Le Pape : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour du prochain »

Canonizations_ChristLe pape François a célébré ce dimanche matin sur la place Saint-Pierre la messe de canonisation de six nouveaux saints, quatre Italiens et deux Indiens. Les deux indiens sont un prêtre et une religieuse. Kuriakose Elias Chavara della Sacra Famiglia qui vécut au 19ème siècle, carme de rite syro-malabar, fondateur de deux Congrégations religieuses : les Carmes de Marie-Immaculée et la Congrégation de la Mère du Carmel (Carmélites). C’est à cette dernière congrégation qu’appartient la religieuse  canonisée, qui vécut pour sa part entre le 19 ème et le 20 ème siècle

Les deux saints indiens sont considérés comme les acteurs centraux d’un éveil spirituel et social, qui a servi de base à l’essor du catholicisme dans l’Etat du Kerala, au sud de l’Inde.

Le Pape François a canonisé également quatre italiens : un évêque de Vicence considéré comme «l’évêque des pauvres» , un prêtre de l’Ordre des Frères Mineurs à Naples, un oblat calabrais de l’Ordre des Minimes, et un laïc italien du tiers-ordre franciscain, ermite et pèlerin. [Read more…]

Le Pape: « Pensons à sans cesse nous convertir, pour être de vrais chrétiens »

OSSROM12763_ArticoloSoyons attentifs à ne pas devenir des chrétiens tièdes, pris dans une certaine forme de confort ou d’apparence. C’est l’avertissement lancé ce mardi matin par le Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe. Le Pape a souligné que les chrétiens doivent toujours répondre à l’appel de Jésus à la conversion, sinon de pécheurs ils deviennent des personnes corrompues.

Se convertir est une grâce, « c’est une visite de Dieu ». Le Pape François est parti de la liturgie du jour, un passage de l’Apocalypse de Saint Jean et la rencontre entre Jésus et Zachée, pour parler des conversions. Dans la première Lecture, a souligné le Pape, le Seigneur demande aux chrétiens de Laodicée de se convertir parce qu’ils sont tombés « dans la tiédeur ». Ils vivent dans la « spiritualité de la commodité ». Et ils pensent: «Je fais comme je peux, mais je suis en paix et surtout que personne ne vienne me déranger avec des choses bizarres». Celui qui vit de la sorte, a affirmé le Pape, pense « qu’il ne manque rien : je vais à la Messe le dimanche, je prie parfois, je me sens bien, je suis dans les bonnes grâces de Dieu, je suis riche » et « je n’ai besoin de rien, je suis bien ». Cet « état d’esprit, a averti le Pape, est un état de péché : la commodité spirituelle est un état de péché ». Et à ces personnes, a ajouté le Pape, le Seigneur « n’épargne aucune critique » et leur dit : « Pourquoi es-tu tiède, je suis sur le point de te vomir de ma bouche ». Par contre, a déclaré le Pape, il lui donne le conseil de « se vêtir », parce que « les chrétiens que se la jouent avec commodités sont nus ».

Il y a ensuite, devait dire le Pape, un autre appel à « ceux qui vivent dans les apparences, les chrétiens des apparences ». Ceux-là s’imaginent vivants mais ils sont morts. Et le Seigneur leur demande d’être vigilants. « Les apparences, déclarait le Pape, sont le suaire de ces chrétiens : ils sont morts ». Et le Seigneur les « appelle à se convertir » :

« Est-ce que je fais partie de ces chrétiens des apparences ? Suis-je vivant à l’intérieur, ai-je une vie spirituelle ? Est-ce que je sens l’Esprit Saint, est-ce que je l’écoute, vais-je de l’avant… ? Mais si tout semble aller bien, si je n’ai rien à me reprocher, je suis dans ‘la grâce de Dieu’, je suis tranquille. Les apparences ! Chrétiens d’apparence…Ce sont des morts ! Mais il faut plutôt chercher quelque chose de vivant à l’intérieur et avec la mémoire et l’attention, revigorer le tout pour aller de l’avant. Se convertir : des apparences à la réalité. De la tiédeur à la ferveur ». [Read more…]

Le Pape : « Ne nous enfermons pas dans un microclimat de personnes élues »


OSSROM12185_ArticoloDans l’Eglise il arrive que les chrétiens soient tentés d’être avec Jésus mais sans vouloir fréquenter les pauvres ou les personnes marginalisées, en s’isolant ainsi dans un « microclimat ecclésiastique » qui n’a rien d’authentiquement ecclésial. Voilà en résumé ce qu’a déclaré le Pape François dans son homélie de la messe célébrée ce lundi matin en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican.

