieuses. Il implique un effort commun pour éviter les conséquences catastrophiques de la situation actuelle. L’encyclique du Pape François est un appel à l’unité, à l’unité dans la prière pour l’environnement, dans la diffusion de l’Evangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de nos modes de vie, nécessaires pour respecter et aimer tout le monde et tout ce que Dieu nous a donné. »

Puis le Professeur Schellnhuber, a souligné que sous l’angle de la technologie et de l’énergie propre il est possible d’atteindre un résultat positif pour tous car, en fait, elles sont disponibles en abondance. Tout ce que nous avons à faire est de développer les moyens de produire l’énergie correctement et de gérer de façon responsable notre consommation. Depuis des décennies on travaille au le développement d’un réacteur de fusion incroyablement coûteux alors que nous avons la chance d’en avoir un qui fonctionne parfaitement et qui est gratuit, le soleil! Le photovoltaïque, l’énergie éolienne et la biomasse dépendent également de la lumière solaire. Ces nouvelles technologies pourraient ouvrir un potentiel dans les pays pauvres où il n’y a pas de réseaux pour distribuer l’électricité provenant de centrales éloignées pour constituer un système viable. Tout comme il a augmenté l’utilisation des téléphones mobiles sans l’établissement préalable de lignes fixes, les pays en développement pourraient se passer des combustibles fossiles et entrer dans l’ère de la production décentralisée et directe d’énergie renouvelable… La gestion de notre planète ne peut devenir une tragédie collective. Au contraire, elle doit devenir l’histoire d’une grande transformation, qui permettra de faire levier pour surmonter les profondes inégalités du monde actuel. Certaines inégalités découlent du hasard géologique, de la répartition régionale des combustibles fossiles contrôlés par quelques-uns. Aujourd’hui la voie est enfin libre pour un avenir universel juste. »

Enfin Mme.Woo a expliqué que l’investissement dans la durabilité constitue une autre chance de progrès. « De nombreuses études fournissent des estimations de coûts astronomiques associés aux catastrophes naturelles, présentes comme à venir, telles que la hausse du niveau des océans, la sécheresse, les inondations et les tempêtes qui ravagent la production agricole ou provoquent la perte de productivité, favorisent aussi l’augmentation des épidémies et des maladies dues à la chaleur et à la pollution… Par ailleurs les entreprises peuvent jouer un rôle important en aidant les clients à devenir des consommateurs responsables. Conception et production des biens consommables devront faire en sorte de limiter les déchets et d’utiliser les énergies renouvelables, le recyclage, la récupération et la réutilisation afin de fournir de nouvelles opportunités pour les entreprises et les clients responsables… L’encyclique affirme le rôle important que doit jouer le commerce, mais le Pape avertit..le besoin de partenariat entre les secteurs public et privé, un dialogue politique et économique qui soit favorable à l’épanouissement humain. Puisque le public et le privé ont le même objectif, et qu’ils sont intégrés dans le même réseau interconnecté de la vie, ils doivent travailler ensemble en harmonie. Cela signifie pour les entreprises être plus respectueuses des normes et de la réglementation, en particulier dans le secteur financier. Cela signifie également que les entreprises doivent s’aligner avec les nouveaux objectifs de développement durable et la nécessité d’agir pour lutter contre le changement climatique. Après tout, le commerce est une entreprise humaine et devrait viser à un authentique développement et au bien commun de l’homme. »

Enfin, Mme.Martano a évoqué l’écologie urbaine, menacée par la pollution, la carence de services ou par l’individualisme général. Elle est un défi pour les chrétiens car dans les banlieues où on vit mal grandissent la colère et le sentiment d’exclusion. Beaucoup se voient privés du droit au logement et on assiste souvent à la destruction de bidonvilles sans que soit proposée une alternative. Les personnes âgées sont expulsés du cadre sociale vers des établissements périphériques…. La violence grandit dans certains quartiers alors qu’on peut aider mieux à vivre si les gens renoncent à l’individualisme et à la démission. A Rome pendant des années, avec la Communauté de Sant’Egidio, nous avons travaillé à la suppression d’espaces pollués… Nous nous sommes basés sur les plus faibles, enfants, personnes âgées, handicapés, afin de reconstruire un tissu humain. Autour de ces personnes on peut rénover l’image de la banlieue, trouver une énergie renouvelée et faire de l’écologie humaine. L’encyclique nous invite à pratiquer le bien commun en faveur de la ville et de l’environnement qui sont notre maison commune. Nous vivons souvent des parcours humains fragmentés et contradictoires parce que chacun essaie de se débrouiller tout seul. Chacun poursuit son propre intérêt, alors qu’il y existe un salut communautaire fondé sur l’inclusion des gens et l’écologie intégrale. »