Regarder Jésus en oubliant de le voir dans le pauvre qui demande de l’aide, dans la personne marginalisée. Voilà bien la tentation qui guette l’Eglise aujourd’hui, la tentation de s’emmurer à l’intérieur d’un « microclimat ecclésiastique », comme le définit le Pape, plutôt que d’ouvrir les portes aux exclus sociaux. L’homélie de François s’est basée sur l’une des pages les plus intenses de l’Evangile, qui raconte l’épisode de l’aveugle de Jéricho. Cet homme, a souligné le Pape, représente cette « première catégorie de personnes » qui peuple le récit de l’Evangile de Luc. Un homme qui n’avait aucune importance, mais qui « avait envie de salut », « envie de guérison », et qui donc crie plus fort que le mur d’indifférence qui l’entoure jusqu’à ce qu’il gagne son pari et réussisse à frapper à « la porte du cœur de Jésus ». A cet homme s’oppose le cercle des disciples, qui prétendent de le faire taire pour éviter qu’il dérange et en faisant de la sorte, affirmait le Pape, ils éloignent « le Seigneur d’une périphérie » :

« Cette périphérie n’arrivait pas à s’approcher du Seigneur, parce que ce cercle, avec tellement de bonne volonté pourtant, fermait la porte. Et c’est ce qui arrive si fréquemment entre nous croyants : quand nous avons trouvé le Seigneur, sans nous en rendre compte, on crée ce microclimat ecclésiastique. Pas seulement les prêtres, les évêques, mais aussi les fidèles : « Nous sommes ceux qui sont aux côtés du Seigneur ! » « Et à force de regarder tellement le Seigneur nous ne regardons plus les besoins du Seigneur : nous ne regardons plus le Seigneur qui a faim, qui a soif, qui se trouve en prison, qui se trouve à l’hôpital. Ce Seigneur qui se trouve dans la personnes marginalisée. Et ce climat est délétère. » [Read more…]

Le Pape: « Transmettre la foi aux jeunes par l’exemple et non par des mots »


OSSROM12622_ArticoloPour transmettre la foi aux enfants et aux jeunes d’aujourd’hui, pour les aider à faire l’expérience “de la vérité et de l’amour”, les adultes doivent leur offrir des exemples plutôt que des mots. C’est ce qu’a affirmé le Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, où étaient présents un groupe considérable d’enfants et d’adolescents d’une paroisse romaine.

Comment se transmet la foi à ceux qui sont nés dans l’ère du digital ? Par une modalité qui plus que les autres, permet d’avoir prise sont ceux qui sont constamment stimulés par les images : l’exemple. En ce jour, une partie des bancs de la chapelle de la maison Sainte-Marthe ressemble à une JMJ en miniature- avec un groupe de jeunes qui une fois surmontée la timidité initiale, passe à un tac au tac d’une grande vivacité avec le Pape François qui se met dans la peau d’un catéchiste et au même moment, dans la peau du formateur des catéchistes. On semble assister à la « messe des jeunes » dit-il et regarder ces jeunes, poursuit-il, « c’est regarder une promesse, c’est regarder le monde de demain ». Mais que laisse-t-on au futur ?

« Enseignons-nous ce que nous avons entendu dans la Première lecture : marcher dans l’amour et dans la vérité ? Ou bien nous l’enseignons par des mots en menant notre propre vie ? Pour nous, faire attention à ces jeunes est une responsabilité ! Un chrétien doit prendre soin des jeunes, des enfants et transmettre la foi, transmettre ce qu’il vit, ce qui est dans son cœur. Nous ne pouvons pas ignorer les petites plantes qui poussent ! ». [Read more…]

Le Pape : « Le Règne de Dieu grandit dans le silence, pas dans le vacarme »

OSSROM12578_ArticoloHomélie du jeudi 13 novembre 2014

Le Règne de Dieu grandit dans le silence, qui sait, d’une maison où « on arrive à la fin du mois avec un seulement la moitié d’un euro ». Il ne grandit pas dans le vacarme, et « ce n’est pas un spectacle », mais bien « une fête », même si « notre faiblesse humaine préfère le spectacle » , le Pape citant alors la célébration du mariage, qui pour être pourtant un sacrement, en est parfois réduit à n’être qu’un spectacle. « Un défilé de mode, pour se montrer, avec vanité ».Voilà en résumé le thème développé par le Pape François ce jeudi matin, dans son homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican.

« Dans le silence d’une maison où l’on arrive peut-être à la fin du mois avec la moitié d’un euro, mais où l’on continue de prier et de s’occuper de ses enfants et des grands-parents, c’est là que se trouve le Règne de Dieu », a expliqué le Pape François. « Loin du bruit, parce que le Règne de Dieu n’attire pas l’attention », exactement comme n’attire pas l’attention la semence qui grandit sous terre.

Le Pape , pour son homélie, est parti du passage de l’Evangile de saint Luc, où à la question des disciples ‘Quand viendra le Règne de Dieu?’ « Le Règne de Dieu, a précisè le Pape, n’est pas un spectacle. Tant de fois, le spectacle est la caricature du Règne de Dieu » « Jamais le Seigneur ne dit que le Règne de Dieu est un spectacle ». « C’est une fête, une très belle fête. Une grande fête, car le Ciel sera une fête, mais pas un spectacle ». « C’est notre faiblesse humaine qui préfère le spectacle ». « En réalité, a ajouté le Pape, le Règne de Dieu est silencieux, il grandit à l’intérieur. C’est l’Esprit Saint qui le fait grandir avec notre disponibilité, dans notre terre, que nous devons préparer ».

Et d’ajouter en citant les paroles de Jésus : « Le Règne de Dieu connaîtra pourtant le moment de la manifestation de sa force, à la fin des temps ». « Le jour où il fera du bruit, il le fera comme l’éclair qui fend le ciel. » « Sinon pour l’heure, le Règne de Dieu est caché dans la sainteté de la vie quotidenne, cette sainteté de tous les jours. Parce que le Règne de Dieu n’est pas éloigné de nous, il est proche . C’est une de ses caractéristiques : sa proximité de tous les jours ». « La souffrance, la croix, ajoutait le Pape, la croix quotidienne de la vie, la croix du travail, de la famille, de bien faire les choses, cette petite croix quotidienne fait partie du Règne de Dieu ». « Le Règne de Dieu est humble, comme la semence : humble mais pour grandir ensuite, par la force de l’Esprit Saint. Nous n’avons qu’à le laisser grandir en nous, sans nous vanter : laisser l’Esprit venir en nous, nous transformer et nous porter de l’avant dans le silence, dans la paix, dans la sérénité, dans la proximité avec Dieu, avec les autres, dans l’adoration de Dieu, sans spectacle ».

Radio Vatican

Le Pape : « Le chrétien doit pardonner et ne jamais être scandaleux »

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Homélie du lundi 10 novembre 2014

Tout chrétien, quelle que soit sa vocation, doit savoir pardonner, toujours, et ne jamais être scandaleux, parce que « le scandale détruit la foi ». Le Pape François l’a rappelé ce lundi matin en commentant les lectures de la messe du matin, célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe.