Pour lire le texte intégral officiel français de l’encyclique « Laudato Si »:

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

Les médias, une lame à double tranchants

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La fin de semaine dernière, le pape François s’est rendu à Sarajevo pour visiter cette ville meurtrie par de nombreuses années de guerre mais dont l’espoir d’un avenir meilleur devient peu à peu réalité. C’est pour encourager ce peuple multiconfessionnel à continuer ce chemin ardu vers une société pleinement pacifiée que le pape avait décidé de faire ce voyage. En Europe, a précisé le Pape : « Je voudrais commencer à faire les visites […] en partant des pays les plus petits, et les Balkans sont des pays tourmentés, ils ont tant souffert ! Ils ont tant souffert… Et pour cela ma préférence est là ». Cette courte mais non moins chargée visite apostolique s’est terminée par une rencontre presque informelle au cours de laquelle le Pape a bien voulu répondre aux questions des jeunes. C’est la première question qui a retenu mon attention puisqu’on lui a demandé ce qu’il pensait de la télévision et des médias en général. La réponse du Pape est plus qu’intéressante :

« Depuis la moitié des années 90, j’ai senti une nuit que cela ne me faisait pas de bien, que cela m’aliénait, m’amenait… et j’ai décidé de ne pas la regarder.

Quand je voulais regarder un beau film, j’allais au centre de télévision de l’archevêché et je le regardais là. Mais seulement ce film…. La télévision au contraire m’aliénait et m’amenait hors de moi : elle ne m’aidait pas. Certainement, je suis de l’âge de pierre, je suis ancien !

Et nous maintenant – je comprends que les temps ont changé – nous vivons au temps de l’image. Et cela est très important. Et au temps de l’image, on doit faire ce qu’on faisait au temps des livres : choisir les choses qui me font du bien ! »[2]

Le pape nous donnait donc à tous, et spécialement aux jeunes, un critère pour examiner si notre consommation des médias nous permet de devenir de meilleures personnes : « elle doit me faire du bien » a-t-il affirmé. Qu’elle encourage souvent ce qu’il y a de plus bas en nous comme la paresse ou la sensualité déplacée me paraît évident. Cependant, il est intéressant de noter que le pape laisse, par cette formule, beaucoup de place à la liberté et au jugement individuels. Ce qui est bien pour moi comme être humain, nous le partageons tous et nous pouvons donc nous consulter les uns les autres pour voir ce qui est bon ou mauvais pour nous. Mais outre cela, il est clair que plusieurs programmes de télé bons pour une personne pourraient être nuisibles pour moi. Il est donc important de prendre du temps pour examiner, individuellement ou en famille, notre consommation de médias. Le Pape poursuit ainsi : [Read more…]

Missionnaires jusqu’au bout du monde!

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Ces dernières semaines, j’ai eu la chance de me rendre, accompagnée de ma femme Valérie, dans ce magnifique et lointain pays qu’est l’Île Maurice. La mère de Valérie étant d’origine mauricienne, en tant que nouveaux mariés nous avons visité oncles, tante, grand-mère et grand-père. Outre les paysages merveilleux et des repas aussi copieux qu’épicés, j’ai pu être en contact avec une culture très différente de la mienne. Malgré un français compris et parlé par la majeure partie de la population, c’est surtout le créole qui y est parlé. Aussi non seulement mes repères linguistiques furent altérés mais également mes références religieuses. En effet, l’Île Maurice est composée de plusieurs appartenances religieuses comme l’Hindouisme, l’Islam, le culte Tamoul, etc. Je peux vous assurer qu’il est très dépaysant d’entendre le chant du coq le matin accompagné de l’appel à la prière musulmane suivi de chants hindous du temple du coin de la rue ! Ce paysage religieux très hétéroclite est heureusement vécu dans un esprit très paisible où la cohabitation ne pose pas de problème majeur.