Mieux vaut se jeter à la mer avec une pierre au cou. Jésus préfère parler de manière directe et sans prendre de gants, quand il dit à ses disciples ce qu’il pense de ceux qui sont objet de scandale. Le Pape François articule l’homélie en retenant le trois paroles clé de l’Evangile de Saint Luc : scandale, pardon, foi. «  Honte à celui qui crée le scandale », affirme Jésus avec autorité, alors que dans le passage de sa Lettre à Titus, Saint Paul donne des indications précises sur comment doit être le style de vie d’un prêtre – non violent, sobre – en un mot « irréprochable », et donc aux antipodes du scandale. Mais cela, a ajouté le Pape, vaut pour tous les chrétiens et non pas seulement pour les prêtres. Le scandale, ajoutait-il, « c’est dire et professer un style de vie –‘je suis chrétien’, et puis vivre en païen, qui ne croit en rien ». Cela est scandaleux « parce que le témoignage en pâtit », alors que « la foi confessée, insistait le Pape François, c’est en fait la vie vécue » :

« Quand un chrétien ou une chrétienne, qui va à l’église, qui fréquente la paroisse, ne vit pas vraiment l’Evangile, il est scandaleux. Mais combien de fois nous avons entendu :’Mais moi je ne vais pas à l’Eglise – des hommes ou des femmes – parce que c’est mieux d’être honnête chez soi plutôt que d’aller à l’église comme celui-là ou celle-là qui va à l’Eglise et puis se comporte de telle ou telle manière…’. Le scandale détruit, détruit  la foi ! Et pour cela, Jésus est si fort : ‘Soyez attentifs ! Soyez attentifs!’.  Et il faut le répéter aujourd’hui: ‘Soyez attentifs à vous-mêmes !’ Tous nous sommes capables d’être scandaleux ». [Read more…]

Le Pape : « Certains chrétiens n’en ont que le vernis »

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Homélie du vendredi 7 novembre 2014

« Un jour un pourboire, un autre jour un pot-de-vin, et de fil en aiguille on arrive à la corruption ». Et cela arrive même aux « personnes qui n’ont de chrétien que le vernis ». C’est la mise en garde lancée par le Pape François, lors de l’homélie de la messe célébrée ce vendredi matin en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican. Une homélie centrée sur le risque de n’être que « des chrétiens mondains, des païens recouverts de deux coups de pinceau de christianisme », « habitués à la médiocrité ». Ces chrétiens-là, a souligné le Pape, ont une mentalité mondaine au lieu « d’être des chrétiens des cieux », et ils sont attachés à l’argent.

La réflexion du Pape François a pris pour point d’appui l’épître de Saint Paul aux Philippiens, sur les chrétiens qui se comportent « en ennemis de la croix du Christ » : « païens recouverts de deux couches de vernis de chrétien, pour apparaître comme des chrétiens, mais ce sont des païens ». « Aujourd’hui encore , a déclaré le Pape François, il y en a tellement ! Nous aussi nous devons être attentifs à ne pas glisser vers ce chemin-là : n’être chrétiens que dans l’apparence. Et la tentation de s’habituer à cette médiocrité, voilà leur perte, parce que le cœur devient tiède, ils deviennent tièdes ». Saint Paul, a poursuivi le Pape, parle donc de la « citoyenneté » des chrétiens.

« Notre citoyenneté », a-t-il fait remarquer, « est dans les cieux. La leur est terrienne. Ce sont des citoyens du monde, non pas des cieux ». Le Pape a donc suggéré de s’interroger sur nous-mêmes et nos « défauts mondains » : « est-ce que j’aime me vanter ? est-ce que j’aime l’argent ? Suis-je orgueilleux ? Suis suffisant ? Où ai-je mes racines, autrement dit, d’où suis-je citoyen ? Du ciel ou de la terre ? Dans le monde ou dans l’esprit mondain ? Notre citoyenneté est dans les cieux et de là nous attendons, comme Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ. Et leur citoyenneté ? Leur sort final sera la perdition ! Ces chrétiens qui n’en ont que le vernis finiront mal… Sachez donc que la citoyenneté mondaine te porte à la catastrophe, et la citoyenneté de la Croix du Christ à la rencontre avec Lui ».

Après l’épître aux Philippiens, le Pape François a commenté la parabole de l’administrateur qui vole son patron. « Comment en est-il arrivé là cet administrateur de l’Evangile, à voler son maître », s’est interrogé le Pape. Comment cela a-t-il pu arriver ? D’un jour à l’autre ? Non! Petit à petit. Un jour un pourboire, un autre jour un pot-de-vin. Et ainsi on en arrive à la corruption. Le chemin de la mondanité de ces ennemis de la Croix du Christ est ainsi, il te porte à la corruption ! Et puis tu finis comme cet homme-là ? non ? en volant ouvertement… »

Radio Vatican

Homélie du pape François lors de la messe d’ouverture du Synode

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Le 5 octobre 2014, le pape François a prèsidè la messe d’ouverture du Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Vous trouverez, ci-dessous, le texte intègral de son discours:

Aujourd’hui, le prophète Isaïe et l’Évangile utilisent l’image de la vigne du Seigneur. La vigne du Seigneur est son “rêve”, le projet qu’il cultive avec tout son amour, comme un paysan prend soin de son vignoble. La vigne est une plante qui demande beaucoup de soin !

Le “rêve” de Dieu c’est son peuple : il l’a planté et le cultive avec un amour patient et fidèle, pour qu’il devienne un peuple saint, un peuple qui porte beaucoup de fruits de justice.

Mais, aussi bien dans la prophétie ancienne que dans la parabole de Jésus, le rêve de Dieu est déçu. Isaïe dit que la vigne, si aimée et soignée, « a produit de mauvais raisins » (5, 2.4), alors que Dieu « attendait le droit, et voici le crime ; il attendait la justice, et voici les cris» (v.7). Dans l’Évangile, au contraire, ce sont les paysans qui ruinent le projet du Seigneur : ils ne font pas leur travail, mais ils pensent à leurs intérêts.

Jésus, dans sa parabole, s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire aux “sages”, à la classe dirigeante. Dieu leur a confié de façon particulière son “rêve”, c’est-à-dire son peuple, pour qu’ils le cultivent, en prennent soin, le protègent des animaux sauvages. Voilà la tâche des chefs du peuple : cultiver la vigne avec liberté, créativité et ardeur.

Jésus dit que pourtant ces paysans se sont emparés de la vigne ; par leur cupidité et leur orgueil, ils veulent faire d’elle ce qu’ils veulent, et ainsi ils ôtent à Dieu la possibilité de réaliser son rêve sur le peuple qu’il s’est choisi.

La tentation de la cupidité est toujours présente. Nous la trouvons aussi dans la grande prophétie d’Ézéchiel sur les pasteurs (cf. ch. 34), commentée par saint Augustin dans son célèbre discours que nous venons de relire dans la Liturgie des Heures. Cupidité d’argent et de pouvoir. Et pour assouvir cette cupidité, les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables qu’eux-mêmes ne déplacent pas même avec un doigt (cf. Mt 23, 4).

Nous aussi, au Synode des Évêques, nous sommes appelés à travailler pour la vigne du Seigneur. Les Assemblées synodales ne servent pas à discuter d’idées belles et originales, ou à voir qui est le plus intelligent… Elles servent à cultiver et à mieux garder la vigne du Seigneur, pour coopérer à son “rêve”, à son projet d’amour sur son peuple. Dans ce cas, le Seigneur nous demande de prendre soin de la famille, qui depuis les origines est partie intégrante de son dessein d’amour pour l’humanité.

Nous sommes tous pécheurs et à nous aussi, peut arriver la tentation de “nous emparer” de la vigne, à cause de la cupidité qui ne nous manque jamais à nous, êtres humains. Le rêve de Dieu se heurte toujours à l’hypocrisie de quelques-uns de ses serviteurs. Nous pouvons “décevoir” le rêve de Dieu si nous ne nous laissons pas guider par l’Esprit Saint. Que l’Esprit nous donne la sagesse qui va au-delà de la science, pour travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité.

Frères Synodaux, pour cultiver et bien garder la vigne, il faut que nos cœurs et nos esprits soient gardés en Jésus Christ dans la « paix qui surpasse tout ce qu’on peut concevoir », (Ph 4,7). Ainsi nos pensées et nos projets seront conformes au rêve de Dieu : se former un peuple saint qui lui appartienne et qui produise des fruits du Royaume de Dieu (cf. Mt 21, 43).