De son côté, l’Église catholique regroupe une bonne partie de la population (environ 31%). On peut donc y voir une multitude d’églises parsemant tout le territoire mauricien. Ces dernières montrent aussi la riche tradition catholique de ce pays où la foi a fait son apparition il y a plusieurs siècles avec les colonisations successives des Hollandais, des Français et des Anglais. Cette riche présence chrétienne se manifeste aussi chez certains personnages qui ont marqué la vie des habitants de l’Île jusqu’à aujourd’hui. Le témoin du Christ le plus connu est sans aucun doute le bienheureux Père Jacques-Désiré Laval c.s.s. La famille de ma femme étant catholique- son grand-père était même l’horloger officiel de la imagecathédrale Saint-Louis de Port Louis-, une visite au sanctuaire dédié au Père Laval était incontournable. C’est ainsi que j’ai fait la rencontre d’un personnage fascinant.

Il est né à Croth en France en 1803. Après des études de médecine, il décida d’entrer au séminaire et fut ainsi ordonné prêtre en 1838 dans la chapelle du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris. Il fut ensuite rapidement envoyé comme desservant d’une petite paroisse à Pinterville. C’est dans ce lieu modeste qu’il appris l’amour des pauvres. Cela allait le préparer à répondre à l’appel à la vie missionnaire à l’intérieur de la Congrégation du Saint-Esprit. C’est ainsi que notre bienheureux père Laval s’embarqua sur un navire pour un voyage de cent jours qui l’amena de l’autre côté de l’Afrique au milieu de l’océan indien. Il arriva à l’Île Maurice en 1841, deux ans à peine après l’abolition de l’esclavage.

C’est là, qu’il voua toutes ses énergies à l’évangélisation de cette population, à la fois, marquée par tant de souffrances et à l’aube de l’apprentissage de cette liberté finalement retrouvée. C’est surtout à l’éducation et à la catéchèse qu’il consacra son attention. Il avait une conscience aigüe de la responsabilité qui incombe à celui qui devient chrétien. Il ne baptisait donc pas les gens à la légère mais seulement après une bonne préparation et lorsque les catéchumènes pouvaient démontrer qu’ils avaient bien assimilés les éléments essentiels de la Foi dans leurs vies. La célébration des sacrements était aussi au cœur de sa vie et de son ministère. Le père Laval passait effectivement plusieurs heures par jour à la prière. Il était conscient que la relation au Christ était le noyau d’où il tirait les forces nécessaires à cette laval8seplourde tâche mais également la source d’où allait jaillir les nombreux fruits dont nous sommes toujours témoins aujourd’hui.

Les vertus héroïques de ce religieux sont aujourd’hui reconnues par l’Église universelle. C’est ainsi que Jean-Paul II allait présider la cérémonie qui allait faire de lui le premier Bienheureux de son pontificat le 29 avril 1979. Dans son homélie, nous voyons l’intérêt du saint Pape pour ce pauvre prêtre français qui rayonnait de la lumière du Christ au bout du monde par l’amour intense qu’il avait pour ceux que Dieu lui avait confiés. À nous qui sommes appelés, à l’invitation du pape François, à prendre de plus en plus conscience du caractère missionnaire de notre vocation chrétienne, le père Laval peut nous inspirer la même ardeur et la confiance que Dieu sera toujours à nos côtés. Comme le disait saint Jean-Paul II dans son homélie à l’occasion de la béatification du père Jacques-Désiré Laval c.s.s. :

Voilà un modèle pour les évangélisateurs d’aujourd’hui. Qu’il inspire les missionnaires, et, j’ose dire, tous les prêtres, qui ont d’abord la sublime mission d’annoncer Jésus-Christ et de former à la vie chrétienne ! Qu’il soit, à un titre particulier, la joie et le stimulant de tous les religieux spiritains, qui n’ont cessé d’implanter l’Église, notamment en terre africaine, et y œuvrent avec tant de générosité. Que l’exemple de Père Laval encourage tous ceux qui, sur le continent africain et ailleurs, s’efforcent de bâtir un monde fraternel, exempt de préjugés raciaux ! Que le Bienheureux Laval soit aussi la fierté, l’idéal et le protecteur de la communauté chrétienne de l’Ile Maurice, si dynamique aujourd’hui, et de tous les Mauriciens !