Homélie du pape François lors de la veillée de prière pour la Famille

Pope-Francis-Prayer-Vigil

Le 4 octobre 2014, le pape François a présidé une vigile de prières précédant le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Ci-dessous, le texte intégral de son discours

Chères familles, bonsoir !

Le soir descend désormais sur notre assemblée. C’est l’heure où l’on rentre volontiers chez soi pour se retrouver à la même table, entouré par la présence des liens d’affection, du bien accompli et reçu, des rencontres qui réchauffent le cœur et le font croître, comme un bon vin qui anticipe au cours de l’existence de l’homme la fête sans crépuscule.

C’est aussi l’heure la plus douloureuse pour celui qui se retrouve en tête à tête avec sa propre solitude, dans le crépuscule amer de rêves et de projets brisés : combien de personnes traînent-elles leurs journées sur la voie sans issue de la résignation, de l’abandon, voire de la rancœur ; dans combien de maisons est venu à manquer le vin de la joie et donc la saveur — la sagesse même — de la vie… Ce soir, nous nous faisons la voix des uns et des autres à travers notre prière, une prière pour tous.

Il est significatif que — également dans la culture individualiste qui dénature et rend les liens éphémères — en chaque personne née d’une femme demeure vivant un besoin essentiel de stabilité, d’une porte ouverte, de quelqu’un avec qui tisser et partager le récit de la vie, d’une histoire à laquelle appartenir. La communion de vie assumée par les époux, leur ouverture au don de la vie, la protection réciproque, la rencontre et la mémoire des générations, l’accompagnement éducatif, la transmission de la foi chrétienne aux enfants… : à travers tout cela la famille continue à être une école sans égal d’humanité, contribution indispensable à une société juste et solidaire (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, nn. 66-68). Et plus ses racines sont profondes, plus il est possible de sortir et d’aller loin dans la vie, sans s’égarer ni se sentir étranger dans aucune terre. Cet horizon nous aide à saisir l’importance de l’Assemblée synodale qui s’ouvre demain.

Le fait de convenire in unum autour de l’Évêque de Rome est déjà un événement de grâce, dans lequel la collégialité épiscopale se manifeste sur un chemin de discernement spirituel et pastoral. Pour rechercher ce qu’aujourd’hui, le Seigneur demande à son Église, nous devons prêter l’oreille au pouls de cette époque et percevoir l’« odeur » des hommes d’aujourd’hui, jusqu’à rester imprégnés de leurs joies et de leurs espérances, de leurs tristesses et de leurs angoisses (cf. Gaudium et spes, n. 1). C’est alors que nous saurons proposer de manière crédible la bonne nouvelle sur la famille.

En effet, nous savons que dans l’Évangile, il existe une force et une tendresse capables de vaincre ce qui suscite la tristesse et la violence. Oui, dans l’Évangile se trouve le salut qui comble les besoins les plus profonds de l’homme ! De ce salut — œuvre de la miséricorde de Dieu et de sa grâce —, nous sommes en tant qu’Église le signe et l’instrument, le sacrement vivant et efficace (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 112). S’il n’en était pas ainsi, notre édifice ne serait qu’un château de cartes et les pasteurs se réduiraient à des clercs de la fonction publique, sur les lèvres desquels le peuple chercherait en vain la fraîcheur et le « parfum de l’Évangile » (ibid., n. 39).

C’est ainsi qu’apparaissent, dans ce cadre, les contenus de notre prière. Nous demandons tout d’abord à l’Esprit Saint pour les pères synodaux, le don de l’écoute : écoute de Dieu jusqu’à entendre avec Lui le cri du peuple ; écoute du peuple, jusqu’à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle. À côté de l’écoute, nous invoquons la disponibilité à une confrontation sincère, ouverte et fraternelle, qui nous conduise à prendre en charge avec responsabilité pastorale les interrogations que ce changement d’époque apporte avec lui. Laissons-les se déverser dans notre cœur, sans jamais perdre la paix, mais avec la confiance sereine que le moment venu le Seigneur ne manquera pas de reconduire à l’unité. L’histoire de l’Église — nous le savons — ne nous raconte-t-elle pas tant de situations semblables, que nos pères ont su surmonter avec une patience obstinée et créativité ?