Pape François à Sarajevo: rencontre avec les jeunes de Bosnie-Herzégovine

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Dernière étape de son voyage apostolique à Sarajevo, le Pape François a rencontré en fin de journée 800 jeunes dans le centre Saint Jean-Paul II de la capitale de Bosnie-Herzégovine, accueilli par un enthousiasme débordant et des chansons joyeuses. Mgr Marko Semren, évêque auxiliaire de Banja Luka, en charge de la pastorale des jeunes, a d’abord pris la parole. Il a remercié le Pape pour son encouragement à vivre la paix, et sa solidarité avec les jeunes « printemps de l’Eglise, printemps de notre patrie et de notre futur ».

François a ensuite écouté le témoignage de deux jeunes : Nadezda, membre de l’Église orthodoxe serbe et de Darko, jeune professeur de sport de 24 ans, qui a fait part de son « désir unique » : la paix dans son pays, souhaitant que la visite de François soit un encouragement à ce que « la tolérance et la réconciliation soient la carte gagnante pour un avenir meilleur ».

Le Pape a ensuite préféré répondre à des questions spontanées, posées par des jeunes, plutôt que de lire le discours préparé pour l’occasion. Interrogé sur le fait qu’il avait déclaré dans une interview ne pas regarder la télévision, François a expliqué qu’il a arrêté de la regarder à partir du moment où il a compris que la télévision l’aliénait. « Mais les temps ont changé, nous vivons dans le monde de l’image. Dans ce monde, il faut choisir les choses qui nous font du bien, comme au temps des livres, utiliser l’ordinateur et la télévision pour de belles choses, qui nous font grandir. Il est donc de la responsabilité des chaînes de faire des programmes qui construisent la société, qui portent des valeurs positives. Si un programme ne porte pas ce genre de valeurs, changez de chaîne ! » a-t-il lancé aux jeunes. [Read more…]

Pape François à Sarajevo: rencontre œcuménique et interreligieuse

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En fin d’après-midi, la rencontre œcuménique et interreligieuse du Pape avec les représentants des confessions religieuses présentes en Bosnie-Herzégovine a été l’un des moments-clé du voyage de François à Sarajevo. Cette rencontre est le « signe d’un désir commun de fraternité et de paix », le « témoignage d’une amitié construite au fil des ans » et vécue « dans la cohabitation quotidienne et la collaboration » : « être ici est déjà un “message” de ce dialogue que nous cherchons tous et auquel nous travaillons », a expliqué François.

La Bosnie-Herzégovine est un « carrefour de peuples et de cultures », mais comprend aussi bien des avantages que des inconvénients : « si la diversité constitue d’un côté une grande ressource qui permet le développement social, culturel et spirituel de cette région, a reconnu le Pape, elle a, de l’autre, été la cause de douloureuses déchirures et de guerres sanglantes ».

Ainsi, dans un pays meurtri par la violence voici 20 ans, le « dialogue interreligieux est une condition indispensable à la paix, selon le Souverain Pontife, et par conséquent, il est un devoir pour tous les croyants ». Dialogue d’autant plus important qu’il est une « école d’humanité et un facteur d’unité qui aide à construire une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel ». Ce dialogue doit s’étendre « autant que possible à tous les croyants, impliquant les diverses sphères de la société ». [Read more…]

Pape François à Sarajevo aux religieux: « faites toujours le contraire de la cruauté »

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« Vous n’avez pas le droit d’oublier votre Histoire », c’est visiblement très touché que le Pape François s’est adressé aux prêtres, religieux, religieuses et séminaristes rassemblés en la cathédrale du Sacré-Cœur de Sarajevo. La rencontre a été marquée par le récit poignant de trois témoins, qui, la voix brisée ont raconté les horreurs de la guerre, les traitements inhumains, les coups, les humiliations, les insultes. Une religieuse enlevée, brimée, frappée par des miliciens musulmans venus du Moyen-Orient. Un prêtre horriblement torturé par des soldats, un franciscain déporté par les serbes dans un camp de concentration où les prisonniers mouraient de faim et de soif, puis secouru par une musulmane. Après avoir écouté ces témoignages, le Saint-Père a souhaité renoncer au discours qu’il avait préparé pour s’adresser directement à l’assemblée.

Le Pape dans son intervention, totalement improvisée, a insisté sur le devoir de mémoire. La mémoire des martyrs. « Ne pas oublier votre histoire, non pas pour vous venger, mais pour faire la paix (…) pour aimer comme eux ont aimé ». « Dans votre sang, dans votre vocation, il y a le sang et la vocation de ces trois martyrs », a affirmé le Saint-Père, faisant allusion aux paroles poignantes qu’il venait d’entendre. « Ces témoignages parlent d’eux-mêmes, c’est la mémoire de votre peuple, de vos pères et mères dans la foi ». Et le Pape insiste : « n’oubliez pas vos ancêtres, ceux qui vous ont transmis comment se vit la foi ».

Le Saint-Père confie ensuite qu’il a été particulièrement touché par le mot « pardon » répété à plusieurs reprises. « Pardonner un ami avec lequel tu t’es disputé ou une sœur jalouse, ce n’est pas très difficile », reconnaît-il, mais« pardonner celui qui t’a frappé, torturé, qui t’a menacé avec un fusil pour te tuer, ça c’est difficile. Et eux l’ont fait ». [Read more…]

Pape François à Sarajevo: Construire la paix de manière artisanale

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Cité du Vatican, 6 juin 2015 (VIS). Après son discours à la présidence, le Saint-Père a gagné le stade Kosevo où 60.000 personnes l’attendaient pour assister à la messe solennelle. A l’homélie, lue en italien et traduite par partie après partie en croate, il a à nouveau dénoncé tous ceux qui appellent de leurs vues le choc des cultures et des civilisations:

Dans les lectures à peine écoutées « a résonné plusieurs fois la parole paix, la parole prophétique par excellence. La paix est le rêve de Dieu, c’est le projet de Dieu pour l’humanité, pour l’histoire, avec toute la création. Et c’est un projet qui rencontre toujours des oppositions de la part de l’homme et de la part du malin. En notre temps aussi, l’aspiration à la paix et l’engagement pour la construire s’affrontent par le fait qu’il y a dans le monde de nombreux conflits armés. C’est une sorte de troisième guerre mondiale livrée par morceaux et, dans le contexte de la communication globale, on perçoit un climat de guerre. Ce climat, certains veulent le créer et l’attiser délibérément, en particulier ceux qui cherchent l’affrontement entre différentes cultures et civilisations, et aussi ceux qui spéculent sur les guerres pour vendre des armes et s’enrichir. Or la guerre signifie des enfants, des femmes et des personnes âgées dans les camps de réfugiés, mais aussi…des maisons, des rues, des usines détruites, et surtout beaucoup de vies brisées. Vous le savez bien, pour l‘avoir expérimenté ici. Que de souffrance, que de destructions, que de douleur. Aujourd’hui, que de cette ville se lève encore une fois le cri du peuple de Dieu et de tous les hommes et les femmes de bonne volonté: Jamais plus la guerre! Dans de ce climat de guerre, comme un rayon de soleil qui traverse les nuages, résonne la parole de Jésus: Heureux les artisans de paix. C’est un appel toujours actuel, qui vaut pour chaque génération. Il ne dit pas: Heureux les prédicateurs de paix. Car nous sommes tous sont capables de la proclamer, même de manière hypocrite ou mensongère. Non. Il dit: Heureux les artisans de paix, c’est-à-dire ceux qui la font. Faire la paix est un travail artisanal qui demande passion, patience, expérience, ténacité. Heureux sont ceux qui sèment la paix par leurs actions quotidiennes, par des attitudes et des gestes de service, de fraternité, de dialogue, de miséricorde. Ceux-ci, oui, seront appelés fils de Dieu, parce que Dieu sème la paix, toujours, partout. A la plénitude des temps, il a semé son Fils dans le monde pour que nous ayons la paix! Faire la paix est un travail à mener chaque jour, pas après pas, sans jamais se fatiguer ». [Read more…]

Pape François à Sarajevo: Guérir les blessures du passé pour bâtir l’avenir

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Cité du Vatican, 6 juin 2015 (VIS). Vers 9 h le Saint-Père a atterri à Sarajevo, capitale de la Bosnie – Herzégovine, but de son huitième voyage pastoral hors d’Italie. Il a été accueilli par le Président croate de l’Etat M.Dragan Crovic (triple présidence tournante) et le Cardinal Vinko Puljic et les autres évêques du pays. Après la cérémonie d’accueil, il a pris la route pour le centre ville, où il a été accueilli à la présidence par les deux autres Présidents, le Président en charge le serbe Mladen Ivanic, et le bosniaque Bakir Izetbegovic, qui l’ont présenté aux corps constitués. Voici le premier discours du Pape François, expliquant le sens de cette visite:

« C’est pour moi un motif de joie de me trouver dans cette ville qui a tant souffert des conflits sanglants du siècle dernier et qui est redevenue un lieu de dialogue et de cohabitation pacifique. Elle est passée d’une culture de l’affrontement, la guerre, à une culture du dialogue. Sarajevo et la Bosnie – Herzégovine revêtent une signification spéciale pour l’Europe et pour le monde entier. Depuis des siècles, sur ces territoires sont présentes des communautés qui professent des religions diverses et appartiennent à diverses ethnies et cultures, dont chacune est riche de ses caractéristiques distinctives et jalouse de ses traditions spécifiques, sans que cela ait empêché pendant longtemps l’instauration de relations réciproques amicales et cordiales. Même la structure architecturale de Sarajevo en porte des traces visibles et consistantes, puisque dans son tissu urbain émergent, à peu de distance les unes des autres, des synagogues, des églises et des mosquées, à tel point que la ville a reçu l’appellation de Jérusalem de l’Europe. En effet, elle représente un carrefour de cultures, de peuples et de religions. Un tel rôle demande de construire toujours de nouveaux ponts, de soigner et de réparer ceux qui existent, pour que soit assurée une communication facile, sûre et civilisée. Nous avons besoin de communiquer, de découvrir les richesses de chacun, de valoriser ce qui nous unit et de regarder les différences comme des possibilités de croissance dans le respect de tous. Un dialogue patient et confiant est nécessaire, en sorte que les personnes, les familles et les communautés puissent transmettre les valeurs de leur propre culture et accueillir le bien provenant de l’expérience des autres. Ainsi, les graves blessures du passé récent peuvent aussi se cicatriser et l’on peut regarder le futur avec espérance, en faisant face, avec l’esprit libéré des peurs et des rancœurs, aux problèmes quotidiens que chaque communauté civile est appelée à affronter ».

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Homélie du Pape pour la fête de Pentecôte et Message au Regina Coeli

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« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 21.22). L’effusion qui a eu lieu le soir de la Résurrection se répète le jour de Pentecôte, renforcée par d’extraordinaires manifestations extérieures. Le soir de Pâques, Jésus apparaît aux Apôtre et souffle sur eux son Esprit (cf. Jn 20, 22) ; le matin de la Pentecôte, l’effusion se produit de façon retentissante, comme un vent qui s’abat avec impétuosité sur la maison et fait irruption dans les esprits et dans les coeurs des Apôtres. En conséquent, ils reçoivent une énergie telle qu’elle les pousse à annoncer en différentes langues l’évènement de la Résurrection du Christ : « Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 4). Avec eux se trouvait Marie, la Mère de Jésus, première disciple, mère de l’Église naissante. De sa paix, de son sourire, elle accompagnait la joie de la jeune Épouse, l’Église de Jésus.

La Parole de Dieu, spécialement celle d’aujourd’hui, nous dit que l’Esprit agit, dans les personnes et dans les communautés qui en sont remplies : il conduit dans la vérité tout entière (Jn 16, 13), renouvelle la face de la terre (Ps 103) et donne ses fruits (Ga 5, 22-23).

Dans l’Évangile, Jésus promet à ses disciples que, lorsqu’il sera retourné au Père, il enverra l’Esprit Saint qui les « conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13). Il l’appelle vraiment « Esprit de vérité » et il leur explique que son action sera celle de les introduire toujours plus dans la compréhension de ce que Lui, le Messie, a dit et a fait, en particulier de sa mort et résurrection. Aux Apôtres, incapables de supporter le scandale de la passion de leur Maître, l’Esprit donnera une nouvelle clé de lecture pour les introduire dans la vérité et dans la beauté de l’événement du salut. Ces hommes, d’abord effrayés et bloqués, enfermés dans le Cénacle pour éviter les répercussions du vendredi saint, n’auront plus honte d’être disciples du Christ, ils ne craindront plus devant les tribunaux humains. Grâce à l’Esprit Saint dont ils sont remplis, ils comprennent « la vérité tout entière », c’est-à-dire que la mort de Jésus n’est pas sa défaite, mais l’expression extrême de l’amour de Dieu ; amour qui, dans la Résurrection, vainc la mort et exalte Jésus comme le Vivant, le Seigneur, le Rédempteur de l’homme, de l’histoire et du monde. Et cette réalité, dont ils sont témoins, devient la Bonne Nouvelle à annoncer à tous. [Read more…]

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