Le secret se trouve dans un regard : et il s’agit du troisième don que nous implorons par notre prière. Car, si nous voulons vraiment contrôler notre allure sur le terrain des défis contemporains, la condition décisive est de garder le regard fixé sur Jésus Christ, de s’arrêter dans la contemplation et dans l’adoration de sa face. Si nous assumons sa manière de penser, de vivre et de se mettre en relation, nous n’aurons pas de difficultés à traduire le travail synodal en orientations et en parcours pour la pastorale de la personne et de la famille. En effet, chaque fois que nous revenons à la source de l’expérience chrétienne, de nouvelles routes et des possibilités impensables s’ouvrent. C’est ce que laisse deviner l’indication évangélique : « Tout ce qu’il vous dit, faites-le » (Jn 2, 5). Ce sont des mots qui contiennent le testament spirituel de Marie, « l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 286). Faisons-les nôtres !

Dès lors, les trois choses: notre écoute et notre confrontation sur la famille, aimée avec le regard du Christ, deviendront une occasion providentielle pour renouveler — à l’exemple de saint François — l’Église et la société. Avec la joie de l’Évangile, nous retrouverons l’allure d’une Église réconciliée et miséricordieuse, pauvre et amie des pauvres ; une Église en mesure de «vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans» (Conc. œcum. Vat. ii, Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, n. 8).

Que le Vent de la Pentecôte puisse souffler sur les travaux synodaux, sur l’Église, sur l’humanité tout entière. Qu’il dénoue les nœuds qui empêchent les personnes de se rencontrer, qu’il guérisse les blessures qui saignent tant, qu’il rallume l’espérance ; il y a tant de personnes sans espérance ! Qu’il nous accorde cette charité créative qui permet d’aimer comme Jésus a aimé. Et notre annonce retrouvera la vivacité et le dynamisme des premiers missionnaires de l’Évangile.

Homélie du pape François (messe d’action de grâce pour saints François de Laval et Marie de l’Incarnation)

francis_maryDimanche 12 octobre 2014

Nous avons écouté la prophétie d’Isaïe : « Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages… » (Is 25, 8). Ces paroles, pleines de l’espérance de Dieu, indiquent le but, montrent l’avenir vers lequel nous sommes en chemin. Sur cette route, les saints nous précèdent et nous guident. Ces paroles esquissent aussi la vocation des hommes et des femmes missionnaires.

Les missionnaires sont ceux qui, dociles à l’Esprit Saint, ont le courage de vivre l’Évangile. Et aussi cet Évangile que nous venons d’entendre : « Allez donc aux croisées des chemins » – dit le roi à ses serviteurs (Mt 22, 9). Et les serviteurs sortirent et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvaient, « les mauvais comme les bons », pour les conduire au banquet des noces du roi (cf. v. 10).

Les missionnaires ont accueilli cet appel : ils sont sortis pour appeler tous les gens, aux carrefours du monde ; et ainsi ils ont fait beaucoup de bien à l’Église, parce que si l’Église s’arrête et se ferme, elle tombe malade, on peut la corrompre, aussi bien par les péchés que par la fausse science séparée de Dieu, qu’est le sécularisme mondain.

Les missionnaires ont tourné leur regard vers le Christ crucifié, ils ont accueilli sa grâce et ils ne l’ont pas gardée pour eux. Comme saint Paul, ils se sont faits tout à tous ; ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance, être rassasiés et souffrir de la faim ; ils pouvaient tout en celui qui leur donnait la force (cf. Ph 4, 12-13). Et avec cette force de Dieu, ils ont eu le courage de “sortir” sur les routes du monde mettant leur confiance dans le Seigneur qui appelle. Telle est la vie d’un missionnaire, d’une missionnaire… Et pour ensuite finir loin de la maison, loin de sa propre patrie ; tant de fois tués, assassinés ! Comme c’est arrivé, ces derniers jours, à tant de nos frères et sœurs.

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